WEEKLY NEWS FLASH #63

Toutes nos excuses pour le retard. La semaine qui vient de s’écouler fut encore une fois très chargée, ce qui explique la longueur de ce Weekly News Flash. Nous faisons toujours le maximum pour aller à l’essentiel et pour vous résumer les choses de façon à ce qu’elles restent facilement compréhensibles. Mais même en allant à l’essentiel, il y a parfois beaucoup de choses à dire. Attachez vos ceintures ! 

THE TRUMP TRANSITION STORY

Tout d’abord, deux nouvelles nominations à signaler. Nous évoquerons ensuite le gros dossier de la semaine, à savoir le début des confirmation hearings au Sénat.

  • DAVID SHULKIN (57 ans) → Secretary of Veterans Affairs / Secrétaire aux Anciens Combattants

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Qui est-il? David Shulkin est médecin. Il a dirigé plusieurs hôpitaux avant d’être recruté par le Department of Veterans Affairs, plus connu sous le nom de VA. Cette agence gouvernementale dirige le système de soins de santé mis en place pour les anciens combattants. Elle dispose de ses propres cliniques et hôpitaux. David Shulkin en était jusqu’ici le numéro 2. Il devra désormais la diriger.

Insolite. Shulkin sera le premier dirigeant du Department of Veterans Affairs à n’avoir jamais servi dans l’armée.

Sa nomination devra-t-elle être confirmée par le Sénat? Oui.

  • JARED KUSHNER (36 ans) → Senior Adviser to the President / Conseiller politique du Président

Qui est-il? Jared Kushner est le mari d’Ivanka Trump, la fille de Donald Trump. Comme son beau-père, le jeune homme est actif dans le secteur de l’immobilier. Durant la campagne, il s’est peu à peu imposé comme l’un des principaux conseillers de Donald Trump. Ce dernier aurait une confiance aveugle en lui. Kushner continuera donc à conseiller son beau-père à la Maison Blanche. Problème? Une loi anti-népotisme adoptée par le Congrès en 1967 interdit au président des Etats-Unis de recruter des membres de sa famille au sein de son Cabinet. Cela concerne également les maris et/ou femmes de ses enfants. La loi est plus floue en ce qui concerne les nominations à des postes de conseillers politiques (qui ne sont pas membres du Cabinet). Donald Trump a décidé de profiter de ce vide juridique pour nommer son gendre à un poste de conseiller, malgré les nombreuses inquiétudes que cela suscite.

Sa nomination devra-t-elle être confirmée par le Sénat? Non.

  • Le tableau de la semaine

Ce tableau compare la composition de la future administration Trump à celle des administrations de ses quatre prédécesseurs. Moins de la moitié des membres du futur gouvernement Trump (47%) ont déjà exercé des fonctions politiques, contre 91% dans les administrations de Barack Obama et George W. Bush. L’administration Trump compte par contre beaucoup d’anciens chefs d’entreprises (28%). Il n’y en avait aucun dans l’administration Obama. Enfin, aucun membre de l’administration Trump ne dispose d’un PhD, diplôme équivalent à notre doctorat. Ils étaient 23% à en avoir un dans l’administration Obama et 9% dans celle de George W. Bush.

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  • Première semaine de confirmation hearings au Sénat

Comme vous le savez, la plupart des nominations du futur président doivent être confirmées par un vote au Sénat. Cela concerne tous les membres du Cabinet (équivalent de nos ministres), les ambassadeurs, les dirigeants de certaines agences comme la CIA, etc. Les conseillers nommés à la Maison Blanche ne sont en revanche pas concernés.

Avant de voter pour ou contre leur confirmation, le Sénat organise des auditions (confirmation hearings) pour les différents candidats. Un exercice qui peut parfois s’avérer délicat. Avant de revenir sur ce qu’il s’est passé cette semaine lors des premières auditions, expliquons comment fonctionne exactement le processus de confirmation au Sénat. En voici les différentes étapes.

Illustration: Washington Post
Illustration: Washington Post

Étape n°1. Le futur président et son équipe de transition nomment les futurs membres de l’administration. Tant que leur nomination n’est pas confirmée par le Sénat, ceux-ci sont qualifiés de nominees. Par exemple, Rex Tillerson est pour l’instant le nominee for Secretary of State, c’est-à-dire le candidat au poste de Secrétaire d’Etat.

