LE RÉCAP’ DE L’ÉTÉ 2017

Vous avez totalement décroché de l’actualité politique américaine cet été? C’est le moment de vous mettre à jour en lisant notre récap’ ! 

AVANT-PROPOS

Le but de ce récap’ est de vous résumer l’essentiel de l’actualité des mois de juillet et août 2017. Et le moins que l’on puisse dire est qu’il y a énormément de choses à raconter ! Nous avons essayé d’être le plus concis possible. Nous n’avons conservé que les informations qui nous ont parues les plus importantes et/ou dignes d’un véritable intérêt. Mais même après avoir fait le tri, le résultat reste très dense. Cet article est long, peut-être même un peu trop long. N’hésitez pas à le lire en plusieurs fois 😉

LE DOSSIER DE L’ÉTÉ N°1 : LA CORÉE DU NORD

Même si vous avez tenté de vous déconnecter un peu de l’actualité politique cet été, vous savez certainement que nous avons frôlé l’holocauste nucléaire à plusieurs reprises. Ou presque. Les tensions entre les Etats-Unis et la Corée du Nord sont en effet à leur paroxysme et inquiètent la communauté internationale. Retour sur les différents chapitres du dossier le plus préoccupant de l’été.

Lundi 3 juillet. La Corée du Nord procède au lancement d’un missile balistique intercontinental (ndlr: par définition, un missile balistique intercontinental est un missile balistique d’une portée de plus de 5,600 kilomètres). La Corée du Nord avait déjà procédé à de nombreux tirs de missiles ces dernières années, mais de moins longue portée. Le missile balistique intercontinental du 3 juillet a atterri dans la mer du Japon, à environ 900 kilomètres des côtes coréennes. Avant cela, il est monté jusqu’à 2800 kilomètres d’altitude. À titre de comparaison, la Station Spatiale Internationale (ISS) se situe à 350 kilomètres de la Terre. D’après les experts, si le missile avait été lancé selon un axe différent (plus horizontal, moins vertical), il aurait pu parcourir jusqu’à 7,000 kilomètres et atteindre l’Alaska ! Une perspective très inquiétante pour les Américains, d’autant plus qu’un missile balistique intercontinental peut potentiellement transporter une bombe nucléaire.

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La Une d’un quotidien de l’Alaska au lendemain du tir de missile nord-coréen. « La Corée du Nord teste un missile qui pourrait toucher l’Alaska »

Le régime nord-coréen se vante rapidement de disposer désormais de missiles capables d’atteindre le territoire américain et qualifie le tir du 3 juillet de « cadeau » aux « salauds d’Américains » à la veille de leur Fête Nationale.

Notons aussi que la Corée du Nord a récemment mis en circulation deux nouveaux timbres mettant en avant sa volonté de détruire les Etats-Unis.

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Mercredi 5 juillet. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies se réunit en urgence. Nikki Haley, l’ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’ONU, rappelle qu’une intervention militaire américaine n’est pas à exclure, même si son pays espère ne pas avoir à en arriver là.

Vendredi 28 juillet. La Corée du Nord procède à un nouveau tir de missile balistique intercontinental.

Samedi 5 août. Après un mois d’âpres négociations, le Conseil de Sécurité de l’ONU vote à l’unanimité en faveur d’une résolution mettant en place de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord. Ce vote est significatif puisque même la Chine a voté en faveur de la mise en place des nouvelles sanctions. La résolution réaffirme l’obligation de la Corée du Nord de cesser de procéder à des tirs de missiles et d’abandonner son programme nucléaire. Les nouvelles sanctions visent avant tout les exportations nord-coréennes. Un embargo complet est ainsi instauré sur le charbon, le fer, le minerai de fer, le plomb et les fruits de mer nord-coréens. Plus aucun pays n’a le droit d’acheter ces produits. La mesure devrait faire perdre plus d’un milliard de dollars par an à la Corée du Nord.

Lundi 7 août. Au sommet de l’ASEAN, le ministre nord-coréen des affaires étrangères déclare que les Etats-Unis sont responsables de la situation tendue dans la péninsule coréenne et qu’il est légitime pour son pays de vouloir posséder des missiles balistiques intercontinentaux et des armes nucléaires pour se protéger de la menace américaine. Autrement dit, la Corée du Nord n’a aucune intention de renoncer à son programme nucléaire, malgré la mise en place de nouvelles sanctions internationales à son encontre.

Mardi 8 août. Le Washington Post publie un article révélant que, d’après les services de renseignement américains, Pyongyang aurait réussi à créer une ogive nucléaire miniature qui pourrait être rattachée à ses missiles balistiques intercontinentaux. Les progrès technologiques réalisés par la Corée du Nord seraient donc bien plus rapides que prévu. L’article précise également que le pays posséderait déjà entre 30 et 60 armes nucléaires.

La publication de l’article du Washington Post fait l’effet d’une bombe aux Etats-Unis. À tel point que Donald Trump se sent obligé de s’exprimer depuis Bedminster, New Jersey, où il passe ses vacances. Le président américain déclare:

North Korea best not make any more threats to the United States. They will be met with the fire and the fury like the world has never seen. (La Corée du Nord ferait mieux de ne plus proférer de menaces à l’encontre des Etats-Unis. Ils se heurteront à un feu et à une colère d’une ampleur que le monde n’a jamais vue)

La réponse nord-coréenne ne tarde pas. Pyongyang menace rapidement d’attaquer l’île de Guam ! Cette île située dans l’Océan Pacifique est un territoire américain depuis plus de cent ans. Ses habitants (environ 160,000) ont la nationalité américaine. L’île abrite deux bases militaires américaines.

Mercredi 9 août. Le Secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, en déplacement en Asie, s’adresse à la presse à bord de son avion. Il prend un ton rassurant et affirme que les Américains peuvent « dormir sereinement ».

Le même jour, le Secrétaire à la Défense James Mattis met en garde la Corée du Nord. Il conseille au régime nord-coréen de « cesser d’envisager des actions qui mèneraient à la fin de son régime et à la destruction de son peuple ».

Vendredi 11 août. La Corée du Nord menace toujours très sérieusement d’attaquer Guam. Le plus grand quotidien de l’île affiche en Une le titre 14 Minutes. C’est le temps qui s’écoulerait entre le lancement d’un missile par la Corée du Nord et son arrivée sur l’île.

11Le ministère de l’Intérieur de Guam fait également parvenir aux habitants des consignes à suivre en cas d’attaque nord-coréenne.

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De son côté, Donald Trump publie un tweet qui est loin de faire retomber la tension.

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Traduction: Les solutions militaires sont à présent en place, prêtes à l’emploi, au cas où la Corée du Nord agirait imprudemment. J’espère que Kim Jong Un trouvera une autre voie!

Lundi 14 août. Un texte rédigé par James Mattis et Rex Tillerson est publié par le Wall Street Journal. Il est également mis en ligne sur le site web du Département d’Etat. Le Secrétaire d’Etat et le Secrétaire à la Défense assurent que l’unique objectif des Etats-Unis et de la communauté internationale est la dénucléarisation de la Corée du Nord, et pas un éventuel changement de régime.

The object of our peaceful pressure campaign is the denuclearization of the Korean Peninsula. The U.S. has no interest in regime change or accelerated reunification of Korea. (L’objectif de notre campagne de pression pacifique est la dénucléarisation de la péninsule coréenne. Les Etats-Unis ne sont pas intéressés par un changement de régime ou une réunification accélérée de la Corée)

Mardi 15 août. La Corée du Nord annonce qu’elle renonce pour le moment à frapper Guam et qu’elle va plutôt « observer un peu plus longtemps la conduite stupide des Yankees ». La tension retombe quelque peu.

Mardi 29 août. La Corée du Nord procède à un nouveau tir de missile. Un tir particulièrement provocateur puisque le missile nord-coréen survole le nord du Japon. Les habitants de l’île d’Hokkaido reçoivent même une alerte du gouvernement par sms pour les informer de l’arrivée d’un missile et leur demander de se réfugier dans un endroit sûr, de préférence en sous-sol. Le missile survolera l’île avant de s’écraser en mer. Pyongyang affirme que ce tir a été effectué en réponse aux manœuvres militaires effectuées par les Etats-Unis et la Corée du Sud quelques jours auparavant. Il s’agissait d’exercices militaires communs annuels.

Donald Trump réagit à la dernière provocation nord-coréenne en affirmant que le régime de Pyongyang prouve une nouvelle fois son mépris envers ses voisins et la communauté internationale. Il déclare que « toutes les options sont sur la table ».

Jeudi 31 août. Démonstration de force. Deux jours après qu’un missile nord-coréen ait survolé le Japon, des avions américains et sud-coréens survolent la péninsule coréenne et procèdent à de nouveaux exercices militaires.

Dimanche 3 septembre. En Corée du Nord, une explosion provoque un tremblement de terre de magnitude 6,3 sur l’échelle de Richter. Le régime de Pyongyang confirme rapidement qu’il vient de procéder à un essai nucléaire, le sixième de son histoire. Le régime affirme également que la bombe nucléaire qui a explosé était une bombe H et non une bombe A comme lors de ses précédents essais nucléaires. La principale différence entre les deux bombes est qu’elles ne reposent pas sur le même procédé technologique. La bombe A utilise uniquement la technique de fission nucléaire alors que la bombe H utilise la fusion nucléaire. Ce qu’il faut retenir est que la bombe H est bien plus puissante que la bombe A.

Il est difficile pour les experts internationaux de confirmer avec certitude que la bombe que la Corée du Nord a faite exploser était bien une bombe H. Mais il est en revanche certain, vu la puissance de l’explosion et du tremblement de terre qu’elle a provoqué, qu’il s’agissait de l’arme nucléaire la plus puissante jamais testée par Pyongyang. Selon un groupe d’experts norvégiens spécialisé dans la mesure des tests nucléaires, l’engin ayant explosé aurait une puissance de 120 kilotonnes. Le gouvernement sud-coréen parle lui « seulement » de 50 kilotonnes. À titre de comparaison, la bombe atomique ayant explosé à Hiroshima en 1945 avait une puissance de 15 kilotonnes et avait tué 80,000 personnes.

Le sixième essai nucléaire nord-coréen est donc particulièrement préoccupant et est rapidement condamné par la communauté internationale, y compris par la Chine. Donald Trump réagit sur Twitter, qualifiant la conduite de la Corée du Nord de « très hostile et dangereuse pour les Etats-Unis ». Il déclare également que la volonté d’apaisement et de dialogue affichée par la Corée du Sud ne fonctionne pas.

Mais la prise de parole la plus remarquée est celle du Secrétaire américain à la Défense, James Mattis. Après une réunion à la Maison Blanche, il lit un bref communiqué devant un groupe de journalistes. Extraits:

We have many military options. The president wanted to be briefed on each one of them. We made clear that we have the ability to defend ourselves and our allies, South Korea and Japan, from any attack. (Nous avons de nombreuses options militaires. Le président voulait être informé sur chacune d’entre elles. Nous lui avons dit clairement que nous avions la capacité de nous défendre ainsi que nos alliés, la Corée du Sud et le Japon, contre toute attaque)

Any threat to the United States or its territories, including Guam, or our allies, will be met with a massive military response. (Toute menace contre les Etats-Unis ou ses territoires, y compris Guam, sera suivie d’une réponse militaire massive)

We are not looking to the total annihilation of a country, namely North Korea. But as I said, we have many options to do so. (Nous ne souhaitons pas l’annihilation totale d’un pays, à savoir la Corée du Nord. Mais comme je l’ai dit, nous avons beaucoup d’options pour y parvenir)

Lundi 4 septembre. Au lendemain de l’essai nucléaire nord-coréen, le Conseil de Sécurité de l’ONU se réunit en urgence. Nikki Haley déclare que la patience des Etats-Unis n’est pas sans limites et que son pays n’hésitera pas à se défendre et/ou à défendre ses alliés sud-coréens et japonais. La Corée du Nord semble « supplier qu’on lui fasse la guerre », ajoute-t-elle.

L’option militaire est-elle vraiment envisageable en Corée du Nord?

Nous l’avons vu, le gouvernement américain ne semble pas exclure une intervention militaire en Corée du Nord. Les Etats-Unis en ont évidemment les moyens. Mais les conséquences d’une telle intervention (même limitée, telle que des frappes ciblées contre les sites abritant les facilités nucléaires nord-coréennes) sont potentiellement catastrophiques. Ce qui explique d’ailleurs sans doute que les Etats-Unis n’aient jamais osé agir militairement jusqu’ici. Il faut garder à l’esprit qu’en cas de frappe américaine, Pyongyang pourrait immédiatement répliquer en frappant Guam ou son voisin sud-coréen, allié des Etats-Unis. Or, presque la moitié de la population sud-coréenne vit à moins de 80 kilomètres de la frontière avec la Corée du Nord. Cela inclut les 10 millions d’habitants de Séoul, la capitale sud-coréenne. Le risque de déclencher une guerre avec la Chine, alliée de la Corée du Nord, doit aussi être considéré. Les partisans d’une intervention rétorqueront que si les Etats-Unis n’agissent pas, la Corée du Nord poursuivra ses avancées technologiques et sera bientôt en mesure de frapper l’ensemble du territoire américain avec l’arme nucléaire.

Et la Chine dans tout ça?

Les Etats-Unis critiquent souvent la Chine pour son soutien à la Corée du Nord. Pyongyang réalise 90% de ses échanges commerciaux avec son voisin chinois. Même si la Chine a condamné les dernières actions nord-coréennes et a voté en faveur de la mise en place de nouvelles sanctions à l’ONU, elle ne semble pas décidée à lâcher complètement Kim Jong Un. Pourquoi?

1. Pékin craint de devoir faire face à un afflux massif de millions de réfugiés nord-coréens en cas de chute du régime à Pyongyang.

2.  La Chine craint que la chute du régime nord-coréen ne débouche sur la réunification de la Corée. Or, une Corée réunifiée et démocratique signifie que les Etats-Unis pourraient stationner leurs troupes à la frontière chinoise.

LE DOSSIER DE L’ÉTÉ N°2 : LE RUSSIA GATE, NOUVELLES RÉVÉLATIONS

Le feuilleton russe a continué de battre son plein cet été. Nouvelle révélation capitale: durant la campagne électorale, Donald Trump Jr. a accepté de rencontrer une avocate russe proche du Kremlin qui lui promettait des informations compromettantes au sujet d’Hillary Clinton. C’est le New York Times qui a révélé l’affaire. Les faits ont ensuite été confirmés par Donald Trump Jr.

Que sait-on exactement de cette rencontre?

Donald Trump Jr. a d’abord été contacté via e-mail par Rob Goldstone, un ami de la famille Trump qui s’est longtemps occupé de l’organisation du concours Miss Univers. Goldstone a expliqué au fils aîné de Donald Trump qu’Emin Agalarov lui avait suggéré de le contacter afin d’organiser une rencontre avec une personne détenant des informations compromettantes au sujet d’Hillary Clinton. (Emin Agalarov est une popstar en Russie et le fils d’Aras Agalarov, agent immobilier à Moscou et milliardaire. Les Agalarov et les Trump se connaissent depuis que le concours Miss Univers a été organisé à Moscou en 2013 dans l’une des propriétés des Agalarov).

Donald Trump Jr. a accepté la requête avec enthousiasme et a demandé à son beau-frère Jared Kushner et à Paul Manafort (à l’époque directeur de campagne de Donald Trump) de l’accompagner. La rencontre a eu lieu le 9 juin 2016 à la Trump Tower. Voici la liste des personnes qui y ont participé.

