Vous étiez en vacances au mois de juillet et vous n’avez pas pu suivre la Convention Nationale Démocrate? Pas de panique, voici notre récap’ 😉
À PROPOS DE LA CONVENTION NATIONALE DÉMOCRATE
Le week-end dernier, nous vous proposions notre récap’ de la Convention Nationale Républicaine. Aujourd’hui, nous vous invitons à lire celui de la Convention Nationale Démocrate (Democratic National Convention, ou DNC pour les intimes), qui s’est tenue du 25 au 28 juillet à Philadelphie. Tout comme sa cousine républicaine, la Convention Nationale Démocrate a lieu tous les quatre ans au mois de juillet, dure quatre jours, et a pour objectif principal d’élire le/la candidat(e) du parti à l’élection présidentielle. Vous l’aurez compris, le déroulement des deux conventions est très semblable. La seule différence majeure? La présence de super-délégués lors de la Convention Démocrate. Contrairement aux délégués qui sont élus lors des primaires, les super-délégués sont désignés par le parti. Délégués et super-délégués votent ensemble pour élire le candidat du parti à la présidence. Lorsque deux candidats ont quasiment le même nombre de délégués acquis à leur cause, les voix des super-délégués peuvent donc faire la différence. Le débat quant à la légitimité démocratique de ces super-délégués existe et semble légitime. Cependant, notons qu’Hillary Clinton a remporté cette année plus de la moitié des voix des délégués. Autrement dit, elle l’aurait emporté sur Bernie Sanders même si les super-délégués n’avaient pas voté. Autre différence, certes moins fondamentale, entre les deux conventions? On aperçoit généralement beaucoup plus de célébrités – stars d’Hollywood, chanteurs, sportifs, etc. – lors de la Convention Démocrate. Étaient notamment présents cette année à Philadelphie : Meryl Streep, Eva Longoria, Katy Perry, Lady Gaga, Snoop Dogg ou encore Lenny Kravitz.
QUELQUES JOURS AVANT LA CONVENTION
BERNIE SANDERS APPORTE (ENFIN) SON SOUTIEN À HILLARY CLINTON
Mardi 12 juillet. Deux semaines avant le début de la Convention de Philadelphie, Bernie Sanders annonce enfin son soutien à Hillary Clinton et participe à un meeting à ses côtés dans le New Hampshire. Les Démocrates ont un nouveau slogan de campagne: Stronger Together (Plus forts ensemble).
Bernie Sanders publie également une lettre à ses supporters (à lire ici). Le sénateur du Vermont se dit très fier de la campagne électorale qu’il a menée et la qualifie même d’ « historique ». Il estime qu’elle a permis de mettre en avant des sujets tels que les inégalités économiques, l’accès encore difficile à la santé et à l’éducation, ou encore l’importance de la lutte contre le réchauffement climatique. Il s’agit bien d’une révolution politique et il promet qu’elle ne s’arrêtera pas avec la fin de sa campagne. S’il a échoué à remporter l’investiture démocrate face à Hillary Clinton, Sanders a bien l’intention de soutenir des candidats – aux élections législatives ou locales – défendant des idées semblables aux siennes dans les mois à venir. Il explique ensuite à ses supporters pourquoi il a décidé d’apporter son soutien à Hillary Clinton, malgré les critiques acerbes émises à son encontre pendant la campagne pour les primaires. La raison principale est évidemment la mobilisation contre Donald Trump.
Today, I endorsed Hillary Clinton to be our next president. I know that some of you will be disappointed with that decision. But I believe that, at this moment, our country, our values, and our common vision for a transformed America, are best served by the defeat of Donald Trump and the election of Hillary Clinton. (Aujourd’hui, j’apporte mon soutien à Hillary Clinton. Je sais que certains d’entre vous seront déçus par cette décision. Mais je crois que, en ce moment, notre pays, nos valeurs, et notre vision commune pour une Amérique transformée, seront mieux servis par la défaite de Donald Trump et l’élection d’Hillary Clinton)
Sanders insiste également sur le fait que, depuis la fin des primaires, son équipe et celle de Clinton ont travaillé ensemble pour rédiger le nouveau programme électoral du Parti Démocrate. Hillary Clinton a ainsi accepté que certaines idées défendues par Sanders et auxquelles elle n’était initialement pas favorable soient inscrites dans le programme du parti. Citons notamment l’augmentation du salaire fédéral minimum à 15$ de l’heure ou l’abolition de la peine de mort. Le succès inattendu de la campagne électorale de Bernie Sanders aura donc bien eu un impact sur le programme que devra défendre Hillary Clinton.
The truth is our movement is responsible for the most progressive Democratic platform in the history of our country. (La vérité est que notre mouvement est responsable du programme démocrate le plus progressiste de l’histoire de notre pays)
Mais certains supporters de Bernie Sanders semblent tout de même encore réticents à l’idée de soutenir Hillary Clinton. Jill Stein, candidate à la présidence sous la bannière du Green Party (le Parti Vert, très à gauche), l’a bien compris. Alors que Sanders annonçait son soutien à Clinton, elle publiait ce tweet et demandait à tous les déçus de la rejoindre afin de « poursuivre la révolution ».

Et Jill Stein n’est pas la seule candidate qui espère séduire d’anciens adeptes du sénateur du Vermont. Donald Trump pense aussi pouvoir y parvenir. Il est vrai que le candidat républicain dénonce avec la même force que Sanders l’échec des accords de libre-échange et la nécessité d’adopter des mesures économiques plus protectionnistes.

ET L’HEUREUX ÉLU SE NOMME…
Vendredi 22 juillet. Trois jours avant le début de la Convention Démocrate, Hillary Clinton annonce le nom de son colistier. L’heureux élu se nomme Tim Kaine, actuellement sénateur de Virginie.

Tim Kaine n’est pas très connu du grand public. Son CV est pourtant bien fourni. Maire de Richmond, gouverneur de Virginie et désormais sénateur. Il a également été président du Parti Démocrate de 2009 à 2011. Kaine a aussi l’avantage de maîtriser l’espagnol puisqu’il a vécu neuf mois au Honduras. Il y travaillait dans une école gérée par des missionnaires jésuites.
