Les Américains se sont rendus aux urnes pour les élections de mi-mandat ce mardi 6 novembre. Retour sur les résultats de ces midterms.
REMARQUE PRÉLIMINAIRE
À l’heure où nous écrivons ces lignes, les résultats de tous les scrutins ne sont pas encore connus. On attend notamment toujours le résultat de l’élection pour le Sénat en Arizona et les résultats de plusieurs élections à la Chambre, notamment dans plusieurs circonscriptions de Californie. D’autre part, les bulletins de vote vont être recomptés en Floride pour les élections au poste de gouverneur, au Sénat et au poste de commissaire à l’agriculture. L’écart qui sépare les deux candidats pour ces trois scrutins est en effet inférieur à 0,5% des voix ! Nous vous tiendrons évidemment informés de ces derniers résultats lorsqu’ils tomberont, dans nos prochaines éditions du Weekly News Flash.
En dépit de ces quelques résultats encore manquants, nous pouvons d’ores et déjà dresser un bilan des élections de mi-mandat 2018. La chose la plus importante à retenir est la suivante: les Démocrates ont remporté la majorité à la Chambre des Représentants et les Républicains ont conservé leur majorité au Sénat.
LES RÉSULTATS : L’ESSENTIEL
Ce qu’il faut retenir des midterms, en bref.
- Un taux de participation élevé (pour des élections de mi-mandat aux Etats-Unis)
49,7% des Américains ont voté lors de ces midterms 2018. Il s’agit d’un taux de participation particulièrement élevé pour des élections de mi-mandat. Le taux de participation à ces élections se situe en effet généralement aux alentours de 40%, contre environ 60% pour l’élection présidentielle.
Il s’agit même du taux de participation le plus élevé à des élections de mi-mandat depuis celles de 1914 ! Une époque à laquelle les femmes et les afro-américains n’avaient pas encore le droit de vote.
- Un référendum anti-Trump?
Les midterms donnent aux électeurs la possibilité de se prononcer sur le bilan du président élu deux ans plus tôt. Ils choisissent généralement de le sanctionner. Depuis la fin de la guerre de Sécession, le parti du président a toujours perdu des sièges aux midterms, sauf en 1934, 1998 et 2002. En conservant sa majorité au Sénat et en y gagnant même quelques sièges, le Parti Républicain a donc bien limité les dégâts. Donald Trump n’a d’ailleurs pas manqué de le souligner. Mais les Démocrates l’ont largement emporté à la Chambre des Représentants, en reprenant entre 30 et 40 sièges aux Républicains dans cette assemblée. En janvier prochain, les Démocrates seront majoritaires à la Chambre pour la première fois depuis 2010. Cela va considérablement compliquer la vie du président Trump. En effet, si celui-ci veut faire passer certains projets de loi ambitieux (sur les infrastructures, l’immigration, la réforme du système judiciaire, etc), il devra négocier avec les Démocrates. D’autre part, ceux-ci dirigeront désormais les différents comités de la Chambre des Représentants. Or, ces comités ont le pouvoir d’ouvrir des enquêtes parlementaires et de réclamer un tas de documents à la Maison Blanche. Les Démocrates ont déjà indiqué qu’ils voulaient enquêter sur les possibles conflits d’intérêts du président Trump et sur ses liens avec la Russie. Dans un discours prononcé le soir des élections, Nancy Pelosi, qui devrait retrouver le poste de Speaker, a déclaré:
Today is more than about Democrats and Republicans. It’s about restoring the Constitution’s checks and balances to the Trump administration. (Aujourd’hui, il ne s’agit pas seulement des Démocrates et des Républicains. Il s’agit de restaurer les contre-pouvoirs prévus dans la Constitution face à l’administration Trump)
En d’autres termes, les deux dernières années du mandat de Donald Trump s’annoncent bien plus compliquées que les deux premières.
S’il est compréhensible de vouloir analyser les résultats des élections en fonction de leurs conséquences sur la suite du mandat du président Trump, il ne faudrait toutefois pas exagérer la tendance du « référendum anti-Trump ». N’oublions pas que les scrutins aux Etats-Unis répondent souvent à des logiques locales et que tous les Américains n’élisent pas leurs représentants au Congrès en songeant à envoyer un message à l’exécutif. Cette année, les sondages de sortie des urnes montrent que la majorité des électeurs voulaient bien envoyer un message à Donald Trump – un message d’opposition pour 38% d’entre eux et un message de soutien pour 26% d’entre eux. Néanmoins, un tiers de l’électorat déclarait que le président Trump n’était pas un facteur de décision au moment de voter. Il est intéressant de constater que parmi ces électeurs pour lesquels Donald Trump n’était pas un facteur de décision, les Républicains l’ont emporté (52% des voix).
