Au sommaire de votre Weekly News Flash cette semaine, les ennuis de santé d’Hillary Clinton, la visite de Barack Obama au Laos, la grosse gaffe de Gary Johnson, et bien d’autres choses encore. Bonne lecture !
INQUIÉTUDES AUTOUR DE L’ÉTAT DE SANTÉ D’HILLARY CLINTON
Nous vous avons déjà parlé ici des rumeurs concernant l’état de santé d’Hillary Clinton qui circulent sur certains sites web très conservateurs, tels que Breitbart. Des rumeurs proches de la théorie du complot affirmant que la candidate démocrate serait atteinte d’une très grave maladie, voire même sur le point de mourir. Des rumeurs que Donald Trump et certains membres de son équipe de campagne n’ont pas hésité à relayer. Récemment, Rudy Giuliani, l’ex-maire de New York, s’était indigné que la majorité des médias refuse de se pencher sur la question. Il avait même suggéré aux américains de taper les mots « Hillary Clinton + maladie » sur Google afin de se faire leur propre idée à ce sujet. En réalité, si la presse traditionnelle ne se penchait pas sur la question de la santé d’Hillary Clinton jusqu’ici, c’est parce qu’aucun élément tangible ne permettait de penser que la candidate démocrate soit gravement malade. Mais un événement est venu tout chambouler ce dimanche.
Dimanche 11 septembre 2016, New York. Hillary Clinton assiste à la cérémonie d’hommage aux victimes des attentats du 11 septembre 2001, qui ont eu lieu quinze ans plus tôt. Elle s’éclipse discrètement avant la fin de la cérémonie, ce qui n’était pas prévu. La presse n’est pas autorisée à la suivre et n’est pas immédiatement informée des raisons de son départ précipité. Un peu plus tard, le porte-parole de la candidate affirme simplement que celle-ci s’est sentie mal en raison de la chaleur et est partie se reposer chez sa fille Chelsea, qui habite dans un appartement situé non loin de là. Certains journalistes font rapidement remarquer qu’il ne faisait que 26°C à ce moment-là, avec une légère brise. Est-il possible d’être victime d’une insolation dans de telles conditions? Une heure et demie plus tard, Hillary Clinton sort de l’appartement de sa fille en affichant un large sourire et en assurant qu’elle se sent « très bien ». Elle ne répond pas pour autant aux questions des journalistes qui lui demandent ce qu’il s’est passé exactement. Ce qu’elle ignore peut-être, c’est qu’entre temps, un internaute nommé Zdenek Gazda a posté sur son compte Twitter une vidéo assez inquiétante. Cet homme, qui se présente comme un supporter d’Hillary Clinton, se trouvait par hasard à l’endroit où celle-ci attendait le véhicule qui devait lui permettre de se rendre chez sa fille. Il a filmé la scène. On voit clairement Hillary Clinton tituber puis sembler au bord de l’évanouissement alors que les agents des Services Secrets chargés d’assurer sa protection l’aident à grimper dans une camionnette. La vidéo est rapidement reprise par l’ensemble des médias et tourne en boucle sur toutes les chaînes de télévision américaines.
C’est probablement la diffusion de cette vidéo qui va convaincre Hillary Clinton de publier, plusieurs heures plus tard, un communiqué rédigé par son médecin. On y apprend que la candidate démocrate souffre d’une pneumonie diagnostiquée deux jours plus tôt. On y apprend également qu’elle est depuis sous antibiotiques et que son médecin lui avait conseillé de se reposer et d’annuler sa participation à plusieurs événements et réunions pendant plusieurs jours. Conseil qu’Hillary Clinton avait refusé de suivre. Elle semble désormais avoir changé d’avis puisqu’elle a annulé un déplacement en Californie et annoncé qu’elle allait se reposer pendant quelques jours avant de reprendre une activité normale.
