Avant de profiter du réveillon de ce soir, n’oubliez pas de lire votre Weekly News Flash ! Entre la démission de James Mattis et le shutdown, la dernière semaine avant Noël fut très loin d’être de tout repos à Washington…..
LA LOI DE LA SEMAINE
Le First Step Act. Cette loi bipartisane de réforme du système judiciaire américain a été adoptée par le Congrès et signée par le président Trump. Elle va donc entrer en vigueur et avoir un impact direct sur la vie de milliers d’Américains. Si la semaine avait été plus calme, on en aurait certainement entendu parler davantage. Et on aurait sans doute dû en entendre parler davantage. C’est pour cela que nous avons choisi de commencer par là.
Plusieurs parlementaires républicains et démocrates ont travaillé ensemble pendant de longs mois à l’élaboration du First Step Act, en collaboration avec la Maison Blanche. Jared Kushner, le gendre et conseiller du président Trump, s’est beaucoup investi dans ce dossier. Il tenait beaucoup à cette réforme et est parvenu à convaincre Donald Trump d’y apporter son soutien.
Il faut savoir que cela fait des années que les Etats-Unis sont confrontés à un problème de surpopulation carcérale. Au total, le pays compte plus de deux millions de détenus. Le taux d’incarcération y est l’un des plus élevés au monde (716 personnes pour 100 000 habitants). De nombreux activistes dénonçaient cette situation depuis longtemps et réclamaient du changement. Plusieurs élus plaidaient aussi depuis des années en faveur d’une réforme en profondeur du système judiciaire, sans que le Congrès ne parvienne jamais à se mettre d’accord. Jusqu’à maintenant.
Quelles sont les principales mesures du First Step Act?
∗ La fin de la three-strikes law. Cette loi adoptée en 1994 prévoyait que toute personne ayant déjà été condamnée pour deux crimes ou délits soit condamnée à la prison à vie pour un troisième délit, quel qu’il soit. Autrement dit, une personne arrêtée pour un simple vol à l’étalage pouvait être condamnée à la prison à vie s’il s’agissait de sa troisième condamnation. Le First Step Act met un terme à cette politique drastique. Désormais, la peine maximale pour une troisième condamnation sera de 25 ans d’emprisonnement (sauf si la peine de base prévue pour le crime commis est supérieure, par exemple s’il s’agit d’un meurtre). La peine maximale passe également de 25 ans à 15 ans de prison pour une deuxième condamnation.
∗ La libération anticipée pour bonne conduite sera possible plus rapidement qu’elle ne l’était jusqu’à présent. Environ 4,000 prisonniers vont bénéficier immédiatement de cette mesure et être libérés dans les prochaines semaines.
∗ Davantage de personnes condamnées pour des délits de moindre importance pourront purger leur peine à domicile (assignation à résidence) ou dans des maisons de correction plus accueillantes que les prisons. Elles y bénéficieront d’une aide médicale, d’une aide psychologique et de formations visant à les aider à se réinsérer plus facilement dans la vie professionnelle à leur sortie. Ces options devraient être privilégiées pour les personnes droguées. Le but est de rendre le système plus humain et d’aider les personnes condamnées à s’en sortir et à pouvoir se réinsérer dans la société après avoir purgé leur peine.
∗ Tous les prisonniers devront être incarcérés dans un établissement pénitentiaire situé à moins de 500 miles (= 805 kilomètres) du lieu où habite leur famille.
∗ Les femmes qui accouchent en prison ne pourront plus être menottées durant leur accouchement.
Le First Step Act a d’abord été largement adopté par le Sénat (87-12) puis par la Chambre des Représentants (358-36). Il a ensuite été signé par le président Trump.
Au Sénat, seulement 12 sénateurs ont voté contre l’adoption du texte. Ils sont tous Républicains: Tom Cotton, John Kennedy, Marco Rubio, Ben Sasse, Richard Shelby, Lisa Murkowski, Dan Sullivan, Jon Kyl, James Risch, Mike Rounds, John Barrasso et Michael Enzi. Les 36 députés qui ont voté contre l’adoption du texte à la Chambre sont également tous Républicains.