LES RÉSULTATS : LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS
Les 435 sièges de la Chambre des Représentants étaient en jeu. Il y avait donc 435 scrutins différents dans 435 circonscriptions électorales différentes (pour en savoir plus sur le fonctionnement des élections de mi-mandat, voir notre Petit guide des midterms).
Avant ces élections, les Républicains occupaient 240 sièges à la Chambre, contre 195 pour les Démocrates. Il faut 218 sièges pour détenir la majorité. Les Démocrates devaient donc reprendre au minimum 23 sièges aux Républicains pour remporter l’élection. Ils y sont facilement parvenus. À l’heure où nous écrivons ces lignes, quelques résultats sont encore inconnus, notamment dans plusieurs circonscriptions de Californie. On ne connaît donc pas encore la nouvelle répartition exacte des sièges à la Chambre des Représentants, mais on sait que les Démocrates y détiendront entre 30 et 40 sièges de plus que les Républicains.
Nous n’allons pas vous détailler ici tous les résultats des élections à la Chambre des Représentants. Revenons simplement sur quelques verdicts qui ont particulièrement retenu notre attention.
- Quelques grandes premières historiques
Plus de 100 femmes ont été élues à la Chambre des Représentants ce mardi 6 novembre. Ce n’était jamais arrivé. Parmi elles, Alexandria Ocasio-Cortez, qui devient la plus jeune femme jamais élue au Congrès. Elle a 29 ans.
La nouvelle Chambre des Représentants comptera aussi pour la première fois des députées amérindiennes: Deb Haaland et Sharice Davids. Elles sont toutes les deux Démocrates et ont été élues respectivement au Nouveau Mexique et au Kansas.
Rashida Tlaib et Ilhan Omar seront les deux premières femmes musulmanes députées au Congrès. Elles ont toutes les deux été élues au Michigan. Ilhan Omar est aussi la première réfugiée originaire de Somalie jamais élue au Congrès.
Enfin, le Texas aura pour la première fois des représentantes hispaniques au Congrès: Veronica Escobar et Sylvia Garcia.
- VA-10
Comme les sondages l’avaient prédit, la Démocrate Jennifer Wexton l’a emporté dans cette circonscription de Virginie face à la députée républicaine sortante Barbara Comstock. Cette circonscription avait pourtant presque toujours été représentée par un député républicain.
- IA-04
Le très controversé républicain Steve King a été une nouvelle fois réélu dans sa circonscription de l’Iowa.
- CA-50 & NY-27
Les députés républicains Duncan Hunter et Chris Collins ont tous les deux été réélus malgré leurs ennuis avec la justice. Ils ont été récemment inculpés, respectivement, pour corruption et délit d’initié.
- FL-26 & TX-23
Les députés républicains sortants Carlos Curbelo et Will Hurd défendaient tous les deux leur siège dans une circonscription à la population très diverse, souvent issue de l’immigration et donc plutôt hostile au président Trump. Ils avaient aussi pour point commun d’être eux-mêmes issus de la diversité, plutôt modérés et plutôt critiques à l’encontre du président Trump.
Carlos Curbelo a été battu dans sa circonscription de Floride, qu’il représentait au Congrès depuis quatre ans. ll a remporté 49% des voix, contre 51% pour son adversaire démocrate Debbie Mucarsel-Powell. Will Hurd l’a quant à lui emporté de justesse dans sa circonscription du Texas.
- FL-27
La Démocrate Donna Shalala, ancienne ministre de la Santé de Bill Clinton, a été élue. Les Démocrates reprennent cette circonscription de Floride aux Républicains.
- CA-48
Le Républicain Dana Rohrabacher a été déclaré perdant dans sa circonscription de Californie. Il était membre du Congrès depuis 1989 et réputé pour être très, voire trop, pro-russe. Il était même parfois surnommé « le député favori de Poutine ». Le Démocrate qui l’a battu se nomme Harley Rouda.
- SC-01
Dans la 1ère circonscription de Caroline du Sud, représentée par un député républicain depuis 1981, le Démocrate Joe Cunningham l’a emporté face à la Républicaine Katie Arrington ! Cette dernière, affichant un visage très pro-Trump, avait remporté à la surprise générale une primaire républicaine face à Mark Sanford, le député qui occupe actuellement ce siège et qui s’est parfois montré critique à l’encontre du président. En 2016, Donald Trump avait remporté 53% des voix lors de l’élection présidentielle dans cette circonscription.
