Le deuxième débat télévisé entre candidats républicains a eu lieu ce mercredi 16 septembre. En voici le compte-rendu.
INTRODUCTION
Ce deuxième débat télévisé entre candidats républicains (après celui de Fox News qui avait eu lieu le 6 août dernier) était organisé par la chaîne CNN. Celle-ci avait choisi un lieu bien particulier pour l’organisation de l’événement : la Ronald Reagan Presidential Library, située à Simi Valley, en Californie. La mise en scène était particulièrement soignée puisque le plateau avait pour toile de fond le véritable avion Air Force One utilisé par Ronald Reagan durant sa présidence ! Une chanteuse est également venue entonner l’hymne américain avant le début des débats.
Rappelons que sur les seize candidats à l’investiture républicaine, seulement quinze avaient été invités à participer au débat. Jim Gilmore n’avait en effet pas rempli les critères de sélection et n’a donc pas eu l’occasion de s’exprimer. Les quinze candidats ont été séparés en deux groupes selon leur position dans les sondages. Les quatre candidats les moins bien classés participaient à un Happy Hour Debate. Les onze favoris participaient ensuite au débat principal. Le positionnement des candidats sur la scène était également déterminé par leur position dans les sondages.
Si le débat a été divertissant à regarder, il faut bien avouer que l’on n’a pas appris grand-chose de nouveau sur les propositions politiques des candidats. Certains échanges ont toutefois permis de mettre en lumière un certain nombre de désaccords entre eux. D’autre part, les journalistes ont passé pas mal de temps à faire réagir chaque candidat à des attaques personnelles lui ayant été adressées par un autre candidat. Finalement, il s’agissait surtout pour chacun de mettre en valeur sa personnalité et de parvenir à dire des choses intéressantes et convaincantes sur chaque sujet abordé en très peu de temps.
Dans ce compte-rendu, nous vous présentons une sélection des propos que nous jugeons avoir été les plus intéressants et/ou significatifs et/ou ceux qui ont été largement repris et commentés par la presse américaine. Bonne lecture 😉
HAPPY HOUR DEBATE
Participants : Bobby Jindal, Rick Santorum, Lindsey Graham, George Pataki
Modérateurs : Jake Tapper (journaliste à CNN) était le modérateur principal du débat. Il était assisté de Hugh Hewitt (journaliste conservateur animant son propre talk show sur Salem Radio Network et également ancien membre de l’administration Reagan) et de Dana Bash (journaliste politique à CNN)
Durée du débat : 1h30
Compte-rendu :
- Donald Trump et les attaques personnelles entre candidats
Rick Santorum a critiqué le choix de ses trois collègues d’attaquer régulièrement Donald Trump. Il pense qu’il faut éviter les attaques personnelles entre candidats car elles nuisent à l’image du parti. Il faut plutôt débattre des vrais sujets. Bobby Jindal a lui estimé qu’il était nécessaire de mettre en garde les électeurs contre Donald Trump car si celui-ci venait à remporter les primaires, les Républicains seraient assurés de perdre l’élection générale.
The best way for us to give this election back would be to nominate Donald Trump. He’ll implode in the general election, or if God forbid, if he were in the White House, we have no idea what he would do. (La meilleure manière pour nous de donner cette élection [aux Démocrates] serait de nommer Donald Trump. Il imploserait lors de l’élection générale, ou si Dieu l’en empêchait et qu’il arrivait à la Maison Blanche, nous n’avons aucune idée de ce qu’il ferait)
- Immigration
Le débat sur l’immigration a donné lieu à un affrontement entre Rick Santorum et Lindsey Graham. Rick Santorum estime que les immigrés en situation irrégulière prennent leurs emplois aux travailleurs américains car ils acceptent des salaires moins élevés. Graham a rapidement accusé Santorum de n’avoir aucun plan concret pour régler le problème. Il l’a notamment accusé d’être incapable de faire des compromis avec les Démocrates alors qu’un problème comme celui de la réforme de l’immigration ne pourra se régler que par un accord bipartisan au Congrès. Il a d’ailleurs rappelé que le plan de lutte contre l’immigration que Santorum avait présenté au Sénat en 2006 avait été un échec retentissant. Ce qui a donné lieu à l’échange suivant :
GRAHAM : How many Democrats did you have on your bill? (Combien de Démocrates ont soutenu ta proposition de loi?)
SANTORUM : I don’t know how many Democrats I had on my bill. (Je ne sais pas combien de Démocrates ont soutenu ma proposition)
GRAHAM : I can tell you. None. (Je peux te le dire. Aucun)
SANTORUM : But the point is… The point is that I had a bill. (Mais ce qui est important est que j’avais une proposition de loi)
GRAHAM : That went nowhere (Qui n’a été nulle part)
SANTORUM : Well, you’re right Lindsey. It went nowhere because we had a president back then who was for more comprehensive immigration reform. (Et bien, tu as raison Lindsey. Elle n’a été nulle part parce que nous avions un président à l’époque qui était pour une réforme plus globale de l’immigration)
GRAHAM : George W. Bush
SANTORUM : That’s right (C’est exact)
GRAHAM : Who won with Hispanics… (Qui a gagné avec les Hispaniques)
SANTORUM : You know what we need to do? (Tu sais ce que nous devons faire?)
GRAHAM : Compared to what we’re doing (Contrairement à ce que nous faisons)
SANTORUM : Lindsey, we need to win. We need to win fighting for Americans. We need to win fighting for the workers in this country… (Lindsey, nous devons gagner. Nous devons gagner en nous battant pour les américains. Nous devons gagner en nous battant pour les travailleurs dans ce pays qui souffrent, y compris les Hispaniques)
GRAHAM : Hispanics are Americans. (Les Hispaniques sont des américains)
SANTORUM : The people who are hurt the most by illegal immigration are Hispanics. (Les personnes qui sont le plus touchées par l’immigration illégale sont les Hispaniques)
GRAHAM : In my world, Hispanics are Americans. (Dans mon monde, les Hispaniques sont des américains)
Graham a ensuite encore davantage critiqué la vision de Santorum, qui oppose les travailleurs américains d’un côté aux immigrés de l’autre. Il a rappelé que la main-d’œuvre américaine ne cessait de diminuer et qu’il n’y aurait bientôt plus assez de travailleurs américains pour financer les retraites. Il rappelle qu’en 1950, il y avait seize travailleurs pour un retraité alors qu’aujourd’hui, ils ne sont plus que trois et bientôt seulement deux. Il estime que les Etats-Unis ont donc besoin d’accueillir de la main-d’œuvre étrangère. Mais bien sûr, cette immigration doit être légale et correctement encadrée.
