WEEKLY NEWS FLASH #40

Le Weekly News Flash, quarantième du nom (et oui, déjà!), est une nouvelle fois très chargé. Vous remarquerez sûrement en le lisant que les primaires sont presque terminées et que la campagne pour l’élection générale commence tout doucement à prendre forme…  

L’HOMMAGE DE LA SEMAINE

Muhammad Ali est décédé cette semaine à l’âge de 74 ans. Il souffrait de la maladie de Parkinson depuis de très nombreuses années. Reconnu comme le plus grand boxeur de tous les temps, Ali s’était aussi souvent fait remarquer en dehors des rings. Né Cassius Clay, il se convertit à l’Islam et rejoint le groupe Nation of Islam en 1964. C’est alors qu’il change de nom. Quelques années plus tard, il crée la polémique lorsqu’il refuse de rejoindre les rangs de l’armée américaine pour aller combattre au Vietnam. Il se présentera comme un objecteur de conscience et déclarera :

My conscience won’t let me go shoot my brother, or some darker people, or some poor hungry people in the mud for big powerful America. And shoot them for what? They never called me nigger, they never lynched me, they didn’t put no dogs on me, they didn’t rob me of my nationality, rape or kill my mother and father. (Ma conscience ne me laissera pas tuer mon frère, ou quelqu’un de plus sombre, ou de pauvres gens affamés dans la boue pour la grande et puissante Amérique. Et les tuer pourquoi? Ils ne m’ont jamais appelé nègre, ils ne m’ont jamais lynché, ils n’ont pas lâché de chiens sur moi, ils ne m’ont pas volé ma nationalité, ils n’ont pas violé ou tué ma mère et mon père)

Il ajoutera même qu’il préfère être envoyé en prison que d’être forcé d’aller combattre au Vietnam. Finalement, Ali n’ira pas en prison mais sera condamné à une amende de 10,000$. De plus, on lui retirera son passeport et sa licence de boxeur. Il ne pourra plus combattre pendant près de quatre ans et sera ainsi privé de ce qui auraient pu être les plus belles années de sa carrière sportive. Finalement, en 1971, la Cour Suprême rendra une décision l’autorisant à combattre à nouveau.

En 2005, Ali a reçu la Medal of Freedom (la plus haute distinction que puisse recevoir une personnalité issue de la société civile aux Etats-Unis) des mains du Président George W. Bush. Suite à l’annonce de son décès, les hommages du monde politique ont été très nombreux, aussi bien du côté démocrate que du côté républicain. Nous retiendrons le texte publié par le Président Obama. Ce texte commence par les mots suivants: « Muhammad Ali était le plus grand. Point final ». Obama y confie qu’il possède une paire de gants d’Ali. Il estime également que le boxeur a toujours combattu pour ce qui était juste, même lorsque cela aurait pu le mener en prison. Il conclut en disant qu’Ali « a secoué le monde. Et le monde en est ressorti meilleur ».

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Sur son compte Twitter, Barack Obama a également partagé le cliché suivant. Il a été pris en 2004, alors qu’il faisait campagne pour être élu au Sénat.

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Notons également cet hommage sympathique rendu à Ali par Arnold Schwarzenegger.

Traduction: Il sera toujours une inspiration. Il sera toujours mon idole. Il sera toujours le plus grand.
Traduction: Il sera toujours une inspiration. Il sera toujours mon idole. Il sera toujours le plus grand.

