Le sixième débat républicain a eu lieu le 14 janvier dernier à Charleston (Caroline du Sud). En voici le compte-rendu.
INTRODUCTION
Ce sixième débat républicain était aussi le tout premier débat de l’année 2016. Il était organisé par la chaîne Fox Business. Cette dernière avait affiché sa volonté de réduire le nombre de participants au débat principal. Dans cette optique, les critères d’admission étaient les suivants : seuls les six candidats les mieux classés dans les sondages au niveau national étaient automatiquement qualifiés. Il s’agissait de Donald Trump, Ted Cruz, Marco Rubio, Ben Carson, Chris Christie et Jeb Bush. De plus, si un autre candidat ne faisait pas partie de ce top 6 au niveau national mais parvenait dans le top 5 en Iowa ou au New Hampshire, il était également qualifié. C’est ce critère qui a permis à John Kasich de s’ajouter à la liste des participants, en raison de bons scores dans le New Hampshire. Le « grand débat » ne comptait donc cette fois-ci plus que sept participants. Carly Fiorina et Rand Paul en étaient évincés et étaient invités à prendre part au Happy Hour Debate, en compagnie de Mike Huckabee et de Rick Santorum. Si Carly Fiorina a accepté cette décision sans rechigner, ce ne fut pas le cas de Rand Paul. Le sénateur du Kentucky a rapidement annoncé qu’il boycotterait le Happy Hour Debate car il n’était pas question pour lui de prendre part à un débat « de seconde zone ». Rand Paul avait jusqu’ici toujours réussi à se qualifier pour les débats principaux et entendait protester contre la décision « injuste » de Fox Business. D’après lui, les sondages ne sont pas une science exacte et comportent une marge d’erreur dont les médias ne tiennent pas compte. Il mettait aussi en avant le fait qu’il devançait Chris Christie, Jeb Bush ou John Kasich dans certains sondages. Voici un extrait du communiqué publié sur son site web :
Even the pollsters are concerned that the media is using their polls incorrectly. Polls are at best an estimation, and include a standard of error that the media and the RNC are ignoring. A poll number of 5 is no different than a poll number of 8 if the standard of error is +/- 3. To exclude candidates on faulty analysis is to disenfranchise the voter. (Même les sondeurs sont préoccupés par le fait que les médias utilisent leurs sondages de manière erronée. Les sondages sont au mieux une estimation, et comprennent une marge d’erreur que les médias et le Parti Républicain ignorent. Un chiffre de 5 dans un sondage n’est pas différent d’un chiffre de 8 si la marge d’erreur est de +/- 3. Exclure des candidats sur base d’une analyse erronée revient à priver l’électeur de son droit de vote)
Plutôt que de participer à un Happy Hour Debate dont l’audience est toujours très faible comparée à celle du débat principal, Rand Paul a préféré se rendre dans les locaux de Twitter à New York pour répondre en direct à des questions posées par les internautes !
Venons-en maintenant au compte-rendu des débats.
HAPPY HOUR DEBATE
Participants: Carly Fiorina, Mike Huckabee, Rick Santorum (Rand Paul était invité à participer mais a décliné l’invitation)
Modératrices: Trish Regan & Sandra Smith, journalistes à Fox Business. Il s’agissait du premier débat animé uniquement par des femmes.
Durée du débat: 1h
Compte-rendu:
- Un débat très décevant
Ce Happy Hour Debate fut probablement le débat le plus pauvre auquel on ait assisté depuis le coup d’envoi de la campagne. Les trois candidats se sont contentés de réciter leur discours habituel et il n’y a jamais eu de véritable débat entre eux. Ils ont critiqué la récente initiative de Barack Obama concernant les armes à feu ainsi que sa politique étrangère. Ils se sont tous les trois déclarés opposés à l’accueil de réfugiés syriens supplémentaires. Mais au-delà de ces dénonciations, peu de solutions politiques concrètes ont été mises sur la table. Bref, nous n’avons vraiment RIEN appris de nouveau lors de ce débat.
