Il s’en est passé des choses aux Etats-Unis en ce mois de juillet 2015… Joyeuses et moins joyeuses. La NASA a diffusé des images inédites de Pluton. Quatre Marines ont péri dans une attaque perpétrée sur leur base militaire à Chattanooga, au Tennessee. L’auteur de la fusillade a été abattu par la police. L’enquête sur les motivations de son crime est toujours en cours. Des incendies ont ravagé la Californie, victime de la sécheresse la plus importante de son histoire. Et la campagne électorale pour l’élection présidentielle de 2016 a véritablement pris son envol. The American Ballot Box vous résume ce qu’il fallait retenir de l’actualité politique de cette première moitié d’été.
DE NOUVEAUX CANDIDATS ET UN PREMIER DÉBAT IMMINENT
Tout d’abord, trois nouvelles candidatures ont été enregistrées côté républicain. Il s’agit de celles de Scott Walker, actuel gouverneur du Wisconsin, de John Kasich, actuel gouverneur de l’Ohio et de Jim Gilmore, ancien gouverneur de Virginie. Ils sont donc désormais dix-sept (!) candidats à espérer décrocher l’investiture républicaine :
- Ted Cruz
- Rand Paul
- Marco Rubio
- Carly Fiorina
- Ben Carson
- Mike Huckabee
- Rick Santorum
- George Pataki
- Lindsey Graham
- Rick Perry
- Jeb Bush
- Donald Trump
- Bobby Jindal
- Chris Christie
- Scott Walker
- John Kasich
- Jim Gilmore
Un premier débat doit opposer les candidats républicains ce jeudi 6 août. Il aura lieu à Cleveland (Ohio) et est organisé par la chaîne de télévision conservatrice Fox News. Celle-ci a annoncé il y a quelques jours la liste des dix participants retenus pour ce débat très attendu, qui sera diffusé en direct et en prime-time (à 21h, heure locale). Fox News dit avoir basé sa sélection uniquement sur les résultats de sondages réalisés au niveau national par cinq organismes différents, et non sur le prestige supposé des candidats. Autrement dit, ce sont les dix candidats arrivant en tête dans les sondages qui ont été retenus. Rick Perry, gouverneur du Texas pendant quatorze ans et déjà candidat à la présidentielle en 2012 et Rick Santorum, lui aussi déjà candidat en 2012, n’ont ainsi pas réussi à obtenir leur place. Voici les dix candidats qui prendront part au débat et la manière dont ils seront positionnés sur le plateau.

Les sept autres candidats auront toutefois également le droit de s’exprimer lors d’un autre débat qui aura lieu plus tôt dans la journée, à 17h (et aura donc vraisemblablement une audience bien plus limitée).

Côté démocrate, ils sont toujours cinq candidats à l’investiture :
- Hillary Clinton
- Bernie Sanders
- Martin O’Malley
- Lincoln Chafee
- Jim Webb
Reste à savoir si l’actuel vice-président des Etats-Unis Joe Biden ajoutera son nom à la liste des prétendants. Certains le pensent. On ignore encore si des débats entre candidats seront organisés côté démocrate.
LE CAS DONALD TRUMP
Donald Trump a dominé l’actualité politique aux Etats-Unis ces dernières semaines. Il fait en effet actuellement la course en tête dans tous les sondages réalisés auprès des électeurs républicains au niveau national. Il y devance la plupart du temps Jeb Bush et Scott Walker qui oscillent entre la deuxième et la troisième place. Les médias s’interrogent évidemment sur les raisons de cette soudaine popularité de ce milliardaire qui n’a pourtant aucune expérience en politique. Et ce d’autant plus qu’il multiplie les frasques et les déclarations polémiques. Voici les trois principales « affaires » qui ont fait la Une de l’actualité :
- Des propos jugés racistes à l’encontre des immigrants mexicains
La première polémique autour de Donald Trump a éclaté lorsqu’il a tenu les propos suivants à l’encontre des immigrants mexicains :
They’re bringing drugs. They’re bringing crime. They’re rapists. (Ils amènent de la drogue. Ils amènent de la criminalité. Ce sont des violeurs)
Ces propos ont rapidement été qualifiés de racistes et condamnés, y compris par d’autres candidats à l’investiture républicaine. Mais Donald Trump ne s’est pas excusé et continue de faire de la lutte contre l’immigration en provenance du Mexique l’une de ses priorités. Il a d’ailleurs promis qu’il construirait un mur à la frontière avec le Mexique et qu’il ferait payer l’état mexicain pour sa construction. Voici le genre de message qu’il n’hésite pas à publier sur son compte Twitter.

