COMPTE-RENDU DU DÉBAT RÉPUBLICAIN DE MIAMI

Jeudi 10 mars, les quatre derniers candidats à l’investiture républicaine se sont retrouvés à Miami pour un nouveau débat. Compte-rendu. 

INTRODUCTION

Ce douzième débat républicain avait lieu à Miami, cinq jours avant la primaire de Floride. Il était organisé par CNN. La soirée a débuté par une minute de silence en mémoire de Nancy Reagan. Les quatre candidats ont ensuite répondu aux questions des modérateurs dans le calme. Oui, vous avez bien lu. Nous avons assisté à un véritable débat, et non à une représentation de cirque. Les candidats ont affiché des différences de points de vue importantes mais il n’y eut pas de cris ni d’insultes. Le Parti Républicain avait-il rappelé les candidats à l’ordre en raison de l’image désastreuse donnée lors des trois derniers débats? Marco Rubio et Ted Cruz s’étaient-ils aperçus que leurs attaques contre Donald Trump n’avaient pas changé grand-chose, et que ce n’était donc peut-être pas la bonne tactique? Donald Trump avait-il décidé de faire un effort pour paraître plus sérieux? Un peu de tout cela sans doute. En tout cas, les candidats furent respectueux les uns des autres. Donald Trump n’a d’ailleurs pas manqué de le faire remarquer, en déclarant I cannot believe how civil it’s been up here (Je n’arrive pas à croire que ce soit si courtois ici).

LE DÉBAT

Participants: Donald Trump, Ted Cruz, Marco Rubio, John Kasich

Modérateurs: Jake Tapper, journaliste à CNN, était le modérateur principal du débat. Dana Bash, journaliste à CNN, et Stephen Dinan, journaliste au Washington Times, ont également posé quelques questions aux candidats.

Durée du débat: 2h

Compte-rendu:

  • L’appel du pied de Donald Trump au Parti Républicain

Comme nous venons de le signaler, Donald Trump n’a pas proféré la moindre insulte à l’encontre de ses adversaires pendant ce débat. Plus de Little Marco ou de Lying Ted. Il a donc prouvé qu’il était capable de se contrôler quand il le voulait. Son objectif était probablement de paraître plus crédible dans la peau d’un futur Président. Il a d’ailleurs délivré un message clair au Parti Républicain : ne me faites pas la guerre, soutenez-moi, et nous gagnerons l’élection générale en novembre. Trump a insisté sur le fait qu’il ait attiré des millions de nouveaux électeurs vers le Parti Républicain, y compris des citoyens n’ayant jamais voté auparavant. D’après lui, le Parti Républicain devrait s’en réjouir. Il suggérera aux Républicains d’ « être intelligents » et de se rassembler autour de sa candidature.

  • Le scoop de la soirée

Donald Trump a rapidement annoncé que Ben Carson allait lui apporter officiellement son soutien. Des rumeurs avaient couru toute la journée à ce sujet mais rien n’avait encore été confirmé.

  • Les visas H1B

La discussion sur l’économie s’est rapidement focalisée sur la question assez technique des visas H1B. Le visa H1B est un visa qui permet à un employeur de faire venir facilement un travailleur étranger aux Etats-Unis s’il ne trouve aucun américain ayant les compétences nécessaires pour l’emploi en question. Ces visas sont par exemple beaucoup utilisés dans le domaine de la recherche scientifique. Mais certaines entreprises exploiteraient le système pour faire venir des travailleurs étrangers dans le seul but de les embaucher à un salaire moins élevé qu’un travailleur américain. Récemment, le cas de Disney a fait la Une des journaux en Floride. La direction du parc d’attractions a en effet licencié des travailleurs américains pour les remplacer par des travailleurs étrangers bénéficiant de visas H1B.

Marco Rubio s’est déclaré favorable à ce que le programme de visas H1B continue d’exister. Il a précisé que dans le cas de Disney, il s’agissait d’un abus. En effet, d’après la loi, il est interdit d’utiliser des visas H1B pour remplacer des américains. Rubio estime que les entreprises qui abusent du système doivent être lourdement sanctionnées. Il propose qu’elles ne soient plus jamais autorisées à utiliser le programme par la suite. Mais s’il faut lutter contre les abus, il ne faut pas pour autant mettre fin au programme. En effet, s’il est employé à bon escient, il est utile.