George Pataki a quant à lui déclaré qu’il était impossible de déporter les 11 millions d’illégaux déjà présents sur le territoire américain et qu’il était favorable à ce qu’ils puissent obtenir un statut légal (mais pas la citoyenneté). Néanmoins, étant donné qu’ils ont enfreint la loi en venant illégalement, il propose qu’ils effectuent 200 heures de travaux d’intérêt général afin d’obtenir ce statut légal.
- Politique étrangère
La politique étrangère est sans doute le point qui a suscité le moins de divergences entre les quatre candidats, tous adeptes d’une politique interventionniste pour combattre le terrorisme et plus particulièrement l’Etat Islamique. Bobby Jindal a par exemple déclaré que le fait que le président Obama ait dit que l’on remporterait la bataille contre le terrorisme en changeant les cœurs et les esprits et non pas par les armes n’avait aucun sens.
These are barbarians. They are burning, crucifying people alive. Christians and other Muslims. We need to hunt them down. (Ce sont des barbares. Ils brûlent, ils crucifient des personnes vivantes. Des chrétiens et d’autres musulmans. Nous devons les traquer)
C’est toutefois Lindsey Graham qui reste le plus engagé des candidats sur la question. Il est le seul, dit-il, à avoir un véritable plan pour vaincre l’Etat Islamique. Rappelons que son plan consiste à envoyer 10,000 soldats en Irak et 10,000 soldats en Syrie pour combattre l’organisation terroriste. Il a répété à plusieurs reprises que son plan était la seule solution viable et qu’il était le plus qualifié de tous les candidats républicains en lice à être commander-in-chief on day one.
- L’affaire Kim Davis et la liberté religieuse
L’affaire Kim Davis a mis en lumière une grosse différence de points de vue entre les candidats. D’un côté, Pataki et Graham qui estiment qu’en tant que fonctionnaire, Kim Davis doit appliquer la loi. Et de l’autre, Santorum et Jindal qui soutiennent Kim Davis et qui estiment que les chrétiens opposés au mariage gay sont désormais victimes de discrimination dans le pays. Pataki est allé jusqu’à dire que si Kim Davis avait été son employée, il l’aurait licenciée.
I think she should have been fired and if she worked for me, I would have fired her. We have to uphold the rule of law. (Je pense qu’elle aurait dû être licenciée et si elle avait travaillé pour moi, je l’aurais licenciée. Nous devons faire respecter la loi)
Il a également ajouté :
There’s a place where religion supersedes the rule of law. It’s called Iran. It shouldn’t be the United States. (Il y a un endroit où la religion remplace la loi. C’est l’Iran. Cela ne devrait pas être les Etats-Unis)
Ce à quoi Rick Santorum a répliqué qu’il fallait avant tout faire respecter le Premier Amendement qui garantit le droit à la liberté de conscience.
How many bakers, how many florists, how many pastors, how many clerks are we going to throw in jail because they stand up and say « I cannot violate what my faith says is against its teachings »? (Combien de boulangers, combien de fleuristes, combien de pasteurs, combien d’employés allons nous jeter en prison parce qu’ils résistent et disent « Je ne peux pas enfreindre ce que ma foi me dit aller à l’encontre de ses enseignements »?)
- Economie
L’échange qui aura le plus retenu l’attention lors du débat concernant l’économie est celui concernant l’augmentation du salaire minimum. Rick Santorum est le seul des quatre candidats à s’y être déclaré favorable. Lindsey Graham s’en est à nouveau pris à lui en disant que l’augmentation du salaire minimum dans l’état actuel des choses n’était pas la bonne solution car cela dissuaderait les employeurs d’embaucher. La vraie solution est d’améliorer l’état global de l’économie. Si l’économie se porte mieux et qu’il y a davantage de concurrence entre les entreprises, les salaires augmenteront automatiquement. Santorum a répliqué que le salaire minimum concernait moins d’1% des travailleurs américains. Il dit ne pas comprendre que la majorité des candidats républicains ne soit pas prête à soutenir davantage ces travailleurs en difficulté. Pour lui, c’est une grave erreur de la part de son parti de se préoccuper uniquement des créateurs d’entreprises et pas des salariés qui constituent pourtant 90% de la population.
- Les petites blagues de Lindsey Graham
Enfin, le Happy Hour Debate a aussi été marqué par la volonté de Lindsey Graham de détendre l’atmosphère à plusieurs reprises en lançant des petites blagues. Voici les trois qui ont rencontré le plus de succès :
1 – Lorsqu’il a pris la parole pour la première fois afin de se présenter :
Thanks CNN for having people at this debate ! (Merci CNN d’avoir réussi à avoir du public pour ce débat !)
2 –
By the end of this debate, it would be the most time I’ve ever spent in any library. (À la fin de ce débat, ce sera la première fois que j’aurai passé autant de temps dans une bibliothèque)
3 – Alors qu’il évoquait le fait que même Ronald Reagan avait accepté de discuter avec les Démocrates les plus libéraux et notamment avec Tip O’Neill, le leader des Démocrates au Congrès à l’époque et l’un de ses plus fervents opposants :
He sat down with Tip O’Neill, the most liberal guy in the entire House. They started drinking together. That’s the first thing I’m going to do as president. We’re going to drink more. (Il s’est assis avec Tip O’Neill, l’homme le plus libéral de toute la Chambre. Ils ont commencé à boire ensemble. C’est la première chose que je ferai en tant que président. Nous allons boire davantage)
#CNNDEBATE
Participants : Donald Trump, Jeb Bush, Ben Carson, Scott Walker, Ted Cruz, Carly Fiorina, Marco Rubio, John Kasich, Mike Huckabee, Chris Christie, Rand Paul
Modérateurs : Les mêmes que lors du Happy Hour Debate
Durée du débat : 3h
Compte-rendu :
Notons tout d’abord qu’avant même le début du débat, Donald Trump s’est fait remarquer en publiant un tweet dans lequel il estimait que ce dernier allait être trop long.

