GAME OVER. Donald Trump sera bien le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine. Il a remporté une victoire décisive lors de la primaire de l’Indiana, forçant ses deux derniers rivaux à jeter l’éponge. Côté démocrate, c’est Bernie Sanders qui l’a emporté.
INDIANA (IN)
Capitale: Indianapolis
Ville la plus peuplée: Indianapolis
Population: 6,619,680 (estimation 2015)
Surnom: The Hoosier State
Devise: The Crossroads of America // Le carrefour de l’Amérique
Gouverneur actuel: Mike Pence (R)
L’Indiana est un état du Midwest. Son économie est avant tout basée sur l’industrie (production d’acier, industrie automobile, industrie pharmaceutique etc). L’agriculture y est également un secteur important. Par ailleurs, le Indianapolis 500 (500 miles d’Indianapolis en français) est l’une des courses automobiles les plus célèbres au monde. Elle attire plus de 250,000 spectateurs chaque année !
LES RÉSULTATS
Les vainqueurs du jour se nomment Bernie Sanders et surtout Donald Trump.
Résultats de la primaire démocrate
BERNIE SANDERS 52,7% ⇒ 44 délégués
Hillary Clinton 47,3% ⇒ 45 délégués
Résultats de la primaire républicaine
DONALD TRUMP 53,3% ⇒ 57 délégués
Ted Cruz 36,7%
John Kasich 7,5%
La primaire républicaine de l’Indiana était winner-takes-all, ce qui explique que Donald Trump remporte tous les délégués de l’état. Suite à l’annonce de sa victoire, ses deux derniers rivaux, Ted Cruz et John Kasich, ont annoncé qu’ils mettaient un terme à leur campagne électorale. Donald Trump est donc désormais assuré de remporter l’investiture républicaine. Nous allons revenir ci-dessous sur les abandons de Cruz et Kasich, ainsi que sur la division que la victoire de Trump est en train de créer au sein du Parti Républicain. Mais d’abord, il nous faut mentionner la polémique qui a alimenté la chronique durant la journée du 3 mai, alors même que les électeurs de l’Indiana étaient en train de voter.
LA POLÉMIQUE DU JOUR
Alors même que les électeurs de l’Indiana se rendaient aux urnes, Donald Trump accordait une interview à Fox News (par téléphone). Lors de celle-ci, il a fait référence à un scoop du National Enquirer, ce magazine people détenu par l’un de ses amis. Rappelez-vous, c’est déjà ce magazine qui avait affirmé sans aucune preuve tangible que Ted Cruz entretenait plusieurs liaisons extraconjugales. Le nouveau scoop auquel Donald Trump faisait référence était le suivant (accrochez-vous bien) : le père de Ted Cruz serait impliqué dans l’assassinat du Président John F. Kennedy ! Il aurait été photographié en compagnie de Lee Harvey Oswald peu avant que ce dernier ne tire sur JFK à Dallas.
Le National Enquirer n’est évidemment pas un journal très sérieux et n’apporte aucune preuve concrète de ce qu’il avance, si ce n’est cette fameuse photo. On y voit bien Lee Harvey Oswald en compagnie d’un autre homme lors d’une manifestation en faveur de Fidel Castro à La Nouvelle-Orléans en 1963. Mais rien ne prouve que cet homme soit bien Rafael Cruz, le père cubain de Ted. Le site Politifact a même utilisé un logiciel de reconnaissance faciale et celui-ci n’a trouvé aucun point de ressemblance entre le jeune homme sur la photo et Rafael Cruz. D’autre part, il existe des preuves démontrant que le père de Ted Cruz était un opposant au régime de Fidel Castro en 1963. Pourquoi aurait-il donc participé à une manifestation pro-Castro? La presse s’est insurgée face à ce nouveau mensonge de Trump. Sur CNN, le journaliste Jake Tapper a qualifié ces allégations de « ridicules », avant de préciser que dire cela ne revenait pas à être anti-Trump ou pro-Cruz mais tout simplement pro-vérité. Ted Cruz a quant à lui réagi en qualifiant Trump de « menteur pathologique ». Quelques heures plus tard, après l’annonce des résultats de la primaire, Donald Trump complimentera pourtant Cruz, le qualifiant d’ « homme fort et intelligent ».