2. Une attaque contre John McCain et son statut de héros de guerre
Après que Donald Trump ait rassemblé environ 4000 personnes lors d’un meeting à Phoenix (Arizona) et réitéré ses propos anti-immigrants (en déclarant notamment que les mexicains tuaient les américains à la frontière), John McCain, candidat républicain malheureux à l’élection présidentielle de 2008, a réagi dans une interview en disant que Trump avait « gonflé à bloc les fous » (fired up the crazies). Trump n’a visiblement pas du tout apprécié ces propos et quelques jours plus tard, il contestait le statut de héros de guerre de John McCain.
He’s not a war hero. He’s a war hero because he was captured. I like people that weren’t captured. (Il n’est pas un héros de guerre. Il est un héros de guerre parce qu’il a été capturé. J’aime les gens qui n’ont pas été capturés)
Rappelons que John McCain a combattu au Vietnam avant d’être fait prisonnier et torturé pendant cinq ans et demi avant d’être finalement libéré. Ces propos ont suscité un véritable tollé dans les médias et dans le camp républicain. Tous les autres candidats à l’investiture républicaine ont vigoureusement condamné les propos de Trump. Ils ont été nombreux à exprimer leur désapprobation sur leur compte Twitter. Voici quelques exemples :




McCain a quant à lui répondu à cette attaque en déclarant qu’il n’avait personnellement pas besoin des excuses de Donald Trump mais que celui-ci devrait s’excuser auprès de tous les anciens prisonniers de guerre et de leur famille.
- Le numéro de téléphone de Lindsey Graham
Après John McCain, c’est à Lindsey Graham que Donald Trump s’en est pris. Rappelons que Graham est candidat aux primaires républicaines et un grand ami de John McCain qui soutient sa candidature.
Lors d’un rassemblement en Caroline du Sud (état dont est originaire Lindsey Graham), Trump a qualifié ce dernier d’idiot avant de donner son numéro de téléphone à la foule et d’inciter les gens à inonder son téléphone de leurs remontrances ! Il a prétendu avoir le numéro de Graham parce que celui-ci lui aurait un jour téléphoné pour lui demander de l’argent. Ce qui est bien sûr impossible à vérifier. En tout cas, Lindsey Graham a réagi avec humour. Lui qui est réputé pour ne pas être un grand adepte des nouvelles technologies a rapidement publié un tweet pour demander conseil à ses abonnés sur le type de nouveau téléphone qu’il devrait acheter.