BARACK OBAMA EN CAMPAGNE

Quelques jours avant l’annonce du décès de Muhammad Ali, Barack Obama s’était rendu dans la ville d’Elkhart, en Indiana. Il s’y était déjà rendu en 2009, 21 jours seulement après sa prise de fonctions à la Maison Blanche. Il s’agissait alors de son premier déplacement important en tant que président. Il avait choisi cette localité très touchée par la crise économique pour annoncer un plan d’action pour l’économie. En y retournant cette semaine, le président entendait démontrer l’efficacité des mesures économiques mises en place depuis le début de sa présidence. Il est vrai que le taux de chômage à Elkhart était de 20% en 2009 et qu’il n’est plus aujourd’hui que de 4%. Néanmoins, d’après le Washington Post, la ville compterait 2,500 travailleurs de moins qu’en janvier 2008, soit avant le début de la crise économique. Lors d’un discours, Barack Obama a en tout cas insisté sur ses succès et critiqué l’idéologie républicaine consistant à vouloir toujours moins d’implication du gouvernement dans l’économie. Le président a parfois donné l’impression d’être en campagne. Il a ainsi averti que l’élection d’un président républicain mènerait à des salaires moins élevés, éliminerait les protections des travailleurs, réduirait les investissements dans des domaines comme l’éducation, retirerait à certaines personnes leur assurance maladie et réduirait les impôts des personnes les plus riches. Il s’en est aussi pris à Donald Trump sans le nommer, incitant les gens à ne pas voter en sa faveur. Il a par exemple déclaré qu’il ne fallait pas voter pour quelqu’un uniquement parce qu’il publiait des tweets provocateurs.

If we get cynical and just vote our fears, or if we don’t vote at all, we won’t build on the progress that we started. (Si nous devenons cyniques et que nous votons uniquement en fonction de nos peurs, ou si nous ne votons pas du tout, nous ne construirons pas sur le progrès que nous avons entamé)

Barack Obama pourrait s’impliquer encore davantage dans la campagne électorale lorsque le candidat démocrate aura été officiellement désigné lors de la Convention Démocrate du mois de juillet.

LES SOUTIENS DE LA SEMAINE

Deux soutiens importants à signaler cette semaine.

  • Jerry Brown / Hillary Clinton

Jerry Brown, gouverneur démocrate de Californie, a fait savoir qu’il voterait en faveur d’Hillary Clinton lors de la primaire de son état le 7 juin. Dans une lettre ouverte adressée aux électeurs démocrates et indépendants de Californie, Brown complimente Bernie Sanders mais déclare qu’il votera en faveur d’Hillary Clinton parce qu’elle est la candidate la mieux placée pour empêcher Donald Trump d’accéder à la Maison Blanche.

  • Paul Ryan / Donald Trump

Il y a un mois, Paul Ryan, leader des Républicains à la Chambre des Représentants, déclarait qu’il n’était « pas prêt » à apporter son soutien à Donald Trump. Les deux hommes se sont depuis rencontrés et ont discuté à plusieurs reprises par téléphone. Et Paul Ryan a finalement annoncé qu’il voterait bien en faveur de Trump au mois de novembre.

It’s no secret that he and I have our differences. I won’t pretend otherwise. And when I feel the need to, I’ll continue to speak my mind. But the reality is, on the issues that make up our agenda, we have more common ground than disagreement. (Ce n’est pas un secret que lui et moi avons nos différences. Je ne prétendrai pas le contraire. Et lorsque j’en ressentirai le besoin, je continuerai à dire ce que je pense. Mais la réalité est que, sur les sujets qui constituent notre agenda, nous avons plus de points communs que de désaccords)

Pour les Démocrates, le soutien de Ryan à Trump est la preuve qu’il n’y a finalement pas de si grande différence entre Trump et les élus républicains du Congrès. L’annonce de son soutien à Trump a aussi valu à Ryan les foudres du Washington Post, qui a publié un éditorial intitulé Mr. Ryan’s endorsement of Trump: A sad day for the GOP – and America (Le soutien de Mr. Ryan à Trump: Un jour triste pour le Parti Républicain – et l’Amérique). Le WaPo regrette que Ryan ait capitulé après avoir fait partie des élus républicains ayant eu le courage de critiquer Trump.

LES INSULTES DE LA SEMAINE

Petit flashback. En janvier dernier, Donald Trump décidait de boycotter le débat républicain organisé par Fox News, en raison de la présence de la journaliste Megyn Kelly. À la place, il organisait un meeting dont le but était de récolter des fonds pour les vétérans américains. Il annoncera fièrement avoir récolté près de 6 millions de dollars à cette occasion. Mais il ne précisera jamais à quelles organisations il a reversé l’argent récolté. La presse va alors commencer à s’interroger. Donald Trump a-t-il vraiment effectué les dons dont il se vante? Où sont les preuves? Des journalistes interrogeront à maintes reprises Trump à ce sujet mais celui-ci refusera toujours de dire où est allé l’argent. Du moins, jusqu’à l’organisation d’une conférence de presse cette semaine à la Trump Tower. Lors de cette conférence, Donald Trump a finalement révélé la liste des associations de vétérans ayant bénéficié de ses dons. Il a également publié la liste complète sur son site web.