  • Donald Trump Jr.
  • Jared Kushner
  • Paul Manafort
  • Rob Goldstone
  • Natalia Veselnitskaya, l’avocate russe censée détenir les fameuses informations promises à Donald Trump Jr.
  • Ike Kaveladze, un agent immobilier venu représenter la famille Agalarov
  • Rinat Akhmetshin, un lobbyiste russo-américain suspecté par le FBI d’avoir des liens avec les services de renseignement russes

Les explications de Donald Trump Jr.

Suite aux révélations du New York Times, Donald Trump Jr. a publié les e-mails qu’il avait échangés avec Goldstone. En les lisant, on constate clairement qu’il a accepté de rencontrer Veselnitskaya parce qu’il espérait obtenir des informations compromettantes sur Hillary Clinton. De plus, Goldstone lui dit clairement que les informations promises font partie du « soutien de la Russie » à son père.

This is obviously very high level and sensitive information but is part of Russia and its government’s support for Mr. Trump. (Ce sont évidemment des informations de très haut niveau et très sensibles mais cela fait partie du soutien de la Russie et de son gouvernement à Mr. Trump)

Pour lire l’entièreté de la conversation entre Donald Trump Jr. et Rob Goldstone, cliquez ici.

Donald Trump Jr. a aussi expliqué dans un communiqué qu’il avait été trompé et n’avait pas reçu les informations promises. D’après lui, Veselnitskaya a utilisé leur rencontre pour faire du lobbying contre le Magnitsky Act, une loi adoptée en 2012 par le Congrès américain. Cette loi permet aux Etats-Unis de sanctionner des citoyens russes soupçonnés d’avoir violé les droits de l’homme en gelant leurs avoirs et en leur interdisant de voyager aux Etats-Unis. Lorsque la loi avait été adoptée, Vladimir Poutine avait répliqué en interdisant l’adoption d’enfants russes par des citoyens américains.

After pleasantries were exchanged, the woman stated that she had information that individuals connected to Russia were funding the Democratic National Committee and supporting Ms. Clinton. Her statements were vague, ambiguous and made no sense. (Après que des civilités aient été échangées, la femme a affirmé qu’elle détenait des informations sur des individus liés à la Russie qui finançaient le Parti Démocrate et soutenaient Mme Clinton. Ses propos étaient vagues, ambigus et n’avaient pas de sens)

It became clear to me that this was the true agenda all along and that the claims of potentially helpful information were a pretext for the meeting. (Il est devenu clair pour moi que c’était sa véritable intention depuis le début [ndlr: parler du Magnitsky Act] et que les informations potentiellement utiles n’avaient été qu’un prétexte pour organiser la rencontre)

Donald Trump Jr. affirme également que son père n’a jamais rien su de cette rencontre à la Trump Tower.

Les explications de Jared Kushner

Le 24 juillet, Jared Kushner s’est exprimé à son tour. Il a donné sa version des faits dans un texte de 11 pages. Ce document a été rendu public et transmis au Congrès. Kushner y qualifie la rencontre avec Veselnitskaya à la Trump Tower de « perte de temps ». Il explique qu’il s’y est rendu à la demande de Donald Trump Jr. sans savoir exactement quel était l’objet de la réunion. Il déclare aussi qu’il n’est pas resté longtemps, voyant que la discussion n’avait aucun intérêt. Il déclare même avoir envoyé un e-mail à un assistant pour lui demander de l’appeler sur son téléphone afin qu’il puisse s’éclipser discrètement.

I actually emailed an assistant from the meeting after I had been there for ten or so minutes and wrote « Can u pls call me on my cell? Need excuse to get out of meeting ». I had not met the attorney before the meeting nor spoken with her since. (J’ai envoyé un e-mail à un assistant depuis la salle de réunion au bout d’une dizaine de minutes et je lui ai écrit « Peux-tu m’appeler sur mon portable? J’ai besoin d’une excuse pour quitter une réunion ». Je n’avais jamais rencontré l’avocate avant cette réunion et je ne lui ai plus parlé depuis)

Pour lire les explications de Jared Kushner (document transmis au Congrès), cliquez ici.

Autres révélations liées à l’enquête sur la Russie

∗ Des agents du FBI ont perquisitionné le domicile de Paul Manafort, ex-directeur de campagne de Donald Trump. Ils se sont emparés de nombreux documents. Cet événement semble démontrer que l’enquête menée par le procureur indépendant Robert Mueller progresse. Certains observateurs pensent désormais que Mueller enquête sur des crimes financiers plus anciens commis par Manafort afin de faire pression sur lui. Le FBI pourrait ainsi demander à Manafort de collaborer dans le cadre de l’enquête sur la Russie (c’est-à-dire de faire des révélations sur les membres de l’équipe de campagne de Donald Trump) en échange de l’abandon d’autres poursuites. Mais ce n’est qu’une hypothèse.

∗ Alors que Donald Trump était déjà candidat à l’élection présidentielle, la Trump Organization négociait pour construire une Trump Tower à Moscou. Le projet n’a été abandonné qu’en janvier 2016. Donald Trump était candidat à la présidence depuis juin 2015.

∗ La presse américaine a révélé que Michael Cohen, l’un des avocats et plus proches collaborateurs de Donald Trump, avait contacté Dmitry Peskov par e-mail en janvier 2016. Peskov n’est autre que le très fidèle porte-parole de Vladimir Poutine. Cohen demandait de l’aide à Peskov pour faire avancer les négociations au sujet de la construction d’une Trump Tower à Moscou. Ces négociations étaient en effet sur le point d’échouer. Cohen a affirmé devant un comité du Congrès qu’il n’avait jamais reçu de réponse de la part de Peskov. Peu après, le projet de Trump Tower à Moscou était définitivement abandonné. Il n’empêche que Cohen a bien tenté d’obtenir de l’aide de la part du Kremlin pour faire avancer un projet immobilier qui aurait profité à Donald Trump. Et tout cela alors que celui-ci était déjà candidat à la présidence des Etats-Unis. NB: Michael Cohen n’avait toutefois aucun rôle officiel au sein de l’équipe de campagne de Donald Trump. Il s’occupait des affaires de la Trump Organization dont il était alors le vice-président.

LE DOSSIER DE L’ÉTÉ N°3 : LA CRISE DIPLOMATIQUE ENTRE LES ETATS-UNIS ET LA RUSSIE

Les relations entre les Etats-Unis et la Russie sont actuellement loin d’être au beau fixe. Le Congrès américain a voté cet été en faveur de nouvelles sanctions contre la Russie. La loi mettant en place ces nouvelles sanctions (ainsi que de nouvelles sanctions contre l’Iran et la Corée du Nord) a été adoptée très largement à la Chambre des Représentants (419-3) et au Sénat (98-2). Or, le texte prévoit également que la Maison Blanche ne puisse plus mettre fin aux sanctions sans demander l’avis du Congrès ! Un affront direct à Donald Trump. Tout le monde se demandait donc si le Président allait signer cette loi restreignant sa propre marche de manœuvre ou s’il allait y opposer son veto. Il a choisi de la signer tout en la critiquant. « En limitant la flexibilité de l’exécutif, cette loi rend plus difficile pour les Etats-Unis de négocier de bons accords dans l’intérêt du peuple américain », a-t-il déclaré. Il a aussi publié ce tweet.

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Traduction: Notre relation avec la Russie est à un bas niveau record et très dangereux. Vous pouvez remercier le Congrès, les mêmes personnes qui ne sont même pas capables de nous donner des soins de santé!

Réponse cinglante de John McCain:

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Traduction: Notre relation avec la Russie est à un bas niveau dangereux. Vous pouvez remercier Poutine d’avoir attaqué notre démocratie, envahi ses voisins et menacé nos alliés.

La Russie n’a pas tardé à réagir à l’adoption de nouvelles sanctions par le Congrès américain. En guise de représailles, Vladimir Poutine a ordonné aux Etats-Unis de réduire la taille de leur mission diplomatique sur le territoire russe. Les Etats-Unis devaient licencier 755 de leurs employés d’ici au 1er septembre (sur un total d’environ 1,200). Donald Trump a ensuite à son tour ordonné la fermeture de trois locaux utilisés par les diplomates russes aux Etats-Unis, dont le consulat russe de San Francisco.

LE DOSSIER DE L’ÉTÉ N°4 : L’AFGHANISTAN

Le 21 août dernier, le président Trump a prononcé un discours important consacré à la stratégie américaine en Afghanistan.

Rappel: La guerre en Afghanistan dure depuis 16 ans. Jamais un conflit impliquant les troupes américaines n’a duré aussi longtemps. Environ 8,400 soldats américains sont actuellement déployés en Afghanistan. La majorité d’entre eux (environ 6,900) participent aux missions de l’OTAN aux côtés de 6,000 autres soldats originaires d’autres pays membres de l’organisation. Leur mission principale est l’entraînement des troupes afghanes. Le reste des troupes américaines participe à des missions de combat contre les talibans et diverses organisations terroristes présentes dans le pays.

Dans son discours, le président Trump a répété, comme il l’avait souvent fait au cours de sa campagne électorale, que les Etats-Unis ont dépensé trop d’énergie et d’argent dans des conflits à l’étranger, sans obtenir de résultats concluants. « Je partage la frustration du peuple américain », a-t-il déclaré. Concernant l’Afghanistan, il a expliqué que son instinct lui dictait de retirer les troupes américaines du pays mais qu’il en avait néanmoins décidé autrement. « Les décisions sont plus difficiles à prendre une fois que l’on est assis dans le Bureau Ovale », a-t-il dit.

Le président a donc choisi de suivre les recommandations de ses conseillers et des généraux de l’armée. À savoir non seulement ne pas retirer les troupes américaines d’Afghanistan mais envoyer des troupes supplémentaires à Kaboul ! Le président n’a toutefois pas précisé combien d’hommes seraient concernés. Il a déclaré avoir pris cette décision pour plusieurs raisons.

1. Les soldats américains morts en Afghanistan ces 16 dernières années ne doivent pas être morts pour rien.

2. Un retrait précipité des troupes risquerait d’avoir pour conséquence la création d’un vide dont des organisations terroristes comme Al-Qaeda ou l’Etat Islamique profiteraient pour prendre le pouvoir, comme ce fut le cas en Irak après le retrait des troupes américaines par Barack Obama. L’Afghanistan pourrait alors redevenir un pays servant de base arrière et de camp d’entraînement aux terroristes du monde entier, comme avant le 11 septembre 2001. Ce qui serait inacceptable.

We cannot repeat in Afghanistan the mistake our leaders made in Iraq. (Nous ne pouvons pas répéter en Afghanistan l’erreur que nos leaders ont faite en Irak)

Donald Trump a toutefois précisé que l’objectif des Etats-Unis n’était pas de mettre en place un gouvernement afghan à son image, seulement de combattre les talibans et les autres groupes terroristes.

We are a partner and a friend, but we will not dictate to the Afghan people how to live, or how to govern their own complex society. We are not nation-building again. We are killing terrorists. (Nous sommes un partenaire et un ami, mais nous ne dicterons pas au peuple afghan comment vivre, ou comment gouverner sa propre société complexe. Nous ne faisons pas une nouvelle fois du nation building. Nous tuons des terroristes)

Donald Trump a aussi affiché un ton sévère envers le Pakistan, accusé d’offrir un havre de paix aux talibans et autres organisations terroristes. Le président américain a rappelé que la situation était d’autant plus préoccupante que le Pakistan possède l’arme nucléaire. Que se passerait-il si des groupes terroristes parvenaient à mettre la main sur une telle arme?

We have been paying Pakistan billions and billions of dollars at the same time they are housing the very terrorists that we are fighting. But that will have to change, and that will change immediately. No partnership can survive a country’s harboring of militants and terrorists who target U.S. servicemembers and officials. It is time for Pakistan to demonstrate its commitment to civilization, order, and to peace. (Nous avons donné des milliards et des milliards de dollars au Pakistan alors qu’ils hébergent les terroristes que nous combattons. Mais cela doit changer, et cela va changer immédiatement. Aucun partenariat ne peut survivre à l’accueil par un pays de militants et de terroristes qui visent les soldats et les officiels américains. Il est temps que le Pakistan prouve son engagement en faveur de la civilisation, de l’ordre, et de la paix)

⚠️ La décision de Donald Trump de rester impliqué en Afghanistan et même d’y envoyer des troupes supplémentaires n’est pas forcément bien perçue par sa base électorale la plus fidèle. Il faut dire que cette décision va à l’encontre de la position qu’il a toujours affichée durant sa campagne et même avant, à savoir qu’il vaudrait mieux retirer les troupes américaines d’Afghanistan. Ces quelques tweets en témoignent.

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Traduction: Pourquoi continuons-nous à entraîner ces Afghans qui ensuite tirent sur nos soldats dans leur dos? L’Afghanistan est un gâchis. Il est temps de rentrer à la maison!
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Traduction: Quittons l’Afghanistan. Nos troupes se font tuer par les Afghans que nous entraînons et nous gaspillons des milliards. Cela n’a aucun sens! Reconstruisons les Etats-Unis.
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Traduction: Je suis d’accord avec le Président Obama sur l’Afghanistan. Nous devrions nous retirer rapidement. Pourquoi devrions-nous continuer à gaspiller notre argent – reconstruisons les Etats-Unis!
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Traduction: Nous avons gaspillé une somme énorme de sang et d’argent en Afghanistan. Leur gouvernement n’a aucune reconnaissance. Sortons de là!

Quelques chiffres sur les troupes américaines déployées à l’étranger (Pew Research Center) 

Le nombre de soldats américains déployés à l’étranger s’élevait à 193,442 en 2016, soit 15% des effectifs de l’armée américaine (1,3 millions de personnes). Les cinq pays accueillant le plus grand nombre de soldats américains sont:

  1. Le Japon
  2. L’Allemagne
  3. La Corée du Sud
  4. L’Italie
  5. L’Afghanistan

70% des soldats américains déployés à l’étranger le sont en Europe et en Asie, 13% au Moyen-Orient.

LE DOSSIER DE L’ÉTÉ N°5 : LE VENEZUELA

Le Venezuela traverse une grave crise économique et politique. Le pays est quasiment ruiné, les gens ont faim et plus d’une centaine de personnes sont mortes dans des manifestations contre le gouvernement de Nicolas Maduro depuis le mois d’avril. Le président Maduro a récemment organisé un référendum qui a permis la mise en place d’une assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle Constitution. Mais cette assemblée, constituée uniquement de membres proches du pouvoir, s’est rapidement emparée des pouvoirs du parlement. La communauté internationale s’est montrée de plus en plus critique vis-à-vis du Venezuela, le qualifiant désormais de « dictature ».

C’est aussi la position des Etats-Unis. Le 11 août, Donald Trump a même déclaré lors d’une conférence de presse que l’option militaire contre le Venezuela n’était pas écartée. Une déclaration qui a permis à Maduro d’accuser les Etats-Unis de vouloir le renverser. Mike Pence, en tournée dans plusieurs pays d’Amérique Latine quelques jours plus tard (Colombie, Argentine, Chili et Panama) a tenté de rassurer tout le monde, affirmant que l’option militaire n’était pas du tout à l’ordre du jour. En Colombie, le vice-président américain a aussi rencontré des exilés vénézuéliens.

Si l’option militaire ne semble pas réellement à l’ordre du jour, le gouvernement américain a en revanche mis en place des sanctions contre le gouvernement vénézuélien. Ces sanctions interdisent à toutes les banques et autres institutions financières américaines d’accorder de nouveaux prêts au Venezuela. Il s’agit de sanctions financières visant à priver le gouvernement vénézuélien de revenus. Officiellement, l’état américain dit ne pas vouloir être complice de la « tyrannie ». Pour l’instant, un embargo sur le pétrole vénézuélien n’a cependant pas encore été décrété.