LA DÉMISSION DE DEBBIE WASSERMAN SCHULTZ
J-1 avant le coup d’envoi de la Convention. Debbie Wasserman Schultz, la présidente du Parti Démocrate, annonce sa démission ! Pour quelles raisons? Parce que WikiLeaks vient de publier près de 20,000 e-mails échangés par des membres du personnel du parti ces derniers mois. On y découvre que les membres du parti, supposés être impartiaux et traiter de manière égale tous les candidats aux primaires, auraient en réalité cherché à favoriser Hillary Clinton au détriment de Bernie Sanders. Pour ce dernier, ce n’est qu’une demi-surprise puisqu’il avait affirmé à plusieurs reprises que la direction du parti favorisait son opposante. Martin O’Malley, autre candidat aux primaires, avait aussi accusé Debbie Wasserman Schultz de ne pas vouloir organiser davantage de débats parce que cela pourrait nuire à Hillary Clinton. Il s’était également étonné que les débats soient organisés à des dates où ils étaient peu susceptibles d’attirer un grand nombre de téléspectateurs. Parmi les e-mails dévoilés par WikiLeaks, on trouve notamment une conversation entre plusieurs membres du parti au sujet de la foi de Bernie Sanders et de la manière dont on pourrait l’utiliser pour l’affaiblir aux yeux des électeurs du Sud du pays.
JOUR 1 – LUNDI 25 JUILLET
UN DÉBUT DE CONVENTION CHAOTIQUE
Les Démocrates s’étaient moqués du début quelque peu chaotique de la Convention Républicaine une semaine plus tôt. Ils auraient sans doute mieux fait de s’abstenir. En effet, la première journée de la Convention Démocrate n’a pas non plus donné une parfaite image d’unité. Tout d’abord, après avoir annoncé la veille qu’elle démissionnait de son poste de dirigeante du parti, Debbie Wasserman Schultz se rend au petit-déjeuner des délégués de Floride. Elle y est chahutée par des délégués favorables à Bernie Sanders qui hurlent notamment Shame! Shame! Shame!. De peur que la même scène se reproduise à grande échelle devant des millions de téléspectateurs quelques heures plus tard, Wasserman Schultz annonce qu’elle renonce à prononcer le discours d’ouverture de la Convention. Elle sera remplacée au pied levé par Stephanie Rawlings-Blake, maire de Baltimore. Mais le renoncement de Wasserman Schultz ne suffira pas à apaiser toutes les tensions. Les délégués pro-Sanders afficheront leur mécontentement lors de cette première journée de débats, huant régulièrement le nom d’Hillary Clinton. Bernie Sanders finira même par envoyer des sms à ses délégués afin de leur demander de cesser leurs protestations. Son message sera entendu puisque les délégués se calmeront dans les jours suivants. Par contre, le mécontentement continuera de s’afficher en dehors de la Wells Fargo Arena, la salle accueillant la Convention. Des manifestants pro-Sanders ayant baptisé leur mouvement Bernie or Bust défileront dans les rues de Philadelphie pour affirmer leur refus de soutenir Hillary Clinton. Joe Perticone, journaliste à The Independent Journal, était sur place et a photographié ces manifestants. Voici l’un de ses clichés.
Des manifestants du mouvement Black Lives Matter s’étaient aussi donné rendez-vous à Philadelphie. Quelques échanges tendus opposeront certains d’entre eux à la police, donnant lieu à des arrestations.
LES DISCOURS MARQUANTS DU JOUR
- Cory Booker, sénateur du New Jersey
Cory Booker est considéré comme l’un des grands espoirs du Parti Démocrate. Il ne serait pas étonnant qu’il déclare être candidat à la présidence dans les années à venir. Il était donc évidemment présent à Philadelphie. Après qu’il ait prononcé son discours, Donald Trump publiait un tweet critique à son encontre. Il y affirmait que si Booker était le futur du Parti Démocrate, alors le Parti Démocrate n’avait pas de futur. Interrogé sur CNN au sujet de ce tweet, Booker a refusé de critiquer Trump en retour et a préféré affirmer :
I don’t care. I love you, Donald. I pray for you. I hope that you find some kindness in your heart. (Je m’en fiche. Je t’aime, Donald. Je prie pour toi. J’espère que tu puisses trouver un peu de gentillesse dans ton cœur)
Des propos qui auront finalement suscité davantage de commentaires que son discours.
- Anastasia Somoza, militante pour les droits des personnes handicapées
Anastasia Somoza est handicapée et se déplace en chaise roulante. Elle milite depuis de nombreuses années pour les droits des personnes à mobilité réduite. Elle connaît aussi bien Hillary Clinton puisqu’elle a travaillé pour elle lorsqu’elle était sénatrice de New York. Somoza a insisté sur le fait que Clinton accorde de l’importance aux personnes comme elle, alors que Donald Trump s’est ouvertement moqué d’un journaliste handicapé pendant sa campagne.
Donald Trump has shown us who he really is. I honestly feel bad for anyone with that much hate in their heart. (Donald Trump nous a montré qui il était réellement. Honnêtement, je suis triste pour toute personne ayant autant de haine dans son cœur)
- Sarah Silverman, humoriste
Sarah Silverman avait soutenu Bernie Sanders pendant les primaires. Dans son discours, elle a cependant choisi de plaider en faveur du ralliement à Hillary Clinton.
I am proud to be a part of Bernie’s movement, and a vital part of that movement is making absolutely sure that Hillary Clinton is the next president of the United States. (Je suis fière de faire partie du mouvement de Bernie, et il est vital pour ce mouvement de faire en sorte qu’Hillary Clinton soit la prochaine présidente des Etats-Unis)
Une prise de position que certains délégués pro-Sanders n’ont pas appréciée. Alors qu’ils commençaient à se faire entendre, Silverman leur a adressé ces quelques mots :
To the Bernie or Bust people, let me just tell you : You’re being ridiculous. (Aux Bernie or Bust, laissez-moi juste vous dire : vous êtes ridicules)
Ou comment un discours dont le parti espérait sans doute qu’il contribuerait à promouvoir l’unité a finalement surtout contribué à mettre des délégués pro-Sanders qualifés de « ridicules » en colère.
