Vous n’avez pas pu suivre le dernier discours sur l’état de l’Union du Président Obama ? Pas de panique ! Vous saurez tout en lisant cet article.
QU’EST-CE QUE LE STATE OF THE UNION ADDRESS ?
Le discours sur l’état de l’Union (State of the Union Address) est un discours prononcé une fois par an devant le Congrès par le Président des Etats-Unis.
- Pourquoi ce discours annuel ?
Dans son article 2, section 3, la Constitution américaine prévoit que :
The President shall from time to time give to Congress information of the state of the Union
Le Président devra informer de temps à autre le Congrès sur l’état de l’Union
L’Union désigne ici les Etats-Unis d’Amérique en tant qu’état fédéral, soit une « union » de cinquante états. Le Président des Etats-Unis est à la tête de cette Union et incarne le pouvoir exécutif. La Constitution lui demande d’informer régulièrement le pouvoir législatif (incarné par le Congrès) sur l’état de l’Union. Elle n’impose par contre pas au Président de prononcer un discours. Celui-ci pourrait donc choisir d’informer le Congrès par un autre moyen, en lui adressant un rapport écrit par exemple. Cela a d’ailleurs longtemps été le cas. Si le premier Président américain, George Washington, avait choisi la méthode du discours, ses successeurs l’ont rapidement abandonnée pour lui préférer les rapports écrits. C’est le Président Woodrow Wilson qui a remis la pratique du discours au goût du jour en 1913. Et c’est ensuite avec l’avènement de la télévision que le State of the Union Address a pris l’importance qu’on lui connaît aujourd’hui. En effet, il est désormais diffusé en direct à la télévision. Le Président ne s’adresse donc plus seulement au Congrès, mais à l’ensemble des américains.
- Que dit le Président lors de ce discours ?
Il n’y a pas de règle précise mais le discours sur l’état de l’Union permet traditionnellement au Président de tirer un bilan de son action et d’énoncer ses priorités politiques pour l’année à venir. Il arrive également qu’il profite de ce discours pour lancer une idée nouvelle ou annoncer un projet important. Par exemple, c’est lors de son discours sur l’état de l’Union de 2002 que le Président George W. Bush avait pour la première fois évoqué le fameux « axe du mal ».
La durée du discours n’est pas non plus réglementée mais il dure habituellement environ une heure (59 minutes pour Barack Obama cette année). Le plus long discours sur l’état de l’Union jamais prononcé fut celui de Bill Clinton en 2000 : 1 heure et 28 minutes. La durée du discours est toutefois trompeuse car le Président doit régulièrement s’interrompre en raison des applaudissements du public. Cela fait partie de la tradition mais c’est parfois, il faut l’avouer, un peu pénible. Ainsi, cette année, Barack Obama a été interrompu à 64 reprises (!) par des salves d’applaudissements. Au total, sur les 59 minutes qu’a duré son intervention, il y a eu 14 minutes d’applaudissements !
- Qui assiste au discours ?
Le Président s’exprime depuis une tribune située face à l’hémicycle réunissant les membres du Congrès. Le Vice-Président des Etats-Unis, qui est aussi le Président du Sénat (ici, Joe Biden) et le speaker de la Chambre des Représentants (ici, le Républicain Paul Ryan) sont assis juste derrière lui.
Face au Président, le public est composé de :
*Les membres du Congrès (députés à la Chambre des Représentants + sénateurs), ou du moins ceux qui choisissent d’assister au discours car cela n’est en rien une obligation. Parmi les candidats à l’élection présidentielle de 2016, quatre sont sénateurs et avaient donc la possibilité d’assister au discours d’Obama. Le Démocrate Bernie Sanders et le Républicain Marco Rubio étaient bien là. Les Républicains Ted Cruz et Rand Paul étaient en revanche absents.
