Le Président des Etats-Unis d’Amérique vient de partager sur Twitter une vidéo le mettant en scène en train de frapper une personne dont le visage a été remplacé par le logo de CNN lors d’un match de catch. Is this really happening?
LES TWEETS POLÉMIQUES DE LA SEMAINE
Ce dimanche, le président des Etats-Unis a tweeté le message « #FraudNewsCNN #FNN » accompagné d’une vidéo dans laquelle on le voit en train de faire du catch et de frapper une personne dont le visage a été remplacé par le logo de CNN. Pour ceux qui vivraient dans un igloo et ne l’auraient pas encore vue, voici cette fameuse vidéo partagée par Donald Trump sur son compte Twitter personnel et sur le compte Twitter officiel de la présidence des Etats-Unis @POTUS.
La vidéo, bien qu’ayant un aspect risible au premier abord, semble clairement inciter à la violence contre les journalistes. Le tweet du président a donc suscité un vif émoi. CNN a publié le communiqué suivant en guise de réponse.

Et ce tweet n’est même pas le seul tweet de Donald Trump ayant provoqué un scandale cette semaine. Trois jours plus tôt, il avait déjà publié deux autres tweets dans lesquels il insultait Joe Scarborough et Mika Brzezinski, journalistes stars de la chaîne MSNBC et animateurs de l’émission matinale Morning Joe. Les deux journalistes forment aussi un couple dans la vie privée. Dans ses tweets, Donald Trump traitait Scarborough de « psychopathe » et Brzezinski de « folle » et de « QI faible ». Il affirmait également que les deux journalistes étaient venus le voir au Nouvel An pour lui demander de leur accorder une interview mais qu’il avait refusé parce que Mika Brzezinski avait le visage en sang suite à une opération de chirurgie esthétique.

Ces tweets ont suscité de nombreuses réactions négatives. Donald Trump a été accusé 1) d’essayer une nouvelle fois d’intimider des journalistes ayant osé émettre des critiques à son encontre et 2) de sexisme. Ce n’était évidemment pas la première fois qu’il critiquait une femme en raison de son apparence physique. On se souvient notamment des attaques contre Megyn Kelly, traitée de « bimbo » (sans compter les propos faisant allusion à son cycle menstruel), ou contre la candidate aux primaires républicaines Carly Fiorina, dont Trump avait dit « Avez-vous vu son visage? Qui voterait pour cela? ».
Carly Fiorina fait d’ailleurs partie des personnalités républicaines ayant réagi aux tweets de Donald Trump.

Beaucoup d’élus républicains ont condamné les propos de Donald Trump. Interrogé lors d’une conférence de presse, Paul Ryan a déclaré que « Evidemment, je ne considère pas cela comme un commentaire approprié ». Le député républicain Carlos Curbelo a affirmé que les attaques personnelles de ce genre pouvaient inciter à la violence et a rappelé qu’il fallait se souvenir des leçons de la fusillade ayant touché des élus républicains il y a quinze jours. « Nous devons nous traiter les uns les autres avec respect », a-t-il ajouté. Voici encore quelques autres réactions d’élus républicains sur Twitter.





Le tweet de Lindsey Graham est celui qui a connu le plus de succès. Il a été partagé plus de 48,000 fois et « aimé » plus de 152,000 fois !
Mentionnons aussi cette réaction du New York Post, qui a publié ce qui restera sans doute le plus court éditorial de son histoire.
De son côté, Sarah Huckabee Sanders, porte-parole adjointe de la Maison Blanche, a défendu le président en déclarant qu’il avait le droit de répliquer lorsqu’il était injustement critiqué.
Mika Brzezinski a elle-même rapidement répliqué sur Twitter. Son tweet semblait voué à ne faire qu’envenimer la situation puisqu’elle attaquait à son tour Trump sur son physique, faisant référence à ses « petites mains ».