- Michelle Obama, First Lady
Le discours de Michelle Obama a fait forte impression. Son mari publiera d’ailleurs un tweet pour la féliciter.

La First Lady a avant tout rappelé que le Président des Etats-Unis devrait toujours être un modèle pour les enfants américains. Elle a mis en avant l’histoire de l’Amérique pour prouver que le programme de Donald Trump est contraire à ses valeurs. D’après elle, l’Amérique est un pays imparfait mais qui est toujours allé vers plus de tolérance et de progrès. L’Amérique ne recule pas. Elle ne retourne pas en arrière. Elle avance toujours vers un futur meilleur. Le slogan Make America Great Again n’a donc pas de sens.
I wake up every morning in a house that was built by slaves. […] So don’t let anyone ever tell you that this country isn’t great, that somehow we need to make it great again. Because this, right now, is the greatest country on earth. (Je me réveille chaque matin dans une maison qui a été construite par des esclaves. […] Alors ne laissez jamais personne vous dire que ce pays n’est pas grand, que nous devons lui rendre sa grandeur. Parce que ce pays, en ce moment même, est le plus grand pays sur terre)
NB: Il n’est pas courant que l’implication des esclaves dans la construction de la Maison Blanche soit évoquée. Ce fait historique n’est même pas enseigné dans les écoles américaines. Et pourtant, la demeure du Président a bien été en grande partie bâtie par des esclaves noirs. Il y avait aussi des travailleurs blancs à leurs côtés, notamment des immigrants venus d’Irlande et d’Ecosse. On a aussi souvent tendance à oublier que plusieurs présidents américains possédaient eux-mêmes des esclaves.
- Bernie Sanders, sénateur du Vermont et ex-candidat aux primaires
Bernie Sanders a eu l’honneur de clôturer la première journée de la Convention. Il a été applaudi pendant trois longues minutes avant de pouvoir entamer son discours. Et il a de nouveau clairement affirmé son soutien à Hillary Clinton.
Hillary Clinton will make an outstanding president and I am proud to stand with her tonight. (Hillary Clinton sera une présidente extraordinaire et je suis fier d’être à ses côtés ce soir)
Alors que Sanders prononçait son discours, quelques-uns de ses supporters déçus ont été filmés en train de pleurer ! L’occasion pour Donald Trump de les appeler une nouvelle fois à le rejoindre.

LA PHOTO DU JOUR
Des délégués pro-Sanders affichent leur opposition au TPP au sein de la Wells Fargo Arena. Le TPP est un accord de libre-échange défendu par l’administration Obama et auquel Bernie Sanders est catégoriquement opposé. Hillary Clinton y a longtemps été favorable mais a changé d’avis au cours de la campagne. Elle s’y déclare désormais elle aussi opposée.
JOUR 2 – MARDI 26 JUILLET
L’INVESTITURE D’HILLARY CLINTON
Le vote des délégués et super-délégués, ou roll call of states, a confirmé la victoire d’Hillary Clinton, qui est donc devenue officiellement la première femme à être désignée comme candidate à la présidence par l’un des deux grands partis politiques américains. Un moment historique !
Comme lors du roll call of states républicain, les chefs de délégation ont rivalisé d’imagination pour vanter les mérites de leur état. Quelques exemples:
– L’Alaska s’est vanté d’avoir la population indienne la plus diverse du pays, avec 229 tribus reconnues
– Le Connecticut s’est vanté d’être l’ « état de la pizza et des hamburgers »
– La Géorgie s’est vantée d’être l’état de naissance de Martin Luther King Jr.
– Le Kansas s’est vanté d’être l’état de naissance de la mère de Barack Obama
– Le Kentucky s’est vanté d’être l’état du regretté Muhammad Ali
– Le Maine s’est vanté d’être l’état de l’écrivain Stephen King
– Le Massachussetts s’est vanté d’avoir été le premier état du pays à légaliser le mariage entre personnes de même sexe (en 2004)
– Le Mississippi s’est vanté d’être l’état du blues, de BB King et d’Elvis Presley
– Le Nouveau Mexique s’est vanté d’être le lieu de tournage de la série Breaking Bad
– Le Wyoming s’est vanté d’être le premier état à avoir accordé le droit de vote aux femmes (en 1869)
etc.
Ce roll call of states fut aussi riche en émotions. D’abord lorsque le vote de la délégation de l’Arizona a été annoncé par une déléguée âgée de 102 ans et très heureuse de voir enfin une femme remporter l’investiture de son parti.
Ensuite, lorsque Larry Sanders, le frère de Bernie, a annoncé le résultat du vote de la délégation des Democrats Abroad (ndlr: les Démocrates vivant à l’étranger ont le droit de voter lors des primaires, disposition qui n’existe pas chez les Républicains). Larry Sanders en a profité pour rendre hommage à son frère.
I want to read before this convention the names of our parents, Eli Sanders and Dorothy Glassberg Sanders. They did not have easy lives and they died young. They would be immensely proud of their son and his accomplishments. They loved him. (Je veux lire devant cette convention les noms de nos parents, Eli Sanders et Dorothy Glassberg Sanders. Ils n’ont pas eu des vies faciles et ils sont morts jeunes. Ils seraient immensément fiers de leur fils et de sa réussite. Ils l’aimaient)
Bernie, présent dans la salle, n’a pu retenir ses larmes.