*Les juges de la Cour Suprême
*Le cabinet du Président, c’est-à-dire tous les membres de son gouvernement. Enfin, tous SAUF UN. Chaque année, l’un des membres du gouvernement est tiré au sort pour être le designated survivor (le survivant désigné). Il doit regarder le discours du Président depuis un endroit sécurisé et tenu secret. L’objectif? Pouvoir assurer la continuité du gouvernement au cas où une catastrophe se produirait. En effet, si le Président des Etats-Unis meure dans l’exercice de ses fonctions, la Constitution prévoit que c’est le Vice-Président qui doit lui succéder. La personne suivante dans l’ordre de succession est le speaker de la Chambre des Représentants. Or, le Vice-Président et le speaker assistent tous les deux au discours du Président. Par conséquent, s’ils venaient à être assassinés tous les trois, ce serait au designated survivor de prendre les rênes du pouvoir.
*La First Lady
*La presse
*Et enfin, un certain nombre d’invités. Chaque année, le Président invite plusieurs personnes à assister à son discours aux côtés de la Première Dame. Ces invitations sont souvent symboliques. Cette année, Barack Obama avait choisi de laisser un siège vide en hommage à toutes les victimes de violence causée par les armes à feu. Il avait par ailleurs invité un réfugié syrien ou encore l’un des plaignants homosexuels dans le procès qui a amené la Cour Suprême à légaliser le mariage entre personnes de même sexe. Chaque membre du Congrès a également le droit d’inviter une personne de son choix. Le speaker peut lui en inviter plusieurs. Cette année, plusieurs députés démocrates avaient choisi d’inviter un/une citoyen(ne) musulman(e) de manière à adresser un message d’ouverture et de tolérance. D’autres députés avaient choisi d’inviter leur joueur de football favori. Kim Davis, cette greffière qui s’est fait connaître l’année dernière pour avoir refusé de délivrer leurs certificats de mariage à plusieurs couples homosexuels, était également présente. Paul Ryan avait lui pour invités les responsables de diverses organisations caritatives qui luttent contre la pauvreté (ndlr: Ryan a déclaré récemment vouloir amener son parti à se focaliser davantage sur la lutte contre la pauvreté). Parmi eux, deux religieuses membres de l’association catholique Little Sisters of the Poor qui vient en aide aux personnes en difficulté, mais qui a aussi protesté récemment contre l’Obamacare. La raison? La nouvelle loi oblige l’organisation à inclure dans l’assurance santé de ses employées un accès gratuit aux moyens de contraception !
- Le réponse du parti d’opposition
Depuis 1966, le parti d’opposition (celui auquel n’appartient pas le Président) adresse une réponse au discours sur l’état de l’Union. Cette allocution est également diffusée à la télévision, juste après le discours du Président. Cette année, le Parti Républicain avait confié la tâche de prononcer ce discours à la gouverneure de Caroline du Sud, Nikki Haley.
LE DISCOURS DE BARACK OBAMA
Le State of the Union Address 2016 était un peu particulier puisqu’il s’agissait du dernier pour Barack Obama. C’était aussi le premier en tant que speaker pour Paul Ryan (qui a succédé à John Boehner à ce poste en octobre dernier).
[Petite parenthèse : Paul Ryan avait choisi de demander aux personnes qui le suivent sur Twitter s’il devait porter une cravate rouge ou une cravate bleue pour l’occasion. Le réseau social Twitter a en effet lancé une nouvelle fonctionnalité il y a peu. Elle permet aux utilisateurs de réaliser des « sondages ». Vous pouvez ainsi poser une question à vos abonnés et leur proposer plusieurs réponses possibles (quatre options maximum). Vos abonnés ont 24 heures pour répondre de manière totalement anonyme à votre question en cochant la bonne case. Au bout de 24h, les votes sont clôturés et Twitter affiche le résultat final de votre sondage. 6,271 personnes ont répondu au « sondage » de Paul Ryan et 60% d’entre elles lui ont suggéré le port de la cravate rouge.
Paul Ryan a tenu compte de leur avis puisqu’il portait bien une cravate rouge lors du discours de Barack Obama. Fin de la parenthèse]
Barack Obama avait choisi de commencer son discours en plaisantant. Il a affirmé d’emblée qu’il allait essayer que son discours ne soit pas trop long. Il a en réalité duré environ une heure, comme les années précédentes. Et certains candidats républicains à la présidence ont apparemment trouvé le temps long.