Hillary Clinton souffre donc d’une pneumonie, ce qui explique son malaise survenu dimanche. Fin de l’histoire? Pas vraiment. Les rumeurs alarmistes qui circulaient sur le net vont certainement prendre encore plus d’ampleur dans les semaines à venir. Pour les adeptes de la théorie du complot, la pneumonie n’est évidemment qu’une excuse visant à dissimuler quelque chose de bien plus grave. Et force est de reconnaître qu’en attendant que les choses tournent mal pour révéler qu’elle souffrait d’une maladie pourtant diagnostiquée deux jours plus tôt, Hillary Clinton a sans doute facilité le travail des complotistes en tous genres. C’est d’ailleurs sur ce point que la presse traditionnelle s’interroge désormais. Pourquoi ne pas avoir dit tout de suite qu’elle souffrait d’une pneumonie? Aurait-on eu connaissance de ce diagnostic si la scène de son malaise n’avait pas été filmée par hasard par un homme qui passait par là? On peut raisonnablement penser que non. Alors pourquoi ce besoin de vouloir toujours dissimuler la vérité? C’est sur ce manque de transparence que la presse s’interroge désormais, davantage que sur l’état de santé de Clinton en tant que tel. C’est aussi le sens de ce tweet de David Axelrod, ancien conseiller de Barack Obama.

Pour terminer, notons que Donald Trump et les membres de son équipe sont restés étonnamment silencieux suite au malaise d’Hillary Clinton. Aucune déclaration tapageuse à signaler pour l’instant. Donald Trump a même affirmé qu’il souhaitait un bon rétablissement à son adversaire.
DERNIÈRE MINUTE: Hillary Clinton a publié ce tweet lundi après-midi pour rassurer ses supporters.

LA DÉCLARATION DE LA SEMAINE
Avant son malaise, le week-end d’Hillary Clinton avait déjà mal commencé. En effet, lors d’un dîner visant à récolter des fonds pour sa campagne – et auquel participait la chanteuse Barbra Streisand – la candidate démocrate avait déclaré ceci :
You know, to just be grossly generalistic, you could put half of Trump’s supporters into what I call the basket of deplorables. (Vous savez, pour généraliser grossièrement, on peut placer la moitié des supporters de Trump dans ce que j’appelle le panier des déplorables)
Clinton entendait ainsi dénoncer une fois de plus le racisme et le sexisme d’une partie des supporters de Donald Trump. Mais, c’est bien connu, il n’est jamais bon de tenir des propos pouvant être perçus comme une insulte vis-à-vis d’une partie des électeurs américains. La déclaration de Clinton a donc créé la polémique et été rapidement qualifiée de gaffe. Pour certains de ses opposants, elle traduit un mépris vis-à-vis de l’américain moyen.

Hillary Clinton ne s’est pas totalement excusée mais a reconnu qu’elle n’aurait pas dû parler de la « moitié » des supporters de Trump.
LE PAYS DE LA SEMAINE
Le Laos. Après s’être rendu en Chine pour assister au sommet du G20, Barack Obama a passé trois jours dans ce pays voisin du Vietnam. C’était la toute première fois qu’un président américain s’y rendait. Barack Obama en a profité pour annoncer que les Etats-Unis allaient verser la somme de 90 millions $ (30 millions par an pendant trois ans) au gouvernement laotien afin de l’aider à se débarrasser des bombes américaines encore présentes dans le pays. Il faut savoir que pendant la guerre du Vietnam, les américains ont aussi bombardé très lourdement le Laos voisin. Comme Barack Obama l’a lui-même rappelé, les Etats-Unis ont déversé 2 millions de tonnes de bombes sur ce pays entre 1964 et 1973, soit plus que sur l’Allemagne et le Japon réunis durant la Seconde Guerre Mondiale ! Le Laos était alors en proie à une guerre civile entre nationalistes et communistes. De plus, les communistes du Nord-Vietnam que les américains combattaient se servaient du Laos comme base arrière. Les bombardements menés sur le Laos n’étaient pas connus du peuple américain, contrairement à ce qu’il se passait au Vietnam. Il s’agissait d’une guerre secrète dont l’existence n’a été révélée au public que bien plus tard. Aujourd’hui, on estime que 80 millions de bombes à sous-munitions américaines se trouvent encore sur le sol du Laos. Elles continuent de tuer environ 50 personnes chaque année.
