LE RÉCAP’ DE LA CONVENTION NATIONALE RÉPUBLICAINE

Vous étiez en vacances au mois de juillet et vous n’avez pas pu suivre la Convention Nationale Républicaine? Pas de panique, voici notre récap’ 😉 

À PROPOS DE LA CONVENTION NATIONALE RÉPUBLICAINE

Tous les quatre ans, le Parti Républicain organise sa Convention Nationale (Republican National Convention, ou RNC pour les intimes). Le but principal de cette Convention est de désigner officiellement le candidat du parti à l’élection présidentielle. Elle a donc lieu au mois de juillet, après la fin des primaires. [Rappel: Lors des primaires et caucus, les électeurs votent en réalité dans chaque état pour des délégués. Ces délégués votent ensuite à leur tour pour élire le candidat du parti à la présidence lors de la Convention]

Concrètement, la Convention dure quatre jours et a lieu tous les quatre ans dans une ville différente. Cette année, les Républicains avaient choisi Cleveland, en Ohio. Les délégués venus des quatre coins du pays votent pour désigner leur candidat à la présidence. Ils votent également en faveur de l’adoption du programme du parti (appelé platform) pour les quatre années à venir. Et ils assistent surtout à des dizaines de discours prononcés par des membres influents du parti et/ou quelques invités issus du monde du spectacle ou de la société civile. Pour ceux qui s’expriment, la Convention représente une vitrine importante puisque leur discours est susceptible d’être regardé par des millions de téléspectateurs. Pour la ville hôte de la Convention, la publicité et les retombées économiques peuvent également s’avérer très importantes. La Convention dure quatre jours et l’ensemble des personnes qui y assistent doivent se loger et se nourrir. Pour vous donner une idée de l’ampleur du phénomène, sachez que pas moins de 50,000 personnes étaient attendues cette année à Cleveland, dont 15,000 journalistes accrédités pour suivre l’événement ! Mais si les bénéfices sont importants, la ville hôte doit aussi relever le défi de la sécurité. En marge de la Convention, les manifestations populaires sont en effet autorisées dans des secteurs réservés à cet effet. Cette année, les forces de l’ordre étaient particulièrement inquiètes à l’idée de voir des débordements violents se produire, comme ce fut le cas en marge de certains meetings de Donald Trump. Des groupes d’opposants au candidat républicain avaient annoncé leur volonté de manifester pacifiquement, tout comme des groupes de fans (le groupe de motards Bikers For Trump notamment). Ajoutez à cela que l’Ohio est un état où une loi open-carry est en vigueur (c’est-à-dire une loi autorisant le port d’armes à feu de manière visible dans les lieux publics) et vous comprendrez pourquoi les forces de l’ordre étaient présentes en nombre. Au total, ce sont 500 policiers locaux et 2,500 policiers venus en renfort depuis d’autres états qui étaient chargés d’encadrer l’événement. Finalement, tout s’est bien passé. Aucun incident majeur à signaler.

Revenons-en au déroulement de la Convention. Chaque état y envoie donc sa propre délégation. Le nombre de délégués par état varie en fonction de l’importance de celui-ci. Les délégations les plus importantes sont celles de la Californie (172 délégués) et du Texas (155 délégués). À l’inverse, les délégations du Delaware et du Vermont ne comptent que 16 délégués. Chaque délégation se voit attribuer une place précise dans la salle accueillant la Convention. Ci-dessous, la distribution des places au sein de la Quicken Loans Arena de Cleveland cette année.

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Vous remarquerez que les délégations des états où Donald Trump n’a pas remporté les primaires avaient été reléguées au second plan – à l’exception de celle du Wisconsin, l’état de Reince Priebus, président du parti. La délégation de New York, état dont est originaire et où réside Donald Trump, s’était vu offrir la meilleure place, juste en face du podium.

En désignant officiellement le candidat du parti à la présidence, la Convention permet de lancer la campagne pour l’élection générale. Elle se termine traditionnellement par le discours du candidat à la présidence (appelé acceptance speech), suivi d’un lâcher de ballons bleus, rouges et blancs, les couleurs du drapeau américain.

Voilà pour les présentations. Dressons maintenant le récap’ de cette Convention Républicaine 2016. Attachez vos ceintures !

QUELQUES JOURS AVANT LA CONVENTION

ET L’HEUREUX ÉLU SE NOMME…

Vendredi 15 juillet. Trois jours avant le début de la Convention de Cleveland, Donald Trump annonce le nom de son colistier en exclusivité sur Twitter. Chris Christie? Non. Newt Gingrich? Non. Sarah Palin? Non plus. Trump a choisi Mike Pence, actuel gouverneur de l’Indiana.

Traduction: Je suis ravi d'annoncer que j'ai choisi Mike Pence comme colistier. Conférence de presse demain à 11h00.
Traduction: Je suis ravi d’annoncer que j’ai choisi Mike Pence comme colistier. Conférence de presse demain à 11h00.

Nous vous proposerons bientôt un portrait de Mike Pence. Pour le moment, retenez que le candidat à la vice-présidence a 57 ans et qu’avant d’être élu gouverneur de l’Indiana en 2012, il fut député à la Chambre des Représentants pendant douze ans. Sachez aussi qu’il avait critiqué Donald Trump lorsque celui-ci avait proposé d’interdire toute « immigration musulmane » aux Etats-Unis. Ce message publié en décembre 2015 est d’ailleurs toujours accessible sur son compte Twitter.

Traduction: Les appels à interdire à tous les musulmans d'entrer aux Etats-Unis sont repoussants et inconstitutionnels.
Traduction: Les appels à interdire à tous les musulmans d’entrer aux Etats-Unis sont repoussants et inconstitutionnels.