Le Président a également annoncé d’emblée qu’il n’utiliserait pas son dernier discours sur l’état de l’Union pour présenter une longue liste de propositions politiques pour l’année à venir. « Ne vous en faites pas, j’en ai plein », a-t-il toutefois précisé. Mais il avait pour volonté de parler aux américains de leur futur à plus long terme.
I don’t want to just talk about next year. I want to focus on the next five years, the next ten years and beyond. I want to focus on our future. (Je ne veux pas parler seulement de l’année à venir. Je veux me focaliser sur les cinq prochaines années, les dix prochaines années et au-delà. Je veux me focaliser sur notre futur)
Ambitieux programme. Le Président avait en fait choisi de structurer son discours en abordant successivement quatre grandes questions.
- Question n°1 : Comment garantir que tous les américains trouvent leur place dans la nouvelle économie ?
Barack Obama a d’abord insisté sur son bilan économique, qu’il juge très positif. Il a notamment rappelé que 14 millions d’emplois avaient été créés depuis son arrivée à la Maison Blanche. Mais l’économie change. Dans de nombreux secteurs, de plus en plus d’employés sont remplacés par des machines. Les entreprises doivent faire face à une concurrence mondiale de plus en plus féroce, ce qui les incite à délocaliser leur production dans des pays à la main-d’œuvre bon marché. La richesse est de plus en plus concentrée dans les mains de quelques privilégiés. Il est normal que les américains soient anxieux face à ces changements et le défi est de s’y adapter. D’après Obama, une grande partie de la solution consiste à investir davantage dans l’éducation et à la rendre plus accessible. De plus, on sait que la sûreté de l’emploi ne sera plus aussi forte qu’auparavant. De plus en plus d’américains seront amenés à se réorienter au cours de leur carrière professionnelle. Face à cette réalité, il faut que l’Etat assure un minimum de sécurité aux citoyens. C’est pourquoi il était important de réformer le système de santé pour permettre à tous les américains de pouvoir accéder aux soins. Et c’est pourquoi il faudra à l’avenir renforcer la Sécurité Sociale et non l’affaiblir.
- Question n°2 : Comment répondre aux défis de l’avenir, notamment le changement climatique ?
Les solutions aux défis majeurs du futur – notamment le changement climatique – viendront de la recherche scientifique et de l’innovation technologique. Le Président a exhorté ses compatriotes à ne pas abandonner l’esprit de découverte qui « fait partie de notre ADN ». Il en a profité pour glisser un petit tacle à ceux qui nient la réalité du changement climatique ou qui sont résignés, estimant qu’il est déjà trop tard pour sauver la planète.
Sixty years ago, when the Russians beat us into space, we didn’t deny Sputnik was up there. We didn’t argue about the science, or shrink our research and development budget. We built a space program almost overnight, and twelve years later, we were walking on the moon. (Il y a soixante ans, quand les Russes nous ont battu dans la conquête de l’espace, nous n’avons pas nié que Sputnik était là-haut. Nous ne nous sommes pas disputés à propos de la science, et nous n’avons pas diminué notre budget de recherche et développement. Nous avons construit un programme spatial presque du jour au lendemain, et douze ans plus tard, nous marchions sur la lune)
Le Président a également tiré un bilan positif de son action en faveur du climat. Il a rappelé que sous sa présidence, les Etats-Unis avaient investi comme jamais dans les énergies propres et avaient été le pays du monde à avoir le plus diminué ses émissions de CO2. Il a appelé à poursuivre ces efforts dans les années à venir et à terme, à abandonner l’usage des énergies fossiles (charbon et pétrole).
- Question n°3 : Comment garder l’Amérique en sécurité sans se transformer en gendarmes du monde ?
Barack Obama a d’abord déclaré que ceux (sous-entendu les Républicains) qui prétendent que les Etats-Unis se seraient affaiblis et leurs ennemis renforcés au cours de sa présidence ont tout faux.
