Voici le dixième Weekly News Flash (et oui, déjà) ! On y parle notamment de Rand Paul, de Donald Trump et de gros sous. Enjoy !
L’ÉVÉNEMENT DE LA SEMAINE
L’événement de la semaine, c’était évidemment le premier débat démocrate. Il a eu lieu mardi 13 septembre à Las Vegas. Vous pouvez en lire le compte-rendu ici.
LE CANDIDAT DE LA SEMAINE
Rand Paul a beaucoup fait parler de lui cette semaine, et ce pour deux raisons.
1. #RandLive, une expérience inédite
Jamais à court d’idées nouvelles, Rand Paul avait décidé de se filmer durant 24 heures d’affilée et de diffuser la vidéo en direct et en streaming sur son site web ! On a donc pu suivre tous les faits et gestes du candidat républicain, en campagne dans l’Iowa, pendant une journée entière – ou presque, puisque le streaming a quand même connu quelques interruptions. L’équipe de campagne de Rand Paul a justifié ces interruptions (qui n’avaient pas été annoncées au départ et qui ont duré une vingtaine de minutes en moyenne) en disant que le candidat avait eu besoin de faire quelques pauses, ne fut-ce que pour se rendre aux toilettes. Et oui, pas facile d’être filmé non-stop pendant 24 heures ! C’était en tout cas la première fois qu’un candidat à la présidence tentait une telle expérience. L’objectif principal de Rand Paul était d’attirer l’attention des jeunes électeurs qui, d’après lui, ne s’informent presque plus que par Internet. Il n’a jamais caché qu’il pensait que son message (notamment son opposition à une politique étrangère interventionniste et sa lutte contre les écoutes de la NSA) pouvait résonner auprès des plus jeunes et qu’il espérait réaliser un bon score auprès de cet électorat.
Qu’a-t-on appris de ces 24 heures avec Rand Paul? À vrai dire, pas grand-chose de nouveau au niveau politique. On l’a essentiellement vu répéter le message qui est le sien depuis le début de la campagne lors de plusieurs rassemblements. On a aussi pu constater que dans la voiture qui le menait d’un meeting à l’autre, il écoutait principalement de la musique rock et même Metallica. Il a d’ailleurs plaisanté en disant que s’il était élu président, il faudrait installer une nouvelle sono à la Maison Blanche.
Mais l’épisode qui a le plus retenu l’attention fut le suivant. Rand Paul avait décidé de profiter d’un peu de temps libre pour répondre face caméra à des questions posées par les internautes sur Twitter. L’une des questions était de savoir s’il était toujours candidat à la présidence. Paul a répondu :
I don’t know, I wouldn’t be doing this dumbass livestreaming if I weren’t. Yes, I still am running for president. (Je ne sais pas, je ne serais pas en train de faire ce livestreaming débile si je ne l’étais pas. Oui, je suis toujours candidat à la présidence)
Ce qu’il n’avait sans doute pas prévu, c’est que les médias allaient s’emparer de cette petite phrase et en retenir que Rand Paul avait lui-même qualifié son expérience inédite de « débile ». Lui a bien sûr affirmé qu’il s’agissait de sarcasme et qu’il ne fallait pas prendre son commentaire au premier degré. Et pour prouver qu’il ne manque pas d’auto-dérision (et qu’il a le sens des affaires), il mettait en vente dès le lendemain sur son site web un t-shirt portant l’inscription I watched Rand Paul’s livestream and all I got was this dumbass teeshirt (J’ai regardé le livestream de Rand Paul et tout ce que j’ai obtenu est ce teeshirt débile).
Plus sérieusement, Rand Paul et son équipe de campagne semblent de plus en plus agacés par le fait que les médias s’interrogent sur la viabilité de sa campagne. Ils ont ainsi publié un communiqué assurant que, contrairement à ce que prétendaient de nombreux journalistes, la campagne du sénateur du Kentucky se portait bien et qu’il n’avait nullement l’intention de se retirer prochainement de la course à l’investiture.
2. Une prise de position controversée
Le lendemain de son livestream, Rand Paul s’exprimait devant des étudiants à la Drake University. Il s’y est déclaré opposé à un renforcement de la législation qui permettrait aux personnes homosexuelles d’intenter un procès à un employeur qui les aurait licenciées en raison de leur orientation sexuelle. Il a avancé deux arguments :
- La sexualité d’une personne relève de sa vie privée et ne devrait pas être un sujet de conversation ou de revendication sur le lieu de travail. D’après lui, un patron ne devrait idéalement même pas connaître l’orientation sexuelle de ses employés. Il avait déjà laissé entendre la même opinion il y a quelques mois, déclarant qu’il ne comprenait pas le besoin actuel qu’ont les gens de parler sans cesse de leur vie sexuelle et de l’étaler en public. Mais pour les associations de défense LGBT, cet argument est très contestable car il revient à encourager les personnes homosexuelles à cacher leur orientation comme si c’était quelque chose de honteux.