Donald Trump a quant à lui suggéré que l’existence des visas H1B était néfaste aux travailleurs américains, tout en reconnaissant lui-même les utiliser dans ses entreprises.

I know the H1B very well. And it’s something that I frankly use and I shouldn’t be allowed to use it. We shouldn’t have it. Very, very bad for workers. (Je connais très bien le H1B. Et franchement c’est quelque chose que j’utilise et je ne devrais pas être autorisé à l’utiliser. Nous ne devrions pas l’avoir. Très, très mauvais pour les travailleurs)

Comme il le fait souvent dès que l’on aborde des sujets économiques, Trump avoue utiliser les lois en vigueur à son profit pour le bien de ses entreprises. Mais il ajoute que ces lois sont globalement mauvaises pour le pays et qu’il les modifiera. Et il affirme qu’étant donné qu’il connaît très bien le système, il saura exactement comment le modifier le plus efficacement possible.

  • La Sécurité Sociale

La question de l’avenir de la Sécurité Sociale a été longuement abordée. De nombreux économistes s’accordent en effet pour dire que celle-ci risque de faire faillite dans les vingt prochaines années. C’est aussi ce que pense Marco Rubio. Il a affirmé que si l’on ne faisait pas les réformes nécessaires, la Sécurité Sociale ferait faillite et n’existerait tout simplement plus pour les générations futures.

Anyone who tells you that Social Security can stay the way it is is lying. (Ceux qui vous disent que la Sécurité Sociale peut rester telle qu’elle est vous mentent)

Sa solution? Augmenter progressivement l’âge légal du départ à la retraite pour que tout le monde cotise plus longtemps. L’âge légal passerait de 67 à 68 ans pour les personnes ayant déjà entamé leur vie professionnelle. Il passerait ensuite à 70 ans pour la génération suivante.

Donald Trump est lui opposé à l’augmentation de l’âge du départ à la retraite. Sa solution? Grâce à son programme économique, le pays sera de nouveau beaucoup plus riche et on aura de nouveau suffisamment d’argent pour financer la Sécurité Sociale.

I will do everything within my power not to touch Social Security, to leave it the way it is, to make this country rich again, to bring back our jobs, to get rid of deficits, to get rid of waste, fraud and abuse. (Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas toucher à la Sécurité Sociale, pour la laisser telle qu’elle est, pour rendre ce pays riche à nouveau, pour ramener nos emplois, pour se débarrasser des déficits, pour se débarrasser du gaspillage, de la fraude et des abus de pouvoir)

Ce n’est pas la première fois que Donald Trump prétend que sa lutte contre « le gaspillage et la fraude » contribuera presque à elle seule à régler le problème de la dette du pays. La journaliste Dana Bash reviendra sur ce point en faisant remarquer à Trump que, d’après une étude, le montant des fraudes dont il parle s’élèverait à 3 milliards de dollars, alors que les économistes estiment qu’il faudra trouver 150 milliards de dollars d’ici vingt ans pour sauver la Sécurité Sociale. Elle demandera à Trump où il entend trouver le reste de la somme nécessaire. Trump répondra vaguement, en mentionnant les montants énormes de l’aide internationale. Il dira que les Etats-Unis dépensent trop d’argent pour aider des pays comme la Corée du Sud ou le Japon. Il dira même que les Etats-Unis « prennent soin du monde entier » et que cela n’est pas tenable financièrement. Interrogé juste après, Marco Rubio fera remarquer que les chiffres avancés par Donald Trump n’ont pas de sens. Oui, il faut combattre la fraude mais ce sera loin d’être suffisant pour régler le problème de la dette. Quant au montant de l’aide internationale, Rubio rappellera que cela ne représente qu’1% du budget fédéral.