LA TRIBUNE DE JEB BUSH

Vendredi 15 juillet toujours. Le Washington Post publie une tribune de Jeb Bush (à lire ici). Quelques jours avant que la Convention de son parti – à laquelle il avait depuis longtemps annoncé qu’il ne participerait pas – ne débute, l’ex-gouverneur de Floride critique une fois de plus violemment Donald Trump. Bush affirme notamment:

I do not believe Donald Trump reflects the principles or inclusive legacy of the Republican Party. And I sincerely hope he doesn’t represent its future. (Je ne crois pas que Donald Trump représente les principes ou l’héritage d’ouverture du Parti Républicain. Et j’espère sincèrement qu’il ne représente pas son futur)

Bush attribue la réussite de Trump à une instrumentalisation réussie de l’angoisse des américains, ainsi qu’au rejet de la classe politique traditionnelle. Il accuse le milliardaire new-yorkais d’utiliser une rhétorique nativiste semblable à celle du parti Know-Nothing des années 1850. Il insiste aussi sur l’importance de conserver une majorité républicaine au Congrès en novembre. Une majorité qui devra faire office de contrepoids à la présidence, peu importe que celle-ci soit incarnée par Hillary Clinton ou par Donald Trump. Sur un plan plus personnel, Jeb Bush répète qu’il ne votera ni pour Donald Trump ni pour Hillary Clinton. Il suggère qu’il pourrait peut-être voter en faveur du candidat du Parti Libertarien, Gary Johnson (I haven’t decided how I’ll vote in November – whether I’ll support the Libertarian ticket or write in a candidate // Je n’ai pas encore décidé comment je voterai en novembre – si je soutiendrai le ticket libertarien ou si j’inscrirai un autre nom sur mon bulletin de vote).

DE NOMBREUX ABSENTS

Jeb Bush fut loin d’être la seule figure importante du Parti Républicain à ne pas se rendre à Cleveland. La liste des absents était longue. Même très longue. Elle comprenait bien évidemment les noms de ces Républicains anti-Trump qui ont fait savoir qu’ils ne soutiendraient pas le candidat de leur propre parti et ne voteraient pas en sa faveur au mois de novembre (Jeb Bush, Mitt Romney, Lindsey Graham, Ben Sasse etc.). Les deux ex-présidents Bush, George et George W., avaient également décliné l’invitation. La Convention de Cleveland était ainsi la première Convention Républicaine à laquelle aucun membre de la famille Bush ne participait depuis… 1976 ! John Kasich, qui a récemment déclaré ne pas être prêt à soutenir Trump, ne s’est pas non plus rendu à Cleveland. Ce choix a été très critiqué. Kasich est en effet gouverneur de l’Ohio, l’état qui accueillait la Convention. De nombreux membres du parti estiment donc qu’il avait le devoir de s’y rendre. De nombreux autres élus républicains, bien qu’ayant apporté leur soutien à Trump face à Clinton, ont préféré ne pas participer activement à la Convention. Histoire sans doute de ne pas associer trop fortement leur image à celle du candidat controversé. Finalement, jamais autant d’élus et d’anciens élus du parti n’avaient refusé de prendre la parole lors de la Convention Nationale. Pour ne citer qu’un seul chiffre, seulement quatre gouverneurs républicains (sur 31 actuellement en exercice) se sont exprimés. Ce sont donc presque exclusivement des personnalités acquises à la cause de Donald Trump qui ont pris la parole, dont plusieurs membres de sa famille. Par conséquent, la Convention s’est révélée toute à son image.

JOUR 1 – LUNDI 18 JUILLET

UN DÉBUT DE CONVENTION CHAOTIQUE

Démarrage sur les chapeaux de roue ! La première scène à laquelle assistent les téléspectateurs américains est une scène de chaos, révélatrice des divisions au sein du parti. Voici une petite vidéo témoignant de la bonne ambiance au sein de la Quicken Loans Arena.

Que se passe-t-il? Alors que la Convention vient de débuter, les délégués sont chargés de voter en faveur de l’adoption des règles encadrant son déroulement. En principe, une simple formalité. Sauf que de nombreux délégués anti-Trump se sont mobilisés et rassemblés au sein d’un mouvement baptisé Free The Delegates. Objectif de ce mouvement? Modifier les règles de la Convention afin d’autoriser les délégués à voter pour le candidat de leur choix, sans être obligés de respecter le résultat des primaires dans leur état. Le dernier recours pour espérer encore pouvoir empêcher la victoire de Donald Trump. Le chair, la personne désignée pour assurer le bon déroulement du vote (ici, Steve Womack, député à la Chambre des Représentants) annonce que le vote concernant l’approbation des règles se fera tout simplement par acclamation. Autrement dit, il est demandé aux délégués en faveur des règles de crier YEA puis à ceux y étant défavorables de crier NAY. Alors qu’il semble très difficile de désigner un vainqueur, Womack annonce tout de même la victoire du oui. Les délégués anti-Trump sont furieux et se mettent à hurler pour réclamer un roll call vote, c’est-à-dire un vote état par état. Parmi les délégués en colère, vous reconnaîtrez peut-être le sénateur de l’Utah Mike Lee, l’un des sénateurs n’ayant pas encore apporté officiellement son soutien à Donald Trump. En retour, les délégués pro-Trump se mettent à crier USA! USA!. C’est la pagaille. Finalement, malgré les protestations, Womack refuse d’organiser un roll call vote. Il explique que neuf états ont déposé une motion demandant l’organisation d’un tel vote mais que trois de ces motions ne contiennent pas un nombre de signatures suffisant pour être prises en compte. Par conséquent, seules six motions sont recevables alors qu’il en faudrait sept pour que la demande de roll call vote soit acceptée ! La délégation du Colorado quitte la salle en guise de protestation. Le dernier effort des délégués anti-Trump a échoué.

LES DISCOURS MARQUANTS DU JOUR

  • La bénédiction du pasteur Mark Burns

Il faut savoir que chacune des quatre journées de la Convention est divisée en deux sessions, une session journée et une session soirée. Les personnalités les plus importantes ont généralement l’honneur de s’exprimer en soirée. Pour clôturer chaque session, une personnalité religieuse (pasteur, prêtre, rabbin ou imam) prononce une bénédiction. Précisons que ceci n’est pas exclusif à la Convention Républicaine. Il en va de même chez les Démocrates. Un mélange de religion et de politique que l’on aurait du mal à imaginer chez nous.

La première bénédiction de la Convention Républicaine a été prononcée par le pasteur Mark Burns, venu de Caroline du Sud. Et elle fut pour le moins particulière. En effet, Burns a demandé de remercier Dieu pour l’existence de Donald Trump et de prier pour que le Seigneur continue de le guider vers la Maison Blanche.

