L’année 2016 a commencé sur les chapeaux de roue Outre-Atlantique ! Un Weekly News Flash particulièrement riche vous attend donc cette semaine. Installez-vous confortablement pour en prendre connaissance. C’est parti !
L’ÉVÉNEMENT DE LA SEMAINE
L’image a ému. Alors qu’il annonçait de nouvelles mesures pour lutter contre la violence générée par les armes à feu, Barack Obama n’a pas pu retenir ses larmes au moment d’évoquer les victimes de la tuerie de Newtown.
Every time I think about those kids, it gets me mad. (Chaque fois que je pense à ces enfants, cela me rend fou)
La fusillade dans l’école primaire Sandy Hook de Newtown (Connecticut) avait fait vingt-six morts dont vingt enfants en décembre 2012. L’auteur de la fusillade, Adam Lanza, avait vingt ans. Il s’était suicidé à l’arrivée des forces de l’ordre sur les lieux. Les enquêteurs avaient découvert par la suite qu’il avait également assassiné sa mère à son domicile peu de temps auparavant. C’est après cette effroyable tuerie que Barack Obama avait exhorté le Congrès à durcir la législation en vigueur sur les armes à feu. En vain. Le Congrès, dominé par les Républicains, a continué de bloquer toute nouvelle initiative en la matière. De nombreuses autres fusillades de masse ont eu lieu depuis et le Président Obama s’est montré de plus en plus exaspéré à chaque fois. Face à l’immobilisme du Congrès, il a donc décidé, pour commencer sa dernière année de mandat, d’agir seul en adoptant plusieurs décrets (executive orders). La marge de manœuvre du Président est bien sûr réduite puisque seul le Congrès est habilité à faire de nouvelles lois. Les executive orders sont des mesures qui ne permettent que de renforcer la législation existante.
- Que dit la législation actuelle ?
Tout d’abord, rappelons que le Second Amendement de la Constitution garantit aux citoyens américains le droit de posséder des armes à feu. Voici ce que dit exactement ce fameux amendement :
A well regulated militia being necessary to the security of a free state, the right of the people to keep and bear arms shall not be infringed // Une milice bien ordonnée étant nécessaire à la sécurité d’un Etat libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas enfreint
C’est pourquoi il est impensable, même pour les partisans d’une législation plus stricte comme Barack Obama, d’interdire totalement la vente d’armes aux Etats-Unis. Barack Obama a d’ailleurs précisé qu’il croyait au Second Amendement. Mais il pense qu’il est possible de prendre des mesures permettant d’empêcher les criminels de se procurer des armes trop facilement, tout en respectant le droit des citoyens qui n’ont rien à se reprocher à en posséder.
En réalité, la législation actuelle interdit déjà à certaines personnes de pouvoir acheter et détenir des armes. Les mineurs, les personnes ayant déjà commis des crimes violents ou encore les personnes atteintes de troubles mentaux. C’est pourquoi il existe un système de background checks (vérification des antécédents) qui permet de contrôler les personnes désirant acheter une arme. Le problème est que cette législation contient de nombreux loopholes (vides juridiques). Explications. Les personnes dont la vente d’armes est l’activité professionnelle principale doivent disposer d’une licence pour pouvoir exercer leur métier et ont l’obligation de procéder à la vérification des antécédents des potentiels acheteurs. Par conséquent, tout citoyen américain qui se rend dans un magasin spécialisé sera contrôlé avant de pouvoir se procurer sa nouvelle arme. Mais le problème est qu’il existe un énorme marché privé qui échappe complètement à ces contrôles. Les foires aux armes sont très nombreuses et populaires aux Etats-Unis. Or, un particulier qui vend des armes lors de ces foires tous les week-ends, mais dont ce n’est pas l’activité professionnelle principale, ne doit pas se procurer de licence et n’a aucune obligation de procéder à des contrôles sur les acheteurs. Par conséquent, les acheteurs échappent dans ce cas-là au système des background checks. Sans parler de la vente sur Internet, encore plus difficile à encadrer.
- Quelles sont les mesures qui ont été annoncées par Barack Obama ?
1 – Toute personne désirant vendre une arme devra désormais disposer d’une licence et tout acheteur potentiel devra être soumis à un contrôle de ses antécédents. Cette mesure devrait permettre de combler les vides juridiques de la législation actuelle, que nous venons d’exposer ci-dessus. Parmi les mesures annoncées par le Président, c’est celle qui aura les conséquences les plus immédiates.