Avec la réforme fiscale de l’an dernier, le First Step Act est sans doute le plus gros accomplissement de la présidence Trump jusqu’ici. Et, contrairement à la réforme fiscale, le texte a été adopté par une majorité bipartisane. Il est donc vraiment curieux que Donald Trump ait choisi la semaine de son adoption pour annoncer soudainement le retrait des troupes américaines de Syrie et pour provoquer un shutdown (voir ci-dessous). En effet, ces informations ont complètement éclipsé l’adoption du First Step Act, dont on a finalement relativement peu parlé dans les médias. Il s’agissait pourtant d’une réussite que le président aurait véritablement pu mettre en avant.
LA PHOTO DE LA SEMAINE
Le sénateur démocrate Cory Booker et le sénateur républicain Chuck Grassley après l’adoption du First Step Act au Sénat. Ils comptaient parmi les plus fervents défenseurs du texte et se sont beaucoup impliqués dans son élaboration.
L’ANNONCE DU RETRAIT DES TROUPES DE SYRIE ET LA DÉMISSION DE JAMES MATTIS !
Revenons sur le déroulement de ces deux événements majeurs qui ont provoqué mécontentement et inquiétude au Congrès et ailleurs dans le monde.
Mercredi 19 décembre. Tout commence lorsque le président Trump publie soudainement un tweet pour annoncer qu’il va retirer les quelques troupes américaines présentes en Syrie. Parce que, dit-il, l’Etat Islamique y a été vaincu.

Précisons qu’environ 2,000 soldats américains sont actuellement déployés en Syrie. Ils apportent essentiellement un soutien logistique aux combattants kurdes et aux Forces démocratiques syriennes, qui ont combattu à la fois contre le régime de Bachar El-Assad et contre l’Etat Islamique. Les soldats américains ne sont donc pas en première ligne. Ils ne participent pas directement aux combats puisque, rappelons-le, le président Obama avait refusé d’envoyer des troupes au sol en Syrie au début du conflit. Les Américains font également partie d’une coalition internationale qui effectue des frappes aériennes contre l’Etat Islamique.
Hormis Rand Paul et quelques autres élus isolationnistes, les Républicains du Congrès étaient furieux après l’annonce de Donald Trump. Et ce pour plusieurs raisons:
1 – Donald Trump ment lorsqu’il dit que l’Etat Islamique est vaincu en Syrie, comme l’a souligné le député républicain Adam Kinzinger dans un tweet.
L’Etat Islamique a certes perdu la majorité du territoire qu’il occupait à son apogée (le fameux califat autoproclamé) et semble très affaibli. Mais l’organisation terroriste occupe encore deux poches de territoire syrien et compte encore des milliers de combattants. Quelques jours à peine avant l’annonce de Donald Trump, le Département d’Etat américain affirmait d’ailleurs que des progrès significatifs avaient été faits mais que « le job n’était pas terminé ».
L’immense majorité des élus républicains estiment donc que retirer les troupes américaines de Syrie serait une erreur colossale qui permettrait au groupe terroriste de regagner du terrain et de rebondir. Le sénateur Lindsey Graham a déclaré qu’il s’agirait d’une erreur comparable à celle faite par le président Obama lorsqu’il a retiré les troupes d’Irak.

2 – La majorité des élus républicains estiment également qu’il est scandaleux d’abandonner ainsi à l’improviste les Kurdes et les autres groupes que les Américains soutiennent en Syrie. Sans protection américaine, les Kurdes craignent notamment d’être massacrés par l’armée turque, qui a déjà amassé des chars à la frontière avec la Syrie.
3 – En se retirant totalement de Syrie, les Etats-Unis montreraient aussi qu’ils n’ont plus aucune intention de se mêler de la résolution du conflit et laisseraient le champ libre à la Russie et à l’Iran. Donald Trump ferait donc un immense cadeau à ces deux pays.
Le compte Twitter de l’ambassade russe à Washington a immédiatement publié un message pour se réjouir de la décision du président Trump. Un tweet repris par le sénateur républicain Marco Rubio, qui y a ajouté le commentaire suivant: « J’ai trouvé quelqu’un qui soutient la décision de se retirer de Syrie ».
