Le sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham est l’un des nombreux candidats républicains à la présidentielle de 2016. Cet ancien militaire entend mettre la question de la sécurité nationale au centre de sa campagne. Portrait de celui que se dit prêt à être commandant en chef dès le premier jour de son mandat.
SA CARRIÈRE POLITIQUE EN UN COUP D’ŒIL
Député au Parlement de Caroline du Sud (1993-1995)
Député à la Chambre des Représentants (1995-2003)
Sénateur de Caroline du Sud (depuis 2003)
SON PARCOURS
Lindsey Graham est né le 9 juillet 1955 dans la petite ville de Central, en Caroline du Sud. Il est issu d’un milieu très modeste. Ses parents étaient les propriétaires d’un établissement faisant à la fois office de salle de billard, de restaurant et de magasin d’alcool. Lindsey vivait avec ses parents et sa petite sœur dans une seule pièce située à l’arrière de l’établissement. Ils partageaient même leur salle de bain avec des clients qui travaillaient dans une usine toute proche. À noter que la ségrégation raciale était encore en vigueur en Caroline du Sud lorsque Lindsey était enfant. Par conséquent, les noirs n’étaient pas autorisés à fréquenter l’établissement de ses parents. Lindsey Graham ne s’est jamais plaint de son enfance. Il dit qu’il ne s’est jamais véritablement senti pauvre et qu’il était intéressant humainement de grandir dans un tel milieu.
Lindsey sera la première personne dans l’histoire de sa famille à entamer des études supérieures. Il s’inscrit en droit à l’Université de Caroline du Sud. Mais c’est alors qu’un drame va se jouer. Ses parents vont mourir tous les deux à quelques mois d’intervalle. Sa mère succombe d’abord à un cancer puis son père à une attaque cardiaque. Lindsey et sa petite sœur se retrouvent orphelins. Lindsey a 21 ans et sa sœur n’en a que 13. Etant donné que l’université n’est pas située dans sa ville natale, sa sœur va être hébergée chez leur oncle pendant que lui poursuivra ses études. Mais il rentre chaque week-end à Central pour s’occuper de sa sœur et aussi pour essayer de continuer à faire tourner l’établissement de ses parents. Cela s’avérera très compliqué et il devra vite se résigner à le revendre. Pour la petite histoire, le propriétaire actuel de l’établissement a un jour invité Lindsey Graham à dîner et lui a demandé à cette occasion quel était son plat préféré. Il a répondu qu’il s’agissait du poulet au parmesan. Le menu de l’établissement compte depuis un plat dénommé Senator Lindsey Graham Chicken Parmesan.
Après ses études de droit, Lindsey s’engage dans l’armée de l’air. Il sera envoyé en mission en Allemagne où il vivra plusieurs années. Il décidera aussi d’adopter sa sœur afin de devenir son tuteur légal. Le but principal était qu’elle puisse bénéficier de ses allocations de militaire.
Peu après son retour au pays, Lindsey se lance en politique. Il est d’abord élu député au parlement de son état, puis à la Chambre des Représentants en 1994 et au Sénat en 2002. Il occupe donc un siège de sénateur depuis plus de dix ans. Notons que pendant tout ce temps, il est resté réserviste dans l’armée. Il a même continué à effectuer quelques missions ponctuelles. Il vient seulement de prendre sa retraite ce mois-ci.
Enfin, signalons que Lindsey Graham a la particularité de n’avoir jamais été marié, de ne pas avoir d’enfants et d’être actuellement célibataire. Ce n’est pas courant pour un candidat à l’élection présidentielle. Nous y reviendrons.
LE FAVORI DE JOHN McCAIN
Lindsey Graham est un grand ami de John McCain*. Ce dernier soutient sa candidature et n’hésite pas à le faire savoir, comme en témoigne ce tweet qu’il a publié et qui renvoie au site web officiel de Graham.
