À J-15 avant l’élection, Hillary Clinton caracole en tête des sondages (50% d’intentions de vote au niveau national selon le dernier sondage ABC News, contre 38% pour Donald Trump). Quant à nous, nous vous résumons comme chaque lundi l’actualité politique de la semaine qui vient de s’achever.
LE DÉBAT DE LA SEMAINE
L’une des grosses actualités de la semaine, c’était évidemment le dernier débat opposant Donald Trump à Hilllary Clinton. Vous pouvez en lire le compte-rendu ici. Ce qu’il fallait avant tout en retenir, c’est le refus de Donald Trump de s’engager à accepter le résultat de l’élection. I will look at it at the time (Je verrai le moment venu), a-t-il déclaré. Le lendemain, lors d’un meeting, il affirmait :
I would like to promise and pledge to all of my voters and supporters and to all of the people of the United States that I will totally accept the results of this great and historic presidential election… if I win. (Je voudrais promettre et jurer à tous mes électeurs et supporters et à tous les habitants des Etats-Unis que j’accepterai totalement les résultats de cette élection présidentielle historique… si je gagne)
LE DÎNER DE LA SEMAINE
24 heures à peine après le débat, Donald Trump et Hillary Clinton se sont retrouvés au Al Smith Dinner, à New York. Le Al Smith Dinner – du nom de Al Smith, qui fut gouverneur démocrate de l’état de New York dans les années 1920 et qui fut aussi le premier catholique à se présenter à l’élection présidentielle américaine – est un dîner annuel qui vise à récolter des fonds pour des associations caritatives catholiques. Tous les quatre ans, la tradition veut que les candidats à l’élection présidentielle y participent et y prononcent un discours humoristique et prouvant qu’ils sont capables d’autodérision. Les blagues visant l’adversaire sont autorisées mais restent en principe bon enfant.
C’est Donald Trump qui a pris la parole en premier. Après un bon début, son discours s’est transformé en un réquisitoire anti-Clinton ne correspondant pas à l’ambiance habituelle du dîner. Il a par exemple affirmé que Clinton était « corrompue ». Le candidat républicain a même été hué, ce qui est très inhabituel.
Hillary Clinton a pris la parole après Donald Trump. Son discours était plus en phase avec la tradition mais tout de même très agressif. Quelques extraits :
It’s amazing I’m up here after Donald. I didn’t think he’d be okay with a peaceful transition of power. (C’est incroyable que je sois ici après Donald. Je ne pensais pas qu’il serait d’accord pour une passation de pouvoir pacifique)
Donald, after listening to your speech, I will also enjoy listening to Mike Pence deny that you ever gave it. (Donald, après avoir écouté ton discours, je passerai aussi un bon moment en écoutant Mike Pence nier que tu l’aies prononcé)
Donald looks at the Statue of Liberty and sees a 4. Maybe a 5 if she loses the torch and tablet and changes her hair. (Donald regarde la Statue de la Liberté et voit un 4. Peut-être un 5 si elle perd son flambeau et sa tablette et qu’elle change de coiffure)
(Référence bien sûr aux notes attribuées par Donald Trump à certaines femmes, en fonction de leur apparence physique)
Hillary Clinton ne s’est pas contentée de critiquer Donald Trump. Voici ce qu’elle a déclaré au sujet de Rudy Giuliani, qui assistait lui aussi au dîner.
Many don’t know this, but Rudy actually got his start as a prosecutor going after wealthy New Yorkers who avoided paying taxes. But, as the saying goes, « If you can’t beat them, go on Fox News and call them a genius ». (Beaucoup de gens l’ignorent, mais Rudy a en réalité démarré sa carrière de procureur en poursuivant de riches new-yorkais qui évitaient de payer leurs impôts. Mais, comme le dit le proverbe, « Si tu ne peux pas les battre, va sur Fox News et qualifie-les de génies »)
À la fin de son intervention, Hillary Clinton a aussi fait une petite blague sur Ted Cruz, sans que l’on sache trop pourquoi.
So tonight, let’s embrace the spirit of the evening. Let’s come together. Remember what unites us and just rip on Ted Cruz. (Alors ce soir, respectons l’esprit de la soirée. Unissons-nous. Souvenons-nous de ce qui nous unit tous et critiquons Ted Cruz)
Notons que le sénateur du Texas n’était même pas présent.
En conclusion, on peut dire que ce Al Smith Dinner pas comme les autres fut totalement à l’image de la campagne électorale violente que nous vivons.
L’ACTE CRIMINEL DE LA SEMAINE
Des locaux appartenant au Parti Républicain ont été incendiés à Hillsborough, en Caroline du Nord.

On a également retrouvé sur le mur du bâtiment voisin une croix gammée accompagnée de l’inscription Nazi Republicans leave town or else (Républicains nazis, quittez la ville sinon gare).
Heureusement, personne n’a été blessé. Les coupables n’ont pour l’instant pas été identifiés. Le gouverneur de Caroline du Nord, Pat McCrory, a qualifié les faits d’ « attaque contre notre démocratie ». Hillary Clinton a rapidement condamné l’attaque.