Carly Fiorina a surtout cherché à se présenter comme quelqu’un qui ne fait pas partie du monde politique. Elle a répété à de nombreuses reprises la phrase Citizens, we need to take our country back (Citoyens, il faut que nous reprenions le contrôle de notre pays). Mike Huckabee est resté fidèle à lui-même en étant l’auteur de quelques déclarations dont il a le secret. Il a aussi insisté sur le besoin d’attacher de l’importance aux « valeurs morales ». Rick Santorum s’est quant à lui encore une fois présenté comme le défenseur d’une classe ouvrière qu’il estime complètement délaissée par l’ensemble de la classe politique, Démocrates et Républicains confondus.
Vous l’aurez compris, il n’y avait pas grand-chose à retenir de ce débat. Quelques petites phrases ne sont toutefois pas passées inaperçues. On les doit principalement à un Mike Huckabee qui a toujours le sens de la formule, pour le meilleur et pour le pire.
- Quelques déclarations de Mike Huckabee
When I went to Afghanistan, I saw a land that looked like the land of the Flintstones. (Lorsque je suis allé en Afghanistan, j’ai vu un pays qui ressemblait au pays des Flintstones)
The Flintstones (en français, La Famille Pierrafeu) est un film mettant en scène une famille vivant au temps de la préhistoire. Mike Huckabee tentait d’expliquer que le rôle de l’Amérique n’était pas d’intervenir militairement partout dans le monde dans l’espoir d’y apporter le progrès et la démocratie, mais d’intervenir uniquement lorsque sa sécurité est directement menacée.
I purchase guns, and I can assure you that it is much more difficult to purchase a firearm than it is to get the ingredients of a salad at the supermarket. (J’achète des armes, et je peux vous assurer qu’il est beaucoup plus difficile d’acheter une arme à feu que les ingrédients d’une salade au supermarché)
D’après Mike Huckabee, le Président Obama exagère lorsqu’il parle de l’existence de « vides juridiques » entourant la vente d’armes à feu aux Etats-Unis.
At the end of every political speech, most of us say God bless America. But how can he do that when we continue to slaughter 4,000 babies a day? (A la fin de chaque discours politique, la plupart d’entre nous disent Que Dieu bénisse l’Amérique. Mais comment pourrait-il faire cela alors que nous continuons de massacrer 4,000 bébés par jour?)
Référence bien sûr à l’avortement dont Huckabee est un farouche opposant.
The European Union is a failure. (L’Union Européenne est un échec)
- La phrase de la soirée
Unlike another woman in this race, I actually love spending time with my husband. (Contrairement à une autre femme dans cette campagne, j’aime vraiment passer du temps avec mon mari)
Carly Fiorina, qui visait évidemment Hillary Clinton, seule autre femme candidate à la présidence.
- Le petit hommage à Rand Paul
Alors que Rick Santorum avait dépassé le temps de parole qui lui était accordé pour répondre à une question, il a plaisanté en faisant référence au grand absent de la soirée, Rand Paul :
I know I’m out of time but I’m going to take some of Rand Paul’s time. (Je sais que je n’ai plus de temps mais je vais prendre un peu du temps de parole de Rand Paul)
DÉBAT PRINCIPAL
Participants: Donald Trump, Ted Cruz, Marco Rubio, Ben Carson, Chris Christie, Jeb Bush, John Kasich
Modérateurs: Neil Cavuto & Maria Bartiromo, journalistes à Fox Business.
Durée du débat: 2h30
Compte-rendu:
- Ted Cruz vs Donald Trump, épisode 1
C’est l’opposition entre Donald Trump et Ted Cruz qui a dominé ce sixième débat. Ces deux-là avaient soigneusement évité de se critiquer mutuellement depuis le début de la campagne, mais les choses ont bien changé en ce début d’année 2016. En effet, ils se disputent désormais la première place dans les sondages en Iowa et Donald Trump a récemment lancé une polémique concernant l’éligibilité de Ted Cruz à la présidence (ndlr: Ted Cruz étant né au Canada, Trump estime que les Démocrates pourraient contester son éligibilité devant les tribunaux s’il venait à remporter les primaires républicaines). La première passe d’armes entre les deux candidats a justement porté sur ce thème. Tout a commencé lorsque Ted Cruz a été interrogé à ce sujet par le modérateur Neil Cavuto. Il a répondu en accusant Donald Trump d’avoir lancé cette polémique sans fondement uniquement parce qu’il le devançait désormais dans les sondages en Iowa.