2 – Le nombre d’agents fédéraux chargés de mener à bien les procédures relatives aux background checks va être augmenté.
3 – L’Etat va investir davantage dans le traitement des troubles mentaux, y compris pour prévenir les suicides qui restent les morts par armes à feu les plus nombreuses.
4 – L’Etat va investir dans la recherche pour développer à l’avenir de nouvelles technologies qui permettront de renforcer la sécurité des armes. Le Président Obama a rappelé que les morts accidentelles de jeunes enfants jouant avec l’arme de leurs parents étaient fréquentes. Alors pourquoi ne pas trouver un moyen pour qu’une arme ne puisse être utilisée que par son propriétaire, grâce à un système de reconnaissance des empreintes digitales par exemple?
- Les critiques adressées à Barack Obama
Les Démocrates (du moins la grande majorité d’entre eux) soutiennent l’initiative de Barack Obama. Les Républicains sont quant à eux très critiques, et ce pour deux raisons.
1 – Les mesures annoncées par le Président Obama ne seront pas efficaces. Elles ne permettront pas d’empêcher de nouvelles tueries car les criminels mal intentionnés trouveront toujours un moyen de se procurer des armes illégalement. En revanche, les bons citoyens respectueux de la loi devront se soumettre à des mesures contraignantes alors que leur droit à posséder des armes est pourtant garanti par la Constitution. Certains vont jusqu’à dire que les mesures d’Obama sont le premier pas d’un processus qui risquerait à long terme de véritablement mettre à mal le Second Amendement. Barack Obama rejette évidemment cette interprétation qu’il a même qualifiée de « théorie du complot ». Il a rappelé qu’il croyait au Second Amendement et que les mesures qu’il avait annoncées n’avaient pas pour objectif de confisquer leurs armes aux américains qui n’ont rien à se reprocher. Il veut seulement renforcer le système des background checks afin qu’il soit plus difficile pour les personnes qui ne devraient pas avoir accès aux armes de s’en procurer. Obama a reconnu que ces mesures ne permettront sans doute pas d’empêcher TOUS les crimes mais que ce n’est pas une raison pour se résigner.
We maybe can’t save everybody, but we could save some. Just as we don’t prevent all traffic accidents, but we take steps to try to reduce traffic accidents. (On ne peut peut-être pas sauver tout le monde, mais nous pourrions en sauver certains. Tout comme nous n’empêchons pas tous les accidents de la route, mais nous prenons quand même des mesures pour essayer de réduire le nombre d’accidents de la route)
2 – La deuxième critique qui a été faite à Barack Obama est celle de la méthode. Le Président déclare avoir pris la décision d’adopter des décrets en dernier recours, parce que le Congrès refuse catégoriquement d’agir. Il a même déclaré que le Congrès était pris en otage par le lobby des armes. Mais ses opposants estiment qu’en gouvernant ainsi par décret et en doublant le Congrès, il ne serait pas très respectueux du principe de la séparation des pouvoirs. C’était par exemple le sens de ce tweet du sénateur républicain John McCain.

- Qu’en pensent les américains ?
CNN a réalisé un sondage pour tenter de savoir si les américains soutenaient le Président dans son action. Il ne s’agit bien sûr que d’un seul sondage et il faut donc rester prudent, mais en voici les résultats. Une majorité des américains (67%) serait favorable à la mise en place des mesures annoncées par Barack Obama. Le pourcentage de personnes favorables monte même à 85% chez les personnes se disant Démocrates (contre 51% chez les Républicains). Par contre, les américains condamnent majoritairement (54%) la décision de Barack Obama d’agir de manière unilatérale, par décret. Il y a cependant sur ce point une très forte différence d’opinion selon la sensibilité politique. Ainsi, 78% des Démocrates n’y voient pas d’objection alors que 79% des Républicains y sont défavorables.
À noter que deux jours après sa conférence de presse, Barack Obama a tenté de convaincre le public américain du bien-fondé de son action lors d’un town hall organisé à la George Mason University et diffusé en direct sur CNN. La George Mason University se situe en Virginie, tout près du siège de la NRA. Celle-ci a toutefois refusé de participer au débat malgré l’invitation du Président. Barack Obama a été confronté aux questions de citoyens sceptiques, comme cette femme victime d’un viol il y a plusieurs années et qui possède désormais une arme pour se protéger de potentiels agresseurs. Enfin, la Maison Blanche a également annoncé que lors du dernier discours sur l’Etat de l’Union du Président Obama (qui aura lieu ce mardi 12 janvier), une chaise serait laissée vide dans l’assistance afin de représenter symboliquement toutes les victimes de violences liées aux armes à feu.