Father God, in the name of Jesus, Lord, we’re so thankful for the life of Donald Trump. (Notre père, au nom de Jésus, Seigneur, nous sommes tellement reconnaissants pour l’existence de Donald Trump)

  • Rick Perry, ex-gouverneur du Texas

Perry ne parlera que quelques minutes, sans jamais mentionner le nom de Donald Trump. Il avait choisi d’insister sur les difficultés auxquelles sont confrontés les vétérans lorsqu’ils rentrent au pays.

Making America Great Again starts by taking care of our veterans. (Rendre l’Amérique grande à nouveau commence en prenant soin de nos vétérans)

Tonnerre d’applaudissements.

  • Patricia Smith, mère d’une victime de l’attaque de Benghazi

Le Parti Républicain avait choisi de donner la parole à la mère de l’une des victimes de l’attaque de Benghazi. Celle-ci déclarera qu’elle tient Hillary Clinton, qui était Secrétaire d’Etat à l’époque, pour responsable de la mort de son fils. Elle affirmera aussi que la candidate démocrate devrait se trouver en prison ! Et ce ne sera pas la seule à délivrer ce message. Tout au long de la Convention, on a pu régulièrement entendre des délégués chanter Lock her up! Lock her up! (Enfermez-la! Enfermez-la!) lorsque le nom d’Hillary Clinton était mentionné dans un discours. Réclamer l’incarcération du candidat du parti adverse? Du jamais vu. Et pas du goût de tout le monde. Voyez ce tweet du sénateur républicain Jeff Flake, qui n’assistait pas à la Convention et qui refuse pour l’instant d’apporter son soutien à Donald Trump.

Traduction: Hillary Clinton mérite maintenant la prison? Allons. Nous pouvons expliquer pourquoi elle ne devrait pas être élue sans s'abaisser à cela.
Traduction: Hillary Clinton mérite maintenant la prison? Allons. Nous pouvons expliquer pourquoi elle ne devrait pas être élue sans s’abaisser à cela.
  • Antonio Sabato Jr., ancien mannequin et star de téléréalité

Le discours d’Antonio Sabato Jr. n’avait en réalité rien de marquant. C’est sa présence qui interpelle. Il est vrai que les partis invitent parfois quelques people à s’exprimer lors de leur Convention. Tout le monde se souvient par exemple du discours de Clint Eastwood lors de la dernière Convention Républicaine, en 2012. Mais, sans vouloir manquer de respect à Antonio Sabato Jr., il est tout de même étrange de voir un ancien mannequin (pour les sous-vêtements Calvin Klein notamment) devenu vedette d’émissions de téléréalité s’exprimer lors d’une convention politique. C’est un peu comme si Alain Juppé invitait Loana à s’exprimer lors de l’un de ses meetings. Et Sabato ne fut pas le seul invité atypique. On a aussi pu assister, entre autres, au discours d’une joueuse de golf classée au-delà de la 400ème place mondiale. Cela avait-il vraiment un sens?

Peu après son discours, Antonio Sabato Jr. s’est distingué en déclarant lors d’une interview à une chaîne de télévision qu’il était certain que Barack Obama était en réalité musulman.

  • Rudy Giuliani, ex-maire de New York

Rudy Giuliani était en pleine forme et visiblement très heureux d’être de retour au devant de la scène. Il avait choisi d’axer son discours sur la sécurité. Il commencera par rendre hommage à tous les policiers qui protègent les américains au péril de leur vie. Il rendra ensuite également hommage aux personnes tuées par la police, en précisant que certaines l’ont été de manière injustifiée. Il lancera aussi un appel à l’unité.

There is no black America, there is no white America, there is just America. (Il n’y a pas d’Amérique noire, il n’y a pas d’Amérique blanche, il y a juste une Amérique)

Giuliani rappellera ensuite qu’il a réussi à faire de New York une ville sûre et assurera que Donald Trump fera de même pour l’Amérique toute entière.

What I did for New York, Donald Trump will do for America. (Ce que j’ai fait pour New York, Donald Trump le fera pour l’Amérique)

Giuliani a dressé un portrait positif de Donald Trump, son ami depuis plus de trente ans. Il a assuré que Trump était un homme généreux et qu’il avait fait beaucoup de dons à diverses organisations de manière anonyme (ndlr: ce qui est évidemment impossible à vérifier). Giuliani ajoutera que les médias font circuler une fausse image de Trump.

I am sick and tired of the defamation of Donald Trump by the media and by the Clinton campaign. I am sick and tired of it. This is a good man. (J’en ai assez de la diffamation de Donald Trump par les médias et par la campagne d’Hillary Clinton. J’en ai plus qu’assez. C’est un homme bien)

Giuliani évoquera enfin le problème du terrorisme islamique, rappelant qu’il ne faut pas avoir peur de l’appeler par son nom et que le faire ne revient pas forcément à assimiler l’ensemble de l’Islam au terrorisme. Il rappellera même que la majorité des victimes du terrorisme islamique sont des musulmans. Et il lancera un message clair aux extrémistes :

You know who you are, and we’re coming to get you ! (Vous savez qui vous êtes, et nous allons venir vous chercher !)

Tonnerre d’applaudissements.

  • Melania Trump, épouse de Donald Trump

Le discours de Melania Trump était évidemment très attendu puisqu’elle ne s’était que très peu exprimée depuis le début de la campagne. Et surprise ! C’est Donald Trump qui a d’abord fait son apparition pour présenter brièvement son épouse. Une entrée sur scène très théâtrale, au milieu d’un écran de fumée et au son de We Are The Champions.

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Venons-en au discours de Melania. On a rapidement pu constater que l’ex-mannequin n’avait pas l’habitude de ce genre d’exercice. Elle a d’abord évoqué son parcours. Sa naissance en Slovénie, les valeurs de respect d’autrui que lui ont inculquées ses parents, sa réussite dans le monde de la mode, son arrivée à New York et enfin, son obtention de la citoyenneté américaine en 2006, qu’elle a qualifiée de « the greatest privilege on planet Earth » (le plus grand privilège sur la planète Terre). Elle a ensuite tenté de dresser un portrait positif de son mari, le présentant comme un homme déterminé mais aussi gentil et loyal. Elle a assuré qu’il se battrait pour tous les américains, quels qu’ils soient.