Il nous faut ici préciser quelque chose au sujet de Joe Scarborough et Mika Brzezinski. Lors de la campagne électorale, particulièrement pendant les primaires républicaines, ils ont parfois été accusés d’être trop complaisants à l’égard de Donald Trump et de lui consacrer beaucoup plus de temps d’antenne qu’à ses adversaires. Il intervenait même régulièrement par téléphone pendant l’émission Morning Joe. Les deux journalistes et le futur président semblaient à l’époque en très bons termes. Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, les choses ont changé. Scarborough et Brzezinski se sont montrés de plus en plus critiques vis-à-vis du président. Lors de leur première émission après les tweets de Donald Trump, ils ont entre autres déclaré que celui-ci n’était plus le même homme que celui qu’ils avaient connu il y a deux ans. Une affirmation plus que douteuse. Il y a deux ans, en juin-juillet 2015, Donald Trump venait d’annoncer sa candidature à la présidence des Etats-Unis et était déjà adepte des polémiques et des attaques personnelles sur Twitter. Et n’oublions pas qu’avant cela, il avait défendu pendant plusieurs années la thèse selon laquelle Barack Obama était né au Kenya.
Joe Scarborough et Mika Brzezinski ont également publié une carte blanche dans le Washington Post. Elle est sobrement intitulée « Donald Trump ne va pas bien ». Ils y font une révélation importante: le président les aurait menacés de faire publier un article dérangeant les concernant dans le National Enquirer, ce tabloïd dont il connaît le patron et qui avait notamment affirmé pendant la campagne électorale que le père de Ted Cruz était mêlé à l’assassinat de John F. Kennedy. Donald Trump a répliqué sur Twitter en affirmant qu’il s’agissait d’un mensonge. Joe Scarborough a ensuite affirmé qu’il avait des preuves. Jusqu’ici, il ne les a toutefois pas encore montrées.
LA (FAUSSE) UNE DE LA SEMAINE
Les tweets de Donald Trump ont quelque peu éclipsé une histoire très étrange révélée par David Fahrenthold, le journaliste du Washington Post ayant récemment gagné un prix Pulitzer pour son enquête sur les donations du président à des œuvres de charité.
David Fahrenthold a découvert qu’une fausse Une du TIME datée du 1er mars 2009 avait été affichée sur les murs d’au moins huit des clubs de golf dont Donald Trump est propriétaire. La fausse Une en question est loin d’avoir été parfaitement réalisée. Le bord rouge est plus étroit que sur une vraie Une du TIME et la police de caractère est différente. Ci-dessous, une vraie Une du TIME et la fausse Une encadrée dans les clubs de golf de Donald Trump.
Le TIME a confirmé que Donald Trump n’avait jamais fait sa Une en 2009 et a demandé à la Trump Organization de retirer la fausse Une des murs où elle était affichée.
On ignore qui a réalisé cette fausse Une et a décidé de l’accrocher aux murs des propriétés de Trump. Celui-ci était-il au courant? Mystère. La Maison Blanche, la Trump Organization et les patrons des différents clubs ont refusé de répondre aux questions du Washington Post.
LA TRÈS MAUVAISE IMAGE DE DONALD TRUMP À L’ÉTRANGER
Les tweets tels que ceux que nous venons d’évoquer y contribuent certainement. Une enquête du Pew Research Center réalisée dans 37 pays montre que seulement 22% en moyenne des habitants de ces pays font confiance à Donald Trump en matière de relations internationales. C’est beaucoup moins que Barack Obama (64% en moyenne). La cote de confiance de Donald Trump est bien plus basse que celle de Barack Obama dans tous les pays dont les habitants ont été interrogés, à l’exception d’Israël et de la Russie.
LES CHIFFRES DE LA SEMAINE
Le CBO (Congressional Budget Office) a rendu son rapport sur le BCRA, la proposition de loi de réforme de la santé des Républicains du Sénat dont nous vous avons largement parlé la semaine dernière. Si l’on en croit les prévisions du CBO, il y aurait 22 millions de personnes non assurées supplémentaires en 2026 si le BCRA entrait en vigueur. Pour l’AHCA, proposition adoptée précédemment à la Chambre des Représentants, ce chiffre était de 23 millions. Au total, 49 millions d’américains n’auraient pas d’assurance maladie en 2026 si le BCRA était adopté, contre 28 millions si l’Obamacare restait en place.