Quelques minutes avant le début du débat, Jeb Bush publiait quant à lui le tweet suivant :
- Le show Donald Trump
Donald Trump a été davantage mis en difficulté que lors du premier débat. Ses adversaires s’en sont pris à lui à plusieurs reprises et surtout, il a eu du mal à exprimer des idées claires lorsque des questions précises lui ont été posées sur certains sujets. Mais cela ne l’a pas empêché de faire quelques déclarations dont il a le secret. En voici une petite sélection :
I’ve made billions and billions of dollars dealing with people all over the world and I want to put whatever that talent is to work for this country so we have great trade deals, we make our country rich again, we make it great again. (J’ai gagné des milliards et des milliards de dollars en négociant avec des gens partout dans le monde et je veux utiliser ce talent pour travailler pour ce pays de manière à ce que nous ayons de bons accords commerciaux, nous rendions notre pays riche à nouveau, nous le rendions grand à nouveau)
Everything I’ve done virtually has been a tremendous success. (Pratiquement tout ce que j’ai fait a été un succès phénoménal)
I don’t think you’d even be talking about illegal immigration if it weren’t for me. (Je pense que vous ne seriez même pas en train de parler de l’immigration illégale si je n’avais pas été là)
We’re fighting ISIS. ISIS wants to fight Syria. Why are we fighting ISIS in Syria? Let them fight each other and pick up the remnants. (Nous combattons l’Etat Islamique. L’Etat Islamique veut combattre la Syrie. Pourquoi combattons-nous l’Etat Islamique en Syrie? Laissons-les se battre entre eux et ramassons les restes)
Concernant le birthright citizenship qu’il a dit vouloir supprimer :
A woman gets pregnant. She’s nine months, she walks across the border, she has the baby in the United States and we take care of the baby for 85 years. I don’t think so. (Une femme tombe enceinte. Elle en est à neuf mois, elle traverse la frontière, elle a le bébé aux Etats-Unis et nous prenons soin du bébé pendant 85 ans. Je ne pense pas)
Concernant le manque de connaissances en politique étrangère qui lui a été reproché par Marco Rubio :
I will have the finest team that anybody has put together and we will solve a lot of problems. You know, right now they know a lot and look at what is happening. The world is blowing up around us. (J’aurai la meilleure équipe que personne n’a jamais assemblée et nous réglerons beaucoup de problèmes. Vous savez, en ce moment ils savent beaucoup et regardez ce qu’il se passe. Le monde explose autour de nous)
- Tous unis contre Trump (ou presque)
Voici les échanges les plus marquants ayant opposé Donald Trump à ses adversaires :
1 – Donald Trump vs Rand Paul
Dès sa première prise de parole et alors qu’il était interrogé sur le fait que Bobby Jindal ait déclaré être inquiet à l’idée que quelqu’un comme lui puisse avoir accès au code nucléaire, Trump s’en est immédiatement pris au pauvre Rand Paul qui n’avait rien demandé plutôt que de répondre à la question qui lui était posée !
Well, first of all, Rand Paul shouldn’t even be on this stage. He’s number 11, he’s got 1% in the polls, and how he got up here… There’s far too many people anyway. (Bien, tout d’abord, Rand Paul ne devrait même pas être sur cette scène. Il est numéro 11, il a 1% dans les sondages, et comment il s’est retrouvé ici… Il y a beaucoup trop de monde de toute façon)
Invité à répondre à l’attaque de Trump, Rand Paul a dit qu’il ne pouvait faire autre chose que rire quand il voyait qu’alors qu’il était interrogé sur sa capacité à gérer les codes nucléaires, la seule chose que Trump trouvait à faire était de l’attaquer personnellement. Il a ensuite ajouté qu’il était très préoccupé à l’idée que Trump puisse avoir accès aux codes nucléaires.
His visceral response to attack people on their appearance – short, tall, fat, ugly – my goodness, that happened in junior high. Are we not way above that? Would we not all be worried to have someone like that in charge of the nuclear arsenal? (Sa réaction viscérale d’attaquer les gens sur leur apparence – petit, grand, gros, laid – mon Dieu, cela arrive à l’école. Ne valons-nous pas mieux que cela? Ne serions-nous pas tous inquiets que quelqu’un comme ça soit responsable de l’arsenal nucléaire?)
Réponse de Trump :
I never attacked him on his look and believe me, there’s plenty of subject matter right there. (Je ne l’ai jamais attaqué sur son apparence physique et croyez-moi, il y aurait beaucoup de choses à dire)
Paul a choisi de sourire et de hausser les sourcils mais de ne pas répondre.
2 – Donald Trump vs Scott Walker
Scott Walker a attaqué Donald Trump de la manière suivante :
Mr. Trump, we don’t need an apprentice in the White House. (Mr. Trump, nous n’avons pas besoin d’un apprenti à la Maison Blanche)
Il faisait bien sûr référence à l’émission de téléréalité de Trump qui s’appelle The Apprentice. Il a ensuite ajouté que plusieurs des projets de Trump avaient fait faillite. Trump a comme toujours nié. Et il a attaqué Walker en retour en disant que ce dernier était numéro 1 dans les sondages au début de la campagne mais que depuis que les gens avaient découvert son bilan en tant que gouverneur du Wisconsin, il n’était plus que sixième ou septième.