LES ABANDONS DE TED CRUZ ET DE JOHN KASICH
Le résultat de la primaire de l’Indiana à peine connu, Ted Cruz a annoncé qu’il mettait un terme à sa campagne électorale. Dans un premier temps, John Kasich a affirmé qu’il n’avait pas l’intention de faire de même. Le lendemain, en fin d’après-midi, il changeait cependant d’avis et annonçait lui aussi qu’il jetait l’éponge. Rappelons que cela faisait déjà un moment que Donald Trump était le seul candidat à avoir encore la possibilité d’atteindre la barre des 1,237 délégués. Cruz et Kasich ne pouvaient plus y parvenir, même s’ils remportaient tous les délégués restant à attribuer dans les états devant encore voter. Le seul espoir de victoire finale de Cruz et Kasich résidait donc dans la tenue d’une contested convention au mois de juillet. Petit rappel: les délégués élus lors des primaires votent lors de la Convention Nationale du parti pour le candidat qu’ils sont chargés de représenter. Si un candidat obtient 1,237 voix (ou plus) lors du premier vote, il remporte automatiquement l’investiture. C’est la règle. Mais si aucun candidat n’obtient ce nombre de voix, les délégués votent une seconde fois. Lors de ce second vote, ils ne sont plus obligés de voter en faveur du candidat qu’ils devaient représenter initialement. Autrement dit, dans ce cas de figure, les délégués peuvent décider d’élire n’importe qui. C’est ce que l’on appelle une contested convention. Ted Cruz et John Kasich espéraient empêcher Donald Trump d’atteindre la barre des 1,237 délégués et être ensuite choisis par les délégués lors d’une convention de ce type. Le scénario a longtemps paru plausible mais il a pris du plomb dans l’aile après les victoires écrasantes de Trump dans plusieurs états du nord-est la semaine dernière. En réalité, la primaire de l’Indiana était décisive. Si Donald Trump ne parvenait pas à remporter les 57 délégués de cet état, le scénario de la contested convention restait envisageable. Mais avec les 57 délégués de l’Indiana en poche, Donald Trump était quasiment assuré de parvenir au final aux 1,237 délégués. C’est probablement ce qui a poussé Cruz à l’abandon. À quoi bon subir de nouvelles défaites nuisibles à son image si cela ne sert plus à rien? Cet abandon ne doit pas nous faire oublier le succès de la campagne de Cruz, qui était sans doute la mieux organisée de toutes sur le terrain. A priori pas favori car impopulaire et très à droite, Ted Cruz s’est avéré être un redoutable candidat. Il est parvenu à récolter énormément d’argent (seul Jeb Bush a fait mieux) et à recruter plus de 300,000 bénévoles dans tout le pays. Si l’on excepte Donald Trump, il est le candidat à avoir remporté le plus d’états et de délégués. Le bilan de John Kasich est moins brillant. Il aura été le dernier à abandonner mais il n’aura remporté qu’une seule victoire (dans son état, l’Ohio). Et il ne termine que quatrième de la course en termes de délégués, derrière Trump, Cruz et Rubio (qui a pourtant mis fin à sa campagne à la mi-mars).