L’entrée en vigueur du BCRA permettrait en revanche de réduire le déficit de 321 milliards de dollars. C’est bien plus que l’AHCA (119 milliards).
Suite à la publication du rapport du CBO, la sénatrice républicaine Susan Collins a annoncé qu’elle ne voterait pas en faveur du BCRA s’il n’était pas largement remanié. Cinq autres sénateurs républicains avaient déjà fait la même annonce la semaine dernière.
Faute de majorité, Mitch McConnell a été contraint d’annoncer le report du vote sur le BCRA. Il avait pourtant déclaré vouloir organiser ce vote cette semaine, avant le congé du 4 juillet. Les députés et sénateurs seront en congé la semaine prochaine. De retour dans leurs circonscriptions, ils risquent d’être confrontés à des manifestations de citoyens opposés au BCRA. Le vote au Sénat devrait être organisé plus tard dans le courant du mois de juillet. D’ici là, les négociations devraient se poursuivre entre les sénateurs républicains les plus conservateurs et les plus modérés pour tenter de parvenir à un compromis.
LA PHRASE DE LA SEMAINE
Even porcupines make love. (Même les porc-épics font l’amour)
Pat Roberts, sénateur républicain du Kansas, interrogé au sujet des négociations entre conservateurs et modérés sur le BCRA.
LA (VRAIE) UNE DE LA SEMAINE
USA Today, 29 juin 2017. « Sondage: 12% seulement des américains soutiennent le plan de santé des Républicains ».
D’après un sondage réalisé par le journal, en collaboration avec l’Université de Suffolk, 12% des américains seulement se disent favorables à l’adoption du BCRA. Même les Républicains y sont majoritairement opposés. D’après ce sondage, 26% seulement d’entre eux sont favorables à l’adoption du BCRA, alors que 17% s’y déclarent opposés et que 52% déclarent avoir besoin de plus d’informations avant de se prononcer.
LA DÉCISION DE LA SEMAINE
Le décret de Donald Trump interdisant l’immigration en provenance de six pays (Syrie, Iran, Yémen, Libye, Somalie et Soudan) est enfin entré en application. Il avait jusqu’ici été bloqué par les tribunaux. La Cour Suprême a (temporairement) tranché en faveur de l’administration Trump, qui avait fait appel. En attendant qu’elle ne rende son verdict définitif au mois d’octobre, la Cour a déclaré qu’une version allégée du décret présidentiel pouvait bien être appliquée. Les citoyens issus des six pays concernés sont interdits d’entrée aux Etats-Unis pendant 90 jours, sauf s’ils peuvent justifier d’une « bona fide relationship » dans le pays, soit un lien professionnel tel qu’un contrat de travail ou des liens familiaux. Notons que les grands-parents, les oncles, les tantes, les neveux, les nièces et les cousins ne sont pas considérés comme des liens familiaux suffisants. Autrement dit, un citoyen iranien ayant un père, une mère, un conjoint ou des enfants aux Etats-Unis pourra s’y rendre pour leur rendre visite. Mais sa demande ne sera pas acceptée s’il veut rendre visite à un grand-père, une grand-mère, un oncle, une tante, un neveu, une nièce ou un(e) cousin(e). Les réfugiés sont également interdits d’entrée aux Etats-Unis pour une période de 120 jours.
LES LOIS DE LA SEMAINE
La Chambre des Représentants a voté en faveur de deux lois durcissant la législation relative à l’immigration. Ces deux lois n’entreront toutefois pas en vigueur tant qu’elles n’auront pas également été adoptées au Sénat.
Kate’s Law. Cette loi porte le nom d’une jeune femme assassinée par un immigrant en situation irrégulière en 2015. Cet homme avait déjà été expulsé cinq fois du territoire. La Kate’s Law prévoit des peines de prison pour les immigrants en situation irrégulière interpellés et ayant déjà été précédemment expulsés du territoire.
No Sanctuary for Criminals Act. Cette deuxième loi prévoit de retirer les subventions fédérales aux villes qui refusent de coopérer avec les services de l’immigration (sanctuary cities).
