WEEKLY NEWS FLASH #196

Donald Trump est désormais président des Etats-Unis depuis plus de 1,000 jours. Et la semaine qui vient de s’écouler fut peut-être la plus folle de toute sa présidence. Par précaution, mouillez-vous bien la nuque avant d’entamer la lecture de ce long Weekly News Flash….

ALORS QUE LE RETRAIT DES TROUPES AMÉRICAINES DE SYRIE CONTINUE DE FAIRE DÉBAT À WASHINGTON, DONALD TRUMP MULTIPLIE LES DÉCLARATIONS POLÉMIQUES ET MIKE PENCE NÉGOCIE UN CESSEZ-LE-FEU À ANKARA

Pour rappel, la Turquie a récemment lancé une offensive militaire contre les Kurdes dans le nord-est de la Syrie, après que Donald Trump ait annoncé le retrait des troupes américaines de la région. La décision du président américain a été très critiquée, aussi bien par l’opposition démocrate que par la majorité des élus de son propre parti. Pour plus d’informations, voir notre Weekly News Flash de la semaine dernière.

Cette semaine, la décision du président Trump de retirer les troupes américaines de Syrie a continué d’agiter Washington et le vice-président Mike Pence s’est rendu à Ankara pour négocier avec Recep Tayyip Erdogan.

Lundi 14 octobre. Le président Trump signe un décret présidentiel imposant des sanctions contre certains membres du gouvernement turc – notamment les ministres de la Défense, de l’Intérieur et de l’Énergie. La Maison Blanche affirme qu’elle n’a jamais soutenu l’offensive militaire turque en Syrie et qu’elle la condamne. « Les Etats-Unis n’ont jamais donné leur feu vert à la Turquie pour envahir la Syrie », déclare le vice-président Mike Pence lors d’une conférence de presse. La Maison Blanche affirme que le président Erdogan aurait lancé son opération militaire contre les Kurdes quoi qu’il arrive, même si le président Trump n’avait pas ordonné le retrait des troupes américaines. Une explication qui ne convainc pas les critiques du président.

La Maison Blanche annonce également que Mike Pence va se rendre très prochainement en Turquie pour rencontrer Recep Tayyip Erdogan et tenter de négocier un cessez-le-feu.

Sur Twitter, Donald Trump continue de défendre sa décision de retirer les troupes américaines de Syrie. Il réaffirme qu’après avoir vaincu l’Etat Islamique, les Etats-Unis n’avaient plus aucun intérêt à rester en Syrie et qu’il était temps de ramener les troupes à la maison. Le président semble aussi penser que la protection des Kurdes ne relève pas de la responsabilité des Etats-Unis. Il affirme même qu’il se fiche de savoir qui pourra bien s’en charger, que ce soit la Russie, la Chine ou… Napoléon Bonaparte !

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Traduction: Après avoir vaincu 100% du califat de l’Etat Islamique, j’ai retiré nos troupes de Syrie. Laissons la Syrie et Assad protéger les Kurdes et se battre contre la Turquie pour leur propre territoire. J’ai dit à mes généraux, pourquoi devrions-nous nous battre pour la Syrie et Assad pour protéger le territoire de notre ennemi? Peu importe qui veut aider la Syrie à protéger les Kurdes, c’est bon pour moi, que ce soit la Russie, la Chine, ou Napoléon Bonaparte. J’espère qu’ils se porteront tous bien, nous sommes à 11,000 kilomètres!

Ce tweet peut paraître très cynique lorsque l’on sait que les Kurdes ont aidé les Etats-Unis à vaincre le califat de l’Etat Islamique en assurant l’essentiel des combats au sol en Syrie. Plus de 11,000 combattants kurdes y ont laissé la vie.

Mercredi 16 octobre. C’est le 1,000ème jour de la présidence Trump ! Le moins que l’on puisse dire est que l’on s’en souviendra….

Tout d’abord, le président Trump s’exprime lors d’une conférence de presse aux côtés du président italien Sergio Mattarella, en visite à Washington. Interrogé sur la situation en Syrie, le président américain affirme que le sort des Kurdes « n’est pas notre problème » et que les Kurdes « ne sont pas des anges ». Avant d’ajouter ceci:

It’s been going on for a long time. Syria may have some help with Russia. And that’s fine. It’s a lot of sand. There’s a lot of sand over there. So, there’s a lot of sand that they can play with. (Cela dure depuis longtemps. La Syrie pourrait recevoir de l’aide de la Russie. Et c’est très bien. Il y a beaucoup de sable. Il y a beaucoup de sable là-bas. Beaucoup de sable avec lequel ils peuvent jouer)

Donald Trump répondra aussi à une question posée par un journaliste au sujet des critiques qui lui ont été adressées par le sénateur républicain Lindsey Graham. Ce dernier venait notamment de qualifier la décision du président de retirer les troupes de Syrie de « décision la plus perturbante que je n’ai jamais vue depuis que je suis au Congrès ».

Lindsey Graham would like to stay in the Middle East for the next thousand years with thousands of soldiers and fighting other people’s wars. I wanna get out of the Middle East. (Lindsey Graham voudrait rester au Moyen-Orient pour les prochaines mille années avec des milliers de soldats et mener les guerres des autres. Je veux me retirer du Moyen-Orient)

Réplique du principal intéressé sur Twitter:

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Traduction: Mr. le Président, oubliez ce que je dis à propos de la Syrie. Écoutez votre propre équipe de sécurité nationale quand elle vous explique les conséquences de votre décision et l’impact qu’elle aura pour notre nation.

Par ailleurs, l’armée américaine confirme qu’elle a bombardé l’une de ses propres bases en Syrie afin d’éviter qu’elle ne tombe aux mains des Russes ou d’autres adversaires après le départ précipité des troupes ordonné par le président Trump. Il faut dire que les Russes ou des milices locales auraient pu s’emparer de nombreuses armes et munitions abandonnées sur place.

L’Amérique condamnée à bombarder ses propres bases militaires? Une nouvelle qui ne plaît pas à tout le monde. Voyez par exemple ce tweet du député républicain de l’Illinois Adam Kinzinger.

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Traduction: Wow. Nous avons bombardé volontairement notre propre base militaire parce que la décision impulsive de Donald Trump n’a pas permis de l’évacuer correctement. Est-ce l’Amérique à laquelle vous croyiez en grandissant?