Le tweet publié par Donald Trump est moins consensuel. Il y qualifie les responsables de l’attaque d’ « animaux » et affirme qu’il s’agit de supporters d’Hillary Clinton, alors que les auteurs des faits n’ont pas encore été identifiés.

Le colistier de Trump, Mike Pence, s’est rendu sur place. Il a parlé d’un acte de « terrorisme politique » et a déclaré que si cela était arrivé à des bureaux du Parti Démocrate, la presse en aurait parlé bien davantage.
Mentionnons tout de même cette belle histoire. Suite à l’attaque, une récolte de fonds a été lancée par un professeur sur le site web GoFundMe. Il était demandé aux citoyens démocrates de faire un don afin d’aider le Parti Républicain de Caroline du Nord à reconstruire ses locaux le plus rapidement possible. L’objectif était de réunir la somme de 10,000$. Il a été atteint en 40 minutes à peine, grâce aux dons de 552 personnes. Les contributions étaient pour la plupart modestes (entre 5$ et 25$).
LES E-MAILS D’HILLARY CLINTON, SUITE
Le FBI a publié de nouveaux documents relatifs à l’enquête menée au sujet des e-mails d’Hillary Clinton (enquête qui, rappelons-le, n’a abouti à aucune poursuite judiciaire à l’encontre de la candidate démocrate). Il s’agit ici de retranscriptions d’interrogatoires. On y découvre que, d’après les témoignages de deux agents du FBI, le premier adjoint au Secrétaire d’Etat Patrick Kennedy aurait fait pression (en vain) sur le FBI pour qu’il déclassifie les informations classées secrètes partagées par Hillary Clinton dans l’un de ses e-mails.
LA PROPOSITION DE LA SEMAINE
Donald Trump a ajouté une nouvelle ligne à son programme politique cette semaine. Il a déclaré vouloir imposer une durée maximale aux mandats des membres du Congrès. Les députés à la Chambre des Représentants ne pourraient ainsi exercer leur fonction que pendant 6 ans (soit trois mandats maximum) et les Sénateurs pendant 12 ans (soit deux mandats maximum).
LA PUBLICITÉ ÉLECTORALE DE LA SEMAINE
Voici le tout nouveau clip de campagne d’Hillary Clinton, qui sera diffusé à la télévision dans plusieurs états clés (Floride, Iowa, Nevada, New Hampshire, Ohio, Caroline du Nord et Pennsylvanie). On y retrouve Khizr Khan, le père d’un soldat musulman tué en Irak en 2004. Il avait déjà prononcé un discours très remarqué lors de la Convention Démocrate. Il est ici filmé à son domicile. Il raconte comment son fils a été tué, avant de demander, les larmes aux yeux, à Donald Trump : Would my son have a place in your America? (Est-ce que mon fils aurait une place dans votre Amérique?)
LE BILLBOARD DE LA SEMAINE
Les billboards, ce sont ces énormes panneaux publicitaires que l’on peut voir le long des routes américaines. À l’entrée de la ville de Dearborn, Michigan – une ville qui abrite une large communauté arabo-musulmane – l’un de ces panneaux indique, en arabe : Donald Trump ne peut pas lire ceci mais il en a peur.
La porte-parole du groupe responsable de cette campagne de pub a expliqué que le panneau resterait visible jusqu’au 8 novembre, jour de l’élection. Plus de 300,000 automobilistes passeraient chaque semaine devant ce panneau situé sur la route reliant Dearborn à Detroit.
LE SONDAGE DE LA SEMAINE
D’après un sondage réalisé par le Washington Post et ABC News, 57% des électeurs américains NE pensent PAS que Donald Trump représente les valeurs fondamentales du Parti Républicain. Ce chiffre grimpe même à 62% si on ne considère que les électeurs indépendants (qui ne s’identifient ni comme Républicains ni comme Démocrates). Sans doute une bonne nouvelle pour les candidats républicains à la Chambre et au Sénat.
LA DÉCLARATION DE LA SEMAINE
The press always asks me don’t I wish I were debating him. No, I wish I were in high school. I could take him behind the gym. That’s what I wish. (La presse me demande tout le temps si je n’aimerais pas débattre contre lui. Non, j’aimerais être au lycée. Je pourrais l’attraper derrière la salle de sport. C’est cela que j’aimerais)
Des propos assez violents prononcés par Joe Biden, le vice-président américain, à l’encontre de Donald Trump ! La directrice de campagne de ce dernier, Kellyanne Conway, a réagi en affirmant que si Donald Trump avait tenu de tels propos, on aurait dénoncé ses appels à la violence pendant des heures sur tous les plateaux de télévision. Il est vrai que les propos de Joe Biden n’ont pas été énormément commentés et n’ont pas suscité de gros scandale, ce qui nous a, avouons-le, un peu surpris.