Source: DonaldJTrump.com
Source: DonaldJTrump.com

Les mauvaises langues le soupçonnent de s’être finalement résigné à faire les dons promis (plutôt que de garder l’argent pour lui) en raison de la pression de la presse, qui n’a jamais cessé de réclamer les preuves de son geste. Son équipe explique quant à elle qu’il a fallu du temps pour identifier les associations auxquelles il était le plus opportun de faire ces dons.

Donald Trump était en tout cas en colère contre l’attitude de la presse, qu’il a fustigée lors de la conférence de presse organisée pour l’occasion.

I’m the only one in the world who can raise almost $6 million for the veterans, have uniform applause by the veterans groups, and end up being criticized by press. (Je suis la seule personne au monde qui peut récolter presque 6 millions de dollars pour les vétérans, être applaudi par tous les groupes de vétérans, et finir par être critiqué par la presse)

Ce n’est évidemment pas la première fois que Donald Trump critique les médias. On se souvient de ses insultes envers Megyn Kelly. Il a aussi l’habitude de qualifier la presse de « malhonnête » à chacun de ses meetings. Il déclare aussi régulièrement que les journalistes sont les « pires êtres humains qu’il ait jamais rencontré ». Mais cette fois, Donald Trump a carrément passé l’essentiel de sa conférence de presse de quarante minutes à critiquer les journalistes présents en face de lui. Il s’est même adressé à l’un d’eux (Tom Llamas, ABC) en le traitant d’ « ordure ». Lorsqu’on lui a demandé si ses conférences de presse en tant que président ressembleraient à celle-ci, il a répondu que ce serait le cas et qu’il continuerait à « attaquer la presse ».

You think I’m gonna change? I’m not gonna change. (Vous pensez que je vais changer? Je ne changerai pas)

Cela a le mérite d’être clair.

LE MOT DE LA SEMAINE

Brexit. Savez-vous ce que signifie ce mot? Il s’agit du terme employé pour désigner une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Les britanniques vont en effet s’exprimer pour ou contre la sortie de leur pays de l’UE lors d’un référendum le 23 juin. Si vous ne connaissiez pas la signification du mot Brexit, ne vous en faites pas. Donald Trump non plus. C’est du moins ce que l’on peut penser à la lecture de cet échange entre le candidat républicain et un journaliste du Hollywood Reporter.

JOURNALISTE : Et le Brexit? Votre position?

TRUMP : Huh?

JOURNALISTE : Le Brexit.

TRUMP : Hmm

JOURNALISTE : Les Britanniques quittant l’Union Européenne…

TRUMP : Oh, oui, je pense qu’ils devraient la quitter.

LA POLÉMIQUE DE LA SEMAINE

Donald Trump estime que le juge qui instruit l’affaire de la Trump University devrait se retirer en raison d’un « conflit d’intérêts ». Petit rappel au sujet de cette affaire. En 2005, Donald Trump crée la Trump University, supposée enseigner à ses étudiants toutes les astuces nécessaires pour devenir un bon investisseur dans le secteur immobilier. Coût du programme? 35,000$. Problème? Certains étudiants estiment avoir été arnaqués. Une fois les frais d’inscription payés, les cours n’auraient pas correspondu à leurs attentes. Certains instructeurs ne seraient même jamais venus donner les cours prévus. La Trump University fermera ses portes en 2011. En Californie, plusieurs anciens étudiants ont intenté une class action (action en justice commune de plusieurs plaignants visant à obtenir une indemnisation financière) contre Donald Trump. Des témoignages recueillis par les enquêteurs californiens ont été rendus publics cette semaine. Certains ex-employés de l’université déclarent qu’on leur demandait uniquement de convaincre un maximum de gens de débourser les 35,000$ de frais d’inscription. Ils racontent également que les enseignants n’étaient en réalité pas du tout qualifiés. L’un d’eux aurait été un simple bijoutier n’ayant aucune connaissance ni expérience dans le domaine de l’immobilier. Notons tout de même que certains ex-étudiants se sont dits satisfaits du cursus. Donald Trump prétend d’ailleurs que la majorité des étudiants étaient satisfaits et qu’il gagnera son procès. Celui-ci devrait avoir lieu au mois de novembre, peu après l’élection présidentielle.