3 – Donald Trump vs Jeb Bush, épisode 1
Les clashs entre Jeb Bush et Donald Trump ont été les plus nombreux et ont animé la soirée. Le premier a eu lieu lorsque Jeb Bush s’est défendu d’être influencé par les gros donateurs contribuant à sa campagne, comme l’en a accusé Donald Trump. Afin de démontrer qu’il ne se laisserait jamais acheter par personne, il a rappelé que Donald Trump lui avait proposé de l’argent lorsqu’il était gouverneur de Floride afin de pouvoir y implanter des casinos et qu’il avait refusé. Donald Trump a nié en déclarant que s’il avait vraiment voulu obtenir quelque chose, il l’aurait obtenu. Qui dit vrai? Difficile de savoir si Trump a directement proposé de l’argent à Bush mais il a bien tenté d’obtenir l’autorisation d’ouvrir un casino en Floride lorsque Bush était gouverneur et fait des dons importants au Parti Républicain de Floride à l’époque. Et il est également vrai que le sujet a été débattu à l’époque en Floride et que le gouverneur Bush s’est opposé à l’implantation de casinos dans l’état.
Bush a encore insisté et en a profité pour attaquer Hillary Clinton par la même occasion. Il a rappelé que cette dernière s’était rendue au mariage de Trump parce que celui-ci lui avait prêté de l’argent (ce que Trump a confirmé).
BUSH : Maybe it works for Hillary Clinton, it doesn’t work for anybody on this stage. (Peut-être que cela fonctionne avec Hillary Clinton, mais cela ne fonctionne avec personne sur cette scène)
TRUMP : I was a businessman. I got along with Clinton. I got along with everybody. That was my job, to get along with people. (J’étais un homme d’affaires. Je m’entendais bien avec Clinton. Je m’entendais bien avec tout le monde. C’était mon boulot, de bien m’entendre avec les gens)
BUSH interrompt Trump : But the simple fact is… (Mais le simple fait est…)
TRUMP : Excuse me. One second. (Excuse-moi. Une seconde.)
BUSH : No ! The simple fact is, Donald, you could not take… (Non ! Le simple fait, Donald, est que tu ne pouvais pas prendre)
TRUMP : Ok, more energy tonight. I like that ! (Ok, plus d’énergie ce soir. Ça me plaît!)*
*Trump a régulièrement accusé Bush de manquer d’énergie depuis le début de la campagne.
4 – Donald Trump vs Jeb Bush, épisode 2
Lorsque Jeb Bush a demandé à Donald Trump de s’excuser auprès de sa femme et que Trump a refusé.
DANA BASH : Governor Bush, Mr. Trump has suggested that your views on immigration are influenced by your Mexican born wife. He said that, quote, « If my wife were from Mexico, I think I would have a soft spot for people from Mexico ». Did Mr. Trump go too far in invoking your wife? (Gouverneur Bush, Mr. Trump a suggéré que vos opinions sur l’immigration étaient influencées par votre femme née mexicaine. Il a déclaré que, je cite, « Si ma femme était mexicaine, je pense que j’aurais une tendresse particulière pour les Mexicains ». Est-ce que Mr. Trump va trop loin en invoquant votre femme?)
BUSH répond par l’affirmative et interpelle Trump : You’re proud of your family, just as I am. (Tu es fier de ta famille, tout comme moi)
TRUMP : Correct. (Correct)
BUSH : To subject my wife into the middle of a raucous political conversation was completely inappropriate and I hope you apologize for that, Donald. (Impliquer ma femme au milieu d’une conversation politique tapageuse était totalement inapproprié et j’aimerais que tu t’excuses pour cela, Donald)
TRUMP : Well, I have to tell you, I hear phenomenal things. I hear your wife is a lovely woman… (Et bien, je dois te dire que j’entends des choses phénoménales. J’entends dire que ton épouse est une femme charmante…)
BUSH : She is. She’s fantastic. (Elle l’est. Elle est fantastique)
TRUMP : I don’t know her, and this is a total mischaracterization… (Je ne la connais pas, et c’est une mauvaise description…)
BUSH : She is absolutely the love of my life, and she’s right here. (Elle est l’amour de ma vie, et elle est juste là)
TRUMP : Good. (Très bien)
BUSH : And why don’t you apologize to her right now? (Et pourquoi ne lui présentes-tu pas tes excuses maintenant?)
TRUMP : No, I won’t do that because I’ve said nothing wrong. But I do hear she’s a lovely woman. (Non, je ne ferai pas ça parce que je n’ai rien dit de mal. Mais j’entends bien qu’elle est une femme charmante)
5 – Donald Trump vs Jeb Bush, épisode 3
Donald Trump est interrogé sur le fait qu’il ait critiqué Bush parce qu’il parlait parfois espagnol lors de sa campagne.
TRUMP : We have a country where, to assimilate, you have to speak English. […] To have a country, we have to have assimilation. I’m not the first one to say this, Dana. We’ve had many people over the years, for many, many years, saying the same thing. This is a country where we speak English, not Spanish. (Nous avons un pays où, pour vous intégrer, vous devez parler anglais. […] Pour avoir un pays, nous devons avoir de l’assimilation. Je ne suis pas le premier à dire cela, Dana. Nous avons eu beaucoup de personnes au fil des années, depuis de très nombreuses années, qui disent la même chose. C’est un pays où l’on parle anglais, pas espagnol)
BUSH : Well, I’ve been speaking English here tonight and I’ll keep speaking English. But the simple fact is, if a high school kid asks me a question in Spanish […] I’m going to show respect and answer that question in Spanish. (Et bien, j’ai parlé anglais ici ce soir et je continuerai à parler anglais. Mais le simple fait est que, si un garçon dans une école me pose une question en espagnol […] je vais lui montrer du respect et répondre à sa question en espagnol)
Marco Rubio, qui s’exprime également régulièrement en espagnol, a demandé à intervenir sur le sujet. Il a déclaré que l’anglais était bien sûr la langue du pays et que tout le monde devait l’apprendre. Mais d’autre part, a-t-il dit, certaines personnes s’expriment davantage en espagnol car elles se sentent plus à l’aise dans cette langue. Il a raconté que c’était le cas de son propre grand-père. Or, si ces personnes s’informent en espagnol et sont susceptibles de partager ses opinions conservatrices, il ne voit pas pourquoi il ne s’adresserait pas à eux directement en espagnol.
