WEEKLY NEWS FLASH #17

Ce Weekly News Flash est un peu plus long que d’habitude. Cela s’explique par la large place que nous y avons réservée à la proposition de Donald Trump d’interdire l’accès au territoire américain à tous les musulmans (et aux très nombreuses réactions que cette proposition a suscitées). Ce sujet a en effet largement dominé les conversations tout au long de la semaine écoulée. La provocation de trop pour The Donald ?

LE SUJET DE CONVERSATION PRINCIPAL DE LA SEMAINE

La proposition de Donald Trump d’interdire l’accès au territoire américain à tous les musulmans a beaucoup (vraiment beaucoup) fait parler d’elle. Même les journaux télévisés européens se sont penchés sur le sujet.

  • La proposition

Lundi 7 décembre 2015. Donald Trump, candidat à la présidence des Etats-Unis, fait une proposition choc. Celle d’interdire l’accès au territoire américain à tout musulman « jusqu’à ce que les représentants de notre pays puissent comprendre ce qu’il se passe ». D’après lui, cette interdiction de toute « immigration musulmane » se justifie par la haine qu’auraient de larges segments de la population musulmane vis-à-vis de l’Amérique.

Le communiqué de Donald Trump tel que publié sur son site web (source: donaldjtrump.com)
Le communiqué de Donald Trump tel que publié sur son site web (source: donaldjtrump.com)

Dans son communiqué, Trump cite notamment un sondage réalisé par le Center for Security Policy. D’après ce sondage, 25% des musulmans estimeraient que la violence contre des citoyens américains est justifiée et 51% d’entre eux penseraient que les américains musulmans devraient avoir le choix d’appliquer la Sharia. Il faut signaler que le Center for Security Policy est un think tank dirigé par Frank Gaffney, un ancien employé du Département de la Défense sous l’administration Reagan devenu depuis un personnage controversé. Il est un adepte de certaines théories du complot et défend notamment la thèse selon laquelle le gouvernement américain serait peu à peu infiltré par l’organisation des Frères Musulmans. Il a notamment accusé sans preuves une collaboratrice d’Hillary Clinton d’être un agent secret de cette organisation.

Trump n’explique pas non plus comment il entend s’y prendre concrètement. Outre la légitimité d’une telle mesure, on peut se poser de nombreuses questions sur sa mise en pratique. Comment vérifierait-on qu’une personne voulant venir aux Etats-Unis est musulmane? L’interdiction concernerait-elle seulement les musulmans pratiquants ou toutes les personnes considérées comme musulmanes en raison de leur origine? Les voyages d’affaires des princes saoudiens seraient-ils aussi concernés par cette interdiction, et avec quelles conséquences pour l’économie américaine? Les citoyens américains musulmans pourraient-ils rentrer au pays après un voyage à l’étranger? etc. Donald Trump et son équipe de campagne n’ont pour l’instant répondu concrètement à aucune de ces questions. Le milliardaire a seulement précisé dans une interview accordée à Fox News que les musulmans membres de l’armée américaine et rentrant de mission ne seraient pas concernés par l’interdiction d’accès au territoire. Merci pour eux.

  • Les réactions dans le camp démocrate

Les trois candidats démocrates à la présidence ont fermement condamné les propos de Donald Trump. Martin O’Malley est allé jusqu’à le traiter de fasciste dans un tweet.

Traduction: Donald Trump lève le doute : il est candidat à la présidence en tant que démagogue fasciste.
Traduction: Donald Trump lève le doute : il est candidat à la présidence en tant que démagogue fasciste.

Bernie Sanders a lui aussi réagi sur Twitter pour rappeler à Donald Trump que céder au racisme et à la xénophobie affaiblirait le pays.

Traduction: Les Etats-Unis sont une nation forte quand nous nous serrons les coudes. Nous sommes faibles quand nous permettons au racisme et à la xénophobie de nous diviser. cc: Donald Trump
Traduction: Les Etats-Unis sont une nation forte quand nous nous serrons les coudes. Nous sommes faibles quand nous permettons au racisme et à la xénophobie de nous diviser. cc: Donald Trump

Hillary Clinton a quant à elle publié sur son site web un texte intitulé No, Donald Trump. We’re not barring Muslims from entering the country. (Non, Donald Trump. Nous n’interdisons pas aux musulmans d’entrer dans le pays). Un texte où elle n’égratigne en réalité pas seulement Donald Trump mais l’ensemble du camp républicain. Clinton suggère qu’en dépit des apparences, les autres candidats républicains ne valent guère mieux que Trump.