Un peu plus tard dans la journée, la Chambre des Représentants vote à une large majorité en faveur d’une résolution condamnant la décision du président Trump de retirer les troupes américaines de Syrie (354-60). Les 225 députés démocrates présents dans l’hémicycle ont voté en faveur de la résolution, ainsi que 129 députés républicains. 60 autres élus républicains ont voté contre. La résolution indique que le Congrès des Etats-Unis « s’oppose à la décision de mettre fin aux efforts des Etats-Unis visant à empêcher des opérations militaires turques contre les forces kurdes dans le nord-est de la Syrie ». La résolution indique aussi qu’ « un retrait abrupte du personnel militaire des Etats-Unis de certaines régions du nord-est de la Syrie bénéficie aux adversaires du gouvernement des Etats-Unis, y compris la Syrie, l’Iran et la Russie ».

Quelques heures plus tard, on apprend qu’une réunion entre le président Trump et les leaders du Congrès a été écourtée. Le président avait convié les leaders des deux partis à la Maison Blanche pour discuter de la situation en Syrie. Les leaders démocrates Nancy Pelosi et Chuck Schumer expliquent rapidement à la presse qu’ils ont quitté la réunion parce que le président Trump faisait preuve d’un comportement totalement inapproprié. Nancy Pelosi affirme que le président a totalement craqué et qu’il était visiblement très secoué après avoir appris que la majorité des membres de son propre parti avaient voté en faveur de la résolution condamnant son action en Syrie. Chuck Schumer affirme que Donald Trump s’est montré très insultant envers Nancy Pelosi, la traitant notamment de « politicienne de troisième rang ».

De son côté, le président Trump affirme que c’est en réalité Nancy Pelosi qui s’est montrée agressive et a fait preuve d’un comportement inapproprié au cours de la réunion. Il publiera même la photo ci-dessous sur son compte Twitter pour démontrer que c’est bien la Speaker qui aurait piqué une crise de nerfs.

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Il publiera également un tweet qualifiant la Speaker de « personne très malade ».

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Traduction: Nancy Pelosi a besoin d’aide rapidement! Il y a soit quelque chose qui ne va pas dans sa tête, ou bien elle n’aime tout simplement pas notre grand pays. Elle a complètement craqué à la Maison Blanche aujourd’hui. C’était très triste à voir. Priez pour elle, c’est une personne très malade!

On apprendra en outre que, durant cette même réunion, le président Trump a critiqué son ancien Secrétaire à la Défense James Mattis, le qualifiant de « général le plus surestimé du monde ». Mattis avait récemment critiqué la décision du président Trump de retirer les troupes de Syrie, affirmant notamment que cela risquait de contribuer à la ré-émergence de l’Etat Islamique. D’après une source ayant assisté à la réunion, Donald Trump aurait aussi déclaré au sujet de Mattis: « Il n’était pas assez dur. Je me suis emparé de l’Etat Islamique. Mattis avait dit que cela prendrait deux ans. Je les ai vaincus en un mois ».

Enfin, pour clôturer cette journée complètement folle en beauté, nous découvrions le contenu d’une lettre envoyée par le président Trump au président turc Recep Tayyip Erdogan le 9 octobre dernier, soit le jour où la Turquie a lancé son offensive contre les Kurdes. La lettre est hallucinante, il n’y a pas d’autre mot. À tel point que lorsqu’elle a commencé à circuler sur Twitter, plusieurs journalistes ont cru qu’il s’agissait d’un fake. Sur CNN, le journaliste Jake Tapper a affirmé à l’antenne qu’il avait cru dans un premier temps qu’il s’agissait d’une blague. Mais la Maison Blanche a rapidement confirmé l’authenticité de la lettre, que nous avons traduite en entier ci-dessous.

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Traduction de la lettre de Donald Trump à Recep Tayyip Erdogan

Cher Mr. le Président:

Faisons un bon deal! Vous ne voulez pas être responsable du massacre de milliers de personnes, et je ne veux pas être responsable de la destruction de l’économie turque – et je le serai. Je vous en ai déjà donné un petit aperçu avec le Pasteur Brunson.

J’ai travaillé dur pour régler certains de vos problèmes. Ne laissez pas tomber le monde. Vous pouvez faire un bon deal. Le général Mazloum est prêt à négocier avec vous, et il est prêt à faire des concessions qu’ils n’auraient jamais faites par le passé. Je vous joins de manière confidentielle une copie de la lettre qu’il m’a adressée, je viens de la recevoir.

L’histoire vous jugera favorablement si vous faites cela de la bonne manière et humainement. Elle vous jugera pour toujours comme le diable si de bonnes choses ne se produisent pas. Ne soyez pas un dur à cuire. Ne soyez pas stupide!

Je vous appellerai plus tard,

Sincèrement,

Donald Trump

Jeudi 17 octobre. Le vice-président Mike Pence arrive en Turquie pour négocier avec Recep Tayyip Erdogan. Il est accompagné du Secrétaire d’Etat Mike Pompeo et de Robert O’Brien, le conseiller à la sécurité nationale du président Trump.

Après cinq longues heures de négociations, Mike Pence annonce fièrement lors d’une conférence de presse que la Turquie a accepté de mettre un terme à ses opérations militaires en Syrie durant 120 heures (= 5 jours) afin de laisser aux Kurdes le temps d’évacuer la zone dont l’armée turque entend prendre le contrôle. En échange, les Etats-Unis lèvent les sanctions mises en place contre la Turquie quelques jours plus tôt par la Maison Blanche.

Mike Pence présente ce résultat comme très positif étant donné que le président Erdogan avait jusqu’ici affirmé qu’il n’accepterait jamais aucun cessez-le-feu. Mais l’accord négocié par le vice-président n’est pas unanimement salué, loin de là. Pour beaucoup de membres du Congrès et autres observateurs, ce cessez-le-feu n’en est pas véritablement un. Tout d’abord, un cessez-le-feu doit normalement être négocié par les deux parties belligérantes. Or, les Kurdes n’ont ici pas été invités à la table des négociations. Ensuite, la Turquie s’est seulement engagée à mettre ses opérations militaires entre parenthèses pendant cinq jours. Autrement dit, les Kurdes ont cinq jours pour quitter leur domicile et tout abandonner derrière eux (pour aller où? Nul ne le sait) s’ils veulent éviter d’être victimes des combats qui pourront ensuite reprendre. Pas de quoi apaiser la colère de ceux qui accusent l’administration Trump d’avoir honteusement abandonné les Kurdes. Le sénateur démocrate Chris Murphy affirme par exemple que l’accord négocié par Mike Pence est une « capitulation » et légitime la future occupation d’une partie du territoire syrien par la Turquie. Le sénateur républicain Marco Rubio affirme que l’accord n’est pas un cessez-le-feu mais « cinq jours pour les Kurdes pour quitter la zone que veut Erdogan ou pour rester et mourir ».