Plus récemment, Mike Pence s’est rendu à Doral, le quartier vénézuélien de Miami, en compagnie de Rick Scott (gouverneur de Floride), Marco Rubio (sénateur de Floride) et Mario Diaz-Balart (député de Floride). Les quatre hommes ont rencontré des vénézuéliens qui ont fui la dictature de Maduro. Pendant une heure, quinze personnes ont raconté leur histoire au vice-président américain. Une femme a raconté comment sa fille de 22 ans avait été tuée par les forces de sécurité lors d’une manifestation contre le gouvernement. Un homme a raconté les quatre mois qu’il a passés en prison en tant que prisonnier politique. Il a décrit des conditions de détention effroyables, des tortures et a déclaré que des femmes étaient régulièrement violées. Il y avait également dans l’assemblée deux juges en exil et trois maires qui ont fui leur pays après avoir été condamnés à des peines de prison pour avoir refusé d’interdire les manifestations contre le gouvernement dans leurs villes. L’un d’entre eux a adressé ces mots à Mike Pence:

We’d like to ask for your help. Please don’t let Venezuela turn into another Cuba. (Nous vous demandons de l’aide. S’il-vous-plaît, ne laissez pas le Venezuela se transformer en un autre Cuba)

Mike Pence, Marco Rubio et les autres se sont ensuite rendus dans une église où plusieurs centaines de personnes s’étaient rassemblées. Rubio, très actif sur le dossier vénézuélien et en contact régulier avec les opposants au régime de Maduro, a été le plus applaudi lorsqu’il a pris la parole. Mike Pence a prononcé un discours lors duquel il a promis que les Etats-Unis continueraient de faire pression sur le gouvernement vénézuélien tant que la démocratie ne serait pas rétablie dans le pays.

This is not the fate the Venezuelan people have chosen. No free people has ever chosen to walk the path from prosperity to poverty. (Ce n’est pas le destin que le peuple vénézuélien a choisi. Aucun peuple libre n’a jamais choisi la voie menant de la prospérité à la pauvreté)

Marco Rubio dans le rôle d’opposant n°1 au régime… et menacé de mort?

Le 31 juillet, un discours de Marco Rubio (en espagnol) a été diffusé sur une chaîne de télévision indépendante au Venezuela. Il est rare qu’un sénateur américain s’adresse ainsi directement aux citoyens d’un autre pays à la télévision. Dans son discours, Rubio exprime son soutien aux opposants au régime et plaide pour la libération des prisonniers politiques et l’organisation de nouvelles élections. Rubio qualifie aussi les dirigeants vénézuéliens de « corrompus ».

Le Miami Herald a révélé que Marco Rubio disposait désormais d’une protection policière. Elle lui aurait été accordée après que des menaces de mort jugées suffisamment crédibles aient été proférées à son encontre par Diosdado Cabello Rondon, l’homme qui dirige les forces de sécurité du Venezuela. D’après le Miami Herald, Rondon aurait mis en place une stratégie pour tenter d’assassiner Rubio, entrant notamment en contact avec de mystérieux « ressortissants mexicains ».

LE DOSSIER DE L’ÉTÉ N°6 : L’OBAMACARE RESTE EN PLACE !

Les Républicains ont échoué à abroger et remplacer l’Obamacare, alors qu’ils promettaient de le faire depuis sept ans.

Vous vous souvenez sans doute que le Sénat devait voter début juillet pour ou contre l’adoption du BCRA, la proposition de loi républicaine visant à réformer le système de santé. Mitch McConnell avait d’abord indiqué que le vote aurait lieu avant le congé du 4 juillet. Il avait finalement dû y renoncer, faute de majorité. Que s’est-il passé ensuite?

Après le congé du 4 juillet. Les discussions reprennent entre Républicains conservateurs et modérés pour tenter de trouver un compromis.

13 juillet. Une version remaniée du texte voit le jour. Elle contient plusieurs amendements apportés au texte original. Cette nouvelle version est toutefois toujours loin de faire l’unanimité au sein du camp républicain. (Rappel: Pour que la loi soit adoptée, il faut que moins de trois sénateurs républicains s’y opposent)

17 juillet. Les sénateurs Jerry Moran et Mike Lee annoncent leur opposition à la nouvelle version du texte. Ils avaient été précédés par Rand Paul et Susan Collins. Leur annonce fait passer l’opposition au sein du camp républicain à quatre votes. Impossible donc pour la loi d’être adoptée. Mitch McConnell est contraint de reconnaître son échec. Toutefois, pour tenter de sauver les meubles, il annonce vouloir organiser un autre vote visant uniquement à abroger l’Obamacare sans le remplacer immédiatement par une autre législation (repeal only) !

18 juillet. Trois sénatrices républicaines annoncent leur intention de s’opposer au repeal only: Susan Collins, Lisa Murkowski et Shelley Moore Capito.

19 juillet. Donald Trump hausse le ton et rappelle à ses troupes qu’il faut absolument parvenir à faire quelque chose concernant l’Obamacare. Un groupe de sénateurs républicains se réunit pour tenter une nouvelle fois de trouver un compromis.

25 juillet. Après plusieurs jours de discussion, un vote est finalement organisé. Il ne s’agit que d’un vote de procédure visant à autoriser l’ouverture d’un débat public sur l’Obamacare au Sénat. John McCain, auquel on vient de diagnostiquer un cancer quelques jours plus tôt (nous y reviendrons), fait son retour à Washington pour participer à ce vote. Après avoir reçu une standing ovation de la part de ses collègues en entrant dans l’hémicycle, il vote en faveur de l’ouverture du débat et prononce un discours appelant à davantage de collaboration bipartisane.

Stop listening to the bombastic loudmouths on the radio and television and the Internet. To hell with them ! They don’t want anything done for the public good. Our incapacity is their livelihood. Let’s trust each other. Let’s return to regular order. (Cessez d’écouter les grandes gueules grandiloquentes à la radio et à la télévision et sur Internet. Ras-le-bol ! Ils n’ont pas intérêt à ce que les choses avancent pour le bien public. Notre incapacité est leur gagne-pain. Faisons-nous confiance. Revenons aux procédures habituelles)

Contrairement à John McCain, Susan Collins et Lisa Murkowski votent contre l’ouverture du débat, qui ne passe donc que grâce au vote décisif du vice-président Mike Pence.

Le Sénat vote ensuite enfin pour ou contre l’adoption du BCRA. C’est un échec (43 voix pour, 57 voix contre). Le lendemain, le Sénat vote sur la proposition visant uniquement à abroger l’Obamacare sans le remplacer (repeal only). Nouvel échec (45-55). Sept Républicains ont voté contre ce repeal only: Shelley Moore Capito, Susan Collins, Dean Heller, John McCain, Rob Portman, Lamar Alexander et Lisa Murkowski.

Mitch McConnell décide alors d’organiser un vote de la dernière chance. Il s’agit de voter en faveur d’un skinny repeal permettant uniquement de mettre fin à certaines mesures de l’Obamacare, sans l’abroger complètement. La principale mesure visée est l’obligation pour chaque américain de souscrire à une assurance santé.

28 juillet. Le vote sur le skinny repeal a lieu. Et, à la surprise générale, c’est un nouvel échec pour les Républicains, en raison des votes négatifs de Susan Collins, Lisa Murkowski et John McCain. Le vote négatif de John McCain était inattendu et s’est avéré décisif, ce qui lui a valu la colère de nombreux conservateurs. Donald Trump déclare dans un tweet que « 3 Républicains et 48 Démocrates ont laissé tomber le peuple américain ». Dans un communiqué, John McCain justifie son vote en affirmant que le skinny repeal n’aurait pas permis d’améliorer le système de santé américain et que voter en sa faveur sans avoir une proposition sérieuse de remplacement de l’Obamacare n’avait pas de sens.

Et maintenant? Pour le moment, l’Obamacare reste en place. Incapables de se mettre d’accord sur une solution de remplacement, les Républicains ont échoué à tenir leur promesse électorale. On peut parler d’un échec collectif cuisant. Vont-ils encore tenter d’y remédier en travaillant sur un nouveau texte dans les prochains mois? Ou vont-ils laisser tomber et se concentrer sur d’autres sujets tels que la réforme du système fiscal? Affaire à suivre.

LE DOSSIER DE L’ÉTÉ N°7 : REMANIEMENTS EN SÉRIE À LA MAISON BLANCHE

Démissions, licenciements, remplacements… On peut dire que le climat s’est avéré plus que chaotique au sein de la Maison Blanche cet été. Résumé.

21 juillet. Donald Trump nomme Anthony Scaramucci au poste de directeur de la communication de la Maison Blanche. Ce poste était vacant depuis le mois de mai et la démission de Mike Dubke (ndlr: en attendant la nomination du successeur de Dubke, Sean Spicer assurait la fonction de directeur de la communication par intérim, en plus de sa fonction officielle de porte-parole de la Maison Blanche).

Scaramucci, surnommé The Mooch, est un homme d’affaires. Il est diplômé d’Harvard et a travaillé chez Goldman Sachs et Lehman Brothers avant de créer son propre fonds d’investissement en 2005. Il l’a récemment revendu pour la modique somme de 100 millions de dollars. Proche du Parti Républicain, il avait récolté des fonds pour Scott Walker et Jeb Bush durant les primaires de 2016. Il s’était ensuite rapproché de Donald Trump et le défendait régulièrement lors de ses apparitions sur Fox News. Le président Trump appréciait particulièrement ces interventions télévisées.

Ivanka Trump et Jared Kushner auraient encouragé Donald Trump à engager Scaramucci. Mais de nombreuses autres personnes au sein de la Maison Blanche étaient opposées à cette nomination, jugeant Scaramucci insuffisamment qualifié pour le poste. C’était notamment le cas de Reince Priebus, le chef de cabinet de Trump, et de Sean Spicer.

Immédiatement après l’annonce de la nomination de Scaramucci, à laquelle il était opposé, Sean Spicer annonce sa démission. Donald Trump lui aurait demandé de rester, en vain. Sans rancune.

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Traduction: Sean Spicer est une personne formidable qui a été maltraitée par les médias Fake News – mais son futur est radieux !

Scaramucci se présente ensuite face aux journalistes pour une conférence de presse et annonce que Sarah Huckabee Sanders sera la remplaçante de Spicer au poste de porte-parole de la Maison Blanche. Elle était jusque-là son adjointe. Notez qu’elle n’est que la troisième femme de l’histoire à être nommée au poste de porte-parole de la Maison Blanche.

Sean Spicer sera resté en poste pendant 182 jours, l’un des mandats les plus courts de l’histoire pour un porte-parole de la Maison Blanche. Les seuls porte-paroles restés en poste moins longtemps avaient pris leur fonction en fin de mandat du président ou ont dû y renoncer pour des raisons personnelles dramatiques, comme James Brady, touché par balle lors de la tentative d’assassinat de Ronald Reagan.

24 juillet. Anthony Scaramucci annonce que les caméras de télévision seront de nouveau autorisées à filmer durant toutes les conférences de presse de la Maison Blanche.

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Le nouveau directeur de la communication semble clairement vouloir apaiser les relations tendues entre la Maison Blanche et la presse. Il déclare en revanche la guerre aux « leakers », ces personnes qui travaillent à la Maison Blanche et qui font fuiter des informations confidentielles dans la presse. Scaramucci assure qu’il veut absolument les identifier et les licencier. Donald Trump lui a d’ailleurs donné l’autorisation de remanier l’équipe de la Maison Blanche s’il le juge nécessaire, alors que ce rôle revient habituellement au chef de cabinet (ici, Reince Priebus, qui s’était opposé à la nomination de Scaramucci). Vous suivez toujours?

26 juillet. Ryan Lizza, un journaliste du New Yorker, publie le compte-rendu d’un entretien téléphonique que lui a accordé Scaramucci. L’article fait l’effet d’une bombe. Scaramucci insulte en effet littéralement certains de ses collègues à la Maison Blanche. Il accuse Reince Priebus d’être responsable de nombreuses fuites dans la presse et le qualifie de « schizophrène paranoïaque ». Il critique également Steve Bannon, l’accusant d’être à la Maison Blanche uniquement pour se faire de la publicité et non pour servir le pays. Il déclare: « Je ne suis pas Steve Bannon, je n’essaye pas de sucer ma propre b*** » (Toutes nos excuses pour le langage).

28 juillet. Donald Trump annonce qu’il nomme John Kelly au poste de chef de cabinet de la Maison Blanche. Kelly quitte donc son poste de Ministre de la Sécurité Intérieure pour remplacer Reince Priebus. (NB: À l’heure où nous écrivons ces lignes, Donald Trump n’a toujours pas désigné le successeur de John Kelly au Département de la Sécurité Intérieure, un ministère pourtant très important)

Reince Priebus a-t-il démissionné comme Sean Spicer quelques jours auparavant ou a-t-il été licencié? Mystère. Priebus et Trump ne l’ont pas précisé et la presse a reçu des informations contradictoires à ce sujet. Certains proches de Priebus ont déclaré qu’il avait démissionné mais certains membres du personnel de la Maison Blanche affirment au contraire que Donald Trump l’a licencié.

Reince Priebus aura occupé le poste de chef de cabinet de la Maison Blanche durant 189 jours, soit le mandat le plus court de l’histoire à ce poste.

31 juillet. John Kelly débarque à la Maison Blanche pour son premier jour de travail. Et il annonce le départ d’Anthony Scaramucci, nommé 10 jours plus tôt à peine !!!

Dans les jours qui suivent, John Kelly, ancien militaire, semble clairement tenter de mettre de l’ordre au sein de la Maison Blanche. Désormais, toutes les personnes voulant s’adresser au président doivent passer par lui (jusqu’ici, tout le monde pouvait apparemment entrer dans le Bureau Ovale comme bon lui semblait pour s’adresser directement au président). Cela s’applique aussi à Ivanka Trump, Jared Kushner et Steve Bannon. John Kelly fait aussi un tri plus sélectif des informations parvenant sur le bureau du président, excluant notamment les articles émanant de Breitbart. Pour l’instant, Trump semble accepter la nouvelle discipline instaurée par Kelly. Pour combien de temps encore?

Le chaos du mois de juillet à la Maison Blanche aura au moins eu le mérite de permettre à Vicente Fox, l’ancien président du Mexique, de se moquer une nouvelle fois de Donald Trump sur Twitter.

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Traduction: Hey Trump, je regarde cette très mauvaise émission de téléréalité aux faibles audiences appelée Survivor White House. Je n’arrive pas à changer de chaîne. Triste!

16 août. Hope Hicks, la très discrète mais réputée indispensable conseillère en communication de Donald Trump, est nommée au poste de directrice de la communication de la Maison Blanche. Elle remplace Anthony Scaramucci, licencié quelques semaines plus tôt.

19 août. Steve Bannon quitte à son tour la Maison Blanche. Son départ intervient peu après les événements de Charlottesville, sur lesquels nous reviendrons dans quelques instants.

Quelques jours auparavant, Bannon avait curieusement accordé un entretien au magazine de gauche The American Prospect. Dans cet entretien, il annonçait notamment qu’il n’y avait en réalité pas de solution militaire au problème de la Corée du Nord. Un affront que Donald Trump n’aurait pas apprécié.

Steve Bannon a-t-il été licencié? Officiellement, John Kelly et lui se sont mis d’accord pour qu’il quitte la Maison Blanche à l’amiable. Son départ a évidemment été mal perçu par ceux qui se réclament de la alt-right. Bannon a très vite annoncé qu’il retournait travailler chez Breitbart, où son retour a été accueilli avec enthousiasme.

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Article à la Une du site Breitbart News après l’annonce du retour de Steve Bannon au sein de la rédaction

La question que tout le monde se pose désormais est la suivante: Breitbart va-t-il continuer à publier des articles pro-Trump ou le site va-t-il commencer à faire la guerre au président?

