La fin de la campagne présidentielle de Scott Walker, l’affaire Ahmed Mohamed et la vague Bernie Sanders sont au menu du Weekly News Flash cette semaine.
L’ÉVÉNEMENT DE LA SEMAINE
L’événement de la semaine dernière, c’était bien évidemment le débat entre candidats républicains diffusé sur CNN. Vous pouvez en lire un compte-rendu complet ici.
LE SONDAGE DE LA SEMAINE
Quatre jours après que le débat ait eu lieu, un nouveau sondage réalisé par CNN et concernant les intentions de vote aux primaires républicaines a été rendu public. En voici le résultat :
- Donald Trump 24%
- Carly Fiorina 15%
- Ben Carson 14%
- Marco Rubio 11%
- Jeb Bush 9%
- Ted Cruz & Mike Huckabee 6%
- Rand Paul 4%
- Chris Christie 3%
- John Kasich 2%
- Rick Santorum 1%
Les cinq autres candidats (Scott Walker, Lindsey Graham, Bobby Jindal, George Pataki et Jim Gilmore) ne reçoivent même pas 1% des intentions de vote.
Quels enseignements peut-on tirer de ce premier sondage post-débat?
1 – Les deux grands vainqueurs du débat sont Carly Fiorina et Marco Rubio. Fiorina passe en effet de 3% à 15% en termes d’intentions de vote et occupe désormais la deuxième place du classement derrière Donald Trump. La seule femme candidate côté républicain, à qui personne ne donnait guère de chances lorsqu’elle avait annoncé sa candidature, ne cesse d’impressionner. Marco Rubio fait à peine moins bien puisqu’il passe de 3% à 11% en termes d’intentions de vote et occupe désormais la quatrième place du classement.
2 – Jeb Bush et Chris Christie avaient été considérés « à chaud » par la plupart des observateurs comme les auteurs des meilleures performances lors du débat, aux côtés de Carly Fiorina et de Marco Rubio. Mais leur pourcentage d’intentions de vote reste sensiblement le même qu’avant le débat. Pour Bush, considéré comme le grand favori, cela se traduit par un recul à la cinquième place du classement.
3 – Il est intéressant de remarquer que les trois premières places du classement sont désormais occupées par trois outsiders n’ayant aucune expérience politique (Trump, Fiorina et Carson). À eux trois, ils rassemblent plus de la moitié des intentions de vote des électeurs républicains (53%).
4 – Donald Trump fait toujours la course en tête mais il chute de 32% à 24% en termes d’intentions de vote. On peut donc estimer qu’il est l’un des perdants du débat. Reste à voir si cette chute va se poursuivre dans les semaines à venir…
5 – Le plus grand perdant du débat est Scott Walker. Le gouverneur du Wisconsin, considéré comme l’un des favoris à l’investiture au début de l’été et encore n°3 derrière Trump et Bush au moment du premier débat, n’est désormais même plus crédité d’1% des intentions de vote. Le lendemain de la publication du sondage, il a d’ailleurs annoncé qu’il se retirait de la course à la Maison Blanche !
L’ABANDON DE LA SEMAINE
Après Rick Perry, Scott Walker est le deuxième candidat républicain à renoncer à la course à l’investiture. Mais son abandon aussi longtemps avant le début des primaires est bien plus surprenant que celui de l’ex-gouverneur du Texas. En effet, Walker était considéré comme l’un des favoris et était encore bien placé dans les sondages (à la troisième place) avant que le premier débat télévisé n’ait lieu. Suite à une mauvaise performance lors de ce premier débat, il avait commencé à baisser dans les sondages et à avoir plus de mal à récolter des fonds pour sa campagne. Sa nouvelle mauvaise performance lors du second débat et le nouveau sondage de CNN ne le créditant même plus d’1% des intentions de vote ont mis définitivement fin à ses espoirs.