L’INCIDENT DIPLOMATIQUE DE LA SEMAINE
Barack Obama devait également rencontrer le président des Philippines, Rodrigo Duterte, au Laos. Mais la Maison Blanche a annulé la rencontre après que Duterte ait littéralement traité le président américain de « fils de pute ». Duterte était en colère après qu’Obama ait annoncé qu’il évoquerait le problème des exécutions sans procès actuellement pratiquées aux Philippines lors de leur rencontre. Depuis son arrivée au pouvoir, Duterte (qui est parfois comparé à Donald Trump) a mis en place une politique de lutte radicale contre les trafiquants de drogue. Plus de 1,900 philippins soupçonnés de trafic de drogue ont été exécutés sans autre forme de procès. Mais Duterte a affirmé qu’il n’était pas un « pantin américain » et qu’il n’avait pas de leçons à recevoir de la part du président des Etats-Unis.
LA GAFFE DE LA SEMAINE
Gary Johnson, candidat à la présidence pour le compte du Parti Libertarien, a fait beaucoup parler de lui cette semaine. Il s’en serait toutefois probablement bien passé. Alors qu’il était l’invité de l’émission politique Morning Joe sur MSNBC, on lui a demandé ce qu’il ferait concernant Alep s’il était élu président. « Qu’est-ce qu’Alep? » a demandé Johnson devant des journalistes incrédules.
JOURNALISTE : What would you do if you were elected about Aleppo? (Que feriez-vous à propos d’Alep si vous étiez élu?)
JOHNSON : About? (À propos de?)
JOURNALISTE : Aleppo (Alep)
JOHNSON : And what is Aleppo? (Et qu’est-ce qu’Alep?)
JOURNALISTE : You’re kidding? (Vous plaisantez?)
JOHNSON : No. (Non)
JOURNALISTE : Aleppo is in Syria. It’s the epicenter of the refugee crisis… (Alep se trouve en Syrie. C’est l’épicentre de la crise des réfugiés…)
JOHNSON : OK. Got it. (OK. Je vois)
Gary Johnson a ensuite rapidement enchaîné en défendant ses positions isolationnistes. Il a affirmé que lorsque les Etats-Unis interviennent à l’étranger, cela ne fait en général qu’empirer les problèmes déjà existants. Il a aussi évoqué la nécessité de collaborer avec la Russie pour régler le drame syrien.
Quelques heures plus tard, Johnson publiait un communiqué dans lequel il affirmait qu’en entendant le mot Aleppo, il avait immédiatement pensé à un acronyme et non au conflit syrien.

Il est vrai que la question du journaliste concernant Alep succédait sans transition à une autre question portant sur un sujet totalement différent. Mais le fait qu’un candidat à la présidence ne réalise pas immédiatement de quoi il s’agit reste tout de même difficilement excusable.
LES COMPLIMENTS DE LA SEMAINE
Lors d’une émission diffusée sur NBC, Donald Trump a une nouvelle fois complimenté Vladimir Poutine. Il a déclaré que celui-ci était crédité de 82% d’opinions favorables dans les sondages et était un « leader » ayant le contrôle de son pays.
He’s been a leader, far more than our president has been a leader. (Il a été un leader, bien plus que notre président ne l’a été)
Trump a aussi affirmé au sujet de Poutine :
If he says great things about me, I’m going to say great things about him. (S’il dit du bien de moi, je dirai du bien de lui)
Des propos immédiatement dénoncés par les Démocrates ainsi que par certains Républicains.