6 – Donald Trump vs Jeb Bush, épisode 4
Durant le débat sur la politique étrangère, Donald Trump a tenu à rappeler qu’il était le seul à s’être opposé à l’intervention américaine en Irak en 2003* et ce, afin de démontrer sa qualité de jugement.
*Rand Paul et Ben Carson ont rapidement affirmé que Trump n’était pas le seul dans ce cas puisqu’ils étaient également opposés à l’intervention en Irak.
Jeb Bush a alors répliqué que sa qualité de jugement lui avait aussi fait dire qu’Hillary Clinton serait une personne formidable pour négocier un bon accord avec l’Iran. S’en est suivi un nouvel échange tendu entre les deux candidats, lors duquel Jeb Bush a défendu l’héritage de son frère George W. Bush :
TRUMP : And your brother’s administration gave us Barack Obama because it was such a disaster those last three months that Abraham Lincoln couldn’t have been elected ! (Et l’administration de ton frère nous a donné Barack Obama parce que c’était un tel désastre ces trois derniers mois que même Abraham Lincoln n’aurait pas pu être élu !)
BUSH : You know what? As it relates to my brother, there’s one thing I know for sure : he kept us safe. I don’t know if you remember… (Vous savez quoi? En ce qui concerne mon frère, il y a une chose dont je suis sûr : il nous a gardé en sécurité. Je ne sais pas si vous vous souvenez…)
(Bush est interrompu par de longs applaudissements du public)
BUSH : Donald, you remember the rumble? You remember the fire fighter with his arms around it? He sent a clear signal that the United States would be strong and fight Islamic terrorism and he did keep us safe. (Donald, tu te souviens des grondements? Tu te souviens du pompier dans ses bras? Il a envoyé un signal clair que les Etats-Unis seraient forts et combattraient le terrorisme islamique et il nous a gardé en sécurité)
TRUMP : I don’t know. You feel safe right now? I don’t feel so safe. (Je ne sais pas. Tu te sens en sécurité en ce moment? Je ne me sens pas tellement en sécurité)
7 – Donald Trump vs Carly Fiorina, épisode 1
Donald Trump a attaqué Carly Fiorina en disant que sa gestion à la tête d’Hewlett-Packard avait été un désastre. S’en est suivi une discussion entre les deux candidats où chacun a accusé l’autre d’être un mauvais chef d’entreprise.
FIORINA : You know, there are a lot of us Americans who believe that we are going to have trouble someday paying back the interest on our debt because politicians have run up mountains of debt using other people’s money. That is in fact precisely the way you ran your casinos. You ran up mountains of debt, as well as losses, using other people’s money, and you were forced to file for bankruptcy not once… (Vous savez, il y a beaucoup d’américains qui croient que nous allons avoir des difficultés un jour pour rembourser les intérêts de notre dette parce que les politiciens ont accumulé des montagnes de dette en utilisant l’argent d’autres personnes. Et c’est en fait précisément la manière dont vous avez géré vos casinos. Vous avez accumulé des montagnes de dette, ainsi que des pertes, en utilisant l’argent des autres, et vous avez été obligé de déposer le bilan non pas une fois…)
TRUMP : I never filed for bankruptcy. (Je n’ai jamais déposé le bilan)
FIORINA : Not twice, four times. A record four times. Why should we trust you to manage the finances… (Pas deux fois, quatre fois. Quatre fois. Pourquoi devrions-nous vous faire confiance pour gérer les finances…)
TRUMP : I’ll tell you why, it’s very simple. (Je vais vous dire pourquoi, c’est très simple)
FIORINA : of this nation any differently than you managed the finances of your casinos? (de cette nation d’une autre manière que celle dont vous avez géré les finances de vos casinos?)
TRUMP : I’ve made over 10 billion dollars. I had a casino company. Caesars just filed for bankruptcy. Chris will tell you. It’s not Chris’ fault either, but almost everybody in Atlantic City is either in trouble or filed for… Maybe I’ll blame Chris*. But Atlantic City is a disaster. (J’ai gagné plus de 10 milliards de dollars. J’avais un casino. Caesars a récemment déposé le bilan. Chris vous le dira. Ce n’est pas la faute de Chris non plus, mais presque tout le monde à Atlantic City a des difficultés ou a déposé… Peut-être que je vais accuser Chris. Mais Atlantic City est un désastre)
*Chris Christie est gouverneur du New Jersey, l’état où se situe la ville d’Atlantic City.
Chris Christie a ensuite pris la parole pour dire que ce petit débat entre Fiorina et Trump sur leur carrière respective n’intéressait personne et certainement pas les travailleurs américains qui ont du mal à trouver un emploi.
The fact is that we don’t want to hear about your careers. […] You’re both successful people. Congratulations ! (Le fait est que nous ne voulons pas entendre parler de vos carrières. […] Vous êtes tous les deux des personnes brillantes. Félicitations !)
Fiorina s’est défendue en disant que Christie et les autres parlaient régulièrement de leur bilan en tant que gouverneur ou sénateur et qu’elle ne voyait donc pas pourquoi elle ne pourrait pas parler de son bilan à la tête d’Hewlett-Packard.
8 – Donald Trump vs Carly Fiorina, épisode 2
Lorsque Carly Fiorina a été interrogée par l’un des journalistes sur les récentes déclarations de Trump à son sujet (le fameux Look at that face ! Would anyone vote for that?), elle a tout simplement déclaré :
I think women all over this country heard very clearly what Mr. Trump said. (Je pense que les femmes de ce pays ont entendu très clairement ce que Mr. Trump a dit)
De longs applaudissements ont alors retenti dans la salle et Trump, sans doute un peu embarrassé, a déclaré :
I think she’s got a beautiful face, and I think she’s a beautiful woman. (Je pense qu’elle a un beau visage, et je pense que c’est une belle femme)
Ce moment fut sans conteste l’un des moments forts du débat. Probablement le moment le plus embarrassant pour Trump et le meilleur moment pour Fiorina.
Même Hillary Clinton y est allée de son commentaire sur Twitter.