À la suite de l’annonce de l’accord négocié par son vice-président à Ankara, le président Trump, resté aux Etats-Unis, évoque quant à lui un « grand jour pour la civilisation ».

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Traduction: C’est un grand jour pour la civilisation. Je suis fier des Etats-Unis qui me sont restés fidèles en suivant un chemin quelque peu non conventionnel, mais nécessaire. Des gens ont essayé de conclure cet accord pendant de nombreuses années. Des millions de vies vont être sauvées. Félicitations à TOUS!

Un grand jour pour la civilisation? Ce n’est pas du tout l’avis du sénateur républicain Mitt Romney, qui décide de prononcer un discours au Sénat pour dénoncer la politique du président. Il déclare notamment que le cessez-le-feu temporaire négocié par Mike Pence ne change rien au fait que l’Amérique a abandonné un allié. Il affirme que l’abandon des Kurdes restera à jamais « une tache de sang dans les annales de l’histoire américaine ».

What we have done to the Kurds will stand as a blood stain in the annals of American history. (Ce que nous avons fait aux Kurdes restera comme une tache de sang dans les annales de l’histoire américaine)

De son côté, le leader des Républicains au Sénat, Mitch McConnell, est interrogé par la presse qui lui demande pourquoi le Sénat n’a pas encore passé de résolution condamnant la décision du président Trump de retirer les troupes de Syrie, comme l’a fait la Chambre des Représentants la veille. McConnell répond que c’est parce qu’il veut que le Sénat adopte une résolution encore « plus forte ». Il regrette notamment que la résolution adoptée à la Chambre n’inclue pas de référence à la nécessité de conserver des troupes en Syrie à long terme.

Dans le même temps, le New York Times publie une carte blanche rédigée par William McRaven, un militaire à la retraite très respecté aux Etats-Unis. Il a notamment organisé et supervisé l’opération qui a mené à l’assassinat d’Oussama Ben Laden en 2011. La carte blanche de McRaven est intitulée Our Republic Is Under Attack From The President. McRaven écrit notamment:

If we are not the champions of the good and the right, then who will follow us? And if no one follows us – where will the world end up? (Si nous ne sommes plus les champions du bien, qui nous suivra encore? Et si plus personne ne nous suit – où finira le monde?)

Dans la soirée, Donald Trump, en meeting à Dallas, compare les combats entre l’armée turque et les Kurdes à une bagarre entre deux enfants sur un parking. Il affirme qu’il est parfois nécessaire de les laisser se battre un petit peu avant de les séparer.

Sometimes you have to let them fight. (…) You got to let them fight and then you pull them apart. (Parfois, il faut les laisser se battre. (…) Vous devez les laisser se battre puis les séparer)

Brett McGurk, ancien envoyé spécial des Etats-Unis au sein de la coalition internationale de lutte contre l’Etat Islamique*, réagit sur Twitter et dénonce une déclaration « obscène et ignorante » de la part du président.

*Brett McGurk avait été nommé à ce poste par Barack Obama et y est resté lorsque Donald Trump est arrivé à la Maison Blanche. Il a démissionné en décembre dernier, tout comme le Secrétaire à la Défense James Mattis, lorsque Donald Trump a annoncé pour la première fois qu’il allait retirer les troupes américaines de Syrie, avant de se raviser.

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Traduction: Cette déclaration est obscène et ignorante. Déjà 200,000 personnes innocentes déplacées. Des centaines de morts. Des accusations crédibles de crimes de guerre. Des prisonniers de l’Etat Islamique qui se sont échappés. Les Etats-Unis qui évacuent et bombardent leurs propres positions ou les donnent à la Russie. Deux enfants qui se battent dans un parking?

Pendant ce temps-là, l’ex-Secrétaire à la Défense James Mattis, qui est justement l’invité d’honneur du Al Smith Dinner, un célèbre dîner de charité annuel, répond au président qui l’a traité la veille de « général le plus surestimé du monde ».

I’m honored to be considered that by Donald Trump because he also called Meryl Streep an overrated actress. So I guess I’m the Meryl Streep of generals and, frankly, that sounds pretty good to me. (Je suis honoré d’être considéré comme tel par Donald Trump parce qu’il a aussi qualifié Meryl Streep d’actrice surcotée. Donc je suppose que je suis le Meryl Streep des généraux et, franchement, cela sonne plutôt bien d’après moi)

Vendredi 18 octobre. Le Washington Post publie une carte blanche rédigée par Mitch McConnell et intitulée Withdrawing from Syria is a grave mistake.

Dimanche 20 octobre. Dans une interview accordée à CNN, l’ex-général et ex-directeur de la CIA David Petraeus critique la décision du président Trump de retirer les troupes américaines de Syrie. Il dénonce l’abandon par les Etats-Unis de leurs alliés kurdes et affirme également que le président Trump a tort de penser que ce retrait mettra fin à ce qu’il qualifie de « guerre sans fin ».

This does not end an endless war. It probably prolongs it because this gives ISIS an opportunity for a resurgence. This is not a strategic success. (Cela ne mettra pas fin à une guerre sans fin. Cela va probablement la prolonger parce que cela donne à l’Etat Islamique une possibilité de rebondir. Ce n’est pas un succès stratégique)

Par ailleurs, le Secrétaire à la Défense Mark Esper annonce que les troupes américaines qui quittent la Syrie seront redéployées dans l’ouest de l’Irak, d’où elles pourront continuer à mener d’éventuelles actions nécessaires contre l’Etat Islamique. Cette annonce vient évidemment mettre à mal l’argument du président Trump selon lequel sa décision de retirer les troupes de Syrie devait permettre de les ramener à la maison. Certains de ses adversaires notent aussi que le président a récemment donné son feu vert au déploiement de troupes supplémentaires en Arabie Saoudite, alors qu’il dit vouloir se retirer du Moyen-Orient.

LA PHOTO DE LA SEMAINE

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Des chars américains quittent leur base en Syrie. Photo prise par un correspondant de l’AFP.

LA UNE DE LA SEMAINE

Après l’abandon des Kurdes, The Economist s’interroge: Qui peut faire confiance à l’Amérique de Trump?