LA DÉCISION DE LA SEMAINE
Donald Trump a décidé de permettre à nouveau à l’ensemble des médias d’accéder à sa campagne. Rappelons que les journalistes du Huffington Post, de BuzzFeed, de Politico et du Washington Post (pour ne citer que les plus connus) ne recevaient plus d’accréditations pour accéder, par exemple, à ses meetings. Le geste de Donald Trump est évidemment une bonne nouvelle, même si, comme l’ont rappelé de nombreux journalistes, aucun média n’aurait en principe jamais dû faire l’objet d’une telle mesure.
LE SOUTIEN DE LA SEMAINE
Le Dallas Morning News a recommandé à ses lecteurs de voter en faveur d’Hillary Clinton en novembre. C’est une énorme surprise puisque ce journal texan apportait systématiquement son soutien au candidat républicain depuis plus de cinquante ans ! Il s’agit évidemment davantage d’une prise de position anti-Trump que d’une véritable adhésion au programme d’Hillary Clinton. Durant les primaires, le Dallas Morning News avait soutenu John Kasich. Dans un éditorial intitulé Donald Trump is no Republican (Donald Trump n’est pas Républicain), le journal explique que Trump ne défend pas les idées défendues habituellement par le Parti Républicain, que ce soit en matière d’économie ou de politique étrangère.
Trump doesn’t reflect Republican ideals of the past, we are certain he shouldn’t reflect the GOP of the future. Donald Trump is not qualified to serve as president and does not deserve your vote. (Trump ne reflète pas les idéaux républicains du passé, nous sommes certains qu’il ne devrait pas représenter le Parti Républicain du futur. Donald Trump n’est pas qualifié pour servir comme président et ne mérite pas votre vote)
Autrement dit, il faut voter pour Clinton parce qu’elle est la seule candidate « sérieuse » à la présidence cette année.
LA CARTE DE LA SEMAINE
Voici la carte électorale des Etats-Unis à deux mois de l’élection présidentielle, d’après un sondage WashingtonPost/SurveyMonkey. Ou plus précisément, d’après cinquante sondages distincts, réalisés dans chacun des cinquante états.

Les états en bleu foncé sont ceux où l’avance d’Hillary Clinton est très confortable, alors que ceux en rouge foncé sont ceux que Donald Trump devrait remporter. Les états en mauve sont ceux où la course est pour l’instant très serrée et où les deux candidats semblent donc pouvoir l’emporter. Parmi eux, l’Arizona, la Géorgie et même le Texas (!), des états habituellement fortement républicains. Autrement dit, si l’on en croit cette carte, Hillary Clinton a beaucoup plus de chances de l’emporter que Donald Trump.
LES PHOTOS DE LA SEMAINE
Une vingtaine de nouvelles photos montrant Donald Trump en compagnie de Bill Clinton ont été rendues publiques. Celle-ci a été prise en 2000 dans une loge de l’US Open, le prestigieux tournoi de tennis qui se tient chaque année à New York. Bill Clinton, encore président à l’époque, et Donald Trump sont accompagnés de Melania Trump (à droite) et de Kylie Bax, une autre mannequin (à gauche).
La publication de ces nouvelles photos nous rappelle une nouvelle fois que Trump et les Clinton n’ont pas toujours été en mauvais termes, loin de là.
LE TWEET DE LA SEMAINE
Nous devons le tweet de la semaine à Tim Kaine, colistier d’Hillary Clinton. Sous la mention Stronger Together (Plus forts ensemble, le slogan de campagne d’Hillary Clinton), une photo de Tim Kaine et du vice-président Joe Biden, qui a fait campagne pour la candidate démocrate cette semaine.
BONUS – L’ARTICLE DE LA SEMAINE
We’re the Only Plane in the Sky // Nous sommes le seul avion dans le ciel
Quinze ans après, le 11 septembre 2001 à bord d’Air Force One raconté par ceux qui l’ont vécu. Si vous lisez facilement l’anglais, nous vous recommandons fortement la lecture de ce formidable article de Garrett Graff publié par Politico. Attention ! Prévoyez au moins une heure pour le lire en entier. C’est long mais cela en vaut vraiment la peine, faites-nous confiance 😉