Mauvaises nouvelles pour Donald Trump. Son ancien avocat a été condamné à trois ans de prison et le Sénat a adopté deux résolutions le désavouant sur l’Arabie Saoudite. Retour sur ces deux événements et sur les autres informations plus ou moins importantes de la semaine. Bonne lecture!
MICHAEL COHEN CONDAMNÉ À TROIS ANS DE PRISON
Un juge fédéral a condamné l’ancien avocat de Donald Trump à trois ans de prison pour fraude fiscale, pour avoir violé la loi encadrant le financement des campagnes électorales (en versant de l’argent à des femmes ayant eu des liaisons avec Donald Trump pour acheter leur silence, dont Stormy Daniels) et pour avoir menti sous serment au Congrès. Michael Cohen plaidait coupable et s’est excusé devant le juge, au bord des larmes. Il a expliqué avoir été aveuglé par sa loyauté envers Donald Trump, pour lequel il avait beaucoup d’admiration. Il dit aujourd’hui avoir réalisé son erreur et vouloir se racheter. Il s’est engagé à continuer à collaborer avec les autorités judiciaires et avec le procureur Mueller.
Michael Cohen sera incarcéré le 6 mars prochain et purgera sa peine dans une prison fédérale située dans l’état de New York.
Le président Trump a mis un peu plus de temps que d’habitude à réagir après la condamnation de Michael Cohen. Il a finalement écrit sur Twitter qu’il n’avait jamais ordonné à ce dernier d’enfreindre la loi. Quelques jours plus tard, dans un autre tweet, il qualifiait Michael Cohen de « rat », un terme généralement utilisé dans le milieu de la mafia pour désigner ceux qui collaborent avec la justice.

Petite précision: Le FBI avait un mandat de perquisition délivré par un juge pour fouiller le bureau de Michael Cohen. Il n’y a donc rien d’ « impensable » à ce qu’il s’est passé.
LE SÉNAT DÉSAVOUE LE PRÉSIDENT TRUMP SUR L’ARABIE SAOUDITE
L’affaire Khashoggi, suite et sans doute pas encore fin.
Cette semaine, le Sénat américain a adopté deux résolutions relatives à l’Arabie Saoudite et qui désavouent totalement le président Trump. Même si le geste est pour le moment plus symbolique qu’autre chose (pas sûr que ces résolutions seront adoptées à la Chambre), il reste remarquable.
1 – La première résolution, rédigée par le Républicain Bob Corker, visait à condamner explicitement le prince héritier Mohammed Bin Salman pour l’assassinat de Jamal Khashoggi. La résolution indique que le Sénat des Etats-Unis « croit que le prince héritier Mohammed Bin Salman est responsable du meurtre de Jamal Khashoggi », alors que le président Trump a officiellement affirmé que rien ne permettait d’établir la culpabilité de MBS. Cette résolution a été adoptée à l’unanimité.

2 – La deuxième résolution adoptée par le Sénat est une résolution rédigée par les sénateurs Chris Murphy (D), Mike Lee (R) et Bernie Sanders (I) et réclamant la fin du soutien militaire américain à l’Arabie Saoudite dans le cadre du conflit au Yémen. La résolution a été adoptée 56-41. Tous les Démocrates ont voté en sa faveur, ainsi que sept Républicains: Mike Lee, Rand Paul, Jeff Flake, Steve Daines, Jerry Moran, Todd Young et Susan Collins. Lindsey Graham s’est abstenu. Bob Corker a quant à lui voté contre cette résolution, comme la majorité de ses collègues républicains. Beaucoup de Républicains continuent de penser que, s’il faut être plus sévère avec l’Arabie Saoudite concernant l’assassinat de Khashoggi, il ne faut pas pour autant abandonner l’alliance avec ce pays, même au Yémen, où cela reviendrait à laisser gagner l’Iran. Le fait que la résolution ait été adoptée grâce aux voix de sept sénateurs républicains ayant rejoint les Démocrates est cependant déjà remarquable puisque cela semblait encore totalement impossible il y a quelques mois. Chris Murphy, l’un des co-auteurs de la résolution, a d’ailleurs qualifié ce moment de « jour historique ».

LE SONDAGE DE LA SEMAINE
58% des Américains estiment que la réponse des Etats-Unis au meurtre de Jamal Khashoggi n’a pas été suffisamment sévère. C’est aussi le cas de 43% des Américains qui se disent Républicains.