Un peu plus tard, il a également publié une vidéo le mettant en scène en train de détruire son téléphone de différentes manières.
Si toutes ces frasques ont permis à Trump de faire parler de lui, elles lui ont aussi attiré les foudres de l’ensemble de ses collègues républicains. Il semble désormais être devenu l’ennemi public numéro 1 dans son propre camp. Et c’est Rick Perry, ex-gouverneur du Texas, qui a frappé le plus fort en prononçant un discours intitulé Defending Conservatism Against the Cancer of Trump-ism (Défendre le conservatisme contre le cancer du Trump-isme). En voici quelques extraits :
Donald Trump’s candidacy is a cancer on conservatism, and it must be clearly diagnosed, excised and discarded. (La candidature de Donald Trump est un cancer pour le conservatisme, et il doit être clairement diagnostiqué, excisé et jeté)
I, for one, will not be silent when a candidate for the high office of president runs under the Republican banner by targeting millions of Hispanics, and our veterans, with mean-spirited vitriol. I will not go quiet when this cancer on conservatism threatens to metastasize into a movement of mean-spirited politics that will send the Republican Party to […] the graveyard. (Je ne resterai pas silencieux lorsqu’un candidat au poste de président se présente sous la bannière républicaine en visant des millions d’Hispaniques, et nos vétérans, avec une méchanceté mesquine. Je ne resterai pas silencieux quand ce cancer pour le conservatisme menace de se propager en un mouvement de politique mesquine qui enverra le Parti Républicain au cimetière)
Donald Trump was born into privilege. He received deferments to avoid service in Vietnam. He breathes the free air thousands of heroes died protecting. And he couldn’t have endured for five minutes what John McCain endured for five and a half years. Think what you want about Senator McCain’s politics, but let no one question his service to our country. (Donald Trump est né dans le privilège. Il a reçu des sursis pour éviter le service au Vietnam. Il respire l’air libre que des milliers de héros sont morts en protégeant. Et il ne pourrait pas endurer cinq minutes ce que John McCain a enduré pendant cinq ans et demi. Pensez ce que vous voulez de la politique de John McCain, mais ne questionnez pas son service pour notre pays)
Pour ceux que cela intéresse, vous pouvez lire l’entièreté du discours de Rick Perry en cliquant ici (en anglais).
Notons que Donald Trump a répondu en disant de Rick Perry :
He puts glasses on so people would think he’s smart. It just doesn’t work. People can see through the glasses. (Il met des lunettes pour que les gens croient qu’il est intelligent. Mais cela ne fonctionne pas. Les gens peuvent voir à travers les lunettes)
UN ACCORD DIPLOMATIQUE CONTROVERSÉ AVEC L’IRAN
Les négociations diplomatiques concernant le programme nucléaire iranien (négociations impliquant l’Iran, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne) ont enfin abouti à un accord cet été. L’accord prévoit notamment la levée des sanctions économiques internationales contre l’Iran alors que la République Islamique s’engage à ne plus construire de nouvelles centrales nucléaires et à ne plus enrichir d’uranium dans les centrales existantes durant les quinze prochaines années. Mais cet accord est loin de faire l’unanimité aux Etats-Unis. Barack Obama le défend comme une grande réussite. Un compte Twitter baptisé The Iran Deal a même été créé par la Maison Blanche afin de mieux expliquer les tenants et aboutissants de l’accord. Les républicains considèrent quant à eux que l’accord est déséquilibré et dangereux. L’Iran y gagnerait beaucoup avec la levée des sanctions économiques et ne fournirait pas suffisamment de garanties en échange. L’accord est en grande partie basé sur la confiance réciproque. Or les républicains pensent que les dirigeants iraniens ne tiendront pas parole et ont toujours l’intention de se procurer l’arme nucléaire. Si tous les candidats à l’investiture républicaine ont clamé leur opposition à cet accord, c’est Mike Huckabee qui s’est fait remarquer grâce à l’une de ces déclarations polémiques dont il a le secret. Il a en effet déclaré que la signature de cet accord revenait à emmener les Israéliens « to the door of the oven » (aux portes du four). Référence directe à un possible nouvel Holocauste. Il a également publié plusieurs tweets prédisant la réalisation d’un nouvel Holocauste par l’Iran.

