Cette semaine, la visite du pape François et la démission de John Boehner sont parvenues à reléguer la campagne électorale pour l’élection présidentielle de 2016 au second plan de l’actualité politique. Tour d’horizon.
L’ÉVÉNEMENT DE LA SEMAINE
L’événement de la semaine, c’était la visite du pape François. Il s’agissait de la toute première visite du souverain pontife argentin aux Etats-Unis. Elle a duré six jours et a emmené François dans trois villes différentes : Washington, New York et Philadelphie.
Après avoir fait escale à Cuba, où il a notamment rencontré Fidel Castro, le pape a d’abord atterri à Washington. Il a été accueilli à sa descente d’avion par le président Obama, sa femme Michelle et leurs deux filles.

Une réception de bienvenue était ensuite organisée à la Maison Blanche. Un évêque épiscopalien ouvertement gay ainsi que des activistes de la cause transsexuelle étaient présents parmi les invités à cette réception, ce qui a suscité la colère de certains membres de l’église catholique ainsi que du candidat républicain à la présidence Mike Huckabee. Celui-ci a violemment critiqué Barack Obama, estimant qu’il s’agissait là d’une insulte faite au pape et à tous les catholiques américains.
Après avoir été reçu à la Maison Blanche, le pape a également profité de son séjour dans la capitale américaine pour prononcer un discours devant un Congrès américain plein à craquer.

Les députés de la Chambre des Représentants et du Sénat étaient réunis pour l’occasion. Le vice-président des Etats-Unis Joe Biden était également présent, ainsi que quatre des neuf juges de la Cour Suprême. La déclaration qui semble avoir suscité le plus de réactions est l’appel du pape à l’abolition de la peine de mort. Après avoir rappelé que toute vie humaine était sacrée et que l’on avait une responsabilité de « protéger et défendre la vie humaine à chaque étape de son développement » (et donc de s’opposer à l’avortement), il a ajouté que cette responsabilité s’appliquait aussi vis-à-vis des criminels. Le pape a également tenu à rappeler la nécessité de tolérance vis-à-vis des immigrants. Difficile de ne pas y voir une réaction à la popularité acquise par Donald Trump malgré ses propos controversés concernant les immigrants mexicains.
In recent centuries, millions of people came to this land to pursue their dream of building a future in freedom. We, the people of this continent, are not fearful of foreigners, because most of us were once foreigners. (Ces derniers siècles, des millions de personnes sont venues dans ce pays pour poursuivre leur rêve de construire un futur en liberté. Nous, les habitants de ce continent, n’avons pas peur des étrangers, car la plupart d’entre nous ont un jour été étrangers)
Enfin, le souverain pontife a appelé à renforcer la lutte contre la pauvreté et à prendre des mesures concrètes pour lutter contre le changement climatique.

Le pape s’est ensuite rendu à New York où il a prononcé un nouveau discours devant l’assemblée générale des Nations Unies. Il a également visité le mémorial des attentats du 11 septembre, célébré une messe géante au Madison Square Garden et défilé dans Central Park. Enfin, à Philadelphie, il a rencontré des détenus américains dans un établissement pénitentiaire ainsi que des victimes d’abus sexuels perpétrés par des prêtres catholiques pédophiles.
Cette visite du pape est aussi l’occasion de se pencher sur quelques chiffres concernant les catholiques et la politique aux Etats-Unis. On estime aujourd’hui que 21% des américains sont catholiques mais 31% des députés au Congrès le sont (32% des députés à la Chambre et 26% des sénateurs).

D’autre part, sept candidats à la présidence (sur 21) sont catholiques. Il s’agit des républicains Jeb Bush, Marco Rubio, Chris Christie, Rick Santorum, Bobby Jindal, George Pataki et du démocrate Martin O’Malley.