Une photo qui en dit long. Regardez cette photo prise dans le Bureau Ovale quelques jours après l’investiture de Donald Trump. Le président y est entouré de Mike Pence, Michael Flynn, Reince Priebus, Steve Bannon et Sean Spicer. Aujourd’hui, soit sept mois plus tard, Mike Pence est toujours vice-président mais tous les autres ont quitté leur poste.

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25 août. Après Steve Bannon, un autre nationaliste se réclamant de la alt-right quitte la Maison Blanche. Il s’agit de Sebastian Gorka, qui était officiellement l’un des conseillers du président en matière de lutte contre le terrorisme. Comme Bannon, Gorka travaillait autrefois pour Breitbart. Il affirme qu’il a démissionné mais certaines sources au sein de la Maison Blanche affirment qu’il a été poussé vers la sortie.

NB: Donald Trump a aussi passé une partie de l’été à humilier publiquement son Ministre de la Justice, Jeff Sessions. Le président a d’abord déclaré dans une interview accordée au New York Times que s’il avait su que Jeff Sessions allait se récuser de l’enquête sur la Russie, il ne l’aurait jamais choisi comme Ministre de la Justice. Face à ce désaveu, tout le monde s’est demandé si Sessions allait démissionner. Le principal intéressé a rapidement fait savoir qu’il n’en avait nullement l’intention. Donald Trump a ensuite continué à critiquer violemment Sessions sur Twitter, le traitant notamment de « notre Ministre de la Justice assiégé » et lui reprochant de ne pas enquêter sur « les crimes d’Hillary Clinton ». Malgré toutes ces critiques, le président n’a pas licencié Jeff Sessions. Celui-ci est toujours en poste à l’heure où nous écrivons ces lignes.

LE DOSSIER DE L’ÉTÉ N°8 : CHARLOTTESVILLE

La petite ville de Charlottesville, en Virginie, s’est retrouvée au cœur de l’actualité au mois d’août. Les événements qui s’y sont déroulés ont suscité l’émoi aux Etats-Unis. Retour sur ces événements tragiques et sur la polémique autour de la réponse que Donald Trump y a apportée.

Vendredi 11 août. Dans la soirée, des manifestants d’extrême droite se rassemblent sur le campus de l’Université de Virginie, à Charlottesville. Ils défilent dans la nuit avec des torches à la main. Ils scandent des slogans nationalistes et même nazis, comme « Blood and Soil » ou « Jews will not replace us ». Les images provoquent la consternation.

Samedi 12 août. Une grande manifestation baptisée Unite the Right doit se tenir à Charlottesville. Elle regroupe des manifestants venus de tout le pays pour s’opposer au retrait annoncé de la statue de Robert E. Lee d’un parc public. Robert E. Lee était le commandant des forces armées de la Confédération durant la guerre de Sécession. Les manifestants sont plusieurs centaines et appartiennent à divers groupuscules d’extrême droite. Il y a là des suprémacistes blancs, des membres du Ku Klux Klan, des néonazis, etc. En réaction, des contre-manifestants ont aussi décidé de défiler dans les rues de la ville. Le gouverneur de Virginie craint des affrontements et déclare l’état d’urgence. Cela n’empêchera malheureusement pas le pire de se produire.

Des affrontements éclatent et un nationaliste fonce dans la foule des contre-manifestants avec sa voiture, provoquant la mort d’une jeune fille de 32 ans, Heather Heyer. 19 autres personnes sont blessées. Le responsable de cette attaque que l’on peut qualifier de terroriste est rapidement arrêté. Il s’agit de James Alex Fields Jr., un jeune homme âgé de 20 ans originaire de l’Ohio. Il appartenait à un groupe nationaliste nommé Vanguard America. Dans son manifeste, ce groupe déclare notamment que l’Amérique devrait être une nation réservée aux blancs. Il est aussi précisé qu’il faut minimum 80% de sang « blanc/européen » pour pouvoir adhérer au groupe. On trouve aussi sur le site web du groupe des affiches de propagande antisémites et/ou faisant la promotion du fascisme.

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Quelques heures plus tard, deux officiers de police qui étaient chargés d’encadrer la manifestation meurent dans le crash accidentel de leur hélicoptère.

Le gouverneur de l’état de Virginie, Terry McAuliffe, s’exprime lors d’une conférence de presse. Il demande à tous les manifestants et contre-manifestants de rentrer chez eux et s’adresse directement aux « suprémacistes blancs et aux nazis qui sont venus à Charlottesville aujourd’hui »:

Go home. (…) You came here today to hurt people, and you did hurt people. But my message is clear. We are stronger than you. You have made our commonwealth stronger. You will not succeed. There is no place for you here, there is no place for you in America. (Rentrez chez vous. (…) Vous êtes venus ici aujourd’hui pour blesser des gens, et vous avez blessé des gens. Mais mon message est clair. Nous sommes plus forts que vous. Vous avez rendu notre commonwealth plus fort. Vous ne réussirez pas. Il n’y a pas de place pour vous ici, il n’y a pas de place pour vous en Amérique)

Lors d’une conférence de presse consacrée à un tout autre sujet, le président Trump est interrogé sur les événements en cours à Charlottesville. Il déclare:

We condemn in the strongest possible terms this egregious display of hatred, bigotry and violence on many sides. On many sides. (Nous condamnons fermement cette exhibition flagrante de haine, d’intolérance et de violence des deux côtés. Des deux côtés)

Le président semble renvoyer dos à dos manifestants fascistes et contre-manifestants. Il ne condamne à aucun moment explicitement l’idéologie suprémaciste et/ou néonazie. Ses propos choquent de nombreux américains, d’autant plus que le président est déjà suspecté d’être proche du mouvement alt-right.

Les propos du président dérangent aussi bon nombre d’élus de son propre parti qui s’empressent de publier des communiqués ou des tweets condamnant explicitement les manifestants racistes et leur idéologie. Quelques exemples ci-dessous (liste très loin d’être exhaustive).

Paul Ryan, speaker de la Chambre des Représentants:

The views fueling the spectacle in Charlottesville are repugnant (…) White supremacy is a scourge. This hate and its terrorism must be confronted and defeated. (Les idées qui alimentent le spectacle de Charlottesville sont répugnantes (…) La suprématie blanche est un fléau. Cette haine et son terrorisme doivent être combattus et vaincus)

Cory Gardner, sénateur républicain du Colorado:

Mr. President – we must call evil by its name. These were white supremacists and this was domestic terrorism. (Mr le Président – nous devons appeler le mal par son nom. Ces gens étaient des suprémacistes blancs et c’était du terrorisme)

Orrin Hatch, sénateur républicain de l’Utah:

We should call evil by its name. My brother didn’t give his life fighting Hitler for Nazi ideas to go unchallenged here at home. (Nous devrions nommer le mal par son nom. Mon frère n’a pas donné sa vie en combattant Hitler pour que les idées nazies ne soient pas combattues ici chez nous)

John McCain, sénateur républicain de l’Arizona:

Our Founders fought a revolution for the idea that all men are created equal. The heirs of that revolution fought a Civil War to save our nation (…). White supremacists and neo-Nazis are, by definition, opposed to American patriotism and the ideals that define us as a people and make our nation special. (Nos Pères Fondateurs ont fait la révolution au nom de l’idée selon laquelle tous les hommes naissent égaux. Les héritiers de cette révolution ont combattu durant la Guerre Civile pour sauver notre nation (…). Les suprémacistes blancs et les néonazis sont, par définition, opposés au patriotisme américain et aux idéaux qui nous définissent en tant que peuple et rendent notre nation spéciale)

Sur Twitter, Barack Obama choisit de réagir en publiant une photo accompagnée d’une citation de Nelson Mandela: « Personne ne naît en haïssant une autre personne en raison de sa couleur de peau, de ses origines ou de sa religion ».

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Pour aller plus loin sur les événements de Charlottesville. Lire cet article sur les cinq leçons à tirer de Charlottesville. Il a été rédigé par Tom Perriello, ex-député démocrate à la Chambre des Représentants. Perriello attire notamment l’attention sur le fait que certaines milices qui ont défilé à Charlottesville étaient constituées d’individus lourdement armés.

There Is Only One Side To The Story of Charlottesville, Tom Perriello

Regarder ce documentaire de VICE News (20 minutes). Une journaliste a vécu la manifestation auprès des nationalistes et les a interrogés sur leurs véritables motivations et intentions. À voir.

Dimanche 13 août. La polémique autour des propos de Donald Trump continue d’enfler. Dans une interview télévisée, le maire de Charlottesville accuse le président de s’être allié à la droite la plus extrême durant sa campagne électorale et de l’avoir ainsi renforcée.

When you dance with the devil, the devil doesn’t change. The devil changes you. (Lorsque vous dansez avec le diable, le diable ne change pas. Le diable vous change)

Sous pression, la Maison Blanche finit par publier un communiqué. Celui-ci n’est toutefois pas signé de la main du président.

The president said very strongly in his statement yesterday that he condemns all forms of violence, bigotry, and hatred. Of course that includes white supremacists, KKK, Neo-Nazi and all extremist groups. He called for national unity and bringing all Americans together.

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Le président a fermement dit dans sa déclaration d’hier qu’il condamnait toutes les formes de violence, d’intolérance et de haine. Cela inclut bien sûr les suprémacistes blancs, le KKK, les néonazis et tous les groupes extrémistes. Il a appelé à l’unité nationale et au rassemblement de tous les Américains.

Dans le même temps, des milliers d’américains se rassemblent dans des centaines de villes à travers le pays pour rendre hommage à Heather Heyer, la jeune fille assassinée la veille, et pour dire non au racisme et à la violence.

Lundi 14 août. Donald Trump prend la parole devant la presse à la Maison Blanche. Il fait une déclaration en lisant un prompteur et condamne enfin fermement les suprémacistes blancs et les néonazis. Il déclare notamment:

Racism is evil. And those who cause violence in its name are criminals and thugs, including the KKK, neo-Nazis, white supremacists, and other hate groups that are repugnant to everything we hold dear as Americans. We are a nation founded on the truth that all of us are created equal. (Le racisme est nocif. Et ceux qui utilisent la violence en son nom sont des criminels et des voyous, y compris le KKK, les néonazis, les suprémacistes blancs, et les autres groupes haineux qui sont opposés à tout ce qui nous tient à cœur en tant qu’Américains. Nous sommes une nation fondée sur la vérité selon laquelle nous sommes tous nés égaux)

Lorsque les journalistes demandent au président pourquoi il lui a fallu 48 heures pour condamner explicitement les groupes extrémistes, ce dernier ne répond pas et s’éclipse rapidement.

Il se rend ensuite à New York. C’est la première fois qu’il retourne à la Trump Tower depuis son investiture. Des manifestants l’y attendent de pied ferme et l’accueillent en criant notamment « Shame, shame, shame! » et « New York hates you! ».

À Durham, en Caroline du Nord, des manifestants en colère déboulonnent la statue d’un soldat de la Confédération. Le gouverneur démocrate de l’état condamne l’initiative.

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Traduction: Le racisme et la violence mortelle à Charlottesville sont inacceptables mais il y a une meilleure manière de retirer ces monuments.

Mardi 15 août. Donald Trump improvise une conférence de presse à la Trump Tower. Il doit en principe y parler de son plan sur les infrastructures. Mais les journalistes l’interrogent évidemment encore sur Charlottesville. Donald Trump va alors à nouveau affirmer que les deux camps sont responsables des violences ayant causé la mort de Heather Heyer.

I think there is blame on both sides. (Je crois qu’il y a de la culpabilité des deux côtés)

Le président ajoute même qu’il y avait de « très mauvaises personnes » des deux côtés mais qu’il y avait aussi des « gens très bien » parmi les manifestants venus protester contre le retrait de la statue de Robert E. Lee. Il ajoute ensuite qu’il est lui-même opposé au retrait des monuments confédérés de l’espace public et affirme que si on les retire, on pourrait aussi retirer les statues de héros américains comme George Washington, parce qu’ils possédaient des esclaves.

George Washington was a slave owner. So will George Washington lose his status? Are we going to take down statues to George Washington? (George Washington possédait des esclaves. Est-ce que George Washington va perdre son statut? Allons-nous renverser les statues de George Washington?)

You really do have to ask yourself, where does it stop? (Vous devez vraiment vous demander, où cela va-t-il s’arrêter?)

Les propos du président poussent de nombreux élus républicains à le critiquer et à répéter, comme ils l’avaient déjà fait durant le week-end, qu’ils rejettent catégoriquement l’idéologie de la droite extrême. Quelques exemples (de nouveau, la liste est très loin d’être exhaustive).

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Traduction: Nous ne pouvons pas trouver d’excuses pour la suprématie blanche et les actes de terrorisme domestique. Nous devons les condamner. Point final.
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Traduction: Il n’y a pas de « gens très bien » qui participent à des manifestations avec des groupes chantant des slogans racistes et antisémites et affichant d’ignobles symboles de haine.
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Traduction: Il n’y a aucune équivalence morale entre des racistes et des américains qui se lèvent pour défier la haine et l’intolérance. Le Président des Etats-Unis devrait le dire.
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Traduction: Non, ce n’est pas la même chose. Un camp est raciste, intolérant, Nazi. L’autre s’oppose au racisme et à l’intolérance. Des univers moralement différents.
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Traduction: Je pense que l’Amérique a besoin de plus d’unité et de moins de division… ce qui signifie que Donald Trump devrait se concentrer davantage sur le golf et faire moins de conférences de presse.

Oui, ce dernier message émane bien d’un député républicain parlant du Président des Etats-Unis issu de son propre parti…

Lors d’un town hall, le sénateur républicain Cory Gardner affirme au sujet des suprémacistes blancs: « Ces connards peuvent retourner dans leurs cavernes, nous ne voulons pas d’eux dans ce pays ».

Il y a aussi cette vidéo d’Arnold Schwarzenegger, qui vaut vraiment le coup d’oeil.

Et voici deux tweets de sénateurs démocrates.

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Traduction: Je viens de m’arrêter au bord de la route pour lire les remarques du Président. J’ai failli vomir. Un président américain qui défend les suprémacistes blancs. Mon Dieu.
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Traduction: En tant que juif, en tant qu’américain, en tant qu’être humain, les mots ne peuvent exprimer mon dégoût et ma déception. Ceci n’est pas mon Président.

Finalement, la seule personne qui semble satisfaite des propos de Donald Trump est David Duke, ex-chef du KKK présent à Charlottesville.

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Traduction: Merci Président Trump pour votre honnêteté et votre courage à dire la vérité à propos de Charlottesville et à condamner les terroristes de gauche Black Lives Matter/Antifa

⚠️ Plusieurs officiers et généraux de l’armée des Etats-Unis réagissent également sur Twitter pour rappeler que l’armée ne tolère pas le racisme. Il est très rare que des militaires s’immiscent ainsi dans le débat public et critiquent leur commandant en chef.

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Traduction: L’armée ne tolère ni le racisme, ni l’extrémisme, ni la haine dans ses rangs. Cela va à l’encontre de nos valeurs et de tout ce pour quoi nous nous sommes battus depuis 1775.

Quand Ted Cruz s’énerve…. Les événements de Charlottesville semblent avoir vraiment énervé Ted Cruz. Le sénateur du Texas a d’abord publié ce texte sur sa page Facebook.

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Il y écrit notamment que le Premier Amendement garantit à tout citoyen de pouvoir s’exprimer librement de manière pacifique mais que « la violence, la brutalité, et le meurtre n’ont pas de place dans une société civilisée ». Il ajoute que « les nazis, le KKK, et les suprémacistes blancs sont répugnants » et que tout le monde a le devoir de dénoncer leurs mensonges et leur idéologie haineuse. Il qualifie également les événements de Charlottesville d’ « acte de terrorisme grotesque ».