Donald intends to represent all the people, not just some of the people. That includes Christians and Jews and Muslims. It includes Hispanics and African Americans and Asians, and the poor and the middle-class. Throughout his career, Donald has successfully worked with people of many faiths and with many nations. (Donald a l’intention de représenter tout le monde, pas seulement quelques personnes. Cela inclut les chrétiens et les juifs et les musulmans. Cela inclut les hispaniques et les afro-américains et les asiatiques, et les pauvres et la classe moyenne. Tout au long de sa carrière, Donald a travaillé avec succès avec des personnes de toutes les croyances et avec de nombreuses nations)

LA PHOTO DU JOUR

Donald et Melania Trump après le discours de cette dernière.

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JOUR 2 – MARDI 19 JUILLET

UN PARFUM DE SCANDALE

Oups ! Au lendemain de son discours, Melania Trump est accusée de plagiat. Une partie de son discours ressemblait en effet étrangement à celui qu’avait prononcé Michelle Obama à la Convention Démocrate de 2008. Jugez par vous-mêmes.

Source: CNN
Source: CNN

Tout au long de la journée, l’équipe de campagne de Donald Trump niera pourtant l’évidence, affirmant qu’il n’y a pas eu de plagiat.

L’INVESTITURE DE DONALD TRUMP

Pendant ce temps-là, la deuxième journée de la Convention battait son plein. Et c’était une journée importante puisqu’elle débutait par le vote des délégués pour élire leur candidat à la présidence. La procédure de vote se nomme le roll call of states et il nous faut vous l’expliquer brièvement. Des représentants du parti président la séance. Les états sont appelés les uns après les autres, par ordre alphabétique. Lorsqu’un état est appelé, le chef de la délégation de cet état fait d’abord un petit discours de présentation* et proclame ensuite le résultat du vote de sa délégation. Cela donne quelque chose comme The state of X is proud to cast x votes for Ted Cruz and x votes for the next President of the United States, Donald J. Trump. Sachant qu’il y a cinquante états, vous imaginez bien que le roll call of states dure longtemps, très longtemps. Environ deux heures.

*La tradition veut que les chefs de délégation profitent de leur petit discours d’introduction pour présenter leur état comme le plus grand, le plus beau, le plus fort du pays. Et les faits choisis pour le démontrer sont parfois cocasses. Quelques exemples:

– Le chef de la délégation de l’Alabama a mis en avant le fait que son état ait vu naître Johnny Cash

– L’Idaho s’est vanté d’être l’état le plus républicain du pays

– Le Minnesota s’est vanté d’être l’état du regretté chanteur Prince

– Le Nebraska s’est vanté d’être le plus gros producteur de viande du pays

– La Caroline du Nord s’est vantée d’abriter les plus importantes installations militaires au monde

– Le Texas s’est vanté d’être la douzième économie mondiale

– Le Wisconsin s’est vanté d’abriter le siège d’Harley-Davidson

etc.

Notons que le chef de la délégation du New Hampshire n’était autre que Corey Lewandowski, l’ex-directeur de campagne de Donald Trump. C’est donc lui qui a eu l’honneur d’annoncer le résultat du vote de son état.

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Finalement, c’est bien Donald Trump qui l’a emporté. L’extravagant milliardaire sera bien le candidat du Parti Républicain à l’élection présidentielle ! Une chose que personne ne croyait possible il y a seulement un an. Quoi que l’on puisse penser de Trump, force est de constater qu’il a réalisé un véritable exploit. Voici le résultat final du vote. [Rappel: Un candidat doit obtenir 1,237 voix sur un total de 2,472 pour remporter l’investiture]

Donald Trump ⇒ 1,725 voix

Ted Cruz ⇒ 425

John Kasich ⇒ 120

Marco Rubio ⇒ 114

Ben Carson ⇒ 7

Jeb Bush ⇒ 3

Rand Paul ⇒ 2

Les 1,725 voix obtenues par Donald Trump représentent 70% des voix des délégués. C’est le second score le moins élevé du siècle. Seul Gerald Ford s’était imposé par un plus petit score face à Ronald Reagan en 1976.

LES DISCOURS MARQUANTS DU JOUR

  • Paul Ryan, speaker de la Chambre des Représentants

Paul Ryan a surtout mis en avant le programme conservateur qu’il défend en ce moment à la Chambre des Représentants, en l’opposant au programme démocrate. Il a aussi présenté les conflits au sein de son parti comme autant de « signes de vie ». Moyennement convaincant.

  • Chris Christie, gouverneur du New Jersey

Le discours de Chris Christie a suscité beaucoup de commentaires. Le gouverneur du New Jersey s’est en effet lancé dans une sorte de simulacre de procès d’Hillary Clinton. Il a passé en revue le bilan de la candidate démocrate à la tête du Département d’Etat, en demandant régulièrement au public de donner son verdict quant à sa culpabilité sur tel ou tel point. Exemple: « Hillary Clinton, as an inept negotiator of the worst nuclear arms deal in American history, is she guilty or not guilty? » (Hillary Clinton, en tant que négociatrice incompétente du pire accord nucléaire de l’histoire des Etats-Unis, est-elle coupable ou non coupable?)

Les délégués présents dans la salle ne se sont bien sûr pas privés d’hurler Coupable! à chacune des questions de Christie. Certains se sont aussi mis à scander une fois de plus Lock her up! Lock her up!, sans que Christie ne bronche.

Christie a aussi présenté une éventuelle présidence Clinton comme un troisième mandat Obama « avec moins de charme et davantage de mensonges ».

Hillary Clinton a réagi à ce discours très violent sur les réseaux sociaux. Elle a notamment publié sur son compte Snapchat une vidéo inédite où l’on voit Chris Christie la saluer chaleureusement dans les coulisses d’une émission de CNN.

  • Tiffany Trump & Donald Trump Jr.