LES DISCOURS MARQUANTS DU JOUR
- Howard Dean, ex-gouverneur du Vermont
En 2004, Howard Dean était candidat aux primaires démocrates (remportées par John Kerry). Après sa défaite lors du caucus de l’Iowa, il avait tenté de remobiliser ses troupes en lançant un YEAAAAAH! devenu célèbre. En vain. Si l’on vous en parle, c’est parce que Dean avait semble-t-il décidé d’exorciser les fantômes du passé en proposant une nouvelle version de son fameux cri lors de la Convention de 2016. Buzz garanti sur les réseaux sociaux.
- Meryl Streep, actrice
Meryl Streep était un peu la star de la soirée. Vêtue d’un chemisier au look très patriotique, l’actrice a prononcé un discours dans lequel elle a loué le « courage » et la « grâce » d’Hillary Clinton. Elle a aussi déclaré que Clinton serait la première femme présidente des Etats-Unis, mais pas la dernière. Sans oublier ce cri de joie très théâtral.
- Bill Clinton, ex-président et potentiel futur First Gentleman
C’était la dixième fois que Bill Clinton s’exprimait lors d’une Convention Démocrate. Il a pris la parole à chaque convention depuis 1980 ! Son discours n’était autre qu’un récit chronologique de l’histoire du couple qu’il forme avec Hillary Clinton, depuis leur rencontre dans une bibliothèque jusqu’à aujourd’hui. L’ex-président a toutefois évité d’évoquer l’année 1998, ce qui n’a pas échappé aux observateurs. C’est peut-être la première partie de son discours, évoquant sa rencontre avec sa future épouse, qui était la plus réussie. Nous sommes en 1971. Bill remarque pour la première fois Hillary à la bibliothèque de l’université où ils sont tous deux étudiants, mais il n’ose pas l’approcher. C’est Hillary qui finira par faire le premier pas. Si l’on en croit Bill, elle serait venue le trouver et lui aurait dit :
Look, if you are going to keep staring at me, we at least ought to know each other’s name. I’m Hillary Rodham, who are you? (Ecoute, si tu as l’intention de continuer à me fixer ainsi du regard, nous devrions au moins nous présenter. Je suis Hillary Rodham, qui es-tu?)
Un peu plus tard, Bill propose à Hillary d’aller faire ensemble la file devant le secrétariat afin de s’inscrire aux cours du prochain semestre. Hillary accepte. C’est l’occasion pour Bill de discuter plus longuement avec elle. Mais, lorsqu’ils arrivent enfin au bout de la file, le secrétaire demande à Bill ce qu’il fait là alors qu’il est déjà venu s’inscrire un peu plus tôt dans la journée. Hillary éclate de rire. Ce sera le début de leur histoire.
Finalement, le discours de Bill Clinton ne fut pas le plus mémorable de la Convention. Mais l’ex-président aura réussi à évoquer des facettes de la personnalité d’Hillary Clinton qu’elle semble avoir du mal à dévoiler en public. Un certain sens de l’humour par exemple.
LA PHOTO DU JOUR
À l’occasion de la Convention Démocrate, la ville hôte de Philadelphie organisait l’exposition Donkeys Around Town. Des ânes (symbole du Parti Démocrate) peints par des artistes locaux aux couleurs de chaque état étaient exposés un peu partout dans les rues de la ville. Ici, celui du Delaware.
JOUR 3 – MERCREDI 27 JUILLET
LES DISCOURS MARQUANTS DU JOUR
- Martin O’Malley, ex-gouverneur du Maryland
Martin O’Malley, qui fut l’adversaire de Clinton et Sanders lors des primaires, s’est d’abord fait remarquer pour sa tenue décontractée. Il avait en effet décidé de ne porter qu’une chemise, laissant de côté la veste de son costume. Il s’en est pris violemment à Donald Trump, le qualifiant notamment de « raciste ». Il s’est aussi moqué du candidat républicain en raison de ses déclarations sur le réchauffement climatique. Il y a quelques années, Donald Trump avait en effet déclaré que celui-ci n’était qu’un canular inventé par la Chine afin de nuire à la compétitivité des entreprises américaines. Ce qui a fait dire à O’Malley que :
If the Chinese were really capable of designing some kind of diabolical farce to hurt America, they wouldn’t invent global warming. They’d invent Donald Trump. (Si les Chinois étaient réellement capables de concevoir une farce diabolique pour mettre à mal l’Amérique, ils n’inventeraient pas le réchauffement climatique. Ils inventeraient Donald Trump)
Avec de tels propos, et bien que s’exprimant en début de journée, O’Malley a réussi à mettre beaucoup d’ambiance dans la salle.
- Jerry Brown, gouverneur de Californie
Le discours de Jerry Brown n’a duré que cinq minutes mais a eu la particularité d’être totalement consacré à la problématique de l’environnement. Un thème qui n’avait jamais été évoqué lors de la Convention Républicaine. Et le gouverneur de Californie s’en est lui aussi pris à Donald Trump.
Trump says global warming is a hoax. I say Trump is a fraud. (Trump dit que le réchauffement climatique est un canular. Je dis que Trump est un imposteur)
- Chris Murphy, sénateur du Connecticut
Vous vous souvenez peut-être du récent filibuster de Chris Murphy au Sénat. Il réclamait un durcissement de la législation concernant les armes à feu. Lors de la Convention, Murphy a de nouveau axé son discours sur ce thème. Il a assuré qu’Hillary Clinton serait une présidente capable de tenir tête à la NRA. Gabby Giffords, ex-députée ayant reçu une balle en pleine tête en 2011, ainsi que la mère de l’une des victimes de la tuerie d’Orlando, sont également venues s’exprimer sur la nécessité de durcir la législation en matière d’armes à feu.
- Leon Panetta, ex-directeur de la CIA et ex-Secrétaire à la Défense
Le discours de Panetta était axé sur la sécurité nationale et la lutte contre le terrorisme. Alors qu’il évoquait la nécessité de combattre l’Etat Islamique, il a été chahuté par des délégués pro-Sanders qui se sont mis à crier No more war!
- Joe Biden, Vice-Président des Etats-Unis
Comme celui de Michelle Obama, le discours de Joe Biden a fait forte impression. Le vice-président, dont c’était peut-être le dernier grand discours politique, a d’abord rendu hommage à Barack Obama.