Let me tell you something. The United States of America is the most powerful nation on Earth, period. […] We spend more on our military than the next eight nations combined. Our troops are the finest fighting force in the history of the world. No nation attacks us directly or our allies because they know that’s the path to ruin. (Laissez-moi vous dire quelque chose. Les Etats-Unis d’Amérique sont la nation la plus puissante sur Terre, point. […] Nous dépensons davantage pour notre armée que les huit nations suivantes combinées. Nos troupes sont la meilleure force combattante de l’histoire du monde. Aucune nation ne nous attaque directement ni nos alliés parce qu’ils savent que c’est le chemin de la ruine)
Il a ajouté qu’il était bien conscient que le monde d’aujourd’hui était dangereux et qu’il fallait bien sûr lutter contre les réseaux terroristes comme Al-Qaïda ou l’Etat Islamique. Concernant l’Etat Islamique, l’ennemi principal du moment, le Président a présenté les choses de la manière suivante : Oui, l’Etat Islamique est dangereux et peut mener des attentats dramatiques qui coûtent la vie à de nombreuses personnes. Il faut donc le combattre. Mais non, l’Etat Islamique ne menace pas l’existence même des Etats-Unis et non, la Troisième Guerre Mondiale n’a pas débuté.
Masses of fighters on the back of pickup trucks, twisted souls plotting in apartments or garages. They pose an enormous danger to civilians, they have to be stopped, but they do not threaten our national existence. That is the story ISIL wants to tell, that’s the kind of propaganda they use to recruit. (Une foule de combattants à l’arrière de pickups, des esprits tordus complotant dans des appartements et des garages. Ils représentent un énorme danger pour les civils, ils doivent être stoppés, mais ils ne menacent pas notre existence nationale. C’est l’histoire que l’Etat Islamique veut raconter, c’est le genre de propagande qu’ils utilisent pour recruter)
Obama a également ajouté qu’il ne fallait pas jouer le jeu de l’Etat Islamique en stigmatisant l’ensemble des musulmans. Dire que l’Etat Islamique est représentatif de l’une des plus importantes religions du monde n’est rien d’autre qu’un mensonge.
Concernant la politique menée contre l’Etat Islamique, Obama est resté fidèle à ses positions. Il a rappelé que plus de 10,000 frappes aériennes avaient déjà été menées et qu’un soutien était apporté aux troupes syriennes et irakiennes combattant au sol. Pour lui, cette stratégie est la bonne et la victoire n’est qu’une question de temps. Il ajoutera même, pour prouver sa détermination à vaincre :
If you doubt America’s commitment – or mine – to see that justice is done, just ask Osama bin Laden. (Si vous doutez de l’engagement de l’Amérique – ou du mien – à ce que justice soit faite, demandez donc à Oussama Ben Laden)
Rappel : En 2011, Barack Obama annonçait la mort d’Oussama Ben Laden , tué par une opération des forces spéciales américaines au Pakistan.
De manière plus générale, Barack Obama a aussi défendu l’idée que les américains ne pouvaient pas être les gendarmes du monde. L’histoire a démontré que ce n’était pas la bonne solution.
We also can’t try to take over and rebuild every country that falls into crisis even if it’s done with the best of intentions. […] It’s the lesson of Vietnam, it’s the lesson of Iraq, and we should have learned it by now. (Nous ne pouvons pas essayer de prendre le contrôle et de reconstruire chaque pays en crise même si c’est fait avec la meilleure des intentions. […] C’est la leçon du Vietnam, c’est la leçon de l’Irak, et nous devrions l’avoir apprise maintenant)
Cela ne signifie pas pour autant que les Etats-Unis doivent se replier sur eux-mêmes et adopter une position totalement isolationniste. Il faut continuer à agir et à jouer un rôle important sur la scène internationale mais en travaillant en collaboration avec les autres nations du monde. Obama a déclaré que c’est cette approche multilatérale qu’il avait adoptée depuis son arrivée à la Maison Blanche. Elle a abouti à l’accord sur le nucléaire iranien et au rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba. Des accomplissements dont il est fier mais qui restent très critiqués par l’opposition républicaine. Obama a aussi affirmé qu’il allait continuer de travailler pour parvenir à la fermeture de Guantanamo. Un petit commentaire de Mike Huckabee là-dessus ?

