Comme chaque lundi, nous vous résumons l’actualité politique de la semaine écoulée dans notre Weekly News Flash. Ready ? Let’s go !
CARNET DE CAMPAGNE
Cette semaine de campagne a été dominée par l’opposition entre Jeb Bush et Donald Trump sur la question de l’immigration. Souvenez-vous : la semaine dernière, Donald Trump avait rendu public son très controversé plan de lutte contre l’immigration. Jeb Bush s’était tout de suite empressé de le critiquer et il a continué à le faire cette semaine. L’ex-gouverneur de Floride s’est rendu dans la ville frontalière de McAllen, au Texas. Il y a d’abord rencontré les autorités locales pour discuter du problème posé par l’immigration illégale en provenance du Mexique. Il s’est ensuite rendu dans un restaurant mexicain où il s’est exprimé face à une centaine de personnes. Il a notamment qualifié d’irréaliste la proposition de Trump consistant à vouloir construire un mur tout le long de la frontière. Il a aussi insisté sur le fait que cela coûterait bien trop cher et que cela créerait des conflits avec le Mexique qui est le troisième partenaire économique des Etats-Unis. Jeb Bush a également diffusé une vidéo qualifiant la proposition de Trump d’expulser les 11 millions d’immigrants illégaux vivant actuellement aux Etats-Unis de catastrophique.
Le lendemain de sa visite à McAllen, Jeb Bush publiait également un communiqué sur son site web. On pouvait notamment y lire :
I think it’s fair to ask every candidate the tough questions on the ideas they bring forward. Donald Trump has staked his presidential campaign primarily on the issue of illegal immigration. But rather than offering serious solutions to this national problem, Mr. Trump is pushing a plan that is not conservative, wildly unrealistic and not reflective of our values. (Je pense qu’il est juste de poser à chaque candidat les questions difficiles sur les idées qu’ils avancent. Donald Trump a principalement axé sa campagne présidentielle sur la question de l’immigration illégale. Mais plutôt que d’offrir des solutions sérieuses à ce problème national, Mr. Trump défend un plan qui n’est pas conservateur, totalement irréaliste et qui ne reflète pas nos valeurs)
Bush explique que selon lui, ce plan n’est pas conservateur car le coût de l’expulsion de 11 millions de personnes serait exorbitant pour le gouvernement fédéral. Il l’évalue à 600 milliards de dollars. Par conséquent, seul un partisan du big government peut défendre une telle proposition. Or, l’une des valeurs principales des conservateurs est d’être favorable à la réduction des dépenses gouvernementales. Bush rappelle ensuite brièvement quelles sont ses idées concernant l’immigration. Il estime qu’il faut améliorer les moyens dont disposent les forces de l’ordre qui patrouillent à la frontière afin de lutter plus efficacement contre l’immigration future et dans le même temps, donner la possibilité aux 11 millions d’illégaux déjà présents aux Etats-Unis d’obtenir un statut légal sous certaines conditions. Il déclare aussi qu’il continuera de défendre l’idée selon laquelle la diversité est avant tout une force pour l’Amérique. Et il termine par ces mots :
Donald Trump has different ideas, and this campaign season will showcase this stark contrast. As a deeply committed conservative who has spent my adult life fighting to strengthen the Republican Party and to advance the causes of limited government and individual freedom, I am confident we will choose the path that best meets those missions. (Donald Trump a des idées différentes, et cette campagne mettra en valeur ce contraste extrême. En tant que conservateur fortement engagé qui a passé sa vie à se battre pour renforcer le Parti Républicain et pour faire avancer les causes du gouvernement limité et de la liberté individuelle, je suis confiant que nous choisirons le chemin qui satisfera le mieux ces objectifs)
Mais l’offensive anti-Trump de Jeb Bush a été quelque peu gâchée par ce que certains qualifient déjà de gaffe autour du terme anchor babies (littéralement bébés ancres). De quoi s’agit-il? Ce terme est régulièrement utilisé par les militants anti-immigration. Il fait référence au fait que certains immigrants illégaux feraient des enfants dans le but de profiter du système. En effet, chaque enfant né sur le sol américain a automatiquement droit à la citoyenneté américaine. C’est un droit garanti par la Constitution. Or, il y aurait moins de chances pour les parents d’un enfant américain de se faire ensuite expulser du territoire. Ces enfants nés aux Etats-Unis seraient donc une ancre qui rattacherait la famille entière au pays de l’Oncle Sam, d’où le terme anchor babies. Ce terme est bien sûr controversé. Beaucoup le jugent offensant parce qu’il laisserait penser que les illégaux présents aux Etats-Unis n’auraient des enfants que dans le but de réduire leur chance de se faire expulser. Donald Trump a régulièrement utilisé ce terme depuis le début de sa campagne. Et Jeb Bush l’avait également utilisé lors d’une interview la semaine dernière, alors même qu’il dénonçait pourtant les propositions de Trump en matière d’immigration. Il avait ensuite refusé de s’excuser pour avoir utilisé ce terme. Interrogé à nouveau à ce sujet cette semaine lors de son déplacement à McAllen, il a déclaré que ses propos avaient été sortis de leur contexte et qu’il avait voulu parler d’un problème davantage lié aux personnes asiatiques.
What I was talking about was the specific case of fraud being committed where there’s organized efforts. Frankly, it’s more related to Asian people. (Ce dont je parlais était le cas spécifique d’une fraude commise avec des efforts organisés. Franchement, cela est plus relié aux personnes asiatiques)
Bush aurait donc voulu parler du phénomène qualifié le plus souvent de birth tourism et qui s’est fortement développé ces dernières années. Des femmes enceintes, le plus souvent chinoises, payent une grosse somme d’argent à un intermédiaire afin de pouvoir venir aux Etats-Unis légalement pendant quelques mois et y accoucher. Leur enfant né sur le sol américain obtient ainsi la nationalité américaine. Ces femmes rentrent ensuite en Chine avec leur enfant (et ne restent donc pas illégalement aux Etats-Unis) mais elles savent que leur enfant, grâce à son passeport américain, pourra retourner aux Etats-Unis beaucoup plus facilement plus tard.
Les propos de Bush ont en tout cas été critiqués et considérés par certains comme la première gaffe de sa campagne car ils seraient stigmatisants pour la communauté asiatique.
Alors même que Trump et Bush s’affrontaient sur le thème de l’immigration, Hillary Clinton a choisi de publier une vidéo visant à démontrer qu’il n’y aurait en réalité pas de véritable différence entre les deux candidats républicains à ce sujet. La vidéo montre plusieurs extraits d’interviews où Trump et Bush utilisent les mêmes termes comme ceux de anchor babies ou de legal status. Mais ces propos sont sortis de leur contexte et surtout, Clinton ne mentionne pas les récentes propositions de Trump comme l’expulsion de 11 millions de personnes à laquelle Bush s’est déclaré totalement opposé. Alors, maladroite Hillary?
L’autre événement important de la semaine fut l’expulsion du célèbre journaliste Jorge Ramos d’une conférence de presse de Donald Trump.