John Kasich émettra encore une autre opinion. D’après lui, il faut en effet réformer le système pour que les générations futures puissent encore bénéficier de la Sécurité Sociale. Comme il l’a exprimé à l’aide d’une jolie formule :

There are more 18-year-olds who believe they have a better chance of seeing a UFO than a Social Security check. (Il y a davantage de jeunes de 18 ans qui croient avoir une chance de voir un jour un objet volant non-identifié qu’un chèque de la Sécurité Sociale)

Mais pour Kasich, la solution ne passe pas forcément par l’augmentation de l’âge du départ à la retraite. Il préconise plutôt une diminution des bénéfices pour les retraités les plus riches. Autrement dit, le montant des allocations de retraite ne serait plus le même pour tout le monde. Il serait proportionnel aux revenus engrangés par chacun au cours de sa carrière professionnelle.

  • Les relations commerciales

Comme il le fait souvent, Donald Trump a affirmé que les Etats-Unis acceptaient tout et n’importe quoi au nom du libre-échange. Or, les pays concurrents comme la Chine n’hésitent pas à dévaluer leur monnaie. Trump dira des relations commerciales des Etats-Unis avec la Chine :

It’s not free trade, it’s stupid trade. (Ce n’est pas du libre-échange, c’est de l’échange stupide)

C’est pourquoi Trump propose d’imposer une taxe de 45% sur les importations venues de Chine. Cela inciterait d’après lui les américains à produire de nouveau aux Etats-Unis. Cette mesure très protectionniste est critiquée par ses adversaires. Ted Cruz a déclaré que cette taxe nuirait avant tout au consommateur américain puisque les prix de tous les produits importés augmenteraient considérablement. Et ensuite, la Chine ne manquerait pas de répliquer en mettant à son tour en place une taxe de la même nature sur les produits américains. Par conséquent, les entreprises américaines ne parviendraient plus à exporter et ce serait néfaste à l’économie américaine dans son ensemble. Ces arguments contre la mesure de Trump avaient déjà été avancés par Jeb Bush et Marco Rubio lors de précédents débats.

  • Les propos polémiques de Donald Trump sur l’Islam

Lors d’une interview accordée à CNN la veille du débat, Donald Trump avait déclaré : Islam hates us (L’Islam nous hait).

Jake Tapper l’a interrogé au sujet de cette déclaration.

TAPPER : Last night, you told CNN, quote, « Islam hates us ». Did you mean all 1.6 billion Muslims? (Hier soir, vous avez dit à CNN, je cite, « L’Islam nous hait ». Parliez-vous des 1,6 milliards de musulmans?)

TRUMP : I mean a lot of them. (Je veux dire un grand nombre d’entre eux)

Marco Rubio a alors critiqué Donald Trump. Il a d’abord affirmé qu’un Président des Etats-Unis ne peut pas dire tout ce qu’il veut car cela a des conséquences partout dans le monde. Cette réponse a été jugée tendancieuse par certains observateurs. On pouvait en effet penser que Rubio ne s’opposait pas fondamentalement au constat de Trump (que tous les musulmans sont extrémistes) mais disait simplement qu’il ne fallait pas le dire tout haut en raison des conséquences que cela pouvait avoir. Mais Rubio a ensuite ajouté que beaucoup de musulmans servaient dans l’armée américaine et aimaient l’Amérique.

Réponse de Trump ?

Marco talks about consequences. Well, we’ve had a lot of consequences, including airplanes flying into the World Trade Center, the Pentagon and could have been the White House. There have been a lot of problems. Now you can say what you want, and you can be politically correct if you want. I don’t want to be so politically correct. I like to solve problems. We have a serious, serious problem of hate. There is tremendous hate. Where large portions of a group of people, Islam, large portions want to use very, very harsh means. Let me go a step further. Women are treated horribly. You know that. Women are treated horribly, and other things are happening that are very, very bad. (Marco parle de conséquences. Et bien, nous avons eu beaucoup de conséquences, y compris des avions s’écrasant dans le World Trade Center, le Pentagone et cela aurait pu être dans la Maison Blanche. Il y a eu beaucoup de problèmes. Maintenant vous pouvez dire ce que vous voulez, et vous pouvez être politiquement correct si vous voulez. Je ne veux pas être politiquement correct. J’aime résoudre les problèmes. Nous avons un sérieux, sérieux problème de haine. Il y a une haine immense. Une large partie d’un groupe de personnes, l’Islam, une large partie veut utiliser des moyens très, très durs. Laissez-moi aller un peu plus loin. Les femmes sont affreusement traitées. Vous le savez. Les femmes sont affreusement traitées, et d’autres choses se produisent qui sont très, très mauvaises)

Réaction de Marco Rubio ?