- Question n°4 : Comment améliorer la politique ?
Barack Obama a regretté que la politique crée autant de divisions. Il a admis que l’un des regrets de sa présidence était de ne pas avoir réussi à faire davantage collaborer les Républicains et les Démocrates.
It’s one of the few regrets of my presidency, that the rancor and suspicion between the parties has gotten worse instead of better. (C’est l’un des rares regrets de ma présidence, que la rancœur et la suspicion entre les partis aient empirées au lieu de s’améliorer)
Il s’est ensuite lancé dans une forme de plaidoyer pour inciter à changer la manière de faire de la politique.
The future we want, all of us want – opportunity and security for our families, a rising standard of living, a sustainable, peaceful planet for our kids – all that is within our reach. But it will only happen if we work together. It will only happen if we can have rational, constructive debates. It will only happen if we fix our politics. A better politics doesn’t mean we have to agree on everything. This is a big country, different regions, different attitudes, different interests. That’s one of our strengths, too. Our Founders distributed power between states and branches of government, and expected us to argue, just as they did, fiercely, over the size and shape of government, over commerce and foreign relations, over the meaning of liberty and the imperatives of security. But democracy does require basic bonds of trust between its citizens. It doesn’t work if we think the people who disagree with us are all motivated by malice, it doesn’t work if we think that our political opponents are unpatriotic or trying to weaken America. (Le futur que nous voulons, que nous voulons tous – des opportunités et de la sécurité pour nos familles, un niveau de vie qui augmente, une planète durable et en paix pour nos enfants – tout cela est à portée de main. Mais cela n’arrivera que si nous travaillons ensemble. Cela n’arrivera que si nous pouvons avoir des débats rationnels et constructifs. Cela n’arrivera que si nous réparons notre politique. Une meilleure politique ne signifie pas que nous devons être d’accord sur tout. Ceci est un grand pays, des régions différentes, des états d’esprit différents, des intérêts différents. C’est aussi l’une de nos forces. Nos Pères Fondateurs ont réparti le pouvoir entre les états et les branches du gouvernement, et ils s’attendaient à ce que nous nous disputions, comme ils l’ont fait, avec intensité, à propos de la taille et de la forme du gouvernement, du commerce et des affaires étrangères, de la signification de la liberté et des impératifs de la sécurité. Mais une démocratie exige des liens de confiance basiques entre ses citoyens. Elle ne fonctionne pas si nous pensons que les personnes qui ne sont pas d’accord avec nous sont toutes motivées par la malveillance, elle ne fonctionne pas si nous pensons que nos opposants politiques ne sont pas patriotes ou essayent d’affaiblir l’Amérique)
Ça, c’était le message aux politiciens de tous bords. Mais si les élus ont une part de responsabilité, ils sont aussi les victimes d’un système politique qui favorise ces dérives.
There are a whole lot of folks in this chamber – good people – who would like to see more cooperation, would like to see a more elevated debate in Washington, but feel trapped by the imperatives of getting elected, by the noise coming out of your base. I know, you’ve told me. It’s the worst-kept secret in Washington. And a lot of you aren’t enjoying being trapped in that kind of rancor. (Il y a beaucoup de personnes dans cette salle – de bonnes personnes – qui aimeraient voir plus de coopération, qui aimeraient voir un débat plus élevé à Washington, mais se sentent piégées par les impératifs pour être élu, par le bruit venant de leur base électorale. Je le sais, vous me l’avez dit. C’est le secret le moins bien gardé de Washington. Et beaucoup d’entre vous n’apprécient pas d’être piégé dans cette espèce de rancœur)
Il faudrait donc peut-être songer à modifier le système, et notamment à faire en sorte que l’argent ait moins d’influence dans le système électoral américain. Et les citoyens américains ont aussi un rôle à jouer.