Venons-en maintenant à la polémique de la semaine. Le juge chargé d’instruire l’affaire de la Trump University en Californie se nomme Gonzalo Curiel. Et Donald Trump est persuadé qu’il n’est pas objectif à son égard. La semaine dernière, lors d’un meeting, il avait déjà déclaré que ce juge le haïssait et que cela avait probablement quelque chose à voir avec le fait qu’il soit « mexicain ». Gonzalo Curiel n’est en réalité pas mexicain mais américain. Il est né en Indiana. Par contre, ses parents sont mexicains. Cette semaine, dans une interview accordée au Wall Street Journal, Donald Trump a estimé que Curiel devrait se retirer de l’affaire en raison d’un « conflit d’intérêts ». Le fait que Curiel ait des origines mexicaines l’empêcherait d’être objectif à l’égard du candidat républicain parce que celui-ci veut construire un mur à la frontière avec le Mexique. Les propos de Trump ont suscité la polémique puisqu’ils reviennent à mettre en doute l’intégrité d’un juge en raison de ses origines ethniques. Hillary Clinton a parlé de racisme. Peu après la parution de l’interview du Wall Street Journal, Donald Trump a confirmé ses propos lors d’une interview sur CNN. Il était interrogé par le journaliste Jake Tapper, qui n’a pas hésité à le bousculer. Voici quelques extraits de leur conversation.

TAPPER : So you’re invoking his race when talking about whether or not he can do his job? (Donc vous invoquez sa race lorsque vous parlez de ses capacités à faire son boulot?)

TRUMP : Jake, I’m building a wall. I’m building a wall. I’m trying to keep business out of Mexico. Mexico’s fine. There’s nothing… (Jake, je construis un mur. Je construis un mur. J’essaye de garder les entreprises hors du Mexique. Le Mexique c’est bien. Il n’y a rien…)

TAPPER : But he’s American. (Mais il est américain)

TRUMP : He’s of Mexican heritage, and he’s very proud of it, as I am of where I come from. (Il a des origines mexicaines, et il en est très fier, comme je suis fier de mes origines)

TAPPER : But he’s an American. You keep talking about a conflict of interest, but with Mexico. (Mais c’est un américain. Vous continuez de parler d’un conflit d’intérêts, mais avec le Mexique)

(…)

TAPPER : If you are saying he can’t do his job because of his race, is that not the definition of racism? (Si vous dites qu’il ne peut pas faire son travail à cause de sa race, n’est-ce pas la définition du racisme?)

TRUMP : No. I don’t think so at all. He’s proud of his heritage. I respect him for that. (Non. Je ne pense pas du tout. Il est fier de ses origines. Je le respecte pour cela)

TAPPER : You say he can’t do his job because of that. (Vous dites qu’il ne peut pas faire son boulot à cause de cela)

TRUMP : Look, he’s proud of his heritage. I’m building a wall. (Ecoutez, il est fier de ses origines. Je construis un mur)

TAPPER : He’s a legal citizen. (C’est un citoyen américain)

TRUMP : I’m going to do very well with Hispanics because I’m going to bring back jobs and they’re going to get jobs right now. I think I’m going to do very well with Hispanics, but we’re building a wall. He’s a Mexican. We’re building a wall between here and Mexico. The answer is, he is giving us very unfair rulings, rulings that people can’t even believe. (…) (Je vais faire de très bons scores avec les Hispaniques parce que je vais ramener des emplois et ils auront des emplois tout de suite. Je pense que je vais faire de très bons scores avec les Hispaniques, mais nous construisons un mur. Il est mexicain. Nous construisons un mur entre ici et le Mexique. La réponse est, il rend des décisions très injustes à mon encontre, des décisions auxquelles les gens ne peuvent même pas croire (…)

