Lawrence Lessig, professeur à Harvard, est candidat à la présidence. C’est l’une des informations de la semaine. Toutes les autres sont également dans le Weekly News Flash.
UN CANDIDAT DE PLUS À LA PRÉSIDENCE
Nous avons appris hier que Lawrence Lessig, professeur à Harvard, était candidat à la présidence. C’est le sixième candidat côté démocrate. Il n’a jamais occupé de fonction politique et semble vouloir avant tout mettre en lumière les dysfonctionnements du système politique américain. Dans une vidéo publiée sur son compte Twitter, il annonce même que son seul but en cas d’élection sera de faire passer une loi qui restaurera la démocratie américaine et qu’il démissionnera sitôt cet objectif atteint !
LES INFOS INCONTOURNABLES DE LA SEMAINE
Outre la candidature de Lessig, deux autres informations importantes sont tombées cette semaine. Elles concernent le camp républicain.
1/ Tous les candidats républicains à la présidence, y compris Donald Trump (et c’est là que se situe l’information importante), ont signé un document rédigé par le Parti Républicain et intitulé Pledge (littéralement, promesse). En signant ce document, ils se sont tous engagés, en cas de défaite aux primaires :
– à soutenir le candidat ayant remporté les primaires lors de l’élection générale
– à ne pas se présenter à l’élection générale en tant que candidat indépendant (ou en tant que candidat d’un quelconque autre parti politique)
Rappelons qu’il y a un mois à peine, lors du débat télévisé de Fox News, Trump avait refusé de prendre un tel engagement.
2/ La chaîne CNN a annoncé qu’elle modifiait les conditions d’admission à son débat entre candidats républicains qui doit avoir lieu le 16 septembre. Comme Fox News, CNN avait initialement prévu d’inviter les dix candidats les mieux classés dans les sondages à son débat principal, alors que les sept autres auraient le droit de participer à un happy hour debate. Pour distinguer les dix candidats les mieux classés, CNN avait annoncé qu’elle effectuerait une moyenne de la position des candidats dans les sondages ayant été effectués entre le 16 juillet et le 10 septembre. Mais le cas de Carly Fiorina est venu remettre en question cette méthode. En effet, Fiorina se classe dans le Top 10 des intentions de vote aux primaires républicaines dans tous les sondages effectués depuis un mois, c’est-à-dire depuis sa prestation remarquée lors du happy hour debate de Fox News. Par conséquent, elle n’a pas manqué de faire savoir qu’elle estimait avoir gagné le droit de défendre ses idées lors du débat principal de CNN. Mais d’après les critères annoncés par la chaîne, ce n’était pas le cas puisque sa moyenne calculée depuis la mi-juillet restait insuffisante (notamment parce que moins de sondages ont été effectués depuis le débat de Fox News que lors de la période précédente). Fiorina s’est alors plainte de la situation auprès de la direction du Parti Républicain et a recueilli le soutien de nombreux élus. Sous la pression, CNN a annoncé qu’elle ajoutait un critère de sélection supplémentaire « afin de mieux refléter l’état de la course depuis le premier débat ». Les critères de sélection de départ restent donc valables mais si un candidat se situe constamment dans le Top 10 dans l’ensemble des sondages effectués entre le 7 août (lendemain du débat de Fox News) et le 10 septembre, il sera également invité à prendre part au débat principal. Ce qui signifie que celui-ci pourrait voir s’affronter plus de dix candidats. Grâce à ce nouveau critère de sélection, Carly Fiorina devrait donc pouvoir participer au débat principal. La candidate s’est réjouie de la décision de CNN.

CARNET DE CAMPAGNE
Les différents candidats ont continué d’aller à la rencontre des électeurs, notamment en Iowa et dans le New Hampshire. Mais cette semaine encore, c’est la rivalité entre Jeb Bush et Donald Trump qui a retenu l’attention des médias. Jeb Bush semble avoir définitivement décidé de passer à la vitesse supérieure. Il a en effet publié une vidéo visant à discréditer Donald Trump en le présentant comme un faux conservateur. On y voit par exemple Trump déclarer qu’il est favorable à l’avortement ou complimenter Hillary Clinton. On le voit aussi répondre « I have no idea » (Je n’en ai aucune idée) à la question « Why are you a Republican? » (Pourquoi êtes-vous un Républicain?).