LES PERSONNES DE L’ANNÉE
Le magazine TIME a décerné son prix de Personne de l’année 2018 à plusieurs journalistes qui ont été assassinés ou emprisonnés au cours des douze derniers mois, dont Jamal Khashoggi.
LA NOMINATION DE LA SEMAINE
La semaine dernière, Donald Trump avait annoncé que son chef de cabinet, John Kelly, quitterait la Maison Blanche à la fin de l’année. Cette semaine, la presse américaine n’a cessé de s’interroger sur l’identité de son successeur.
Donald Trump a d’abord proposé le poste à Nick Ayers, le chef de cabinet du vice-président Mike Pence, mais celui-ci a refusé. Le président ne semblait pas vraiment avoir de plan B. De nombreux autres noms ont alors été évoqués. Chris Christie, ex-gouverneur du New Jersey, a fait savoir qu’il n’était pas intéressé.
Finalement, au bout de plusieurs jours d’incertitude et de spéculations, Donald Trump a annoncé que Mick Mulvaney serait son nouveau chef de cabinet *par intérim*. Il faut dire qu’il est déjà directeur du Bureau de la gestion et du budget et que le président a annoncé qu’il ne quitterait pas ce poste, qu’il va donc cumuler avec celui de chef de cabinet !
Cette situation quelque peu chaotique semble suggérer que le président Trump a en réalité beaucoup de mal à trouver quelqu’un qui accepterait d’être son nouveau chef de cabinet. Un poste pourtant habituellement très convoité à Washington…
LE TWEET DE LA SEMAINE
Quand les deux premiers chefs de cabinet de Donald Trump, Reince Priebus et John Kelly, se retrouvent pour un repas de Noël à la Maison Blanche.
LE DÉPART DE LA SEMAINE
Et oui, encore un départ au sein de l’administration Trump ! On a appris cette semaine que le Secrétaire à l’Intérieur, Ryan Zinke, quitterait son poste à la fin de l’année. On ne connaît pas encore le nom de son successeur.
LA DÉCLARATION DE LA SEMAINE
I am proud to shut down the government for border security. (Je serais fier de provoquer un shutdown du gouvernement au nom de la sécurité à la frontière)
Le président Trump lors d’un entretien avec les Démocrates Chuck Schumer et Nancy Pelosi dans le Bureau Ovale, sous l’œil des caméras. Le président menace de provoquer un shutdown s’il n’obtient pas 5 milliards de dollars pour le financement de son mur dans le prochain budget voté par le Congrès. Mais les Démocrates refusent de lui accorder cette somme. Certains Républicains ne sont pas non plus très enthousiastes. Le Congrès a jusqu’au 21 décembre à minuit pour trouver un accord sur le budget. Si aucun accord n’est trouvé d’ici là, ou que le président Trump refuse de signer le budget approuvé par le Congrès, ce sera le shutdown.
LA PHOTO DE LA SEMAINE
Cette photo a été prise lors de la réunion entre Donald Trump, Chuck Schumer et Nancy Pelosi dans le Bureau Ovale. Le vice-président Mike Pence assistait également à la réunion mais n’a pas prononcé un seul mot. Sur cette photo, on voit même qu’il a les yeux fermés. Faisait-il la sieste ou essayait-il simplement de méditer?
LE MANTEAU DE LA SEMAINE
Il y a parfois des buzz que nous reconnaissons avoir un peu de mal à comprendre… Cette photo de Nancy Pelosi à sa sortie de la Maison Blanche après son entretien tendu avec Donald Trump a beaucoup fait réagir les internautes. À tel point que Max Mara a décidé de remettre en vente le manteau porté par Pelosi, qui faisait partie de sa collection 2013.
Le manteau sera disponible en plusieurs couleurs en 2019. Avis aux amateurs. Notez toutefois qu’un manteau Max Mara coûte généralement entre $1,000 et $2,000.
L’AUDITION DE LA SEMAINE
Le patron de Google, Sundar Pichai, a témoigné devant le Congrès cette semaine. Il avait été convoqué par le House Judiciary Committee. Les députés membres de ce comité l’ont interrogé sur divers sujets, comme la gestion des données privées des utilisateurs, la propagation des fake news, le biais libéral supposé de Google, ou encore le possible développement d’un moteur de recherche destiné au marché chinois.