LE TÉMOIGNAGE DE LA SEMAINE
Puisque l’on parle de violence, celle-ci est bien réelle. David French, auteur pour la revue conservatrice National Review, qui a pris position très tôt dans la campagne contre Donald Trump, a écrit un article dans lequel il raconte les menaces dont il est victime depuis des mois. Des supporters de Donald Trump, se revendiquant souvent du mouvement alt-right, le bombardent de messages haineux et de menaces de mort, notamment sur les réseaux sociaux. David French explique par exemple avoir reçu des images de sa fille dans une chambre à gaz, à côté d’un Donald Trump en uniforme nazi, prêt à l’exécuter. Il faut savoir que la petite fille de David French est âgée de sept ans et est originaire d’Ethiopie. Sa femme et lui l’ont adoptée. Et pour certains nationalistes, un blanc qui adopte une petite fille noire contribue à « élever l’ennemi ». The Price I’ve Paid for Opposing Donald Trump (Le prix que j’ai payé en m’opposant à Donald Trump), terrifiant mais à lire absolument.
L’ENGAGEMENT DE LA SEMAINE
Marco Rubio, en campagne pour sa réélection au Sénat, s’est engagé à ne pas commenter et à ne pas utiliser à des fins politiques les informations révélées par WikiLeaks. Le site web dirigé par Julian Assange a récemment publié des milliers d’e-mails obtenus suite aux piratages informatiques qui ont touché le Parti Démocrate et John Podesta, le directeur de campagne d’Hillary Clinton. Donald Trump ne se prive pas d’utiliser certains propos contenus dans ces e-mails pour attaquer Hillary Clinton. Marco Rubio s’est engagé à ne pas faire de même. Il a même conseillé à ses collègues républicains de suivre son exemple.
I will not discuss any issue that has become public solely on the basis of Wikileaks. As our intelligence agencies have said, these leaks are an effort by a foreign government to interfere with our electoral process and I will not indulge it. Further, I want to warn my fellow Republicans who may want to capitalize politically on these leaks: Today it is the Democrats. Tomorrow it could be us. (Je ne parlerai d’aucun sujet devenu public uniquement grâce à Wikileaks. Comme nos agences de renseignement l’ont dit, ces fuites sont le résultat de l’effort d’un gouvernement étranger pour s’immiscer dans notre processus électoral et je ne me prêterai pas à ce jeu. De plus, je voudrais avertir mes collègues républicains qui pourraient être tentés de capitaliser politiquement grâce à ces fuites: aujourd’hui, ce sont les Démocrates. Demain, cela pourrait être nous)
L’ANNULATION DE LA SEMAINE
Un débat qui devait opposer Marco Rubio à son rival démocrate Patrick Murphy le 28 octobre prochain a été annulé. Ce débat devait être diffusé sur la chaîne de télévision hispanophone Univision. Celle-ci a été contrainte de tout annuler après que Rubio et Murphy n’aient pas réussi à se mettre d’accord sur les modalités du débat. Murphy, qui ne parle pas espagnol, refusait que Rubio, qui est parfait bilingue, puisse répondre directement aux questions des modérateurs en espagnol. Rubio n’a pas voulu y renoncer. Si ce débat a été annulé, les électeurs de Floride auront tout de même encore l’occasion de voir Rubio et Murphy débattre sur une autre chaîne. Ce sera ce mercredi 26 octobre, en anglais.
LA PHOTO DE LA SEMAINE
Un bus du Parti Démocrate a déversé ses eaux usées en pleine rue à Lawrenceville, en Géorgie. Les témoins de la scène n’en ont pas cru leurs yeux. La direction du Parti Démocrate a présenté des excuses publiques.
LE DERNIER DÎNER D’ÉTAT DE LA PRÉSIDENCE OBAMA
Oublions un peu la violence de la campagne électorale. Cette semaine, Barack Obama a accueilli le Premier Ministre italien Matteo Renzi à la Maison Blanche, pour le quatorzième et dernier dîner d’état (State Dinner) de sa présidence. Parmi les invités, la chanteuse Gwen Stefani et le couturier Giorgio Armani.
Michelle Obama a fait forte impression dans sa robe signée Versace.
FLASHBACK: Le photographe officiel de la Maison Blanche a décidé de rassembler les meilleures photos prises lors des quatorze dîners d’état qui ont marqué la présidence Obama. À voir ici. (Spoiler: Une occasion unique de voir Angela Merkel en robe de soirée)
INCROYABLE MAIS VRAI !
Terminons par cette info invraisemblable. 26% des américains et 32% des américains âgés de moins de trente ans pensent que George W. Bush a tué plus de personnes que Staline ! C’est le résultat d’un sondage effectué auprès de 2,300 américains par la Victims of Communism Memorial Foundation, une fondation basée à Washington et qui vise à entretenir la mémoire des victimes du communisme et à éduquer les jeunes générations sur les dangers de cette idéologie. Ce même sondage nous apprend également que 45% des américains âgés de 16 à 20 ans se disent prêts à voter pour un candidat socialiste et que 21% d’entre eux se disent prêts à voter pour un candidat communiste. Pour la fondation, les résultats surprenants de ce sondage s’expliquent avant tout par un manque de connaissances du communisme et de son histoire, surtout chez les américains nés après la fin de la Guerre Froide.
PS: Il n’y aura pas de Weekly News Flash la semaine prochaine. Toutes nos excuses. Prochaine édition le lundi 7 novembre !