TAPPER : But he’s not from Mexico. He’s from Indiana. (Mais il n’est pas mexicain. Il est de l’Indiana)

TRUMP : Mexican heritage. And he’s very proud of it. (Origines mexicaines. Et il en est très fier)

LE CHIFFRE DE LA SEMAINE

3,500. Le nombre de procédures judiciaires dans lesquelles Donald Trump a été impliqué ces trente dernières années, d’après une enquête de USA Today. C’est évidemment inédit pour un candidat à la présidence. Et comme une cinquantaine de procédures sont toujours en cours, Trump pourrait être amené à comparaître devant les tribunaux pendant sa présidence s’il était élu. Près de la moitié des procédures dans lesquelles Trump a été impliqué (1,600) concernaient des plaintes contre des clients de ses casinos n’ayant pas payé leurs dettes. Les autres procédures concernent des affaires immobilières, des litiges contre les autorités au sujet du montant de ses impôts, mais aussi quelques affaires plus gênantes comme celle de la Trump University. Sur le graphique suivant, on peut aussi voir que Donald Trump est plus souvent le plaignant (autrement dit la personne qui porte plainte) que le prévenu (la personne contre laquelle on a porté plainte).

Source: USA Today
Source: USA Today

Beaucoup de ces affaires n’ont pas été jusqu’au stade du procès. Lorsque ce fut le cas, Donald Trump est bien plus souvent ressorti vainqueur que perdant. D’après USA Today, il aurait gagné 450 procès et n’en aurait perdu que 38. Un bilan dont il n’hésite pas à se vanter.

Traduction: Wow, USA Today a fait sa Une d'aujourd'hui sur mon bilan en termes de procès. Verdict: 450 victoires, 38 défaites. Est-ce que cela n'est pas ce que vous voulez comme président?
Traduction: Wow, USA Today a fait sa Une d’aujourd’hui sur mon bilan en termes de procès. Verdict: 450 victoires, 38 défaites. Est-ce que cela n’est pas ce que vous voulez comme président?

LA DÉMISSION DE LA SEMAINE

Ruth Guerra, une texane d’origine mexicaine a démissionné de son poste au sein du Parti Républicain. Elle était chargée des relations du parti avec les médias hispanophones. Parfaitement bilingue, elle s’exprimait régulièrement en espagnol sur les chaînes de télévision hispanophones pour tenter de créer un lien entre la communauté latino-américaine et son parti. Un défi important pour le Parti Républicain puisque l’électorat latino est de plus en plus important aux Etats-Unis. On ignore si la démission de Guerra a un lien avec Donald Trump mais cela semble probable. Plusieurs de ses anciens collègues ont en effet confié au New York Times qu’elle était très mal à l’aise à l’idée de travailler pour contribuer à l’élection de Trump.

LE DISCOURS DE LA SEMAINE

Jeudi 2 juin. Hillary Clinton doit prononcer un discours consacré à la politique étrangère à San Diego, en Californie. Ce discours s’avérera en réalité être un réquisitoire anti-Trump. Très en forme, Hillary Clinton a torpillé le candidat républicain, en se basant sur ses déclarations depuis le début de la campagne. Elle avait en réalité préparé ce discours pendant près d’une semaine avec son équipe. Le but était de démontrer qu’en matière de politique étrangère, Donald Trump est à la fois ignorant et inexpérimenté. Et surtout, qu’il serait très dangereux pour la sécurité des Etats-Unis et pour la stabilité du monde de l’élire à la présidence. Clinton a notamment accusé Trump de diaboliser sans cesse les musulmans et de jouer ainsi le jeu de l’Etat Islamique, de plaider pour que davantage de pays se dotent de l’arme nucléaire, de prétendre que le changement climatique n’est qu’un canular, ou encore d’avoir de l’admiration pour des dictateurs. Voici quelques extraits du discours.