4 – Au-delà de la décision de retirer les troupes en tant que telle, les élus républicains critiquent aussi la manière dont cette décision a été annoncée. Par un simple tweet publié à l’improviste, sans que personne ne semble avoir été préalablement prévenu, ni au Congrès ni même au Pentagone.
Jeudi 20 décembre. Pour répondre aux critiques, le président Trump affirme dans un tweet qu’il est faux de dire que la Russie et l’Iran se réjouissent du retrait américain. En réalité, les Russes et les Iraniens seraient mécontents parce qu’ils devront désormais combattre l’Etat Islamique à la place des Américains. La veille, Donald Trump affirmait pourtant que l’Etat Islamique avait été vaincu 🤔

Quelques heures plus tard, c’est le séisme. On apprend que le ministre de la Défense, James Mattis, démissionne. Dans sa lettre de démission (à lire ici), Mattis fait bien comprendre qu’il démissionne parce qu’il ne partage en rien la vision de la politique internationale du président Trump. L’annonce du retrait des troupes de Syrie est sans doute la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Dans sa lettre, Mattis cite son attachement au respect des alliés et à l’OTAN. Il évoque aussi la nécessité de prendre la menace représentée par la Russie et la Chine au sérieux.
While the US remains the indispensable nation in the free world, we cannot protect our interests or serve that role effectively without maintaining strong alliances and showing respect to those allies. (Les Etats-Unis restent la nation indispensable du monde libre, mais nous ne pouvons pas protéger nos intérêts et assumer efficacement ce rôle sans maintenir des alliances fortes et respecter nos alliés)
Because you have the right to have a Secretary of Defense whose views are better aligned with yours on these and other subjects, I believe it is right for me to step down from my position. (Parce que vous avez le droit d’avoir un Secrétaire à la Défense dont les opinions sont plus en adéquation avec les vôtres sur ces sujets et d’autres, je crois qu’il est temps pour moi de quitter mon poste)
James Mattis précise aussi dans sa lettre qu’il ne quittera effectivement son poste que le 28 février prochain, afin de permettre au président Trump d’avoir le temps de lui trouver un successeur et d’assurer une transition sereine.
L’annonce de la démission de James Mattis a provoqué une nouvelle salve de réactions négatives dans les rangs républicains, mais aussi dans les rangs démocrates. Nancy Pelosi a par exemple affirmé que la présence de Mattis au sein de l’administration Trump était rassurante et que son départ devrait préoccuper tous les Américains.
Vendredi 21 décembre. La Une du Washington Post au lendemain de la démission de James Mattis.
Samedi 22 décembre. Deux jours après la démission de James Mattis, on apprend celle de Brett McGurk, le représentant des Etats-Unis au sein de la coalition militaire internationale de lutte contre l’Etat Islamique. McGurk devait quitter son poste en février mais annonce qu’il démissionne dès à présent parce qu’il s’oppose au retrait des troupes américaines de Syrie décrété par le président Trump. Dans sa lettre de démission, il affirme que l’Etat Islamique n’est pas encore totalement vaincu et que le retrait des troupes américaines va lui permettre de regagner du terrain.
En réaction, Donald Trump publie un tweet dans lequel il affirme ne pas connaître McGurk. Si c’est vrai, cela semble quelque peu problématique… Le président affirme aussi que les médias accordent trop d’importance à l’annonce de la démission de McGurk. Dans un autre tweet, il affirme que « Si quelqu’un d’autre que votre président favori, Donald J. Trump, avait annoncé, après avoir vaincu l’Etat Islamique en Syrie, qu’il allait ramener les troupes à la maison, il serait le héros le plus populaire d’Amérique ». Et dans un troisième tweet, le président semble critiquer James Mattis, affirmant qu’il lui a donné une seconde chance lorsqu’il l’a nommé ministre de la Défense.