CONFIRMATION DU RÉCHAUFFEMENT DIPLOMATIQUE AVEC CUBA
Après cinquante ans d’absence de relations diplomatiques, les Etats-Unis et Cuba ont continué leur rapprochement initié il y a quelques mois par Barack Obama et Raùl Castro. Les Etats-Unis ont rouvert leur ambassade à La Havane et les Cubains ont fait de même à Washington. Certains candidats républicains ont profité de cet événement pour rappeler qu’ils étaient opposés à ce rapprochement, qui revient selon eux à légitimer une dictature.
LE PLAN ÉCONOMIQUE D’HILLARY CLINTON
Début juillet, la candidate démocrate a prononcé un discours lors duquel elle a détaillé davantage sa vision de l’économie. Elle s’en est notamment prise à ce qu’elle appelle le quarterly capitalism qui ne s’intéresse qu’aux profits à court terme. Elle estime que les entreprises doivent désormais se concentrer davantage sur la croissance à long terme que sur les profits à court terme. Elle a promis une hausse des salaires, une réforme du système des indemnisations des PDG des grandes entreprises et un renforcement des droits des travailleurs.
LE SCANDALE PLANNED PARENTHOOD
Les républicains ont trouvé une nouvelle cible cet été : l’organisation Planned Parenthood, une organisation qui procure des moyens de contraception aux femmes et réalise des avortements. Il s’agit d’une organisation réputée qui a joué un rôle historique important dans la sensibilisation à la cause des femmes et qui a largement contribué à la mise au point de nombreuses techniques de contraception. Le scandale a débuté suite à la publication d’une vidéo prise en caméra cachée par des militants opposés à l’avortement. L’un de ces activistes s’est fait passer pour quelqu’un voulant se procurer des organes humains. On le voit discuter avec une responsable de l’organisation Planned Parenthood dans un restaurant. Celle-ci semble prête à lui fournir les organes qu’il demande contre de l’argent. Elle discute même de la façon de pratiquer un avortement afin de pouvoir ensuite récupérer des organes intacts sur les foetus. La vidéo est consultable ici.
Cette vidéo a suscité une vive émotion. Il faut savoir que la vente ou l’achat d’organes humains est un crime aux Etats-Unis. Les candidats républicains à la présidence se sont pour la plupart déclarés très choqués et ont dit vouloir mettre fin à tout financement public de l’organisation Planned Parenthood. Celle-ci touche en effet actuellement des fonds fédéraux et est donc financée en partie par les impôts des contribuables. Les candidats démocrates et notamment Hillary Clinton ont plutôt défendu l’organisation et mis en garde contre la volonté des républicains de mettre progressivement en danger les droits des femmes à la contraception et à l’avortement.
DU BUZZ SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
Enfin, tous les candidats ont continué à sillonner le pays à la rencontre des électeurs. Et ils ont bien compris que nous vivions à l’ère des réseaux sociaux. Pour le meilleur ou pour le pire, chacun se fera son avis. De nombreux candidats ont en tout cas publié des selfies pris avec leurs supporters. Et sur Twitter, on a aussi pu voir :
– Une interprétation de la chanson culte This Land Is Your Land de Woody Guthrie par le candidat démocrate Martin O’Malley. Rappelons que ce dernier est guitariste et chanteur dans son propre groupe de rock. Il a donc publié un tweet incluant une vidéo dans laquelle on le voit interpréter la fameuse chanson. Il y a modifié les paroles originales From California to the New York island en remplaçant New York par Porto Rico. Cette île bénéficie d’un statut particulier d’état associé aux Etats-Unis et traverse actuellement une grave crise financière, assez comparable à celle de la Grèce. L’état porto-ricain s’est récemment déclaré en défaut de paiement. Martin O’Malley semblait donc vouloir dire que le gouvernement américain devrait venir en aide à Porto Rico.
Cliquez ici pour avoir accès à la vidéo sur Twitter.
– Une démonstration de la recette texane du machine-gun bacon par Ted Cruz
– Une réponse humoristique de Jeb Bush à un tweet dans lequel il était mentionné

La publication par le même Jeb Bush d’une photo de lui et de son frère George W. enfants, à l’occasion de l’anniversaire de ce dernier. Histoire de démontrer qu’il n’a pas peur d’assumer son statut de frère de ?

– Une blague de Rick Santorum adressée à son collègue Marco Rubio. Ce dernier n’y a toutefois pas répondu.

Pour terminer, et même si ce n’est pas en lien direct avec la campagne électorale, le tweet qui a sans doute le plus attiré l’attention ce mois-ci est celui de l’ancien président George Bush. Ce dernier, aujourd’hui âgé de 91 ans, a en effet été victime d’une chute à son domicile. Il s’est fracturé une vertèbre cervicale. Il a tenu à publier ce tweet pour rassurer tout le monde et remercier les internautes qui lui souhaitaient un bon rétablissement.