- Politique étrangère
Le thème de la politique étrangère a été longuement abordé, ce qui a permis à Rand Paul de mettre en avant sa position non-interventionniste qui le distingue fortement de l’ensemble des autres candidats.
Had we bombed Assad at the time like President Obama wanted, like Hillary Clinton wanted, and like many Republicans wanted, I think ISIS would be in Damascus today. I think ISIS would be in charge of Syria had we bombed Assad. Sometimes both sides of a civil war are evil, and sometimes intervention makes us less safe. This is the real debate we have to have in the Middle East. Every time we have toppled a secular dictator, we have gotten chaos, the rise of radical Islam, and we’re more at risk. So, I think we need to think before we act and know that most interventions, if not a lot of them in the Middle East, have actually backfired on us. (Si nous avions bombardé Assad à l’époque comme le voulait le président Obama, comme le voulait Hillary Clinton, et comme beaucoup de Républicains le voulaient, je pense que l’Etat Islamique serait à Damas aujourd’hui. Je pense que l’Etat Islamique contrôlerait la Syrie si nous avions bombardé Assad. Parfois les deux camps d’une guerre civile sont diaboliques, et parfois l’intervention nuit à notre sécurité. Ceci est le vrai débat que nous devons avoir au Moyen Orient. Chaque fois que nous avons renversé un dictateur laïc, nous avons eu le chaos, la montée de l’Islam radical, et nous sommes davantage en danger. Donc, je pense que nous devons réfléchir avant d’agir et savoir que la plupart des interventions, si pas beaucoup d’entre elles au Moyen Orient (sic), se sont en réalité retournées contre nous)
Il a aussi réaffirmé son opposition catégorique à l’envoi de troupes au sol en Irak et en Syrie.
If you want boots on the ground, and you want them to be our sons and daughters, you got fourteen other choices. There will always be a Bush or Clinton for you if you want to go back to war in Iraq. But the thing is the first war was a mistake. And I’m not sending our sons and our daughters back to Iraq. (Si vous voulez des troupes au sol, et si vous voulez que ce soient nos fils et nos filles, vous avez quatorze autres choix. Il y aura toujours un Bush ou un Clinton pour vous si vous voulez retourner en guerre en Irak. Mais le fait est que la première guerre était une erreur. Et je ne renverrai pas nos fils et nos filles en Irak)
Why are we always the world’s patsies that we have to go over there and fight their wars for them? They need to fight their wars. We need to defend American interests but it is not in America’s national security interests to have another war in Iraq. (Pourquoi sommes-nous toujours les nigauds du monde qui devons aller là-bas et faire leurs guerres à leur place? Ils doivent mener leurs propres guerres. Nous devons défendre les intérêts américains mais ce n’est pas dans les intérêts de la sécurité nationale américaine d’avoir une autre guerre en Irak)
John Kasich s’est lui distingué en raison de sa position sur l’Iran Deal. Alors que plusieurs candidats se sont engagés à annuler cet accord en cas d’élection, Kasich a déclaré que ce serait irresponsable vis-à-vis des alliés européens qui sont également impliqués. Selon lui, l’accord est mauvais et il faut espérer qu’il ne soit pas ratifié par le Congrès. Mais si le Congrès le ratifie et que l’accord entre en vigueur (ce qui sera plus que vraisemblablement le cas), le prochain président ne pourra pas tout annuler unilatéralement. Par contre, il faudra surveiller de près l’Iran et si l’on s’aperçoit que le gouvernement iranien ne respecte pas les termes de l’accord, il faudra rétablir immédiatement des sanctions. Rand Paul a été dans le même sens que Kasich. À l’inverse, Mike Huckabee et Ted Cruz se sont montrés les plus alarmistes concernant cet accord. Huckabee allant jusqu’à dire que c’était la survie de la civilisation occidentale qui était en jeu !
- L’affaire Kim Davis et la liberté religieuse
Sans trop de surprise, c’est Mike Huckabee qui a été le plus loquace à se sujet. Tout comme Rick Santorum et Bobby Jindal lors du premier débat, il a estimé que l’on discriminait les chrétiens qui s’opposent au mariage homosexuel. Et comme à son habitude, il a fait une déclaration assez provocatrice :
We made accommodation to the Fort Hood shooter* to let him grow a beard. We made accommodations to the detainees at Gitmo. I’ve been to Gitmo, and I’ve seen the accommodations that we made to the Muslim detainees who killed Americans. You’re telling me that you cannot make an accommodation for an elected Democrat county clerk from Rowan County, Kentucky? What else is it other than the criminalization of her faith and the exaltation of the faith of everyone else who might be a Fort Hood shooter or a detainee at Gitmo? (Nous avons fait des arrangements pour que le tireur de Fort Hood puisse se laisser pousser la barbe. Nous avons fait des arrangements pour les détenus à Guantanamo. Je suis allé à Guantanamo, et j’ai vu les arrangements que nous avons fait pour les détenus musulmans qui ont tué des américains. Et vous me dites que vous ne pouvez pas trouver un arrangement pour une élue démocrate du comté de Rowan, Kentucky? Qu’est-ce d’autre que la criminalisation de sa foi et l’exaltation de la foi de tous les autres qui pourraient être un tireur de Fort Hood ou un détenu à Guantanamo?)
*Référence à Nidal Hasan, militaire américain d’origine palestinienne et de confession musulmane qui a tué treize de ses collègues dans la base militaire de Fort Hood (Texas) en 2009.
- Débat autour de la légalisation de la consommation de marijuana
La question de la légalisation de la consommation de marijuana (qui a déjà eu lieu dans plusieurs états comme le Colorado) a également été abordée. Rand Paul a été amené à donner son avis sur la question et a laissé apparaître une position typiquement libertarienne.