*Quelques mots pour ceux qui ne connaîtraient pas John McCain, figure importante de la scène politique américaine. McCain est un ancien militaire ayant obtenu de nombreux honneurs. Il a notamment été fait prisonnier et torturé pendant plusieurs années au Vietnam. Il a ensuite entamé une brillante carrière politique au sein du Parti Républicain. Il occupe le poste de sénateur de l’Arizona depuis 1987 ! Il est membre du Senate Armed Services Committee dont il est aussi le président. Il a toujours été partisan d’une politique étrangère interventionniste mais il s’est par contre illustré en s’opposant vigoureusement aux programmes de torture mis en place par la CIA sous l’administration Bush. En décembre 2014, il a milité pour que le rapport sur ces tortures (rédigé par une commission d’enquête parlementaire) soit rendu public, alors que la majorité des élus républicains y étaient opposés. Il a affirmé lors d’un discours au Sénat que les tortures pratiquées par les Etats-Unis étaient « honteuses et inutiles ». Ces pratiques vont selon lui à l’encontre des valeurs américaines et en plus, elles ne permettent pas d’obtenir des renseignements fiables puisqu’un prisonnier torturé sera prêt à dire n’importe quoi pour que sa souffrance cesse. Il ajoutait : Our enemies act without conscience. We must not. (Nos ennemis agissent sans sens moral. Nous ne devons pas). McCain a également été deux fois candidat à la Maison Blanche. Il participe aux primaires républicaines en 2000 mais elles sont remportées par George W. Bush. Il est à nouveau candidat en 2008 et remporte cette fois-ci les primaires. Il est donc le candidat républicain à la présidence mais il est battu par son opposant démocrate Barack Obama lors de l’élection générale.
Lindsey Graham a un profil assez semblable à celui de son illustre aîné. Une carrière militaire suivie d’une carrière politique fortement axée sur la politique étrangère. Ils sont également considérés comme deux républicains modérés. Ils l’ont prouvé en travaillant conjointement avec des collègues démocrates sur de nombreux projets de loi. Ils sont également tous deux de fervents défenseurs d’une politique étrangère interventionniste. Ils sont connus pour être deux des sénateurs qui réclament le plus souvent des interventions à l’étranger. Ils font partie des critiques les plus féroces de la politique étrangère de l’administration Obama. Ils étaient par exemple partisans de l’envoi d’une aide militaire beaucoup plus importante aux rebelles syriens et aux kurdes d’Irak combattant l’Etat Islamique ainsi qu’aux ukrainiens combattant les troupes russes de Vladimir Poutine.
Avec John McCain, Lindsey Graham dispose en tout cas d’un soutien de poids.
L’ANNONCE DE SA CANDIDATURE
Lindsey Graham a annoncé sa candidature à la Maison Blanche le 1er juin.
LE DISCOURS
Lindsey Graham a prononcé un discours d’annonce d’une vingtaine de minutes dans sa ville natale. Son discours s’est focalisé presque exclusivement sur la politique étrangère et la sécurité nationale.
D’entrée de jeu, le ton est donné :
I want to be president to defeat the enemies that are trying to kill us, not just penalize them, or criticize them, or contain* them but to defeat them. (Je veux être président pour vaincre les ennemis qui essaient de nous tuer, pas seulement pour les pénaliser, ou les critiquer, ou les contenir mais pour les vaincre)
*Le terme contain fait ici référence à la doctrine du containment (endiguement en français) inventée par le diplomate George Kennan et adoptée par l’administration américaine après la Seconde Guerre Mondiale pour contrer la menace communiste. L’idée principale était de ne pas aller combattre directement la puissance communiste qu’était l’URSS mais d’empêcher que le communisme ne se propage dans d’autres pays.
Graham a évoqué l’Islam radical et la menace qu’il représente aujourd’hui pour les Etats-Unis (et qui est selon lui prise trop à la légère par l’administration actuelle).
