WEEKLY NEWS FLASH #2

Entre sa nouvelle progression dans les sondages et l’annonce de son plan de lutte contre l’immigration, c’est Donald Trump qui a dominé l’actualité politique de la semaine aux Etats-Unis. Compte-rendu dans notre deuxième édition du Weekly News Flash.

LE SONDAGE DE LA SEMAINE

Il s’agit du tout premier sondage réalisé par CNN depuis que le premier débat entre candidats républicains a eu lieu. Il était bien sûr très attendu. En voici les résultats (rappelons qu’il s’agit des intentions de vote aux primaires républicaines mesurées auprès d’électeurs républicains au niveau national) :

Donald Trump 24%

Jeb Bush 13%

Ben Carson 9%

Marco Rubio – Scott Walker 8%

Rand Paul 6%

Ted Cruz – Carly Fiorina – John Kasich 5%

Mike Huckabee 4%

Quels enseignements peut-on tirer de ce sondage? Tout d’abord, on aurait pu s’attendre à ce que Donald Trump perde des points en raison des propos polémiques qu’il avait tenus vis-à-vis de la journaliste Megyn Kelly juste après le débat. Il n’en est rien. Au contraire, il continue de progresser et fait plus que jamais la course en tête. Jeb Bush confirme quant à lui sa deuxième place. Ben Carson vole la dernière place du podium à Scott Walker. L’autre progression marquante est celle de Carly Fiorina. Elle progresse de quatre points, passant de 1% d’intentions de vote à 5%. Ce n’est pas encore énorme mais cela confirme que sa prestation remarquée lors du débat a provoqué un intérêt des électeurs pour sa campagne et que sa candidature est désormais prise au sérieux. Et surtout, cela lui permet de faire son entrée dans le Top 10 et de pouvoir donc espérer gagner sa place pour le prochain grand débat. Si Fiorina fait son entrée dans le Top 10, elle y prend forcément la place de quelqu’un d’autre. Il s’agit de Chris Christie, qui est donc l’un des grands perdants de ce sondage. Mike Huckabee est lui aussi victime d’une chute vertigineuse puisqu’il passe de la quatrième à la dixième place.

Faut-il vraiment accorder beaucoup d’importance à ce type de sondages? Les sondages rythment la campagne électorale et influent sur le cours de celle-ci. Pour ne prendre qu’un seul exemple, si le fantasque Donald Trump n’occupait pas la première place en terme d’intentions de vote, les médias ne s’intéresseraient sans doute pas autant à sa campagne et les autres candidats ne se sentiraient pas obligés de réagir à chacune de ses frasques. Les sondages font donc partie intégrante de la campagne électorale et nous ne pouvons pas les ignorer. Ils sont d’autant plus importants cette année côté républicain qu’ils déterminent la liste des participants aux débats télévisés. Mais il nous semble utile de rappeler que les sondages ne sont pas une science exacte. Il y a toujours une marge d’erreur et il arrive même que les instituts de sondages se trompent lourdement. On se souvient du cas des dernières élections législatives au Royaume-Uni. Tous les sondages pré-électoraux qui avaient été publiés prédisaient une élection très serrée qui donnerait à peu près le même nombre de voix aux travaillistes et aux conservateurs. Or, les conservateurs du premier ministre sortant David Cameron avaient finalement remporté l’élection haut la main. Si l’on a rarement assisté à un tel fiasco aux Etats-Unis, cela prouve tout de même que les sondages ne sont pas infaillibles. De plus, il reste encore plusieurs mois de campagne avant le début des primaires et l’opinion des électeurs peut donc encore changer. Le cas de Rudy Giuliani est souvent évoqué. Après avoir annoncé sa candidature aux primaires républicaines pour l’élection présidentielle de 2008, l’ancien maire de New York avait fait la course en tête dans les sondages pendant tout l’été 2007 avant d’entamer une longue descente aux enfers qui l’avait finalement contraint à retirer sa candidature avant même la fin des primaires. Et ce cas emblématique n’est pas unique dans l’histoire électorale américaine. Rien ne garantit donc que Donald Trump sera toujours en tête des sondages lorsque les primaires débuteront l’année prochaine. Ce qui n’empêche bien sûr pas de s’interroger légitimement sur sa soudaine popularité.

L’AUTRE SONDAGE DE LA SEMAINE

D’après un autre sondage, également réalisé par CNN, 56% des américains souhaiteraient que le Congrès ne ratifie pas l’Iran Deal, ce fameux accord diplomatique sur le nucléaire iranien*.

* Rappelons qu’aux Etats-Unis, tout accord diplomatique négocié par le Président et son administration doit ensuite faire l’objet d’un vote au Congrès.