Après Melania Trump, c’était au tour de deux des cinq enfants de Donald Trump de prendre la parole. Eric Trump et Ivanka Trump se sont également exprimés le lendemain et le surlendemain. Au total, tous les enfants de Trump auront donc prononcé un discours lors de la Convention, à l’exception du petit dernier qui n’est âgé que de 10 ans. Pour vous y retrouver, voici l’arbre généalogique de la famille Trump, réalisé par l’équipe de Vox.

Source: Vox
Source: Vox

Le discours de Donald Trump Jr. a été particulièrement remarqué. Il s’est en effet avéré plus politique que celui des autres enfants Trump, qui se sont surtout attachés à dresser un portrait positif et attachant de leur père. Certaines rumeurs font désormais état d’une possible candidature de Donald Trump Jr. à la mairie de New York dans les années à venir. Affaire à suivre.

  • Ben Carson, ex-candidat aux primaires

Ben Carson nous avait déjà habitués à des discours singuliers mais celui-ci restera probablement dans les annales. Carson s’est éloigné à plusieurs reprises de son prompteur et surtout, il s’est mis à nous parler de… Lucifer ! Oui, vous avez bien lu. Le diable en personne. Carson a en réalité accusé Hillary Clinton d’avoir pour « héros » et « mentor » un admirateur de Satan.

One of the things that I have learned about Hillary Clinton is that one of her heroes, her mentors was Saul Alinsky. And her senior thesis was about Saul Alinsky. This was someone that she greatly admired and that affected all of her philosophies subsequently. Now, interestingly enough, let me tell you something about Saul Alinsky. He wrote a book called Rules for Radicals. On the dedication page, it acknowledges Lucifer, « the original radical who gained his own kingdom ». […] Are we willing to elect someone as president who has as their role model somebody who acknowledges Lucifer? Think about that. (L’une des choses que j’ai apprises au sujet d’Hillary Clinton est que l’un de ses héros, de ses mentors est Saul Alinsky. Et sa thèse était consacrée à Saul Alinsky. C’était quelqu’un qu’elle admirait beaucoup et qui a eu une influence sur sa philosophie par la suite. Maintenant, et c’est intéressant, laissez-moi vous dire quelque chose à propos de Saul Alinsky. Il a écrit un livre intitulé Règles pour les radicaux. À la page des remerciements, il remercie Lucifer, « le premier radical à avoir gagné son propre royaume ». […] Voulons-nous élire à la présidence une personne qui a pour modèle quelqu’un qui remercie Lucifer? Réfléchissez à cela)

Nous vous laisserons réfléchir à cela après vous avoir fourni quelques explications. Tout d’abord, qui est Saul Alinsky? Il s’agit d’un fils d’immigrants russes né à Chicago en 1909. Après avoir étudié à l’Université de Chicago, il a travaillé dans les quartiers pauvres de la ville afin d’y améliorer les conditions de vie et de travail. Il défendait des idées de gauche assez radicales. En 1972, il a publié un ouvrage intitulé Règles pour les radicaux. Et il est vrai qu’il rend en quelque sorte hommage à Lucifer dans ce livre, en le présentant comme le premier grand radical de l’histoire qui a réussi à se créer son propre royaume en se rebellant contre l’ordre établi. Alinsky avait aussi un jour créé la polémique en déclarant qu’il préférerait aller en enfer plutôt qu’au paradis après sa mort. D’autre part, il est également vrai qu’Hillary Clinton a rédigé une thèse consacrée à Alinsky. Elle l’a même rencontré et interrogé à cette occasion. Mais de là à prétendre, comme le fait Carson, qu’Alinsky est l’un de ses mentors, il y a un pas que nous ne franchirons pas. Dans l’un de ses livres paru en 2003, Hillary Clinton explique d’ailleurs que si elle était en accord avec certaines idées défendues par Alinsky, elle avait un désaccord fondamental avec lui. Alors qu’il pensait qu’il n’était possible de changer le système qu’en le combattant de l’extérieur, elle a toujours cru en la possibilité de le faire évoluer de l’intérieur.

  • La bénédiction de Sajid Tarar

La deuxième journée de la Convention s’est achevée par la bénédiction donnée par Sajid Tarar, fondateur du groupe American Muslims for Trump. Et si l’on vous en parle, c’est parce qu’un journaliste du New York Times présent dans la salle affirme qu’un délégué a hurlé No Islam! alors que Tarar s’apprêtait à prendre la parole.

LA PHOTO DU JOUR

Ce cliché a été partagé par le gouverneur du Wisconsin Scott Walker sur son compte Twitter. On l’y voit en train de boire une bière en compagnie de Paul Ryan et Reince Priebus à l’intérieur de la Quicken Loans Arena. Cheers !

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JOUR 3 – MERCREDI 20 JUILLET

AFFAIRE DU PLAGIAT, SUITE

Après avoir nié toute forme de plagiat dans le discours de Melania Trump pendant plus de 24 heures, la campagne de Donald Trump effectue un virage à 180 degrés en publiant un communiqué reconnaissant finalement le plagiat ! Le communiqué est signé de la main d’une certaine Meredith McIver. Elle explique avoir travaillé avec Melania Trump pour préparer son discours et être la responsable du plagiat. Elle ajoute qu’elle a présenté sa démission à Donald Trump mais que celui-ci l’a refusée parce que « tout le monde fait parfois des erreurs ». Il est aussi amusant de lire dans ce communiqué que Melania Trump a toujours beaucoup aimé Michelle Obama (A person she has always liked is Michelle Obama).

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LA POLÉMIQUE BALDASARO

L’affaire du plagiat à peine terminée, voilà qu’un autre scandale fait surface. Dans une interview accordée à une chaîne de radio, l’un des conseillers de Donald Trump, Al Baldasaro, vient d’appeler purement et simplement à l’exécution d’Hillary Clinton ! Voici les propos exacts tenus par Baldasaro alors qu’il évoquait l’affaire Benghazi :

Hillary Clinton should be put in the firing line and shot for treason. (Hillary Clinton devrait être envoyée au peloton d’exécution et fusillée pour trahison)

Donald Trump n’a pas sanctionné Baldasaro qui fait aujourd’hui toujours partie de son équipe de campagne.