Radical Islam is running wild. They have more safe havens, more money, more capability and more weapons to strike our homeland than anytime since 9/11. (L’Islam radical agit en toute liberté. Ils ont plus de havres de paix, plus d’argent, plus de capacités et plus d’armes pour frapper notre pays qu’à n’importe quel moment depuis le 11 septembre)
D’après lui, il faut attaquer les terroristes avant qu’ils ne puissent attaquer le territoire américain.
I’m afraid some Americans have grown tired of fighting them. I have some bad news to share with you : the radical Islamists are not tired of fighting you. (J’ai bien peur que pas mal d’américains soient fatigués de les combattre. J’ai une mauvaise nouvelle à partager avec vous : les islamistes radicaux ne sont pas fatigués de vous combattre)
Il a aussi fait savoir que la plus grande menace actuelle était celle d’un Iran possédant l’arme nucléaire. Pour lui, il n’y a pas de modérés au pouvoir en Iran. Ce sont des extrémistes islamistes et ce serait une catastrophe s’ils parvenaient à obtenir l’arme nucléaire. Cela menacerait notamment fortement Israël, un allié qu’il faut soutenir à tout prix.
Graham a toutefois ajouté que les interventions militaires n’étaient pas la seule arme que les Etats-Unis se devaient d’utiliser. Il faut également mettre en place une stratégie globale de promotion de la démocratie et des droits de l’homme.
The most powerful weapon in our arsenal isn’t a gun. It’s an idea. The terrorists are selling a glorious death. We must sell a hopeful life. (L’arme la plus puissante de notre arsenal n’est pas un pistolet. C’est une idée. Les terroristes vendent une mort glorieuse. Nous devons vendre une vie pleine d’espoir)
Il prend l’exemple de la construction d’écoles pour filles que les Etats-Unis peuvent financer et qui, dans certains pays, peut faire encore plus de mal à l’Islam radical que les armes.
Lindsey Graham a aussi jugé utile de rappeler que l’Islam radical n’était pas l’unique menace à la sécurité internationale. Il a cité la Russie de Poutine et la Chine. Face à toutes ces menaces, il juge indispensable d’élire un président qui sera prêt à être commandant en chef dès le premier jour. Il estime que c’est son cas.
Après avoir longuement parlé de politique étrangère, Graham a tout de même brièvement abordé quelques autres sujets. Il a déclaré que lui et sa sœur avaient eu besoin de l’aide financière de l’Etat pour survivre après la mort de leurs parents. Il veut donc prendre les mesures nécessaires pour sauvegarder la Sécurité Sociale mais cela implique des réformes. En effet, l’espérance de vie augmente et il y a désormais trop peu de travailleurs qui cotisent par rapport au nombre de retraités. Le système tel qu’on le connaît n’est plus viable. Il faut le réformer pour faire en sorte que ceux qui en ont le plus besoin puissent continuer d’en bénéficier. Cela implique d’augmenter l’âge du départ à la retraite. Et il n’hésite pas à dire que cela nécessitera peut-être également une contribution plus importante de la part des citoyens les plus aisés.
If I and others like me have to take a little bit less and pay a little more to help those who need it most, so be it. (Si moi et d’autres comme moi doivent prendre un peu moins et payer un peu plus pour aider ceux qui en ont le plus besoin, que cela soit ainsi)
Enfin, Graham rappelle qu’il est un homme modéré et capable de faire des compromis. Il déclare qu’il ne sera pas le président d’un parti, mais d’une nation.