Dans un communiqué publié sur son compte Facebook, Walker regrette la tournure qu’ont pris les débats républicains, dominés par les attaques personnelles plutôt que par un véritable débat d’idées :
Sadly, the debate taking place in the Republican party today is not focused on that optimistic view of America. Instead, it has drifted into personal attacks. In the end, I believe that voters want to be for something and not against someone. Instead of talking about how bad things are, we want to hear about how we can make them better for everyone. (Malheureusement, le débat qui a lieu au sein de Parti Républicain aujourd’hui n’est pas focalisé sur cette vision optimiste de l’Amérique. À la place, il a dérivé vers des attaques personnelles. Au final, je crois que les électeurs veulent être pour quelque chose et pas contre quelqu’un. Au lieu de s’entendre dire à quel point les choses vont mal, on veut entendre comment nous pouvons les rendre meilleures pour tout le monde)
Il ajoute retirer sa candidature en espérant que cela aide à faire émerger un message positif qui puisse s’imposer à la tête du parti. Il incite même d’autres candidats à faire de même afin de réduire le nombre d’adversaires face à Donald Trump !
I encourage other Republican presidential candidates to consider doing the same so the voters can focus on a limited number of candidates who can offer a positive conservative alternative to the current frontrunner. This is fundamentally important to the future of the party and – ultimately – to the future of our country. (J’encourage d’autres candidats républicains à envisager de faire la même chose afin que les électeurs puissent se concentrer sur un nombre limité de candidats qui peuvent offrir une alternative conservatrice positive face à l’actuel favori. Ceci est fondamentalement important pour le futur de notre parti et – finalement – pour le futur de notre pays)
Si l’idée de Walker n’est peut-être pas mauvaise en soi, on a tout de même du mal à croire que c’est cette considération qui l’ait poussé à mettre un terme à sa campagne. S’il avait continué à récolter des fonds suffisants et à avoir de bons scores dans les sondages, pas sûr qu’il se serait sacrifié de la sorte…
VAGUE D’ISLAMOPHOBIE ?
Un événement a fait grand bruit cette semaine. Il s’agit de l’arrestation par la police d’Ahmed Mohamed, un jeune garçon de 14 ans. L’histoire se déroule dans la petite ville d’Irving, au Texas. Ahmed, passionné par les sciences et la technologie, décide d’apporter à l’école une horloge qu’il a fabriquée à son domicile. L’un de ses professeurs, croyant qu’il pourrait s’agir d’une bombe, contacte la police. Celle-ci arrête l’enfant et le conduit dans un centre de détention pour mineurs où ses parents viendront ensuite le récupérer après que tout soupçon ait été écarté. L’affaire a immédiatement suscité une vague d’indignation, notamment sur Twitter où le hashtag #IStandWithAhmed (Je soutiens Ahmed) a rapidement fait son apparition. Même le Président Obama a publié un tweet à ce sujet, invitant Ahmed à la Maison Blanche. Tweet qui a été partagé plus de 400,000 fois !

Lors d’une conférence de presse, le jeune Ahmed a confirmé qu’il se rendrait bien à la Maison Blanche et qu’il avait également l’intention de changer d’école. La police d’Irving s’est quant à elle défendue d’avoir arrêté trop rapidement Ahmed en raison de son apparence physique ou de son nom pouvant laisser penser qu’il était musulman. Mais de nombreux américains semblent convaincus du contraire et pensent qu’un écolier blanc prénommé Marvin qui aurait apporté une horloge de ce type à l’école n’aurait pas été victime du même traitement. Bref, le débat autour d’une éventuelle vague d’islamophobie aux Etats-Unis était lancé.
Les candidats républicains à la présidence Donald Trump et Ben Carson sont rapidement venus apporter leur pierre à l’édifice.
Lors d’un meeting dans le New Hampshire, Donald Trump a été interpellé par l’un de ses supporters qui a déclaré :
We have a problem in this country, it’s called Muslims. We know our current president is one*. You know he’s not even an American. (Nous avons un problème dans ce pays, les musulmans. Nous savons que notre président actuel en est un. Vous savez qu’il n’est même pas américain)
*L’idée que Barack Obama serait musulman est encore partagée par 29% des américains selon un récent sondage CNN
Au lieu de contredire cet homme, Trump a vaguement répondu que beaucoup de personnes disaient cela et qu’il considérerait la question. Il a rapidement été très critiqué pour sa réaction, ou plutôt pour son absence de réaction. Ce qui l’a d’ailleurs lui-même étonné :

Certains ont rappelé que lors de sa campagne présidentielle en 2008, le candidat républicain John McCain avait été victime d’un incident similaire et que contrairement à Trump, il avait condamné les propos de son interlocutrice. Lors d’une séance de questions/réponses, une femme avait déclaré avoir peur d’Obama parce que c’était un « arabe ». McCain lui avait aussitôt retiré le micro des mains et avait déclaré « Non, Madame ». Il avait ensuite ajouté qu’Obama était un citoyen avec lequel il avait des désaccords politiques et que c’était de cela qu’il fallait parler. Il avait ensuite donné la parole à quelqu’un d’autre.