Now some Republican candidates are saying that Donald Trump’s latest comments have gone too far. But the truth is many GOP candidates have also said extreme things about Muslims. Their language may be more veiled than Mr. Trump’s, but their ideas aren’t so different. (Certains candidats républicains déclarent à présent que les dernières remarques de Donald Trump sont allées trop loin. Mais la vérité est que beaucoup de candidats républicains ont également dit des choses extrêmes concernant les musulmans. Leur langage peut être plus voilé que celui de Mr. Trump, mais leurs idées ne sont pas si différentes)

Elle rappelle entre autres que Ben Carson a déclaré qu’un musulman ne devrait pas pouvoir accéder à la présidence ou que Jeb Bush et Ted Cruz ont proposé d’admettre aux Etats-Unis uniquement les réfugiés syriens chrétiens. Et, ajoute-t-elle encore, tous les candidats républicains utilisent le terme « terrorisme islamique radical » alors que celui-ci donne à penser que les Etats-Unis sont en guerre contre l’Islam.

Clinton s’adresse ensuite aux trois millions d’américains musulmans de la manière suivante :

To Muslim Americans : What you’re hearing from Trump and other Republicans is absolutely, unequivocally wrong. It’s inconsistent with our values as a nation – a nation which you are helping to build. This is your country, too. I’m proud to be your fellow American. And many, many other Americans feel the same way. (Aux musulmans américains : ce que vous entendez de la part de Trump et des autres Républicains est absolument faux. C’est en contradiction avec nos valeurs en tant que nation – une nation que vous contribuez à bâtir. C’est aussi votre pays. Je suis fière d’être votre compatriote. Et beaucoup, beaucoup d’autres américains pensent comme moi)

Hypocrisie comme semble le penser Hillary Clinton ou pas, les propos de Donald Trump ont en tout cas également été dénoncés par de nombreuses personnes dans son propre camp.

  • Les réactions dans le camp républicain

Les deux candidats républicains ayant réagi le plus rapidement et de la manière la plus virulente à la proposition de Trump sont Jeb Bush et Lindsey Graham.

Jeb Bush a très vite publié un tweet qualifiant Donald Trump de « déséquilibré » ! Un tweet que nous aurions certainement pu placer dans notre rubrique des tweets de la semaine.

Traduction: Donald Trump est un déséquilibré. Ses propositions "politiques" ne sont pas sérieuses.
Traduction: Donald Trump est un déséquilibré. Ses propositions « politiques » ne sont pas sérieuses.

Le lendemain, lors d’une conférence de presse, Bush déclarait que l’Amérique ne devait pas renoncer à ses valeurs. Il a ajouté que Trump nuisait à l’image du Parti Républicain et risquait ainsi de favoriser l’élection d’Hillary Clinton. Il a également déclaré que l’un des objectifs de Trump lorsqu’il faisait de telles propositions était de faire parler de lui dans les médias et d’éclipser ainsi les autres candidats. Et d’ajouter que sa stratégie fonctionnait pour l’instant à merveille. De récentes statistiques concernant les journaux télévisés du soir sur trois chaînes (NBC, CBS et ABC) semblent donner raison à Bush. Elles montrent que depuis le début de la campagne, Donald Trump est le candidat dont ces émissions ont le plus parlé. Davantage de minutes lui ont même été consacrées qu’à l’ensemble des candidats démocrates réunis !

Si Bush a traité Trump de « déséquilibré » sur Twitter, Lindsey Graham a préféré le terme « dangereux ».

Traduction: Donald Trump est passé de faire des remarques absurdes au fait d'être carrément dangereux avec sa rhétorique grandiloquente.
Traduction: Donald Trump est passé de faire des remarques absurdes au fait d’être carrément dangereux avec sa rhétorique grandiloquente.

Graham s’est même montré carrément exaspéré lors d’une interview sur CNN. Il y a notamment qualifié Trump de ISIL man of the year (homme de l’année de l’Etat Islamique). En effet, d’après lui, en attisant la haine contre tous les musulmans, Trump fait le jeu de l’Etat Islamique puisque celui-ci cherche justement à créer une division entre musulmans et non-musulmans dans nos sociétés occidentales. Voici un petit florilège des déclarations de Graham lors de cette interview.