To my fellow Republicans, I’ll be a champion for limited and effective government and a strong national defense. I’ll be a voice for social conservative values without apology or animosity. I love my party. I’m committed to see it grow and prosper. To my friends in the other party, we share a common fate. I’ll work with you to strengthen the country we both love. Our differences are real, and we’ll debate them. But you’re not my enemy. You’re my fellow countrymen. (À mes confrères républicains, je serai un champion du gouvernement limité et efficace et d’une défense nationale forte. Je serai une voix pour les valeurs sociales conservatrices sans excuses ou animosité. J’aime mon parti. Je suis dévoué à le voir grandir et prospérer. À mes amis dans l’autre parti, nous partageons un destin commun. Je travaillerai avec vous pour renforcer le pays que nous aimons tous les deux. Nos différences sont réelles, et nous en débattrons. Mais vous n’êtes pas mon ennemi. Vous êtes mes compatriotes)
LE TWEET
LOGO DE CAMPAGNE
LE SITE WEB OFFICIEL
La page d’accueil du site lindseygraham.com nous incite à télécharger son autobiographie My Story qu’il a récemment publiée. En haut à droite, on trouve aussi les liens vers les profils de Lindsey Graham sur les réseaux sociaux ainsi que l’indispensable lien pour faire un don financier à la campagne.
Si l’on descend plus bas sur la page, on arrive à une rubrique intitulée Ready to Be Commander-in-Chief on Day One (Prêt à être commandant en chef dès le premier jour). Graham y rappelle notamment qu’il a passé trente-trois ans dans l’armée et qu’il est prêt à prendre les bonnes décisions pour protéger la nation. Comme lors de son discours, c’est donc bien le thème de la sécurité nationale qui est mis en avant sur son site web.
On peut aussi regarder une vidéo de quatre minutes intitulée An American Upbringing (Une éducation américaine).
Cette vidéo aux accents très patriotiques – elle débute par une vue du drapeau américain flottant au vent puis de monuments tels que le Lincoln Memorial ou le Mount Rushmore – retrace brièvement le parcours de Lindsey Graham. Après l’évocation de son enfance, la vidéo insiste encore une fois principalement sur sa connaissance de la politique étrangère.
Enfin, le site contient une rubrique Issues présentant le programme électoral de Graham. Nous vous en résumons les principales idées ci-dessous.
SON PROGRAMME
Une bonne partie du programme électoral de Lindsey Graham est consacré à la politique étrangère et à la sécurité nationale. Voici les principaux points qu’il met en avant dans ce domaine :
– La priorité numéro 1 est de restaurer un leadership américain fort partout dans le monde. Cela signifie donner plus de moyens à l’armée et faire comprendre aux ennemis de l’Amérique que celle-ci est déterminée à les combattre et à les vaincre. Mais aussi restaurer les liens de confiance avec les alliés des Etats-Unis (qui ont été mis à mal par l’administration Obama qui a passé plus de temps à discuter avec les ennemis de l’Amérique qu’avec ses alliés) et consacrer plus d’argent aux programmes d’aide internationaux qui combattent le radicalisme dans les pays étrangers.
– Graham désire envoyer 10.000 soldats en Irak pour lutter contre l’Etat Islamique. Ces troupes seraient principalement chargées d’armer et d’entraîner les rebelles qui combattent l’Etat Islamique, notamment les kurdes. Mais aussi de mener d’autres types d’opérations (créer des zones de sécurité, mener des raids aériens etc).
– Empêcher l’Iran d’obtenir l’arme nucléaire, si nécessaire en rétablissant des sanctions contre le régime iranien. Il veut aussi lutter de manière plus globale contre l’influence de l’Iran au Moyen-Orient.
– Renforcer les liens avec Israël, liens qui ont été mis à mal sous la présidence de Barack Obama.
Au point de vue de la politiqué économique, Lindsey Graham propose de :
– Réformer le système de la Sécurité Sociale afin qu’il puisse continuer à fonctionner pour les générations futures. Cela implique notamment d’augmenter l’âge du départ à la retraite.
– Adopter un budget équilibré
– Réduire le montant de la dette
– Simplifier le code des impôts
– Atteindre l’indépendance énergétique. Cela implique d’exploiter toutes les ressources en pétrole et gaz disponibles sur le territoire national. Il veut également réinvestir massivement dans le nucléaire. Il dit vouloir également investir dans les énergies renouvelables et adopter des mesures en vue de la protection de l’environnement.