Changes in our political process – in not just who gets elected, but how they get elected – that will only happen when the American people demand it. It depends on you. That’s what’s meant by a government of, by, and for the people. What I’m suggesting is hard. It’s a lot easier to be cynical, to accept that change is not possible, and politics is hopeless, and the problem is all the folks who are elected don’t care, and to believe that our voices and our actions don’t matter. But if we give up now, then we forsake a better future. […] So, my fellow Americans, whatever you may believe, whether you prefer one party or no party, whether you supported my agenda or fought as hard as you could against it, our collective future depends on your willingness to uphold your duties as a citizen, to vote, to speak out, to stand up for others, especially the weak, especially the vulnerable, knowing that each of us is only here because somebody somewhere stood up for us. (Les changements dans notre processus politique – pas seulement qui est élu, mais comment il est élu – cela n’arrivera que lorsque les américains l’exigeront. Cela dépend de vous. C’est ce que signifie un gouvernement de, par, et pour le peuple. Ce que je suis en train de suggérer est difficile. C’est beaucoup plus facile d’être cynique, d’accepter que le changement n’est pas possible, et que la politique est nulle, et que le problème est que toutes les personnes qui sont élues s’en fichent, et de croire que nos voix et nos actions n’ont pas d’importance. Mais si nous abandonnons maintenant, alors nous renonçons à un futur meilleur. […] Alors, mes chers compatriotes, quoi que vous puissiez croire, que vous préfériez un parti ou aucun parti, que vous ayez soutenu mon programme ou que vous vous soyez battus le plus fort que vous pouviez contre, notre futur collectif dépend de votre volonté de maintenir vos devoirs de citoyens, de voter, de vous exprimer, de vous battre pour les autres, particulièrement les faibles, particulièrement les vulnérables, en sachant que chacun de nous n’est ici que parce que quelqu’un quelque part s’est battu pour nous)
- La promesse de trouver un remède au cancer
C’est le grand engagement pris par Barack Obama lors de ce discours. Les Etats-Unis vont mettre une stratégie en place (et consacrer les moyens financiers nécessaires) afin de trouver un remède efficace contre le cancer. Le Président a chargé son Vice-Président Joe Biden (dont le fils a récemment succombé à un cancer) de mener à bien cette mission. C’est le seul moment de son discours où Barack Obama a été applaudi par l’ensemble des membres du Congrès, y compris les Républicains.
- Les critiques à peine voilées à l’encontre de Donald Trump
Barack Obama n’a jamais cité le nom de Donald Trump mais il ne fallait pas être Einstein pour comprendre que plusieurs des passages de son discours étaient destinés à dénoncer la rhétorique de ce dernier (et peut-être aussi celle des Républicains en général). En voici le meilleur exemple :
We need to reject any politics that targets people because of race or religion. Let me just say this. This isn’t a matter of political correctness. This is a matter of understanding just what it is that makes us strong. The world respects us not just for our arsenal, it respects us for our diversity and our openness and the way we respect every faith. His Holiness, Pope Francis, told this body from the very spot I’m standing on tonight that « to imitate the hatred and violence of tyrants and murderers is the best way to take their place. » When politicians insult Muslims, whether abroad, or fellow citizens, when a mosque is vandalized, or a kid is called names, that doesn’t make us safer. (Nous devons rejeter toute politique qui cible des gens en raison de leur race ou de leur religion. Laissez-moi juste dire ceci. Ce n’est pas une question de politiquement correct. C’est une question de comprendre ce qui nous rend forts. Le monde ne nous respecte pas seulement pour notre arsenal, il nous respecte pour notre diversité et notre ouverture d’esprit et la façon dont nous respectons toutes les croyances. Sa Sainteté, le Pape François, a déclaré de l’endroit exact où je me trouve ce soir que « imiter la haine et la violence des tyrans et des meurtriers est la meilleure manière de prendre leur place ». Lorsque des politiciens insultent les musulmans, que ce soit à l’étranger, ou des citoyens américains, lorsqu’une mosquée est vandalisée, ou un enfant insulté, cela ne renforce pas notre sécurité)
QUELQUES RÉACTIONS SUR TWITTER
Les candidats à la présidence n’ont pas manqué de commenter le discours de Barack Obama sur Twitter. Petite sélection loin d’être exhaustive.