Un peu plus tard, Ted Cruz répond sèchement à un tweet d’un journaliste du New York Times remettant en cause sa sincérité. Voici le tweet en question, qui a suscité la colère de nombreux internautes républicains et déclenché une véritable polémique sur le réseau social.

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Traduction: Pardon d’être sceptique, mais la majorité de ce que font Rubio et Ted Cruz me semble surtout être du bon boulot pour se positionner en vue de 2020.

Le journaliste sous-entend clairement qu’il ne croit pas à la sincérité des fortes dénonciations des événements de Charlottesville par Ted Cruz et Marco Rubio, qui n’agiraient que par stratégie politique. Plusieurs journalistes conservateurs ont critiqué le tweet de leur collègue, affirmant qu’il démontrait une nouvelle fois un biais anti-Républicain au sein de la rédaction du New York Times. Le rédacteur en chef du Weekly Standard faisait ainsi remarquer que les élus conservateurs qui ne s’exprimaient pas étaient accusés de connivence avec l’extrême droite et que ceux qui la condamnaient clairement étaient accusés de n’agir que par stratégie politique. « Voilà pourquoi tant de Républicains ne font plus confiance aux grands médias », affirmait-il. Si Marco Rubio n’a pas réagi, Ted Cruz a donc répondu violemment à ce fameux tweet.

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Traduction: Ça alors, vous avez raison. Parce que les Nazis & le Klan ont tellement d’amour pour les américains d’origine cubaine. Si seulement nous travaillions pour un journal qui a fait la promotion de Staline….

Le lendemain, lors d’une réunion publique, Ted Cruz explique que le tweet du journaliste l’a tellement agacé qu’il n’a pas pu s’empêcher d’y répondre. Il critique aussi les Démocrates qui, d’après lui, profitent d’événements comme ceux de Charlottesville pour essayer de comparer tous les Républicains à « ces cinglés de racistes ». Ted Cruz traite également les nationalistes ayant défilé à Charlottesville d’ « imbéciles » et de « voyous » propageant des mensonges. Enfin, il se dit heureux de la décision de l’Université du Texas d’interdire un rassemblement de suprémacistes blancs sur son campus pour des raisons de sécurité. « Je pense que le Texas n’a pas besoin d’écouter leurs bêtises ».

Mercredi 16 août. Plusieurs hommes d’affaires annoncent qu’ils quittent les conseils économiques mis en place par la Maison Blanche et dont ils faisaient partie. Face à l’avalanche de départs, Donald Trump annonce qu’il dissout ces conseils. Le président prend aussi le temps de publier le tweet suivant.

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Dans le même temps, les ex-présidents Bush sortent de leur réserve et publient un communiqué commun rappelant que l’Amérique rejette la haine raciale.

Dans l’après-midi, de nombreux Américains assistent aux funérailles de Heather Heyer. Dans la soirée, ils sont des centaines à se rassembler sur le campus de l’Université de Virginie pour une veillée. Éclairés par des bougies, ils entonnent des chants tels que We shall overcome et l’hymne national américain.

Jeudi 17 août. Nouvelle polémique au Missouri. Une députée démocrate du parlement local, Maria Chappelle-Nadal, publie le message suivant sur sa page Facebook:

I really hate Trump. He’s causing trauma and nightmares. (Je hais vraiment Trump. Il cause un traumatisme et des cauchemars)

Elle répond ensuite au commentaire d’un internaute par ces mots:

I hope Trump is assassinated! (J’espère que Trump sera assassiné!)

Des propos intolérables de la part d’une élue pour beaucoup de Républicains qui appellent à sa démission. Certains élus démocrates représentant le Missouri à Washington se joignent à cet appel. Chappelle-Nadal refuse de démissionner. Elle est actuellement toujours en poste.

Pendant ce temps-là, Donald Trump s’énerve lui aussi sur Twitter. Il s’en prend à deux sénateurs de son propre parti avec lesquels il entretient depuis toujours une relation compliquée, Lindsey Graham et Jeff Flake.

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Traduction: Le chercheur de publicité Lindsey Graham a affirmé à tort que j’avais dit qu’il y avait une équivalence morale entre le KKK, les néonazis et les suprémacistes blancs et les gens comme Ms. Heyer. Un mensonge dégoûtant. Il n’arrive simplement pas à oublier qu’il s’est fait battre à plat de couture lors de l’élection. Les habitants de Caroline du Sud s’en souviendront!
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Traduction: Super de voir que le Docteur Kelli Ward est candidate contre Jeff Flake, qui est FAIBLE sur les frontières, la criminalité et un facteur inexistant au Sénat. Il est toxique!

Lindsey Graham publie un communiqué pour répondre aux critiques du président.

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Traduction: Mr. le Président, comme beaucoup d’autres je cherche à faire avancer notre nation, mon état, et notre parti vers l’avant – vers la lumière – pas en arrière vers l’obscurité. Votre tweet en hommage à Miss Heyer était très gentil et approprié. Bien joué. Cependant, vu la manière dont vous avez géré la tragédie de Charlottesville, vous recevez maintenant les éloges de certains des individus et groupes les plus racistes et haineux de notre pays. Dans l’intérêt de notre nation – en tant que président – s’il-vous-plaît réglez cela. L’histoire nous regarde tous.

Lors d’une réunion publique dans le Tennessee, le sénateur républicain Bob Corker déclare au sujet de Donald Trump:

The president has not yet been able to demonstrate the stability, nor some of the competence, that he needs to demonstrate in order for him to be successful. (Le président n’a pas encore été capable de faire preuve de la stabilité, et de la compétence, dont il doit faire preuve pour réussir)

He has not demonstrated that he understands what has made this nation great and what it is today. (Il n’a pas démontré qu’il comprenait ce qui rend cette nation grande et ce qu’elle est aujourd’hui)

Interrogée en conférence de presse au sujet de cette déclaration, la porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Huckabee Sanders, déclarera qu’elle la juge « ridicule » et que cela ne mérite même pas de réponse de sa part.

Vendredi 18 août. Mitt Romney publie un long message sur sa page Facebook. Il appelle Donald Trump à s’excuser et à dire clairement qu’il rejette le soutien des racistes.

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Samedi 19 août. Une semaine après les événements de Charlottesville, des groupuscules d’extrême droite ont prévu une nouvelles manifestation à Boston. Une contre-manifestation pacifique rassemble entre 30,000 et 40,000 personnes dans les rues de la ville. Aucun incident majeur n’est à déplorer.

La Une du TIME après Charlottesville

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Le débat sur les monuments confédérés

Les événements de Charlottesville ont relancé le débat sur l’avenir des monuments confédérés aux Etats-Unis. Faut-il les retirer de l’espace public?

Il y a aujourd’hui plus de 700 monuments confédérés aux Etats-Unis. Ces monuments sont essentiellement situés dans le Sud du pays.

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Monuments confédérés aux Etats-Unis (Source: Politico)

L’état qui compte le plus grand nombre de monuments confédérés n’est autre que la Virginie (220). Il faut dire que Richmond fut la capitale de la Confédération. Les deux autres états comptant le plus de monuments confédérés sont le Texas (178) et la Géorgie (163).

La plupart de ces monuments ont été érigés au début du vingtième siècle pour rendre hommage à ceux qui étaient tombés du côté de la Confédération durant la Guerre de Sécession. De nouveaux monuments ont toutefois aussi été érigés dans les années 1960, au moment où la lutte pour les droits civiques battait son plein dans le Sud.

Par ailleurs, 109 écoles publiques portent le nom de héros de la Confédération, comme Robert E. Lee ou Jefferson Davis. Ironiquement, 25% de ces écoles sont aujourd’hui fréquentées par une majorité d’élèves afro-américains.

Faut-il retirer les statues confédérées de l’espace public? Les reléguer dans des musées? Faut-il renommer les écoles? La question est loin d’être tranchée.

Les partisans du retrait des statues estiment qu’il faut cesser de rendre hommage à des hommes dont la motivation principale lors de la guerre de Sécession était la sauvegarde de l’esclavage. Même si le devoir de mémoire est important, y a-t-il des statues d’Hitler ou d’autres dirigeants nazis dans l’espace public en Allemagne? La réponse est non. La présence de ces statues dans l’espace public est un affront à la population afro-américaine qui a subi l’esclavage et la ségrégation et subit parfois encore aujourd’hui le racisme. De plus, comme les événements de Charlottesville l’ont démontré, ces statues risquent de plus en plus de devenir des lieux de ralliement pour les extrémistes de tous bords. Des historiens ont d’ailleurs fait remarquer que Robert E. Lee lui-même n’était pas favorable à l’érection de statues à sa gloire. En 1869, il avait décliné une invitation à se rendre à l’inauguration d’un mémorial à Gettysburg. Dans la lettre expliquant sa décision, il écrivait:

I think it wiser not to keep open the sores of war but to follow the examples of those nations who endeavored to obliterate the marks of civil strife. (Je pense qu’il est plus sage de ne pas garder ouvertes les blessures de la guerre et de suivre l’exemple de ces nations qui se sont efforcées d’effacer les traces de conflit civil)

De leur côté, ceux qui plaident pour que les statues restent en place (et non, ce ne sont pas tous des racistes) estiment qu’elles contribuent au devoir de mémoire et permettent aux parents et aux enseignants de parler d’histoire avec les enfants. Les retirer de l’espace public reviendrait à effacer une partie de l’histoire du pays, comme si on voulait l’oublier. Or, oublier peut conduire à reproduire les erreurs du passé.

Selon un récent sondage Reuters/Ipsos, réalisé après les événements de Charlottesville, 54% des Américains se prononçaient contre le retrait des monuments confédérés de l’espace public. 27% se déclaraient favorables à ce retrait. 19% n’avaient pas d’opinion.

Insolite. Certains Américains ont profité du débat sur les monuments confédérés pour lancer des pétitions insolites. En Louisiane, une pétition demandant le remplacement de toutes les statues confédérées par des statues de la chanteuse Britney Spears a ainsi obtenu plus de 3,000 signatures.

LE DOSSIER DE L’ÉTÉ N°9 : LA GRÂCE PRÉSIDENTIELLE ACCORDÉE À JOE ARPAIO

Le 25 août, Donald Trump a annoncé qu’il accordait la grâce présidentielle à l’ancien shérif Joe Arpaio, récemment condamné par la justice pour avoir mis en place des pratiques discriminatoires à l’encontre de citoyens, principalement hispaniques, suspectés d’être des immigrants illégaux. Le tribunal devait se prononcer sur sa peine le 5 octobre prochain.

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Traduction: Je suis heureux de vous annoncer que je viens d’accorder la grâce présidentielle au shérif américain patriote de 85 ans Joe Arpaio. Il a gardé l’Arizona sûr !

La décision de Donald Trump a déclenché une vive polémique. Joe Arpaio fut le shérif très controversé du comté de Maricopa, en Arizona, de 1993 à 2016. Il se qualifiait lui-même de « shérif le plus sévère d’Amérique ». Il s’est notamment fait connaître en faisant construire une prison nommée Tent City non loin de Phoenix. Cette prison abritait les prisonniers dans de simples tentes en plein désert, sous une chaleur accablante. Joe Arpaio avait lui-même comparé sa prison à un « camp de concentration ». Il a été accusé à plusieurs reprises d’infliger de mauvais traitements aux prisonniers. Comme Donald Trump, Joe Arpaio a contribué à propager la théorie mensongère selon laquelle Barack Obama n’était pas né aux Etats-Unis. Durant la campagne électorale de 2016, il avait soutenu Donald Trump et était apparu à ses côtés lors de plusieurs meetings.

LE DOSSIER DE L’ÉTÉ N°10 : QUEL AVENIR POUR LES PERSONNES TRANSSEXUELLES DANS L’ARMÉE?

Fin juillet, alors que personne ne s’y attendait, Donald Trump publiait subitement une série de tweets dans lesquels il annonçait sa volonté d’interdire aux transsexuels de servir dans l’armée américaine.

After consultation with my Generals and military experts, please be advised that the United States Government will not accept or allow Transgender individuals to serve in any capacity in the U.S. Military. Our military must be focused on decisive and overwhelming victory and cannot be burdened with the tremendous medical costs and disruption that transgender in the military would entail. Thank you. (Après avoir consulté mes généraux et des experts militaires, veuillez être informés que le gouvernement des Etats-Unis n’acceptera plus et ne permettra plus aux individus transgenres de servir dans l’armée américaine. Notre armée doit être concentrée sur une victoire décisive et écrasante et ne peut pas être grevée par les coûts médicaux exorbitants et la perturbation que les transgenres dans l’armée impliqueraient. Merci)

Cette annonce sur Twitter a déclenché la polémique et n’a pas été immédiatement suivie d’ordres plus concrets transmis au Pentagone. De nombreuses questions restaient donc sans réponse: Comment la mesure va-t-elle s’appliquer? Quand va-t-elle entrer en application? Les personnes transsexuelles déjà en service seront-elles licenciées?

Les Républicains du Congrès ont semble-t-il été surpris par l’annonce de Donald Trump. Certains ont fait entendre leur désaccord. D’après la presse américaine, certains élus conservateurs avaient demandé au président d’agir sur le dossier mais ils voulaient surtout que l’armée cesse de payer les frais médicaux de ses employés transsexuels. Ils n’exigeaient pas pour autant que ceux-ci soient licenciés.

Les Démocrates ont été très nombreux à réagir et à critiquer la décision du président. La sénatrice démocrate Tammy Duckworth, qui a servi dans l’armée et a dû être amputée des deux jambes après que son hélicoptère se soit écrasé en Irak, a déclaré:

When I was bleeding to death in my Black Hawk helicopter after I was shot down, I didn’t care if the American troops risking their lives to help save me were gay, straight, transgender, black, white or brown. All that mattered was they didn’t leave me behind. If you are willing to risk your life for our country and you can do the job, you should be able to serve – no matter your gender identity or sexual orientation. (Lorsque je saignais au point de risquer de mourir dans mon hélicoptère Black Hawk après que celui-ci ait été abattu, je me fichais de savoir si les soldats qui risquaient leurs vies pour me sauver étaient gays, hétérosexuels, transgenres, noirs, blancs ou bruns. Tout ce qui importait était qu’ils ne m’abandonnent pas. Si vous êtes prêt à risquer votre vie pour notre pays et que vous avez les capacités pour le job, vous devriez être autorisé à servir – peu importe votre identité de genre ou votre orientation sexuelle)

Le 25 août, soit près d’un mois après son annonce initiale sur Twitter, Donald Trump envoyait enfin des consignes plus précises au Pentagone. Il a ordonné au Département de la Défense de ne plus recruter de personnes transsexuelles et de ne plus financer les traitements médicaux de son personnel transsexuel. Les personnes transsexuelles qui font déjà partie de l’armée n’auront donc plus droit au remboursement des frais médicaux liés à leur traitement. Mais seront-elles ou non licenciées? Pour le moment, cette question reste en suspens. Donald Trump laisse au Pentagone le soin d’en décider après avoir effectué une évaluation de l’ « efficacité » du personnel transsexuel.

LE DOSSIER DE L’ÉTÉ N°11 : L’OURAGAN HARVEY

Le dernier week-end du mois d’août a été marqué par le passage de l’ouragan Harvey au Texas (et dans une moindre mesure en Louisiane). Cet ouragan de Catégorie 5, le plus puissant jamais enregistré dans l’Océan Atlantique, a semé la désolation dans les Antilles avant de toucher les villes côtières du sud-est du Texas. Harvey s’est ensuite transformé en tempête tropicale. Des trombes d’eau se sont abattues pendant plusieurs jours sur la ville de Houston, provoquant des inondations monstres. La quatrième ville des Etats-Unis s’est retrouvée sous eau. Les services de secours ont rapidement été débordés par les appels d’urgence. De nombreux citoyens se sont alors mobilisés pour secourir leurs voisins. Les habitants de Houston possédant un bateau ont été très nombreux à se porter volontaires pour participer aux opérations de sauvetage. Une solidarité saluée par le New Yorker à l’aide de cette magnifique Une.