- IN-06
Greg Pence, le frère du vice-président Mike Pence, a été élu dans la 6ème circonscription de l’Indiana.

- VA-05
Pour ceux qui s’en souviennent, nous vous avions parlé dans l’un de nos Weekly News Flash du candidat républicain dans la 5ème circonscription de Virginie, Denver Riggleman, accusé par son opposante démocrate d’être un adepte de porno bigfoot 😳
Cette accusation n’a semble-t-il pas effrayé les électeurs puisque Riggleman l’a emporté.
LES RÉSULTATS : LE SÉNAT
Au Sénat, 35 sièges sur 100 étaient en jeu.
En un coup d’œil
En gris, les états où l’on ne votait pas pour le Sénat cette année. En bleu, les états où le candidat démocrate l’a emporté. En rouge, les états où le candidat républicain l’a emporté.
En brun, les trois scrutins dont on ne connaît pas encore l’issue:
– En Arizona, tous les bulletins de vote n’ont pas encore été comptabilisés et c’est très serré entre la Républicaine Martha McSally et la Démocrate Kyrsten Sinema.
– En Floride, le Républicain Rick Scott a été déclaré vainqueur le soir de l’élection. Cependant, l’écart le séparant de son rival démocrate Bill Nelson étant très faible (moins de 0,5%), ce dernier a réclamé un recomptage des voix.
– Enfin, pour l’élection spéciale au Mississippi, aucun candidat n’a obtenu plus de 50% des voix et un deuxième tour opposera donc la Républicaine Cindy Hyde-Smith et le Démocrate Mike Espy le 27 novembre prochain.
Venons-en maintenant aux résultats connus.
- Les sièges conservés par les Démocrates (20 + 2)
Vingt sénateurs démocrates ont été réélus: Tammy Baldwin (Wisconsin), Sherrod Brown (Ohio), Maria Cantwell (Washington), Ben Cardin (Maryland), Tom Carper (Delaware), Bob Casey (Pennsylvanie), Dianne Feinstein (Californie), Kirsten Gillibrand (New York), Martin Heinrich (Nouveau Mexique), Mazie Hirono (Hawaï), Tim Kaine (Virginie), Amy Klobuchar (Minnesota), Joe Manchin (Virginie Occidentale), Bob Menendez (New Jersey), Chris Murphy (Connecticut), Tina Smith (Minnesota, élection spéciale), Debbie Stabenow (Michigan), Jon Tester (Montana), Elizabeth Warren (Massachusetts) et Sheldon Whitehouse (Rhode Island).
Le meilleur score de la soirée a été réalisé par Mazie Hirono, réélue à Hawaï en remportant 71,1% des voix ! D’autre part, soulignons la performance de Joe Manchin, réélu en tant que Démocrate dans un état où le président Trump avait très largement remporté l’élection présidentielle il y a deux ans (42 points d’écart sur Hillary Clinton) et où il reste très populaire.
Les deux sénateurs indépendants associés aux Démocrates Bernie Sanders et Angus King ont également été réélus, respectivement dans le Vermont et dans le Maine.
- Les sièges conservés par les Républicains (6)
Quatre sénateurs républicains ont été réélus: John Barrasso (Wyoming), Ted Cruz (Texas), Deb Fischer (Nebraska) et Roger Wicker (Mississippi).
Les Républicains l’ont aussi emporté en Utah et au Tennessee, où les sénateurs sortants Orrin Hatch et Bob Corker ne se représentaient pas. En Utah, Mitt Romney l’a largement emporté (62% des voix) et va donc débarquer au Sénat. Au Tennessee, Marsha Blackburn l’a emporté face au Démocrate Phil Bredesen, ex-gouverneur de l’état. C’est la première fois que le Tennessee élit une femme au Sénat.
- Les sièges repris par les Républicains aux Démocrates (3)
Pour l’instant, les Républicains ont repris trois sièges aux Démocrates. Au Dakota du Nord, Kevin Cramer a battu la sénatrice démocrate sortante Heidi Heitkamp. Dans le Missouri, Josh Hawley a battu la sénatrice démocrate sortante Claire McCaskill. Et dans l’Indiana, Mike Braun a battu le sénateur démocrate sortant Joe Donnelly.
