MARCO RUBIO, L’ÉTOILE MONTANTE

Marco Rubio incarne une nouvelle génération d’élus républicains. Il est considéré comme l’étoile montante de son parti. A tout juste 44 ans, le sénateur de Floride est le plus jeune candidat à l’élection présidentielle de 2016. Pourra-t-il devenir le tout premier président des Etats-Unis d’origine cubaine? 

SA CARRIÈRE POLITIQUE EN UN COUP D’ŒIL

Député à la Chambre des Représentants de l’état de Floride (2000-2009)

Sénateur de Floride (depuis 2011)

SON PARCOURS

Marco Antonio Rubio est né le 28 mai 1971 à Miami de parents cubains. Ses parents ont quitté Cuba pour la Floride en 1956 et ont obtenu la nationalité américaine en 1975. Le petit Marco a donc grandi dans une famille modeste issue de l’immigration. Son père travaillait dans un bar et sa mère était femme de ménage dans un hôtel. Soulignons également que son grand-père maternel aurait vécu plusieurs années clandestinement aux Etats-Unis. Il aurait quitté une première fois Cuba en 1956 puis y serait retourné après l’arrivée au pouvoir de Fidel Castro, pensant que la situation pouvait s’y améliorer. Il aurait vite déchanté et serait revenu à Miami en 1962 sans visa en règle. Il aurait alors été condamné par un juge à retourner à Cuba mais n’aurait pas respecté cette injonction. Il aurait donc vécu illégalement sur le territoire américain pendant plusieurs années, avant d’être finalement naturalisé.

Marco a passé l’essentiel de son enfance à Miami mais aussi quelques années à Las Vegas, durant lesquelles ses parents fréquenteront l’église mormone. Mais ils redeviendront catholiques à leur retour à Miami. Aujourd’hui, Marco Rubio se définit toujours comme catholique pratiquant et vit toujours à Miami avec sa femme Jeanette et leurs quatre enfants Amanda, Daniella, Anthony et Dominick.

Marco n’était pas un élève particulièrement doué à l’école mais il jouait très bien au football américain. Il fut d’ailleurs admis dans un collège du Missouri en raison de ses performances sportives. Il n’y restera qu’un an. Il obtiendra finalement un diplôme de droit à l’université de Miami.

Après avoir obtenu son diplôme, il se lance rapidement en politique. A 26 ans, il devient city commissionner à West Miami. Il est ensuite élu député au parlement de Floride en 1999. Il y siégera dix ans et lors des deux dernières années, il sera désigné speaker de l’assemblée. Il fut le premier américain d’origine cubaine à occuper ce poste. En 2010, il se présente pour la première fois à une élection fédérale et est élu sénateur.

Enfin, pour la petite anecdote, Marco Rubio se revendique fan de hip-hop et de rap (ce qui n’est pas forcément habituel pour un élu républicain). Il se dit notamment fan de Tupac et Eminem. Il a même cité les paroles d’une chanson du célèbre rappeur Jay-Z durant un débat au Sénat (pendant le fameux filibuster de Rand Paul contre les drones en 2013) : « It’s funny what seven days can change. It was all good just a week ago ».

L’ANNONCE DE SA CANDIDATURE

Marco Rubio a annoncé sa candidature à la présidence le 13 avril, lors d’un discours à la Freedom Tower de Miami.

LE DISCOURS À LA FREEDOM TOWER

Marco Rubio avait choisi un lieu symbolique pour son discours inaugural : la Freedom Tower de Miami, l’endroit où les migrants cubains fuyant le régime de Fidel Castro étaient autrefois accueillis. Le Washington Post rapporte que la demande de billets pour assister à l’événement était très importante (plus de 3500 demandes). La tour ne pouvant pas accueillir plus de 1000 personnes, un écran géant avait été installé à l’extérieur.

Le propos central du discours de Rubio n’est autre que le rêve américain. L’Amérique est le pays où tout le monde peut réussir, quelque soit le milieu dans lequel il est né. Pour démontrer l’existence de ce rêve américain, il se base bien sûr sur l’histoire de sa propre famille. Ses parents sont nés à Cuba dans des familles pauvres et sont venus en Amérique pour pouvoir réaliser leurs rêves. Malgré leur manque d’argent et d’éducation, ils ont pu réussir en travaillant dur et sont parvenus à offrir à leurs quatre enfants une vie meilleure que la leur. Il faut faire en sorte que le rêve américain reste une réalité dans un monde qui évolue et faire du vingt et unième siècle un nouveau siècle américain. Mais pour que cela soit possible, il faut élire une nouvelle génération de leaders tournés vers l’avenir et aptes à relever les défis d’aujourd’hui. Il estime en être le meilleur représentant. Il s’en prend d’ailleurs à Hillary Clinton (même s’il ne la nomme pas directement) en la qualifiant de « leader from yesterday ».