Autres points du programme :
– Envoyer plus d’agents pour lutter contre l’immigration illégale aux frontières. Et créer un système qui forcerait tous les employeurs à vérifier le statut légal de leurs employés avant de pouvoir les embaucher.
– Mettre fin à l’Obamacare
– Défendre le second amendement (droit à porter des armes)
– Lutter contre l’avortement en faisant en sorte que le gouvernement ne finance plus aucune association faisant la promotion de cette pratique. Il veut aussi faire adopter une loi interdisant l’avortement au-delà de vingt semaines de grossesse.
– Enfin, concernant le mariage homosexuel, Lindsey Graham s’y est toujours déclaré personnellement opposé mais il est le candidat républicain qui a eu la réaction la plus modérée face à la récente décision de la Cour Suprême le légalisant dans tout le pays. Il a déclaré qu’il fallait respecter la décision de la Cour Suprême et que vu l’évolution de l’opinion publique sur le sujet, il ne servait à rien d’essayer de se battre pour revenir en arrière. Il s’est par contre engagé à faire respecter la liberté religieuse des opposants à cette décision :
No person of faith should ever be forced by the federal government to take action that goes against his or her conscience or the tenets of their religion. (Aucune personne de foi ne devrait jamais être forcée par le gouvernement fédéral à faire quelque chose qui va à l’encontre de sa conscience ou des principes de sa religion)
UN PRÉSIDENT CÉLIBATAIRE ?
Depuis l’annonce de sa candidature, le statut de célibataire de Lindsey Graham a attiré l’attention. Non seulement Graham est actuellement célibataire mais il n’a jamais été marié et n’a pas eu d’enfants. Il a régulièrement fait l’objet de rumeurs laissant sous-entendre qu’il serait homosexuel. Dans l’autobiographie qu’il vient de publier, il raconte avoir connu plusieurs histoires d’amour. Il évoque notamment sa liaison avec une hôtesse de la compagnie aérienne Lufthansa lorsqu’il vivait en Allemagne. Il dit avoir songé à la demander en mariage mais y avoir renoncé parce qu’elle avait une mère malade dont elle devait s’occuper alors que lui voulait rentrer aux Etats-Unis.
Si le statut de célibataire de Graham intrigue tant, c’est qu’il est très rare qu’un candidat à la présidence n’ait pas d’épouse. Les candidats ont même souvent tendance à mettre en avant leur épouse et parfois même leurs enfants lors de la campagne électorale (dans des spots télévisés par exemple). De nombreux observateurs se demandent si les américains seraient prêts à élire un président « sans famille ». Les américains ont en réalité élu à deux reprises un président non marié… mais cela remonte au XIXème siècle. Il y eut d’abord James Buchanan en 1857 puis Grover Cleveland en 1884 (mais ce dernier épousa sa compagne au cours de son mandat). Autrement dit, le dernier président non marié de l’histoire des Etats-Unis est entré en fonction l’année de l’arrivée de la statue de la liberté à New York !
