JOHNSON, STEIN, McMULLIN: LES AUTRES CANDIDATS À LA MAISON BLANCHE

Non, Donald Trump et Hillary Clinton ne sont pas seuls. Moins de quinze jours avant l’élection, il est temps de vous présenter les trois autres candidats à la Maison Blanche. 

INTRODUCTION

Gary Johnson, Jill Stein et Evan McMullin. Ces trois noms sont ceux des autres candidats à la présidence. Ceux dont on parle moins mais qui font eux aussi campagne depuis des mois et qui pourraient bien recueillir les voix des nombreux américains qui ont à la fois une mauvaise opinion de Donald Trump et d’Hillary Clinton. Bien sûr, nous vous avons déjà parlé d’eux au travers de nos Weekly News Flash. Si vous avez été attentifs, ils ne devraient donc pas vous être totalement inconnus. À moins de quinze jours de l’élection, cet article a pour but de dresser leur portrait de manière un peu plus approfondie. Qui sont-ils? Quels sont les points principaux de leur programme? Peuvent-il remporter l’élection? Suivez le guide !

1. GARY JOHNSON, PARTI LIBERTARIEN

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Qu’est-ce que le Parti Libertarien ?

Le Parti Libertarien (Libertarian Party) a été fondé en 1971 et est aujourd’hui le troisième parti politique des Etats-Unis en nombre d’adhérents. Son mot d’ordre? Réduire au maximum le rôle du gouvernement au nom de la défense des libertés individuelles. Pour un libertarien, la liberté individuelle est la chose la plus importante au monde et elle ne doit jamais être restreinte par le gouvernement, sauf pour les personnes susceptibles de faire du mal aux autres. C’est un peu le fameux dicton Ma liberté s’arrête où commence celle des autres érigé en leitmotiv politique. Sur le site web officiel du parti, les choses sont résumées ainsi :

We believe all Americans should be free to live their lives and pursue their interests as they see fit as long as they do no harm to another. (Nous croyons que tous les américains devraient être libres de vivre leurs vies et de défendre leurs intérêts comme ils jugent bon de le faire tant qu’ils ne font de mal à personne)

L’individu doit être responsabilisé et pas assisté. Autrement dit, chacun est libre de faire ce qu’il veut mais il doit aussi en assumer les conséquences. Exemple: Vous décidez de vous ruiner en jouant des sommes astronomiques au casino? Libre à vous mais si vous vous retrouvez à la rue, ne comptez pas sur le gouvernement pour vous aider ensuite à vous en sortir.

Concrètement, cela se traduit comment? Les libertariens veulent réduire le rôle du gouvernement au strict minimum. D’un point de vue économique, cela signifie laisser totalement libre cours à la loi du marché. Aucune intervention de l’état pour réguler l’économie n’est nécessaire. L’impôt sur le revenu, la Sécurité Sociale et tous les programmes d’aide sociale doivent être supprimés. En quelque sorte, il s’agit de la version extrême du programme économique du Parti Républicain. En ce qui concerne la politique étrangère, les libertariens ont par contre une vision totalement opposée à celle de l’immense majorité des Républicains. Ils sont isolationnistes. Ils pensent que l’armée américaine ne doit servir qu’à défendre le pays en cas d’attaque. Les Etats-Unis n’ont pas vocation à être les gendarmes du monde. Les libertariens s’opposent donc à toute intervention militaire à l’étranger. L’un de leurs slogans favoris est d’ailleurs I’m already against the next war (Je suis déjà opposé à la prochaine guerre). Enfin, toujours au nom de la défense des libertés individuelles, les libertariens défendent bec et ongles le droit à posséder des armes à feu, le droit des homosexuels à se marier, le droit à l’avortement et la dépénalisation du cannabis, voire de toutes les drogues. Ils sont aussi opposés à la peine de mort.

NB: Il existe aussi un courant libertarien plus soft au sein du Parti Républicain. Ce courant est notamment incarné par Rand Paul. Vous vous souvenez d’ailleurs peut-être que lors des primaires républicaines, il défendait une vision de la politique étrangère totalement différente de celle de ses adversaires.