Jorge Ramos travaille pour la chaîne de télévision Univision, la plus importante chaîne d’information américaine diffusant ses programmes en langue espagnole. Il est lui-même né au Mexique et dispose de la double nationalité (mexicaine et américaine). Ramos est connu pour sa vision militante du métier de journaliste. Il se veut le défenseur des droits des américains d’origine mexicaine et des mexicains présents illégalement aux Etats-Unis. Le magazine TIME l’a classé cette année dans sa liste des cent personnalités les plus influentes.
Que s’est-il passé lors de la conférence de presse de Donald Trump? Alors qu’il n’avait pas encore été invité à prendre la parole, Jorge Ramos s’est levé et a insisté pour poser une question au candidat républicain. Celui-ci lui a demandé de se rasseoir. S’en est suivi l’échange suivant :
Jorge Ramos : I’m a reporter, an immigrant and a citizen. I have the right to ask a question. (Je suis un journaliste, un immigrant et un citoyen. J’ai le droit de poser une question)
Donald Trump : No, you don’t. You haven’t been called. Go back to Univision. (Non, vous n’avez pas le droit. Je ne vous ai pas autorisé à prendre la parole. Retournez chez Univision)
La sécurité est ensuite intervenue pour emmener Ramos de force hors de la salle. Un autre journaliste présent dans la salle a alors posé la question suivante à Trump :
You’re running for president and one of our country’s top journalists was just escorted out of your news conference. Do you think you handled that situation correctly ? (Vous êtes candidat à la présidence et l’un des meilleurs journalistes de notre pays vient d’être escorté hors de votre conférence de presse. Pensez-vous que vous avez géré correctement cette situation ?)
Trump a répondu qu’il n’avait pas à s’excuser et que l’incident était survenu par la faute de Ramos qui avait pris la parole sans y avoir été invité. Il a assuré que c’était uniquement pour cette raison qu’il avait refusé de lui répondre et non pas en raison de qui il était*. Il a ajouté : « He’s obviously a very emotional person » (C’est manifestement une personne très émotive).
*Or, on sait que Trump est actuellement en conflit avec la chaîne Univision qui emploie Ramos. Il a récemment attaqué celle-ci en justice parce qu’elle a décidé, suite à ses propos controversés sur les immigrants mexicains, de ne plus diffuser le concours Miss Universe dont il est le producteur.
Finalement, au bout de quinze minutes, Jorge Ramos a été autorisé à revenir dans la salle pour poser des questions à Donald Trump. Il lui a notamment demandé d’expliquer comment il comptait s’y prendre concrètement pour mettre en place les mesures qu’il avait annoncées. Trump n’a jamais apporté de réponses concrètes. Par exemple, à la question « How are you going to deport 11 million people? Are you going to bring the army? » (Comment allez-vous expulser 11 millions de personnes? Allez-vous utiliser l’armée?), il a simplement répondu qu’il agirait d’une manière très humaine et a ajouté « I have a bigger heart than you do » (J’ai un plus grand cœur que vous).
Quelques jours après l’incident, Jorge Ramos publiait le tweet suivant en espagnol.