LA UNE DE LA SEMAINE
Le New York Daily News a encore une fois frappé fort. Sa Une du mercredi 6 janvier présentait les Républicains comme le « Parti des pro-mort », en raison de leur opposition à l’action du Président Obama concernant les armes à feu.
On y voit les photos de trois candidats républicains à la présidence (Carly Fiorina, Ted Cruz et Marco Rubio) ainsi que du Speaker de la Chambre des Représentants Paul Ryan. Aucun d’entre eux n’a réagi.
LA VIDÉO DE LA SEMAINE
Le tout premier spot télévisé de Donald Trump a été diffusé cette semaine. Contrairement à ses adversaires, le milliardaire n’avait jusqu’ici pas encore dépensé un seul dollar pour la réalisation de publicités télévisées. C’est désormais chose faite. La vidéo ne dure que trente secondes et se focalise sur les propositions de Trump en matière de sécurité. La voix-off évoque d’abord sa promesse d’interdire toute immigration musulmane aux Etats-Unis afin de prévenir tout acte terroriste. La mesure est toutefois présentée comme « temporaire ». La voix-off annonce ensuite la volonté de Trump de « décapiter » l’Etat Islamique et de « prendre leur pétrole ». Enfin, sa promesse de mettre fin à l’immigration illégale en construisant un mur à la frontière avec le Mexique est mise en avant. Il est répété que le Mexique payera pour la construction de ce mur. Le spot se termine par une image de Donald Trump prononçant sa désormais fameuse phrase We will make America great again.
Le site PolitiFact (qui avait déjà désigné Donald Trump comme le menteur de l’année 2015) a rapidement révélé que l’une des images contenues dans la vidéo de Trump était trompeuse. L’information a ensuite été reprise par l’ensemble des médias. De quoi s’agit-il? Au moment où la voix-off déclare que Trump mettra fin à l’immigration illégale en construisant un mur à la frontière avec le Mexique, l’image de dizaines de personnes en train de courir pour tenter de traverser la frontière est diffusée. Problème? Ces images n’ont pas été tournées à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis mais à la frontière entre le Maroc et l’enclave espagnole de Melilla, en mai 2014. La campagne de Donald Trump a rapidement publié un communiqué adressé à la presse et expliquant que tout ceci était intentionnel. Le but serait de montrer aux américains la situation à laquelle ils pourraient être confrontés dans un futur proche si les mesures adéquates ne sont pas prises rapidement.
The use of this footage was intentional and selected to demonstrate the severe impact of an open border and the very real threat Americans face if we do not immediately build a wall. (L’usage de ces images était délibéré et sélectionné pour démontrer l’impact grave d’une frontière ouverte et la menace très sérieuse à laquelle les américains devront faire face si nous ne construisons pas immédiatement un mur)
Choix délibéré ou non, rien n’indique en tout cas au téléspectateur que les images qui figurent dans le clip ne sont qu’un avertissement et ne reflètent pas forcément la réalité de la frontière américano-mexicaine. Certains médias ont aussi fait remarquer que parler de « frontière ouverte » concernant Melilla n’était pas très adéquat puisqu’il existe justement un mur qui encercle l’enclave de Melilla !
LE CHIFFRE DE LA SEMAINE
8,000. C’est le nombre de personnes qui ont assisté à un meeting de Donald Trump dans le Massachussetts. Depuis le début de sa campagne, Trump rassemble une foule immense à chacun de ses meetings (c’est également le cas de Bernie Sanders côté démocrate). Mais la mobilisation des foules lors d’événements est-elle un indicateur politique fiable? Certains journalistes semblent en douter et rappellent qu’il est possible que de nombreuses personnes se rendent aux meetings de Donald Trump pour assister avant tout à un spectacle, sans avoir pour autant l’intention de voter pour lui. D’un autre côté, l’enthousiasme à son égard ne semble pas faiblir et il continue à faire la course en tête dans les sondages, sauf en Iowa où il est désormais devancé par Ted Cruz.