Qui est Gary Johnson ?

Expérience politique: Gouverneur du Nouveau Mexique (1995-2003)

Son parcours: Gary Johnson est né le 1er janvier 1953 à Minot, Dakota du Nord. Sa famille déménage au Nouveau Mexique lorsqu’il a 13 ans. Il étudie la science politique à l’Université du Nouveau Mexique. Après l’obtention de son diplôme, il crée sa propre entreprise, active dans le secteur de la construction. Elle deviendra l’une des plus grosses entreprises du secteur au Nouveau Mexique, employant plus de 1,000 salariés et générant un chiffre d’affaires annuel de plusieurs millions de dollars. Aujourd’hui, l’entreprise existe toujours mais elle n’appartient plus à Johnson, qui l’a revendue en 1999. Gary Johnson est donc avant tout un homme d’affaires. Il préfère se décrire comme un businessman qui fait de la politique que comme un politicien. En 1994, il décide de se lancer dans la course au poste de gouverneur du Nouveau Mexique. Un pari osé pour quelqu’un n’ayant absolument aucune expérience politique à son actif. Et pourtant, Johnson parvient à se faire élire avec 50% des voix. À l’époque, il défend les couleurs du Parti Républicain. En 1998, il est réélu avec 55% des voix. Au cours de ses deux mandats, il a largement réduit les dépenses de l’état et les impôts et est parvenu à équilibrer le budget. Lorsqu’il a quitté son poste, l’état du Nouveau Mexique avait même à sa disposition un excédent budgétaire d’un milliard de dollars. Johnson est aussi connu pour avoir utilisé son droit de veto à plus de 700 reprises. Un record pour un gouverneur ! À l’issue de ses deux mandats de gouverneur, Johnson quitte la politique et retourne travailler dans le secteur privé. En 2011, il se présente aux primaires républicaines pour l’élection présidentielle de 2012. Lors des deux débats républicains auxquels il est invité à participer, il défend des idées proches de celles du Parti Libertarien. En décembre 2011, il annonce le retrait de sa candidature, quitte le Parti Républicain et devient membre du Parti Libertarien. En mai 2012, celui-ci le désigne comme son candidat à la présidence. Au mois de novembre, il obtient plus d’1,200,000 voix. Cela ne représente qu’1% des suffrages exprimés au niveau national mais c’est tout de même le plus grand nombre de voix jamais obtenu par un candidat libertarien à la présidence. En 2016, le Parti Libertarien choisit à nouveau Johnson comme candidat à la présidence. Précisons toutefois que si une majorité des délégués du parti a voté en sa faveur, il ne fait pas l’unanimité. Johnson est en effet un libertarien que l’on pourrait qualifier de raisonnable ou modéré. Pour certains libertariens purs et durs, il ne l’est donc pas suffisamment. Ainsi, lors de la convention du parti, il a été hué par certains délégués lorsqu’il a déclaré être favorable à l’existence du permis de conduire ! (Pour certains libertariens, tout le monde devrait pouvoir être libre de conduire sans devoir passer un examen imposé par le gouvernement).

Vie privée: Gary Johnson est divorcé de sa première épouse avec qui il a eu deux enfants. Elle est aujourd’hui décédée. Il a désormais une nouvelle compagne mais ils ne sont pas mariés. Ils vivent à Taos, au Nouveau Mexique, dans une maison que Johnson a construite lui-même !

Religion: Gary Johnson a été élevé dans une famille protestante. Il se dit croyant mais ne va pas à l’église. Il a récemment déclaré sur CNN que le Dieu qu’il priait n’avait pas « de religion particulière ».

Insolite: Gary Johnson est aussi un grand sportif. Il fait énormément de vélo et de course à pied. Il a participé à de nombreux marathons et triathlons. Il a aussi grimpé jusqu’au sommet de la plus haute montagne de chaque continent. Cela inclut notamment le Kilimandjaro et l’Everest !