Plusieurs députés républicains ont interrogé Sundar Pichai au sujet de ce qu’ils estiment être un biais politique de Google, qui donnerait, selon eux, moins de poids aux informations et opinions conservatrices. Pichai a assuré que ce n’était pas le cas et que Google était apolitique. Une députée démocrate cherchant à comprendre comment fonctionnent les algorithmes utilisés par Google a aussi demandé à Pichai pourquoi, lorsque l’on tape le mot « idiot » dans la barre de recherche pour les images, on obtient comme résultat de nombreuses photos de Donald Trump. (Vous pouvez faire le test chez vous, ceci est bien réel).
Les députés ont aussi interrogé Sundar Pichai au sujet du « projet Dragonfly », un projet de développement d’un moteur de recherche Google destiné à la Chine et qui serait compatible avec la censure de l’information voulue par le gouvernement chinois. Cela fait un moment que l’on entend dire que Google développerait ce projet très critiqué par les organisations de défense des droits de l’homme, qui accusent l’entreprise d’être prête à se plier aux exigences du régime pour avoir accès au marché chinois. Sundar Pichai a déclaré que son entreprise avait effectivement déjà discuté de l’éventuel développement d’un moteur de recherche en Chine, mais que son lancement n’était pas d’actualité pour l’instant. Une réponse que beaucoup de députés n’ont pas jugée satisfaisante.
L’AUTRE PHOTO DE LA SEMAINE
Un manifestant protestant silencieusement lors de l’audition du patron de Google au Congrès.
JON KYL VA QUITTER LE SÉNAT
À la suite du décès de John McCain, Jon Kyl avait été désigné par le gouverneur de l’Arizona pour le remplacer au Sénat. Il avait pris ses fonctions en septembre. Il vient désormais d’annoncer qu’il quittera déjà son poste le 31 décembre. Le gouverneur de l’Arizona va donc devoir nommer un autre remplaçant pour occuper l’ancien siège de John McCain jusqu’aux élections de 2020.
LE DÉBAT DE LA SEMAINE
Pour ou contre le nouveau look de Ted Cruz? Le sénateur du Texas s’est laissé pousser la barbe depuis Thanksgiving et cela fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux.
L’avis totalement subjectif de la rédaction: Team anti-barbe.
RIP THE WEEKLY STANDARD
The Weekly Standard, un magazine conservateur fondé en 1995, met la clé sous la porte. Tous les journalistes ont été licenciés.
La disparition du Weekly Standard est révélatrice de la crise que traverse la presse écrite. Elle a aussi attiré l’attention des observateurs parce qu’il s’agissait de l’une des rares publications conservatrices qui continuait à se montrer très critique envers le président Trump. Celui-ci s’est d’ailleurs réjoui de la disparition du magazine.

Bill Kristol fut l’un des co-fondateurs du Weekly Standard en 1995 et est une figure bien connue dans les milieux conservateurs américains, notamment pour ses positions très interventionnistes en matière de politique étrangère. Au début des années 2000, le Weekly Standard était d’ailleurs considéré comme très pro-Bush, défendant les interventions en Afghanistan et en Irak et ce que l’on a appelé le « néoconservatisme ». Bill Kristol est aujourd’hui l’une des voix conservatrices qui s’exprime le plus fortement pour critiquer le président Trump, qu’il n’a jamais soutenu. Il reste l’un des membres les plus influents du mouvement Never Trump au sein du monde conservateur américain.
LE WASHINGTON POST INVENTE LE BOTTOMLESS PINOCCHIO
Les lecteurs du Washington Post connaissent bien l’échelle des Pinocchios qu’utilise l’équipe de fact-checkers du journal pour dénoncer les mensonges des hommes et femmes politiques. L’échelle va de 1 Pinocchio à 4 Pinocchios, en fonction de la gravité du mensonge dénoncé. Mais cette semaine, le Washington Post a annoncé la création d’un nouveau titre, le Bottomless Pinocchio. Ce dernier sera attribué aux mensonges répétés à de nombreuses reprises, au point que l’on puisse considérer que leurs auteurs sont engagés dans une campagne volontaire de désinformation. Plus précisément, pour obtenir le statut de Bottomless Pinocchio, un mensonge devra d’abord avoir obtenu 3 ou 4 Pinocchios classiques (ce qui signifie que seuls les plus gros mensonges sont concernés) et avoir été répété à au moins 20 reprises !
Si le Washington Post a décidé de créer le Bottomless Pinocchio, c’est à cause du président Trump, qui, depuis le début de sa présidence, répète régulièrement plusieurs affirmations totalement mensongères. Le journal a d’ores et déjà attribué 14 Bottomless Pinocchios à Donald Trump ! Pour l’instant, aucun autre homme ou femme politique n’est concerné.