Trump s’est d’abord justifié sur son compte Twitter :


L’homme d’affaires a ensuite eu une nouvelle occasion de condamner les propos de son supporter lors d’une interview sur CNN quelques jours plus tard mais il a refusé de le faire, estimant qu’il serait faux de dire que les Etats-Unis n’avaient aucun problème avec l’Islam.
It wasn’t people from Sweden that blew up the World Trade Center. (Ce ne sont pas des gens de Suède qui ont fait sauté le World Trade Center)
Comment les autres candidats républicains ont-ils réagi à cette nouvelle « affaire Trump »? Rick Santorum a refusé de condamner l’attitude de Donald Trump. Il a ajouté que lui-même ne condamnerait jamais les propos d’une personne lui posant une question car les Etats-Unis sont un pays libre où tout le monde a le droit d’exprimer son opinion. Ted Cruz a également une fois de plus refusé de critiquer Trump, ajoutant que tout ceci n’était qu’une tentative de la presse de déclencher des attaques entre candidats et qu’il préférait se concentrer sur sa propre campagne. À l’inverse, Lindsey Graham, Chris Christie et Jeb Bush ont critiqué Trump, estimant qu’il aurait dû condamner les propos de son interlocuteur et rétablir la vérité sur Barack Obama.
Enfin, Ben Carson a également été invité à s’exprimer sur le sujet. Il a d’abord affirmé qu’il n’avait personnellement aucun doute sur le fait qu’Obama soit né aux Etats-Unis et soit chrétien. Mais interrogé ensuite sur l’Islam, il a affirmé qu’il pensait qu’il s’agissait d’une religion qui n’était pas compatible avec les valeurs de la Constitution américaine et qu’il était par conséquent défavorable à l’idée d’élire un jour un président musulman. Propos qui ont déclenché un nouveau tollé.
LE TWEET DE LA SEMAINE
Le tweet de la semaine fait directement écho à toute cette polémique autour des propos de Donald Trump et de Ben Carson. On le doit à l’ex-candidat républicain à la Maison Blanche Mitt Romney.

LA VAGUE BERNIE SANDERS
Côté démocrate, Bernie Sanders continue à faire beaucoup parler de lui. Celui qui défend des positions socialistes (couverture médicale universelle, enseignement universitaire gratuit, augmentation des taxes sur les milliardaires etc.) et qui espère déclencher une « révolution politique » dans le pays est, avec Donald Trump, l’autre star de ce début de campagne. Bernie Sanders n’est bien évidemment pas Donald Trump. Il n’est pas milliardaire, il a une longue carrière politique derrière lui et il ne passe pas son temps à insulter ses adversaires. Mais ils ont un énorme point en commun : on ne s’attendait pas à ce que leur campagne rencontre un tel succès, or ils attirent les foules à chacun de leurs meetings. C’est donc tout naturellement qu’après avoir consacré sa Une à Donald Trump il y a quelques semaines, le magazine TIME a décidé d’en faire autant avec Bernie Sanders.
Et cette semaine, Bernie Sanders a aussi publié sur son site web une liste de plus de 100 personnalités soutenant officiellement sa candidature. On y retrouve notamment les noms de l’actrice Susan Sarandon, des acteurs Will Ferrell et Mark Ruffalo ou du co-fondateur d’Apple Steve Wozniak. Shepard Fairey, l’artiste qui avait créé le fameux poster Hope pour la campagne présidentielle d’Obama en 2008, en fait également partie. Pour ceux que cela intéresse, l’entièreté de la liste est consultable ici : bernie.to/Artists
L’ANECDOTE DE LA SEMAINE
Enfin, terminons par une petite anecdote pas très utile. Un membre de l’équipe de campagne de Rand Paul a déclaré avoir été frappé au visage dans un bar par un membre de l’équipe de campagne de Marco Rubio. Les deux candidats républicains n’ont pour le moment pas tenu à commenter l’incident.