This isn’t reality television, this is actual reality. (Ce n’est pas de la téléréalité, c’est la véritable réalité)

He has said that he would order our military to carry out torture and the murder of civilians who are related to suspected terrorists – even though those are war crimes. (Il a dit qu’il ordonnerait à notre armée de pratiquer la torture et d’assassiner des civils appartenant à la même famille que les terroristes présumés – même si ce sont des crimes de guerre)

He says he doesn’t have to listen to our generals or ambassadors because he has – quote – « a very good brain ». He also said, « I know more about ISIS than the generals do, believe me ». You know what? I don’t believe him. (Il dit qu’il n’a pas besoin d’écouter nos généraux ou nos ambassadeurs parce qu’il a – je cite – « un très bon cerveau ». Il a aussi déclaré, « J’en sais plus à propos de l’Etat Islamique que les généraux, croyez-moi ». Vous savez quoi? Je ne le crois pas)

He says climate change is a hoax invented by the Chinese. (Il dit que le changement climatique est un canular inventé par les Chinois)

We all know the tools Donald Trump brings to the table – bragging, mocking, composing nasty tweets. I am willing to bet he is writing a few right now. (Nous connaissons tous les outils que Donald Trump mettra sur la table – la vantardise, la moquerie, la composition de méchants tweets. Je parie qu’il est en train d’en écrire quelques-uns en ce moment même)

He praised China for the Tiananmen Square massacre. He said it showed strength. He said, « You’ve got to give Kim Jong Un credit » for taking over North Korea – something he did by murdering everyone he saw as a threat, including his own uncle. (Il a fait l’éloge de la Chine pour le massacre de Tiananmen. Il a dit que c’était un signe de force. Il a dit, « Il faut accorder du crédit à Kim Jong Un » pour avoir pris les commandes de la Corée du Nord – quelque chose qu’il a fait en assassinant chaque personne qu’il voyait comme une menace, y compris son propre oncle)

I will leave it to the psychiatrists to explain his affection for tyrants. (Je vais laisser aux psychiatres le soin d’expliquer son affection pour les tyrans)

Imagine Donald Trump sitting in the Situation Room, making life-or-death decisions on behalf of the United States. Imagine him deciding whether to send your spouses or children into battle. Imagine if he had not just his Twitter account at his disposal when he’s angry, but America’s entire arsenal. (Imaginez Donald Trump dans la Situation Room, en train de prendre des décisions de vie ou de mort au nom des Etats-Unis. Imaginez-le en train de décider d’envoyer vos époux ou vos enfants au combat. Imaginez s’il n’avait pas seulement son compte Twitter à sa disposition lorsqu’il est en colère, mais tout l’arsenal de l’Amérique)

Les attaques anti-Trump d’Hillary Clinton ressemblaient finalement beaucoup à celles de certains candidats républicains lors des primaires, comme Jeb Bush ou Marco Rubio. Est-ce la bonne tactique? Au petit jeu des déclarations chocs et des insultes, Trump a montré qu’il était toujours gagnant. Ce type d’attaques, même bien menées comme ce fut le cas ici, ne suffira donc sans doute pas. Hillary Clinton devra aussi faire des propositions convaincantes aux électeurs.

LE MEETING DE LA SEMAINE

Quelques heures à peine après le discours de Clinton à San Diego, Donald Trump était en meeting dans une autre ville californienne, San Jose. Il n’a pas tardé à répondre à la candidate démocrate, allant jusqu’à dire qu’elle devrait aller en prison en raison de la gestion de ses e-mails lorsqu’elle était Secrétaire d’Etat !

Hillary Clinton has to go to jail. (Hillary Clinton doit aller en prison)

Il s’est également moqué de son discours, disant qu’il lui avait juste donné envie de dormir.

It’s like taking Sominex. To watch her is like Sominex. You ever hear of Sominex? Sleep all night. It’s hard to stay awake. I think she could make more money if she made speeches and sold them for people that can’t sleep. (C’est comme prendre du Sominex. La regarder est comme le Sominex. Vous avez déjà entendu parler du Sominex? Pour dormir toute la nuit. C’est difficile de rester éveillé. Je pense qu’elle pourrait gagner plus d’argent si elle faisait des discours et qu’elle les vendait aux gens qui n’arrivent pas à dormir)

Lors de ce même meeting, Donald Trump a aussi expliqué à ses supporters qu’il ne fallait désormais plus qualifier Ted Cruz de menteur (rappelez-vous que Trump passait son temps à qualifier son opposant de Lyin’ Ted).