- Une telle législation ferait des personnes homosexuelles une catégorie à part, incitée à porter plainte contre un ex-employeur au moindre licenciement. Or comment savoir si la personne a véritablement été licenciée en raison de son orientation sexuelle ou pour une autre raison?
Paul a même ajouté :
I think society is rapidly changing, and if you are gay, there are plenty of places that will probably hire you. (Je pense que la société est en train de changer rapidement, et si vous êtes gay, il y a plein d’endroits où vous pourrez probablement être engagés)
Ces propos ont déclenché de nombreuses réactions hostiles, notamment celle d’Hillary Clinton. Interrogé plus tard sur CNN, Paul a réitéré ses arguments contre toute nouvelle législation tout en assurant qu’il ne trouvait pas pour autant normal de licencier une personne en raison de son homosexualité.
3. Puisque l’on parle de Rand Paul, sachez aussi qu’il joue plutôt bien au bowling (cliquez ici pour voir la vidéo sur Twitter).
LA DÉCLARATION DE LA SEMAINE
When you talk about George Bush, I mean, say what you want, the World Trade Center came down during his time. (Quand vous parlez de George Bush, je veux dire, vous pouvez dire ce que vous voulez, le World Trade Center s’est écroulé durant sa présidence)
Déclaration de Donald Trump lors d’une interview accordée à Bloomberg TV. La journaliste qui l’interrogeait lui a objecté qu’il semblait difficile de tenir Bush pour responsable des attentats du 11 septembre. Ce à quoi Trump a répliqué :
He was president, OK? Blame him or don’t blame him, but he was president. The World Trade Center came down during his reign. (Il était président, OK? Tenez-le pour responsable ou non, mais il était président. Le Word Trade Center s’est écroulé durant son règne (sic))
Ce n’est pas la première fois que Trump s’en prend à George W. Bush dont il avait déjà qualifié la présidence de « désastre ». Il avait également déjà critiqué sa décision d’envahir l’Irak en 2003. Mais ces propos laissant sous-entendre qu’il aurait une part de responsabilité dans les attentats du 11 septembre suscitent davantage la polémique. L’ombre de George W. Bush plane en tout cas plus que jamais sur la campagne, puisque cette déclaration a ravivé les tensions déjà existantes entre son frère Jeb et Donald Trump. Jeb Bush a en effet rapidement réagi aux propos de son opposant sur Twitter, les qualifiant de pathétiques.

Ce à quoi Trump a rétorqué :

Interrogé deux jours après sa déclaration sur Fox News, Trump a quelque peu rectifié le tir en disant qu’il n’accusait pas George W. Bush d’être responsable des attaques du 11 septembre mais qu’il ne supportait pas que Jeb Bush dise que son frère avait gardé les américains en sécurité alors que ces attentats se sont produits durant sa présidence. Il a ajouté que s’il avait été président, ces attaques n’auraient pas eu lieu. Pourquoi? Parce qu’en raison de sa politique stricte d’immigration, les terroristes n’auraient pas pu se trouver sur le territoire américain.
Dans une interview sur CNN, Jeb Bush a quant à lui réaffirmé que son frère avait réagi de la meilleure des manières qui soit face à la crise qu’avait représenté ces attentats. Il a déclaré de manière sarcastique qu’on verrait peut-être Trump déclarer la semaine prochaine que Franklin Delano Roosevelt était responsable de l’attaque de Pearl Harbor. Puis il a ajouté que Trump n’était pas sérieux lorsqu’il s’exprimait sur la politique étrangère, disant qu’il abordait ce sujet « comme s’il était encore dans The Apprentice ».
LES CHIFFRES DE LA SEMAINE
Cette semaine, des chiffres importants ont été rendus publics. Il s’agit des sommes d’argent récoltées par les différents candidats à la présidentielle de 2016 pour le financement de leur campagne (entre le 1er juillet et le 30 septembre). On sait que l’argent joue un rôle important dans les campagnes électorales américaines et ces chiffres peuvent donc être un bon indicateur des chances de l’emporter des différents candidats (même si ce n’est bien sûr pas le seul facteur).