Insolite #2: Gary Johnson ne boit plus une goutte d’alcool depuis 30 ans mais est en revanche un consommateur régulier de cannabis. Il a cependant déclaré qu’il avait arrêté de fumer le temps de la campagne et a promis qu’il ne fumerait pas pendant sa présidence s’il était élu.

Qui est le colistier de Gary Johnson ?

Bill Weld, ex-gouverneur du Massachusetts (1991-1997).

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Comme Johnson, Bill Weld était Républicain lorsqu’il était gouverneur. À vrai dire, il était même encore membre du Parti Républicain au début de l’année. Il avait apporté son soutien à John Kasich lors des primaires républicaines. Mais lorsque Gary Johnson lui a demandé d’être son colistier au mois de mai, il a accepté et est par la même occasion devenu libertarien. La décision de Johnson de choisir Weld comme colistier n’a pas été bien accueillie par l’ensemble des libertariens. Ne s’agissait-il pas d’un Républicain qui déclarait subitement adhérer aux principes du parti après s’être vu proposer le poste de candidat à la vice-présidence? Mais Johnson a fortement insisté auprès des délégués pour qu’ils acceptent de désigner Bill Weld comme son colistier lors de la Convention du parti. Il a finalement eu gain de cause. Son argument principal? Un ticket libertarien composé de deux ex-gouverneurs républicains expérimentés devrait permettre de prendre des voix au Parti Républicain. Notamment les voix des électeurs républicains qui rejettent Donald Trump. Curieusement, les sondages de ces derniers mois suggèrent que Johnson prendrait en fait autant, voire plus, de voix à Hillary Clinton qu’à Donald Trump.

Quelles sont les grandes lignes du programme de Gary Johnson ?

Nous sommes allés faire un petit tour sur le site de campagne de Gary Johnson. Première constatation: le ticket Johnson/Weld se présente clairement comme une alternative crédible à Hillary Clinton et Donald Trump, surnommés Clintrump dans cette vidéo de présentation.

Voici ce que nous avons retenu du programme de Gary Johnson tel que présenté sur son site web :

– Équilibrer le budget et cesser de creuser la dette du pays, qui va atteindre les 20 mille milliards de dollars en 2017. Présenter un budget à l’équilibre passera bien sûr par une réduction drastique des dépenses de l’état (notamment militaires), et non par une augmentation des impôts.

– Simplifier le code fiscal et remplacer l’impôt sur le revenu par une taxe à la consommation. Cette taxe sera la même pour tous les américains, quels que soient leurs revenus.

– Réduire la durée des mandats des hommes politiques. Les membres du Congrès ne devraient pas pouvoir être réélus indéfiniment. Un nombre maximum de mandats doit être imposé, pour que les élus ne soient plus obnubilés par leurs chances de réélection et agissent vraiment pour servir le peuple. Quelle serait la limite imposée? Aucune précision à ce sujet mais on peut imaginer qu’il pourrait s’agir de deux mandats maximum puisque Johnson cite l’exemple du Président des Etats-Unis, qui ne peut effectuer que deux mandats.

– Mettre fin à l’espionnage systématique des individus par le gouvernement. Ce sont ici principalement les écoutes téléphoniques pratiquées par la NSA qui sont visées. De telles écoutes ne devraient pouvoir être pratiquées qu’après obtention d’un mandat délivré par un juge.

– Réduire le budget de la défense et avoir une politique étrangère moins « impérialiste ». La position défendue ici est typiquement celle du Parti Libertarien. Les guerres de ces dernières années et les tentatives d’imposer des changements de régime n’ont servi à rien. Les Etats-Unis sont même moins en sécurité après ces interventions qu’auparavant.

– Réformer le système d’immigration. L’immigration est une richesse et il n’est pas nécessaire de militariser la frontière, ni d’y construire un mur géant. Il faudra néanmoins réformer le système d’immigration et favoriser l’intégration. Qu’est-ce que cela signifie concrètement? Aucune précision à ce sujet.

– Protéger l’environnement pour les générations futures, notamment les parcs nationaux. Gary Johnson reconnaît la réalité du changement climatique et le fait que l’homme en soit probablement le principal responsable. Cependant, il n’est pas question pour autant d’imposer trop de règles pouvant nuire à la croissance économique. Où se situe l’équilibre? Là non plus, ce n’est pas très clair.