L’AUTRE POLÉMIQUE DE LA SEMAINE
Vous vous souvenez peut-être que Donald Trump avait affirmé peu après son élection que 3 à 5 millions d’immigrants en situation irrégulière avaient participé illégalement au scrutin. C’est faux. En réalité, les cas de fraude électorale existent mais restent très peu nombreux et insignifiants à l’échelle du pays. Cela n’a pas empêché Donald Trump de créer une commission spéciale (Presidential Advisory Commission on Election Integrity) chargée d’enquêter et de rendre un rapport sur la question, contenant si possible une nouvelle stratégie visant à lutter contre la fraude électorale à grande échelle. Cette commission est dirigée par Mike Pence, qui en est le président, et Kris Kobach, Secrétaire d’Etat du Kansas, qui en est le vice-président.
Cette semaine, la commission a envoyé une lettre, signée par Kris Kobach, aux dirigeants des 50 états américains pour leur demander de lui communiquer toutes leurs données électorales. Noms, adresses et dates de naissance des électeurs, mais également les quatre derniers chiffres de leur numéro de sécurité sociale, leur affiliation politique et d’autres données que la plupart des états ont l’obligation légale de ne pas divulguer. La lettre précise que les documents envoyés à la commission seront « rendus accessibles au public ». (Une copie de la lettre est accessible ici).
Plusieurs questions se posent. Notamment 1°) Pourquoi la commission a-t-elle besoin de connaître l’affiliation politique des électeurs pour enquêter sur les phénomènes de fraude électorale? 2°) Pourquoi veut-elle rendre les documents « accessibles au public » et qu’est-ce que cela signifie exactement?
Les autorités de plusieurs états ont rapidement réagi en déclarant qu’ils ne communiqueraient pas les données demandées à la commission. Le gouverneur démocrate de Virginie, Terry McAuliffe, a par exemple déclaré dans un communiqué:
I have no intention of honoring this request. Virginia conducts fair, honest, and democratic elections, and there is no evidence of significant voter fraud in Virginia. (Je n’ai pas l’intention d’honorer la requête de la commission. La Virginie organise des élections justes, honnêtes et démocratiques et il n’y a aucune preuve de fraude électorale significative en Virginie)
De nombreux gouverneurs, lieutenants-gouverneurs ou secrétaires d’état républicains ont aussi annoncé que leur état ne transmettrait pas toutes les données voulues à la commission. Voici, à titre d’exemple, la réponse du lieutenant-gouverneur de l’Utah, Spencer Cox.
À l’heure où nous écrivons ces lignes, 41 états (sur 50) ont déjà fait part de leur refus de transmettre toutes ou une partie des données réclamées par la commission. La majorité de ces états sont dirigés par un gouverneur républicain.
Mentionnons aussi le communiqué du Secrétaire d’Etat du Mississippi, membre du Parti Républicain. On peut notamment y lire au sujet des membres de la commission: « Ils peuvent aller sauter dans le Golfe du Mexique et le Mississippi est un très bon état pour le faire ».
LES ADIEUX DE LA SEMAINE
Sergey Kislyak va quitter son poste d’ambassadeur russe à Washington. Le diplomate s’est retrouvé au cœur de l’enquête liée à la Russie et à une possible collusion entre le Kremlin et l’équipe de campagne de Donald Trump. On sait que Kislyak a rencontré à plusieurs reprises Michael Flynn, Jeff Sessions et Jared Kushner durant la campagne électorale de 2016. Il est en poste à Washington depuis 2008. La date exacte de son départ n’a pas été annoncée mais approche à grands pas. Une réception d’adieu sera organisée en son honneur par la Chambre de commerce américano-russe le 11 juillet. Il sera remplacé au poste d’ambassadeur par Anatoly Antonov, dont la nomination a déjà été annoncée et approuvée par le parlement russe.
LE PROCÈS DE LA SEMAINE
Sarah Palin porte plainte pour diffamation contre le New York Times. L’ex-gouverneure de l’Alaska accuse le journal d’avoir volontairement diffusé de fausses allégations à son sujet dans un éditorial publié peu après la fusillade d’Alexandria. Explications.