He doesn’t represent my party. He doesn’t represent the values that the men and women who wear the uniform are fighting for […] He’s the ISIL man of the year. (Il ne représente pas mon parti. Il ne représente pas les valeurs pour lesquelles les hommes et les femmes qui portent l’uniforme se battent […] C’est l’homme de l’année de l’Etat Islamique)

If he knew anything about the world at all, he would know that most Muslims reject this ideology. (S’il connaissait quelque chose au monde, il saurait que la plupart des musulmans rejettent cette idéologie)

You know how you make America great again? Tell Donald Trump to go to hell. (Vous savez comment rendre l’Amérique de nouveau grande? En disant à Donald Trump d’aller en enfer)

Graham a aussi regretté que certains des autres candidats républicains ne prennent pas suffisamment position contre Trump. Il visait notamment Ted Cruz qui évite d’après lui de s’en prendre publiquement à Trump parce qu’il espère lui voler un certain nombre d’électeurs. Graham a déclaré qu’en ce qui le concernait, il faisait passer le devoir moral de dénoncer les propos de Trump avant toute considération électoraliste et a même ajouté :

I’d rather lose without Donald Trump than try to win with him. (Je préfère encore perdre sans Donald Trump que d’essayer de gagner avec lui)

Il est vrai que Ted Cruz est encore une fois le candidat ayant le moins critiqué Trump, se contentant de dire que de telles propositions n’étaient pas les siennes. Les autres candidats républicains ont tous dénoncé la proposition de Trump, mais en utilisant une rhétorique moins violente que celle de Bush et Graham.

D’autre part, d’autres figures du Parti Républicain, qui ne sont pas considérées directement par la campagne électorale, sont également intervenues pour condamner les propos de Donald Trump. Et ça, c’est nouveau !

Ainsi, le président du Parti Républicain lui-même, Reince Priebus, a déclaré dans une interview qu’il n’était pas d’accord avec la proposition de Trump. « We need to aggressively take on radical Islamic terrorism but not at the expense of our American values » (Nous devons affronter agressivement le terrorisme islamique radical mais pas aux dépends de nos valeurs américaines), a-t-il ajouté. C’est la première fois que le président du parti critiquait ouvertement l’une des propositions de Trump. En effet, en tant que chef du parti et donc aussi responsable de l’organisation des débats entre les différents candidats, il n’est pas supposé prendre position pour l’un ou pour l’autre.

Mais ce sont les propos de Paul Ryan, le chef de file des Républicains à la Chambre des Représentants, qui ont été les plus remarqués. Voici ce qu’il a déclaré lors d’une conférence de presse :

Freedom of religion is a fundamental constitutional principle. It’s a founding principle of this country. Normally, I do not comment on what’s going on in the presidential election. I will take an exception today. This is not conservatism. What was proposed yesterday is not what this party stands for, and more importantly, it’s not what this country stands for. Not only are there many Muslims serving in our armed forces, dying for this country, there are Muslims serving right here in the House working everyday to uphold and to defend the Constitution. Some of our best and biggest allies in this struggle and fight against radical islamic terror are Muslims. The vast vast vast vast majority of whom are peaceful who believe in pluralism, freedom, democracy, individual rights. I told our members this morning to always try to live up to our highest ideals, to uphold those principles in the Constitution on which we swear every two years that we will defend. That’s why we are here. (La liberté religieuse est un principe constitutionnel fondamental. C’est un principe fondateur de ce pays. Normalement, je ne commente pas ce qu’il se passe pour l’élection présidentielle. Je ferai une exception aujourd’hui. Ceci n’est pas du conservatisme. Ce qui a été proposé hier n’est pas ce que défend ce parti, et encore plus important, ce n’est pas ce que ce pays défend. Non seulement il y a beaucoup de musulmans qui servent dans nos forces armées, mourant pour ce pays, mais il y a aussi des musulmans qui servent ici même à la Chambre en travaillant chaque jour pour faire respecter et défendre la Constitution. Certains de nos meilleurs et plus grands alliés dans cette lutte contre le terrorisme islamique radical sont musulmans. L’immense immense immense immense majorité d’entre eux sont pacifiques et croient au pluralisme, à la liberté, à la démocratie, aux droits individuels. J’ai dit à nos membres ce matin de toujours essayer d’être à la hauteur de nos plus grands idéaux, de faire respecter ces principes inscrits dans la Constitution sur laquelle nous prêtons serment tous les deux ans pour la défendre. C’est pour cela que nous sommes ici)

Il s’agissait de dire clairement que la proposition de Trump n’était en rien représentative des principes défendus par le Parti Républicain.