Since September, the Constitution hasn’t changed. But the poll numbers have. (Depuis septembre, la Constitution n’a pas changé. Mais les sondages ont changé)
Cruz a assuré qu’il rentrait tout à fait dans les conditions d’éligibilité requises par la Constitution en étant né à l’étranger d’une mère américaine. Il a même ajouté que si l’on suivait la théorie de certains défenseurs extrêmes de la thèse « nativiste », Donald Trump lui-même ne serait pas éligible à la présidence puisque sa mère n’est pas née aux Etats-Unis.
Some of the more extreme ones insist that you must not only be born on U.S. soil, but have two parents born on U.S. soil. Under that theory, not only would I be disqualified, Marco Rubio would be disqualified, Bobby Jindal would be disqualified and, interestingly enough, Donald J. Trump would be disqualified. Because Donald’s mother was born in Scotland. She was naturalized. (Certaines des théories les plus extrêmes insistent sur le fait que vous ne devez pas seulement être né sur le sol américain, mais que vous devez avoir deux parents nés sur le sol américain. Selon cette théorie, je ne serais pas seulement disqualifié, Marco Rubio serait disqualifié, Bobby Jindal serait disqualifié et, de façon assez intéressante, Donald J. Trump serait disqualifié. Parce que la mère de Donald est née en Ecosse. Elle a été naturalisée)
Trump s’est empressé de réagir :
But I was born here. Big difference. (Mais je suis né ici. Grosse différence)
Il a ensuite répété que personnellement, la candidature de Cruz ne lui posait pas de problème mais qu’il craignait que les Démocrates puissent la contester.
I’m not bringing a suit. I promise. But the Democrats are going to bring a lawsuit. (Je ne vais pas faire de procès. Je le promets. Mais les Démocrates vont faire un procès)
Lorsque le journaliste lui a demandé pourquoi il n’avait pas mis la question en évidence plus tôt, Trump a reconnu qu’il le faisait maintenant parce que Cruz était désormais en meilleure position dans les sondages ! On peut donc considérer que ce premier affrontement entre les deux candidats a plutôt tourné à l’avantage de Ted Cruz. Ce sera moins le cas du deuxième.
- Ted Cruz vs Donald Trump, épisode 2
Ted Cruz a tenté d’attaquer Donald Trump en insistant sur le fait qu’il n’avait pas toujours défendu des positions conservatrices par le passé (ndlr: une attaque souvent utilisée par d’autres adversaires de Trump, notamment Jeb Bush et Rand Paul qui l’accusent de ne pas être un véritable conservateur). Cruz a alors mis en évidence que Trump était après tout originaire de la ville de New York, qui n’est pas réputée pour abriter de nombreux conservateurs.
Not a lot of conservatives come out of Manhattan. (Il n’y a pas beaucoup de conservateurs qui viennent de Manhattan)
Il a aussi déclaré que Donald Trump incarnait les « valeurs de New York » (New York values). Lorsqu’on lui a demandé d’expliquer ce qu’il entendait par là, il a précisé :
Everyone understands that the values in New York City are socially liberal or pro-abortion or pro-gay-marriage, focus around money and the media. (Tout le monde comprend que les valeurs de New York sont socialement libérales ou pro-avortement ou pro-mariage gay, et se focalisent sur l’argent et les médias)
Trump a répondu en accusant Cruz d’avoir insulté les new-yorkais et en invoquant la réaction de ceux-ci aux attentats du 11 septembre 2001.