I’m not interested in being politically correct. I’m interested in being correct. (Cela ne m’intéresse pas d’être politiquement correct. Cela m’intéresse d’être correct)

Rubio dira qu’il y a bien un problème de radicalisation très important au sein de l’Islam mais qu’il faut continuer de travailler avec les pays musulmans pour lutter contre cette radicalisation.

  • Le respect des Conventions de Genève

Jake Tapper a aussi choisi de parler de la proposition polémique de Trump qui consiste à vouloir s’en prendre directement aux familles des personnes suspectées de terrorisme. Cette proposition va à l’encontre du droit international et notamment des Conventions de Genève. Lors de l’interview qu’il avait accordée à CNN la veille du débat, Trump déclarait : Everybody believes in the Geneva Convention until they start losing (Tout le monde croit à la Convention de Genève jusqu’à ce qu’il commence à perdre).

Jake Tapper demandera à Donald Trump comment il pourra ordonner à l’armée d’obéir à des ordres illégaux. Donald Trump laissera entendre qu’il faudra étendre la loi pour que cela ne soit plus illégal.

We better expand our laws or we’re being a bunch of suckers. And they are laughing at us. They are laughing at us, believe me. (Nous ferions mieux d’étendre nos lois ou nous sommes une bande de pigeons. Et ils se moquent de nous. Ils se moquent de nous, croyez-moi)

On peut sans doute regretter que Jake Tapper n’ait pas insisté davantage. Donald Trump était-il vraiment en train de suggérer que les Etats-Unis pourraient se retirer de la Convention de Genève? Au lieu de cela, Tapper a préféré se tourner vers Marco Rubio.

TAPPER : Senator Rubio, would you as president pursue a policy of targeting the families of suspected terrorists? (Sénateur Rubio, en tant que président, appliqueriez-vous une politique visant les familles des suspects de terrorisme?)

RUBIO : No. Of course not. And we don’t have to in order to defeat terrorists. (Non. Bien sûr que non. Et nous n’en avons pas besoin pour vaincre les terroristes)

Tapper posera ensuite la même question à Ted Cruz.

TAPPER : Senator Cruz, you’ve talked about changing the rules of engagement in battle against ISIS. Would that include targeting the families of suspected terrorists? (Sénateur Cruz, vous avez parlé de changer les règles d’engagement au combat contre l’Etat Islamique. Est-ce que cela inclurait de viser les familles des suspects de terrorisme?)

CRUZ : No. Of course not. We’ve never targeted innocent civilians and we’re not going to start now. (Non. Bien sûr que non. Nous n’avons jamais ciblé de civils innocents et nous n’allons pas commencer maintenant)

Ceci étant dit, Marco Rubio et Ted Cruz afficheront également des positions très fermes. Par exemple, Rubio affirmera qu’il est hors de question de fermer le site de Guantanamo et que s’il devient Président, les terroristes arrêtés continueront d’y être incarcérés.

  • Le soutien à Israël

Marco Rubio et Ted Cruz ont de nouveau reproché à Donald Trump de ne pas afficher un soutien assez fort à Israël. Donald Trump se défendra en assurant qu’il est totalement pro-Israël mais qu’il aimerait tenter de trouver un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens. Il dit que cela sera très difficile mais qu’il aimerait essayer. Et que la plupart des Israéliens qu’il connaît souhaitent avant tout pouvoir vivre en paix. Essayer de trouver un accord de paix n’est donc pas forcément anti-israélien. Pour Marco Rubio et Ted Cruz, il est impossible de trouver un accord de paix tant que l’Autorité Palestinienne gouverne en coalition avec le Hamas, qui est une organisation terroriste. Pour eux, lorsque Donald Trump affirme vouloir être « neutre », il met sur un pied d’égalité un état démocratique et des terroristes qui lancent des roquettes tous les jours sur cet état.