Voici donc le classement des candidats ayant récolté le plus d’argent entre le 1er juillet et le 30 septembre côté républicain :
1 – Ben Carson $20,767,266
2 – Jeb Bush $13,384,832
3 – Ted Cruz $12,218,137
4 – Carly Fiorina $6,791,308
5 – Marco Rubio $5,724,784
6 – John Kasich $4,376,787
7 – Chris Christie $4,208,984
8 – Donald Trump $3,926,511
9 – Rand Paul $2,509,251
10 – Mike Huckabee $1,241,737
11 -Lindsey Graham $1,052,657
12 – Bobby Jindal $579,438
13 – Rick Santorum $387,985
14 – George Pataki $153,513
15 – Jim Gilmore $105,807
Attention ! On parle bien ici de la somme d’argent récoltée par les candidats et non pas de la somme d’argent dont ils disposent (puisque depuis le 1er juillet, ils ont aussi dépensé une partie de l’argent récolté). Pour ne prendre qu’un seul exemple, Ted Cruz a récolté moins d’argent que Jeb Bush mais en a aussi dépensé moins et dispose aujourd’hui de plus de cash à disposition à la banque que l’ancien gouverneur de Floride.
Voici le même classement pour les candidats démocrates :
1 – Hillary Clinton $29,921,653
2 – Bernie Sanders $26,216,430
3 – Martin O’Malley $1,282,820
4 – Lawrence Lessig $1,016,189
5 – Jim Webb $696,972
6 – Lincoln Chafee $15,457
Quelles sont les observations principales que nous pouvons faire à la vue de ces chiffres?
- Tout d’abord, Hillary Clinton et Bernie Sanders ont tous les deux récolté bien plus d’argent que le candidat républicain en ayant récolté le plus (Ben Carson). Il y a aussi un fossé très large qui s’est creusé entre eux et les autres candidats à l’investiture démocrate.
- La performance de Lawrence Lessig, qui a réussi à récolter plus d’un million de dollars depuis le 6 septembre (date de l’annonce de sa campagne) est remarquable, d’autant plus qu’on ne parle pas beaucoup de lui dans les médias. L’occasion aussi de rappeler qu’il n’avait pas été convié au débat démocrate alors qu’il dispose d’un soutien plus important (du moins si on ne mesure le soutien qu’aux dons financiers) que Jim Webb et Lincoln Chafee.
- Avec ses 15,000$ récoltés, Lincoln Chafee frôle presque le ridicule. Même Jim Gilmore, le candidat républicain ayant récolté le moins d’argent (et qui été le seul à ne pas avoir été convié au dernier débat républicain parce qu’il n’avait pas atteint le seuil d’1% d’intentions de vote dans les sondages) a récolté plus de 100,000$. Face à cette réalité économique et après sa piètre performance lors du débat démocrate, on se demande vraiment si Chafee va poursuivre l’aventure encore longtemps.
- Enfin, saluons la performance de Ted Cruz. Il est en effet presque surprenant de le retrouver à la troisième place du classement côté républicain tant il s’est fait discret ces derniers temps. Ce n’est vraiment pas le candidat dont on entend le plus parler mais il est en train de réaliser une très bonne campagne d’un point du vue financier. Reste à savoir si cela se traduira par de bons résultats dans les urnes.
Rappelons enfin que les chiffres ci-dessus ne font pas de distinction entre les grosses et les petites contributions récoltées par les candidats (or on sait que certains américains très fortunés n’hésitent pas à financer certaines campagnes à coup de milliers, voire de millions de dollars). Il est donc intéressant de jeter également un coup d’œil au classement des candidats ayant récolté le plus de petites contributions et de constater qu’il est quelque peu différent. Voici le classement, Républicains et Démocrates confondus // Le % indique le pourcentage de la somme totale d’argent récoltée provenant de petites contributions (maximum 200$) :
1 – Bernie Sanders (77%)
2 – Donald Trump (71%)
3 – Ben Carson (60%)
4 – Mike Huckabee (59%)
5 – Rand Paul (51%)
6 – Carly Fiorina (48%)
7 – Ted Cruz (43%)
8 – Jim Webb (42%)
9 – Marco Rubio (21%)
10 – Rick Santorum (20%)
11 – Lincoln Chafee (20%)
12 – Hillary Clinton (17%)
13 – Bobby Jindal (13%)
14 – John Kasich (12%)
15 – Martin O’Malley (11%)
16 – Jeb Bush (7%)
17 – Lindsey Graham (5%)
18 – George Pataki (4%)
19 – Chris Christie (3%)
20 – Jim Gilmore (1%)
LA MENACE DE BOYCOTT DE LA SEMAINE