LES DISCOURS MARQUANTS DU JOUR

  • Ralph Alvarado, député au parlement du Kentucky

Alvarado fut l’un des rares élus latinos à s’exprimer lors de cette Convention. Et il fut le seul à prononcer plusieurs phrases de son discours en espagnol. Cela n’a pas semblé déranger les délégués qui l’ont chaleureusement applaudi. Mais on se demande ce qu’a pu en penser Donald Trump qui, on s’en souvient, avait critiqué Jeb Bush en lui rappelant qu’il ne devrait pas parler espagnol lorsqu’il se trouvait aux Etats-Unis.

  • Scott Walker, gouverneur du Wisconsin

Scott Walker a longtemps hésité à apporter son soutien à Donald Trump. Finalement, il semble être arrivé à la conclusion qu’une présidence Trump serait tout de même préférable à une présidence Clinton. C’est en tout cas l’argument qu’il a mis en avant dans son discours.

America deserves better than Hillary Clinton. (L’Amérique mérite mieux qu’Hillary Clinton)

Walker a affirmé que ne pas voter pour Donald Trump en novembre reviendrait à voter pour Hillary Clinton.

  • Marco Rubio, sénateur de Floride

Marco Rubio n’avait pas fait le déplacement à Cleveland mais il avait enregistré une vidéo qui a été diffusée sur les écrans géants de la Quicken Loans Arena. Il y a clairement apporté son soutien à Donald Trump, affirmant que « The time for fighting each other is over » (Le temps de se bagarrer entre nous est révolu).

  • Ted Cruz, sénateur du Texas

Le discours de Ted Cruz fut sans doute le moment le plus incroyable de toute la Convention !

De toutes les personnes invitées à s’exprimer à Cleveland, Cruz était le seul à n’avoir pas préalablement apporté son soutien à Donald Trump. On pouvait donc se demander s’il allait enfin appeler à voter pour son ex-rival lors de son discours. La plupart des délégués semblaient confiants. Si Cruz n’avait pas l’intention de soutenir Trump, pourquoi aurait-il accepté son invitation? Et bien, parce que la vengeance est semble-t-il un plat qui se mange froid.

Ted Cruz a été accueilli sur scène par une véritable standing ovation, avant de terminer son discours sous les huées une vingtaine de minutes plus tard. Le sénateur du Texas a placé les valeurs conservatrices qu’il juge si importantes au cœur de son discours. Avant de prononcer les mots suivants :

Vote your conscience, vote for candidates up and down the ticket who you trust to defend our freedom. (Votez en votre âme et conscience, votez pour des candidats à qui vous faites confiance pour défendre notre liberté)

Aucune mention du nom de Trump. Le sous-entendu était clair. Ted Cruz ne semble pas être convaincu que Donald Trump défende les valeurs conservatrices pour lesquelles il est opportun de voter. Comprenant que Cruz n’apporterait pas son soutien à Trump, de nombreux délégués en colère se sont mis à crier We want Trump! et à huer Cruz alors qu’il était encore en train de parler. La délégation de l’état de New York, placée juste devant le podium depuis lequel Cruz s’exprimait, était l’une des plus bruyantes. Mais Cruz ne s’est pas laissé intimider et a poursuivi calmement son discours jusqu’au bout. Il fera même une pause pour s’adresser ironiquement aux délégués de New York.

I appreciate the enthusiasm of the New York delegation. (J’apprécie l’enthousiasme de la délégation de New York)

Sacré Ted ! Certains délégués étaient tellement furieux qu’ils ont tenté de s’en prendre à sa femme, Heidi Cruz, qui a dû être évacuée de la salle ! Autant dire que Ted Cruz s’est fait beaucoup d’ennemis en prononçant ce discours. La plupart des délégués qui lui étaient favorables désiraient qu’il apporte son soutien à Trump. Ils sont nombreux à estimer qu’en ne le faisant pas, il vient en aide de manière indirecte à Hillary Clinton. Dans la presse et sur les réseaux sociaux, on a pu lire de nombreux témoignages de supporters de Cruz affirmant se sentir trahis et ne plus être certains de pouvoir à nouveau le soutenir à l’avenir. C’est pourquoi il nous semble difficile d’affirmer, comme l’ont fait certains analystes, que Ted Cruz ait agi uniquement par calcul politique en vue de l’élection présidentielle de 2020. Certes, si Trump s’incline lourdement en novembre, il pourra se présenter comme celui qui a osé lui résister lors de sa Convention. Mais à quoi bon s’il s’est coupé d’une partie de sa base électorale? Il est vraisemblable que Cruz n’ait tout simplement pas voulu apporter son soutien à Trump parce qu’il pense que ce dernier n’est pas un vrai conservateur et surtout, parce qu’il ne peut pas lui pardonner de s’être moqué du physique de son épouse et d’avoir accusé son père d’être lié à l’assassinat du président Kennedy. C’est d’ailleurs l’explication que Cruz a lui-même mis en avant au lendemain de son discours, alors qu’il répondait aux questions de délégués texans en colère.

I’m not in the habit of supporting people who attack my wife and who attack my father. (Je n’ai pas l’habitude de soutenir des gens qui attaquent ma femme et mon père)

Comment Donald Trump a-t-il réagi au discours de Ted Cruz? Voici une photo du candidat républicain et de sa famille en train d’écouter le discours du sénateur du Texas. Ils ne semblent pas beaucoup apprécier le spectacle.

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Cependant, Trump ne s’attaquera pas pour autant à Cruz (du moins, pas tout de suite). Il publiera un tweet suggérant plutôt à ses supporters qu’il n’est pas nécessaire de faire du discours de Cruz une affaire d’état.

Traduction: Wow, Ted Cruz s'est fait hué, il n'a pas respecté le serment! J'ai vu son discours deux heures plus tôt mais je l'ai tout de même laissé parler. No big deal!
Traduction: Wow, Ted Cruz s’est fait huer, il n’a pas respecté le serment! J’ai vu son discours deux heures plus tôt mais je l’ai tout de même laissé parler. No big deal!
  • Mike Pence, gouverneur de l’Indiana et candidat à la vice-présidence

La troisième journée de la Convention s’est achevée par le discours de Mike Pence, le colistier fraîchement désigné de Donald Trump. Encore peu connu du grand public, Pence avait l’occasion de se présenter aux électeurs. Un exercice plutôt réussi mais auquel, malheureusement pour lui, personne n’accordera beaucoup d’attention après le séisme déclenché quelques minutes plus tôt par Ted Cruz.