Même l’ancien vice-président (sous George W. Bush) Dick Cheney y est allé de son commentaire à la radio :

I think this whole notion that somehow we can just say « no more Muslims », just ban a whole religion, goes against everything we stand for and believe in. (Je pense que cette idée selon laquelle nous pouvons tout simplement dire « plus de musulmans », interdire une religion entière, va à l’encontre de tout ce que nous défendons et de tout ce à quoi nous croyons)

  • Autres réactions notoires

Quelques autres réactions faisant suite aux déclarations de Donald Trump ont également fait parler d’elles, notamment sur les réseaux sociaux. À commencer par les Unes de deux journaux. D’abord, celle du New York Daily News (journal dont nous vous parlions déjà pour une autre Une la semaine dernière). On y voit un Donald Trump décapitant la statue de la liberté. Le texte dit Quand Trump s’en est pris aux mexicains, je ne l’ai pas dénoncé – puisque je n’étais pas mexicain. Quand il s’en est pris aux musulmans, je ne l’ai pas dénoncé – puisque je n’étais pas musulman. Et puis il s’en est pris à moi…

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L’autre Une qui a suscité beaucoup de commentaires est celle du Philadelphia Daily News qui comparait carrément Donald Trump à Adolf Hitler. On y voit en effet une photo de Trump avec le bras levé, accompagnée du titre The New Furor que l’on peut traduire par Le Nouveau Scandale. Mais le mot Furor fait évidemment volontairement écho au mot allemand Führer qui désignait Hitler.

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Notons que si ce journal est un tabloïd, la question de savoir si Donald Trump peut être qualifié de fasciste a déjà été évoquée à plusieurs reprises par des journaux bien plus sérieux (dans des éditoriaux notamment). Certains disent que oui, d’autres que non. La question fait débat.

Sur Twitter, c’est un tweet de Rick Kriseman, le maire démocrate de la ville de St-Petersburg (Floride) qui a rencontré un vif succès. Il a été partagé plus de 20,000 fois. Il y annonçait interdire l’accès de sa ville à Donald Trump.

Traduction: J'interdis par la présente à Donald Trump d'entrer à St. Petersburg jusqu'à ce que nous comprenions parfaitement la dangereuse menace que constituent tous les Trumps.
Traduction: J’interdis par la présente à Donald Trump d’entrer à St. Petersburg jusqu’à ce que nous comprenions parfaitement la dangereuse menace que constituent tous les Trumps.

Vu le succès rencontré par son tweet, il a ensuite précisé que ce dernier se voulait avant tout ironique et qu’il n’envisageait pas véritablement de prendre une mesure interdisant à Trump de venir dans sa ville (ce qui n’est de toute façon pas possible pour un maire).

De nombreux britanniques semblent en revanche vouloir sérieusement inciter leur gouvernement à prendre une telle mesure. En effet, une pétition appelant à ce que Donald Trump soit interdit d’entrée au Royaume-Uni a été lancée sur le site officiel du gouvernement consacré aux pétitions citoyennes. Cette pétition a récolté pas moins de 360,000 signatures en 24 heures, un record ! Or, la loi prévoit que toute pétition parvenant à recueillir plus de 100,000 signatures doit faire l’objet d’un examen par un comité de parlementaires. Ceux-ci doivent décider du bien-fondé ou non de débattre de la proposition au Parlement.

Enfin, une lettre intitulée Dear Muslims (Chers musulmans) et rédigée par un soldat américain chrétien a elle aussi rencontré un immense succès sur le Net. David Swan avait en réalité publié cette lettre sur son blog dès le 19 novembre (en réaction aux attentats de Paris) mais par la magie d’Internet, elle a connu un regain de succès suite aux déclarations de Donald Trump. Elle a ainsi été partagée plus d’un million de fois en une semaine ! Ce qui a même valu à son auteur de faire l’objet d’une interview sur CNN. Même si le message de l’auteur est somme toute assez simple, la lettre est touchante. David Swan déclare que bien qu’étant un chrétien ayant combattu en Irak et y ayant perdu plusieurs de ses amis, il ne hait pas les musulmans et n’a pas peur d’eux. Il s’adresse à ses compatriotes musulmans et leur dit avoir envie d’être leur ami et que leurs enfants puissent grandir ensemble. Il ajoute que les islamistes radicaux sont leur ennemi commun.