Yesterday is over. And we are never going back. You see, we Americans are proud of our history, but our country has always been about the future. And before us now is the opportunity to author the greatest chapter yet in the amazing story of America. (Hier est terminé. Et nous ne retournons jamais en arrière. Vous voyez, nous les américains sommes fiers de notre histoire, mais notre pays a toujours regardé vers le futur. Et devant nous maintenant se trouve la chance d’écrire le plus grand chapitre de l’incroyable histoire de l’Amérique)

Rubio évoque quelques mesures qu’il juge nécessaire d’adopter pour que le vingt et unième siècle soit un nouveau siècle américain. Il aborde notamment assez longuement le thème de la politique étrangère, qui semble être l’un des sujets de prédilection de sa campagne. Il appelle à ce que l’Amérique continue d’assumer son rôle de leader dans le monde.

Soulignons aussi qu’il n’a pas hésité à citer un passage de la Bible :

Be strong and courageous ! Do not tremble or be dismayed, for the Lord your God is with you wherever you go. (Sois fort et courageux ! Ne tremble pas ou ne sois pas consterné, car ton Dieu est avec toi où que tu ailles)

LOGO ET SLOGAN DE CAMPAGNE

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Le logo de campagne de Marco Rubio est composé de son nom dans lequel le point de la lettre i a été remplacé par une carte des Etats-Unis. Quelques critiques ont été émises à l’encontre de ce logo, notamment l’oubli d’Hawaï et de l’Alaska. Son slogan de campagne est A New American Century.

LE SITE WEB OFFICIEL

Le site web marcorubio.com est assez classique. On y retrouve les liens habituels vers les réseaux sociaux ou pour faire un don à la campagne.

Dans la rubrique qui lui sert de biographie (Meet Marco), il insiste surtout sur le parcours de ses parents qui incarne la réalité du rêve américain. Il explique ensuite que les Etats-Unis doivent s’adapter au monde actuel et faire des réformes importantes pour que le rêve américain reste une réalité. Cette rubrique est finalement davantage un texte qui explique pourquoi il est candidat plutôt qu’une véritable biographie retraçant chronologiquement son parcours.

Il y a aussi une rubrique biographique consacrée à sa femme Jeanette. On apprend qu’elle est née et a grandi à Miami tout comme lui. Ses parents étaient eux aussi des immigrés, venus de Colombie. Depuis 2011, elle travaille en collaboration avec des organisations qui luttent contre la traite des êtres humains.

Enfin, la rubrique intitulée Issues est supposée nous éclairer sur le programme du candidat Rubio. On y trouve une liste d’articles plus ou moins longs. Ils apparaissent dans l’ordre chronologique de publication, du plus récent au plus ancien, comme sur un blog. Certains sont des articles qu’il a déjà publiés précédemment dans la presse. Ces articles nous permettent de comprendre sa position sur certains sujets mais ne constituent pas un programme exhaustif.

LES IDÉES PRINCIPALES DU CANDIDAT RUBIO

Quelles sont les principales idées défendues par Marco Rubio?

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

La politique étrangère est le point que Marco Rubio a décidé de mettre le plus en avant dans sa campagne jusqu’à présent. Il se montre très critique du bilan de l’administration Obama dans ce domaine, notamment concernant l’accord sur le nucléaire iranien et le rapprochement diplomatique avec Cuba.

Il a récemment rendu public ce qu’il appelle sa « doctrine ». Celle-ci est fondée sur trois piliers :

  1. American strength – Le monde est plus sûr et se porte mieux lorsque les Etats-Unis sont forts. Il faut donc donner plus de moyens à l’armée américaine. Alors qu’Obama a réduit le budget alloué à la défense, il veut l’augmenter à nouveau.
  2. The protection of the American economy in a globalized world – L’Amérique doit favoriser le libre-échange partout dans le monde.
  3. Moral clarity regarding America’s core values – L’Amérique doit encourager l’extension des libertés politiques et économiques et ne pas faire de concessions à des régimes non-démocratiques.