Donald Trump a aussi fait parler de lui cette semaine en raison d’une nouvelle attaque envers la journaliste Megyn Kelly. Celle-ci reprenait les rênes d’une émission qu’elle anime sur Fox News après être partie en vacances. À cette occasion, Trump a publié un nouveau tweet incendiaire à son égard.

Enfin, on a également eu des nouvelles de Sarah Palin cette semaine. L’ex-gouverneure de l’Alaska et candidate à la vice-présidence en 2008 a en effet interrogé plusieurs candidats aux primaires républicaines lors d’une émission télévisée qu’elle anime sur la chaîne conservatrice One America News Network. Elle s’est entretenue avec Rand Paul, Donald Trump, Jeb Bush et Ted Cruz. Rand Paul a répondu à ses questions alors qu’il était en déplacement en Alaska. C’était le premier candidat à se rendre dans cet état depuis le début de la campagne électorale. Sarah Palin a même diffusé à l’antenne une photo de ses propres parents en compagnie de Rand Paul en marge de l’un de ses meetings. Il faut dire que si elle n’occupe plus aucune fonction politique, Palin reste très populaire auprès de certains électeurs conservateurs et continue de donner régulièrement son avis sur la vie politique. Lors de l’émergence du mouvement Tea Party en 2010, elle avait ouvertement apporté son soutien à plusieurs jeunes candidats aux élections législatives dont Rand Paul. Quant à Donald Trump, il s’est montré particulièrement calme et conciliant lors de cette interview. Il faut dire que Palin a qualifié sa campagne d’avant-gardiste et déclaré que certains journalistes qui s’en prenaient à lui étaient des idiots. En réalité, Palin s’est montrée très conciliante avec tous ses invités et il n’est donc pas sorti grand-chose de nouveau de ces interviews. Elle a par exemple aussi félicité Jeb Bush pour ses actions en faveur de l’accès à l’éducation des enfants handicapés lorsqu’il était gouverneur de Floride (Palin est elle-même la mère d’un enfant handicapé, atteint de trisomie 21).
LE SONDAGE DE LA SEMAINE
Le sondage de la semaine est un sondage Gallup (l’un des instituts de sondage les plus réputés du pays) mesurant la popularité des différents candidats à la présidence auprès des électeurs hispaniques. Chez les républicains, Donald Trump est de loin le plus impopulaire alors que Jeb Bush est le plus populaire.

Chez les démocrates, c’est Hillary Clinton qui est de loin la plus populaire.