He is the embodiment of honor, resolve and character. One of the finest Presidents we have ever had. (Il est l’incarnation de l’honneur, de la détermination et du caractère. L’un des meilleurs présidents que nous n’ayons jamais eu)
Il a ensuite évoqué la mort de son fils (en 2015) et l’épreuve qu’elle a représenté pour lui et toute sa famille. Un passage du discours évidemment très émouvant et qui avait aussi pour but de démontrer que l’on peut se relever plus fort après n’importe quelle épreuve, même la plus terrible.
As Ernest Hemingway once wrote, the world breaks everyone. And afterwards, many are strong at the broken places. (Comme Ernest Hemingway l’a un jour écrit, le monde brise chacun d’entre nous. Et ensuite, beaucoup sont plus forts à l’endroit des fractures)
Le vice-président s’est ensuite fortement attaqué à Donald Trump, dans un style dont il a le secret. Extraits.
His lack of empathy and compassion can be summed up in a phrase that I suspect he’s most proud of having made famous : you’re fired. (Son manque d’empathie et de compassion peut être résumé en une phrase que je le soupçonne d’être très fier d’avoir rendue célèbre : vous êtes viré)
He’s trying to tell us he cares about the middle class. Give me a break. That’s a bunch of malarkey. (Il essaye de nous dire qu’il accorde de l’importance à la classe moyenne. À d’autres. C’est un tas de foutaises)
No major party nominee in the history of this nation has ever known less or has been less prepared to deal with our national security. (Aucun candidat d’un parti majeur dans l’histoire de cette nation n’a jamais eu moins de connaissances et n’a jamais été moins préparé à s’occuper de notre sécurité nationale)
Enfin, Biden finira par dresser un portrait positif de l’Amérique, une nation qui a toujours su surmonter les crises et qui est capable des plus grandes réussites. Un refrain patriotique tout en contraste avec le portrait négatif que dresse aujourd’hui Donald Trump du pays. Les derniers mots du discours de Biden seront même Come on! We are America (Allons! Nous sommes l’Amérique), comme s’il voulait inciter les supporters de Trump à se ressaisir et à réaliser que tout ne va pas si mal que cela au pays de l’Oncle Sam.
- Michael Bloomberg, ex-maire de New York
La présence de Michael Bloomberg était un événement en soi puisque l’ex-maire de New York n’est pas Démocrate (ndlr: Bloomberg a quitté le Parti Républicain en 2007 pour devenir Indépendant). N’étant pas de la maison, il a d’abord été accueilli assez froidement par les délégués, avant d’être finalement chaleureusement applaudi. Qu’a-t-il dit? Il n’a tout d’abord pas hésité à déclarer qu’il n’était pas toujours d’accord avec Hillary Clinton ni avec les positions défendues par le Parti Démocrate, en matière d’économie notamment. Mais qu’il n’était pas non plus toujours d’accord avec les positions défendues par le Parti Républicain, en ce qui concerne par exemple le refus de reconnaître l’importance de la lutte contre le réchauffement climatique.
I eventually became an Independent because I don’t believe either party has a monopoly on good ideas. (Je suis finalement devenu Indépendant parce que je ne crois pas qu’un seul parti ait le monopole des bonnes idées)
Il ne faisait aucun doute que le discours de Bloomberg s’adressait bien plus aux électeurs indépendants qu’aux délégués démocrates convaincus présents dans la salle. Et son message était clair : en 2016, il faut voter en faveur d’Hillary Clinton pour éviter que Donald Trump n’accède à la présidence.
We must unite around the candidate who can defeat a dangerous demagogue. (Nous devons nous unir autour de la candidate qui peut battre un dangereux démagogue)
Trump is a risky, reckless, and radical choice. And we can’t afford to make that choice. (Trump est un choix risqué, dangereux et radical. Et nous ne pouvons pas nous permettre de faire ce choix)
Bloomberg s’en prendra aussi au bilan de Donald Trump en tant qu’hommes d’affaires, affirmant que s’il a vraiment l’intention de gérer le pays comme il a géré ses entreprises, alors « que Dieu nous vienne en aide ». Il déclarera également que :
The richest thing about Donald Trump is his hypocrisy. (La plus grande richesse de Donald Trump est son hypocrisie)
Deux jours plus tard, Donald Trump répondait à Michael Bloomberg sur Twitter, le qualifiant de « Little », un surnom autrefois attribué à Marco Rubio. Il qualifiait également son bilan à la tête de la mairie de New York de désastreux.


Des internautes n’ont cependant pas eu de mal à retrouver quelques vieux tweets dans lesquels Trump affirmait au contraire que Bloomberg était un bon maire. Celui-ci date d’avril 2013.

- Tim Kaine, sénateur de Virginie et candidat à la vice-présidence
Tim Kaine devait profiter de la Convention pour se présenter à un public américain qui ne le connaît pas encore très bien. Comme les autres orateurs du jour, il s’en est avant tout pris à Donald Trump.
Hillary has a passion for kids and families. Donald Trump has a passion too. It’s himself. (Hillary a une passion pour les enfants et les familles. Donald Trump a également une passion. C’est lui-même)
You cannot believe one word that comes out of Donald Trump’s mouth. (Vous ne pouvez pas croire un seul mot sortant de la bouche de Donald Trump)
Kaine ira même jusqu’à imiter Donald Trump et son désormais fameux Believe Me (Croyez-moi) qu’il répète lors de chacun de ses discours. Une imitation moyennement réussie et qui n’était donc peut-être pas vraiment nécessaire.
- Barack Obama, Président des Etats-Unis
Barack Obama a eu l’honneur de clôturer cette journée très chargée. Il a été accueilli comme une rock star par des délégués scandant Yes we can!, son ancien slogan de campagne. Il a d’abord dressé un bilan positif de sa présidence. Reprise économique après la grave crise de 2008, baisse du chômage, adoption de l’Obamacare, exécution d’Oussama Ben Laden, accord sur le nucléaire iranien, rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba, accord de Paris sur le climat etc. Mais il ajoutera immédiatement qu’il reste encore beaucoup de travail à accomplir.