New York is a great place. It’s got great people, it’s got loving people, wonderful people. When the World Trade Center came down, I saw something that no place on Earth could have handled more beautifully, more humanely than New York. […] And we rebuilt downtown Manhattan, and everybody in the world watched and everybody in the world loved New York and loved New Yorkers. And I have to tell you, that was a very insulting statement that Ted made. (New York est un endroit formidable. Elle possède des personnes formidables, des personnes tendres, des personnes exceptionnelles. Lorsque le World Trade Center s’est effondré, j’ai vu une chose à laquelle aucun autre endroit au monde n’aurait pu faire face d’une plus belle manière, d’une manière plus humaine que New York. […] Et nous avons reconstruit Manhattan, et le monde entier a regardé et le monde entier a aimé New York et a aimé les new-yorkais. Et je dois vous dire, c’est une déclaration très insultante que Ted vient de faire)
À en juger par le nombre de réactions négatives qu’a suscitées la déclaration de Ted Cruz dans les heures suivant le débat, on peut estimer que ce deuxième affrontement a tourné à l’avantage de Donald Trump. Même Hillary Clinton a publié un tweet affirmant qu’elle était pour une fois de l’avis de Trump !

Le hashtag #NewYorkValues a rapidement fait son apparition sur les réseaux sociaux. Deux reproches principaux étaient en fait adressés à Ted Cruz :
1 – Il aurait insulté les new-yorkais (ou du moins fait preuve d’un certain mépris à leur égard) alors qu’un Président doit représenter TOUS les américains.
2 – Alors qu’il dénonçait l’attachement des new-yorkais à l’argent, il n’a pas hésité à accepter de grosses contributions financières de la part de riches new-yorkais ou d’organisations basées à New York pour financer sa campagne électorale. Il serait donc quelque peu hypocrite. Le site Crowdpac faisait ainsi remarquer que de tous les candidats républicains, seul Jeb Bush avait reçu davantage de contributions financières provenant de New York.
Le New York Daily News s’est lui aussi emparé de l’affaire en faisant une nouvelle Une choc. On y voit la statue de la liberté faire un doigt d’honneur à Ted Cruz. Le titre? Va te faire foutre, Ted.
L’affaire a pris une telle ampleur que le maire de la ville de New York, Bill de Blasio, et le gouverneur de l’état de New York, Andrew Cuomo (tous deux Démocrates) ont rapidement demandé des excuses à Ted Cruz. Celui-ci a alors déclaré :
I apologize to the millions of New Yorkers who have been let down by the liberal politicians in that state. (Je m’excuse auprès des millions de new-yorkais qui ont été déçus par les politiciens libéraux dans cet état)
Il n’avait donc semble-t-il pas vraiment envie de s’excuser.
- La réponse de Donald Trump à Nikki Haley
Lors de sa réponse au discours sur l’état de l’Union de Barack Obama, la gouverneure républicaine de Caroline du Sud avait appelé à ne pas céder à la tentation de « suivre le chant des sirènes des voix les plus furieuses ». Elle visait clairement Donald Trump. Interrogé à ce sujet, celui-ci a répondu qu’il n’avait pas été offensé par les propos de Nikki Haley puisque celle-ci n’avait fait que dire la vérité.
I’m very angry because our country is being run horribly and I will gladly accept the mantle of anger. Our military is a disaster. Our healthcare is a horror show. Obamacare, we’re going to repeal it and replace it. We have no borders. Our vets are being treated horribly. Illegal immigration is beyond belief. Our country is being run by incompetent people. And yes, I am angry. (Je suis très en colère car notre pays est atrocement dirigé et j’accepterai volontiers la cape de la colère. Notre armée est un désastre. Notre système de soins de santé est un film d’horreur. Obamacare, nous allons l’abroger et le remplacer. Nous n’avons pas de frontières. Nos vétérans sont affreusement traités. L’immigration illégale est au-delà de ce qui est imaginable. Notre pays est dirigé par des gens incompétents. Et oui, je suis en colère)
- Marco Rubio vs Ted Cruz
Vous vous en souvenez peut-être. Marco Rubio et Ted Cruz s’étaient durement affrontés lors du dernier débat. Il a cette fois-ci fallu attendre les dernières minutes pour assister à une nouvelle bagarre entre les deux jeunes sénateurs, au sujet de l’immigration. Cruz a reproché à Rubio d’avoir été l’un des concepteurs de la Gang of Eight Bill, un projet de loi qui envisageait des possibilités de régularisation pour les immigrants illégaux*.
