Vous souvenez-vous du filibuster de Rand Paul contre la nomination de John Brennan à la tête de la CIA en 2013? Et bien, sachez que le sénateur républicain et candidat à la présidence a récidivé hier. Il entendait cette fois s’opposer à la reconduction du Patriot Act.
Le Patriot Act est cette fameuse loi antiterroriste adoptée peu après les attentats du 11 septembre 2001. Elle autorise, entre autres, la National Security Agency (NSA) à pratiquer des écoutes téléphoniques de masse et une surveillance étroite des activités des internautes. Etant donné que le Patriot Act n’avait été adopté à l’origine que pour une durée limitée, il fait régulièrement l’objet d’un vote au Congrès afin d’être renouvelé et/ou modifié.
Rand Paul a donc pris la parole hier aux alentours de 13h20 (heure locale) afin de s’opposer à cette reconduction du Patriot Act. Il a cette fois gardé la parole durant 10 heures et 30 minutes. Son opposition aux pratiques de la NSA sont déjà bien connues puisqu’il en a fait l’un des points centraux de sa campagne électorale. Mais ce filibuster lui a permis d’exposer encore une fois son opinion sur le sujet.
Rand Paul considère que les pratiques de la NSA ne sont rien moins qu’illégales. Il ne s’est d’ailleurs pas privé de faire savoir qu’un tribunal américain a récemment rendu un jugement allant en ce sens. Selon lui, la NSA ne devrait pas avoir le droit d’espionner des américains innocents au nom de la lutte contre le terrorisme. Et ce d’autant plus que rien ne prouve que cela soit efficace.
I’m not even sure you can argue that we are safer, but people will argue they feel safer. (Je ne suis même pas certain que l’on puisse prétendre que nous sommes plus en sécurité, mais les gens vont affirmer qu’ils se sentent plus en sécurité)
Le quatrième amendement de la Constitution garantit l’interdiction de saisies ou de perquisitions non motivées par un mandat. Il n’est donc pas normal que la NSA puisse espionner tous les citoyens sans mandat, comme s’ils étaient tous suspectés de crimes. Si des soupçons suffisants pèsent sur un individu, alors il est possible d’obtenir un mandat en bonne et due forme pour le mettre sur écoute.
Rand Paul estime que les américains se sont laissés gagner par la peur alors qu’ils auraient dû rester fidèles aux valeurs défendues dans la Constitution. C’est pour lui le début d’une dérive autoritaire.
Alors que l’on s’attendait à ce que Rand Paul ne soit que peu soutenu dans sa démarche, ce ne sont finalement pas moins de dix de ses collègues qui sont intervenus pour lui poser des questions et lui permettre ainsi de faire des pauses dans son discours. Sur ces dix sénateurs, sept étaient démocrates ! Les deux plus actifs ont été le démocrate Ron Wyden et le républicain Mike Lee, eux aussi farouches opposants aux écoutes de la NSA, qui sont intervenus à plusieurs reprises. A noter que Ted Cruz, lui aussi candidat à la présidence, est également intervenu. Quelques députés à la Chambre (et qui ne pouvaient donc pas prendre la parole au Sénat) sont également venus assister au discours de Paul en guise de soutien. Et quelques supporters du sénateur du Kentucky s’étaient rassemblés devant le Capitole.
Ce nouveau filibuster a permis à Rand Paul de remobiliser ses troupes. Il n’a pas dérogé à sa réputation de candidat très actif sur la Toile. Il a en effet encouragé ses sympathisants à partager sur les réseaux sociaux des photos d’eux en train de regarder son discours, le tout accompagné du désormais célèbre hashtag #StandWithRand (qui avait vu le jour sur Twitter lors de son précédent filibuster en 2013). Il a lui-même publié un tweet contenant une photo de ses parents en train de regarder son discours.
D’après CNN, son équipe de campagne aurait aussi profité de l’occasion pour envoyer un mail à ses sympathisants afin de récolter des fonds pour sa campagne.
CONCLUSION
Grâce à ce nouveau filibuster, Rand Paul a encore une fois réussi à attirer l’attention des médias et des internautes. Et il a surtout pu réaffirmer sa farouche volonté de mettre fin au programme d’espionnage de la NSA. Cet engagement est plus que jamais l’un des points cardinaux de sa campagne.