Trump a répliqué en critiquant le choix de Bush de parler espagnol pendant sa campagne.
I like Jeb. He is a nice man. But he should really set the example by speaking English while in the United States. (J’aime bien Jeb. C’est un homme charmant. Mais il devrait vraiment montrer l’exemple en parlant anglais lorsqu’il est aux Etats-Unis)
Invité à réagir à cette déclaration dans l’émission Good Morning America, Bush a répondu :
People come to this country to pursue their dreams. Sometimes they start without speaking English but they learn English and they add vitality to our country. (Les gens viennent dans ce pays pour poursuivre leurs rêves. Parfois ils commencent sans parler anglais mais ils apprennent l’anglais et ils ajoutent de la vitalité à notre pays)
Lorsque le journaliste lui a demandé quelle avait été sa première réaction quand il avait entendu que Trump l’avait critiqué parce qu’il parlait parfois espagnol, il a répondu : « I laughed » (J’ai ri). Il a ensuite expliqué que si les gens lui posaient une question en espagnol, il leur répondait naturellement en espagnol. Il a ajouté que si Trump s’en prenait violemment à tous ses opposants, c’était pour éviter de trop parler de ses idées sur les vrais sujets. En effet, s’il le faisait, les gens se rendraient rapidement compte qu’il est plus proche des positions d’Hillary Clinton que de celles des Républicains sur de nombreux sujets ou bien que ses propositions ne sont pas du tout sérieuses (comme dans le cas de l’immigration).
Scott Walker s’est également fait remarquer cette semaine lors d’une interview accordée à l’émission Meet the Press sur NBC. Il y a déclaré que la question de la construction d’un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Canada était une question qui méritait également d’être discutée pendant la campagne. Walker a été quelque peu moqué sur les réseaux sociaux et même dans la presse pour cette déclaration. En effet, la frontière avec le Canada est bien plus longue que celle avec le Mexique (ce qui veut dire que le coût de la construction d’un tel mur serait exorbitant) et le nombre d’immigrants illégaux en provenance du Canada est très peu élevé. Le Washington Post faisait remarquer qu’entre octobre 2012 et septembre 2013, 822 personnes avaient été arrêtées après avoir tenté de traverser illégalement la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. Sur la même période, ils étaient plus de 400,000 à avoir été arrêtés à la frontière avec le Mexique.
L’INTERVIEW DE LA SEMAINE
Cette semaine, Hillary Clinton a accordé une interview télévisée d’une demi-heure à Andrea Mitchell, journaliste pour la chaîne de télévision MSNBC.
Elle s’y est notamment exprimée sur l’utilisation d’un serveur privé pour ses e-mails lorsqu’elle était Secrétaire d’Etat, une affaire qui n’en finit plus d’empoisonner sa campagne. Clinton a dit regretter d’avoir fait le choix d’utiliser uniquement un serveur privé.
I should have had two accounts : one for personal and one for work related. (J’aurais dû avoir deux comptes : un personnel et un pour le travail)
Mais elle s’est aussi défendue en disant que cette pratique n’était pas interdite et qu’elle n’avait donc pas enfreint la loi. De plus, elle a insisté sur la transparence dont elle a fait preuve depuis que l’affaire a éclaté. Elle a assuré être prête à répondre aux questions des américains sur le sujet et être prête à témoigner devant le Congrès (ce qui devrait avoir lieu au mois d’octobre).
La journaliste lui a ensuite demandé pourquoi elle avait définitivement effacé de son serveur plus de 30,000 e-mails avant de transmettre le reste au Département d’Etat pour archivage (élément qui a bien sûr été à l’origine de nombreuses suspicions). Voici la version des événements qu’a donnée Hillary Clinton. Elle dit avoir été contactée à l’automne dernier par le Département d’Etat. Celui-ci lui aurait demandé de lui transmettre tous ses e-mails ayant un lien avec son travail de Secrétaire d’Etat afin de les archiver. Elle dit avoir alors demandé à ses avocats de s’en occuper. Ceux-ci auraient consacré plusieurs semaines à parcourir l’ensemble de ses e-mails et à les trier. Tous les e-mails pouvant avoir le moindre lien avec son activité de Secrétaire d’Etat auraient été imprimés (plus de 55,000 pages) et transmis au Département d’Etat, qui est actuellement en train de les rendre publics au fur et à mesure. Les avocats de Clinton lui auraient ensuite demandé si elle désirait récupérer les e-mails strictement privés (environ 30,000) qui n’avaient pas été transmis au Département d’Etat. Elle leur aurait répondu qu’elle n’en avait pas besoin et qu’ils pouvaient les supprimer définitivement, ce qu’ils ont fait. Le problème pour Clinton dans cette affaire est que l’on a aucun moyen de vérifier si ce qu’elle dit est vrai. Elle a bien transmis 55,000 pages d’e-mails au Département d’Etat mais on ne saura jamais ce que contenaient les 30,000 e-mails qu’elle a demandé à effacer. Etaient-ils vraiment privés comme elle l’assure ou cachaient-ils quelque chose? Pour ses adversaires, le doute subsistera toujours.