Barack Obama a ensuite présenté l’élection de novembre comme un choix fondamental, et pas seulement un choix entre deux partis politiques. Il s’agit de savoir si l’Amérique restera fidèle à ses valeurs, ce qui ne serait pas le cas en élisant Donald Trump. Tout en disant cela, Barack Obama aura l’intelligence de ne pas diaboliser l’ensemble du Parti Républicain.
What we heard in Cleveland last week wasn’t particularly Republican – and it sure wasn’t conservative. What we heard was a deeply pessimistic vision of a country where we turn against each other, and turn away from the rest of the world. There were no serious solutions to pressing problems – just the fanning of resentment, and blame, and anger, and hate. And that is not the America I know. The America I know is full of courage, and optimism, and ingenuity. The America I know is decent and generous. (Ce que nous avons entendu à Cleveland la semaine dernière n’était pas particulièrement républicain – et n’était sûrement pas conservateur. Ce que nous avons entendu était une vision profondément pessimiste d’un pays où l’on s’attaque les uns les autres, et où l’on tourne le dos au reste du monde. Il n’y avait pas de solutions sérieuses à des problèmes pressants – seulement un éventail de rancœur, de culpabilité, de colère, et de haine. Et ce n’est pas l’Amérique que je connais. L’Amérique que je connais est pleine de courage, et d’optimisme, et d’ingéniosité. L’Amérique que je connais est décente et généreuse)
Barack Obama a également expliqué qu’au cours de leur histoire, les Etats-Unis avaient déjà connu des mouvements nostalgiques d’une « Amérique passée », et que ces mouvements avaient toujours échoué à s’imposer. Pourquoi? Parce que même si la société américaine évolue au fil du temps, ses valeurs fondamentales sont toujours restées les mêmes. Il n’y a donc pas besoin d’y revenir, puisqu’elles n’ont jamais été abandonnées. De plus, ces valeurs sont universelles et ne sont pas celles véhiculées par Donald Trump. Elles sont partagées par les immigrants qui viennent du monde entier pour s’établir aux Etats-Unis, quelle que soit leur race et leur religion.
That’s why we can take the food and music and holidays and styles of other countries, and blend it into something uniquely our own. That’s why we can attract strivers and entrepreneurs from around the globe to build new factories and create new industries here. That’s why our military can look the way it does, every shade of humanity forged into common service. That’s why anyone who threatens our values, whether fascists or communists or jihadists or homegrown demagogues, will always fail in the end. (C’est pour cela que nous pouvons prendre la nourriture et la musique et les fêtes et les styles d’autres pays, et les incorporer dans un tout qui est uniquement le nôtre. C’est pour cela que nous attirons des travailleurs acharnés et des entrepreneurs du monde entier qui viennent construire de nouvelles entreprises et créer de nouvelles industries ici. C’est pour cela que notre armée peut être ce qu’elle est, toutes les nuances de l’humanité dédiées au bien commun. C’est pour cela que tous ceux qui menacent nos valeurs, que ce soit des fascistes ou des communistes ou des djihadistes ou des démagogues du terroir, finiront toujours par échouer)
America is already great. America is already strong. And I promise you, our strength, our greatness, does not depend on Donald Trump. (L’Amérique est déjà grande. L’Amérique est déjà forte. Et je vous le promets, notre force, notre grandeur, ne dépendent pas de Donald Trump)
Enfin, Barack Obama a également fait l’éloge d’Hillary Clinton. Il a une fois encore affirmé qu’aucun candidat n’avait jamais été aussi qualifié pour s’asseoir derrière le Bureau Ovale. Il a aussi défendu son ancienne Secrétaire d’Etat face aux critiques.
She’s been caricatured by the right and by some folks on the left, accused of everything you can imagine – and some things you can’t. But she knows that’s what happens when you’re under a microscope for 40 years. She knows she’s made mistakes, just like I have, just like we all do. That’s what happens when we try. (Elle a été caricaturée par la droite et par certains à gauche, accusée de tout ce que vous pouvez imaginer – et de certaines choses que vous ne pouvez pas imaginer. Mais elle sait que c’est ce qui arrive lorsque vous êtes sous un microscope pendant 40 ans. Elle sait qu’elle a fait des erreurs, tout comme j’en ai faites, tout comme nous en faisons tous. C’est ce qui arrive lorsqu’on essaye)
À la fin du discours de Barack Obama, Hillary Clinton a fait une apparition surprise sur scène pour le prendre dans ses bras. Certains y ont vu une véritable passation de pouvoir.
LA PHOTO DU JOUR
Les délégués pendant le discours de Barack Obama.
JOUR 4 – JEUDI 28 JUILLET
LES DISCOURS MARQUANTS DU JOUR
- Kareem Abdul-Jabbar, ex-joueur de NBA
Kareem Abdul-Jabbar est un ancien joueur de basketball très célèbre. Il a notamment porté les couleurs des Los Angeles Lakers. Il fait partie du Hall of Fame de la NBA. Cette année, il a encore été classé par la chaîne sportive ESPN comme le deuxième meilleur joueur de toute l’histoire du championnat américain. Depuis la fin de sa carrière en 1989, Abdul-Jabbar a écrit plusieurs livres. Il écrit également régulièrement dans les colonnes du TIME. Engagé politiquement, il avait été nommé ambassadeur culturel des Etats-Unis par Hillary Clinton lorsqu’elle était Secrétaire d’Etat. Il a donc tenu à venir défendre le programme de cette dernière lors de la Convention Démocrate. On retiendra surtout sa petite blague consistant à se présenter comme Michael Jordan à son arrivée sur scène, précisant ensuite que Donald Trump n’aurait pas connu la différence. Une manière de suggérer que le candidat républicain ne dispose pas des connaissances élémentaires pour devenir président.