La vision de Rubio est donc très interventionniste. Il incarne ceux que les américains qualifient de hawks (faucons). Mais, comme l’ont souligné certains journalistes, ce qu’il présente comme sa doctrine ressemble plutôt à des objectifs globaux qu’à une véritable doctrine. Les précédentes doctrines de présidents américains correspondaient à une stratégie pour atteindre un objectif bien précis, et pas à l’objectif lui-même. Alors Marco Rubio parlerait-il pour ne rien dire?

On connaît en tout cas son opinion sur les sujets brûlants du moment.

  • Iran

Il estime que les négociations qui ont été menées par l’administration Obama étaient irresponsables. Aucun accord n’est possible avec l’Iran tant que les iraniens ne reconnaissent pas officiellement le droit à l’existence de l’Etat d’Israël.

  • Israël

Il faut continuer à soutenir Israël. Tout d’abord parce qu’un état démocratique fort dans la région est dans l’intérêt des Etats-Unis. Mais aussi par obligation morale. Il faut tenir la promesse faite aux juifs après l’Holocauste, celle de leur garantir le droit d’avoir une nation où vivre en paix.

  • Cuba

Rubio a été l’un des plus fervents critiques du rapprochement avec Cuba initié récemment par Barack Obama. Selon lui, Cuba reste une dictature. En négociant avec Raúl Castro, Obama a donné de la légitimité à un dictateur. De plus, il estime que les investissements américains à Cuba ne feront finalement qu’enrichir le régime puisque celui-ci contrôle très largement l’économie du pays. Et lorsqu’on lui rétorque qu’une majorité des américains sont favorables au rapprochement avec Cuba, il déclare :

I don’t care if the polls say that 99 percent of people believe we should normalize relations in Cuba… This is my position. (Je m’en fiche si les sondages disent que 99% des gens croient que nous devons normaliser nos relations avec Cuba… C’est ma position)

Il a déclaré qu’en cas d’élection, il couperait de nouveau les liens avec Cuba tant que le régime cubain n’entreprendrait pas de sérieuses réformes démocratiques.

  • Etat Islamique

L’organisation Etat Islamique n’est pas seulement un danger pour l’Irak et la Syrie mais aussi pour les Etats-Unis. Rubio pense même que c’est une organisation encore plus dangereuse que ne l’était Al-Qaïda. Il est probable que lorsque les combattants de l’Etat Islamique auront réussi à constituer leur califat au Moyen-Orient, ils s’attaqueront aux Etats-Unis ou à d’autres pays occidentaux. Il faut donc les combattre vigoureusement avant qu’il ne soit trop tard. Il faut renforcer les bombardements et armer davantage les rebelles syriens.

MESURES ÉCONOMIQUES

Marco Rubio insiste sur la nécessité de régler le problème de la dette qui a atteint le niveau irresponsable de 18 mille milliards de dollars. Cela équivaut d’après lui à 150.000 dollars par foyer.

Comment s’y prendre pour réduire la dette? Tout d’abord, il critique ceux qui proposent de régler le problème en augmentant les impôts sur les plus riches. Pour lui, ce n’est pas la bonne solution. Non seulement, les sommes récoltées de cette manière ne seront pas suffisantes pour rembourser l’entièreté de la dette et en plus, cela fera du tort à la création d’entreprises et à la croissance économique. Pour lui, la solution pour régler le problème est double :

  • Réduire les dépenses

Il faut réduire les dépenses de l’Etat et réformer la sécurité sociale. Il propose aussi un Refund Act qui obligerait les états à reverser les fonds fédéraux non utilisés et l’état fédéral à utiliser cet argent exclusivement pour rembourser la dette.

  • Créer de la croissance économique en réformant la fiscalité

Il a co-rédigé (avec le sénateur républicain de l’Utah Mike Lee) un plan de réforme du système des impôts. Ce plan allie la volonté traditionnelle du parti républicain de baisser les impôts avec des mesures pour que cette baisse d’impôts ne favorise pas seulement les plus riches. Ce plan aurait pour effet de relancer la croissance économique. Selon lui, il permettrait en dix ans d’augmenter le PIB de 15%, les salaires de 12,5% et de créer 2,7 millions d’emplois. Le plan contient notamment les mesures suivantes :

– Eliminer les taxes sur les gains du capital.

– Simplifier l’ensemble du système en le réduisant à deux catégories d’imposition (15% et 35%).

– Supprimer la marriage penalty qui fait qu’une personne mariée paye plus d’impôts que si elle était célibataire avec les mêmes revenus.

– Supprimer toutes les déductions fiscales sauf celles sur les prêts immobiliers et les dons à des associations de charité.

DÉFENSE DU SECOND AMENDEMENT

Chaque américain doit avoir le droit de protéger sa famille et donc de posséder des armes à feu. C’est un droit fondamental garanti par la Constitution.