I personally think that this is a crime for which the only victim is the individual, and I think that America has to take a different attitude. (Je pense personnellement que c’est un crime [la consommation de marijuana] dont la seule victime est l’individu, et je pense que l’Amérique doit adopter une attitude différente)
Chris Christie a vivement critiqué Rand Paul pour cette déclaration :
If Senator Paul thinks that the only victim is the person, look at the decrease in productivity, look at the way people get used and move on to other drugs when they use marijuana as a gateway drug. It is not them that are the only victims. Their families are the victims too, their children are the victims too, and their employers are the victims also. (Si le sénateur Paul pense que la seule victime est la personne, qu’il regarde la baisse de productivité, qu’il regarde la façon dont les gens s’accoutument et passent à d’autres drogues après avoir utilisé la marijuana comme drogue de passage. Ce ne sont pas eux qui sont les seules victimes. Leurs familles sont également les victimes, leurs enfants sont également les victimes, et leurs employeurs sont aussi les victimes)
C’est pourquoi Christie dit s’opposer à la légalisation de toutes les drogues, même une drogue douce comme la marijuana.
Cette discussion autour de la marijuana a également donné lieu à l’un des moments les plus étranges et drôles du débat. Lors de son intervention, Rand Paul a en effet également dénoncé le fait que la plupart des personnes condamnées à des peines de prison pour consommation de drogue étaient des personnes issues de milieux défavorisés, souvent des afro-américains ou des hispaniques. Et que par contre, les enfants riches qui fumaient des joints ne risquaient pas grand-chose. Il a donc dénoncé une certaine hypocrisie de la part de certaines personnes qui adoptaient une position très dure vis-à-vis de la consommation de marijuana tout en ayant eux-mêmes consommé par le passé sans être inquiétés vu leur condition sociale. Rand Paul visait évidemment Jeb Bush, qui a déjà reconnu avoir consommé de la marijuana lorsqu’il était jeune. Presque tout le monde avait compris l’allusion mais Rand Paul n’avait pas expressément désigné le nom de Bush. Le journaliste Jake Tapper a alors demandé à Rand Paul s’il voulait bien identifier la personne qu’il venait de qualifier d’hypocrite afin qu’elle puisse lui répondre. Rand Paul a alors plaisanté en répondant qu’il faudrait peut-être plutôt poser la question à chacun des candidats présents, de telle manière à ce que l’on sache qui avait déjà fumé de la marijuana. La salle a éclaté de rire mais le journaliste a continué à insister. Rand Paul était apparemment embêté et ne semblait pas vouloir dire tout haut le nom de Bush. Jeb Bush a alors mis fin au malaise en intervenant :
He was talking about me. (Il parlait de moi)
So, 40 years ago, I smoked marijuana. And I admit it. I’m sure that other people might have done it and may not want to say it in front of 25 million people. My mom is not happy that I just did. (Donc, il y a 40 ans, j’ai fumé de la marijuana. Et je l’admets. Je suis certain que d’autres personnes ont pu le faire et ne veulent pas le dire devant 25 millions de téléspectateurs. Ma mère n’est pas heureuse que je vienne de le faire)
Nouveaux éclats de rire dans la salle. Bush a ensuite abordé le sujet plus sérieusement. Il a rappelé que le problème de la drogue aux Etats-Unis allait bien au-delà de la marijuana et que c’était un problème à prendre au sérieux. Il a ajouté être opposé à toute légalisation mais partisan du système des tribunaux de la drogue qui condamnent les personnes non violentes arrêtées pour consommation de drogue à se faire soigner plutôt qu’à une peine de prison. Il dit avoir d’ailleurs encouragé la mise en place de tels tribunaux en Floride lorsqu’il était gouverneur.
Mais Rand Paul ne semblait pas prêt à lâcher l’affaire :
PAUL : Under the current circumstances, kids who had privilege like you do don’t go to jail, but the poor kids in our inner cities go to jail. I don’t think that’s fair. And I think that we need to acknowledge it and it is hypocritical to still want to put poor people in jail. (Dans les circonstances actuelles, les enfants qui ont des privilèges comme toi ne vont pas en prison, mais les enfants pauvres de nos quartiers pauvres vont en prison. Je ne pense pas que cela soit juste. Et je pense que nous devons l’admettre et c’est hypocrite de continuer à vouloir mettre les gens pauvres en prison)
BUSH l’interrompt : I don’t want to put poor people in jail, Rand. (Je ne veux pas mettre les gens pauvres en prison, Rand)
Carly Fiorina s’est également prononcée sur la question de manière assez émouvante :
I very much hope that I am the only person on this stage who can say this, but I know there are millions of Americans out there who will say the same thing. My husband Frank and I buried a child to drug addiction. […] We are misleading young people when we tell them that marijuana is just like having a beer. It’s not. (J’espère vraiment être la seule personne sur cette scène à pouvoir dire cela, mais je sais qu’il y a des millions d’américains qui peuvent en dire autant. Mon mari Frank et moi avons enterré un enfant en raison de son addiction à la drogue. […] Nous induisons les jeunes en erreur lorsque nous leur disons que consommer de la marijuana revient à boire une bière. Cela n’est pas le cas)*
*L’une des filles du mari de Carly Fiorina, née de son précédent mariage, mais que Fiorina a largement contribué à éduquer, est en effet morte en 2009 alors qu’elle luttait depuis des années contre son alcoolisme et son addiction à la drogue. Elle avait fait trois cures de désintoxication. Elle n’avait que 34 ans.
- Polémique sur les vaccins et l’autisme
Donald Trump a été interrogé au sujet de ses déclarations répétées faisant un lien entre les vaccins donnés aux enfants et le développement de l’autisme, alors même que de plus en plus de parents refusent de faire vacciner leurs enfants ces dernières années. Trump a confirmé qu’il pensait que les vaccins donnés aux enfants étaient administrés en trop grande quantité et trop rapidement et que cela rendait certains enfants autistes. Il a même déclaré qu’il en avait encore eu l’exemple récemment. L’enfant d’un de ses employés, âgé de deux ans et demi, aurait été vacciné. Il aurait été très malade une semaine après et serait devenu autiste depuis. Il déclare que cela s’explique par le fait que la dose de vaccins administrée en une fois serait trop élevée. Il dit être favorable à la vaccination mais par petites doses sur une longue période de temps.