Ben Carson et Donald Trump ont menacé de boycotter le prochain débat républicain si la chaîne CNBC refusait de laisser les candidats prononcer un opening statement et un closing statement. CNBC, organisatrice du troisième débat républicain qui aura lieu le 28 octobre, avait en effet annoncé sa volonté de supprimer ces déclarations (que les candidats préparent en général à l’avance) afin de laisser plus de place au débat. Mais Ben Carson et Donald Trump se sont insurgés contre cette décision et ont également exigé que le débat ne dure pas plus de 2 heures ! Carly Fiorina s’en est étonnée, déclarant que :
Apparently they’re worried about answering questions for three hours. For heaven’s sake ! We have ten candidates on stage. I don’t think three hours is a long time. (Ils sont apparemment inquiets à l’idée de devoir répondre à des questions pendant trois heures. Pour l’amour du ciel ! Nous avons dix candidats sur scène. Je ne pense pas que trois heures soit long)
Il semble qu’en privé, d’autres candidats se soient également plaints de l’éventuelle suppression des opening et closing statements. Face à la fronde et à la menace de boycott de Trump et Carson, CNBC a entamé une discussion avec le Parti Républicain et les différents candidats et tout le monde s’est finalement mis d’accord sur le format suivant :
– Le débat ne durera que 2 heures (publicité comprise)
– Les candidats auront bien le droit à un closing statement
– L’opening statement sera remplacé par une question ouverte à laquelle les candidats auront tous l’occasion de répondre, à tour de rôle
LE TWEET DE LA SEMAINE
Ce tweet de Donald Trump remplissant son imposante déclaration d’impôts ! Un bon moyen sans doute de rappeler à la fois qu’il est très riche (comme il aime à le faire) ET qu’il est nécessaire de simplifier le code des impôts.
LE LIVRE DE LA SEMAINE
The Clintons’ War on Women de Roger Stone et Robert Morrow.
On peut y lire que Bill Clinton aurait violé de nombreuses femmes, que Bill et Hillary auraient eu recours à toutes sortes de menaces (pneus crevés, animaux domestiques tués etc.) pour que les victimes des viols ne portent pas plainte, que Chelsea n’est pas la fille biologique de Bill et que Bill aurait un enfant afro-américain qu’il aurait toujours refusé de reconnaître. Mais attention ! La plupart de ces allégations ne sont pas vérifiables et l’auteur principal du livre, Roger Stone, est un habitué de ce genre d’ouvrages proches de la théorie du complot. Il a notamment déjà publié un ouvrage accusant le vice-président Johnson d’avoir été impliqué dans l’assassinat du président Kennedy. La sortie du livre n’a d’ailleurs été que peu médiatisée (sauf dans les médias les plus conservateurs).
Roger Stone est un ancien conseiller du président Nixon. Il est aujourd’hui proche de Donald Trump dont il était l’un des conseillers jusqu’au mois d’août. Il ne fait depuis plus officiellement partie de son équipe de campagne (on en ignore la raison) mais il continue à appuyer la candidature de Trump.
Roger Stone a également déclaré qu’il se sentait menacé en raison des révélations contenues dans son ouvrage et qu’il avait engagé des gardes du corps. Sur Fox News, il a déclaré :
If in a couple of weeks they tell you I was depressed and I committed suicide, it’s a lie. (Si dans deux ou trois semaines ils vous disent que j’étais dépressif et que je me suis suicidé, c’est un mensonge)
Il a aussi annoncé qu’il publierait un autre ouvrage le 19 janvier. Le titre? Jeb and the Bush Crime Family. Tout un programme !
LES BONUS DE LA SEMAINE
Pour terminer, nous vous offrons cette semaine deux petits bonus qui ne servent à rien 😉
1 – Des nouvelles de Rick Perry. Après avoir abandonné la course à l’investiture républicaine après seulement trois mois de campagne, l’ex-gouverneur du Texas s’est consolé en effectuant un road-trip dans une voiture vintage (de la Californie au Texas en passant par la mythique route 66).
Il a partagé quelques clichés de son voyage sur son compte Instagram. Cela nous a permis de savoir que même Rick Perry va parfois boire un café au McDo.
Et qu’il aime apparemment bien James Dean.
(Les photos sont toutes issues du compte Instagram officiel de Rick Perry: instagram.com/governorperry)
2 – À 74 ans, Bernie Sanders aime encore danser ! Regardez plutôt cette vidéo prise dans les coulisses de l’émission The Ellen Show et publiée sur son compte Twitter par Ellen DeGeneres, la présentatrice du célèbre talk-show (cliquez ici).