LA GUERRE CIVILE AU SEIN DU PARTI RÉPUBLICAIN
Après la primaire de l’Indiana, tout le monde a été forcé de constater que Donald Trump avait bel et bien réussi à déjouer tous les pronostics. Il sera le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine ! Pour un homme qui n’avait jamais fait de politique jusqu’ici et qui a dû affronter seize autres candidats, la performance est remarquable. Certains diront aussi qu’elle est presque incompréhensible, vu la campagne menée par le fantasque milliardaire. Combien de fois a-t-on pensé que l’un de ses commentaires polémiques allait définitivement le faire couler? Il semble pouvoir tout se permettre, même des commentaires et des attitudes qui auraient disqualifié n’importe quel candidat lors de campagnes électorales précédentes. Un journaliste politique du Washington Post a écrit que le succès de Trump était la chose la plus incroyable à laquelle il ait assisté en dix-huit ans de métier. Et ce succès a aussi du mal à passer au sein même du Parti Républicain. Tout d’abord, une statistique intéressante. Depuis le début des primaires, environ 10,5 millions de personnes ont voté en faveur de Donald Trump. 15,6 millions ont voté en faveur de l’un des autres candidats républicains. Il ne s’agit évidemment pas de minimiser le soutien dont dispose Trump. Plus de dix millions de votes, cela n’est pas donné à tout le monde. Et il suffit de voir les foules qu’il rassemble lors de ses meetings pour être impressionné. Mais il est tout de même intéressant de rappeler que davantage d’électeurs républicains ont voté en faveur d’un autre candidat qu’en sa faveur. Après sa victoire décisive en Indiana, on a vu fleurir sur Twitter des messages d’électeurs républicains déçus affirmant qu’ils quittaient le Parti Républicain et qu’ils ne voteraient jamais en faveur de Donald Trump. Certains déclaraient même qu’ils voteraient en faveur du Parti Démocrate pour la première fois de leur vie en novembre. Au sein même du parti, on assiste également à une véritable guerre civile depuis trois jours. Le Grand Old Party semble être au bord de l’implosion. Le New York Daily News (qui n’a certes pas l’habitude de faire dans la nuance) a même déjà prononcé son arrêt de mort. Sur cette Une, on voit un éléphant, symbole du Parti Républicain, dans un cercueil. L’épitaphe indique Parti Républicain. 1854-2016. Le texte en-dessous indique qu’un parti politique autrefois grand a été tué par l’ « épidémie Trump ».
Alors que se passe-t-il au sein du parti? Habituellement, une fois le vainqueur des primaires désigné, tout le monde (y compris ses anciens adversaires) se rassemble autour de lui avant d’affronter le parti adverse lors de l’élection générale. C’est somme toute assez logique. Mais Donald Trump est un cas à part. Tout d’abord, rappelons qu’il n’est membre du Parti Républicain que depuis peu de temps et qu’il a autrefois contribué financièrement aux campagnes électorales de candidats démocrates, dont Hillary Clinton. Il a aussi affiché par le passé des positions qui ne correspondent pas vraiment à celles du Parti Républicain. Le fait d’être « très favorable » à l’avortement, par exemple. Certains conservateurs estiment donc que Trump n’est pas véritablement l’un d’entre eux et qu’il ne défendrait pas les principes de base du parti s’il arrivait au pouvoir. D’autres estiment aussi qu’il est dangereux (culte de la personnalité, manque de connaissances en matière de politique étrangère, incitation au racisme et à la violence etc.). Voilà pourquoi certains membres du parti font de la résistance et refusent d’apporter leur soutien à Trump. En réalité, on peut désormais distinguer trois camps au sein du Parti Républicain :
1 – Ceux que l’on pourrait qualifier de Team Trump. Il s’agit des membres du parti qui lui ont apporté leur soutien et/ou ont rejoint son équipe de campagne bien avant sa victoire décisive en Indiana ce mardi. Autrement dit, ceux qui l’ont soutenu avant même de savoir s’il remporterait ou non l’investiture. On pense par exemple à Sarah Palin, Chris Christie ou Ben Carson.
2 – Les pro-Trump par défaut. Il s’agit de ceux qui ne soutenaient pas Trump avant sa victoire en Indiana, et qui l’ont même parfois violemment critiqué, mais qui estiment qu’il faut désormais le soutenir face à Hillary Clinton. Ils ont aussi tendance à penser que ne pas accepter la victoire de Trump serait aller à l’encontre de la volonté des électeurs. Depuis trois jours, Mike Huckabee, Bobby Jindal, Scott Walker, Jim Gilmore et Rick Perry, tous ex-adversaires de Trump lors des primaires, ont ainsi annoncé qu’ils le soutiendraient en vue de l’élection générale. C’est également le cas du leader de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, qui a déclaré :
I have committed to supporting the nominee chosen by Republican voters. (Je me suis engagé à soutenir le nominé choisi par les électeurs républicains)
D’autres députés, sénateurs, gouverneurs etc. ont affiché la même position. Et c’est aussi la vision défendue désormais par la direction du parti, comme en témoigne ce tweet publié par Reince Priebus, son président.