L’un d’eux sera-t-il le prochain président? Si c’était le cas, ce ne serait que le deuxième président catholique dans l’histoire des Etats-Unis puisqu’à ce jour, John F. Kennedy reste le seul catholique à avoir été élu à la Maison Blanche.
LA DÉMISSION DE LA SEMAINE
Le speaker* républicain de la Chambre des Représentants John Boehner a annoncé qu’il quitterait ses fonctions à la fin du mois d’octobre.
*La Chambre des Représentants est présidée par un speaker. Celui-ci est traditionnellement lui-même député à la Chambre et est élu à ce poste par ses pairs. Le speaker dirige les débats et est le représentant de la Chambre dans les discussions avec le Sénat et avec le Président des Etats-Unis.
Boehner occupait ce poste depuis janvier 2011. Sa démission met en évidence les tensions traversant actuellement le Parti Républicain. En effet, alors que de plus en plus d’électeurs républicains semblent insatisfaits de la manière dont leurs élus les représentent à Washington, les membres du parti sont divisés sur la stratégie à adopter au Congrès. Certains estiment que les élus républicains ne se battent pas suffisamment pour défendre les valeurs conservatrices. Ils en veulent pour preuve que malgré que leur parti soit majoritaire au Congrès, Barack Obama ait réussi à faire passer de nombreuses réformes jugées libérales telles que l’Obamacare. Face à eux, une autre aile du parti estime que la politique à Washington nécessite le dialogue et le compromis avec les Démocrates. John Boehner faisait partie de ce camp plus « modéré », ce qui fait dire à certains observateurs qu’avec sa démission, l’aile la plus conservatrice du Parti Républicain a remporté une bataille importante.
LE NOM DE LA SEMAINE
Bei Bei. C’est le nom donné au bébé panda né au zoo de Washington le mois dernier. Le nom a été révélé conjointement par la First Lady Michelle Obama et la femme du président chinois Xi Jinping, qui se sont déplacées au jardin zoologique pour l’occasion. Tout ceci intervenait alors que le couple présidentiel chinois effectuait une visite d’état aux Etats-Unis. Cette visite est passée relativement inaperçue vu l’attention portée à celle du pape François. Un dîner d’état a eu lieu à la Maison Blanche. Les deux présidents ont évoqué les différents sujets de tension entre les deux pays mais sans prendre aucune décision majeure.

LA PRISE DE POSITION DE LA SEMAINE
Cette semaine, Hillary Clinton a déclaré qu’elle était opposée à la construction du Keystone XL, un projet d’extension du Keystone Pipeline*.

*Le Keystone Pipeline est un oléoduc reliant le Canada à l’Illinois et à l’Oklahoma, fonctionnel depuis 2011. Keystone XL désigne quant à lui un projet d’extension qui a été proposé par la firme TransCanada (qui exploite l’oléoduc) en 2008. Une partie du projet, rejoignant le Texas, a déjà été construite et mise en service en 2014. Mais la construction d’un dernier tronçon (qui devrait relier le Canada au Nebraska en passant par le Montana et le Dakota du Sud) n’a toujours pas débuté. En effet, ce projet est très critiqué par les associations de défense de l’environnement. En février 2015, le Congrès à majorité républicaine avait voté en faveur du démarrage des travaux mais le président Obama y a opposé son veto.
Cela faisait des mois que l’on attendait que Clinton donne son avis sur le sujet. Elle avait en effet jusqu’ici refusé de prendre position. C’est enfin chose faite après mûre réflexion. Les autres candidats à l’investiture démocrate, à l’exception de Jim Webb, sont également opposés à la construction de cet oléoduc. Mais Martin O’Malley a critiqué Clinton en laissant sous-entendre qu’elle avait finalement choisi de s’opposer au projet afin de s’aligner sur l’opinion majoritaire des sympathisants démocrates plutôt que par véritable conviction personnelle. Ce n’est pas la première fois qu’O’Malley critique Clinton. Il avait déjà laissé entendre qu’elle s’était transformée en une grande supportrice du mariage homosexuel seulement depuis que l’opinion publique y était majoritairement favorable, alors qu’elle lui préférait les unions civiles lors de sa campagne de 2008. O’Malley critique également la direction de son parti qui a, selon lui, décidé d’organiser trop peu de débats entre les candidats. Il a laissé sous-entendre que cela pouvait être un moyen de favoriser Hillary Clinton.
LA PHRASE DE LA SEMAINE
Our message is one of hope and aspiration. It isn’t one of division and « Get in line and we’ll take care of you with free stuff ». (Notre message est un message d’espoir et d’aspiration. Ce n’est pas un message de division et de « Faites la queue et nous prendrons soin de vous avec des choses gratuites »)
On doit cette déclaration à Jeb Bush lors d’une réunion politique en Caroline du Sud. Le candidat à l’investiture républicaine s’exprimait sur le succès du Parti Démocrate auprès de l’électorat afro-américain. Ses propos ont rapidement été jugés stigmatisants pour la communauté afro-américaine. De quoi parler de gaffe?
LA QUERELLE DE LA SEMAINE
Donald Trump a encore fait parler de lui en attaquant l’un de ses adversaires aux primaires républicaines. Sa nouvelle cible? Marco Rubio, qui avait récemment reproché au milliardaire son manque de connaissances en matière de politique étrangère. Lors d’une interview sur CNN, Trump a déclaré que Rubio était « comme un enfant » et qu’il ne devrait pas être candidat à la présidence. Il a ajouté :
Marco Rubio sits behind a desk sometimes and he reads stuff […] I create jobs all day long. (Marco Rubio s’assied parfois derrière un bureau et il lit des choses […] Je crée des emplois toute la journée)
Comme à son habitude, Trump a également publié plusieurs tweets peu élogieux à l’égard de son adversaire. Celui-ci par exemple :