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LES DESSINS DE LA SEMAINE

La décision du président Trump d’ordonner le retrait des troupes américaines de Syrie a inspiré les dessinateurs. Et ils ne sont pas tendres.

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LA VIDÉO DE LA SEMAINE

Quand le Daily Show met en parallèle des propos prononcés par le président Trump au sujet des Kurdes en 2018 et 2019. No comment.

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Tout va bien? Vous êtes fatigués? Reprenez votre souffle car il s’est encore passé plein d’autres choses de l’autre côté de l’Atlantique cette semaine…..

LES DERNIÈRES NOUVELLES DE L’IMPEACHMENT INQUIRY

De nouveaux témoins ont été entendus par les comités compétents du Congrès, toujours à huis clos. Ci-dessous, le résumé de ce qui a filtré dans la presse.

  • Fiona Hill a témoigné devant le Congrès

Fiona Hill est une ancienne membre du conseil à la sécurité nationale du président (un groupe d’experts chargé de conseiller le président en matière de politique étrangère et dirigé par le conseiller à la sécurité nationale). Fiona Hill était la spécialiste de la Russie au sein de ce conseil.

Lors de son témoignage, elle a notamment affirmé que son supérieur, le conseiller à la sécurité nationale John Bolton, lui avait dit qu’il ne voulait pas faire partie du « drug deal » que Rudy Giuliani, l’avocat personnel du président Trump, et Mick Mulvaney, le chef de cabinet par intérim de la Maison Blanche, mijotaient en Ukraine.

I am not part of whatever drug deal Rudy and Mulvaney are cooking up.

D’après Fiona Hill, John Bolton aurait aussi comparé Rudy Giuliani à une grenade prête à faire exploser tout le monde autour d’elle.

  • George Kent a témoigné devant le Congrès

George Kent est un employé du Département d’Etat. II y dirige le bureau en charge des affaires européennes et est plus particulièrement en charge de superviser la politique étrangère américaine dans six pays, dont l’Ukraine.

Lors de son témoignage, il a affirmé qu’on lui avait ordonné de « faire profil bas » après qu’il ait émis des inquiétudes quant aux agissements de Rudy Giuliani en Ukraine, qui allaient selon lui à l’encontre de la ligne politique officielle du gouvernement américain.

George Kent a aussi déclaré que lors d’une réunion à la Maison Blanche en mai dernier, Mick Mulvaney avait expliqué que les trois personnes en charge de la politique en Ukraine seraient désormais le Secrétaire à l’Énergie Rick Perry, l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union européenne Gordon Sondland et Kurt Volker, alors envoyé spécial du Département d’État pour l’Ukraine. Les trois hommes auraient même été surnommés « the tree amigos ».  Notons que cette réunion aurait eu lieu peu après que l’ambassadrice en poste en Ukraine Marie Yovanovitch ait été licenciée. Yovanovitch a déjà témoigné devant le Congrès la semaine dernière et a affirmé que le président Trump l’avait licenciée après que Rudy Giuliani l’ait persuadé qu’elle n’était pas loyale envers lui.

Enfin, George Kent a aussi affirmé avoir signalé au vice-président Biden en 2015 que le fait que son fils Hunter travaille pour une entreprise ukrainienne active dans le secteur de l’énergie pourrait être perçu comme un conflit d’intérêt potentiel et pourrait poser problème. George Kent n’a pas accusé l’ancien vice-président ou son fils d’avoir fait quoi que ce soit d’illégal, mais il a affirmé qu’il avait des inquiétudes quant à l’image que cela pourrait renvoyer. Les Républicains ne manqueront sans doute pas d’insister sur ce point.

  • Michael McKinley a témoigné devant le Congrès

Michael McKinley était l’un des principaux conseillers du Secrétaire d’Etat Mike Pompeo jusqu’à sa très récente démission. Lors de son audition, il aurait révélé qu’il avait démissionné parce qu’il ne pouvait plus cautionner ce qu’il se passait en Ukraine.

  • Gordon Sondland a témoigné devant le Congrès

L’actuel ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union européenne, décrit par George Kent comme l’une des trois personnes chargées par le président Trump de s’occuper de l’Ukraine, aurait déclaré avoir travaillé en collaboration avec Rudy Giuliani à la demande du président Trump. Il affirme que si d’autres membres de l’administration et lui-même ont accepté la requête du président de travailler avec Giuliani, c’est parce que c’était le seul moyen de parvenir à organiser une rencontre entre le président et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Ils auraient donc jugé préférable d’obéir aux ordres du président Trump pour ne pas le fâcher, afin qu’il accepte de rencontrer Zelensky. Sondland affirme en revanche qu’il ignorait au départ que Rudy Giuliani et Donald Trump entendaient aussi exiger de Zelensky qu’il enquête sur Joe Biden et son fils.

Voici un extrait du témoignage de Gordon Sondland, obtenu par CNN:

Based on the President’s direction, we were faced with a choice: We could abandon the goal of a White House meeting for President Zelensky, which we all believed was crucial to strengthening U.S.-Ukrainian ties and furthering long-held U.S. foreign policy goals in the region; or we could do as President Trump directed and talk to Mr. Giuliani to address the President’s concerns. (En raison des ordres du Président, nous étions confrontés à un choix: nous pouvions abandonner l’objectif d’organiser une rencontre avec le Président Zelensky à la Maison Blanche, dont nous pensions tous qu’elle était cruciale pour renforcer les liens entre les Etats-Unis et l’Ukraine et pour approfondir les objectifs de la politique étrangère américaine dans la région; ou nous pouvions faire ce que le président Trump avait ordonné et parler avec Mr. Giuliani pour répondre à ses attentes)

We chose the latter path, which seemed to all of us – Secretary Perry, Ambassador Volker, and myself – to be the better alternative. (Nous avons choisi la seconde option, qui nous a paru à tous – le Secrétaire Perry, l’ambassadeur Volker et moi-même – comme étant la meilleure alternative)

Plusieurs députés démocrates ont déclaré qu’ils jugeaient le témoignage de Gordon Sondland peu crédible, notamment lorsque celui-ci déclare qu’il n’était pas au courant des motivations de Rudy Giuliani.

  • L’impeachment inquiry manque-t-elle de transparence?

C’est l’un des arguments phares des députés républicains. Ils se plaignent du supposé manque de transparence de l’impeachment inquiry depuis son lancement. Ils accusent notamment les Démocrates d’avoir choisi d’organiser les auditions des témoins à huis clos, plutôt que d’organiser des auditions publiques, et de ne laisser filtrer dans la presse que les parties des témoignages qui les arrangent.