LES SONDAGES DE LA SEMAINE
Puisque l’on parle des sondages, c’est l’occasion de faire le point sur la course à l’investiture républicaine avec ces enquêtes réalisées par Fox News en Iowa et dans le New Hampshire. Il s’agit donc ici de sondages effectués à l’échelle de ces états, et non au niveau national comme les sondages que nous avions l’habitude de vous présenter jusqu’ici. Or, c’est peut-être plus important puisque les primaires ont lieu état par état et que les réalités politiques peuvent être très différentes d’un état à l’autre. Les habitants de l’Iowa et du New Hampshire seront les premiers à voter (respectivement le 1er et le 9 février). L’Iowa est un état traditionnellement très conservateur et le vote des chrétiens évangéliques y est important. Le New Hampshire est un état plus libéral et c’est généralement un candidat plus modéré qui y remporte la primaire républicaine. Pour vous donner une idée, le caucus de l’Iowa avait été remporté par Mike Huckabee en 2008 et par Rick Santorum en 2012, alors que la primaire du New Hampshire avait été remportée par John McCain en 2008 et par Mitt Romney en 2012.
Voici les résultats du sondage de Fox News en Iowa :
Ted Cruz 27%
Donald Trump 23%
Marco Rubio 15%
Ben Carson 9%
Jeb Bush 7%
Rand Paul 5%
Chris Christie 4%
Mike Huckabee 2%
Carly Fiorina /John Kasich / Rick Santorum 1%
Et au New Hampshire :
Donald Trump 33%
Marco Rubio 15%
Ted Cruz 12%
Jeb Bush 9%
John Kasich 7%
Chris Christie/Rand Paul 5%
Ben Carson 4%
Carly Fiorina 3%
Notons que du côté démocrate, Bernie Sanders est donné largement en tête face à Hillary Clinton au New Hampshire (50% contre 37%) ! Clinton est par contre toujours en tête en Iowa.
LA POLÉMIQUE DE LA SEMAINE
On l’a vu, Ted Cruz devance désormais Donald Trump dans les sondages en Iowa. Coïncidence ou non, Trump a choisi de lancer cette semaine une polémique quant à l’éligibilité de Ted Cruz. Celui-ci peut-il devenir Président des Etats-Unis alors qu’il est né au Canada ?
La Constitution américaine prévoit trois critères à remplir pour pouvoir être candidat à la présidence des Etats-Unis :
– avoir plus de 35 ans
– être résident aux Etats-Unis depuis au moins 14 ans
– être un natural-born citizen, autrement dit être né citoyen américain
Ce troisième point pose question. En effet, la Constitution ne précise pas ce que signifie exactement le terme natural-born citizen. Les nombreux experts qui se sont penchés sur la question sont cependant parvenus, dans leur immense majorité, à l’interprétation suivante : être né citoyen américain ne voudrait pas dire être né sur le sol américain mais pouvoir prétendre à la citoyenneté américaine dès sa naissance. Or, une personne qui naît à l’étranger de parents américains a automatiquement droit à la citoyenneté américaine s’il en fait la demande, sans devoir passer par un processus de naturalisation. Le cas de Ted Cruz correspond à ce cas de figure. Il est né à Calgary (Canada) d’un père cubain et d’une mère américaine. Sa mère étant américaine, il a donc eu droit à la citoyenneté. Il a également renoncé à sa citoyenneté canadienne en 2014. Notons qu’en abordant la question, Trump n’a pas dit qu’il estimait personnellement que la candidature de Cruz était illégitime. Il a en revanche affirmé que le fait que Cruz soit né au Canada pourrait être un danger pour le Parti Républicain car si Cruz remportait les primaires, les Démocrates pourraient utiliser cet argument contre lui et même porter son cas devant les tribunaux.
Ce débat nous a valu cette carte réalisée par le Washington Post, qui a profité de l’occasion pour se pencher sur le lieu de naissance de tous les candidats à la présidence depuis 1968.

Dans l’histoire récente, Cruz est le troisième cas de candidat à la présidence né à l’étranger. C’était le cas de George Romney (le père de Mitt Romney), né au Mexique de parents américains. Il était candidat aux primaires républicaines de 1967 mais ne les avait pas remportées. Et plus récemment, ce fut aussi le cas de John McCain, qui est né dans la zone du Canal de Panama. On découvre aussi grâce à cette carte que c’est la ville de New York qui a enfanté le plus de candidats à la présidence.