To anyone reading this letter… Christians, Muslims, Jews, Atheist, or whatever. We simply cannot let them win. We can’t allow them to make us hate each other. Fear and hate are their most effective weapons […] We need to learn about each other’s lives and differences. I believe we will find that there aren’t as many differences as one might think. We all want to make a living, raise our families in a safe place, and live in peace. (A quiconque lit cette lettre… Chrétiens, musulmans, juifs, athées, ou peu importe. Nous ne pouvons simplement pas les laisser gagner. Nous ne pouvons pas leur permettre de nous faire nous haïr les uns les autres. La peur et la haine sont leurs armes les plus efficaces […] Nous devons apprendre à propos de nos vies respectives et de nos différences. Je crois que nous nous rendrons compte qu’il n’y a pas autant de différences que l’on pourrait le croire. Nous voulons tous gagner notre vie, élever nos familles dans un endroit sûr, et vivre en paix)

Toutes ces initiatives ne doivent pas pour autant faire oublier que Donald Trump peut compter sur le soutien de nombreux supporters, y compris en ce qui concerne sa proposition d’interdire à tout musulman d’entrer sur le territoire américain. Un sondage réalisé par NBC News et le Wall Street Journal montrait qu’une majorité d’américains (57%) se déclarait opposée à la proposition de Trump. Mais ils étaient tout de même 25% à déclarer y être favorables. Le pourcentage de personnes favorables augmente même à 30% chez les électeurs indépendants et à 42% chez les électeurs républicains ! Et 11% d’électeurs démocrates s’y déclarent également favorables.

Source: NBC News

Tout cela fait dire à de nombreux observateurs que l’islamophobie a gagné du terrain au fil des années dans la société américaine. De nombreux musulmans américains disent même ressentir plus d’animosité à leur égard aujourd’hui qu’après les attentats du 11 septembre 2001.

  • La réponse de Trump

Face à toutes les critiques qui se sont abattues sur lui, y compris au sein de son propre camp, Trump a rappelé que d’après un sondage réalisé par le quotidien USA Today, 68% de ses supporters se déclaraient prêts à voter pour lui même s’il quittait le Parti Républicain et se présentait à l’élection en tant qu’indépendant. Cela voudrait-il dire qu’il envisage de le faire? Est-ce une menace? Rappelons que Trump a signé (comme tous les autres candidats aux primaires républicaines) un document stipulant qu’il s’engageait à ne pas se présenter comme indépendant s’il ne remportait pas les primaires du parti. Pourrait-il ne pas tenir parole? Il a en tout cas tenu à mettre la pression en rappelant que cet accord stipulait aussi que le Parti Républicain devait traiter équitablement tous les candidats.

L’INFOGRAPHIE DE LA SEMAINE

Donald Trump utilise énormément l’outil Twitter. Des journalistes du Washington Post se sont penchés sur les plus de 6,000 tweets publiés par le candidat depuis le début de sa campagne au mois de juin et ont réalisé l’infographie suivante à ce sujet.

Source: Washington Post
Source: Washington Post

Les journalistes ont établi que 11% des tweets publiés par Trump pouvaient être considérés comme des attaques ou des insultes. Les 89% restants consistent en de l’auto-promotion (pour son dernier livre par exemple), des partages de messages reçus par ses supporters et vantant ses mérites et enfin, des actualités concernant sa campagne et ses propositions politiques. Cette dernière catégorie constitue la grande majorité des tweets des autres candidats. L’usage que Trump ferait de Twitter serait donc différent de celui qu’en font les autres candidats.

Parmi les 11% de tweets catégorisés comme attaques/insultes, les journalistes du Washington Post ont découvert qu’ils visaient le plus souvent :

1 – Ses opposants aux primaires républicaines (273 tweets)

2 – Les médias (232 tweets)

3 – L’establishment du Parti Républicain (soit des figures importantes du parti non candidates à l’élection présidentielle) (213 tweets)

4 – Des femmes (59 tweets)

L’ANNULATION DE LA SEMAINE

Toujours en ce qui concerne Donald Trump, il a annoncé l’annulation de son voyage en Israël qui était prévu pour la fin du mois. Il devait notamment rencontrer le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui s’est engagé à recevoir tous les candidats à la présidence américaine (Républicains comme Démocrates) qui viendraient en Israël et qui demanderaient à le rencontrer. Dans un tweet, Trump déclare qu’il rencontrera Netanyahu plus tard, lorsqu’il sera Président des Etats-Unis.