  • Cuba

Le débat ayant lieu à Miami, on a évidemment parlé de Cuba. On sait que Barack Obama va bientôt s’y rendre. Ce sera le premier Président américain à le faire depuis Calvin Coolidge en 1928 ! Depuis le début de sa campagne, Donald Trump s’est déclaré plutôt favorable au rapprochement diplomatique avec Cuba. Par contre, Marco Rubio et Ted Cruz (qui sont par ailleurs tous les deux d’origine cubaine) sont très critiques vis-à-vis de la politique d’ouverture de Barack Obama.

Dana Bash interrogera d’abord Marco Rubio, en lui faisant remarquer qu’une majorité d’américains se dit favorable au rapprochement diplomatique avec Cuba. Pourquoi ont-ils tort? Marco Rubio expliquera qu’il veut que le régime change à Cuba. Or, l’administration Obama n’a exigé aucune avancée démocratique en échange du rétablissement des relations diplomatiques. Cette ouverture va donc seulement permettre au régime cubain de s’enrichir et de se maintenir encore plus longtemps au pouvoir.

Donald Trump sera ensuite interrogé sur le fait qu’il se soit montré plutôt favorable à la politique de Barack Obama. Il confirmera qu’il est plutôt favorable au rétablissement des relations diplomatiques. Il dira même que After 50 years, it’s enough time, folks (Après 50 ans, c’est assez, les gars). Mais il dira aussi que l’accord négocié par Barack Obama est décevant. Dana Bash tentera d’en savoir plus. Elle demandera à Trump s’il entend laisser l’ambassade américaine de La Havane ouverte s’il est élu ou s’il entend rompre de nouveau les relations diplomatiques. Trump répondra qu’il fermera sans doute l’ambassade le temps de négocier un meilleur accord. C’était la première fois qu’il évoquait la possibilité de fermer à nouveau l’ambassade. Jusqu’ici, il avait toujours semblé suggérer que la réouverture de celle-ci était une bonne chose et qu’il ne voulait pas revenir en arrière.

Marco Rubio sera beaucoup plus ferme.

Here’s a good deal. Cuba has free elections, Cuba stops putting people in jail for speaking out, Cuba has freedom of the press, Cuba kicks out the Russians from Lourdes and kicks out the Chinese listening station in Berupal, Cuba stops helping North Korea evade U.N. sanctions, Cuba takes all of those fugitives of American justice, including that cop killer from New Jersey, and send her back to the United States and to jail where she belongs. And you know what? Then we can have a relationship with Cuba. That’s a good deal. (Voilà un bon deal. Cuba organise des élections libres, Cuba arrête de mettre des gens en prison parce qu’ils s’expriment, Cuba a la liberté de la presse, Cuba met à la porte les Russes de Lourdes et la station d’écoute chinoise à Berupal, Cuba arrête d’aider la Corée du Nord à échapper aux sanctions de l’ONU, Cuba prend tous ces fugitifs de la justice américaine, y compris cette femme qui a tué un policier au New Jersey, et la renvoie aux Etats-Unis et en prison où elle doit être. Et vous savez quoi? Alors nous pourrons avoir une relation avec Cuba. Ça, c’est un bon deal)

Le débat se déroulant à Miami, Marco Rubio sera très applaudi. Ted Cruz dira lui aussi qu’il mettra à nouveau fin aux relations diplomatiques avec Cuba s’il est élu.

  • Le climato-scepticisme de Marco Rubio

Marco Rubio a été interrogé sur la lutte contre le réchauffement climatique. Jake Tapper a rappelé que le maire républicain de la ville de Miami, qui est directement menacée par la montée du niveau des océans, soutient Marco Rubio mais l’a aussi appelé à reconnaître la réalité du changement climatique. Or, on sait que Marco Rubio a déjà affiché des positions climato-sceptiques par le passé. Il ne nie pas totalement la réalité du réchauffement climatique mais doute que l’homme en soit responsable. C’est la position qu’il a encore affichée lors de ce débat.