- Khizr Khan, père d’un soldat mort au combat
Le discours de Khizr Khan fut sans doute le moment le plus fort de la Convention. Celui dont tout le monde se souviendra encore dans dix ou vingt ans. Tout d’abord, qui est Khizr Khan? Cet homme âgé de 65 ans est le père d’Humayun Khan, un soldat américain mort en Irak en 2004. Humayun est décédé dans un attentat à la voiture piégée, alors qu’il tentait de sauver la vie de plusieurs de ses camarades. Il avait 27 ans. Humayun était aussi musulman. La famille Khan a quitté les Emirats Arabes Unis pour s’installer aux Etats-Unis en 1980. Humayun était alors âgé de deux ans. Il avait choisi de s’engager dans l’armée contre l’avis de ses parents. Si son père a pris la parole lors de la Convention, c’est avant tout pour exprimer sa colère face à la proposition de Donald Trump visant à interdire toute immigration musulmane aux Etats-Unis. Il a rappelé que si une telle interdiction avait été en vigueur en 1980, son fils n’aurait jamais pu porter l’uniforme américain.
De manière très symbolique, Khizr Khan a sorti un exemplaire de la Constitution américaine de sa poche, avant de s’adresser directement à Donald Trump.
Donald Trump, you are asking Americans to trust you with our future. Let me ask you : Have you even read the U.S. Constitution? I will gladly lend you my copy. In this document, look for the words « liberty » and « equal protection of law ». Have you ever been to Arlington Cemetery? Go look at the graves of the brave patriots who died defending America – you will see all faiths, genders, and ethnicities. You have sacrificed nothing and no one. (Donald Trump, vous demandez aux américains de vous faire confiance pour notre futur. Laissez-moi vous poser une question : avez-vous seulement lu la Constitution américaine? Je vous prêterai volontiers mon exemplaire. Dans ce document, cherchez les mots « liberté » et « égalité devant la loi ». Êtes-vous jamais allé au cimetière d’Arlington? Allez regarder les tombes des braves patriotes qui sont morts en défendant l’Amérique – vous verrez toutes les croyances, tous les genres, et toutes les ethnicités. Vous n’avez jamais rien sacrifié ni personne)
- Chelsea Clinton, fille de Bill et Hillary Clinton
Chelsea Clinton a tenté de dresser un portrait très personnel de sa mère. Le but était vraisemblablement de donner une image attendrissante d’Hillary Clinton, que l’on connaît peu sous cet aspect. Le discours de Chelsea était rempli de souvenirs d’enfance, comme cette discussion qu’elle avait eue avec sa mère pour savoir ce qu’elles feraient si elles rencontraient un jour un tricératops, le dinosaure préféré de Chelsea. Un discours parfois un peu trop fleur bleue à notre goût.
Le discours de Chelsea Clinton fut aussi l’occasion pour les internautes de déterrer ce vieux tweet de Donald Trump, publié en 2012.

L’occasion de rappeler que Donald Trump n’a pas toujours été aussi critique qu’aujourd’hui vis-à-vis de la famille Clinton et que sa fille Ivanka est une grande amie de Chelsea.
- L’acceptance speech d’Hillary Clinton
Comme le veut la tradition, la Convention s’est achevée avec le discours du candidat – et pour la première fois ici, de la candidate – à la présidence. Hillary Clinton a commencé par adresser quelques mots à Bernie Sanders et à ses supporters.
Bernie, your campaign inspired millions of Americans […] And to all of your supporters here and around the country, I want you to know I’ve heard you. Your cause is our cause. (Bernie, ta campagne a inspiré des millions d’américains […] Et à tous tes supporters ici et partout dans le pays, je veux vous dire que je vous ai entendus. Votre cause est notre cause)
Comme Barack Obama, Hillary Clinton a ensuite présenté le duel qui va l’opposer à Donald Trump comme une sorte de référendum sur les valeurs de l’Amérique. La question est de savoir si celle-ci va rester fidèle à son credo E Pluribus Unum. Clinton a aussi affirmé que Donald Trump voudrait que l’Amérique ait peur du futur, mais que ce n’est pas dans ses habitudes. Elle a assuré que l’Amérique ne construirait pas de mur et n’interdirait aucune religion. Elle a aussi insisté sur le danger que représente un homme déclarant pouvoir régler l’ensemble des problèmes d’un pays à lui tout seul.
Don’t believe anyone who says « I alone can fix it ». Yes, those were actually Donald Trump’s words in Cleveland. And they should set off alarm bells for all of us. Really? I alone can fix it? Isn’t he forgetting troops on the front lines, police officers and firefighters who run toward danger, doctors and nurses who care for us, teachers who change lives, entrepreneurs who see possibilities in every problem, mothers who lost children to violence and are building a movement to keep other kids safe? He’s forgetting every last one of us. Americans don’t say « I alone can fix it ». We say « we’ll fix it together ». And remember, remember, our Founders fought a Revolution and wrote a Constitution so America would never be a nation where one person had all the power. (Ne croyez personne qui vous dit « Je peux régler cela tout seul ». Oui, ce sont les mots qu’a utilisés Donald Trump à Cleveland. Et ils devraient déclencher la sonnette d’alarme pour nous tous. Vraiment? Je peux régler cela tout seul? N’oublie-t-il pas les troupes sur la ligne de front, les officiers de police et les pompiers qui bravent le danger, les médecins et les infirmiers qui prennent soin de nous, les enseignants qui changent des vies, les entrepreneurs qui voient des possibilités dans chaque problème, les mères qui ont perdu des enfants à cause de la violence et qui construisent un mouvement pour empêcher que cela arrive à d’autres enfants? Il oublie chacun d’entre nous. Les américains ne disent pas « Je peux régler cela tout seul ». Nous disons « Nous allons régler cela ensemble ». Et souvenez-vous, souvenez-vous, nos Pères Fondateurs ont fait la Révolution et écrit une Constitution pour que l’Amérique ne soit jamais une nation où une seule personne pourrait détenir tout le pouvoir)
Hillary Clinton dit vouloir travailler avec tous les américains pour construire une Amérique encore meilleure et surtout, moins inégalitaire. Elle a promis d’être la présidente de tous les américains, même ceux qui n’auront pas voté pour elle. Elle a aussi évoqué quelques grands points de son programme : création de nouveaux emplois en investissant dans les infrastructures, augmentation des impôts pour les plus riches, réforme de l’immigration, lutte contre le réchauffement climatique etc. Elle a également mis en avant sa volonté de durcir la législation concernant les armes à feu. Et puis, il y aura cette dernière petite phrase concernant Donald Trump, celle que tout le monde retiendra.