Traduction: J'ai décidé de reporter mon voyage en Israël et de programmer ma rencontre avec Benjamin Netanyahu à une date ultérieure après être devenu Président des Etats-Unis.
Traduction: J’ai décidé de reporter mon voyage en Israël et de programmer ma rencontre avec Benjamin Netanyahu à une date ultérieure après être devenu Président des Etats-Unis.

On ignore si le fait que Netanyahu ait critiqué sa proposition d’interdire à tout musulman d’entrer aux Etats-Unis a joué un rôle dans l’annulation du voyage.

LE CHIFFRE DE LA SEMAINE

32,5 millions de dollars. C’est la somme qu’a déjà dépensée Jeb Bush pour des spots télévisés depuis le début de sa campagne. C’est plus que n’importe quel autre candidat républicain ! Et pourtant, cela ne semble pas l’aider à gagner en popularité puisqu’il continue à chuter dans les sondages. À l’inverse, Donald Trump caracole en tête des intentions de vote alors qu’il est le candidat à avoir le moins dépensé en publicité (seulement 216,000$).

LE SONDAGE DE LA SEMAINE

Le sondage dont nous voulons vous parler cette semaine est un sondage qui a été réalisé par le Harvard’s Institute of Politics auprès des jeunes américains (18-29 ans). Tout d’abord, presque la moitié d’entre eux (48%) déclare penser que le rêve américain n’existe plus. L’autre moitié (49%) estime qu’il est toujours bel et bien vivant. Mais si l’on interroge uniquement les jeunes faisant ou ayant fait des études supérieures, la proportion de ceux disant encore croire au rêve américain augmente (58%). Il est aussi intéressant de constater que c’est parmi les supporters de Donald Trump et de Bernie Sanders que l’on retrouve le plus de jeunes déclarant que le rêve américain est en panne (61% des supporters de Trump et 56% des supporters de Sanders).

En ce qui concerne les préférences politiques en vue de l’élection présidentielle de 2016, une majorité de jeunes déclare espérer l’élection d’un Démocrate à la Maison Blanche en novembre prochain (56%). Parmi ceux se disant Démocrates, ils sont plus nombreux à soutenir Bernie Sanders qu’Hillary Clinton (41% contre 35%). Du côté des Républicains, c’est Donald Trump qui est le plus soutenu (22%) suivi de Ben Carson (20%), Marco Rubio et Ted Cruz (7% chacun), Rand Paul et Jeb Bush (6% chacun). Les autres candidats se situent tous sous la barre des 3%.

Enfin, lorsqu’ils sont interrogés sur la qualité la plus importante à leurs yeux pour un candidat à la présidence, les jeunes citent l’intégrité, le fait d’avoir la tête sur les épaules, ou encore l’authenticité. Ils ne sont que 18% à estimer que l’expérience politique est la qualité la plus importante.

LE CLASSEMENT DE LA SEMAINE

Facebook a dévoilé cette semaine le classement des sujets d’actualité les plus évoqués par ses utilisateurs en 2015. Et si l’on vous en parle, c’est parce que la campagne pour l’élection présidentielle américaine de 2016 a été le sujet le plus évoqué à la fois aux Etats-Unis mais aussi au niveau mondial ! Plutôt surprenant pour un réseau social où on a davantage l’habitude de voir nos amis poster des vidéos de leur chat ou des photos de leurs vacances en famille. Voici donc le classement des dix sujets d’actualité ayant été les plus mentionnés par l’ensemble des utilisateurs du réseau social cette année :

  1. L’élection présidentielle américaine de 2016
  2. Les attentats du 13 novembre à Paris
  3. La guerre civile en Syrie et la crise des réfugiés
  4. Le tremblement de terre au Népal
  5. La crise de la dette en Grèce
  6. Le mariage homosexuel
  7. La lutte contre l’Etat Islamique
  8. L’attentat de janvier contre Charlie Hebdo à Paris
  9. Les manifestations à Baltimore (suite à la mort de Freddie Gray, un jeune homme noir arrêté violemment par la police et mort ensuite de ses blessures)
  10. La fusillade de Charleston (où un jeune homme blanc avait abattu neuf personnes noires dans une église de la ville et invoqué des motivations racistes pour justifier son crime) et le débat qui s’en est suivi sur le drapeau confédéré

Il est intéressant de constater qu’outre le thème de la présidentielle américaine qui arrive en tête, deux autres sujets parmi les plus discutés sont directement liés à des faits d’actualité propres aux Etats-Unis (Baltimore et Charleston).