Le nombre de sièges repris par les Républicains aux Démocrates pourrait encore augmenter si la victoire de Rick Scott face au sénateur démocrate sortant Bill Nelson est confirmée après recomptage des voix en Floride.
- Les sièges repris par les Démocrates aux Républicains (1)
Au Nevada, Jacky Rosen a battu le sénateur républicain sortant Dean Heller.
Le nombre de sièges repris par les Démocrates aux Républicains passera à deux si Kyrsten Sinema l’emporte en Arizona.
LES RÉSULTATS : LES GOUVERNEURS
On votait pour élire un nouveau gouverneur dans 36 états.
En un coup d’œil
En gris, les états où l’on ne votait pas pour élire un nouveau gouverneur cette année. En bleu, les états où le candidat démocrate l’a emporté. En rouge, les états où le candidat républicain l’a emporté.
En brun, les deux états pour lesquels le résultat n’est pas encore connu:
– En Géorgie, le scrutin est très serré et le résultat n’a pas encore été annoncé. Si le Républicain Brian Kemp l’emporte, l’état restera dans les mains du GOP. Si la Démocrate Stacey Abrams l’emporte, elle sera la première femme afro-américaine élue à un poste de gouverneur aux Etats-Unis.
– En Floride, le Républicain Ron DeSantis a été déclaré vainqueur le soir de l’élection. Son adversaire démocrate, Andrew Gillum, avait même reconnu sa défaite, avant de se rétracter. Les bulletins de vote vont être recomptés.
- Les postes de gouverneur conservés par les Démocrates (9)
Cinq gouverneurs démocrates ont été réélus: Kate Brown (Oregon), Andrew Cuomo (New York), David Ige (Hawaï), Gina Raimondo (Rhode Island) et Tom Wolf (Pennsylvanie).
En outre, quatre Démocrates ont été élus pour succéder à un gouverneur sortant démocrate: Ned Lamont (Connecticut), Gavin Newsom (Californie), Jared Polis (Colorado) et Tim Walz (Minnesota).
Notez que Jared Polis (Colorado) est le premier homme ouvertement gay à être élu à un poste de gouverneur aux Etats-Unis.
- Les postes de gouverneur conservés par les Républicains (17)
Onze gouverneurs républicains ont été réélus: Greg Abbott (Texas), Charlie Baker (Massachusetts), Doug Ducey (Arizona), Larry Hogan (Maryland), Asa Hutchinson (Arkansas), Kay Ivey (Alabama), Henry McMaster (Caroline du Sud), Kim Reynolds (Iowa), Pete Ricketts (Nebraska), Phil Scott (Vermont) et Chris Sununu (New Hampshire).
En outre, sept Républicains ont été élus pour succéder à un gouverneur sortant républicain: Mike DeWine (Ohio), Mark Gordon (Wyoming), Bill Lee (Tennessee), Brad Little (Idaho), Kristi Noem (Dakota du Sud) et Kevin Stitt (Oklahoma).
Notez que dans plusieurs états, les électeurs ont élu ou réélu un gouverneur républicain (souvent modéré) tout en élisant ou réélisant un sénateur démocrate. C’est notamment le cas dans le Massachusetts, le Vermont ou le Maryland.
- Les états repris par les Démocrates aux Républicains (7)
Sept Démocrates ont été élus au poste de gouverneur dans des états jusqu’ici dirigés par un gouverneur républicain. Ce qui constitue évidemment une très bonne performance pour le Parti Démocrate.
Deux de ces sept victoires ont été remportées face à un gouverneur républicain candidat à sa réélection: Tony Evers l’a emporté dans le Wisconsin face au gouverneur sortant Scott Walker et JB Pritzker l’a emporté en Illinois face au gouverneur sortant Bruce Rauner.
D’autre part, Laura Kelly l’a emporté au Kansas, Michelle Lujan Grisham au Nouveau Mexique, Janet Mills dans le Maine, Steve Sisolak au Nevada et Gretchen Whitmer au Michigan.
La victoire de Laura Kelly au Kansas, face au Républicain Kris Kobach, fut l’une des grosses surprises de la soirée. Le Kansas est habituellement un état acquis à la cause républicaine.
- Les états repris par les Républicains aux Démocrates (0)
Aucun état ayant un gouverneur sortant démocrate n’a basculé du côté républicain.
Grâce à la victoire de Mike Dunleavy, les Républicains reprennent toutefois le contrôle de l’Alaska, où le gouverneur sortant était un Indépendant.
