WEEKLY NEWS FLASH #150

Nous avons dû faire face à un moins grand nombre de breaking news au cours de la semaine écoulée que des précédentes. En effet, les membres du Congrès étaient en congé pour Thanksgiving. Le président Trump a également passé quelques jours en Floride pour l’occasion. Mais, rassurez-vous, une semaine un peu plus calme que d’habitude ne signifie pas pour autant une semaine sans aucune information importante. On a notamment beaucoup parlé d’un communiqué assez hallucinant de la Maison Blanche concernant l’Arabie Saoudite. Bonne lecture de cette 150ème édition du Weekly News Flash !

HAPPY THANKSGIVING 🦃

Les Américains fêtaient Thanksgiving cette semaine. Comme le veut la tradition, le président Trump a gracié une dinde à la Maison Blanche. Il a ensuite pris la direction de la Floride pour passer quelques jours au Mar-a-Lago.

1

Mais, semaine de Thanksgiving ou non, Donald Trump ne cesse jamais de déclencher la polémique…

LE COMMUNIQUÉ HALLUCINANT DE LA MAISON BLANCHE AU SUJET DE L’ARABIE SAOUDITE

La Maison Blanche a publié un communiqué officiel intitulé Statement from President Donald J. Trump on Standing with Saudi Arabia. Ce communiqué parsemé de points d’exclamation commence par les mots America First! The world is a very dangerous place! (L’Amérique d’abord! Le monde est un endroit très dangereux!)

Le président Trump y explique pourquoi les Etats-Unis ne doivent pas remettre en cause leur alliance avec l’Arabie Saoudite après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Et ce, pour trois raisons principales:

1 – L’Arabie Saoudite est un allié important qu’il faut soutenir face à l’Iran.

2 – L’Arabie Saoudite s’est engagée à lutter contre le terrorisme.

3 – L’Arabie Saoudite investit aux Etats-Unis et leur achète des armes. Une mise à mal de l’alliance ferait donc perdre des milliards de dollars à l’Amérique.

Le président Trump précise ensuite que les Etats-Unis ne cautionnent pas l’assassinat de Jamal Khashoggi et ont déjà sanctionné 17 individus suspectés d’y être liés. Mais il ajoute que le roi Salman et le prince héritier Mohammed Bin Salman nient toute implication dans cet assassinat. Donald Trump reprend par ailleurs les arguments de Mohammed Bin Salman selon lesquels Khashoggi aurait pu être un « ennemi de l’état » et un sympathisant des Frères Musulmans. Il affirme aussi  (et ceci est une véritable phrase figurant dans un communiqué officiel de la Maison Blanche 😳) :

It could very well be that the Crown Prince had knowledge of this tragic event – maybe he did and maybe he didn’t! (Il se pourrait fort bien que le prince héritier ait eu connaissance de cet événement tragique – peut-être qu’il savait et peut-être pas!)

2
Extrait du communiqué de la Maison Blanche au sujet de l’Arabie Saoudite

L’avis de la rédaction: Ne soyons pas naïfs. Aucun président américain n’aurait probablement jeté l’alliance avec l’Arabie Saoudite à la poubelle après l’assassinat de Jamal Khashoggi. Faudrait-il le faire? C’est un vaste débat que nous n’avons pas la prétention de trancher ici. Cependant, et c’est la position de nombreux membres du Congrès, il était certainement possible de condamner plus fermement l’assassinat de Khashoggi, voire de sanctionner le régime pour cet acte odieux, sans aller nécessairement jusqu’à remettre totalement l’alliance en question. Il est en outre préoccupant que le communiqué de la Maison Blanche reprenne certains des arguments mis en avant par l’Arabie Saoudite elle-même. Cela donne l’impression que les Etats-Unis ne cherchent même pas à connaître la vérité, alors qu’un résident américain a été assassiné (Khashoggi n’avait pas la nationalité américaine mais résidait légalement aux Etats-Unis). Cela donne aussi l’impression que les Etats-Unis sont le vassal de l’Arabie Saoudite, obligé d’acquiescer à tout en raison d’intérêts économiques, alors que, en réalité, l’Arabie Saoudite est sans doute au moins aussi dépendante des Etats-Unis que l’inverse. Et ne parlons même pas du style littéraire du communiqué (maybe he did and maybe he didn’t!)…

Le communiqué a suscité l’indignation de nombreux membres du Congrès, y compris côté républicain. Lindsey Graham a par exemple déclaré que, même s’il est nécessaire de coopérer avec des partenaires imparfaits sur la scène internationale, il serait tout à fait possible de sanctionner l’Arabie Saoudite pour le meurtre de Jamal Khashoggi. Graham a ajouté qu’il pensait que le Congrès approuverait bientôt de telles sanctions.