LA RÉPONSE DE NIKKI HALEY
C’est Nikki Haley, gouverneure de Caroline du Sud, qui avait été désignée par le Parti Républicain pour délivrer la réponse de l’opposition au discours de Barack Obama. Voici la critique qu’elle a adressée au Président :
Barack Obama’s election as president seven years ago broke historic barriers and inspired millions of Americans. As he did when he first ran for office, tonight President Obama spoke eloquently about grand things. He is at his best when he does that. Unfortunately, the President’s record has often fallen far short of his soaring words. (L’élection de Barack Obama comme Président il y a sept ans a brisé des barrières historiques et a inspiré des millions d’américains. Comme il l’a fait lorsqu’il est entré en fonction, le Président Obama a ce soir parlé de grandes choses avec éloquence. Il est au mieux quand il fait cela. Malheureusement, le bilan du Président n’a souvent pas été à la hauteur de ses envolées lyriques)
Haley a (entre autres) mentionné parmi les échecs du Président : une reprise économique encore insuffisante et des salaires peu élevés, un Obamacare inefficace et qui a eu pour effet d’augmenter considérablement le coût de l’assurance maladie pour la majorité des américains, l’insécurité dans certains villes et surtout, sa politique étrangère. Elle a ensuite assuré qu’elle comprenait la frustration de bon nombre d’américains envers Washington. Les hommes politiques font beaucoup de promesses et celles-ci ne sont pas toujours tenues. Les Républicains comme les Démocrates ont une part de responsabilité dans la baisse de confiance des électeurs vis-à-vis du système politique dans son ensemble. Petit mea-culpa donc.
Mais ce que tout le monde retiendra du discours de Nikki Haley est sa critique adressée à Donald Trump. Extraits :
During anxious times, it can be tempting to follow the siren call of the angriest voices. We must resist that temptation. No one who is willing to work hard, abide by our laws, and love our traditions should ever feel unwelcome in this country. (En des temps angoissants, il peut être tentant de suivre le chant des sirènes des voix les plus furieuses. Nous devons résister à cette tentation. Personne, s’il est disposé à travailler dur, à respecter nos lois, et à aimer nos traditions, ne devrait jamais avoir l’impression de ne pas être le bienvenu dans ce pays)
Some people think that you have to be the loudest voice in the room to make a difference. That is just not true. Often, the best thing we can do is turn down the volume. When the sound is quieter, you can actually hear what someone else is saying. And that can make a world of difference. (Certaines personnes pensent qu’il faut être la voix la plus bruyante dans la salle pour faire une différence. Ce n’est pas vrai. Souvent, la meilleure chose que nous pouvons faire est de baisser le volume. Quand le son est plus calme, vous pouvez vraiment entendre ce que quelqu’un d’autre dit. Et cela peut faire un monde de différence)
Comme l’avait fait Paul Ryan lorsqu’il était sorti de sa réserve pour réagir négativement à la proposition de Trump d’interdire toute immigration musulmane, Haley semble avoir voulu insister sur le fait que certaines positions de Donald Trump ne sont pas représentatives de l’opinion majoritaire au sein du Parti Républicain. La performance de Nikki Haley a été saluée sur Twitter par plusieurs personnalités républicaines, comme Jeb Bush.

L’allocution de Haley démontre en tout cas qu’il existe bien aujourd’hui une grosse fracture au sein du Parti Républicain, comme le soulignait ce journaliste du New York Times dans un tweet.

Une réflexion sur “RETOUR SUR LE DERNIER DISCOURS SUR L’ÉTAT DE L’UNION DE BARACK OBAMA”