The climate is changing and one of the reasons is because the climate has always been changing. There’s never been a time when the climate has not changed. (Le climat est en train de changer et l’une des raisons est que le climat a toujours été en train de changer. Il n’y a jamais eu une époque où le climat n’a pas changé)

Dans la pratique, la position de Rubio consiste surtout à dire que la priorité doit être la santé de l’économie et pas la lutte contre le réchauffement climatique. Autrement dit, oui à des mesures qui permettent concrètement de contrer les effets néfastes du changement climatique là où c’est nécessaire. Mais non à l’adoption de lois trop contraignantes à Washington qui feraient plus de mal à l’économie que de bien au climat. Rubio avancera même l’argument selon lequel une loi aux Etats-Unis ne peut pas changer grand-chose puisque les autres pays comme l’Inde et la Chine continueront à polluer. Comme il le dira lui-même :

America is not a planet, it’s a country. (L’Amérique n’est pas une planète, c’est un pays)

  • La violence aux meetings de Donald Trump

Jake Tapper a interrogé Donald Trump au sujet de plusieurs épisodes violents qui se sont déroulés en marge de ses meetings. Plusieurs plaintes de manifestants ont en effet déjà été enregistrées. Ils se plaignent d’avoir été agressés par des sympathisants de Trump alors qu’ils manifestaient pacifiquement. Bien que n’étant pas directement responsable de ces actes, Donald Trump a été très critiqué pour ne pas les avoir fermement condamnés. Certains estiment même qu’il les a encouragés par certaines déclarations. Il avait par exemple déclaré récemment au sujet d’un manifestant: « J’aimerais bien lui donner un coup de poing ». Il a également déclaré que si certains de ses supporters étaient accusés d’agression pour avoir mis à la porte des manifestants lors de meetings, il était prêt à payer leurs frais de justice ! Notons que Jake Tapper avait bien anticipé en abordant ce sujet puisqu’au lendemain du débat, des bagarres importantes éclateront en marge d’un meeting de Donald Trump à Chicago et provoqueront son annulation. Nous reviendrons sur ces événements dans notre prochain Weekly News Flash.

Jake Tapper a demandé à Trump s’il pensait que certaines de ses déclarations avaient pu encourager ses supporters à faire usage de la violence. Trump répondra « J’espère que non » et défendra ensuite ses sympathisants en les décrivant comme des gens en colère et qui aiment profondément leur pays. Il dira aussi que certains des manifestants qui s’infiltrent dans ses meetings sont des individus dangereux.

  • La belle histoire de la soirée

Nous la devons à Marco Rubio qui nous a expliqué qu’un homme lui donnait envie de continuer à se battre pour remporter cette élection. Il s’agit d’un homme qui a été récemment opéré. Son médecin lui a recommandé de se reposer mais il préfère se rendre tous les jours devant un bureau de vote de Floride avec sa pancarte « Marco Rubio ». Il tente de convaincre les passants de voter en sa faveur.

That gentleman has not given up on me and I am not going to give up on him. (Cet homme ne m’a pas laissé tomber et je ne vais pas le laisser tomber)

Nous avons vérifié si Rubio n’avait pas inventé cette belle histoire de toutes pièces et ce n’est pas le cas. Cet homme existe bien. Il s’appelle Everett Sutton et a fait l’objet d’articles dans la presse locale.

  • La blague de la soirée ?

Voici comment Ted Cruz a débuté son closing statement :

What an incredible nation we have, that the son of a bartender, and the son of a mailman, and the son of a dishwasher, and a successful businessman, can all stand on this stage, competing and asking for your support. (Quelle incroyable nation nous avons, où le fils d’un barman, et le fils d’un facteur, et le fils d’un plongeur, et un brillant businessman, peuvent tous être sur ce plateau, participer et vous demander de les soutenir)

Le contraste entre les « fils de » (respectivement Rubio, Kasich et lui-même) et le « brillant businessman » (Trump) a fait rire le public. Nous ne sommes donc pas les seuls à avoir pensé que Ted Cruz plaisantait subtilement. Mais d’autres estiment que l’effet comique n’était pas voulu. Le débat est ouvert…

  • La déclaration la plus farfelue de la soirée

Donald Trump a de nouveau prétendu que Barack Obama avait refusé de bombarder les puits de pétrole en Syrie parce qu’il ne voulait pas nuire à l’environnement.