Parmi les pro-Trump par défaut, certains se contenteront sans doute de déclarer leur soutien à Trump par loyauté envers le parti, sans pour autant s’impliquer dans sa campagne ou accepter un poste dans son administration s’il est élu. D’autres s’impliqueront peut-être davantage et rejoindront alors le groupe numéro 1, celui de la Team Trump. On pourrait ainsi assister à des voltes-faces étonnants. C’est déjà le cas en ce qui concerne Rick Perry. L’ex-gouverneur du Texas avait en effet été le premier à prononcer un discours très violent à l’encontre de Donald Trump en juillet 2015. Un discours assez brillant dans lequel il qualifiait Trump de « cancer » pour la cause conservatrice. Or, il a déclaré lors d’une interview à CNN qu’il soutiendrait non seulement Trump, mais qu’il serait prêt à réfléchir si celui-ci lui proposait le poste de vice-président !
3 – Les membres du mouvement baptisé Never Trump (Jamais Trump). Autrement dit, ceux qui refusent d’apporter leur soutien à Donald Trump, même s’il a remporté les primaires et est désormais le candidat légitime de leur parti. Ils s’engagent à ne pas voter en sa faveur lors de l’élection générale. Mais ce mouvement est lui-même divisé en deux camps :
- Ceux qui refusent de voter pour Donald Trump lors de l’élection générale mais qui ne voteront pas en faveur d’Hillary Clinton pour autant. Ce sont les plus nombreux. Nombre d’entre eux sont en train d’essayer, à l’heure même où nous écrivons ces lignes, de persuader quelqu’un de se présenter en tant que candidat indépendant, face à Trump et Clinton. Mais ces efforts ont peu de chance d’aboutir. En effet, pour pouvoir se présenter à la présidentielle en tant qu’indépendant, il faut obtenir un certain nombre de signatures. Le nombre de signatures nécessaire pour voir son nom figurer sur les bulletins de vote varie d’un état à l’autre. Il est parfois très élevé. 80,000 signatures au Texas par exemple. De plus, il est nécessaire d’obtenir ces signatures avant une certaine date. Cette date varie là aussi d’un état à l’autre, jusqu’en septembre. Mais dans certains états, elle est toute proche. Pour le Texas par exemple, c’est lundi prochain ! Si aucune candidature de ce type ne voit le jour, les personnes qui ne veulent voter ni Trump ni Clinton devront choisir entre deux autres options :
– S’abstenir
– Voter en faveur d’un « petit parti ». À ce propos, il est possible que certains électeurs républicains se tournent vers le Parti Libertarien (troisième parti des Etats-Unis en nombre d’adhérents). Le candidat du Parti Libertarien cette année se nomme Gary Johnson. Il a été gouverneur du Nouveau Mexique. Il était alors affilié au… Parti Républicain. Ces derniers jours, on a déjà constaté une hausse significative des recherches à son sujet sur Google.
Johnson a vraisemblablement bien compris qu’il tenait peut-être là l’occasion de réaliser le meilleur score de l’histoire de son parti en novembre.

Pour en revenir au mouvement Never Trump, qui en fait partie? De nombreux intellectuels et journalistes conservateurs mais aussi des figures importantes du parti, comme les anciens présidents George H.W. Bush et George W. Bush, ou encore Mitt Romney. Ils ont tous les trois annoncé qu’ils ne soutiendraient pas Trump et qu’ils ne se rendraient pas à la Convention Nationale de juillet. Il est quand même étonnant d’imaginer que le candidat républicain (Trump) ne sera pas soutenu par les deux derniers Républicains ayant occupé le poste de Président des Etats-Unis (les Bush, père et fils). D’autant que George H.W. Bush a systématiquement apporté son soutien à tous les candidats républicains depuis la fin de sa présidence. George W. Bush avait également soutenu John McCain en 2008 et Mitt Romney en 2012. D’autre part, Paul Ryan, le speaker républicain de la Chambre des Représentants (soit le troisième personnage de l’état après le Président et le Vice-Président) a quant à lui déclaré qu’il n’était pas prêt à soutenir Donald Trump « pour le moment ».