*Ce projet de loi était bipartisan. Il avait été rédigé et présenté au Congrès en 2013 par un groupe de huit sénateurs, quatre Démocrates et quatre Républicains dont John McCain, Marco Rubio et Lindsey Graham. L’objectif était ambitieux puisqu’il s’agissait de réformer le système d’immigration. Le projet prévoyait une possibilité de régularisation, et même d’obtention de la nationalité américaine, pour certains immigrants illégaux présents aux Etats-Unis depuis de nombreuses années. Mais la loi n’avait finalement pas obtenu une majorité des voix au Congrès et n’est donc jamais entrée en vigueur.
Rubio s’est quelque peu emporté et a reproché à Cruz de changer trop souvent d’avis sur de nombreux sujets, en fonction de ce que cela pouvait lui rapporter électoralement.
Ted Cruz, you used to say you supported doubling the number of green cards, now you say that you’re against it. You used to support a 500% increase in the number of guest workers, now you say that you’re against it. You used to support legalizing people that were here illegally, now you say you’re against it. (Ted Cruz, tu avais l’habitude de dire que tu étais favorable au doublement du nombre de green cards, maintenant tu dis que tu es contre. Tu supportais une augmentation de 500% du nombre de travailleurs immigrés, maintenant tu dis que tu es contre. Tu supportais la légalisation des gens qui sont ici illégalement, maintenant tu dis que tu es contre)
Et la liste continue ainsi encore longtemps. Au total, Rubio a donné plus de dix exemples de ce type ! Il a aussi reproché à Cruz d’avoir voté, tout comme Rand Paul et le Démocrate Bernie Sanders, contre tous les projets de loi visant à augmenter le budget alloué à la Défense. Cruz a affirmé qu’au moins la moitié des affirmations de Rubio étaient fausses et les journalistes ont ensuite rapidement mis fin à la discussion. Il faut dire que le débat touchait alors à sa fin.
- Les critiques envers Hillary Clinton
Comme lors de chaque débat républicain, le nom d’Hillary Clinton a été mentionné. Ce sont cette fois Jeb Bush et Marco Rubio qui ont attaqué le plus violemment la candidate démocrate, notamment en raison de sa gestion de la crise à Benghazi et de son utilisation d’un serveur privé pour ses e-mails professionnels. Jeb Bush a déclaré :
Hillary Clinton would be a national security disaster. […] She’s under investigation with the FBI right now. If she gets elected, her first 100 days, instead of setting an agenda, she might be going back and forth between the White House and the courthouse. (Hillary Clinton serait un désastre pour la sécurité nationale. […] Elle fait l’objet d’une enquête du FBI en ce moment. Si elle est élue, ses 100 premiers jours, au lieu de les passer à mettre en place son agenda, elle pourrait les passer à aller de la Maison Blanche au palais de justice)
Le site Politifact s’est penché sur cette affirmation de Jeb Bush et l’a qualifiée de partiellement vraie. En effet, une enquête du FBI a bien été ouverte au sujet des e-mails d’Hillary Clinton, afin d’évaluer si son serveur privé avait été correctement sécurisé et si des informations classées secret défense avaient pu se retrouver entre de mauvaises mains. Clinton pourrait donc être amenée à témoigner dans cette affaire. Mais Bush exagère lorsqu’il affirme qu’elle fait l’objet d’une enquête à elle seule étant donné qu’aucune charge criminelle n’est retenue contre elle.
Marco Rubio a rebondi sur les propos de Bush et en a rajouté une couche :
She wouldn’t just be a disaster. Hillary Clinton is disqualified from being commander-in-chief of the United States. Someone who cannot handle intelligence information appropriately cannot be commander-in-chief. (Elle ne serait pas seulement un désastre. Hillary Clinton n’est pas qualifiée pour être commandant-en-chef des Etats-Unis. Quelqu’un qui ne sait pas manier des informations des services secrets correctement ne peut pas être commandant-en-chef)
- Marco Rubio vs Barack Obama
Marco Rubio s’en est également pris à Barack Obama, dénonçant sa récente action exécutive sur les armes à feu. Il a laissé entendre que le rêve d’Obama était de parvenir à confisquer leurs armes à tous les américains.