Hillary Clinton a aussi défendu l’Iran Deal lors de cette interview. Elle l’a décrit comme un accord qui n’est pas parfait mais qui représente un pas important dans la bonne direction. Elle a aussi annoncé qu’elle prononcerait un discours à ce sujet mercredi prochain. Le même jour, un rassemblement d’opposition à l’Iran Deal se tiendra à Washington. Les candidats républicains Ted Cruz et Donald Trump ont déjà annoncé qu’ils y participeraient.
Clinton a également critiqué Donald Trump. Elle estime que la campagne de ce dernier n’est basée que sur une opposition agressive (envers les immigrants, les femmes journalistes etc.) et sur aucune proposition constructive. Elle estime que ce genre de campagne électorale est une mauvaise nouvelle pour la politique américaine.
LA POLÉMIQUE DE LA SEMAINE
La polémique de la semaine nous vient du Kentucky. Kim Davis, une fonctionnaire travaillant comme greffière au bureau d’état civil du comté de Rowan (Kentucky) a été incarcérée après avoir refusé de délivrer des certificats de mariage à plusieurs couples homosexuels. Le Kentucky faisait partie des états où le mariage entre personnes de même sexe était encore illégal avant la décision de la Cour Suprême du mois de juin dernier. Suite à plusieurs plaintes de personnes ne parvenant pas à obtenir les documents auxquels ils avaient droit, un juge fédéral a décidé de placer Kim Davis en détention jusqu’à ce qu’elle accepte de respecter la loi. Elle a dit être prête à rester en prison, invoquant ses croyances religieuses pour se justifier.
I never imagined a day like this would come, where I would be asked to violate a central teaching of Scripture and of Jesus himself regarding marriage. To issue a marriage license which conflicts with God’s definition of marriage, with my name affixed to the certificate, would violate my conscience. It is not a light issue for me. It is a heaven or hell decision. (Je n’ai jamais imaginé qu’un jour comme celui-ci viendrait, où l’on me demanderait d’enfreindre un enseignement central des Saintes Écritures et de Jésus lui-même concernant le mariage. Délivrer un certificat de mariage qui s’oppose à la définition du mariage de Dieu, avec mon nom apposé au certificat, violerait ma conscience. Ce n’est pas une question légère pour moi. C’est une décision de paradis ou d’enfer)
Davis a même refusé un compromis qui lui aurait permis de sortir de prison à condition d’accepter de laisser ses adjoints signer les certificats à sa place.