Ce sondage montre aussi qu’une majorité des électeurs républicains et indépendants sont opposés à cet accord (respectivement 83% et 58%) alors qu’une majorité des électeurs démocrates y est favorable (70%). Les candidats républicains à la présidence, très critiques vis-à-vis de la politique étrangère menée par Barack Obama et tous opposés à cet accord, verront sans doute ce sondage d’un bon œil.

CARNET DE CAMPAGNE

Le candidat dont on a le plus parlé cette semaine est Donald Trump. Dans la continuité des propos qu’il avait déjà tenus à ce sujet, ce dernier a rendu public son plan de lutte contre l’immigration. Ce plan prévoit essentiellement les trois mesures suivantes :

  • Le renvoi au Mexique de tous les mexicains vivant illégalement aux Etats-Unis. Rappelons que cela concernerait environ 11 millions de personnes.
  • La construction d’un mur sur l’entièreté de la frontière avec le Mexique, financée par le gouvernement mexicain.
  • La fin du droit à la citoyenneté américaine pour les enfants nés aux Etats-Unis de parents ayant immigré illégalement. Or, ce droit est inscrit dans la Constitution américaine. Le quatorzième amendement prévoit en effet que toute personne née sur le sol américain a automatiquement droit à la citoyenneté américaine.

Le plan de Donald Trump a été très commenté et très critiqué. Pour certains, les mesures qu’il propose sont des mesures d’extrême droite et racistes. Mais surtout, de nombreux observateurs mettent en avant le fait qu’il s’agit d’annonces populistes quasiment impossibles à mettre en place dans la pratique. Est-il vraiment possible d’expulser 11 millions de personnes vers le Mexique? Comment Trump va-t-il s’y prendre pour forcer le gouvernement mexicain à payer les frais de construction de son mur? Comment peut-il mettre fin à un droit garanti par la Constitution?

Bien qu’ils entendent eux aussi prendre des mesures pour lutter contre le phénomène de l’immigration illégale, la majorité des autres candidats républicains a déclaré ne pas être d’accord avec les mesures annoncées par Trump. Ils mettent surtout en avant leur côté démagogique et irréalisable. C’est notamment le cas de Jeb Bush.

Traduction: Ses énormes incohérences mises à part, le plan d'immigration de Donald Trump n'est pas conservateur et ne reflète pas les valeurs de notre nation.
Traduction: Ses énormes incohérences mises à part, le plan d’immigration de Donald Trump n’est pas conservateur et ne reflète pas les valeurs de notre nation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On a également appris que Trump avait réuni 30,000 personnes lors d’un meeting en Alabama. Le rassemblement avait lieu dans un stade de football. Donald Trump y a fait son entrée en atterrissant avec son hélicoptère au milieu de la pelouse. Enfin, on a aussi appris que le milliardaire serait à la Une du prochain TIME. Cette Une a d’ores et déjà été dévoilée sur Internet. Le titre choisi par le prestigieux magazine? Deal with it.

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Le candidat démocrate Martin O’Malley a quant à lui profité de toute l’attention médiatique portée à Donald Trump pour organiser une conférence de presse juste en face du Trump International Hotel, à Las Vegas. Il était accompagné d’employés de l’hôtel (et donc de Donald Trump qui en est le patron) qui dénoncent le refus du milliardaire de les laisser rejoindre un syndicat. Ce conflit entre Donald Trump et certains de ses employés dure maintenant depuis plusieurs mois. O’Malley a notamment suggéré que si Trump voulait vraiment améliorer la situation des américains, il devrait peut-être commencer avec ses propres employés.

Last but not least, Mike Huckabee avait lui choisi de délaisser les routes américaines cette semaine afin de se rendre en Israël. Il y a notamment rencontré le premier ministre Benjamin Netanyahu. Huckabee semble donc plus que jamais déterminé à se présenter comme le plus pro-israélien des candidats à la présidence. Il s’est également rendu dans les territoires occupés de Cisjordanie où il a organisé une récolte de fonds auprès de colons d’origine américaine.

LA DÉCLARATION DE LA SEMAINE

We could set up a surgery room in the White House. (Nous pourrions installer une salle d’opération à la Maison Blanche)

C’est ce qu’a déclaré le candidat républicain Rand Paul dans une interview réalisée à Haïti, où il était parti trois jours afin d’opérer des patients de la cataracte. Il a assuré qu’en cas d’élection à la présidence, il aimerait continuer de pratiquer occasionnellement son métier d’ophtalmologue.

Rand Paul a aussi profité de cette interview pour lancer une nouvelle pique à Donald Trump. En effet, à la question de savoir s’il était plus difficile de débattre avec Donald Trump ou de pratiquer une opération, il a répondu :

You know, eye surgery has a purpose and a plan and is rational. Debating the irrational is more difficult, I would say. (Vous savez, une opération de l’œil a un but et un plan et est rationnelle. Débattre face à l’irrationnel est plus difficile, je dirais)

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