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Plusieurs centres d’accueil ont été ouverts pour héberger les milliers de personnes contraintes de quitter leur domicile inondé. Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, avait préalablement assuré que les papiers des personnes se rendant dans les centres d’accueil ne seraient pas contrôlés. Les autorités texanes craignaient que des personnes en situation irrégulière n’osent pas se rendre dans les centres d’accueil par peur d’être contrôlées par les services de l’immigration.

Harvey en chiffres

47 morts au Texas (bilan au 1er septembre)

13 millions de personnes concernées par les inondations au Texas et en Louisiane

30,000 personnes accueillies dans 230 centres d’accueil

53,000 milliards de litres d’eau tombés en cinq jours dans la région de Houston. Une quantité de pluie supérieure à celle que reçoit la ville de Seattle en 1 an. Et deux fois plus que la quantité d’eau tombée en Louisiane lors de l’ouragan Katrina en 2005.

Harvey en cartes

Voici des projections montrant l’étendue de la zone touchée par Harvey au Texas rapportée à d’autres régions des Etats-Unis.

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Harvey en photos

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Les conséquences du passage d’Harvey

Au-delà des pertes humaines et de la tragédie pour les familles qui ont tout perdu, les dégâts sont estimés à au moins 50 milliards de dollars. Il faudra des années pour tout reconstruire.

Deux explosions ont eu lieu dans une usine chimique inondée de Crosby, près de Houston. L’agence de protection de l’environnement américaine a aussi fait savoir que 13 sites stockant des déchets toxiques avaient été endommagés par les inondations. Ces déchets peuvent représenter un danger pour l’environnement et la santé.

Autre conséquence plus inattendue des inondations, de nombreux habitants de la région de Houston ont été confrontés à l’apparition de masses de fourmis rouges flottantes dans leurs jardins. Des photos et vidéos impressionnantes ont circulé sur les réseaux sociaux.

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Les fourmis rouges sont beaucoup plus agressives que les fourmis classiques. En cas d’inondation, elles se regroupent avec leurs larves et leurs œufs pour former une masse flottante capable de dériver pendant des jours sans couler jusqu’à ce qu’elle trouve un endroit sec.

La réaction présidentielle

Mardi 29 août, Donald et Melania Trump se sont rendus à Corpus Christi, l’une des villes frappées de plein fouet par le passage d’Harvey quelques jours auparavant, et à Austin, la capitale du Texas. Ils avaient choisi de ne pas se rendre à Houston, encore inondée, afin de ne pas gêner le travail des services de secours.

À Corpus Christi, le couple présidentiel a participé à une réunion avec le gouverneur du Texas et plusieurs autres officiels en charge des opérations de secours. Donald Trump s’est ensuite adressé à une assemblée d’une centaine de personnes qui s’étaient rassemblées devant la caserne de pompiers où avait lieu la réunion. Et sa prestation n’a pas convaincu tout le monde. Le président n’a pas semblé capable de faire preuve d’empathie vis-à-vis des victimes. Il n’a pas serré de mains ni eu aucune parole vraiment réconfortante. Par contre, il a pris le temps de se féliciter du fait qu’autant de personnes soient venues le voir. « What a crowd, what a turnout! » (Quelle foule, quelle participation!), s’est-il exclamé.

À Austin, le président a visité le centre des opérations d’urgence du Texas. Il a rappelé que le coût de la reconstruction serait colossal et a promis de travailler en collaboration avec le Congrès pour que le gouvernement fédéral libère rapidement le budget nécessaire.

Le lendemain, la Maison Blanche annonçait que Donald Trump allait faire un don personnel d’un million de dollars à diverses associations aidant les victimes de l’ouragan Harvey.

Jeudi 31 août, c’était au tour de Mike Pence et de son épouse de se rendre au Texas. Ils se sont rendus à Rockport, une localité côtière fortement touchée par l’ouragan. Mike Pence s’est adressé à un groupe de sinistrés rassemblés devant une église. Il leur a assuré que le gouvernement fédéral ne les oublierait pas et les aiderait à tout reconstruire. Il est ensuite allé à la rencontre de certains habitants, a serré des mains, pris des gens dans ses bras… Tout ce que le président Trump aurait pu (et dû?) faire deux jours plus tôt. Mike Pence a même pris le temps d’aider des habitants à dégager des branches d’arbre de leur propriété.

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Samedi 2 septembre, Donald et Melania Trump sont retournés au Texas. Ils se sont cette fois rendus à Houston, dans un centre d’accueil. On a alors découvert un Donald Trump comme on a peu l’habitude de le voir. Le président a joué avec des enfants et servi des repas aux sinistrés.

LES VOYAGES DE L’ÉTÉ

Au mois de juillet, Donald Trump s’est rendu en Pologne, en Allemagne et en France. Retour sur ces déplacements.

En Pologne

La Pologne est un allié des Etats-Unis et les liens entre les deux pays sont forts. Néanmoins, le choix de Donald Trump de se rendre à Varsovie a été critiqué à l’heure où le gouvernement polonais est sous le feu des critiques en Europe, notamment pour une loi controversée qui donne au gouvernement un certain contrôle sur les médias.

À Varsovie, le président américain a prononcé un discours important face à un public polonais conquis. Ce discours lui a permis de présenter sa vision d’un monde occidental menacé par le terrorisme islamiste et le danger de renoncer à ses propres valeurs. Donald Trump a pris le peuple polonais en exemple. Un peuple qui a beaucoup souffert, qui a connu des amputations de son territoire, l’occupation nazie et le régime soviétique, mais qui, malgré tout cela, n’a jamais perdu sa fierté, n’a jamais oublié ses valeurs et n’a jamais cessé de se battre pour les faire triompher.

The story of Poland is the story of a people who have never lost hope (…) and who have never, ever forgotten who they are. (L’histoire de la Pologne est l’histoire d’un peuple qui n’a jamais perdu espoir (…) et qui n’a jamais oublié qui il était)

D’après Donald Trump, l’Europe et les Etats-Unis sont désormais confrontés au danger d’une nouvelle idéologie totalitaire, celle du terrorisme islamiste radical. Il faut la combattre comme on a combattu autrefois l’idéologie communiste. Et l’Occident ne pourra y parvenir que s’il n’oublie pas ses valeurs et continue fièrement à les défendre.

If we don’t forget who we are, we just can’t be beaten. Americans will never forget. The nations of Europe will never forget. (…) We treasure the rule of law and protect the right to free speech and free expression. We empower women as pillars of our society and of our success. We put faith and family, not government and bureaucracy, at the center of our lives. And we debate everything. (…) And above all, we value the dignity of every human life, protect the rights of every person, and share the hope of every soul to live in freedom. That is who we are. Those are the priceless ties that bind us together as nations, as allies, and as a civilization. (Si nous n’oublions pas qui nous sommes, nous ne pouvons simplement pas être battus. Les Américains n’oublieront jamais. Les nations d’Europe n’oublieront jamais. (…) Nous chérissons la loi et protégeons le droit à la liberté d’expression. Nous valorisons les femmes comme des piliers de notre société et de notre succès. Nous plaçons la foi et la famille, pas le gouvernement et la bureaucratie, au centre de nos vies. Et nous débattons de tout. (…) Et par-dessus tout, nous accordons de l’importance à la dignité de chaque vie humaine, nous protégeons les droits de chaque personne, et nous partageons l’espoir de chaque âme de pouvoir vivre en liberté. Voilà qui nous sommes. Ce sont des liens précieux qui nous unissent en tant que nations, alliés, et civilisation)

The fundamental question of our time is whether the West has the will to survive. Do we have the confidence in our values to defend them at any cost? Do we have enough respect for our citizens to protect our borders? Do we have the desire and the courage to preserve our civilization in the face of those who would subvert and destroy it? (La question fondamentale de notre époque est de savoir si l’Occident a la volonté de survivre. Avons-nous suffisamment confiance en nos valeurs pour les défendre à tout prix? Avons-nous assez de respect pour nos citoyens pour protéger nos frontières? Avons-nous le désir et le courage de préserver notre civilisation face à ceux qui la saboteraient et la détruiraient?)

Ce discours suggère que Donald Trump souscrit totalement à la fameuse thèse du choc des civilisations.

En Allemagne

Juste après sa visite à Varsovie, Donald Trump a pris la direction de Hambourg. La ville allemande accueillait le sommet du G20. Un sommet sous tension puisque de nombreuses manifestations violentes ont eu lieu. Des voitures ont été incendiées, des magasins ont été pillés et près de 200 policiers ont été blessés. Melania Trump a même été contrainte d’annuler sa participation à une excursion en compagnie des autres épouses des chefs d’état réunis pour le sommet, sa sécurité ne pouvant pas être assurée.

Rencontre Trump/Poutine. C’était l’événement que tout le monde attendait ! Lors du sommet du G20, Donald Trump et Vladimir Poutine allaient enfin se rencontrer pour la première fois.

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Après s’être serré la main devant les caméras, les deux hommes se sont entretenus en privé. L’entretien qui devait en principe durer 30 minutes a finalement duré 2h15 ! Résultat: un accord trouvé pour un cessez-le-feu en Syrie, ou du moins dans une partie de la Syrie. Les Etats-Unis et la Russie s’engagent en effet à faire respecter un cessez-le-feu dans le Sud-Ouest du pays, à savoir la région abritant la ville de Daraa. La Russie avait procédé à des bombardements dans cette zone. La Jordanie aurait contribué à ce que Moscou et Washington se mettent d’accord pour cesser les hostilités dans cette zone qui longe sa frontière, afin d’éviter un nouvel afflux de réfugiés syriens sur son sol.

Trump et Poutine auraient aussi évoqué la délicate question de l’ingérence russe dans la campagne électorale américaine de 2016. Rex Tillerson, le Secrétaire d’Etat américain qui assistait à la rencontre Trump/Poutine, a affirmé devant la presse que le président américain avait débuté l’entretien en abordant ce sujet.

The President pressed President Putin on more than one occasion regarding Russian involvement. President Putin denied such involvement, as I think he has in the past. (Le Président a interrogé le président Poutine à plusieurs reprises au sujet de l’implication russe. Le président Poutine a nié toute implication, comme je pense qu’il l’avait déjà fait par le passé)

Un peu plus tard, à bord d’Air Force One, le Secrétaire au Trésor Steven Mnuchin déclarait que Trump et Poutine avaient discuté de la création d’une unité de sécurité informatique commune. Donald Trump a rapidement confirmé sur Twitter.

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Traduction: Poutine et moi avons discuté de la création d’une unité de cybersécurité impénétrable pour empêcher le piratage électoral & beaucoup d’autres choses négatives…

L’idée a rapidement été critiquée et même moquée par de nombreuses personnes, y compris dans le camp républicain. Marco Rubio a comparé la création d’une unité de cybersécurité avec Poutine à la création d’une unité contre les armes chimiques avec Bashar El-Assad.

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Traduction: S’associer à Poutine pour créer une « unité de cybersécurité » est semblable à s’associer à Assad pour créer une « unité contre les armes chimiques »

Lindsey Graham a déclaré dans l’émission télévisée Meet the Press qu’il ne s’agissait pas de « l’idée la plus idiote que j’ai jamais entendue, mais nous n’en sommes pas loin ».

Face à la levée de boucliers et aux moqueries, Donald Trump a semblé faire rapidement marche arrière, en écrivant sur Twitter que le fait d’avoir discuté de la création de cette unité avec Poutine ne signifiait pas qu’un accord définitif ait été trouvé.

En France

Donald et Melania Trump se sont également rendus à Paris. Le président américain avait été invité par le président français Emmanuel Macron à assister au défilé militaire du 14 juillet. Alors qu’ils assistaient au défilé sur la place de la Concorde, les deux hommes sont apparus plutôt complices. La veille, les couples Trump et Macron avaient dîné ensemble au restaurant de la Tour Eiffel.

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INCROYABLE MAIS VRAI

Le Canada doit faire face à un afflux de réfugiés en provenance des Etats-Unis. Ces réfugiés sont essentiellement haïtiens. Ils ont été admis aux Etats-Unis après le tremblement de terre de 2010. Ils bénéficient d’un statut de protection spécial leur permettant de séjourner temporairement aux Etats-Unis. Mais ce statut temporaire doit expirer en janvier 2018, à moins que le président Trump ne décide de le prolonger. De nombreux Haïtiens pensent, sans doute à juste titre, que Donald Trump ne renouvellera pas leur permis de séjour. Ils craignent donc d’être renvoyés chez eux. Au total, 58,000 personnes sont concernées. Et certaines d’entre elles ont choisi de fuir au Canada. Plusieurs centaines de personnes ont ainsi traversé à pied la frontière séparant les Etats-Unis du Canada cet été, à hauteur de la petite ville de Saint-Bernard-De-Lacolle. Les autorités canadiennes ont été contraintes de dresser des tentes à cet endroit pour accueillir les réfugiés et les identifier. Ils sont ensuite transférés en bus vers Montréal, où le stade olympique a été transformé en résidence pour les accueillir. Les autorités canadiennes ont toutefois précisé que, contrairement aux idées reçues, elles n’accorderont pas forcément de permis de séjour de longue durée au Canada à toutes ces personnes. Les dossiers de demande d’asile seront examinés au cas par cas.

L’HISTOIRE LA PLUS FOLLE DE L’ÉTÉ

Le Département d’Etat américain a confirmé que 21 personnes travaillant à l’ambassade américaine de La Havane (Cuba) avaient subi de mystérieuses « attaques acoustiques ». Elles ont été victimes de troubles de l’audition et d’autres symptômes neurologiques. Certaines sont rentrées aux Etats-Unis pour se faire soigner. Au moins deux d’entre elles pourraient avoir définitivement perdu l’audition. Pour l’instant, personne ne sait exactement ce qui a pu provoquer de tels symptômes mais il semble que les personnes aient été « attaquées » à leur domicile et non au sein de l’ambassade. Le gouvernement cubain nie toute implication dans cette affaire et a exceptionnellement accepté que des inspecteurs du FBI viennent enquêter à La Havane. Le Canada a annoncé que l’un de ses diplomates avait également été visé par les mystérieuses attaques.

LES PROPOSITIONS DE LOI DE L’ÉTÉ

Focus sur trois propositions de loi introduites cet été et dont on devrait entendre parler dans les prochains mois.

  1. Le RAISE Act

Les sénateurs républicains Tom Cotton et David Perdue ont introduit une proposition de loi baptisée RAISE Act. Donald Trump soutient fortement cette proposition de loi, à tel point que Cotton et Perdue ont été invités à la Maison Blanche pour la présenter à la presse.

L’objectif du RAISE Act est de réduire drastiquement l’immigration LÉGALE aux Etats-Unis, c’est-à-dire d’admettre moins d’immigrants sur le territoire chaque année. De plus, la proposition de loi prévoit également la mise en place d’un système d’immigration à points. Cela signifie que les immigrants acceptés sur le territoire ne le seraient plus au hasard ou pour des raisons de regroupement familial (sauf dans le cas des conjoints et des enfants mineurs) mais en fonction de critères tels que la maîtrise de la langue anglaise ou les compétences professionnelles. Le magazine TIME a créé un quiz qui vous permet, en répondant à quelques questions, de savoir si vous auriez une chance de pouvoir immigrer aux Etats-Unis après l’adoption du RAISE Act. Notre rédactrice a passé le test et le résultat s’est avéré négatif pour elle 😰

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Cliquez ici pour faire le test.