– Supprimer le Département de l’Education. L’éducation doit rester une prérogative des états. Il est donc inutile d’avoir un Département de l’Education au niveau fédéral.

– Défendre le droit à l’avortement. Gary Johnson se dit personnellement opposé à l’avortement mais il estime tout de même que celui-ci doit rester légal. D’après lui, chaque individu a le droit d’avoir son opinion personnelle sur ce sujet épineux (est-ce bien ou mal?) mais n’a pas à l’imposer aux autres. La liberté individuelle de chacun, en l’occurrence ici des femmes, doit être respectée et l’état n’a pas à interdire quoi que ce soit.

– Légaliser la consommation de cannabis, mais pas celle des autres drogues (ce qui ne correspond pas à la ligne dure du Parti Libertarien, favorable à la dépénalisation de toutes les drogues). Néanmoins, les consommateurs de drogue devraient être envoyés en cure de désintoxication et pas en prison.

Qui pourra voter pour Gary Johnson ?

Tous les américains. Le ticket Johnson/Weld figurera en effet sur les bulletins de vote dans les 50 états. C’est le seul ticket dans ce cas avec le ticket démocrate (Clinton/Kaine) et le ticket républicain (Trump/Pence). Comment cela se fait-il? Les élections sont organisées au niveau des états. Pour que son nom figure sur les bulletins de vote, un candidat doit réunir un certain nombre de signatures avant une certaine date. Le nombre de signatures requis et la date limite varient d’un état à l’autre. Ce qui explique que certains « petits » candidats ne parviennent pas à remplir les critères d’inscription sur les listes électorales dans tous les états. Gary Johnson y est parvenu.

Gary Johnson peut-il remporter la présidence ?

Le système américain étant ce qu’il est, c’est quasiment impossible. Néanmoins, étant donné le manque de popularité de Donald Trump et d’Hillary Clinton, Johnson peut espérer réaliser le meilleur score de l’histoire du Parti Libertarien. Au mois d’août, un sondage le créditait de 23% des intentions de vote chez les moins de trente ans. Plus que Donald Trump !

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Les plus optimistes pensent même que Johnson pourrait créer la surprise en l’emportant au Nouveau Mexique, l’état dont il a été le gouverneur et où il reste populaire. Récemment, plusieurs sondages l’y créditaient de plus de 20% des intentions de vote.

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Si Johnson parvenait à s’imposer au Nouveau Mexique, ce serait évidemment historique. Aucun candidat libertarien n’a en effet jamais remporté un état.

2. JILL STEIN, PARTI VERT

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Qu’est-ce que le Parti Vert ?

Ce sera moins compliqué à expliquer que le Parti Libertarien. Le Parti Vert (Green Party) est assez semblable aux partis écologistes que nous connaissons en Europe. C’est actuellement le quatrième parti le plus important du pays en nombre d’adhérents. C’est un parti écologiste et marqué très à gauche (considéré comme d’extrême gauche sur le spectre politique américain). Il s’est fait remarquer en 2000, lorsque son candidat Ralph Nader a réussi à obtenir 2,7% des voix lors de l’élection présidentielle. Une performance que le parti n’est plus jamais parvenu à reproduire.

Qui est Jill Stein ?

Expérience politique: Des années d’activisme politique mais aucune fonction élective

Son parcours: Jill Stein est née le 14 mai 1950 à Chicago. Elle étudie la médecine à Harvard. Après l’obtention de son diplôme, elle s’installe dans le Massachusetts, où elle réside encore aujourd’hui. Elle y exerce la profession de médecin pendant 25 ans, jusqu’en 2005. Elle commence sa carrière d’activiste politique en 1998. Elle dirige alors un mouvement de protestation contre les centrales à charbon implantées dans son état, en raison de leur impact négatif sur la santé des habitants. Elle collabore ensuite à de nombreux projets liant protection de l’environnement et santé des citoyens, pour le compte de nombreuses ONG. Elle se présente deux fois au poste de gouverneur du Massachusetts, sans succès. En 2012, elle est déjà la candidate du Parti Vert à l’élection présidentielle. Elle obtient 0,3% des voix au niveau national. Elle espère faire mieux cette année.

