MIKE PENCE, « CHRÉTIEN, CONSERVATEUR ET RÉPUBLICAIN »

Le gouverneur de l’Indiana a été choisi comme colistier par Donald Trump cet été. Portrait d’un potentiel futur vice-président des Etats-Unis. 

SA CARRIÈRE POLITIQUE EN UN COUP D’OEIL

Député à la Chambre des Représentants (2001-2013)

Gouverneur de l’Indiana (depuis 2013)

SON PARCOURS

Michael Richard Pence, dit Mike, est né le 7 juin 1959 dans la ville de Columbus, en Indiana. Son père était propriétaire de plusieurs stations service. Le petit Mike a grandi dans une famille catholique d’origine irlandaise – son grand-père avait fui l’Irlande et débarqué à Ellis Island – et de tendance politique démocrate. Mike admirait d’ailleurs beaucoup John F. Kennedy lorsqu’il était enfant. « Peut-être parce que mes grands-parents étaient si fiers du premier président catholique irlandais », a-t-il un jour déclaré dans une interview.

Après une enfance sans encombres, Mike Pence étudie l’histoire au Hanover College. Il obtient son diplôme et travaille ensuite pendant deux ans au sein de l’établissement. Il décide ensuite de reprendre des études. Il s’inscrit cette fois en droit à l’Université de l’Indiana. Il obtient son diplôme en 1986 et exerce ensuite la profession d’avocat dans un cabinet privé. Il se lance également en politique puisqu’il est candidat aux élections législatives en 1988 puis en 1990. Deux défaites dont il tirera une leçon importante. En 1991, il écrit en effet une tribune intitulée Confessions of a Negative Campaigner. Il y confie regretter d’avoir mené des campagnes électorales négatives, basées sur la critique systématique de l’adversaire plutôt que sur la mise en avant de ses propres propositions. Il écrit même que

A campaign ought to demonstrate the basic human decency of the candidate. (Une campagne devrait démontrer la décence humaine basique du candidat)

A-t-il passé le message à Donald Trump ?

Après ses deux échecs électoraux, Pence renonce pour un temps à l’idée de se faire élire et se lance dans une carrière d’animateur radio en 1994. Pendant cinq ans, il animera son propre talk show, The Mike Pence Show. Celui-ci était diffusé tous les jours de la semaine sur plusieurs stations de l’Indiana. Ce show a permis à Mike Pence d’acquérir une certaine notoriété dans son état. En 2000, il se présente une nouvelle fois au Congrès. Et bingo ! La troisième tentative est la bonne. Mike Pence est élu député à la Chambre des Représentants. Il le restera pendant douze années consécutives. À Washington, il représente l’aile la plus conservatrice du Parti Républicain, ce qui ne l’empêche pas d’être respecté et apprécié de l’ensemble de ses collègues. Mais pas au point d’être élu à la tête de leur groupe. En 2006, Pence se déclare candidat au poste de minority leader (chef de la délégation républicaine à la Chambre, alors minoritaire) mais ses collègues lui préfèrent largement le plus modéré John Boehner (168 voix contre 27).

En 2012, Mike Pence annonce qu’il est candidat au poste de gouverneur de l’Indiana. Il est élu en remportant 49,6% des voix (contre 46,4% à son adversaire démocrate et 4% au candidat du Parti Libertarien). Il entre en fonction en janvier 2013 et occupe toujours ce poste à l’heure actuelle.

Mike Pence est marié et a trois enfants. Son fils aîné, âgé de 24 ans, est membre des Marine Corps. Enfin, Mike Pence et sa femme sont aussi des amis des animaux. Ils possèdent un chien nommé Maverick et deux chats nommés Pickle et Oreo.

UN CHRÉTIEN TRÈS CONSERVATEUR

Mike Pence a l’habitude de se décrire comme « a Christian, a conservative and a Republican, in that order » (un chrétien, un conservateur et un Républicain, dans cet ordre). Il incarne donc parfaitement le mouvement de la droite religieuse américaine. En tant que gouverneur de l’Indiana, il a d’ailleurs approuvé deux lois très controversées, l’une sur la liberté religieuse et l’autre sur l’avortement.

En 2015, l’Indiana adopte le Religious Freedom Restoration Act, une loi sur la liberté religieuse qui va susciter la polémique et le débat dans tout le pays. Cette loi autorise les entreprises à refuser de servir certains clients si le service demandé va à l’encontre de leurs convictions religieuses. Le but est essentiellement de permettre à certains commerçants (fleuristes, traiteurs, etc.) de refuser de participer à l’organisation de mariages entre personnes de même sexe. Pour Mike Pence et les autres partisans de cette loi, il s’agit de préserver la liberté religieuse de chacun. Pour ses opposants, cette loi revient à légaliser la discrimination envers les personnes LGBT.