I’m just not ready to do that at this point. (Je ne suis juste pas prêt à le faire pour le moment)
Contrairement à celle des Bush ou de Romney, sa décision n’est donc pas encore définitive. Mais le fait que l’élu le plus important du Parti Républicain n’apporte pas tout de suite son soutien au vainqueur des primaires est déjà significatif.
Mais le champion du mouvement Never Trump, c’est Ben Sasse. Ce jeune sénateur (44 ans) du Nebraska avait été le premier membre républicain du Congrès à déclarer ouvertement qu’il ne voterait jamais en faveur de Donald Trump. C’était au mois de février. Il avait publié un message sur Facebook pour s’en expliquer. Après la victoire décisive de Trump dans l’Indiana, il publiait ce tweet affirmant que sa position restait inchangée.

Un peu plus tard, il publiait une lettre ouverte sur Facebook (à lire ici). Elle est intitulée Lettre ouverte à l’Amérique majoritaire. Sasse estime en effet que la majorité des américains n’ont confiance ni en Donald Trump, ni en Hillary Clinton. Il écrit que
In the history of polling, we’ve basically never had a candidate viewed negatively by half of the electorate. This year, we have two. (Dans toute l’histoire des sondages, nous n’avons jamais eu aucun candidat vu négativement par la moitié de l’électorat. Cette année, nous en avons deux)
C’est le constat d’une Amérique désemparée que fait Sasse dans sa lettre. Il y rapporte quatre remarques qui lui ont été faites dans un Wal-Mart au lendemain de la victoire de Trump en Indiana. L’une d’elles est celle d’une femme évangélique. Elle explique qu’elle n’est d’accord avec aucune des propositions d’Hillary Clinton mais qu’elle votera tout de même en sa faveur car elle ne supporterait pas de devoir dire un jours à ses enfants qu’elle a voté en faveur de Donald Trump. Un autre témoignage est celui d’un homme qui déclare qu’il votera pour Donald Trump, même s’il ne lui fait pas confiance. Il explique que c’est le seul moyen qu’il a trouvé pour envoyer un message aux dirigeants de Washington. Sasse fait ensuite le constat suivant: les deux grands partis politiques ne fonctionnent plus.
They’re like a couple arguing about what color to paint the living room, and meanwhile, their house is on fire. (Ils sont comme un couple se disputant pour savoir de quelle couleur peindre le salon pendant que leur maison brûle)
La plupart des élus sont plus attachés à défendre les intérêts des lobbyistes que ceux de l’américain moyen. Par conséquent, les américains ne font plus confiance aux partis politiques. Sasse estime ensuite que face aux deux très mauvais choix que sont Trump et Clinton, les américains devraient pouvoir choisir une troisième voie. Il appelle en fait à ce qu’un candidat indépendant se déclare. Il précise toutefois qu’il n’est pas lui-même ce candidat. Père d’enfants en bas âge, il écrit :
Such a leader should be able to campaign 24/7 for the next six months. Therefore he/she likely can’t be an engaged parent with little kids. (Un tel leader devrait être capable de faire campagne 24h/24 et 7 jours/7 pendant les six prochains mois. C’est pourquoi il/elle ne peut pas être un parent engagé avec de jeunes enfants)
Mais dans les coulisses, il se murmure que plusieurs personnes seraient en train d’essayer de convaincre Sasse de se lancer. Notons que Sasse est pour le moment toujours le seul sénateur républicain à avoir clairement affiché une position anti-Trump. Les autres ont affiché leur soutien à Trump ou ne se sont pas encore clairement exprimés.