Vie privée: Jill Stein est mariée et a deux enfants.

Religion: Jill Stein a grandi dans une famille juive pratiquante mais elle se dit agnostique.

Insolite: Jill Stein joue de la guitare, du conga et du djembe dans un groupe nommé Somebody’s Sister. Le groupe a sorti quatre albums.

Qui est le colistier de Jill Stein ?

Ajamu Baraka, activiste politique et défenseur des droits de l’homme.

Ajamu Baraka a notamment travaillé pour Amnesty International et dirigé l’association US Human Rights Network de 2004 à 2011. Il a également enseigné la science politique dans plusieurs universités. Il est le seul afro-américain à figurer sur un ticket présidentiel cette année.

Quelles sont les grandes lignes du programme de Jill Stein ?

Sur son site de campagne, Jill Stein présente son programme comme le Power to the People Plan.

My Power to the People Plan creates deep system change, moving from the greed and exploitation of corporate capitalism to a human-centered economy that puts people, planet and peace over profit. (Mon plan pour donner le pouvoir au peuple crée un changement de système profond, évoluant de l’avidité et de l’exploitation du capitalisme d’entreprise à une économie centrée sur l’humain qui place les gens, la planète et la paix au-dessus du profit)

Voici les grands points du plan de Jill Stein :

– Mettre en place un Green New Deal qui consistera à abandonner les énergies fossiles et à passer à 100% d’énergie renouvelable d’ici 2030. Cette transition créera 20 millions d’emplois.

– Créer des emplois aux salaires décents et défendre les travailleurs (notamment leur droit à se regrouper au sein de syndicats).

– Créer des programmes anti-pauvreté efficaces qui garantiront l’accès à l’eau, à la nourriture et au logement pour tous.

– Créer un système d’assurance maladie universelle, semblable à celui que nous connaissons en Europe.

– Rendre l’enseignement supérieur totalement gratuit.

– Créer une économie plus juste. Cela inclut notamment l’augmentation du salaire minimum à 15$ de l’heure et une nette augmentation des impôts pour les plus riches.

– Protéger l’environnement, en interdisant toute une série de méthodes telles que la fracturation hydraulique. Jill Stein veut aussi imposer un moratoire sur les OGM et les pesticides, tant qu’il n’est pas prouvé scientifiquement qu’ils ne présentent pas de danger pour la santé.

– Mettre fin à la brutalité policière et à l’incarcération de masse. Stein veut aussi mettre en place une commission de la vérité et de la réconciliation (Truth and Reconciliation Commission) qui sera chargée de discuter de l’héritage de l’esclavage, encore trop présent dans le pays.

– Protéger les droits des femmes (notamment le droit à l’avortement) et des personnes LGBT. Lutter contre toutes les formes de discrimination. Défendre les droits des peuples indigènes.

– Dépénaliser la consommation de cannabis.

– Mettre fin aux écoutes inconstitutionnelles des citoyens par la NSA. Fermer définitivement le camp de Guantanamo. Abolir la peine de mort.

– Mettre en place une politique étrangère basée sur la diplomatie et le respect du droit international. Réduire les dépenses militaires d’au moins 50% et fermer les bases militaires américaines à l’étranger (plus de 700). Ne plus soutenir ni vendre d’armes aux pays qui ne respectent pas les droits de l’homme, y compris l’Arabie Saoudite, l’Egypte et Israël.

– Créer une démocratie véritablement représentative, en instaurant un système de financement public des campagnes électorales et un mode de scrutin proportionnel. Jill Stein voudrait aussi que les débats télévisés soient ouverts à tous les candidats à la présidence. [Ndlr: Si Johnson, Stein et McMullin n’ont pas participé aux débats présidentiels cette année, c’est parce que seuls les candidats crédités de plus de 15% des intentions de vote dans les sondages (au niveau national) y sont invités. Johnson se situait aux alentours des 10%].