Cet argument est-il fondé? Oui et non.

Il est vrai que les auditions des témoins ont jusqu’ici lieu à huis clos. Or, en principe, les auditions au Congrès sont supposées être publiques. Le règlement interne de la Chambre des Représentants prévoit que des auditions peuvent exceptionnellement être organisées à huis clos si la divulgation de ce qui y est dit risque de mettre en danger la sécurité nationale, de nuire injustement à la réputation d’un individu ou de compromettre une enquête judiciaire en cours. Pour les Républicains, ce n’est ici pas le cas et rien ne justifie que des auditions destinées à déterminer si le président Trump mérite ou non de faire l’objet d’une procédure de destitution soient ainsi cachées au grand public. De plus, ils estiment que les Démocrates font filtrer certaines informations sur les auditions dans la presse et uniquement celles qui les arrangent, alors qu’il serait préférable que le public américain entende tout et puisse se faire sa propre opinion. Les Démocrates affirment quant à eux qu’il est légitime d’organiser les auditions à huis clos, afin d’éviter que les différents témoins ne puissent s’influencer les uns les autres et coordonner leurs témoignages. Ils ont aussi annoncé qu’ils rendraient publics les comptes-rendus complets des auditions dans les semaines à venir et qu’il n’était pas exclu que des auditions publiques soient organisées ultérieurement.

  • L’aveu de la semaine

Le moment le plus décisif de la semaine concernant l’impeachment inquiry n’est pas venu des témoignages au Congrès, mais d’une conférence de presse du chef de cabinet de la Maison Blanche, Mick Mulvaney. Ce dernier avait convoqué la presse pour annoncer que le prochain sommet du G7 serait organisé dans l’un des hôtels du président Trump (nous y reviendrons plus tard).

Les journalistes ont profité de l’occasion pour interroger Mulvaney au sujet de l’impeachment inquiry. À la stupéfaction générale, Mulvaney a reconnu que la Maison Blanche avait bloqué la livraison de 400 millions de dollars d’aide militaire à l’Ukraine afin de faire pression sur le président Zelensky pour que celui-ci ouvre une enquête réclamée par le président Trump. Or, la Maison Blanche n’avait jusqu’ici jamais cessé de nier catégoriquement l’existence de tout quid pro quo. Oups.

« We do that all the time on foreign policy » (Nous faisons tout le temps cela avec la politique étrangère) et « Get over it » (Passez à autre chose), a même lancé Mulvaney aux journalistes.

Quelques heures plus tard, il publiait un communiqué tentant de faire croire que la presse avait mal interprété ses propos.

  • John Kasich se prononce en faveur de l’impeachment du président Trump !

Lors d’une interview sur CNN, l’ex-gouverneur républicain de l’Ohio a déclaré que la Chambre des Représentants devrait voter en faveur de l’impeachment du président Trump.

  • Francis Rooney n’exclue pas de voter en faveur de l’impeachment

Francis Rooney est député républicain de Floride à la Chambre des Représentants. Ce week-end, il est le premier député républicain à avoir sous-entendu qu’il n’excluait pas de voter en faveur de l’impeachment du président Trump.

I’m still thinking about it, you know? I’ve been real mindful of the fact that during Watergate, all the people I knew said, « Oh, they’re just abusing Nixon, and it’s a witch hunt ». Turns out it wasn’t a witch hunt. (Je suis encore en train d’y réfléchir. Je suis bien conscient du fait que durant l’affaire du Watergate, toutes les personnes que je connaissais disaient « Oh, ils maltraitent Nixon, et c’est une chasse aux sorcières ». Il s’est avéré que ce n’était pas une chasse aux sorcières)

Rooney a également annoncé qu’il ne serait pas candidat à sa réélection en 2020.

L’INTERVIEW DE LA SEMAINE

Hunter Biden a accordé une interview exclusive à l’émission Good Morning America pour répondre aux accusations selon lesquelles il aurait profité du statut de vice-président de son père pour obtenir un poste au sein d’une entreprise ukrainienne active dans le secteur de l’énergie. Il a affirmé qu’il n’avait rien fait d’illégal, mais a reconnu qu’accepter cet emploi avait été une erreur de jugement.

In retrospect, I think that it was poor judgment on my part. (Avec le recul, je pense qu’il s’agissait d’une erreur de jugement de ma part)

LA DÉMISSION DE LA SEMAINE

Le Secrétaire à l’Énergie Rick Perry a remis sa lettre de démission au président Trump. Il quittera effectivement son poste à la fin de l’année. Le président Trump a d’ores et déjà annoncé qu’il nommerait l’actuel adjoint de Perry, Dan Brouillette, pour le remplacer.

LE G7 À DORAL, ANNONCÉ PUIS ANNULÉ EN MOINS DE 48 HEURES

Jeudi, le chef de cabinet de la Maison Blanche Mick Mulvaney annonçait lors d’une conférence de presse que le prochain sommet du G7 – qui doit avoir lieu aux Etats-Unis en juin 2020 – serait organisé au Trump National Doral Miami, l’un des hôtels de luxe du président Trump situé à Miami. Mulvaney a affirmé que le processus de sélection pour déterminer le lieu où serait organisé le sommet avait été très rigoureux et que Doral avait été considéré comme la meilleure location possible. Les détracteurs du président ont immédiatement crié au scandale. Ils estiment qu’en organisant le G7 dans l’une de ses propriétés, le président profiterait de sa position pour s’enrichir personnellement. Et d’après le Washington Post, l’hôtel de Doral serait justement en difficulté financière. Ses revenus auraient diminué de 69% au cours des deux dernières années.

Samedi, soit moins de 48 heures après l’annonce initiale de Mick Mulvaney, Donald Trump annonçait qu’il avait changé d’avis et que le sommet du G7 ne serait finalement pas organisé à Doral. Sur Twitter, le président mentionnait l’ « hostilité irrationnelle » des médias et des Démocrates pour justifier sa décision. Mais, ne vous y trompez pas, c’est l’hostilité affichée de nombreux Républicains qui l’a probablement poussé à faire marche arrière. Plusieurs élus républicains avaient en effet férocement critiqué la décision d’organiser le G7 à Doral. Ce nouvel affront venait s’ajouter au mécontentement suscité par la décision du président de retirer les troupes américaines de Syrie.

Au final, on ne sait toujours pas où sera organisé le prochain sommet du G7. Le président Trump a simplement indiqué que l’administration allait chercher un autre site et que l’option Camp David serait notamment étudiée.