LA PHOTO DU JOUR

Nikki Haley, gouverneure de Caroline du Sud, n’a pas prononcé de discours lors de la Convention mais elle était bien présente à Cleveland. Photographiée ici au milieu des délégués en compagnie de son mari.

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JOUR 4 – JEUDI 21 JUILLET

LES DISCOURS MARQUANTS DU JOUR

  • Reince Priebus, président du Parti Républicain

Priebus n’hésitera pas à présenter son parti comme celui des « idées nouvelles ».

  • Peter Thiel, homme d’affaires

Peter Thiel est un homme d’affaires célèbre. Il est notamment l’un des co-fondateurs de PayPal. Mais il est surtout ouvertement gay et n’a pas hésité à le clamer haut et fort dans son discours. I’m proud to be gay (Je suis fier d’être gay), a-t-il lancé. Cela peut sembler anecdotique mais c’est pourtant rare lors d’une Convention Républicaine. Le parti se définit par exemple toujours comme opposé au mariage entre personnes de même sexe dans son programme. Ce qui n’a pas empêché les délégués d’applaudir chaleureusement Peter Thiel.

  • Ivanka Trump

Ivanka Trump a présenté son père comme un homme tolérant et ouvert. Tout le contraire de l’homme raciste et misogyne décrit par ses opposants. Elle a aussi curieusement affirmé qu’elle ne se considérait pas comme strictement républicaine.

I don’t consider myself categorically Republican or Democrat. (Je ne me considère pas comme catégoriquement Républicaine ou Démocrate)

  • L’acceptance speech de Donald Trump

La Convention s’est terminée par le discours du candidat à la présidence, Donald J. Trump. Un très long discours d’1 heure et 16 minutes. Le plus long pour un nominé républicain depuis au moins 1980, d’après C-SPAN.

Source: C-SPAN
Source: C-SPAN

Donald Trump s’est montré discipliné, ne s’éloignant guère de son prompteur. Il ne s’est donc pas attaqué à Ted Cruz ni à aucun de ses anciens adversaires. Les seules personnes qu’il a mentionnées sont les membres de sa famille, son colistier Mike Pence, Hillary Clinton et Barack Obama. Il a répété les grandes promesses qui ont fait son succès depuis le début de sa campagne: construction d’un mur à la frontière avec le Mexique pour mettre fin à l’immigration illégale, renégociation des traités de libre-échange, destruction de l’Etat Islamique etc. Le discours de Donald Trump s’est avéré être très populiste. Le candidat républicain a dressé le portrait d’une Amérique en déclin où rien ne fonctionne correctement, pour ensuite se présenter comme son sauveur. Celui qui pourra régler tous les problèmes du pays à lui seul. Sans guère expliquer comment il compte s’y prendre exactement. En résumé, de belles promesses de la part d’un homme fort se présentant comme le sauveur du peuple. La phrase la plus emblématique et révélatrice de ce discours étant sans doute celle-ci :

Nobody knows the system better than me, which is why I alone can fix it. (Personne ne connaît mieux le système que moi, et c’est pourquoi je peux le réparer tout seul)

Ce refrain de l’homme providentiel a suscité de nombreuses inquiétudes du côté démocrate mais aussi chez bon nombre de Républicains anti-Trump. Ces quelques tweets en témoignent.

Traduction: Trump: "Je peux réparer ceci tout seul". Cet homme est -il candidat à la présidence ou au poste de dictateur?
Traduction: Trump: « Je peux réparer ceci tout seul ». Cet homme est-il candidat à la présidence ou au poste de dictateur?

Ce tweet de Bernie Sanders fut, d’après Twitter, le plus partagé de la soirée sur le réseau social.

Traduction: Merde, les discours comme celui-là sont légion à Tegucigalpa, Caracas, Asunción, et Donetsk.
Traduction: Merde, les discours comme celui-là sont légion à Tegucigalpa, Caracas, Asunción, et Donetsk.

John Weaver est républicain et ex-membre de l’équipe de campagne de John Kasich.

Traduction: Voyons le bon côté des choses: je comprends maintenant beaucoup mieux comment des mouvements fascistes arrivent au pouvoir.
Traduction: Voyons le bon côté des choses: je comprends maintenant beaucoup mieux comment des mouvements fascistes arrivent au pouvoir.

Max Boot est républicain et ex-conseiller de Marco Rubio en matière de politique étrangère.

Traduction: Le parti dont je faisais partie est mort.
Traduction: Le parti dont je faisais partie est mort.

Meghan McCain, la fille de John McCain, est républicaine. Elle est consultante sur Fox News.

Enfin, ce tweet de l’opposant russe Garry Kasparov a également été largement partagé.

Traduction: J'ai beaucoup entendu ce type de discours ces 15 dernières années et croyez-moi, cela ne sonne pas mieux en russe.
Traduction: J’ai beaucoup entendu ce type de discours ces 15 dernières années et croyez-moi, cela ne sonne pas mieux en russe.

Ajoutons encore à cela que le discours ultra-protectionniste de Trump en matière d’économie ne correspond pas du tout au discours habituel du Parti Républicain, en principe très favorable au libre-échange et au libre marché. Donald Trump pourrait donc bien être en train de changer complètement le visage du parti.

Pour ceux qui voudraient écouter le discours de Trump dans son intégralité, voici la vidéo.

Après le discours de Trump, sa famille et son colistier Mike Pence l’ont rejoint sur scène pour profiter du fameux lâcher de ballons, une grande tradition des conventions américaines. Des milliers de ballons bleus, blancs et rouges tombent du plafond pour achever les festivités en beauté.

LA PHOTO DU JOUR

Donald Trump et Mike Pence à la fin de la Convention.