Dimanche 23 décembre. Donald Trump annonce qu’il a ordonné à James Mattis de quitter son poste de Secrétaire à la Défense dès le 1er janvier. (Rappel: Dans sa lettre de démission, Mattis s’était engagé à rester jusqu’au 28 février pour que le président Trump ait le temps de lui trouver un successeur). Si Donald Trump annonce la nouvelle sur Twitter, il n’a semble-t-il pas pris le temps de prévenir personnellement James Mattis. D’après la presse américaine, il a chargé son Secrétaire d’Etat Mike Pompeo de le faire à sa place.
Donald Trump annonce que l’adjoint de James Mattis au Pentagone, Patrick Shanahan, assurera l’intérim en attendant la nomination d’un nouveau Secrétaire à la Défense.
LE CHAOS AU SEIN DE L’ADMINISTRATION TRUMP
Le départ de James Mattis n’est que le dernier d’une longue série qui a débuté après les élections de mi-mandat. Voici la situation à l’heure où nous rédigeons ces lignes:
Secrétaire à la Défense. James Mattis, démissionnaire, quittera son poste le 1er janvier et sera remplacé par intérim par son adjoint. Son successeur n’a pas encore été désigné par Donald Trump.
Ministre de la Justice. Depuis le licenciement de Jeff Sessions au lendemain des élections de mi-mandat, Matthew Whitaker occupe le poste par intérim. William Barr a été nommé par le président Trump pour succéder à Sessions mais on attend la confirmation de sa nomination par le Sénat pour qu’il puisse entrer en fonctions.
Secrétaire à l’Intérieur. Ryan Zinke quittera ses fonctions le 31 décembre. Son successeur n’est pas connu. NB: Donald Trump avait promis de désigner un successeur cette semaine, ce qu’il n’a pas fait.
Ambassadeur à l’ONU. Nikki Haley quittera son poste le 31 décembre. Donald Trump a nommé Heather Nauert pour lui succéder, mais cette nomination doit encore être confirmée par le Sénat.
Chef de cabinet à la Maison Blanche. John Kelly quittera lui aussi son poste à la fin de l’année. Mick Mulvaney va lui succéder par intérim et cumulera cette fonction avec sa fonction de directeur du budget. Personne d’autre ne semble en réalité vouloir du poste de directeur de cabinet de Donald Trump.
Vous trouvez que la situation est quelque peu chaotique? Ajoutez-y encore le shutdown…
IT’S SHUTDOWN TIME, AGAIN
Le troisième shutdown de la présidence Trump a débuté vendredi soir à minuit. Avant d’en venir aux causes qui l’ont provoqué, rappelons ce qu’est un shutdown.
Qu’est-ce qu’un shutdown?
En résumé, un shutdown correspond à l’arrêt des activités du gouvernement fédéral lorsque le Congrès n’a pas pu se mettre d’accord sur le budget nécessaire au financement de ces activités.
D’après la loi américaine, le gouvernement fédéral ne peut pas dépenser davantage que ce qu’il a été autorisé à dépenser par le Congrès, dont l’une des prérogatives est de voter le budget de l’exécutif. Par conséquent, lorsque le budget arrive à échéance et qu’un nouveau budget n’a pas été adopté faute d’accord au Congrès, le gouvernement fédéral ne peut plus faire aucune dépense. Il ne peut donc plus fonctionner et est contraint de cesser temporairement ses activités. C’est le shutdown.
En pratique, le gouvernement fédéral ne cesse toutefois pas vraiment TOUTES ses activités en cas de shutdown. Des exceptions ont été prévues pour les activités jugées indispensables à la sécurité des citoyens. Par exemple, les militaires et les contrôleurs aériens continuent à travailler normalement. Mais tous les employés de l’état considérés comme non-indispensables se retrouvent au chômage technique pendant toute la durée du shutdown. Concrètement, cela signifie que de nombreux services publics se retrouvent totalement à l’arrêt. Tous les parcs nationaux, musées, bureaux de poste, etc. sont fermés, ce qui est très ennuyeux non seulement pour les Américains mais aussi pour les touristes.