LA POLÉMIQUE DE LA SEMAINE

Le New York Times a révélé qu’une vidéo très troublante avait été diffusée lors d’une conférence organisée par une organisation pro-Trump dans l’hôtel du président à Doral. On peut y voir un personnage dont le visage a été remplacé par celui de Donald Trump pénétrer dans ce qui est qualifié d’ « église des fake news » et ouvrir le feu sur un ensemble de personnages incarnant des médias ou des individus qui se sont montrés critiques à l’encontre du président. On peut ainsi voir le faux Donald Trump assassiner plusieurs journalistes, ainsi que le défunt sénateur John McCain.

L’Association des Correspondants de la Maison Blanche a fait part de son indignation et a immédiatement appelé le président à condamner clairement la diffusion de cette vidéo. Donald Trump ne l’a jamais fait. Il ne s’est tout simplement pas exprimé à ce sujet. La porte-parole de la Maison Blanche a toutefois publié le tweet ci-dessous.

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Traduction: Au sujet de la vidéo diffusée ce week-end: le président n’a pas encore vu la vidéo, il le fera bientôt, mais vu tout ce qu’il a déjà entendu, il condamne fermement cette vidéo.

L’ex-sénateur républicain Jeff Flake, qui a survécu à la fusillade dont ont été victimes des élus républicains sur un terrain de baseball en 2017, a réagi sur Twitter.

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Traduction: Pour tous ceux qui ont vu un collègue se faire tirer dessus, et qui se sont fait tirer dessus, il n’y a aucun humour là-dedans.

LA MARQUE DE LA SEMAINE

Louis Vuitton. Pendant que Mike Pence et Mike Pompeo négociaient avec Recep Tayyip Erdogan à Ankara, le président Trump, accompagné de sa fille et conseillère Ivanka Trump, visitait une nouvelle usine Louis Vuitton au Texas. Louis Vuitton a récemment décidé d’ouvrir cette nouvelle usine de fabrication en raison de la demande importante dont ses produits font l’objet aux Etats-Unis.

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Le patron français de la marque, Bernard Arnault, a indiqué que les Etats-Unis étaient le marché n°1 pour le groupe LVMH. L’ouverture de l’usine du Texas devrait créer 1,000 emplois au cours des cinq prochaines années et les produits qui en sortiront seront, à la grande satisfaction du président Trump, estampillés Made in USA. Louis Vuitton disposait déjà de deux usines de fabrication aux Etats-Unis, en Californie. D’après le New York Times, environ la moitié des sacs à main Louis Vuitton vendus aux Etats-Unis au cours des trente dernières années y ont été fabriqués.

LE TWEET DE LA SEMAINE

En dépit de tout ce qu’il se passe à Washington, le président Trump trouve le temps de demander à ses supporters de voter en faveur de l’ancien porte-parole de la Maison Blanche Sean Spicer pour qu’il ne soit pas éliminé de l’émission de téléréalité Dancing with the Stars.

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Traduction: Votez pour Sean Spicer ce soir à Dancing With The Stars. Il a toujours été là pour nous!

Rappelons que tous les tweets du président Trump ont vocation à être archivés comme communiqués officiels du président des Etats-Unis.

LA PUBLICITÉ DE LA SEMAINE

Le Club for Growth, un think tank conservateur, diffuse actuellement en Utah une publicité accusant Mitt Romney d’être un espion à la solde des Démocrates et de comploter pour renverser le président Trump ! Il faut savoir que le Club for Growth était très opposé à la candidature de Donald Trump en 2016 et avait même financé des spots télévisés négatifs à son encontre à l’époque. En 2019, la transition d’organisation conservatrice jugée plutôt sérieuse à organisation pro-Trump adepte de théories du complot semble avoir été effectuée avec succès. Par ailleurs, le simple fait que Mitt Romney puisse être présenté et considéré par certains comme un Démocrate en dit sans doute long sur la période politique très étrange que nous traversons.

LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS ADOPTE LE HONG KONG HUMAN RIGHTS AND DEMOCRACY ACT

La Chambre des Représentants a adopté à l’unanimité le Hong Kong Human Rights and Democracy Act. Cette proposition de loi avait été introduite il y a plusieurs semaines par les députés Chris Smith (R) et Jim McGovern (D) à la Chambre des Représentants et par le sénateur républicain Marco Rubio au Sénat. Plusieurs manifestants pro-démocratie hongkongais récemment invités à témoigner devant une commission du Congrès, dont Joshua Wong, ont encouragé les élus américains à adopter cette législation. C’est ce qu’a donc fait la Chambre des Représentants cette semaine. La législation doit encore être adoptée par le Sénat et signée par le président Trump avant d’entrer en vigueur. Marco Rubio assure qu’il fait tout ce qui est en son pouvoir pour qu’un vote soit mis à l’agenda du Sénat le plus rapidement possible.

Que prévoit le Hong Kong Human Rights and Democracy Act?

En résumé:

∗ Une évaluation annuelle par le Département d’Etat de la situation à Hong Kong. Le Département d’Etat aurait l’obligation de certifier chaque année au Congrès que le statut d’autonomie accordé par la Chine à Hong Kong en 1997 est toujours bien respecté. Si ce n’est pas le cas, le Congrès pourrait mettre fin à certains accords commerciaux privilégiés avec Hong Kong, qui est actuellement considéré par les Etats-Unis comme une entité économique distincte de la Chine continentale. Les produits importés de Hong Kong ne sont par exemple actuellement pas concernés par les taxes mises en place par l’administration Trump sur de nombreux produits chinois. Il faut savoir que les Etats-Unis sont le deuxième partenaire commercial de Hong Kong. Une modification de statut pourrait donc coûter très cher à l’économie hongkongaise.

∗ L’imposition de sanctions contre les individus responsables de violations des droits de l’homme à Hong Kong. Ils ne pourraient notamment plus obtenir de visa pour se rendre aux Etats-Unis.

RIP ELIJAH CUMMINGS

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Elijah Cummings est décédé. Le député démocrate du Maryland, originaire de Baltimore, était âgé de 68 ans et a succombé à « des complications liées à des problèmes de santé de longue date ». Cummings siégeait à la Chambre des Représentants depuis 1996 et présidait notamment le House Oversight Committee, l’un des comités les plus importants du Congrès, chargé de surveiller les agissements de l’exécutif afin d’éviter la corruption ou les abus de pouvoir. Cummings est aussi ce député que le président Trump avait vivement critiqué cet été, qualifiant sa circonscription de trou à rats. Le président a publié un tweet de condoléances au ton radicalement différent cette semaine.