LES RÉSULTATS : LES RÉFÉRENDUMS
Dans de nombreux états, des référendums étaient aussi organisés sur toutes sortes de sujets. Nous ne pouvons pas détailler tous les résultats ici mais en voici quelques-uns qui ont retenu notre attention.
- Floride, Amendement 4
En Floride, l’amendement 4 a été adopté par les électeurs. Il sera ajouté à la Constitution de l’état. Il s’agit de redonner le droit de vote à tous les anciens condamnés ayant purgé leur peine de prison (sauf ceux ayant commis des crimes très graves tels que le meurtre). Cela concerne plus de 1,4 million de personnes résidant en Floride, dont une majorité d’afro-américains et d’hispaniques.
- Légalisation du cannabis
Les électeurs du Michigan ont approuvé la dépénalisation du cannabis à partir de l’âge de 21 ans. Le Michigan devient ainsi le dixième état américain à légaliser la consommation de cannabis. Au Dakota du Nord, où l’on votait aussi sur cette question, c’est en revanche le non qui l’a emporté.
Voici la liste des dix états américains où la consommation de cannabis est désormais légale: Alaska, Californie, Colorado, Maine, Massachusetts, Michigan, Nevada, Oregon, Vermont, Washington. Il faut y ajouter Washington, D.C.
En outre, 33 états américains autorisent désormais l’usage du cannabis à des fins médicales. Les habitants de l’Utah et du Missouri ont voté en faveur de la légalisation de cet usage médical ce mardi 6 novembre.
La carte ci-dessous montre les états où la consommation de cannabis est totalement légale (en vert), les états où seul l’usage médical est autorisé (en bleu) et les états où l’usage de cannabis reste totalement illégal (en gris).
- Augmentation du salaire minimum
En Arkansas et dans le Missouri, les électeurs ont voté en faveur de l’augmentation du salaire minimum dans leur état, respectivement à $11 et $12 de l’heure.
AUTRES RÉSULTATS NOTOIRES
Le Démocrate Keith Ellison, qui était jusqu’ici député à la Chambre des Représentants, a été élu au poste d’Attorney General du Minnesota.
George P. Bush, fils aîné de Jeb Bush, a été réélu au poste de Land Commissionner du Texas.
LES SONDAGES DE SORTIE DES URNES AU TEXAS
Revenons quelques instants sur le scrutin qui a opposé Ted Cruz à Beto O’Rourke au Texas. Ce fut l’un des duels les plus suivis lors de ces élections de mi-mandat. Ted Cruz a été réélu en remportant 50,9% des voix, contre 48,3% pour Beto O’Rourke. Si le candidat démocrate n’est pas parvenu à réaliser l’exploit, il a donc tout de même donné du fil à retordre à Cruz. La carte ci-dessous montre les comtés remportés par Cruz et O’Rourke. Le Démocrate l’a emporté dans les comtés comprenant les grandes villes de l’état (Houston, Austin, Dallas, San Antonio) et dans le sud de l’état.
Ce qui tend à démontrer que Beto O’Rourke a réalisé une campagne remarquable (et/ou que Ted Cruz a un problème de popularité) est que, dans le même temps, le gouverneur républicain de l’état Greg Abbott a été réélu avec 55,8% des voix, contre 42,5% à son opposante Lupe Valdez. Il est vrai que celle-ci était une femme ouvertement lesbienne là où O’Rourke est un homme blanc, ce qui a aussi pu avoir une influence. Quoi qu’il en soit, il est surprenant de constater qu’un certain nombre d’électeurs ont voté à la fois pour Greg Abbott au poste de gouverneur et pour Beto O’Rourke au Sénat. D’après les sondages de sortie des urnes, 10% des électeurs ayant voté pour réélire Abbott au poste de gouverneur ont ainsi voté en même temps pour élire O’Rourke au Sénat.
Autre résultat surprenant issu des sondages de sortie des urnes, Beto O’Rourke l’a emporté auprès des Texans de souche, alors que Ted Cruz l’a emporté auprès des personnes résidant au Texas mais originaires d’un autre état.
VAINQUEURS ET PERDANTS
Qui sont les grands vainqueurs et les grands perdants de ces élections de mi-mandat 2018? Notre verdict ci-dessous.
- Les gagnants
Tous les candidats qui ont été élus ou réélus. Cela va de soi.
Le Parti Démocrate. Les Démocrates ont repris la Chambre des Représentants et sept postes de gouverneur aux Républicains. Même s’ils ont échoué à reconquérir le Sénat et même si certains espéraient une vague bleue plus importante, le Parti Démocrate ressort bien davantage gagnant que perdant de ces élections.