Exemple: Ce week-end, en raison du shutdown, le sapin de Noël situé devant la Maison Blanche n’était plus accessible et n’était plus illuminé, au grand désarroi de nombreux touristes.
On l’a dit, le shutdown se produit lorsque le Congrès ne parvient pas à se mettre d’accord pour voter un nouveau budget permettant de financer les activités du gouvernement fédéral.
Généralement, le Congrès vote le budget une fois par an. Ce budget annuel prévoit les dépenses que pourront effectuer les différentes agences du gouvernement fédéral durant l’année fiscale à venir. (NB: Le calendrier de l’année fiscale ne correspond pas à celui de l’année civile. L’année fiscale débute le 1er octobre et se termine le 30 septembre).
Cependant, le Congrès dispose d’un moyen d’éviter un shutdown quand il ne trouve pas d’accord sur le budget pour l’année fiscale à venir. Il s’agit de voter en faveur d’une continuing resolution (CR) autorisant le gouvernement fédéral à continuer à dépenser de l’argent pour une plus courte période, le temps qu’un accord définitif soit trouvé au Congrès. Le principal problème est qu’une telle résolution budgétaire autorise généralement les agences gouvernementales à dépenser le même montant que celui qui leur avait été attribué l’année précédente, sans tenir compte des éventuels nouveaux besoins. Ce n’est donc pas une solution viable à long terme. Pourtant, depuis le début de la présidence Trump, le Congrès a déjà voté à de nombreuses reprises en faveur de telles résolutions budgétaires.
Que s’est-il passé cette semaine?
Le shutdown qui a démarré ce vendredi est un peu particulier puisqu’il ne s’agit que d’un shutdown partiel. En effet, le Congrès a déjà voté une partie du budget pour l’année fiscale 2019. Les agences dont le budget a déjà été voté ne sont pas concernées par le shutdown. Seules les agences pour lesquelles le Congrès n’est pas parvenu à trouver un accord sont concernées, notamment le Département de la Sécurité Intérieure, le Département d’Etat, le Département de la Justice, le Département du Commerce et le Département de l’Intérieur. Pour ces agences, le Congrès devait trouver un accord avant ce vendredi 21 décembre à minuit pour éviter un shutdown. Ce qui n’a pas été possible.
Mercredi 19 décembre. Le Sénat vote à l’unanimité en faveur d’une CR permettant de financer les agences concernées jusqu’au 8 février, ce qui aurait permis d’éviter un shutdown pendant les fêtes de fin d’année et laissé plus de temps au Congrès pour négocier.
Jeudi 20 décembre. Le président Trump fait savoir qu’il refusera de signer la résolution budgétaire adoptée la veille par le Sénat. Il refuse d’approuver un budget ne contenant pas 5 milliards de dollars alloués à la construction de son mur à la frontière. Il faut dire que la construction de ce mur était l’une de ses promesses de campagne et que, deux ans après son élection, il n’a toujours pas réussi à obtenir l’aval du Congrès sur ce dossier.
Conformément au souhait du président Trump, la Chambre des Représentants adopte alors dans l’urgence un budget contenant les 5 milliards de dollars exigés, en sachant toutefois que ce budget ne sera jamais adopté au Sénat. En effet, il faut 60 voix pour que le budget soit adopté au Sénat et les Républicains n’y occupent que 51 sièges. Or, aucun Démocrate n’est prêt à allouer des milliards de dollars à la construction du mur.
Vendredi 21 décembre. C’est l’impasse. Des négociations ont lieu tout au long de la journée. Le vice-président Mike Pence et Jared Kushner se rendent notamment au Capitole. Mais les discussions ne mènent à rien.
Pendant ce temps-là, Donald Trump déclare qu’il ne cédera pas. Le président publie même un tweet contenant un dessin du mur qu’il veut construire à la frontière et qu’il qualifie désormais de « barrière en lamelles d’acier ».

À minuit, aucun accord n’a été trouvé. Le shutdown débute, trois jours avant Noël. Environ 800,000 employés fédéraux sont concernés. Et les Américains qui avaient prévu de se rendre dans un parc national pendant les fêtes trouveront porte close.