Le 14 juin dernier, le New York Times publie un éditorial relatif à la fusillade d’Alexandria. L’auteur de l’article compare cette fusillade ayant touché des élus républicains qui jouaient au baseball à une autre fusillade qui a eu lieu en 2011 à Tucson, en Arizona. Un homme avait alors ouvert le feu lors d’un meeting de la députée démocrate Gabrielle Giffords. Celle-ci avait reçu une balle dans la tête mais s’en était miraculeusement tirée. Six autres personnes étaient décédées. L’auteur affirme que la motivation politique du tireur a été établie dans les deux cas et que Jared Lee Loughner, l’homme ayant tiré sur Giffords, aurait été inspiré par Sarah Palin.
Voici l’extrait de l’éditorial du New York Times incriminé:
« Was this attack evidence of how vicious American politics has become? Probably. In 2011, when Jared Lee Loughner opened fire in a supermarket parking lot, grievously wounding Representative Gabby Giffords and killing six people, including a 9-year-old girl, the link to political incitement was clear. Before the shooting, Sarah Palin’s political action committee circulated a map of targeted electoral districts that put Ms. Giffords and 19 other Democrats under stylized crosshairs. Conservatives and right-wing media were quick on Wednesday to demand forceful condemnation of hate speech and crimes by anti-Trump liberals. They’re right. Though there’s no sign of incitement as direct as in the Giffords attack, liberals should of course hold themselves to the same standard of decency that they ask of the right »
« Est-ce que cette attaque démontre à quel point la politique américaine est devenue vicieuse? Probablement. En 2011, lorsque Jared Lee Loughner avait ouvert le feu sur un parking, blessant grièvement la députée Gabby Giffords et tuant six personnes, y compris une fillette de 9 ans, le lien avec une incitation politique était clair. Avant la fusillade, le comité d’action politique de Sarah Palin avait fait circuler une carte de districts électoraux pris pour cible qui plaçait Mme Giffords et 19 autres Démocrates sous des cibles stylisées. Les médias conservateurs et de droite ont rapidement exigé mercredi une condamnation forte des discours de haine et des crimes par les libéraux anti-Trump. Ils ont raison. Bien qu’il n’y ait pas de signe d’incitation aussi direct que dans l’attaque ayant touché Giffords, les libéraux doivent bien sûr observer les mêmes standards de décence que ceux qu’ils exigent de la part de la droite »
La publication de l’article avait immédiatement suscité l’indignation de plusieurs personnalités conservatrices sur les réseaux sociaux. En effet, contrairement à ce qu’affirme l’auteur, la carte du comité d’action politique de Sarah Palin ne représentait pas les visages de Giffords et d’autres élus démocrates sous des cibles. On y voyait seulement des cibles disposées sur la carte des Etats-Unis. Les noms des députés représentant les districts concernés, dont celui de Giffords, étaient toutefois repris sous la carte.
D’autre part, il a été démontré que Jared Lee Loughner était un homme très instable mentalement et obsédé par Gabrielle Giffords depuis 2007, soit bien avant la publication de la carte de Sarah Palin. Rien n’a permis de démontrer qu’il ait vu cette carte ou qu’il ait été inspiré par Palin. Ses amis déclarent même qu’il était plutôt de gauche. Le New York Times avait lui même publié des articles pour expliquer que la théorie de la motivation politique pour expliquer son geste ne tenait pas la route.
Deux jours après la publication de son éditorial, le New York Times y a apporté la correction suivante:
« Un éditorial publié jeudi au sujet de la fusillade ayant touché le député Steve Scalise affirmait de manière erronée qu’un lien existait entre la rhétorique politique et la fusillade ayant touché la députée Gabby Giffords en 2011. En réalité, aucun lien de ce type n’a pu être établi. L’éditorial décrivait également de manière erronée une carte distribuée par un comité d’action politique avant la fusillade. Elle représentait des districts électoraux, et non des députés démocrates, sous des cibles stylisées »
Notez que le nom de Sarah Palin n’est pas mentionné dans cette correction et que le New York Times ne lui présente pas ses excuses.