The Second Amendment is not an option. It is not a suggestion. It is a constitutional right of every American to be able to protect themselves and their families. I am convinced that if this president could confiscate every gun in America, he would. (Le Second Amendement n’est pas une option. Ce n’est pas une suggestion. C’est un droit constitutionnel de chaque américain de pouvoir se défendre lui et sa famille. Je suis convaincu que si ce Président pouvait confisquer chaque arme en Amérique, il le ferait)
Barack Obama n’a pourtant cessé de répéter dernièrement qu’il n’avait aucune intention de confisquer leurs armes aux citoyens qui n’avaient rien à se reprocher, mais qu’il voulait seulement rendre l’accès aux armes plus difficile pour les criminels et les malades mentaux.
- Jeb Bush vs Donald Trump, le retour
Jeb Bush s’en est beaucoup moins pris à Donald Trump que lors des débats précédents. L’occasion venue, il a cependant encore une fois dénoncé vigoureusement la proposition de Trump d’interdire l’accès au territoire américain à tous les musulmans. Les journalistes ont fait un tour de table à ce propos, pour demander à tous les candidats s’ils étaient favorables ou non à la proposition de Trump. Tous s’y sont déclarés défavorables. Mais ils ont également tous déclaré qu’il ne fallait plus accepter de réfugiés syriens en l’état actuel des choses, et ce pour des raisons de sécurité. Ted Cruz a ajouté qu’outre les réfugiés syriens, il voudrait également interdire l’immigration en provenance de tous les pays où l’Etat Islamique et/ou Al-Qaïda sont fortement implantés. Cette position avait également été défendue récemment par Rand Paul qui avait même introduit un projet de loi à ce sujet, mais il n’était pas présent sur le plateau pour s’exprimer. Enfin, Cruz a aussi déclaré qu’il aimerait faire passer une loi qui déclarerait que tout citoyen américain partant combattre en Syrie serait immédiatement privé de sa nationalité et ne pourrait donc plus jamais rentrer aux Etats-Unis.
Notons que Jeb Bush a aussi critiqué la proposition de Trump de mettre en place des droits de douane plus élevés sur les importations chinoises. Bush a déclaré que cela aurait surtout pour effet d’augmenter les prix pour les consommateurs et que la Chine répliquerait certainement en augmentant elle aussi ses droits de douane sur les produits américains, ce qui serait une catastrophe pour toutes les entreprises américaines exportant des produits vers la Chine.
- Bernie Sanders ? Même pas peur !
À en juger pas les nombreuses attaques qu’ils lui adressent, les candidats républicains semblent certains qu’ils auront à affronter Hillary Clinton lors de l’élection générale. Cependant, son adversaire aux primaires démocrates Bernie Sanders est actuellement en train de la devancer dans les sondages en Iowa et dans le New Hampshire. Interrogé sur la possibilité de voir l’auto-proclamé socialiste Sanders remporter l’investiture démocrate, John Kasich s’est montré très sûr de lui :
Well, if that’s the case, we’re going to win every state. (Et bien, si c’est le cas, nous remporterons tous les états)
- Le danger d’un electromagnetic pulse (EMP)
Ben Carson, ainsi que Rick Santorum lors du Happy Hour Debate, ont tous les deux évoqué le danger d’un EMP (electromagnetic pulse) provoqué par une explosion nucléaire dans l’atmosphère. D’après eux, l’Iran pourrait à l’avenir mener une telle attaque contre les Etats-Unis. Nous avons été quelque peu intrigués par ces déclarations et nous nous sommes donc renseignés à ce sujet. Et figurez-vous qu’il ne s’agit pas de science-fiction ! Le phénomène EMP existe bien. Si l’Iran ou un autre pays, voire un groupe terroriste, parvenait à faire exploser une bombe nucléaire très puissante à un endroit précis dans l’atmosphère, l’onde de choc provoquée par l’explosion pourrait provoquer un EMP. Celui-ci aurait pour conséquence de mettre hors de fonctionnement tous les appareils fonctionnant à l’électricité sur le territoire américain (voitures, ordinateurs…). On imagine le chaos que cela provoquerait. Un expert interrogé par le Washington Post expliquait qu’il était toutefois peu probable que les ennemis des Etats-Unis parviennent à mener une telle attaque. En effet, il faudrait tout d’abord qu’ils possèdent une bombe nucléaire suffisamment puissante. Ensuite, il faudrait qu’ils parviennent à faire exploser cette bombe à une distance très spécifique dans l’atmosphère. Si cela n’est pas totalement impossible, cela semble donc tout de même extrêmement difficile à réaliser. Il serait beaucoup plus aisé de faire exploser directement une bombe atomique sur le territoire américain, ce qui serait tout aussi dévastateur. Bref, si Carson et Santorum n’ont pas inventé cette histoire de EMP de toutes pièces, ce n’est sans doute pas une menace imminente comme ils semblaient le suggérer. Par contre, l’expert interrogé par le Washington Post déclarait qu’un EMP causé par une éruption solaire était tout à fait envisageable.