A man you can bait with a tweet is not a man we can trust with nuclear weapons. (Un homme que vous pouvez tourmenter avec un tweet n’est pas un homme en qui nous pouvons avoir confiance avec les armes nucléaires)
Après son discours, Hillary Clinton a pu apprécier le traditionnel lâcher de ballons avec son mari.
LES PHOTOS DU JOUR
La chanteuse Katy Perry assure le spectacle juste avant les discours de Chelsea et Hillary Clinton.
Hillary Clinton et Tim Kaine à la fin de la Convention.
AU LENDEMAIN DE LA CONVENTION
Pas de repos pour Hillary Clinton et Tim Kaine ! La Convention à peine terminée, ils ont pris la route pour sillonner la Pennsylvanie et l’Ohio à bord d’un bus pendant trois jours. Bill Clinton les accompagnait. Le but? Aller à la rencontre des électeurs dans ces deux états susceptibles de basculer dans le camp démocrate comme dans le camp républicain en novembre.
VAINQUEURS ET PERDANTS
Qui sont les vainqueurs et les perdants de la Convention Démocrate? Notre verdict ci-dessous.
- Les gagnants
Hillary Clinton. Après son échec de 2008, Hillary Clinton est enfin parvenue à remporter l’investiture démocrate. Elle est ainsi devenue la première femme désignée comme candidate à la présidence par l’un des deux grands partis. Son mari Bill, sa fille Chelsea, mais aussi le Président Obama et le Vice-Président Biden sont venus vanter ses mérites à Philadelphie. Plutôt pas mal.
Barack & Michelle Obama. Le couple présidentiel a démontré qu’il avait toujours autant de charisme. Le discours de Michelle, qui n’est pourtant pas une professionnelle de la politique, fut l’un des meilleurs de la Convention. Celui de Barack était également très réussi. Le président et la First Lady ont aussi été accueillis comme de véritables rock stars par les délégués.
Joe Biden. Le vice-président a lui aussi été l’auteur d’un très bon discours, tout en restant fidèle à son style inimitable qui lui a depuis longtemps valu le surnom d’Uncle Joe.
Michael Bloomberg. L’ex-maire de New York était venu s’adresser aux électeurs indépendants pour les convaincre de la dangerosité de Donald Trump, et donc de la nécessité de voter en faveur d’Hillary Clinton. Il ne s’est pas pour autant senti obligé de complimenter excessivement la candidate démocrate. Son message était clair, son discours convaincant. On regretterait presque qu’il ait renoncé à être lui-même candidat à la présidence.
Khizr Khan. Le discours de ce père en colère brandissant la Constitution américaine fut le moment le plus marquant de toute la Convention. Rien à ajouter.
AMERICA. Durant les quatre jours qu’a duré leur Convention, les Démocrates ont célébré l’Amérique. Les discours aux accents patriotiques n’ont pas manqué. Et l’on pourrait presque parler ici d’une inversion des rôles. En général, ce sont plutôt les Républicains qui affirment que l’Amérique est le meilleur pays du monde (The shining city upon a hill, comme le disait Reagan). Mais ce n’est pas le cas de Donald Trump, qui parle de l’Amérique comme d’un pays en déclin. C’est pourquoi, cette année, les Démocrates, qui ont généralement tendance à insister davantage sur les problèmes du pays et sur la nécessité de changer les choses pour rendre l’Amérique meilleure, ont mis en avant tout ce qui fait de l’Amérique un beau et grand pays. The greatest country on earth (Le plus grand pays sur terre), comme l’a déclaré Michelle Obama. C’était comme si la vision pessimiste de Donald Trump avait ravivé leur patriotisme et qu’ils désiraient y opposer une vision résolument optimiste. Cette inversion des rôles n’a pas échappé à certains Républicains, comme cet ancien porte-parole de la Maison Blanche sous George W. Bush.

- Les perdants
Bernie Sanders. Il est sans doute un peu sévère de placer Bernie Sanders dans la catégorie des perdants. N’oublions pas qu’il est parvenu à imposer certaines de ses revendications dans le programme du parti. Mais si nous sommes sévères, c’est parce que nous estimons qu’il en a fait un peu (beaucoup?) trop. Qu’il apporte son soutien à Hillary Clinton face à Donald Trump est tout à fait compréhensible, n’en déplaise à certains de ses supporters. Mais fallait-il vraiment qu’il tienne des propos du type « Hillary Clinton comprend que le bien-être des générations futures est plus important que les profits à court terme de l’industrie du pétrole » après avoir accusé sa rivale d’être à la solde de l’industrie pétrolière tout au long de la campagne? Cela sonnait un peu faux, Bernie.
Debbie Wasserman Schultz. La présidente du Parti Démocrate a été contrainte de démissionner à la veille du coup d’envoi de la Convention qu’elle aurait dû présider. Elle a même dû renoncer à y prononcer un discours, de peur d’être copieusement huée par les délégués pro-Sanders qui l’accusent d’avoir favorisé honteusement Hillary Clinton pendant les primaires. Et les ennuis ne s’arrêtent peut-être pas là pour Wasserman Schultz. Son mandat de députée à la Chambre des Représentants touche en effet à sa fin. Elle sera candidate à sa propre réélection en novembre, à condition de remporter d’abord une primaire démocrate en Floride. Oui mais voilà, son opposant lors de cette primaire, Tim Canova, est ouvertement soutenu par Bernie Sanders. À surveiller.