Notons également que Trump a annoncé cette semaine qu’il boycotterait dorénavant la chaîne Fox News, qui n’est d’après lui pas objective à son égard.

LA (PETITE) POLÉMIQUE DE LA SEMAINE
La présidente du Parti Démocrate, Debbie Wasserman Schultz, a critiqué le candidat républicain Marco Rubio pour l’organisation d’une récolte de fonds pour sa campagne au domicile d’Harlan Cow. Ce dernier est un homme d’affaires texan (actif dans le secteur de l’immobilier) et un fidèle soutien du Parti Républicain. Il a par le passé contribué financièrement aux campagnes électorales de George Bush, George W. Bush, John McCain et Mitt Romney. Mais Harlan Cow est aussi un collectionneur d’objets historiques. Sa bibliothèque comprend par exemple les premières éditions d’ouvrages de Benjamin Franklin et d’Isaac Newton. Il est aussi le propriétaire d’oeuvres de Renoir ou Monet, d’objets ayant appartenu à Abraham Lincoln etc. Le problème pour Schultz est que plusieurs objets liés à Adolf Hitler font également partie de sa collection, dont un exemplaire signé de Mein Kampf. Schultz, de confession juive, a ajouté qu’il était d’autant plus scandaleux que Rubio organise cet événement au domicile de Cow à quelques jours de la fête juive de Yom Kippour. Cette polémique était-elle fondée? Chacun jugera mais en tout cas, Cow se défend d’être un admirateur d’Hitler ou de quelconque dictature mais vouloir seulement conserver des objets historiques. Il possède d’ailleurs également des bustes de Staline, Tito et Ceaucescu. Rubio s’est quant à lui déclaré outré par les accusations portées à son encontre par Schultz, ajoutant que quiconque rencontrerait Cow pendant ne fut-ce que deux secondes se rendrait compte qu’il n’est pas un sympathisant du nazisme.
LA CHANSON DE LA SEMAINE
La candidate républicaine Carly Fiorina, de plus en plus populaire, a participé cette semaine au Tonight Show de Jimmy Fallon (l’un des talk-shows les plus populaires aux Etats-Unis).

Elle y a notamment entonné une chanson qu’elle a l’habitude de chanter à son chien Snickers. Vous pouvez cliquer ici si vous avez envie d’entendre cela (vidéo publiée par Fiorina sur son compte Twitter).
LE TWEET DE LA SEMAINE
Enfin, terminons par le tweet de la semaine, que nous devons à Mike Huckabee.