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AU LENDEMAIN DE LA CONVENTION

Vendredi 22 juillet. Au lendemain de son discours ayant clôturé la Convention, Donald Trump tient une conférence de presse. Et il décide de s’en prendre une nouvelle fois à Ted Cruz. Il déclare que même si le sénateur du Texas changeait d’avis et se décidait à lui apporter son soutien, il refuserait. Il affirme même que si Cruz se présentait de nouveau à la présidentielle en 2020, il serait prêt à financer des publicités visant à le discréditer et à empêcher son élection. Et surtout, Trump évoque une nouvelle fois un possible lien entre le père de Ted Cruz et l’assassinat de JFK. Il déclare même ne pas comprendre pourquoi le National Enquirer – le magazine people ayant publié une photo de l’assassin de Kennedy en compagnie d’un homme qui serait soi-disant le père de Cruz- n’a jamais reçu le Prix Pulitzer ! Petit rappel: le National Enquirer, c’est ça.

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Ou encore ça. D’après cette Une d’octobre 2015, Hillary Clinton devrait être décédée depuis quatre mois.

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Face aux nouvelles accusations absurdes portées par Trump envers le père de Ted Cruz, le politologue Larry Sabato, auteur de plusieurs livres consacrés à JFK, publie le tweet suivant.

Traduction: J'ai passé des années à enquêter sur l'assassinat du Président Kennedy. Je n'arrive pas à croire que je doive dire cela: le père de Cruz n'était PAS impliqué.
Traduction: J’ai passé des années à enquêter sur l’assassinat du Président Kennedy. Je n’arrive pas à croire que je doive dire cela: le père de Cruz n’était PAS impliqué.

VAINQUEURS ET PERDANTS

Qui ressort vainqueur de la Convention Républicaine? Qui en ressort perdant? Nous vous livrons notre verdict.

  • Les gagnants

Donald Trump. Certes, son discours n’a pas été bien reçu par la critique. Certes, il n’est toujours pas parvenu à faire l’unanimité au sein de son propre camp. Mais il a bien été désigné comme le candidat du Parti Républicain à l’élection présidentielle, une chose que tout le monde croyait impossible lorsqu’il a annoncé sa candidature en juin 2015.

Rudy Giuliani. Le discours de l’ex-maire de New York était un bon discours. Et Giuliani semble désormais de retour au devant de la scène. Depuis la fin de la Convention, il est apparu régulièrement sur les plateaux de télévision pour défendre Donald Trump. Petit pronostic: en cas de victoire de Trump en novembre, il nous semble fort possible de voir Giuliani occuper un poste au sein de son administration.

Donald Trump Jr. Le discours du fils aîné de Donald Trump s’est lui aussi avéré percutant et lui a permis de se faire connaître du grand public. Certains l’imaginent déjà se présenter prochainement à la mairie de New York.

La communauté LGBT. Peter Thiel, un homme ouvertement gay, a été invité à s’exprimer lors de la Convention et a été chaleureusement applaudi lorsqu’il a déclaré qu’il était « fier d’être gay ». Lors de son discours, Donald Trump a quant à lui affirmé qu’il protégerait la communauté LGBT. Il a lui aussi été chaleureusement applaudi et a alors déclaré :

As a Republican, it’s so nice to hear you cheering for what I just said. (En tant que Républicain, cela fait tellement plaisir de vous entendre applaudir ce que je viens de dire)

Des signes encourageants pour ceux qui espèrent voir le parti évoluer sur la question LGBT.

La vulgarité. Dans les rues de Cleveland, il n’était pas difficile de trouver des vendeurs de t-shirts et autres gadgets à l’effigie de Donald Trump. Mais on pouvait aussi trouver nombre de t-shirts et autres accessoires arborant des slogans anti-Clinton. Et notamment celui-ci : Life is a bitch, don’t vote for one. Le mot bitch peut se traduire par salope ou chienne. Précisons que cette marchandise était vendue par des particuliers venus se faire un peu d’argent à Cleveland et n’ayant aucun lien direct avec le Parti Républicain. Ce dernier n’est donc pas responsable de la vente de ces objets. Il n’empêche que certains de ses adhérents les ont achetés.

Ted Cruz. Ted Cruz savait qu’une majorité de ses supporters désirait le voir apporter son soutien à Donald Trump. Il ne l’a pourtant pas fait et a osé prendre le risque de se faire copieusement huer devant des millions de téléspectateurs. Nous ne voudrions pas transformer Ted Cruz en héros mais honnêtement, connaissez-vous beaucoup d’hommes politiques qui auraient eu le courage d’agir de la sorte? On pourra encore débattre longtemps des motivations exactes de Cruz. S’agissait-il uniquement d’un calcul politique en vue de l’élection présidentielle de 2020 ou s’agissait-il d’une réelle opposition de conscience à Donald Trump? Nous avons la naïveté de pencher en faveur de la deuxième option mais nous vous laissons vous faire votre propre opinion à ce sujet. Quoi qu’il en soit, le discours de Ted Cruz et les réactions qu’il a suscitées dans la salle ont constitué un épisode dramatique qui restera dans les annales de l’histoire politique américaine. Merci pour ce moment, Ted.

  • Les perdants

Le Parti Républicain. L’un des objectifs traditionnel d’une Convention est d’afficher l’unité du parti en vue de l’élection générale. Raté. Protestations des anti-Trump lors du premier jour de la Convention, absence de nombreuses personnalités importantes, discours de Ted Cruz n’appelant pas à voter pour Donald Trump. La division du parti était bien visible à Cleveland. Au-delà de cela, les différents discours prononcés n’auront sans doute pas contribué à redorer l’image du parti auprès de la majorité des américains.

Melania Trump. La possible future First Lady a été accusée (à juste titre) de plagiat pour son premier grand discours. Pas top.

Marco Rubio. Marco Rubio est sans doute sincère lorsqu’il dit avoir de grosses réserves à l’encontre de Donald Trump. Il avait d’ailleurs choisi de ne pas se rendre à Cleveland. Mais il a tout de même enregistré une vidéo diffusée lors de la Convention, dans laquelle il a clairement apporté son soutien à Trump. Hum. À force de ne vouloir froisser personne, Rubio ne risque-t-il pas de décevoir tout le monde?

 

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