- Enfin, une minorité de membres du mouvement Never Trump appelle carrément à voter en faveur d’Hillary Clinton au mois de novembre. Pas par adhésion, mais uniquement pour faire barrage à Donald Trump. Aucun élu important n’a encore affiché cette position. Mais ce tweet d’un ancien collaborateur de John McCain (et Républicain de longue date) a été très remarqué.

« Je suis avec elle » (I’m with her) est l’un des slogans des supporters d’Hillary Clinton depuis le début de la campagne. Quelques journalistes conservateurs ont eux aussi annoncé qu’ils voteraient en faveur de Clinton pour empêcher Trump d’accéder à la présidence.
Vous l’aurez compris, le Parti Républicain est plus divisé que jamais. Terminons en signalant que de nombreux ex-candidats aux primaires et élus ne se sont pas encore exprimés. On peut s’attendre à ce qu’ils le fassent prochainement. Tout le monde devra bien finir par choisir son camp. On attend encore, notamment, de connaître la position de Jeb Bush, Marco Rubio, Ted Cruz ou John Kasich. Nous vous tiendrons bien évidemment au courant de la suite des événements dans nos prochains Weekly News Flash.
VAINQUEURS ET PERDANTS
Pour terminer, revenons à notre primaire de l’Indiana afin d’en désigner les gagnants et les perdants.
- Les gagnants
Donald Trump. Donald Trump a non seulement remporté la primaire de l’Indiana mais on sait désormais qu’il remportera l’investiture républicaine. C’est donc le grand gagnant du jour. Tous les sondages lui prédisent pour l’instant une large défaite face à Hillary Clinton lors de l’élection générale. Cependant, n’oublions pas qu’il reste six mois de campagne et que Trump a prouvé qu’il était capable de déjouer tous les pronostics. Sans oublier que Clinton n’est pas la femme la plus populaire des Etats-Unis et qu’elle pourrait être affaiblie par l’affaire de ses e-mails qui n’est toujours pas close.
Bernie Sanders. Bernie Sanders est l’autre gagnant du jour, même si sa victoire a été peu commentée face au triomphe de Donald Trump.
- Les perdants
Ted Cruz & John Kasich. Ils s’étaient engagés à se battre jusqu’au bout. Ils ont finalement renoncé, s’inclinant devant Donald Trump. À leur décharge, il est vrai qu’après sa victoire en Indiana, rien ne semblait plus pouvoir empêcher Trump d’atteindre la barre des 1,237 délégués.
Carly Fiorina. Mercredi 27 avril 2016, Ted Cruz annonçait qu’il avait choisi Carly Fiorina comme colistière. Mardi 3 mai 2016, Ted Cruz mettait un terme à sa campagne électorale et donc aussi à celle de Fiorina pour la vice-présidence. L’ex-PDG d’Hewlett-Packard n’aura été candidate à la vice-présidence que pendant sept jours, soit la campagne la plus courte de l’histoire.
Hillary Clinton. Hillary Clinton s’est inclinée face à Bernie Sanders lors de la primaire du jour. Mais surtout, elle sait désormais qu’elle devra affronter Donald Trump lors de l’élection générale. A priori, c’est plutôt une bonne nouvelle pour elle. Tous les sondages indiquent en effet pour l’instant qu’elle devrait le battre facilement (ce qui n’était pas le cas face à d’autres candidats républicains). Cependant, nous pensons qu’elle ne devrait pas se réjouir trop vite. Donald Trump a montré qu’il était prêt à tout. Cela ne nous étonnerait nullement qu’il mette en avant les frasques sexuelles de Bill Clinton, par exemple. Pas forcément agréable pour son épouse. Ce qui nous amène aussi à notre point suivant.
La rédaction et les lecteurs d’American Ballot Box. La campagne entre Donald Trump et Hillary Clinton s’annonce très violente et basée essentiellement sur des attaques personnelles. Il est peu probable que l’on assiste à un vrai débat politique constructif. Et c’est bien dommage.