En mars 2016, Mike Pence signe une autre loi controversée, qui interdit aux femmes d’avorter en raison de « la race, du genre, ou d’un handicap du fœtus ». Le but de cette loi, selon ses défenseurs, était de lutter contre certaines dérives s’apparentant à de l’eugénisme. Elle interdisait par exemple à une femme d’avorter d’un garçon au seul motif qu’elle aurait préféré avoir une fille. Mais concrètement, l’interdiction d’avorter en raison d’un « handicap du fœtus » signifiait aussi qu’une femme n’avait plus le droit d’avorter d’un enfant atteint, par exemple, de trisomie. De plus, les médecins pratiquant un tel avortement étaient désormais passibles de poursuites judiciaires. Trois mois après son adoption, cette loi a été invalidée par un tribunal fédéral. Puisque l’avortement est légal aux Etats-Unis, le juge a estimé qu’un état n’avait pas le droit de restreindre le droit à l’avortement en établissant une liste de cas de figure dans lesquels il serait proscrit. À titre personnel, Mike Pence, comme de nombreux chrétiens conservateurs, reste opposé à l’avortement en toutes circonstances.

« FUMER NE TUE PAS »

C’est ce que Mike Pence a un jour écrit dans une tribune intitulée The Great American Smoke Out.

Despite the hysteria from the political class and the media, smoking doesn’t kill. In fact, 2 out of every three smokers does not die from a smoking related illness and 9 out of ten smokers do not contract lung cancer. (Malgré l’hystérie de la classe politique et des médias, fumer ne tue pas. En réalité, 2 fumeurs sur trois ne meurent pas d’une maladie liée au tabagisme et 9 fumeurs sur dix n’attrapent pas le cancer du poumon)

Mike Pence précise toutefois que ceci ne signifie pas pour autant que fumer est bon pour la santé. Il s’insurge surtout contre la volonté du gouvernement de légiférer contre le tabagisme, et donc de restreindre les libertés individuelles.

Source: BuzzFeed
Source: BuzzFeed

DES DÉSACCORDS IMPORTANTS AVEC DONALD TRUMP

Donald Trump avait évidemment de bonnes raisons de choisir Mike Pence comme colistier (nous allons y revenir) mais l’alliance des deux hommes a tout de même de quoi surprendre. Mike Pence est en effet loin d’avoir toujours été sur la même longueur d’ondes que Donald Trump.

  • En décembre 2015, lorsque Donald Trump avait proposé d’interdire l’accès au territoire américain à tous les musulmans, le gouverneur de l’Indiana avait qualifié cette mesure d’ « inconstitutionnelle ».
Traduction: Les appels à interdire à tous les musulmans d'entrer aux Etats-Unis sont repoussants et inconstitutionnels.
Traduction: Les appels à interdire à tous les musulmans d’entrer aux Etats-Unis sont repoussants et inconstitutionnels.

En 2003, lorsqu’il était encore député, Mike Pence avait également déclaré que les auteurs des attentats du 11 septembre 2001 n’étaient pas représentatifs de l’ensemble de la communauté arabo-musulmane. Il avait mis ses compatriotes en garde contre la stigmatisation et les discriminations.

If we attack the innocent simply because of their ethnic status, we are no better than the terrorists who attack us. (Si nous attaquons des innocents uniquement en raison de leur statut ethnique, alors nous ne valons pas mieux que les terroristes qui nous attaquent)

  • Tout au long de sa carrière politique, Mike Pence a toujours été un fervent défenseur des accords de libre-échange. En 2014, il a annoncé être favorable à l’adoption du TPP (Trans-Pacific Partnership) que Donald Trump ne cesse de décrier.
  • Lorsqu’il était député, Mike Pence a voté en faveur de la guerre en Irak, comme Hillary Clinton. Or, Donald Trump ne cesse d’attaquer la candidate démocrate sur ce point, affirmant que son vote en faveur de cette guerre est une preuve de sa mauvaise capacité de jugement.
  • Enfin, Donald Trump n’est pas vraiment l’archétype de l’homme de foi vertueux auquel la droite chrétienne aime à s’identifier.

Quatre jours avant la primaire de l’Indiana, qui s’annonçait décisive, Mike Pence avait affiché sa préférence pour Ted Cruz. Il avait cependant prudemment ajouté n’être « contre personne ». Trump avait remporté la primaire de l’Indiana et Cruz avait mis fin à sa campagne électorale. Peu après, Mike Pence avait annoncé qu’il soutiendrait Donald Trump face à Hillary Clinton.

CE QUE MIKE PENCE APPORTE AU TICKET

Pourquoi Donald Trump a-t-il choisi Mike Pence? Qu’apporte-t-il au ticket?

Tout d’abord, l’expérience. Mike Pence a été député pendant douze ans, puis gouverneur. Il dispose donc d’une expérience politique dont Trump est dépourvu. De quoi, a priori, rassurer les électeurs et l’establishment du parti. D’autre part, expérience rime avec relations. Mike Pence a passé douze ans au Congrès et était plutôt apprécié de ses collègues. Paul Ryan, actuel speaker de la Chambre des Représentants, le décrit comme un « ami ». Trump pouvait donc espérer que la présence de Mike Pence sur le ticket apaiserait les tensions au sein du parti et conduirait à l’unité. Pour le moment, c’est plutôt raté.

Deuxièmement, la présence de Mike Pence sur le ticket pourrait rassurer certains chrétiens conservateurs sceptiques à l’encontre de Donald Trump.

Enfin, Mike Pence est un homme plutôt discret. Il ne risque donc pas de faire de l’ombre au showman qu’est Donald Trump. Un point auquel ce dernier accordait probablement une certaine importance.

 

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