La liste des 14 Bottomless Pinocchios attribués à Donald Trump est consultable ici.
LES PLUS GROS MENSONGES DE L’ANNÉE 2018
Le Washington Post a aussi délivré sa liste des Pinocchios de l’année 2018, c’est-à-dire les plus gros mensonges politiques de l’année. On y retrouve évidemment beaucoup d’affirmations du président Trump. Parmi les autres personnalités épinglées, on retrouve trois sénateurs démocrates:
- Kamala Harris, sénatrice démocrate de Californie
Pour son mensonge affirmant que le juge Brett Kavanaugh avait qualifié la pilule contraceptive de « médicament provoquant l’avortement », alors qu’il n’avait fait que citer l’opinion d’une organisation tierce dans un jugement. Le mensonge avait aussi été repris et propagé par Hillary Clinton sur Twitter.
- Bernie Sanders, sénateur du Vermont
Pour son affirmation selon laquelle « 40% des armes vendues aux Etats-Unis le sont sans qu’une vérification des antécédents de l’acheteur (background check) ait été effectuée ». Le chiffre est en réalité de 13%.
- Bill Nelson, sénateur démocrate de Floride battu lors des élections de mi-mandat par le Républicain Rick Scott
Pour son affirmation, durant la campagne électorale, selon laquelle les Russes avaient pénétré les serveurs informatiques de l’état de Floride et auraient donc pu rayer des électeurs des listes électorales. Nelson n’a apporté aucune preuve de ce qu’il avançait et les autorités locales comme fédérales ont catégoriquement démenti.
La liste complète des Pinocchios de l’année est consultable ici.
LES PHOTOS DE L’ANNÉE 2018
Le magazine TIME a dévoilé ses 100 photos de l’année 2018. On y retrouve plusieurs clichés relatifs aux catastrophes naturelles qui ont frappé l’Amérique cette année, comme les incendies en Californie ou l’éruption du volcan Kilauea à Hawaï (photo ci-dessous).
On y retrouve également plusieurs clichés directement liés à l’actualité politique américaine. Par exemple:
Ce cliché du camp de Tornillo, bâti à la hâte cet été dans le désert texan pour accueillir des enfants mineurs ayant pénétré illégalement sur le territoire américain. Le camp héberge toujours des centaines d’enfants à l’heure où nous rédigeons ces lignes.
Ce cliché de Donald Trump et Kim Jong-Un lors du sommet historique de Singapour, le 12 juin dernier.
Cette photo prise durant la March for Our Lives à Washington, le 24 mars dernier.
Ou encore cette photo du sénateur Jeff Flake et de plusieurs de ses collègues lors d’une réunion du Senate Judiciary Committee après les auditions de Brett Kavanaugh et de Christine Blasey Ford, la femme l’accusant d’agression sexuelle.
Pour voir toutes les photos, cliquez ici.
ROAD TO 2020
Voici le tout premier sondage réalisé auprès des électeurs démocrates de l’Iowa, le premier état qui s’exprimera lors des primaires et caucus en vue de l’élection présidentielle de 2020 (Sondage CNN/Des Moines Register). Quel est le candidat favori des électeurs démocrates de l’Iowa?
Joe Biden 32%
Bernie Sanders 19%
Beto O’Rourke 11%
Elizabeth Warren 8%
Kamala Harris 5%
Cory Booker 4%
Mike Bloomberg 3%
Amy Klobuchar 3%
Tous les autres 1% ou moins
Nous sommes évidemment encore loin de l’élection et les nombreux candidats potentiels n’ont pas encore confirmé qu’ils seraient effectivement candidats. Pour l’instant, deux Démocrates seulement ont déjà officiellement annoncé leur candidature: John Delaney et Richard Ojeda, qui n’obtiennent pas plus de 1% des voix dans ce sondage. Ce sondage est donc à prendre pour ce qu’il est, à savoir une photographie de l’opinion des électeurs à un moment donné. Opinion qui pourrait dramatiquement changer lorsque la campagne aura véritablement commencé.
LE SELFIE DE LA SEMAINE
Melania Trump a publié ce selfie sur son compte Twitter. Elle a rendu visite aux soldats américains en poste sur le porte-avion George H.W. Bush. Pour s’y rendre, elle a effectué le déplacement à bord d’un Osprey V-22, un avion militaire qui est aussi capable de décoller et d’atterrir comme un hélicoptère. C’est la première fois qu’une First Lady volait à bord de l’un de ces engins.