Facebook a également établi le même classement en ne tenant compte que des internautes américains. Il est quelque peu différent.

  1. L’élection présidentielle de 2016
  2. Le mariage homosexuel (rappelons que la Cour Suprême a rendu une décision historique à ce sujet au mois de juin)
  3. La fusillade de Charleston et le débat sur le drapeau confédéré
  4. Le nouveau film Star Wars
  5. Les manifestations à Baltimore
  6. Planned Parenthood
  7. Le Super Bowl (finale du championnat de football américain)
  8. Les attentats du 13 novembre à Paris
  9. La lutte contre l’Etat Islamique
  10. Le tremblement de terre au Népal

Enfin, Facebook a aussi établi la liste des hommes et femmes politiques les plus mentionnés par ses utilisateurs en 2015 (au niveau mondial). Le président américain Barack Obama occupe la première place du classement. Au total, quatre personnalités sur dix dans ce classement sont américaines.

  1. Barack Obama
  2. Donald Trump
  3. Dilma Rousseff
  4. Hillary Clinton
  5. Bernie Sanders
  6. Luiz Inacio Lula Da Silva
  7. Recep Tayyip Erdogan
  8. Muhammadu Buhari
  9. Narendra Modi
  10. Benjamin Netanyahu

LA VIDÉO DE LA SEMAINE

Cette vidéo a rencontré un vif succès sur Internet cette semaine. On y voit la First Lady Michelle Obama s’adonner au rap dans un clip visant à encourager les jeunes américains à poursuivre des études supérieures. Nous, on trouve ça plutôt réussi !

LES TWEETS DE LA SEMAINE

1) Quand Barack Obama se félicite de l’accord international obtenu à la COP21

Traduction: C'est énorme: Presque tous les pays du monde viennent de signer l'accord de Paris sur le changement climatique - grâce au leadership américain.
Traduction: C’est énorme: Presque tous les pays du monde viennent de signer l’accord de Paris sur le changement climatique – grâce au leadership américain.

2) Quand Ted Cruz répond à un tweet de la chanteuse Cher qui le compare à Judas et déclare qu’il la terrifie.

Traduction: Cher, merci pour les gentils sentiments. Et je vous souhaite un Joyeux Noël et une bonne année.
Traduction: Cher, merci pour les gentils sentiments. Et je vous souhaite un Joyeux Noël et une bonne année.

3) Quand Donald Trump est déçu de ne pas avoir été désigné Person of the Year par le magazine TIME

Traduction: Je vous avais dit que le magazine TIME ne me choisirait jamais comme personnalité de l'année malgré que je sois le grand favori. Ils ont choisi la personne qui ruine l'Allemagne
Traduction: Je vous avais dit que le magazine TIME ne me choisirait jamais comme personnalité de l’année malgré que je sois le grand favori. Ils ont choisi la personne qui ruine l’Allemagne

Chaque année, le TIME désigne sa Person of the Year, c’est-à-dire la personnalité ayant le plus influencé l’actualité mondiale, pour le meilleur ou pour le pire. Cette année, le magazine a élu la chancelière allemande Angela Merkel, devant le chef de l’Etat Islamique Abu Bakr al-Baghdadi et Donald Trump, qui occupe donc la troisième place du podium. Ce qui ne semble pas le satisfaire…

PS:

Un petit rappel pour terminer. Après un mois d’absence, les débats télévisés entre candidats à la présidence font leur retour ! Le cinquième débat républicain aura lieu ce mardi 15 décembre à Las Vegas. Il est organisé par CNN. Le Happy Hour Debate opposera Mike Huckabee, Rick Santorum, Lindsey Graham et George Pataki. Donald Trump, Ben Carson, Ted Cruz, Marco Rubio, Jeb Bush, Carly Fiorina, Chris Christie, John Kasich et Rand Paul participeront au débat principal diffusé en prime-time.

Hillary Clinton, Bernie Sanders et Martin O’Malley s’affronteront quant à eux pour le troisième débat démocrate quatre jours plus tard, samedi 19 décembre. Le débat aura lieu dans le New Hampshire et est organisé par ABC.

Nous publierons comme toujours un compte-rendu de ces débats 😉

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