Nancy Pelosi. La députée de Californie a été réélue et, en tant que leader des Démocrates à la Chambre, peut se réjouir que son parti y ait regagné la majorité. En janvier, Nancy Pelosi devrait retrouver le poste de Speaker qu’elle a déjà occupé de 2007 à 2011.
Les femmes. Jamais autant de femmes n’avaient été candidates aux élections de mi-mandat et jamais autant de femmes n’avaient été élues à la Chambre des Représentants.
Alexandria Ocasio-Cortez. À 29 ans, elle devient la plus jeune députée jamais élue au Congrès. Ce fut aussi l’une des révélations de cette campagne. AOC, comme on la surnomme, a déjà acquis le statut d’icône auprès des Démocrates les plus libéraux, qui réclament du changement et veulent pousser le parti plus à gauche. AOC se définit elle-même ouvertement comme socialiste. Elle n’a sans doute pas fini de faire parler d’elle.
Mitt Romney. Ce n’est pas tous les jours qu’un ancien candidat à l’élection présidentielle débarque au Sénat. De plus, Mitt Romney ne sera que la deuxième personnalité dans l’histoire des Etats-Unis à représenter un état au Sénat (l’Utah) après avoir été gouverneur d’un autre état (le Massachusetts). Le seul cas existant était jusqu’ici celui de Sam Houston, qui fut gouverneur du Tennessee puis sénateur du Texas. Et cela remonte au XIXe siècle.
Joe Manchin. Comme nous l’avons déjà souligné, Joe Manchin est parvenu à se faire réélire au Sénat en tant que Démocrate en Virginie Occidentale, un état où Donald Trump l’avait largement emporté pour la présidentielle il y a deux ans et où il reste populaire. Les Républicains espéraient d’ailleurs reprendre ce siège aux Démocrates. C’est raté.
Sherrod Brown. Ce sénateur démocrate a été réélu en Ohio, alors même que les électeurs de l’état choisissaient d’accorder leur confiance à un candidat républicain pour le poste de gouverneur. De quoi donner de la confiance et de la crédibilité à Brown pour une éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 2020. Il a laissé entendre qu’il pourrait être candidat.
Beto O’Rourke. Soyons clairs, Beto O’Rourke a perdu face à Ted Cruz. Son statut de vainqueur est donc discutable. Cependant, il fut clairement la grande révélation de cette campagne côté démocrate. Il a réalisé un meilleur score que n’importe quel candidat démocrate au Sénat au Texas depuis des dizaines d’années. Il est aussi devenu le chouchou des médias. Son message a dépassé les frontières du Texas et sa campagne lui a permis de se faire connaître au niveau national. Sa popularité est désormais très grande partout dans le pays. Certains vont déjà jusqu’à le comparer à JFK ou à Barack Obama. Beto 2020?
Ce jeune électeur texan supporter de Beto O’Rourke qui est allé voter en compagnie de l’un de ses amis supporter du président Trump et dont le tweet a été partagé plus de 12,000 fois, y compris par Ted Cruz.
- Les perdants
Tous les candidats qui ont perdu. Cela va de soi.
Donald Trump. Le président a raison de souligner qu’en conservant la majorité au Sénat, son parti a limité les dégâts. C’est d’ailleurs crucial puisque, rappelons-le, c’est le Sénat qui confirme les ministres, ambassadeurs, juges, etc. nommés par le président. Cependant, Donald Trump ressort davantage perdant que gagnant de ces élections. Grâce à leur majorité à la Chambre des Représentants, les Démocrates vont pouvoir ouvrir toutes sortes d’enquêtes sur son administration et lui réclamer des tonnes de documents. Le président devra aussi négocier avec eux s’il veut faire passer des réformes importantes. Bref, la deuxième partie de son mandat s’annonce plus compliquée que la première.
Scott Walker. En tant que gouverneur du Wisconsin, Scott Walker a procédé à des réformes importantes dans son état, n’hésitant pas à affronter les syndicats. Cela l’a rendu très populaire et respecté au sein de son parti. À tel point qu’en 2016, il se présentait à l’élection présidentielle. Mais sa campagne fut un échec et aujourd’hui, à peine deux ans plus tard, il a échoué à se faire réélire, battu de justesse par son adversaire démocrate Tony Evers.
Une réflexion sur “MIDTERMS 2018 : LE BILAN”