OPPOSITION À L’AVORTEMENT

En tant que catholique pratiquant, Rubio estime que toute vie mérite d’être protégée et que la légalisation de l’avortement a été une erreur morale.

OPPOSITION AU MARIAGE HOMOSEXUEL

Rubio se dit opposé à la légalisation du mariage homosexuel mais il se défend d’être homophobe. Selon lui, défendre la vision traditionnelle du mariage comme l’union d’un homme et d’une femme ne revient pas à être homophobe. Il a d’ailleurs déclaré qu’il ne pensait pas que l’homosexualité soit un choix. Dans une récente interview, il a également déclaré qu’il n’hésiterait pas à se rendre au mariage d’un ami homosexuel.

If it’s somebody in my life that I care for, of course I would. (Si c’est quelqu’un à qui je tiens, bien sûr que j’irais)

PROBLÉMATIQUE DU COÛT DES ÉTUDES

Rubio a évoqué cette problématique à plusieurs reprises. Il a lui-même dû emprunter 100.000 dollars pour pouvoir financer ses études universitaires et il vient seulement de finir de rembourser ce prêt il y a quelques années. Il estime qu’il n’est pas normal que tant d’étudiants sortent endettés de leurs études, avec parfois en poche un diplôme qui ne leur garantit même pas de trouver un emploi. Il veut donc réformer le système. Il a par exemple évoqué la possibilité que le remboursement du prêt étudiant ne se fasse plus à un taux fixe mais puisse être modifié en fonction des revenus.

IMMIGRATION

En 2013, Rubio a fait partie d’un groupe bipartisan de huit sénateurs (dont faisait également partie l’ancien candidat à la présidence John McCain) qui a proposé une loi de réforme de l’immigration. Le projet prévoyait une possibilité de régularisation pour la plupart des illégaux sous certaines conditions, un renforcement de la sécurité aux frontières et une surveillance accrue des employeurs pour les dissuader de recruter des illégaux. La loi avait été votée au Sénat mais n’est pas passée à la Chambre des Représentants dominée par le Parti Républicain. Mais alors que ce projet de loi constitue l’un de ses principaux accomplissements en tant que sénateur et qu’il est lui-même issu d’une famille d’immigrés, Marco Rubio évite curieusement d’évoquer le sujet de l’immigration. Il ne semble pas vouloir en faire un sujet central de sa campagne. De peur d’être considéré comme trop modéré à ce sujet par de nombreux électeurs républicains?

SES ATOUTS ET SES POINTS FAIBLES

De nombreux observateurs considèrent Marco Rubio comme le favori des primaires républicaines, aux côtés de Jeb Bush. De récents sondages semblent confirmer ce statut.

Ses positions sont plus proches de celles de l’establishment du parti que celles d’un Ted Cruz ou d’un Rand Paul. Il pourra donc compter sur des soutiens importants au sein du parti, ce qui constitue toujours un avantage. Mais la lutte avec Jeb Bush risque tout de même d’être rude et ce dernier parviendra sans doute à récolter davantage d’argent (or on sait que l’argent n’est pas un facteur négligeable dans les campagnes électorales américaines).

Sa jeunesse pourrait être un avantage face à Bush car il incarne une nouvelle génération et donc un certain renouveau au sein du parti. Mais jeunesse est aussi synonyme d’inexpérience. Elle pourrait donc tout aussi bien se transformer en point négatif.

Au nombre de ses atouts, on peut également citer ses qualités d’orateur et son enthousiasme. Ses collègues le décrivent comme quelqu’un qui ne se contente pas de critiquer les adversaires et de se lamenter sur ce qui ne va pas. Il a plutôt tendance à chercher des solutions et à rester optimiste. C’est un état d’esprit qui peut plaire.

Il a également acquis une réputation de travailleur sérieux au Sénat. Il maîtrise ses dossiers et propose des solutions parfois novatrices. Il s’est fortement impliqué dans des projets ambitieux comme le projet de loi bipartisan sur l’immigration ou le plan de réforme du système des impôts que nous avons évoqués.

CONCLUSION

Si Marco Rubio parvenait à être élu à la Maison Blanche, il écrirait une page importante de l’histoire des Etats-Unis puisqu’il deviendrait le premier président latino du pays. Il est pour l’instant l’un des favoris à l’investiture républicaine. Reste à savoir s’il saura mobiliser intelligemment les nombreux atouts dont il dispose et confirmer ainsi son statut d’étoile montante de la politique américaine.

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