Qui pourra voter pour Jill Stein ?

Le nom de Jill Stein figurera sur les bulletins de vote dans 44 états sur 50. Dans trois autres états, elle est éligible en tant que write-in candidate* (Indiana, Caroline du Nord et Géorgie). En revanche, les habitants du Nevada, du Dakota du Sud et de l’Oklahoma ne pourront pas voter pour elle.

*Cela signifie que le nom du candidat n’est pas indiqué sur les bulletins de vote, mais que les électeurs peuvent l’inscrire dans la rubrique write-in. Le cas échéant, leur vote sera comptabilisé. Pour être éligible en tant que write-in candidate, les conditions sont moins strictes que pour avoir son nom inscrit sur les bulletins de vote. Pas de nombre de signatures minimum à obtenir. Néanmoins, le vote write-in est interdit dans neuf états. Si vous inscrivez le nom d’un candidat tiers sur votre bulletin de vote dans ces états, votre vote n’est tout simplement pas pris en considération.

Jill Stein peut-elle remporter la présidence ?

Non. Mais vu le manque de popularité d’Hillary Clinton auprès de certains électeurs démocrates marqués à gauche, elle peut toutefois espérer réaliser un meilleur score qu’il y a quatre ans. Elle tente d’ailleurs clairement de séduire les électeurs qui ont soutenu Bernie Sanders lors des primaires démocrates. Elle avait même appelé le sénateur du Vermont à la rejoindre pour poursuivre sa « révolution » plutôt que d’apporter son soutien à Hillary Clinton. Elle n’a pas réussi à le convaincre et les sondages semblent indiquer qu’une majorité des électeurs de Sanders a décidé de soutenir Clinton afin de faire barrage à Trump.

3. EVAN McMULLIN, INDÉPENDANT

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Qu’est-ce qu’un candidat indépendant ?

Un candidat indépendant ne représente aucun parti politique. Le plus célèbre des candidats indépendants est peut-être le milliardaire texan Ross Perot, qui avait obtenu près de 20% des voix à l’élection présidentielle de 1992.

Qui est Evan McMullin ?

Evan McMullin n’a annoncé sa candidature à la présidence que le 8 août dernier. Il fait partie de ces Républicains qui estiment que Donald Trump ne représente pas les valeurs de son parti. Il a donc décidé de se présenter en tant qu’indépendant afin de fournir une alternative aux conservateurs qui ne veulent pas voter pour Donald Trump (ni, évidemment, pour Hillary Clinton). Avant d’annoncer sa candidature, McMullin était totalement inconnu. Il n’avait que 135 abonnés sur son compte Twitter (aujourd’hui, plus de 83,500). Que sait-on de lui ?

Son parcours: Evan McMullin est né le 2 avril 1976 à Provo, en Utah. À seulement 40 ans, il est le plus jeune des candidats à la présidence cette année. Il est mormon et a effectué sa mission (ndlr: tous les jeunes mormons doivent effectuer une mission d’un an à l’étranger) au Brésil. Il a ensuite étudié le droit international et la diplomatie à la Brigham Young University, l’université gérée par l’église mormone. Après avoir obtenu son diplôme, il est parti travailler à Amman, en Jordanie, pour le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies. Il a ensuite travaillé pour la CIA pendant dix ans (2001-2011), effectuant des missions de contre-terrorisme au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Asie. En 2011, il a totalement changé d’orientation. Il a obtenu un MBA (Master of Business Administration) à la prestigieuse Wharton School, où Donald Trump a également étudié. Il a ensuite travaillé chez Goldman Sachs. Depuis 2015, il travaillait comme conseiller politique pour le groupe des Républicains à la Chambre des Représentants. Il a quitté ce poste lorsqu’il s’est lancé dans la course à la présidence. McMullin n’a encore reçu le soutien d’aucun élu républicain mais il est soutenu par plusieurs journalistes conservateurs réputés et le responsable de sa campagne n’est autre que Rick Wilson, un stratège républicain qui a participé à d’autres campagnes électorales par le passé. Wilson soutenait Marco Rubio lors des primaires (sans être activement membre de son équipe de campagne).