We’re not knocking out the oil because they don’t want to create environmental pollution up in the air. I mean, these are things that nobody even believes. They think we’re kidding. They didn’t want to knock out the oil because of what it’s going to do to the carbon footprint. We don’t fight like we used to fight. We used to fight to win. Now we fight for no reason whatsoever. We don’t even know what we’re doing. (Nous n’éliminons pas le pétrole parce qu’ils ne veulent pas créer de la pollution environnementale dans l’air. Je veux dire, ce sont des choses que personne ne peut croire. Ils pensent que nous plaisantons. Ils ne voulaient pas éliminer le pétrole en raison de ce que cela allait faire à l’empreinte carbone. Nous ne nous battons plus comme nous avions l’habitude de le faire. Nous avions l’habitude de nous battre pour gagner. Maintenant nous nous battons sans la moindre raison. Nous ne savons même pas ce que nous faisons)

Nous vous assurons que cette déclaration est 100% authentique.

  • La phrase de la soirée

I would maybe be running for president of Croatia if we didn’t have immigration. (Je serais peut-être en train d’être candidat à la présidence de la Croatie si nous n’avions pas d’immigration)

– John Kasich, dont la mère est d’origine croate et le père d’origine tchèque.

VAINQUEURS ET PERDANTS

Qui sont les vainqueurs et les perdants de ce débat ?

  • Les gagnants

Tous les participants sortent gagnants de ce débat qui s’est déroulé dans le calme et sans insultes.

Marco Rubio. Marco Rubio est le grand vainqueur de la soirée. Que l’on soit d’accord ou non avec lui, ses positions se sont avérées être les plus argumentées et cohérentes. Petit bémol: sa position sur le changement climatique qui est très contestable. Mais ce n’est pas nouveau.

Ted Cruz. Ted Cruz a également été l’auteur d’une bonne performance. Il est parvenu à suggérer à plusieurs reprises, sans l’attaquer de front pour autant, que Donald Trump n’avait aucun plan concret et que son programme ne se résumait qu’à quelques grands slogans.

Donald Trump. Les réponses de Donald Trump aux questions politiques qui lui sont posées restent très évasives, caricaturales et parfois mensongères. Mais force est de constater que cela ne lui a jamais nui dans les urnes. Et lors de ce débat, il n’a pas attaqué personnellement ses adversaires et n’a proféré aucune insulte. Bref, il a montré qu’il était capable d’une certaine discipline. Il avait tout à y gagner.

John Kasich. John Kasich est resté fidèle à lui-même, jouant à fond la carte du candidat positif qui défend ses idées avant d’attaquer celles des autres. Le débat étant cette fois globalement constructif, il n’avait plus l’air d’un extra-terrestre faisant campagne sur une autre planète.

Jake Tapper. Si le débat fut constructif, on le doit aussi en partie à Jake Tapper, qui a posé de bonnes questions. Il a par exemple choisi d’aborder les questions de la dette ou de l’avenir de la Sécurité Sociale qui avaient été totalement oubliées ces dernières semaines. Il a aussi eu l’intelligence d’interroger Donald Trump sur les actes violents auxquels on a pu assister lors de certains de ses meetings. Tout cela avant que les événements de Chicago ne mettent définitivement cette question à la Une de tous les journaux. C’était plutôt bien anticipé.

  • Le perdant

Le compte à rebours de CNN. Il était difficile de trouver un perdant à ce débat, alors nous en profitons pour pousser un petit coup de gueule contre CNN. La chaîne annonçait en effet que le débat débuterait à 20h30 (heure locale). Un compte à rebours était même présent à l’écran dans les heures qui précédaient le débat. Une fois ce compte à rebours arrivé à zéro, les présentateurs nous ont gentiment expliqué qu’en réalité, le débat ne commencerait qu’à 21h. Et ce n’était pas la première fois que CNN faisait le coup. Pourquoi mentir ainsi aux téléspectateurs sur la véritable heure du débat? Carton rouge !

 

 

 

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