Certains candidats républicains ont réagi à cette affaire. Carly Fiorina et Lindsey Graham ont tous les deux été dans le même sens. Ils ont déclaré que même s’ils n’étaient personnellement pas d’accord avec la décision de la Cour Suprême, la loi était la loi. Par conséquent, une fonctionnaire travaillant pour le gouvernement devait respecter la loi ou démissionner si elle estimait ne plus pouvoir le faire pour des raisons de conscience. Donald Trump a lui déclaré que la décision de légaliser le mariage homosexuel avait été prise et qu’il fallait s’y faire. Il a cependant ajouté qu’il aurait préféré que Davis ne soit pas mise en prison et qu’il y avait sans doute moyen de trouver une solution au problème, par exemple de laisser ses adjoints signer les papiers à sa place (mais comme nous l’avons dit, cela lui a été proposé et elle a refusé). Rand Paul a lui déclaré qu’il trouvait « absurde » de mettre quelqu’un en prison parce que cette personne exerçait sa liberté religieuse. Assez logique pour un libertarien pour qui la liberté individuelle doit passer avant tout le reste. Mais il ne s’est pas étendu davantage sur le sujet et on ne sait donc pas ce qu’il propose comme solution pour les personnes qui ne peuvent pas obtenir les documents auxquels ils ont droit. Enfin, deux candidats se sont montrés particulièrement solidaires envers Kim Davis : Ted Cruz et Mike Huckabee. Ted Cruz a parlé de persécution dans un communiqué. Selon lui, le gouvernement se permet pour la première fois de mettre en prison un chrétien qui ne fait que vivre selon ses croyances. Pour lui, cela ne devrait pas arriver aux Etats-Unis, pays fondé sur des valeurs judéo-chrétiennes par des personnes ayant fui l’oppression religieuse qui sévissait dans leur propre pays. Mike Huckabee a publié plusieurs tweets de soutien à Kim Davis. Selon lui, l’emprisonnement de cette dernière démontre qu’on assiste à une « criminalisation des chrétiens dans le pays ». Il a également lancé une pétition appelant à la libération de Davis sur son site de campagne. Celle-ci a déjà récolté plus de 55,000 signatures. Enfin, il a annoncé qu’il irait rencontrer Davis en prison.
LE MOT DE LA SEMAINE
Connaissez-vous le Denali ? Il s’agit de la plus haute montagne d’Amérique du Nord, située en Alaska. Denali est le nom que lui ont donné les Indiens et qui a été utilisé jusqu’en 1917. Cette année-là, la montagne fut renommée Mount McKinley, en hommage au président républicain William McKinley (1897-1901). Ce président a la particularité d’être l’un des quatre présidents des Etats-Unis à avoir été assassiné dans l’exercice de ses fonctions (par un anarchiste lors d’un déplacement dans l’état de New York). Mais si l’Alaska avait choisi de lui rendre hommage en rebaptisant sa plus prestigieuse montagne en son honneur, c’était pour une autre raison. À l’époque où McKinley faisait campagne pour la présidence, l’Alaska était un gros producteur d’or. Or, le rival démocrate de McKinley proposait de remplacer l’or par l’argent comme monnaie étalon. L’Alaska avait donc été particulièrement soulagé de voir McKinley remporter l’élection. Mais il semble que la majorité des habitants de l’Alaska aient continué de nommer la montagne Denali. Depuis 1975, l’Alaska demande même au gouvernement fédéral de changer à nouveau le nom de la montagne. Une majorité des habitants de l’état est favorable à ce que la montagne retrouve son nom original, car celui-ci refléterait mieux leur histoire et leur culture que le nom d’un président qui n’a jamais mis un pied en Alaska. Mais la décision avait jusqu’à présent été systématiquement bloquée au Congrès. Cette semaine, alors qu’il effectuait un déplacement en Alaska pour observer les effets du changement climatique, Barack Obama a annoncé qu’il avait pris la décision de renommer le Mont McKinley en Denali (sans passer par un vote au Congrès). Plusieurs élus républicains (notamment en Ohio, état d’origine de McKinley et dont il a été le gouverneur) ont critiqué la décision unilatérale du président Obama. Donald Trump a d’ores et déjà réagi en publiant un tweet promettant de rechanger encore une fois le nom de la montagne s’il était élu.
L’APPLICATION DE LA SEMAINE
Il existe désormais une application à télécharger sur votre smartphone pour prendre un selfie avec Rand Paul ! Le candidat républicain a incité ses supporters à utiliser l’application en guise de soutien et a promis de partager les meilleurs clichés sur son compte Twitter. Problème? L’application permet en réalité de remplir l’espace libre à côté de Rand Paul avec tout et n’importe quoi. Certains internautes s’en sont donc donné à cœur joie et on a pu voir apparaître des clichés comme celui-ci sur Twitter.
Les joies d’Internet… Le très sérieux site d’information politique Politico pointait lui du doigt le fait que pour télécharger l’application, il faut permettre à celle-ci de connaître votre localisation géographique. C’est bien sûr très souvent le cas pour ce genre d’applications mais Politico soulignait que ce n’était peut-être pas terrible pour un candidat qui fait de la protection des données privées l’un de ses combats majeurs.
LE TWEET DE LA SEMAINE
Enfin, nous devons le tweet de la semaine à l’inévitable Donald Trump.