LE MENSONGE DE LA SEMAINE
Jeb Bush a raconté fièrement à plusieurs reprises lors de town halls avoir reçu un fusil des mains du célèbre acteur Charlton Heston lors d’une réunion de la NRA. En réalité, Bush a bien été invité en tant qu’intervenant lors de la convention annuelle de la NRA en 2003. Et il a bien reçu un fusil en guise de remerciement à cette occasion. Il avait aussi rencontré Charlton Heston (qui dirigeait à l’époque la NRA) lors de cette soirée. Mais, contrairement à ce qu’il a raconté, ce n’est pas Heston qui lui a remis le fusil en mains propres mais un autre membre de l’organisation.
LES CHAUSSURES DE LA SEMAINE
Et oui ! Figurez-vous que l’on a énormément parlé des chaussures de Marco Rubio cette semaine… Tout a commencé lorsqu’un journaliste du New York Times a posté sur Twitter une photo des bottes que le candidat républicain portait pour faire campagne dans le New Hampshire.
La hauteur du talon a rapidement suscité de nombreux commentaires et une certaine presse (magazines de mode notamment) s’est rapidement emparée de l’affaire. Certains articles ont ainsi comparé le style de Rubio à celui de l’un des chanteurs du groupe One Direction. Un magazine a enquêté afin de savoir où Rubio avait bien pu acheter ces chaussures et à quel prix. Pour mettre fin aux spéculations, la campagne de Rubio a fini par confier que les bottes étaient de la marque Florsheim. Après avoir « mené l’enquête » sur le site web de la marque, les médias ont rapporté que les bottes de ce type s’y vendaient à un peu plus de 100$. L’affaire a pris une telle ampleur que la presse politique a fini par aborder elle aussi le sujet. On a même appris qu’un site web dédié à la politique et très conservateur avait ajouté à sa liste de raisons de ne pas voter pour Marco Rubio son style vestimentaire « métrosexuel ».
La seule femme candidate côté républicain, Carly Fiorina, a choisi d’en plaisanter sur Twitter.

Marco Rubio a lui semblé sincèrement étonné de l’ampleur prise par l’affaire. Lors d’un meeting, il a déclaré :
This is craziness. Have people lost their minds? (C’est de la folie. Les gens ont-ils perdu la tête?)
Reste à savoir s’il osera encore porter ces fameuses chaussures…
L’HOMME DE LA SEMAINE
Bill Clinton est de retour au devant de la scène. L’ancien président, qui était jusque-là resté à l’écart de la campagne de son épouse (même s’il a certainement contribué à récolter des fonds en coulisses), a commencé à faire des apparitions publiques devant les électeurs. Il a pris la parole lors de plusieurs réunions de campagne d’Hillary et devrait continuer à le faire dans les semaines à venir. Pour le moment, il s’est contenté de vanter les mérites de sa femme et s’est gardé de critiquer les autres candidats.
Hillary Clinton a-t-elle raison d’impliquer ainsi son mari dans la campagne? Difficile à dire. Il reste un personnage populaire auprès des électeurs démocrates et beaucoup d’observateurs s’accordent à dire qu’il est plus doué qu’Hillary pour faire campagne. Il paraîtrait bien plus naturel et proche des gens que cette dernière. Dans cette optique, sa présence pourrait s’avérer utile. Mais on sait aussi que Bill n’a pas toujours sa langue dans sa poche. En 2008, il avait déjà aidé Hillary lors de sa campagne pour les primaires qui l’opposait à Barack Obama et cela n’avait pas empêché sa défaite. Certains disent même que bon nombre d’électeurs n’auraient pas apprécié les critiques parfois acerbes de Bill à l’encontre d’Obama et que cela aurait contribué à la défaite d’Hillary. Et puis, le fait que Bill Clinton fasse campagne pour son épouse, qui se vante de défendre les droits des femmes, risque de faire resurgir les fantômes du passé. Autrement dit, les scandales sexuels dans lesquels Bill Clinton a été impliqué. Pour l’instant, Donald Trump est le seul à avoir d’ores et déjà commencé à utiliser cet argument, estimant que Clinton était « l’un des plus grands agresseurs du monde ». Un tweet a également été partagé plus de 12,000 fois en quelques jours. Celui de Juanita Broaddrick, une femme qui prétend depuis des années que Bill Clinton l’a violée lorsqu’il était encore attorney general de l’Arkansas et qu’Hillary Clinton aurait ensuite fait pression sur elle pour qu’elle garde le silence.