Les journalistes ont demandé à Ben Carson, qui est médecin, si les affirmations de Trump étaient fondées. Celui-ci a démenti tout lien entre vaccination et autisme. Il a expliqué que c’était une croyance qui s’était répandue il y a 15-20 ans mais que plusieurs études avaient été réalisées et qu’aucune n’avait jamais démontré aucun lien entre les vaccins et l’autisme.
- Quelle femme sur le billet de 10$ ?
Les journalistes ont profité de la dernière partie du débat pour poser deux questions plus « légères » aux candidats (questions qui avaient été proposées par des internautes via les réseaux sociaux). La première consistait à leur demander quelle femme ils aimeraient voir figurer sur le billet de 10$. Le Département du Trésor américain a en effet annoncé récemment que le billet de 10$ serait bientôt remplacé et que pour la première fois, ce serait une femme qui serait choisie pour y figurer. Voici les propositions des différents candidats :
PAUL : Susan B. Anthony (féministe très connue aux Etats-Unis et ayant largement contribué à l’instauration du droit de vote pour les femmes)
HUCKABEE : Ma femme
RUBIO : Rosa Parks (figure emblématique de la lutte contre la ségrégation raciale)
CRUZ : Rosa Parks mais il a ajouté qu’il aurait plutôt laissé Alexander Hamilton, l’un des pères fondateurs, sur le billet de 10$ et changé le billet de 20$ (sur lequel figure actuellement le président Jackson)
CARSON : Ma mère
TRUMP : Il plaisante d’abord en disant qu’il y mettrait sa fille Ivanka qui le mériterait pour être assise dans la salle depuis 3h puis il ajoute plus sérieusement que l’idée Rosa Parks lui plaît.
BUSH : Margaret Thatcher, même si ce n’est probablement pas une proposition réalisable étant donné qu’elle n’est pas américaine.
WALKER : Clara Barton (fondatrice de la Croix Rouge américaine)
FIORINA : « I wouldn’t change the $10 bill, or the $20 bill. I think, honestly, it’s a gesture. I don’t think it helps to change our history. What I would think is that we ought to recognize that women are not a special interest group. Women are the majority of this nation. We are half the potential of this nation, and this nation will be better off when every woman has the opportunity to live the life she chooses » (Je ne changerais ni le billet de 10$, ni le billet de 20$. Honnêtement, je pense que c’est juste un geste. Je ne pense pas que cela aide à changer notre histoire. Ce que je pense est que nous devrions reconnaître que les femmes ne sont pas un groupe d’intérêt particulier. Les femmes sont la majorité de cette nation. Nous sommes la moitié du potentiel de cette nation, et cette nation sera meilleure quand chaque femme aura l’opportunité de vivre la vie qu’elle a choisie)
KASICH : Mère Teresa
CHRISTIE : Abigail Adams (épouse du président John Adams)
- Un nom de code pour les services secrets
On a également demandé aux candidats de choisir le nom de code qu’ils aimeraient que les services secrets leur attribuent. Le président des Etats-Unis et sa femme ont en effet tous deux un nom de code que les services secrets sont les seuls à connaître. Voici les propositions des différents candidats :
CHRISTIE : True Heart
KASICH : Unit One pour ma femme et Unit Two pour moi
FIORINA : Secretariat
WALKER : Harley (parce qu’il est amoureux des Harley-Davidson)
BUSH : « Ever Ready. It’s very high energy, Donald »
La salle a éclaté de rire et Trump, bon joueur, a tendu sa main vers Bush qui a tapé dedans. Après leurs nombreux affrontements de la soirée, les deux candidats se sont donc semble-t-il quittés bons amis.
C’était ensuite au tour de Trump de donner son nom de code. Il a proposé Humble, ce qui a à nouveau déclenché des rires dans la salle ainsi que le commentaire suivant de Bush : That’s a good one !
CARSON : One Nation
CRUZ : Cohiba en hommage à ses origines cubaines. Il a aussi ajouté qu’il choisirait Angel pour sa femme.
RUBIO : Gator (référence aux Gators, l’équipe universitaire de football américain dont il est un grand supporter)
HUCKABEE : Duck Hunter
PAUL : Justice Never Sleeps
- La déclaration la plus incompréhensible de la soirée
Le prix de la déclaration la plus incompréhensible de la soirée revient à Mike Huckabee :
The next president is primarily elected not just to know things, but to know what to do with the things that he knows. And the most dangerous person in any room is the person who doesn’t know what he doesn’t know. (Le prochain président est principalement élu pas seulement parce qu’il connaît des choses, mais pour savoir quoi faire avec les choses qu’il connaît. Et la personne la plus dangereuse dans une pièce est la personne qui ne sait pas ce qu’il ne sait pas)
- Les tweets de Bernie Sanders
Mention spéciale à Bernie Sanders qui a une nouvelle fois commenté le débat républicain de manière ironique en direct sur Twitter. Voici nos trois tweets préférés du candidat démocrate :



L’APRÈS-DÉBAT
Au lendemain du débat, nous avons appris que ce dernier avait réuni 23 millions de téléspectateurs. Soit la meilleure audience de toute son histoire pour CNN ! C’est toutefois un million de téléspectateurs de moins que le premier débat sur Fox News. Fidèle à lui-même, Donald Trump s’est rapidement attribué ce succès dans un tweet.

Nous avons aussi appris que le tweet ayant été le plus partagé durant le débat et dans les heures qui ont suivi était ce tweet de Jeb Bush, publié après qu’il ait avoué avoir fumé de la marijuana.

Le tweet a déjà été partagé plus de 29,000 fois !
Quelques statistiques intéressantes ont également été rendues publiques après le débat. Voici le temps de parole qu’ont eu les différents candidats :

Et une représentation des attaques verbales entre candidats :

Ce sont Jeb Bush et Donald Trump qui se sont le plus affrontés comme en témoigne le gros X au milieu du graphique. La personne qui a le plus attaqué Trump après Jeb Bush est Carly Fiorina.
Le prochain débat entre candidats républicains aura lieu le 28 octobre à l’Université du Colorado. Il sera diffusé sur CNBC. Auparavant, le 13 octobre, aura lieu le premier débat entre candidats démocrates (organisé par CNN).