- Le conseil cinéma de la soirée
Ted Cruz a fait de la publicité pour un film qui vient de sortir aux Etats-Unis. Il s’agit de 13 Hours, le film de Michael Bay qui revient sur l’attaque du consulat américain à Benghazi. D’après Cruz, le film démontrerait à quel point l’administration américaine et plus particulièrement Hillary Clinton, qui était Secrétaire d’Etat à l’époque, auraient mal géré la crise et abandonné le personnel américain sur place à son sort. La meilleure solution pour vous faire votre propre avis sera d’aller voir le film au cinéma 😉
VAINQUEURS ET PERDANTS
Comme souvent, la liste des vainqueurs du débat ne faisait pas l’unanimité dans la presse. Trois noms revenaient cependant le plus souvent et ce sont aussi les trois noms que nous avons retenus. Nous vous livrons notre avis ci-dessous.
- Vainqueurs
Marco Rubio. Il continue de prouver qu’il est le candidat le plus doué dans l’exercice du débat. Tellement bon orateur qu’il est le plus souvent convaincant, même lorsqu’il force le trait. Il est aussi toujours très bien préparé aux attaques que pourraient lui adresser ses adversaires et donc capable d’y répondre par une attaque encore plus forte.
Ted Cruz. Le plus doué dans l’exercice du débat avec Rubio. Il a bien répondu à l’attaque de Donald Trump sur la question de son éligibilité, poussant même ce dernier à reconnaître qu’il avait mis cette polémique en avant en raison des résultats des récents sondages ! Mais les propos de Cruz sur les « valeurs new-yorkaises » ont suscité une vague d’indignation, ce qui apporte une note négative à sa performance globalement positive.
Donald Trump est notre troisième gagnant. Ses propos restent souvent décousus et ses propositions vagues. Mais sa défense des new-yorkais après l’attaque de Ted Cruz a été presque unanimement acclamée. Et sa réponse à Nikki Haley où il expliquait avoir de bonnes raisons d’être en colère était plutôt intelligente.
Rand Paul. Enfin, Rand Paul peut également être considéré comme un vainqueur. En effet, il a réussi à faire parler de lui lors de cette soirée alors même qu’il en était absent ! Un petit groupe de ses supporters a interrompu le débat principal pendant quelques secondes en chantant We Want Rand. Et surtout, il s’est fait remarquer en répondant directement aux questions qui lui étaient adressées par les internautes sur les réseaux sociaux. D’après les statistiques de Twitter, il était même le quatrième candidat à avoir gagné le plus d’abonnés au cours de la soirée (derrière Trump, Cruz et Rubio) !
- Perdant
Le grand perdant de la soirée (et la presse était unanime sur ce point), c’est Ben Carson. Autrefois en tête des sondages aux côtés de Donald Trump, il n’en finit plus de chuter et est de plus en plus invisible à chaque débat. Il a d’ailleurs été le candidat à avoir le moins parlé au cours de la soirée (seulement 8 minutes).
Pour terminer, sachez que ce débat n’a réuni que 11 millions de téléspectateurs, ce qui en fait le débat républicain le moins regardé jusqu’ici.