Vie privée: McMullin est célibataire.

Religion: On l’a dit, McMullin est mormon.

Insolite: McMullin est un mormon célibataire à 40 ans. Quelque chose nous dit que cela ne doit pas être très commun…

Qui est le colistier d’Evan McMullin ?

Mindy Finn. Vous l’aurez compris, il s’agit en fait d’une colistière.

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Mindy Finn est née au Texas et est encore plus jeune que McMullin (36 ans seulement). Elle est de religion juive, est mariée et a deux enfants. Elle a étudié le journalisme à la Boston University, puis le management politique à la George Washington University. Comme McMullin, elle était membre du Parti Républicain mais ne reconnaît plus son parti depuis que Donald Trump en est devenu le représentant. Dès le mois de janvier, avant que les premières primaires n’aient lieu, elle avait écrit un texte intitulé I’m a Republican. You Couldn’t Pay Me to Vote for Trump (Je suis une Républicaine. Vous ne pourriez pas me payer pour voter pour Trump). Finn n’a jamais été élue mais a travaillé comme conseillère pour le Parti Républicain, ainsi que pour George W. Bush et Mitt Romney. Elle a également travaillé pour Twitter et en 2015, elle a fondé Empowered Women, une plateforme visant à donner la parole à une nouvelle génération de femmes américaines.

Quelles sont les grandes lignes du programme d’Evan McMullin ?

Le programme d’Evan McMullin ressemble à celui d’un candidat républicain classique.

– Donner plus de moyens à l’armée. Défendre la démocratie et les droits de l’homme. Dénoncer les dictatures. Bref, l’Amérique doit continuer de s’impliquer dans les affaires du monde de manière à aider à propager la liberté et la croissance économique, comme elle l’a fait depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Pour reprendre les mots de McMullin :

When America ignores rising threats to peace and stability, they don’t go away – they just get worse. (Lorsque l’Amérique ignore les menaces qui s’élèvent contre la paix et la stabilité, elles ne disparaissent pas – elles ne font qu’empirer)

McMullin propose notamment de lutter activement contre l’Etat Islamique et d’imposer des sanctions plus fortes contre la Russie. Il est aussi opposé à l’usage de la torture et a critiqué Donald Trump lorsque celui-ci a affirmé vouloir le rétablir.

– Baisser les charges pesant sur les entreprises afin de les encourager à embaucher et relancer ainsi la croissance. McMullin veut aussi diminuer immédiatement l’impôt sur le revenu pour les classes moyennes. Ensuite, lorsque la croissance sera revenue, les plus riches auront également droit à une réduction fiscale. McMullin veut aussi cesser de creuser la dette et pour cela, il faudra profondément réformer le système des aides sociales.

– Abroger l’Obamacare et le remplacer par un programme plus efficace.

– En ce qui concerne l’immigration, la position de McMullin est très semblable à celle de Marco Rubio et Jeb Bush lors des primaires républicaines. Il faut lutter contre l’immigration illégale future en recrutant davantage d’agents chargés de patrouiller à la frontière, en obligeant les employeurs à utiliser la base de données eVerify, etc. Il peut être utile de construire des barrières à certains endroits stratégiques mais construire un mur tout le long de la frontière, comme le veut Trump, est inutile. Quant aux millions d’illégaux déjà présents sur le sol américain, il est impossible de tous les expulser. Cela serait humainement condamnable et cela coûterait beaucoup trop cher. Il faut leur permettre de régulariser leur situation. McMullin propose qu’après qu’ils aient payé une amende et prouvé qu’ils savent parler anglais, on leur accorde un permis de séjour temporaire ainsi qu’un permis de travail. Ensuite, s’ils respectent la loi et payent leurs impôts, ils pourront faire une demande pour obtenir la nationalité américaine.

– McMullin est favorable au libre-échange et à l’adoption du TPP (Trans-Pacific Partnership), à laquelle Donald Trump et Hillary Clinton s’opposent.