Les réactions indignées des élus politiques furent nombreuses sur Twitter. La plus remarquée fut celle de Bob Corker, sénateur républicain et président du comité des Affaires Étrangères du Sénat.

3
Traduction: Je n’aurais jamais cru que je verrais un jour la Maison Blanche travailler au noir comme agence de relations publiques pour le prince héritier d’Arabie Saoudite.

Bob Corker et son collègue démocrate Bob Menendez ont adressé une lettre au président Trump pour lui demander d’informer le Congrès au sujet des connaissances de l’exécutif sur le rôle du prince héritier dans l’assassinat de Jamal Khashoggi. Bob Corker veut que le Secrétaire d’Etat Mike Pompeo, le Secrétaire à la Défense James Mattis et la directrice de la CIA Gina Haspel témoignent dès la semaine prochaine devant le Sénat.

L’AUTRE POLÉMIQUE DE LA SEMAINE

Avant la publication du communiqué de la Maison Blanche au sujet de l’Arabie Saoudite, d’autres propos du président Trump avaient déjà suscité une certaine indignation.

Lors d’une interview accordée à Fox News, le président a critiqué William McRaven, un militaire aujourd’hui à la retraite et considéré par beaucoup comme un héros américain. Pour ceux qui ne connaissent pas William McRaven, c’est lui qui a dirigé à la fois la mission qui a mené à l’assassinat d’Oussama Ben Laden au Pakistan, la mission qui a mené à la capture de Saddam Hussein en Irak et la mission pour sauver le capitaine Phillips, dont le navire avait été pris en otage par des pirates au large de la Somalie (si vous ne l’avez pas vu, nous vous conseillons le film Capitaine Phillips, avec Tom Hanks). Pourquoi Donald Trump a-t-il critiqué McRaven? Probablement parce que celui-ci avait pris la parole il y a plusieurs mois pour affirmer que certains agissements du président, notamment à l’encontre des médias, représentaient « la plus grande menace pour la démocratie américaine au cours de ma vie ». Lorsque le journaliste de Fox News qui interrogeait Donald Trump a évoqué McRaven, le président a répliqué que ce dernier était un « fan d’Hillary Clinton » et qu’il était tout de même étrange qu’Oussama Ben Laden n’ait pas été capturé plus tôt. McRaven a réagi en faisant savoir sur CNN qu’il n’avait pas soutenu Hillary Clinton pendant la campagne électorale de 2016 et qu’il était fan à la fois de Barack Obama et de George W. Bush, sous les ordres desquels il a servi. « J’admire tous les présidents, quel que soit leur parti politique, qui font preuve de dignité dans l’exercice de leurs fonctions », a-t-il précisé.

Les attaques de Donald Trump contre William McRaven n’ont pas plu à tout le monde. L’amiral a rapidement reçu de nombreux messages de soutien et de remerciement pour les services qu’il a rendus à la nation, y compris de la part d’élus républicains comme Marco Rubio ou George P. Bush, le fils aîné de Jeb Bush.

4
Traduction: Je ne sais pas si l’amiral William McRaven partage mes opinions politiques ou non. Mais je sais que peu d’Américains ont fait autant de sacrifices ou pris autant de risques que lui pour protéger l’Amérique et les libertés dont nous profitons. Sa carrière militaire est l’illustration de l’honneur et de l’excellence. Je suis reconnaissant pour son service.
5
Traduction: En servant en Afghanistan avec l’amiral McRaven, j’ai personnellement été le témoin de son patriotisme et de son amour pour le pays. C’est un héros américain et il a toujours servi notre pays avec honneur. Je suis reconnaissant pour son service et ses sacrifices pour notre liberté.

Petite précision concernant le tweet ci-dessus: George P. Bush a servi dans la U.S. Navy et a été déployé huit mois en Afghanistan. Durant son déploiement, on lui avait attribué un autre nom pour des raisons de sécurité. Même ses compagnons d’armes ignoraient sa véritable identité.

LA DÉCLARATION DE LA SEMAINE

We do not have Obama judges or Trump judges, Bush judges or Clinton judges. (Il n’y a pas de juges pro-Obama ou pro-Trump, de juges pro-Bush ou pro-Clinton)

John Roberts, le Chief Justice de la Cour Suprême, en réponse au président Trump après que celui-ci ait accusé les juges d’un tribunal de San Francisco d’être des activistes politiques pro-Obama. Il est très rare qu’un juge de la Cour Suprême prenne ainsi la parole pour critiquer les déclarations du président des Etats-Unis.