À force d’être interrogé sur la question, Graham a plaisanté en disant qu’il voulait montrer qu’être célibataire n’était pas une tare. Il a déclaré :
Marriage is a wonderful thing. If you’re married with kids and have got a great marriage, that’s a blessing from God. But it’s OK to be single. My goal is to tell every single person : you too can grow up to be president. (Le mariage est une chose merveilleuse. Si vous êtes marié avec des enfants et que vous avez un beau mariage, c’est une bénédiction de Dieu. Mais c’est OK d’être célibataire. Mon but est de dire à chaque personne célibataire : vous aussi pouvez devenir président)
Lorsqu’on l’a interrogé pour savoir qui occuperait le poste de First Lady s’il était élu, il a répondu que les Etats-Unis auraient une « première dame tournante » :
I’ve got a sister, she could play that role if necessary. I’ve got a lot of friends. We’ll have a rotating first lady. (J’ai une sœur, elle pourrait jouer ce rôle si nécessaire. J’ai beaucoup d’amies. Nous aurons une première dame tournante)
Lindsey Graham ne semble donc pas avoir de mal à assumer son statut de célibataire. Comme il le dit lui-même :
I like being Lindsey Graham. I’m by no means perfect, but I like who I am. (J’aime bien être Lindsey Graham. Je ne suis pas du tout parfait, mais j’aime bien ce que je suis)
SES ATOUTS ET SES POINTS FAIBLES
Outre son statut de célibataire, quels sont les autres points faibles et atouts de Lindsey Graham?
L’un de ses principaux atouts est son statut de sénateur expérimenté. Il a par exemple bien plus d’expérience que de jeunes sénateurs comme Marco Rubio ou Rand Paul. Son statut d’ancien militaire peut aussi lui donner une crédibilité importante lorsqu’il aborde les questions de sécurité nationale. Il est également doté d’un bon sens de l’humour et de la répartie, ce qui pourrait être un atout lors des débats télévisés. John McCain aurait d’ailleurs prédit qu’il allait « déchiqueter » ses concurrents lors de ces débats.
Graham est aussi un républicain modéré et très critique vis-à-vis de l’aile la plus radicale de son parti. Lors de sa dernière campagne de réélection au Sénat, il était opposé à des adversaires beaucoup plus à droite que lui lors de primaires en Caroline du Sud. Ses adversaires ne se sont pas privés de l’accuser d’être trop modéré ou même de n’être « républicain que de nom ». Il a même été sifflé pendant son discours à la convention du parti. Mais il a continué à défendre ses positions modérées et lorsqu’il a remporté l’élection, il a déclaré que sa victoire prouvait l’existence d’une « majorité silencieuse » de républicains modérés. Lors des primaires à venir, ses adversaires pourraient l’accuser d’avoir déjà voté en faveur de mesures jugées trop libérales. Toutefois, rappelons que lors des deux dernières campagnes présidentielles, ce sont des candidats jugés modérés qui avaient remporté les primaires républicaines (McCain en 2008 et Romney en 2012).
Graham a également fait le choix de faire du thème de la sécurité nationale le thème central de sa campagne. Cela peut sembler être un bon pari puisque c’est sans doute le thème sur lequel il sera considéré comme le plus légitime. En revanche, difficile de savoir si c’est véritablement le thème qui préoccupe le plus les citoyens américains en ce moment. On pourrait en tout cas assister à une opposition musclée entre lui et Rand Paul sur ce thème lors des débats. Graham fait en effet d’une politique étrangère interventionniste le point central de son programme électoral alors que Rand Paul défend une réduction des interventions américaines à l’étranger et du budget consacré à l’aide internationale (lire le portrait de Rand Paul ici). Et lorsque Graham déclare lors d’un discours que :
If I’m president of the United States and you’re thinking about joining al-Qaeda or ISIL, I’m not gonna call a judge. I’m gonna call a drone and we will kill you. (Si je suis président des Etats-Unis et que vous songez à rejoindre Al-Qaeda ou Daech, je ne vais pas appeler un juge. Je vais appeler un drone et nous vous tuerons),
Rand Paul, qui a fait un filibuster de 13 heures pour mettre en garde contre l’utilisation possible de drones contre les citoyens américains, doit en tomber de sa chaise.
CONCLUSION
Lindsey Graham n’est pas le plus populaire des candidats républicains à la Maison Blanche et ne part donc pas favori. Mais il est expérimenté et n’a jusqu’ici jamais perdu aucune élection à laquelle il s’est présenté. Alors pourra-t-il convaincre les américains de le choisir comme leur commandant en chef?