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Traduction: Mes sincères condoléances à la famille et aux nombreux amis du député Elijah Cummings. J’ai pu voir de près la force, la passion et la sagesse de ce leader politique très respecté. Son travail et sa voix sur de nombreux sujets seront très difficiles, voire impossibles, à remplacer!

Elijah Cummings était très apprécié et admiré au Congrès. Les hommages se sont donc multipliés. La Speaker Nancy Pelosi a déclaré que la Chambre des Représentants avait perdu son étoile polaire.

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Traduction: La Chambre a perdu son étoile polaire. Elijah Cummings était un leader au caractère et à l’intégrité imposants. Sa sagesse, son amitié chaleureuse et sa grande humanité vont beaucoup nous manquer. Repose en paix, mon ami.

Elijah Cummings était également apprécié de beaucoup de ses collègues républicains. Il avait notamment forgé une forte amitié avec Mark Meadows, un député pourtant très conservateur et aujourd’hui l’un des plus fervents défenseurs du président Trump. Une amitié qui en surprenait plus d’un mais qui était de notoriété publique. Mark Meadows a affirmé qu’il avait le cœur brisé.

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Traduction: Il n’y avait pas de meilleur avocat et de meilleur ami qu’Elijah Cummings. J’ai le cœur brisé pour sa merveilleuse famille et son équipe – priez pour eux. Il va beaucoup me manquer.

L’ancien député républicain Trey Gowdy, qui présidait le House Oversight Committee lorsque Cummings en était le vice-président, lui a aussi rendu un bel hommage sur Twitter. Un hommage qui vaut peut-être la peine d’être lu en ces temps où les divisions politiques semblent faire trop souvent oublier le reste.

Elijah Cummings was one of the most powerful, beautiful & compelling voices in American politics. The power and the beauty came from his authenticity, his conviction, the sincerity with which he held his beliefs. We rarely agreed on political matters.

We never had a cross word outside of a committee room. He had a unique ability to separate the personal from the work. The story of Elijah’s life would benefit everyone, regardless of political ideation.

The obstacles, barriers, and roadblocks he overcame, the external and sometimes internal doubt that whispered in the ear of a young Elijah Cummings. He beat it all. He beat the odds.

He beat the low expectations of that former school employee who told Elijah to abandon the dream of being a lawyer, that he would never become a lawyer, to settle for a job with his hands and not his mind.

Elijah loved telling that story because that school employee wound up being Elijah’s first client as a lawyer. We live in an age where we see people on television a couple of times and we think we know them and what they are about.

It is true Elijah was a proud progressive with a booming, melodious voice who found himself in the middle of most major political stories over the past decade. It is inescapable that be part of his legacy.

But his legacy also includes the path he took to become one of the most powerful political figures of his time. It is a path filled with pain, prejudice, obstacles and doubt that he refused to let stop him. His legacy is perseverance. His legacy is fighting through the pain.

His legacy is making sure there were fewer obstacles for the next Elijah Cummings. His legacy to me, above all else, was his faith. A faith in God that is being rewarded today with no more fights, no more battles, and no more pain.

//

Elijah Cummings était l’une des voix les plus puissantes, belles et convaincantes de la politique américaine. Son pouvoir et sa beauté provenaient de son authenticité, de sa conviction, de la sincérité avec laquelle il défendait ce en quoi il croyait. Nous étions rarement d’accord sur les sujets politiques.

Nous ne nous sommes jamais disputés en dehors d’une salle de comité. Il avait une capacité unique à séparer le personnel du travail. L’histoire de la vie d’Elijah peut faire du bien à tout le monde, quelles que soient ses idées politiques.

Les obstacles, barrières, et barrages qu’il a surmontés, les doutes externes et parfois internes qui ont chuchoté dans l’oreille du jeune Elijah Cummings. Il les a tous vaincus. Il a déjoué tous les pronostics.

Il a dépassé les faibles attentes de cet ancien employé d’école qui avait dit à Elijah d’abandonner le rêve de devenir avocat, qu’il ne deviendrait jamais avocat, de choisir un métier où il ferait usage de ses mains plutôt que de son esprit.

Elijah aimait raconter cette histoire parce que cet employé d’école a fini par être le premier client d’Elijah en tant qu’avocat. Nous vivons à une époque où nous voyons des gens à quelques reprises à la télévision et nous pensons les connaître et tout savoir d’eux.

Il est vrai qu’Elijah était un fier progressiste doté d’une voix retentissante et mélodieuse qui s’est retrouvé mêlé à la majorité des histoires politiques importantes de la dernière décennie. Il est inévitable que cela fasse partie de son héritage.

Mais son héritage inclue aussi le chemin qu’il a pris pour devenir l’une des figures politiques les plus puissantes de son époque. C’est un chemin rempli de souffrance, de préjugés, d’obstacles et de doutes auxquels il a refusé le droit de l’arrêter. Son héritage est la persévérance. Son héritage est d’avoir combattu malgré la souffrance.

Son héritage est d’avoir fait en sorte qu’il y ait moins d’obstacles pour le prochain Elijah Cummings. Son héritage pour moi, par-dessus tout, était sa foi. Une foi en Dieu qui est récompensée aujourd’hui par une absence de nouvelles luttes, de nouvelles batailles, et de nouvelles souffrances.

Une partie de l’héritage d’Elijah Cummings sera aussi de s’être prononcé en faveur de l’impeachment du président Trump. Ci-dessous, l’un des derniers tweets publiés sur son compte officiel. C’était le 24 septembre.

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Traduction: Lorsque les livres d’histoire seront écrits sur cette époque tumultueuse, je veux qu’ils montrent que j’étais parmi ceux au sein de la Chambre des Représentants qui se sont exprimés contre le non-respect de la loi et la tyrannie. Lisez mon communiqué de soutien à l’impeachment.

Le cercueil d’Elijah Cummings sera exposé dans le National Statuary Hall du Capitole la semaine prochaine.

ROAD TO 2020

La campagne électorale en vue de l’élection présidentielle de 2020 continue de battre son plein. Cette semaine, Bernie Sanders a notamment reçu le soutien d’Alexandria Ocasio-Cortez.

  • L’événement de la semaine

On l’oublierait presque mais il y avait aussi un débat démocrate cette semaine. Vous pouvez en lire le compte-rendu en cliquant ici.