LE RAPPORT DE LA SEMAINE

Le gouvernement américain a publié un rapport sur le changement climatique et son impact aux Etats-Unis. Ce rapport, baptisé National Climate Assessment, a été commandé par le Congrès. Il a été rédigé par des scientifiques travaillant dans plusieurs agences gouvernementales américaines. On peut y lire que les Etats-Unis sont déjà confrontés aux effets du réchauffement climatique et que la situation risque d’empirer rapidement si rien n’est entrepris pour contrer le phénomène. Les incendies et ouragans meurtriers seront notamment de plus en plus nombreux. Le rapport met aussi en évidence le fait que le réchauffement climatique va avoir des conséquences désastreuses pour l’économie américaine. Il pourrait entraîner des pertes de « centaines de milliards de dollars » chaque année. Pour lire le rapport, cliquez ici.

LE TWEET DE LA SEMAINE

Deux jours avant la publication par son propre gouvernement de ce rapport alarmant sur le climat, le président Trump publiait le tweet suivant, alors que les médias américains annonçaient une grosse vague de froid dans le Midwest et sur la côte Est des Etats-Unis pour Thanksgiving.

6
Traduction: Une vague de froid brutale et étendue pourrait battre TOUS LES RECORDS – Qu’est-il arrivé au réchauffement climatique?

MEANWHILE, IN CALIFORNIA…

L’incendie le plus meurtrier de l’histoire de la Californie, dont nous vous avons parlé la semaine dernière, est enfin sous contrôle. Il s’était déclenché le 8 novembre dernier. En dix-sept jours, il aura détruit environ 14,000 maisons dans le nord de la Californie, notamment à Paradise, une ville qui a été quasiment rayée de la carte. Le bilan provisoire de l’incendie est de 85 morts. Plus de 200 personnes sont toujours portées disparues.

LES E-MAILS DE LA SEMAINE

Le Washington Post a révélé cette semaine qu’Ivanka Trump avait utilisé son adresse e-mail personnelle pour certaines communications liées à son travail à la Maison Blanche. La comparaison avec l’affaire des e-mails d’Hillary Clinton est immédiatement apparue comme évidente pour beaucoup de détracteurs du président Trump et de ses proches. Il y a cependant des différences importantes entre le cas d’Ivanka Trump et celui d’Hillary Clinton. Premièrement, Ivanka Trump n’a pas installé un serveur privé à son propre domicile. Deuxièmement, elle n’a, jusqu’à preuve du contraire, transmis aucune information classifiée dans la centaine d’e-mails qu’elle a envoyés depuis son adresse e-mail personnelle. Le scandale Ivanka semble donc moins important que le scandale Clinton. Il n’en reste pas moins qu’en utilisant son adresse personnelle au lieu de son adresse gouvernementale sécurisée pour certaines correspondances, Ivanka Trump a enfreint les règles du gouvernement. Il semble également invraisemblable qu’elle n’ait pas prêté une attention particulière à ces règles alors que son père a passé son temps à critiquer Hillary Clinton pour la gestion de ses e-mails durant toute la campagne électorale de 2016.

CINDY HYDE-SMITH, CALL YOUR OFFICE

Une photo de Cindy Hyde-Smith, candidate républicaine au Sénat au Mississippi, a refait surface cette semaine. On l’y voit poser avec un fusil et le chapeau d’un soldat confédéré. La photo a été prise en 2014 à la Jefferson Davis Home and Presidential Library, l’ancienne maison de Jefferson Davis devenue un musée. Jefferson Davis fut le président de la Confédération durant la guerre civile. Hyde-Smith avait à l’époque publié la photo sur son compte Facebook, accompagnée d’une légende expliquant qu’elle avait passé un bon moment à l’intérieur du musée et qu’elle conseillait à ses amis d’aller le visiter, avant d’ajouter Mississippi history at its best! (Le meilleur moment de l’histoire du Mississippi!).

7

Cindy Hyde-Smith a aussi créé la polémique durant sa campagne lorsqu’elle a déclaré en parlant de l’un de ses supporters lors d’un petit rassemblement:

If he invited me to a public hanging, I’d be on the front row. (S’il m’invitait à une pendaison publique, je serais au premier rang)

Elle avait ensuite affirmé qu’il s’agissait d’une mauvaise plaisanterie et s’était excusée auprès des personnes qui avaient pu être choquées par ses propos. Plusieurs entreprises qui avaient fait des dons à la campagne de Hyde-Smith, notamment Walmart, ont demandé à être remboursées.

L’adversaire démocrate de Cindy Hyde-Smith, Mike Espy, est afro-américain. La campagne a donc pris un accent très particulier, remettant au cœur du débat le passé esclavagiste et ségrégationniste du Mississippi.

Cindy Hyde-Smith et Mike Espy s’affronteront pour obtenir un siège au Sénat américain ce mardi 27 novembre.

 

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.