Cette semaine, Sarah Palin a porté plainte pour diffamation. Peut-elle gagner ce procès contre le New York Times? Ce ne sera pas facile. En raison de l’importance accordée au respect de la liberté d’expression (premier amendement de la Constitution), il est très difficile pour un individu de gagner un procès pour diffamation contre la presse aux Etats-Unis. Beaucoup plus difficile qu’en Europe. Il ne suffit en effet pas de prouver qu’un journal ait publié une fausse information. Il faut prouver que le journal, au-delà d’une simple erreur, a agi en sachant que l’information qu’il a publiée était fausse et l’a publiée en toute connaissance de cause. Sarah Palin et ses avocats affirment que c’est ici le cas puisque le New York Times avait publié plusieurs articles par le passé pour expliquer que Jared Lee Loughner n’avait pas agi pour des raisons politiques. Affaire à suivre…
L’IDÉE DE LA SEMAINE
Les élus du Congrès devraient-ils avoir droit à une indemnité de logement de 2,500$ par mois? C’est l’idée lancée par Jason Chaffetz, qui vient de quitter son poste de député de l’Utah. Il a expliqué lors d’une interview qu’il dormait dans son bureau au Capitole lorsqu’il se trouvait à Washington, pour éviter d’avoir à payer un loyer supplémentaire. Et il n’est pas le seul dans ce cas. Plusieurs députés et sénateurs font le choix de dormir sur des lits pliants ou des matelas pneumatiques dans leur bureau lorsqu’ils sont à Washington ! Alors que penser de la proposition de Chaffetz?
Les arguments pour. Les loyers à Washington sont très élevés. La capitale américaine est la cinquième ville la plus chère du pays en matière de logement. Or, tous les membres du Congrès ne sont pas richissimes. Jason Chaffetz affirme ainsi qu’il a dormi dans son bureau pendant toute la durée de son mandat parce qu’il n’avait pas les moyens de payer un loyer supplémentaire en plus du prêt immobilier pour son logement en Utah et des études universitaires de ses enfants. De plus, garantir une indemnité de logement pourrait être un moyen d’inciter des personnes plus jeunes et moins favorisées à se présenter aux élections.
Les arguments contre. Les membres du Congrès sont bien payés. Ils reçoivent un salaire annuel de 174,000$. Ont-ils vraiment besoin d’une indemnité logement supplémentaire? D’autre part, ceux qui choisissent de dormir dans leur bureau pour faire des économies ne continueraient-ils pas à le faire et n’utiliseraient-ils pas leur indemnité logement à d’autres fins?
Jason Chaffetz semblait en tout cas heureux de se débarrasser de son lit de camp.
L’avenir de Chaffetz. Le désormais ex-député a été engagé comme consultant politique par la chaîne Fox News.
LES SALAIRES DE LA SEMAINE
La Maison Blanche a publié la liste des salaires de tous ses employés. C’est une obligation légale. Pour ceux que cela intéresse, la liste complète est accessible ici.
Le salaire le plus élevé au sein de la Maison Blanche est de 179,700$ par an. Vingt-deux employés touchent ce salaire maximal, dont Reince Priebus, Steve Bannon, Kellyanne Conway et Sean Spicer. Sarah Huckabee Sanders, l’adjointe de Spicer, est un peu moins bien payée (165,000$). Ivanka Trump et Jared Kushner ne sont pas rémunérés.
LA NOMINATION DE LA SEMAINE
Donald Trump a choisi Kay Bailey Hutchison (ex-sénatrice du Texas) comme nouvelle ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’OTAN. Un poste important. Sa nomination doit encore être confirmée par le Sénat, mais cela ne devrait être qu’une formalité.
LES COURBES DE LA SEMAINE
La société américaine évolue très rapidement sur la question du droit des homosexuels à se marier. Il y a 10 ans, plus de la moitié des américains étaient opposés à la légalisation du mariage entre personnes de même sexe. Aujourd’hui, deux ans après que le mariage homosexuel ait été légalisé dans tout le pays suite à une décision de la Cour Suprême, le soutien au mariage homosexuel n’a jamais été aussi fort. 62% des américains s’y déclarent favorables.