  • La déclaration de la semaine

Last night, she was more specific and forthcoming about the number of selfies she’s taken than about how this plan is going to be funded. (Hier soir, elle s’est montrée plus précise et communicative au sujet du nombre de selfies qu’elle a pris qu’au sujet de la manière dont ce plan va être financé)

Pete Buttigieg au sujet d’Elizabeth Warren et de son Medicare for All au lendemain du débat démocrate, lors d’une interview sur CNN. Au cours du débat, la sénatrice du Massachusetts a refusé à plusieurs reprises d’indiquer si elle augmenterait les impôts de la classe moyenne pour financer le Medicare for All.

  • Le meeting de la semaine

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Samedi, Bernie Sanders a rassemblé 26,000 personnes pour un grand meeting à New York. Les invités d’honneur du meeting, baptisé Bernie’s Back (après le malaise cardiaque dont Sanders a récemment été victime), étaient la jeune députée Alexandria Ocasio-Cortez et le réalisateur Michael Moore. Ils ont tous les deux apporté leur soutien officiel au sénateur du Vermont. La députée du Minnesota Ilhan Omar avait fait de même quelques jours plus tôt.

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Bernie Sanders dispose donc désormais du soutien de deux jeunes députées démocrates élues au Congrès en 2018 et devenues des icônes pour de nombreux jeunes activistes de gauche, mais qui ont aussi parfois créé la polémique. Quant au sulfureux Michael Moore, il publiait encore le tweet ci-dessous au mois de mars dernier, alors même que les manifestations contre Nicolas Maduro battaient leur plein au Venezuela. Pas sûr que son soutien aide Bernie Sanders à se débarrasser de son image de personne trop conciliante envers le régime vénézuélien.

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Traduction: Il y a 10 ans, l’équipe du film « Capitalism: A Love Story » avec notre fan Hugo Chavez. A l’ONU, il avait appelé W. le Diable et avait affirmé qu’il pouvait dire que Bush n’était pas loin parce qu’il pouvait sentir le souffre émis par Satan. Hilarant. J’ai adoré la façon dont il a rendu notre complexe militaro-industriel complètement fou.

Par ailleurs, Bernie Sanders a aussi publié le tweet suivant cette semaine:

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Traduction: Lorsque nous gagnerons, nous changerons fondamentalement la nature de la présidence. Je ne serai pas seulement commandant-en-chef, mais organisateur-en-chef. Et nous nous attaquerons aux entreprises les plus puissantes et aux groupes de pression.

« Je ne serai pas seulement commandant-en-chef, mais organisateur-en-chef ». Imaginez les réactions si Donald Trump avait fait une telle déclaration….

  • La bagarre de la semaine

Entre Hillary Clinton et Tulsi Gabbard, la guerre semble déclarée.

Dans une interview, Hillary Clinton a suggéré que Tulsi Gabbard était la candidate favorite des Russes pour 2020 et que ceux-ci étaient peut-être même en train de la préparer à se présenter à l’élection générale en tant que candidate indépendante si elle ne remportait pas l’investiture démocrate.

I’m not making any predictions, but I think they’ve got their eye on somebody who is currently in the Democratic primary and are grooming her to be the third-party candidate. She’s the favorite of the Russians. (Je ne fais pas de prédictions, mais je pense qu’ils ont les yeux tournés vers quelqu’un qui est actuellement dans la primaire démocrate et qu’ils la préparent à être le candidat indépendant. Elle est la favorite des Russes)

Même si Clinton n’a pas clairement mentionné le nom de Gabbard, il ne fait aucun doute qu’elle parlait bien de la députée d’Hawaï, qui affiche des positions très isolationnistes en termes de politique étrangère, pas si différentes de celles défendues par Donald Trump. Elle a aussi été très critiquée pour avoir rencontré Bachar El-Assad en 2017.

Bien évidemment, entre accuser Gabbard de défendre des positions pouvant plaire à la Russie et l’accuser d’être directement soutenue et « préparée » par les Russes, il y a un pas qu’il nous semble préférable de ne pas franchir sans preuves.

Tulsi Gabbard a réagi très violemment en publiant une série de tweets dans laquelle elle qualifie notamment Hillary Clinton de « reine des bellicistes » et d’ « incarnation de la corruption » 🔥🔥🔥. Le tweet ci-dessous n’est que le premier de la série. Il a été partagé plus de 74,000 fois au cours des 24 premières heures ayant suivi sa publication !

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Traduction: Super! Merci Hillary Clinton. Toi, la reine des bellicistes, l’incarnation de la corruption, et la personnification des inepties qui rendent le Parti Démocrate malade depuis si longtemps, tu es finalement sortie de derrière le rideau. Depuis le jour où j’ai annoncé ma candidature, …..
  • Les chiffres de la semaine

À votre avis, quel est le candidat démocrate qui a récolté le plus d’argent pour sa campagne au cours du troisième trimestre de l’année 2019 (du 1er juillet au 30 septembre)?

La réponse est Bernie Sanders (25,3 millions de dollars), suivi d’Elizabeth Warren (24,7 millions) et de Pete Buttigieg (19,2 millions). Joe Biden n’arrive qu’en quatrième position en dépit de son statut d’ancien vice-président. Plus inquiétant encore pour lui, il a dépensé davantage d’argent qu’il n’en a gagné au cours de ce trimestre, contrairement à ses trois adversaires précités.

À titre de comparaison, au cours du même trimestre, la campagne de Donald Trump a récolté 97,8 millions de dollars, soit bien davantage que n’importe quel candidat démocrate. (Si l’on additionne l’argent récolté par l’ensemble des candidats démocrates, la somme est toutefois supérieure à l’argent récolté par le président).

Quant aux adversaires républicains du président Trump (Bill Weld, Joe Walsh et Mark Sanford), ils ont péniblement récolté, à eux trois, la modique somme de $647,000.

AND LAST BUT NOT LEAST…

Barack Obama ne s’est toujours pas prononcé pour dire quel était son candidat favori aux primaires démocrates, mais il a officiellement apporté son soutien à Justin Trudeau en vue de sa réélection au poste de premier ministre du Canada. Des élections législatives ont lieu au Canada aujourd’hui.

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Traduction: J’ai été fier de travailler avec Justin Trudeau lorsque j’étais Président. C’est un leader qui travaille dur, qui est efficace et qui s’occupe de sujets importants comme le changement climatique. Le monde a besoin de son leadership progressiste en ce moment, et j’espère que nos voisins du nord vont le soutenir pour un autre mandat.

 

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