Samedi 22 décembre. Le Sénat annonce qu’il cesse ses activités jusqu’au 27 décembre. Les sénateurs rentrent chez eux pour Noël. Le shutdown devrait donc durer au moins jusqu’au 27 décembre et pourrait même se prolonger bien plus longtemps.
De son côté, Donald Trump devait passer les fêtes au Mar-a-Lago, en Floride, mais a annoncé qu’il resterait finalement à la Maison Blanche en raison du shutdown.
LE REPORT DE LA SEMAINE
Michael Flynn a comparu devant le tribunal cette semaine. L’ancien conseiller à la sécurité nationale du président Trump devait en principe se voir annoncer sa peine pour avoir menti au FBI au sujet de ses conversations avec l’ambassadeur russe en poste à Washington. Mais le juge qui devait prononcer la peine a accepté de reporter sa décision à l’année prochaine. Pendant ce temps-là, Michael Flynn devrait continuer à collaborer avec le procureur Mueller.
RIP THE TRUMP FOUNDATION
Le président Trump a accepté de mettre un terme aux activités de sa fondation caritative, la Trump Foundation. Celle-ci fait l’objet d’une enquête judiciaire depuis plusieurs mois. Cette enquête a été initiée par l’état de New York et n’a donc aucun lien avec celle du procureur Mueller. C’est une autre épine dans le pied du président. Trois de ses enfants – Donald Jr., Ivanka et Eric – sont aussi concernés. Ils géraient en effet les activités de la fondation. L’état de New York soupçonne Donald Trump d’avoir utilisé les fonds récoltés via sa fondation à des fins personnelles. L’an dernier, un journaliste du Washington Post avait enquêté à ce sujet et découvert que Donald Trump avait notamment utilisé l’argent de sa fondation pour payer des frais de justice ou acheter des œuvres d’art pour les exposer dans ses hôtels.
LE TWEET DE LA SEMAINE
Quand le sénateur républicain Bob Corker répond au président Trump…
Contexte: Dans son tweet, le président affirme une nouvelle fois que Bob Corker a renoncé à se présenter aux élections de mi-mandat parce qu’il a refusé de lui apporter son soutien. Bob Corker a toujours déclaré qu’il s’agissait d’un mensonge. Un mensonge qu’il compare ici à la promesse de campagne de Donald Trump selon laquelle le Mexique financerait la construction du mur qu’il ferait construire à la frontière. Quant au hashtag #AlertTheDaycareStaff, il fait référence à un tweet que Bob Corker avait publié il y a un peu plus d’un an et dans lequel il déclarait que la Maison Blanche s’était transformée en « garderie pour adulte ».
Tout ceci est évidemment parfaitement normal.
LES AUTRES TWEETS DE LA SEMAINE
Comme chaque année, le sénateur républicain Rand Paul a publié plusieurs tweets humoristiques à l’occasion du Festivus. Nous en avons sélectionné deux.
Tout d’abord, voici la solution proposée par Rand Paul à Donald Trump pour un mur véritablement efficace à la frontière. On a tout de même l’impression qu’il se moque un tout petit peu du président.
Ensuite, il y a ce tweet relatif à Elizabeth Warren, la sénatrice démocrate qui a récemment fait un test ADN pour prouver qu’elle avait des origines amérindiennes.
Rand Paul est-il allé trop loin? Sincèrement, nous n’avons même plus l’énergie d’en débattre à l’issue de cette semaine éreintante.
LA PHRASE DE LA SEMAINE
One thing I leave most proud of is that I like to think I am the same person now that I was when I arrived. (L’une des choses dont je suis le plus fier est que je pense que je suis la même personne aujourd’hui que lorsque je suis arrivé ici)
Le Speaker Paul Ryan dans son discours d’adieu au Congrès. Après être revenu sur les succès auxquels il estime avoir participé durant ses années passées à la Chambre des Représentants, il a déclaré que les trois plus grands défis qui restaient à relever dans les années à venir au Congrès étaient la lutte contre la pauvreté, le problème de la dette et la réforme de l’immigration. Il a aussi insisté sur le danger que représente la Chine pour l’Occident et ses valeurs.