LA FEMME DE LA SEMAINE
Nikki Haley, gouverneure républicaine de Caroline du Sud. Elle a fait parler d’elle en 2015 lorsqu’elle a pris la décision de retirer le drapeau confédéré du Capitole de son état suite à la fusillade raciste de Charleston.
Cette semaine, elle a été désignée par son parti pour prononcer la réponse au discours sur l’Etat de l’Union du Président Obama. Un honneur généralement réservé aux « espoirs » du parti. Bobby Jindal et Marco Rubio se sont par exemple fait connaître du grand public à cette occasion. Haley est actuellement la plus jeune gouverneure du pays et certains pensent qu’elle pourrait bien être choisie comme candidate à la vice-présidence par le candidat républicain qui remportera les primaires.
LA PHRASE DE LA SEMAINE
I regret it every day. (Je le regrette tous les jours)
Le Vice-Président Joe Biden concernant sa décision, prise le 21 octobre dernier, de ne pas être candidat à la présidence. Il a toutefois ajouté que cela avait été la bonne décision pour sa famille et qu’il était désormais trop tard pour changer d’avis.
L’ANECDOTE DE LA SEMAINE
Une jeune femme a été victime d’un malaise lors d’un town hall de Ted Cruz en Iowa. Cruz a interrompu son discours pour rejoindre les autres membres de l’assemblée qui s’étaient réunis autour d’elle pour lui porter secours. Il a également tout de suite demandé au personnel responsable de la sécurité d’écarter les journalistes qui tentaient de prendre des photos. Finalement, la jeune femme a vite repris ses esprits. Plus de peur que de mal donc. Reprenant la parole, Cruz a alors plaisanté :
Alright, good news, she’s doing OK. Young lady heard the name Hillary Clinton, she immediately fainted. (Bien, bonne nouvelle, elle va bien. La jeune fille a entendu le nom d’Hillary Clinton, elle est immédiatement tombée dans les pommes)
LE DOCUMENT DE LA SEMAINE
La Clinton Presidential Library a rendu public cette semaine un document de 532 pages. Il s’agit de la retranscription de nombreuses conversations téléphoniques entre Bill Clinton et Tony Blair lorsqu’ils étaient respectivement Président des Etats-Unis et Premier Ministre britannique. On y découvre que les deux hommes étaient particulièrement proches. On retiendra surtout deux prédictions faites par Bill Clinton à Tony Blair :
– Après les attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en 1998 :
We’re going to increasingly have to deal with terrorists with no ties to any nation-state. (Nous allons de plus en plus devoir faire face à des terroristes n’ayant aucune attache à aucun état-nation)
Plutôt bien vu.
– En 2000, Clinton affirme être certain que son vice-président Al Gore gagnera l’élection présidentielle contre George W. Bush.
Bush is a skilled politician, but he is not ready to be president, maybe not ever, certainly not now. (Bush est un politicien habile, mais il n’est pas prêt à être président, peut-être jamais, certainement pas maintenant)
Là, c’était plutôt raté.
L’INFOGRAPHIE DE LA SEMAINE
Les journalistes de Politico ont analysé les plus de 2,000 discours officiels prononcés par Barack Obama depuis son accession à la présidence en janvier 2009. Ils ont ainsi pu constater qu’il a plus souvent fait référence à Al-Qaïda qu’à l’Etat Islamique (446 fois contre 220). Cela s’explique sans doute par la création récente de l’Etat Islamique. Le Président américain a également prononcé le nom de Ben Laden à 99 reprises, celui de Mouammar Kadhafi à 85 reprises, celui de Bachar El-Assad à 71 reprises et celui de Vladimir Poutine à 22 reprises. Mais l’infographie qui a le plus retenu notre attention est celle des pays les plus mentionnés par Barack Obama. Nous vous laissons la découvrir.

LES TWEETS DE LA SEMAINE
Terminons par les tweets de la semaine.
1 – Ce tweet de Carly Fiorina comparant Donald Trump à la starlette de télé-réalité Kim Kardashian.

2 – Ce tweet de Mike Huckabee, après que la Corée du Nord ait annoncé avoir testé avec succès une bombe H, suscitant les réprimandes de la communauté internationale.

3 – Ce tweet (en français !) du Secrétaire d’Etat John Kerry, publié à l’occasion du premier « anniversaire » de l’attentat de Charlie Hebdo.