– Pour rétablir les liens entre la police et les citoyens, McMullin propose de développer les patrouilles de proximité et de former davantage les policiers aux techniques de communication et de gestion des conflits. Il est aussi favorable à la généralisation du port de caméras corporelles par les policiers pour filmer leurs interventions. Il est en revanche opposé à la pratique du stop-and-frisk que Donald Trump propose de remettre au goût du jour.

– McMullin est opposé à l’avortement. Il est également personnellement opposé au mariage entre personnes de même sexe mais a déclaré qu’il fallait accepter la décision de la Cour Suprême et « passer à autre chose ».

Qui pourra voter pour Evan McMullin ?

Le nom d’Evan McMullin ne figurera sur les bulletins de vote que dans onze états (Utah, Idaho, Colorado, Nouveau Mexique, Minnesota, Iowa, Arkansas, Louisiane, Caroline du Sud, Virginie et Kentucky). Cela s’explique largement par le fait qu’il ait entamé sa campagne le 8 août. Les délais pour recueillir les signatures nécessaires étaient alors déjà dépassés dans de nombreux états. Dans la plupart des autres états, McMullin est éligible comme write-in candidate.

Insolite ! Sur les bulletins de vote où le nom d’Evan McMullin figure, le nom de son colistier est Nathan Johnson, et non Mindy Finn. Est-ce une erreur? Pas vraiment. Après avoir déclaré sa candidature sur le tard, McMullin a dû se dépêcher de remplir les papiers administratifs nécessaires à son inscription sur les bulletins de vote. Il n’avait alors pas encore choisi de colistier (Mindy Finn n’a été désignée que le 6 octobre dernier). Il a donc demandé à l’un de ses amis, Nathan Johnson, de pouvoir inscrire son nom sur les papiers en guise de solution temporaire. Ce dernier a accepté de lui rendre ce petit service. Problème? Dans les états où McMullin est seulement éligible en tant que write-in candidate, les électeurs devront indiquer le nom de Nathan Johnson à côté du sien. S’ils ne sont pas au courant et indiquent celui de Mindy Finn, leur vote ne sera pas valide. Situation quelque peu ubuesque. Et si jamais le ticket McMullin/Johnson était élu, que se passerait-il? Nathan Johnson, officiellement élu, annoncerait immédiatemment sa démission et McMullin nommerait Mindy Finn pour le remplacer.

Evan McMullin peut-il remporter la présidence ?

Encore une fois, c’est presque totalement impossible. Par contre, il pourrait créer la surprise en remportant l’Utah. Nous vous en avons déjà parlé dans d’autres articles. L’Utah est un état traditionnellement fortement républicain et pourtant, Donald Trump y est en grande difficulté. Cela s’explique en grande partie par son manque de popularité auprès de l’électorat mormon. Or, McMullin est mormon et originaire de l’Utah. Il a beaucoup fait campagne dans cet état et y jouit d’une popularité grandissante. Un récent sondage le créditait de 22% des intentions de vote, contre 26% pour Hillary Clinton et Donald Trump.

Source: Deseret News
Source: Deseret News

S’il parvenait à s’imposer en Utah, McMullin serait le premier candidat indépendant à remporter un état depuis George Wallace en 1968 ! (Malgré son score important au niveau national en 1992, Ross Perot n’avait remporté aucun état).

Enfin, il faudra aussi surveiller Evan McMullin après l’élection du 8 novembre. D’après un article publié il y a quelques jours par BuzzFeed, il songerait à créer un nouveau parti politique de centre-droit si le Parti Républicain ne se distanciait pas clairement de Donald Trump et de la ligne politique qu’il défend après l’élection. Lors d’un récent meeting, il a d’ailleurs parlé d’un « nouveau mouvement conservateur » qui serait ouvert à tous. « Aux musulmans, aux immigrants, et aux gens qui ne me ressemblent pas ». Si cela devait se produire et qu’une partie des membres déçus du Parti Républicain rejoignaient ce mouvement, cela pourrait totalement bouleverser le paysage politique américain.

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