Si le RAISE Act était adopté, le nombre de réfugiés admis chaque année aux Etats-Unis serait également revu à la baisse.

À lire. Dans le contexte du débat sur l’immigration, le Washington Post a recueilli le témoignage de cinq députés hispaniques à la Chambre des Représentants (3 Démocrates et 2 Républicains). Ils évoquent leur parcours de fils/filles d’immigrés aux Etats-Unis. Intéressant.

Border wall hits close to home

2. Le Pretrial Integrity and Safety Act

Rand Paul, sénateur républicain du Kentucky, et Kamala Harris, sénatrice démocrate de Californie, forment un curieux duo allié dans la lutte pour une réforme du système judiciaire américain. Ils ont présenté leur proposition de loi bipartisane visant à modifier le système en place pour les cautions.

Si vous regardez parfois des séries policières américaines, vous savez que les suspects d’un crime peuvent éviter de rester en prison en attendant la date de leur procès s’ils payent une caution, généralement très élevée. D’après Rand Paul et Kamala Harris, ce système n’est pas du tout équitable puisque les plus pauvres n’ont aucune chance de pouvoir payer cette caution.

Dans un texte rédigé conjointement pour présenter leur proposition de loi dans le New York Times (à lire ici), Paul et Harris prennent pour exemple l’histoire d’un adolescent de 16 ans arrêté pour avoir volé un sac à dos et resté trois ans en prison parce que sa famille ne pouvait pas payer sa caution de 3,000$. Les charges qui pesaient contre lui ont finalement été retirées. Il s’est suicidé peu après sa sortie de prison. Il s’agit là d’un cas extrême mais qui illustre bien le problème. Le montant réclamé pour les cautions est souvent très élevé. Pour Paul et Harris, ce système de cautions défavorise honteusement les plus pauvres et les minorités afro-américaines et latinos. La justice aurait en effet tendance à réclamer des cautions plus élevées pour eux que pour les prévenus blancs.

Whether someone stays in jail or not is far too often determined by wealth or social connections, even though just a few days behind bars can cost people their job, home, custody of their children – or their life. (Que quelqu’un reste en prison ou non est bien trop souvent déterminé par sa richesse ou ses connections sociales, alors que quelques jours seulement passés derrière les barreaux peuvent faire perdre aux gens leur travail, leur maison, la garde de leurs enfants – ou leur vie)

Paul et Harris ajoutent qu’en plus d’être injuste, le système est aussi extrêmement coûteux pour les contribuables américains. Les personnes incapables de payer leur caution et incarcérées en attendant leur procès font augmenter considérablement la population carcérale. L’emprisonnement de ces personnes coûterait 38 millions de dollars par jour à l’état !

La proposition de loi Paul/Harris vise à dégager une subvention qui serait versée par l’état fédéral aux états fédérés. Ceux-ci devraient s’en servir pour remplacer le système de cautions par un autre système plus juste et approprié.

3. Le Marijuana Justice Act

Le sénateur démocrate Cory Booker a introduit une proposition de loi baptisée Marijuana Justice Act. Son objectif est de légaliser la consommation de marijuana aux Etats-Unis (certains états ont déjà sauté le pas ces dernières années). Si la proposition de loi de Booker était adoptée, la consommation de marijuana serait légalisée au niveau fédéral et les personnes incarcérées pour consommation de marijuana pourraient être libérées rétroactivement.

D’après Booker, la politique de lutte contre la consommation de marijuana touche de manière disproportionnée la communauté noire et contribue à la surpopulation des prisons américaines. Certains citoyens américains purgent des peines de prison uniquement parce qu’ils ont été arrêtés en possession de marijuana. Ce ne sont pas des criminels dangereux au départ mais ils n’arrivent pas à se réinsérer dans la société après avoir purgé leur peine. Leur passage en prison peut les conduire à devenir de véritables criminels. Dans un article publié par le Huffington Post, Booker nous explique son point de vue (à lire ici). Il écrit notamment:

I have met countless good people who couldn’t find a job, couldn’t find a decent place to live, and couldn’t support their family because they had a criminal record for doing something less serious than two of the last three presidents of the United States have admitted to doing. (J’ai rencontré d’innombrables gens bien qui ne pouvaient pas trouver un emploi, qui ne pouvaient pas trouver un endroit décent pour vivre, et qui ne pouvaient pas subvenir aux besoins de leur famille parce qu’ils avaient un casier judiciaire après avoir fait quelque chose de moins grave que ce que deux des trois derniers présidents des Etats-Unis ont admis avoir fait)

LES RECOMMANDATIONS DE L’ÉTÉ

Vous vous souvenez sans doute qu’au mois d’avril, Donald Trump avait confié à Ryan Zinke, son Secrétaire à l’Intérieur, la tâche de rédiger des recommandations quant à l’avenir de 27 monuments nationaux.

Rappel: En vertu d’une loi datant de 1906, le président des Etats-Unis a le pouvoir de classer des territoires comme monuments nationaux afin de les protéger. Seul le Congrès peut en revanche créer un parc national. L’an dernier, la désignation par Barack Obama de Bears Ears comme monument national avait suscité de vives réactions d’opposition en Utah. Dans l’Ouest américain, les monuments nationaux ont des opposants qui voient ces désignations comme une manière pour le gouvernement fédéral de s’approprier des terres que les habitants ne peuvent ensuite plus exploiter comme ils le désirent. En Utah, les deux-tiers du territoire de l’état appartiennent ainsi au gouvernement fédéral. Certains éleveurs dont les troupeaux se nourrissent sur le territoire de Bears Ears craignent par exemple qu’à long terme, le gouvernement fédéral interdise à leur bétail d’accéder au monument national. Ce qui aurait des conséquences catastrophiques pour eux.

Depuis le mois d’avril, Ryan Zinke a donc visité de nombreux sites et rencontré les partisans et les opposants de leur désignation comme monument national. Il a aussi reçu plus de 2,4 millions de commentaires de citoyens via un portail web mis en place à cet effet. La majorité de ces commentaires plaidaient en faveur de la sauvegarde des monuments nationaux.

Fin août, Ryan Zinke a rendu son rapport au président Trump. Ses recommandations? Ne retirer le statut de monument national à aucun des 27 sites concernés. Mais Zinke recommande tout de même de réduire la superficie de trois monuments: Bears Ears et Grand Staircase-Escalante en Utah et Cascade-Siskiyou en Oregon.

LA CONFIRMATION DE L’ÉTÉ

Chris Wray est officiellement devenu le nouveau directeur du FBI. Après avoir été désigné par Donald Trump pour remplacer James Comey, sa nomination a été confirmée par le Sénat à une très large majorité (92-5). Un véritable plébiscite ! Durant son audition, Wray a assuré qu’il dirigerait le FBI de manière indépendante et qu’il démissionnerait si la Maison Blanche lui demandait de faire quelque chose d’illégal ou d’immoral. Il a aussi assuré que Donald Trump ne lui avait pas demandé de faire preuve de loyauté à son égard.

LA TRISTE NOUVELLE DE L’ÉTÉ

John McCain est atteint d’une tumeur au cerveau. Au mois de juillet, le sénateur de l’Arizona a subi une opération chirurgicale pour retirer un caillot de sang qui s’était formé au-dessus de son œil gauche. Ce caillot a été découvert par hasard, alors qu’il faisait son check-up annuel dans un hôpital de Houston. Quelques jours plus tard, les résultats d’une analyse effectuée sur les tissus prélevés lors de l’opération révélaient la présence d’un cancer.

La nouvelle a provoqué une onde de choc à Washington et ailleurs. Meghan McCain, la fille de John McCain, a publié un communiqué indiquant que toute sa famille était sous le choc mais que son père était « calme » et « confiant ».

De nombreux collègues de John McCain au Congrès, Républicains comme Démocrates, lui ont adressé des messages de soutien. Impossible de tous les citer ici tant ils ont été nombreux. Même Barack Obama, qui avait battu McCain lors de l’élection présidentielle de 2008, a publié un tweet de soutien.

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Traduction: John McCain est un héros américain & l’un des combattants les plus braves que j’ai jamais connu. Le cancer ne sait pas à qui il a affaire. Fais-lui sa fête, John.

John McCain a passé le mois d’août en Arizona, où il a subi une chimiothérapie.

LA BONNE NOUVELLE DE L’ÉTÉ

Le 26 juillet, Steve Scalise a pu rentrer chez lui après six semaines d’hospitalisation et de nombreuses opérations chirurgicales. Il a entamé un long processus de rééducation. On ignore encore quand il pourra reprendre son travail de député à Washington.

LA PHRASE DE L’ÉTÉ

Our nation will return to the moon and we will put American boots on the face of Mars. (Notre nation retournera sur la lune et nous poserons le pied sur Mars)

Mike Pence face aux employés de la NASA lors d’une visite au Kennedy Space Center, en Floride. Cette visite intervenait quelques jours après que Donald Trump ait décrété la remise sur pied du National Space Council, un conseil créé en 1989 par le président George H.W. Bush mais dissous en 1993. L’objectif de ce conseil est de réunir régulièrement des experts issus des différentes agences gouvernementales, de l’armée, du secteur privé et des universités afin de faire avancer la recherche spatiale.

LES TRAVAUX DE L’ÉTÉ

Des travaux de rénovation ont eu lieu au mois d’août à la Maison Blanche. Donald Trump en a profité pour passer 17 jours de « vacances » dans l’une de ses propriétés situées à Bedminster, New Jersey. Voici donc une photo que l’on ne voit pas tous les jours. Celle du Bureau Ovale entièrement vidé avant d’être remis à neuf.

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LA VIDÉO DE L’ÉTÉ

Le 30 juillet, Donald Trump partageait une courte vidéo de deux minutes sur sa page Facebook. Le journal Le Monde a qualifié cette vidéo de « simulacre de journal télévisé ». Choisie comme présentatrice, Lara Trump (l’épouse d’Eric Trump, l’un des fils de Donald Trump) y présentait ce qu’elle qualifiait d’ « accomplissements du président durant la semaine »: la décision du président de faire don d’un quart de son salaire au Département de l’Education, les bons chiffres du chômage, l’ouverture d’une nouvelle usine dans le Wisconsin, etc. Pas un mot en revanche sur l’échec des Républicains à remplacer l’Obamacare ou les départs d’Anthony Scaramucci et de Reince Priebus de la Maison Blanche. Lara Trump terminait son allocution par ces mots:

Thanks for joining us, everybody. I’m Lara Trump and that is the real news. (Merci de nous avoir suivis, tout le monde. Je suis Lara Trump et ceci est la véritable information)

La vidéo a été vue plus de deux millions de fois sur Facebook.

LE MENSONGE DE L’ÉTÉ

Le 17 août, après l’attentat perpétré par l’Etat Islamique à Barcelone, Donald Trump publiait un tweet dans lequel il faisait référence au général Pershing.

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Traduction: Étudiez ce que le général Pershing des Etats-Unis a fait aux terroristes qui étaient capturés. Il n’y a plus eu de terrorisme islamique radical pendant 35 ans!

Donald Trump fait ici allusion à une légende selon laquelle Pershing aurait tué des musulmans avec des balles trempées dans du sang de porc alors qu’il combattait un groupe rebelle aux Philippines. Le candidat Trump avait déjà raconté cette histoire lors d’un meeting en février 2016. Or, cette légende n’a jamais été vérifiée par les historiens.

Au-delà du mensonge historique, il est peut-être tout aussi inquiétant que le président des Etats-Unis suggère que tuer des terroristes avec des balles trempées dans du sang de porc soit une bonne idée qui permettrait d’éradiquer le terrorisme.

LA CARTE DE L’ÉTÉ

On entend souvent parler à juste titre de l’impopularité record du président Trump. En moyenne, au niveau national, sa cote de popularité se situe aux alentours de 40% depuis son investiture. Cependant, elle varie considérablement d’un état à l’autre, comme le montre une étude réalisée par Gallup. La cote de popularité du président dépasse les 50% dans 17 états. Elle oscille entre 40% et 49% dans 16 autres états et est inférieure à 40% dans 17 états.

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Les trois états où le président Trump est le plus populaire sont la Virginie Occidentale (60% d’opinions favorables), le Dakota du Nord (59%) et le Dakota du Sud (57%). Les trois états où il est le plus impopulaire sont le Vermont, le Massachusetts et le Maryland, suivis de près par la Californie et New York.

DONALD TRUMP N’A TOUJOURS PAS D’ANIMAL DE COMPAGNIE

The Economist a rappelé cet été que Donald Trump ne possédait aucun animal de compagnie. C’est très rare pour un président des Etats-Unis. À vrai dire, il faut remonter plus de 150 ans en arrière pour trouver la trace d’un président américain n’ayant pas de compagnon à poils à la Maison Blanche. Au total, plus de 300 animaux ont vécu à la Maison Blanche depuis sa création.

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Les animaux de compagnie des présidents américains (Source: The Economist)

Theodore Roosevelt est le président américain qui possédait le plus grand nombre d’animaux. Une cinquantaine environ, dont un blaireau, un ours et une hyène ! Calvin Coolidge possédait un hippopotame et Herber Hoover possédait deux alligators. Depuis les années 1950, les présidents possèdent un moins grand nombre d’animaux et se contentent le plus souvent de chiens et de chats.

LES ÉLECTIONS DE L’ÉTÉ

On a voté en Alabama et en Utah cet été. Il s’agissait dans les deux cas de primaires républicaines. Petit récapitulatif.

En Alabama

Dans cet état du Sud très conservateur, on votait pour le premier tour d’une primaire républicaine visant à désigner le candidat républicain à l’élection spéciale qui désignera le successeur de Jeff Sessions au Sénat. Il y avait trois candidats:

  • Luther Strange, qui occupe le siège de Sessions depuis janvier par intérim. Strange est soutenu par le leader des Républicains au Sénat, Mitch McConnell, et par Donald Trump.
  • Roy Moore, un ancien juge très populiste dont le message ressemble beaucoup à celui de Donald Trump en 2016.
  • Mo Brooks, actuel député à la Chambre des Représentants.

Roy Moore (39% des voix) et Luther Strange (33%) se sont qualifiés pour le second tour qui aura lieu le 26 septembre. Le vainqueur sera ensuite opposé au candidat démocrate Doug Jones lors de l’élection générale qui aura lieu au mois de décembre. Que ce soit Moore ou Strange, il devrait l’emporter relativement aisément.

En Utah

Dans cet autre état traditionnellement républicain, on votait pour une primaire républicaine afin de choisir le candidat à l’élection spéciale qui devra désigner le remplaçant de Jason Chaffetz à la Chambre des Représentants. Il y avait là aussi trois candidats:

  • John Curtis, maire de la ville de Provo, la troisième ville de l’Utah. Curtis a dû faire face à des attaques remettant en cause son attachement aux valeurs conservatrices. Il fut en effet Démocrate pendant quelques années. Il a aussi ouvertement avoué qu’il n’avait pas voté pour Donald Trump lors de l’élection présidentielle, préférant noter le nom d’un « bon ami » sur son bulletin de vote. Malgré les attaques, il a continué de mettre en avant son côté modéré et sa volonté de travailler avec les Démocrates si nécessaire.
  • Chris Herrod, ancien député au parlement de l’Utah et candidat très conservateur. Il était notamment soutenu par Ted Cruz et Rand Paul.
  • Tanner Ainge, fils d’une star de basketball, sans aucune expérience politique.

Malgré son discours modéré, John Curtis l’a emporté dans un district pourtant habituellement très conservateur. Un résultat intéressant. Le 7 novembre, lors de l’élection générale, il sera opposé à la candidate démocrate Kathie Allen et au candidat d’un nouveau parti centriste récemment créé en Utah, Jim Bennett. Ce scrutin-là sera donc également très intéressant à suivre.