Ted Cruz is no longer a liar. We don’t say Lyin’ Ted anymore. We love Ted. (Ted Cruz n’est plus un menteur. On ne dit plus Lyin’ Ted. On aime Ted)

Enfin, des incidents violents ont une nouvelle fois éclaté à la fin du meeting du candidat républicain. Des manifestants anti-Trump s’étaient rassemblés près du bâtiment où celui-ci s’exprimait. Certains brandissaient des drapeaux mexicains. Des journalistes ont également filmé un manifestant en train de brûler un drapeau américain. Lorsque les supporters de Donald Trump ont quitté le meeting, certains manifestants les ont insultés. Certains supporters de Trump ont même été violemment agressés. Un homme a par exemple été jeté au sol et frappé au visage. Une femme a également été coincée par un groupe d’opposants à Trump près de l’entrée d’un hôtel. Ils lui ont craché dessus et lui ont jeté des œufs à la figure.

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La police de San Jose a annoncé avoir effectué quatre arrestations lors de la soirée et être encore en train d’enquêter afin d’identifier les auteurs d’autres agressions. Notons que l’un des porte-paroles d’Hillary Clinton a condamné ces violences, rappelant que s’en prendre physiquement aux supporters de Donald Trump n’était pas acceptable.

L’IMAGE DE LA SEMAINE

Ou quand CNN craque face aux mensonges à répétition de Donald Trump. Voici un bandeau que l’on a pu voir cette semaine sur la chaîne alors qu’elle diffusait une intervention du candidat républicain.

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Traduction? Trump: Je n’ai jamais dit que le Japon devrait avoir des armes nucléaires (Il l’a dit)

La mention entre parenthèses rétablissait donc la vérité en direct. En effet, voici ce que Trump déclarait lors d’une interview en avril dernier :

TRUMP : So, North Korea has nukes. Japan has a problem with that. I mean, they have a big problem with that. Maybe they would in fact be better off if they defend themselves from North Korea. (Donc, la Corée du Nord a des armes nucléaires. Le Japon a un problème avec cela. Je veux dire, ils ont un gros problème avec cela. Peut-être qu’en fait ils feraient mieux de se défendre eux-mêmes contre la Corée du Nord)

JOURNALISTE : With nukes? (Avec des armes nucléaires?)

TRUMP : Including with nukes, yes, including with nukes. (Y compris avec des armes nucléaires, oui, y compris avec des armes nucléaires)

Trump a souvent répété qu’il voulait retirer les troupes américaines présentes en Corée du Sud et au Japon. Cela coûterait trop cher aux Etats-Unis et ces deux pays seraient assez riches pour se défendre seuls face à la Corée du Nord, y compris en développant un programme nucléaire.

LA DÉCLARATION DE LA SEMAINE

Le président du Venezuela, Nicolas Maduro, a qualifié Bernie Sanders d’ « ami révolutionnaire » et a affirmé qu’il serait élu à la Maison Blanche si les Etats-Unis organisaient des élections « libres ». Bernie Sanders n’a pas réagi à ces propos.

LE TABLEAU DE LA SEMAINE

Pour terminer, voici l’évolution, entre 2000 et 2016, de la thématique jugée la plus cruciale par les électeurs américains. Autrement dit, le problème auquel ils aimeraient que le prochain président s’attaque en priorité. En juillet 2000, la réponse la plus fréquente était l’éducation. En mai 2016, c’est l’économie qui arrive en tête (+13% par rapport à 2000). Ce tableau nous permet de voir que les priorités des électeurs ont quelque peu changé en seize ans. Le terrorisme était complètement absent des préoccupations en 2000. Il faut dire que les attentats du 11 septembre n’avaient pas encore eu lieu. L’immigration était aussi un enjeu jugé beaucoup moins important qu’aujourd’hui.

Source: Washington Post
Source: Washington Post

 

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