Pour ceux que cela intéresse, vous pouvez lire l’entièreté du discours d’adieu de Paul Ryan ici.

LA NOMINATION DE LA SEMAINE
Le gouverneur de l’Arizona a nommé Martha McSally au poste de sénatrice. Elle remplacera Jon Kyl dès le 3 janvier. Pour rappel, Jon Kyl avait été nommé par le gouverneur après la mort de John McCain pour reprendre son siège, mais il a annoncé qu’il ne voulait pas poursuivre l’aventure en 2019. Martha McSally occupera donc l’ancien siège de John McCain jusqu’aux élections de 2020. Elle aura pour collègue la démocrate Kyrsten Sinema, contre laquelle elle avait perdu lors des élections de mi-mandat le mois dernier.
LE FUTUR RETRAITÉ DE LA SEMAINE
Le sénateur du Tennessee Lamar Alexander a annoncé qu’il ne serait pas candidat à sa réélection aux élections de 2020. Il prendra sa retraite.
Lamar Alexander est âgé de 78 ans et mettra donc bientôt un terme à une longue carrière politique. Il fut gouverneur du Tennessee de 1979 à 1987 et Secrétaire à l’Éducation dans l’administration de George H.W. Bush de 1991 à 1993. Il fut aussi candidat à l’élection présidentielle en 1996 et 2000, sans jamais parvenir à remporter les primaires républicaines. Il est sénateur du Tennessee depuis 2003.
ROAD TO 2020
Le président du Parti Démocrate a annoncé que le parti organiserait 12 débats télévisés entre candidats aux primaires pour la présidentielle. Six débats auront lieu en 2019 et six en 2020. Le premier débat aura lieu en JUIN 2019.
LA BELLE HISTOIRE DE LA SEMAINE
Une ONG chrétienne a révélé cette semaine que l’ancien président George H.W. Bush, récemment décédé, avait parrainé un jeune garçon philippin en secret pendant dix ans. L’ONG en question permet à des citoyens américains de parrainer un enfant pauvre dans un pays étranger. Le parrain verse des fonds chaque mois à l’association et ces fonds sont utilisés pour financer l’éducation de l’enfant parrainé. Le parrain et l’enfant parrainé peuvent également s’envoyer des lettres.
George H.W. Bush a donc décidé, en 2002, de parrainer Timothy, un garçon philippin âgé à l’époque de 7 ans. Pendant dix ans, il a financé son éducation et lui a écrit de nombreuses lettres. Il lui envoyait aussi parfois des cadeaux. George Bush utilisait le pseudonyme George Walker lorsqu’il écrivait à Timothy. Celui-ci ignorait donc totalement que son parrain était en réalité un ancien président des Etats-Unis. La presse n’avait jamais été informée de ce parrainage. Les responsables du programme craignaient avant tout que Timothy puisse être mis en danger si certaines personnes aux Philippines apprenaient qu’il était en contact avec un ancien président américain.
Dans ses lettres, George Bush laissait pourtant parfois des indices. Comme dans cette lettre contenant une photo de son chien et dans laquelle il expliquait que ce dernier avait rencontré « beaucoup de personnes célèbres ».
Timothy n’a cependant jamais deviné qui était son parrain. En 2012, lorsqu’il a atteint l’âge de 17 ans, son programme de parrainage a pris fin. L’ONG ne s’occupe en effet que des enfants mineurs. On lui a alors révélé la véritable identité de son parrain. Il en aurait été bouleversé.
MEANWHILE, IN MISSOURI…
Dans le Missouri, un homme a été condamné à un an de prison ferme pour braconnage. Il avait tué plusieurs cerfs en dehors de la période de chasse autorisée pour s’emparer uniquement de leurs bois. Il laissait ensuite les cadavres des animaux pourrir sur place. Le juge qui l’a condamné a assorti sa peine d’un an de prison de l’obligation de regarder le dessin animé Bambi une fois par mois ! Only in America.
PS: MERRY CHRISTMAS
Joyeux Noël, chers lecteurs ! 🎄🎁🎇