LA DÉCLARATION DE LA SEMAINE
Extreme views about women? We expect that from some of the terrorist groups. We expect that from people who don’t want to live in the modern world. But it’s a little hard to take coming from Republicans who want to be the president of the United States. (Des opinions extrêmes sur les femmes? On s’attend à cela venant de certains groupes terroristes. On s’attend à cela venant de gens qui ne veulent pas vivre dans le monde moderne. Mais c’est un peu difficile d’entendre cela venir de Républicains qui veulent être le président des Etats-Unis)
Déclaration d’Hillary Clinton lors d’un discours de campagne à Cleveland. La candidate démocrate entendait dénoncer les positions défendues par les candidats républicains concernant les droits des femmes, notamment leur opposition à l’avortement. La direction du Parti Républicain a immédiatement demandé à la candidate démocrate de s’excuser d’avoir comparé les candidats républicains à des terroristes, ce qu’elle n’a pas fait. Plusieurs candidats républicains ont réagi sur Twitter.


L’INFORMATION INUTILE DE LA SEMAINE
Cette semaine, on a appris que le candidat républicain Chris Christie était un grand fan du chanteur Bruce Springsteen. À l’occasion du quarantième anniversaire de la sortie de l’album Born to Run du célèbre rockeur, il a en effet publié ce tweet :
Pour résumer, Christie explique qu’il avait 12 ans lorsque l’album est sorti et que les chansons de l’album lui parlaient particulièrement car elles évoquaient ses propres rêves et ses propres doutes. Il termine en disant que cet album est l’album rock le plus puissant qu’il n’ait jamais entendu de toute sa vie.
LES TWEETS DE LA SEMAINE
Outre ceux déjà évoqués dans cet article, trois autres tweets ont retenu notre attention cette semaine. Nous vous les présentons en fonction du succès qu’ils ont rencontré sur le réseau social, du moins partagé au plus partagé par les internautes.
3/ Scott Walker a profité du changement de politique du réseau social Instagram pour publier ce tweet très critique envers le bilan d’Hillary Clinton en tant que Secrétaire d’Etat. Pour ceux qui ne connaîtraient pas Instagram, il s’agit d’un célèbre réseau social qui permet de partager des photos. Jusqu’ici, le site imposait un format carré pour la publication des clichés. Les utilisateurs étaient donc parfois contraints de couper une partie de leur photo originale pour pouvoir la publier sur le réseau social. Mais cette semaine, Instagram a annoncé que les formats de type paysage seraient désormais également pris en charge.

2/ Carly Fiorina a elle publié un tweet afin de faire savoir qu’elle allait bien après que sa voiture ait heurté une biche sur la route. Elle y a glissé une référence à un autre tweet populaire du sénateur Chuck Grassley. En 2012, celui-ci avait été victime d’un accident du même type et avait publié un tweet contenant la phrase Assume deer dead (Partez du principe que la biche est morte).

1/ Rand Paul, toujours désireux de mettre en avant son opposition aux écoutes de masse pratiquées par la NSA (position qui le distingue aussi de ses opposants aux primaires républicaines), a publié cette photo de lui devant le siège de l’agence fédérale. La légende déclare (sans doute avec humour) que s’il est élu président, les locaux de l’agence seront transformés en un centre d’études de la Constitution et plus précisément du quatrième amendement (qui interdit toute perquisition ou enquête abusive sur les citoyens sans mandat d’un juge).

LE COUP DE GUEULE DE LA SEMAINE
Terminons par le coup de gueule de la semaine. On le doit au candidat démocrate Martin O’Malley qui s’en est pris à la direction de son propre parti. Explications. Le Parti Démocrate organisait cette semaine une grande réunion. Les cinq candidats démocrates à la présidence y assistaient et ont chacun eu l’occasion de prononcer un bref discours à cette occasion. Il s’agissait bien d’une prise de parole individuelle, et non d’un débat. Et précisément, O’Malley a profité de l’occasion pour faire savoir qu’il était très mécontent du faible nombre de débats que le parti avait décidé d’organiser entre les candidats. « We are the Democratic Party, not the Undemocratic Party » a-t-il scandé. Interrogé par la presse après son discours, O’Malley a même répondu par l’affirmative à la question d’un journaliste lui demandant s’il pensait que la décision du parti d’organiser peu de débats était destinée à rendre service à Hillary Clinton. Ambiance, ambiance…