LES SONDAGES DE L’ÉTÉ

49% des Américains seulement pensent que le pays irait mieux aujourd’hui si Hillary Clinton avait été élue présidente à la place de Donald Trump en 2016 (Quinnipiac)

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34% seulement des électeurs républicains apprécient la façon dont Donald Trump se comporte en tant que Président des Etats-Unis (Pew Research Center)

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LE DUEL DE L’ÉTÉ

Jeff Flake vs Donald Trump. Jeff Flake est Républicain. Il représente l’Arizona au Sénat. Il n’a jamais apporté son soutien à Donald Trump lors de la campagne électorale de 2016 et s’est toujours montré critique à son égard. Il vient désormais de publier un livre intitulé Conscience of a Conservative: A Rejection of Destructive Politics and a Return to Principle*, dans lequel il n’hésite pas à critiquer le président.

*Le titre du livre rappelle celui d’un autre ouvrage qui a eu beaucoup d’impact au sein du mouvement conservateur américain: Conscience of a Conservative de Barry Goldwater, publié en 1960.

Un extrait du livre de Jeff Flake est paru dans Politico (à lire ici). Il y critique non seulement le président mais aussi son parti qui, d’après lui, a trop tendance à « normaliser » le discours de Donald Trump. Il parle même d’un parti qui vit dans le déni.

As I layered in my defense mechanisms, I even found myself saying things like, « If I took the time to respond to every presiden­tial tweet, there would be little time for anything else ». Given the volume and velocity of tweets from both the Trump campaign and then the White House, this was certainly true. But it was also a monumental dodge. It would be like Noah saying, « If I spent all my time obsessing about the coming flood, there would be little time for anything else ». At a certain point, if one is being honest, the flood becomes the thing that is most worthy of attention. At a certain point, it might be time to build an ark. (Alors que je me repliais dans mes mécanismes de défense, je me suis même retrouvé en train de dire des choses comme, « Si je prenais le temps de réagir à chaque tweet présidentiel, je n’aurais plus le temps de faire quoi que ce soit d’autre ». Vu le nombre de tweets émanant de la campagne de Trump et puis de la Maison Blanche, c’était tout à fait vrai. Mais c’était aussi une esquive monumentale. C’est comme si Noé avait dit, « Si je passe tout mon temps à être obsédé par le déluge qui arrive, je n’aurai plus de temps pour quoi que ce soit d’autre ». À un moment donné, si l’on est honnête, le déluge devient la chose la plus digne d’attention. À un moment donné, il est peut-être temps de construire une arche)

Quelques jours après la publication de son livre, Jeff Flake publiait également une carte blanche dans le New York Times (à lire ici). Il y critiquait la vision très restrictive de l’immigration défendue par Donald Trump, quelques jours après les événements dramatiques de Charlottesville.

Donald Trump n’a semble-t-il pas apprécié les critiques de Jeff Flake. Il a annoncé qu’il soutiendrait les candidats qui le défieront lors des primaires en vue des élections de mi-mandat de 2018.

LES LIVRES DE L’ÉTÉ

Plusieurs livres ont fait parler d’eux cet été. D’éventuelles idées de lecture pour la rentrée 😉

∗ Conscience of a Conservative: A Rejection of Destructive Politics and a Return to Principle, par Jeff Flake. Nous venons d’en parler.

∗ What Happened, par Hillary Clinton. Dans ce livre, Hillary Clinton promet de nous raconter sa campagne électorale de 2016. Le livre sortira en librairie le 12 septembre mais quelques extraits ont déjà filtré dans la presse.

Writing this wasn’t easy. Every day that I was a candidate for president, I knew that millions of people were counting on me and I couldn’t bare the idea of letting them down, but I did. I couldn’t get the job done, and I’ll have to live with that for the rest of my life. (Écrire ce livre n’a pas été facile. Chaque jour où j’ai été candidate à la présidence, je savais que des millions de gens comptaient sur moi et je ne pouvais pas supporter l’idée de les laisser tomber, mais je l’ai fait. J’ai échoué, et je vais devoir vivre avec cela pour le restant de mes jours)

Cet automne, Hillary Clinton fera une véritable tournée pour présenter son livre. La première conférence aura lieu à Washington. Clinton se rendra ensuite dans plusieurs autres villes américaines et canadiennes. À noter que les conférences en question seront payantes. Le ticket le moins cher coûtera 55$.

∗ Guide to Political Revolution, par Bernie Sanders. Bernie Sanders sort lui aussi un livre, adressé avant tout à la jeune génération. Il s’agit d’un appel à lutter pour plus d’égalité économique et de justice sociale, pour la protection de l’environnement, etc. Autrement dit, à continuer le combat qu’il estime avoir entamé lors de sa campagne électorale de 2016.

∗ Devil’s Bargain: Steve Bannon, Donald Trump, and the Storming of the Presidency, par Joshua Green. L’auteur explore le partenariat qui s’est instauré entre Steve Bannon et Donald Trump ainsi que la montée en puissance du mouvement alt-right. Pour mieux comprendre comment Donald Trump est arrivé au pouvoir.

LA PHOTO DE L’ÉTÉ

Bill Clinton entre les statues de George H.W. Bush et George W. Bush à la Bush Presidential Library de Dallas.

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Clinton participait à une conférence aux côtés de George W. Bush. Alors qu’ils étaient interrogés sur les qualités nécessaires pour être président des Etats-Unis, ils ont tous les deux insisté sur l’humilité.

George W. Bush:

I think it’s really important to know what you don’t know and listen to people who do know what you don’t know. (Je pense qu’il est vraiment important de savoir ce que vous ne savez pas et d’écouter les gens qui savent ce que vous ne savez pas)

Bush et Clinton n’ont pas fait référence à Donald Trump mais difficile de ne pas voir dans leur réponse une allusion au président actuel.

Bill Clinton a aussi dénoncé la rhétorique anti-immigration défendue selon lui par le Parti Républicain actuel. Il a rappelé que le GOP n’avait pas toujours été aussi hostile aux immigrants et que ce n’était notamment pas le cas de George W. Bush.

Bill Clinton:

I told George once a year or so ago, « I hope you’re not the last Republican president who’s not afraid of immigrants ». (J’ai dit à George il y a environ un an, « J’espère que tu n’es pas le dernier président républicain qui n’a pas peur des immigrants »)

Enfin, lorsque Bill Clinton a expliqué que « La meilleure chose qui puisse vous arriver lorsque vous êtes en politique est d’être constamment sous-estimé », Bush a répliqué en riant: « J’étais très fort pour cela ».

L’ÉCLIPSE DE L’ÉTÉ

Le 21 août, les Américains se sont passionnés pour une éclipse solaire qui a traversé leur pays d’Ouest en Est. À certains endroits, il s’agissait d’une éclipse totale. Elle n’était que partielle à Washington D.C., mais cela n’a pas empêché le président et la First Lady de profiter du spectacle.

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Ivanka Trump était également à la Maison Blanche pour admirer l’éclipse, tout comme Jeff Sessions (Ministre de la Justice) et Wilbur Ross (Ministre du Commerce).

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De nombreuses autres personnalités politiques ont pris le temps d’admirer l’éclipse et de partager leurs impressions sur les réseaux sociaux.

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La meilleure photo du jour? George Bush a partagé ce cliché sur son compte Twitter. Quatre générations de Bush réunies autour de lui pour admirer l’éclipse à Kennebunkport, dans le Maine.

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LE DESSIN DE L’ÉTÉ

Ce dessin de la skyline de New York réalisé par Donald Trump en 2005 a été vendu aux enchères pour la somme de $29,184.

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LA FRESQUE DE L’ÉTÉ

Cette fresque est apparue cet été à Bethléem, sur le mur séparant Israël de la Cisjordanie (du côté palestinien). On y voit le président Trump s’adresser au mur et lui murmurer « Je vais te construire un frère… ».

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L’INFO LA PLUS INSOLITE DE L’ÉTÉ

En Allemagne, la police a découvert 5,000 tablettes d’ectasy dissimulées par les trafiquants dans des biscuits représentant le visage de Donald Trump !

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EN BREF…

∗ L’Argentine va de nouveau autoriser les importations de viande de porc américaine. L’accord a été finalisé lors de la visite de Mike Pence à Buenos Aires. Une victoire importante pour l’administration Trump. Les Etats-Unis ne pouvaient plus exporter de porc en Argentine depuis 1992.

∗ Lors d’un meeting de Donald Trump dans son état, le gouverneur de Virginie Occidentale, Jim Justice, a annoncé qu’il quittait le Parti Démocrate pour rejoindre le Parti Républicain.

∗ Vous souvenez-vous de la plainte pour diffamation de Sarah Palin contre le New York Times? Une juge a tranché en faveur du journal, au nom de la liberté d’expression.

∗ Le footballeur Rafael Marquez, emblématique capitaine de l’équipe nationale du Mexique, est-il en lien avec les cartels de la drogue? Il fait en tout cas partie d’une liste de 22 individus sanctionnés par le Département du Trésor américain en raison de leurs liens avec un trafiquant de drogue. Tous les avoirs de Marquez aux Etats-Unis ont été gelés.

ROAD TO 2020

On connaît déjà le nom du premier candidat démocrate à l’élection présidentielle de 2020 ! Il s’agit de John Delaney (54 ans), actuellement député à la Chambre des Représentants. Il est évidemment trop tôt pour se prononcer véritablement sur ses chances de réussite. Il ne fait toutefois a priori pas partie des potentiels favoris à l’investiture démocrate. Il n’est pas connu du grand public, il n’a pas beaucoup d’argent à disposition, et surtout, il incarne l’aile centriste du Parti Démocrate. Or, l’électorat du parti, en colère contre Donald Trump, semble basculer de plus en plus à gauche.

Qui seront les autres candidats démocrates à la présidentielle de 2020? On l’ignore encore mais la liste des candidats potentiels est longue. Très longue. Même si c’est très risqué aussi longtemps à l’avance, nous vous livrons en exclusivité les pronos de The American Ballot Box.

Les candidats potentiels les plus sérieux. On y croit vraiment !

Andrew Cuomo, gouverneur de New York

Terry McAuliffe, gouverneur de Virginie en fin de mandat (l’élection pour désigner son successeur aura lieu au mois de novembre)

Martin O’Malley, ex-gouverneur du Maryland et déjà candidat en 2016

Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts

Cory Booker, sénateur du New Jersey

Kamala Harris, sénatrice de Californie

Kirsten Gillibrand, sénatrice de New York

Chris Murphy, sénateur du Connecticut

Seth Moulton, vétéran et député du Massachusetts

On a également envie de placer Joe Biden et Bernie Sanders dans cette liste de candidats potentiels les plus sérieux. Le seul élément qui nous fait sérieusement douter est leur âge. Joe Biden aurait 78 ans s’il était élu président en 2020. Sanders en aurait 79. Est-ce bien raisonnable?

Autres candidats potentiels dont les noms circulent régulièrement dans la presse. On y croit moyennement.

Leur profil est intéressant mais compte tenu de leur manque d’expérience au plus haut niveau (gouverneur / député ou sénateur), il nous semble plus probable qu’ils briguent d’abord un autre poste et se présentent ultérieurement à la présidentielle. En 2024, par exemple.

Mitch Landrieu, maire de La Nouvelle-Orléans

Eric Garcetti, maire de Los Angeles

Jason Kander, ex-Secrétaire d’Etat du Missouri

Autres noms parfois évoqués par la presse. Rien n’est impossible mais on a beaucoup de mal à y croire.

John Kerry

Al Gore

Enfin, que dire des potentielles candidatures de stars n’ayant aucune expérience en politique? Donald Trump a prouvé que tout était possible. Une candidature qui nous semble sérieusement envisageable est celle de Mark Zuckerberg. Le patron de Facebook est en train de réaliser un tour des Etats-Unis. Son but avoué est de se rendre dans chacun des 50 états américains afin d’y rencontrer de simples citoyens. On l’a ainsi vu récemment dîner avec une famille dans l’Ohio ou visiter une usine Ford à Detroit. Cet été, la Fondation Zuckerberg a également recruté Joel Benenson, un sondeur réputé, ex-conseiller de Barack Obama et membre de l’équipe de campagne d’Hillary Clinton l’an dernier. En janvier, la fondation avait déjà recruté David Plouffe, directeur de campagne d’Obama en 2008.

La candidature de Mark Cuban n’est pas non plus à exclure. Ce milliardaire, propriétaire de l’équipe de NBA de Dallas, a déjà plusieurs fois laissé entendre qu’il pourrait se présenter à l’élection présidentielle. Enfin, le nom de George Clooney a commencé à être évoqué dans la presse.

Un ticket indépendant KASICH-HICKENLOOPER 2020? C’est la dernière rumeur à la mode à Washington. Le gouverneur républicain de l’Ohio John Kasich et le gouverneur démocrate du Colorado John Hickenlooper sont apparus à plusieurs reprises côté à côte ces derniers temps. Tous les deux plutôt centristes et pragmatiques, ils appellent à davantage de civilité et de dialogue bipartisan. Ils ont aussi plaidé pour une réforme bipartisane du système de santé. D’après Axios, ils envisageraient de créer une émission télévisée ou un podcast où ils débattraient sereinement politique et culture. Alors pourquoi ne pas envisager aussi de se présenter ensemble à la présidentielle de 2020 en tant que ticket indépendant? (Notre avis: Une belle idée sur le papier mais qui semble compliquée à concrétiser)

ET POUR TERMINER, LES RETWEETS DE L’ÉTÉ

Cet été, Donald Trump a une nouvelle fois publié de nombreux tweets. Mais il a aussi partagé (« retweeté ») des messages rédigés par d’autres internautes sur son propre compte. Nous avons sélectionné quelques-uns des retweets présidentiels les plus marquants, pour votre plus grand plaisir.

Alors que la presse lui reprochait de ne pas avoir assez fermement condamné les groupes extrémistes ayant pris part aux événements de Charlottesville, Donald Trump choisissait de partager un tweet de Jack Posobiec, un conservateur proche de la alt-right et adepte des théories du complot. Ce tweet accusait les médias de faire un scandale à propos de Charlottesville et de ne pas dire un mot sur les fusillades ayant fait 9 morts à Chicago au cours du même week-end.

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Nous avons effectué une petite recherche dans les archives de Twitter pour voir le genre de tweets que Jack Posobiec publie habituellement. Cela vous donnera une idée du personnage auquel Donald Trump a choisi de donner une visibilité mondiale.

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Traduction: John McCain est une publicité vivante pour la limitation des mandats
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Traduction: Le sénateur McCain prononce un discours devant un groupe terroriste (Ndlr: Posobiec parle de l’Anti-Defamation League, la principale organisation de lutte contre l’antisémitisme aux Etats-Unis)
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Traduction: 2006, Obama a utilisé illégalement l’argent des contribuables pour se rendre au Kenya et faire campagne pour Raila Odinga. Après sa défaite, les supporters d’Odinga ont brûlé des villes.

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Et notre préféré, accusant Paul Ryan d’avoir participé à des coups d’état 🤔

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Traduction: Paul Ryan a été l’auteur d’une tentative de coup d’état en octobre – pourrait-il être impliqué dans ce coup de la CIA comme beaucoup de gens l’ont dit? (Ndlr: un prétendu coup d’état en Ukraine)

Donald Trump aime aussi partager des photomontages réalisés par certains de ses admirateurs. Voici deux exemples. Même si, on l’avoue, ils nous ont fait sourire, est-ce bien le genre de tweets que l’on attend de la part du Président des Etats-Unis?

Au moment de l’éclipse solaire aux Etats-Unis:

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Alors que la presse commençait à publier des extraits du livre d’Hillary Clinton, intitulé What Happened:

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