Et pour la première fois, autant de Républicains se disent favorables au mariage homosexuel qu’opposés à celui-ci (47% et 48% respectivement). De leur côté, 76% des Démocrates se disent aujourd’hui favorables au mariage homosexuel.
Notons enfin que les jeunes américains (moins de 35 ans) sont les plus favorables au mariage homosexuel. Même les jeunes Républicains y sont majoritairement favorables (60%).
LA PHOTO DE LA SEMAINE
Joe Biden de retour à la piscine où il a travaillé comme maître nageur lorsqu’il avait 19 ans. Cette piscine située à Wilmington, dans le Delaware, a été renommée Joseph R. Biden Sr. Aquatic Center en hommage à l’ancien vice-président. Une petite cérémonie a été organisée. Mais le plus intéressant est l’histoire qui se cache derrière le travail de Joe Biden dans cette piscine en 1962. À l’époque, il était le seul blanc à y travailler et à la fréquenter. La piscine était située dans un quartier afro-américain. Contrairement aux états du Sud, le Delaware ne pratiquait pas la ségrégation raciale, mais les deux communautés ne se fréquentaient guère. Biden a raconté à plusieurs reprises comment ce job d’étudiant lui avait permis de comprendre un certain nombre de choses dont il n’avait même pas idée. Il explique qu’il était le premier blanc à qui certains des afro-américains fréquentant l’établissement adressaient la parole. Il a aussi raconté qu’un jour, l’un de ses collègues lui avait demandé s’il n’avait pas un bidon pouvant contenir cinq gallons d’essence à lui prêter parce qu’il devait aller rendre visite à sa grand-mère en Caroline du Nord. Biden avait répondu que non et lui avait demandé pourquoi il avait besoin d’une réserve d’essence pareille alors qu’il y a énormément de stations service sur la route. Son collègue lui avait alors expliqué que beaucoup de stations service refusaient de servir les clients noirs.
INSOLITE – LE SOSIE DE LA SEMAINE
Ted Cruz a publié cette photo sur son compte Twitter. Il a eu l’opportunité de rencontrer Tom Ricketts, le propriétaire de l’équipe de baseball des Chicago Cubs, qui lui ressemble vraiment énormément.
BONUS – L’ARTICLE DE LA SEMAINE
Depuis des années, une partie du mouvement conservateur américain a basculé dans l’utilisation de fake news et la publication d’articles mensongers parfois proches de la propagande. Il suffit de songer à Breitbart News, le site web d’ « information » de la droite alternative dirigé par Steve Bannon et qui a fait ouvertement campagne pour Donald Trump l’année dernière. Mais si le phénomène est bien connu à droite, il semble que la gauche américaine y soit elle aussi de plus en plus confrontée. Depuis l’élection de Donald Trump, de nouveaux sites web libéraux ont fait leur apparition et n’hésitent pas à publier eux aussi des informations non vérifiées, voire mensongères, au sujet du président ou des Républicains. L’un de ces sites déclare même clairement avoir l’ambition de devenir le « Breitbart de gauche ». Plus grave encore, certains élus démocrates sont déjà tombés dans le panneau, relayant des informations suspectes émanant de ces sites et diffusées ensuite sur les réseaux sociaux. Nous vous avions parlé il y a quelques semaines d’Hillary Clinton qui avait affirmé lors d’une conférence que le compte Twitter de Donald Trump avait bizarrement vu son nombre d’abonnés s’accroître de plusieurs millions de personnes. Il s’agissait en réalité d’une fausse information. Dans un article publié par The Atlantic et qui examine le phénomène, on apprend également que deux anciens conseillers importants de Barack Obama à la Maison Blanche ont récemment diffusé sur Twitter une fausse information publiée par l’un de ces sites ! Information selon laquelle le FBI avait découvert que la Russie faisait chanter le député républicain Jason Chaffetz, ce qui expliquait l’annonce de sa démission. Nous vous recommandons la lecture de cet article.