Étape n°2. Le candidat doit remettre à l’équipe de transition toute une série de documents, concernant notamment ses activités professionnelles en cours et sa situation financière. Ces documents sont également examinés par le Bureau d’Ethique Gouvernementale (Office of Government Ethics), qui conseille le candidat quant aux démarches à entreprendre pour éviter tout conflit d’intérêts. L’équipe de transition aide aussi en principe le candidat à se préparer en vue de son audition devant le Sénat.

Étape n°3. C’est ici que le travail du Sénat commence. Chaque candidat est convoqué pour une audition devant le comité compétent. Par exemple, Rex Tillerson, candidat au poste de Secrétaire d’Etat, sera auditionné par le Senate Foreign Relations Committee, le comité du Sénat en charge des Affaires Étrangères. Jeff Sessions, candidat au poste d’Attorney General, sera auditionné par le Senate Judiciary Committee, le comité du Sénat en charge de la Justice. Et ainsi de suite.

D’accord, mais d’où sortent ces comités? Ils sont en réalité en place de manière permanente, comme dans la plupart des parlements du monde. Ou du moins, ceux des pays démocratiques. C’est au sein de ces comités que s’effectue l’essentiel du travail parlementaire. Chaque sénateur peut être membre d’un ou plusieurs comités, selon ses domaines de prédilection. Un comité réunit généralement une vingtaine de sénateurs. La composition de chaque comité reflète la composition du Sénat dans son ensemble. Actuellement, les Républicains disposent de la majorité au Sénat (52 sièges contre 48). Ils bénéficient par conséquent également d’une courte majorité dans les différents comités (un ou deux sièges de plus que les Démocrates selon le comité concerné). Enfin, chaque comité a un président (chairman), qui y est responsable de l’organisation des débats.

Lors de leur audition devant le comité compétent, les candidats sont interrogés par les différents sénateurs membres de ce comité. Le comité peut aussi inviter des personnes à témoigner lors des auditions s’il le juge nécessaire. Les questions portent généralement sur le passé des candidats, afin de s’assurer qu’ils ont les compétences requises pour le poste auquel ils ont été nommés, et sur la politique qu’ils entendent mener.

Étape n°4. Une fois que l’audition d’un candidat est terminée, le comité qui l’a interrogé se prononce lors d’un vote à la majorité simple. Le résultat de ce vote et les conclusions du comité sont ensuite transmis à tous les autres sénateurs. Le comité peut choisir de recommander le vote en faveur de la confirmation du candidat ou non. Lorsqu’il votera plus tard, le Sénat n’est pas forcé de tenir compte de l’avis du comité. C’est cependant généralement le cas.

Étape n°5. Lors d’une séance plénière, le Sénat organise un dernier débat autour du candidat avant le vote final.

Étape n°6. Le Sénat vote pour ou contre la confirmation de la nomination du candidat. Si le vote est positif, ce dernier peut prêter serment et entrer en fonctions. Si ce n’est pas le cas, il n’a plus qu’à rentrer chez lui. Le président devra nommer quelqu’un d’autre, qui devra à son tour passer par toutes les étapes du processus de confirmation.

Pour que la nomination d’un candidat soit confirmée, il doit obtenir les voix de 51 sénateurs (sur 100) lors du vote final. Actuellement, les Républicains disposent d’une majorité de 52 sièges. Les Démocrates ne sont donc pas en mesure de bloquer les nominations de Donald Trump. Il faudrait qu’au moins trois sénateurs républicains rejoignent l’ensemble des Démocrates pour voter contre une nomination afin que celle-ci soit rejetée. Un tel scénario a peu de chances de se produire, sauf peut-être en ce qui concerne Rex Tillerson. Historiquement, il est d’ailleurs très rare qu’une nomination du président soit rejetée lorsque son parti dispose de la majorité au Sénat.

Cette semaine, c’est l’étape n°3 du processus qui a débuté. Plusieurs candidats importants nommés par Trump ont été auditionnés. Les autres suivront dans les prochaines semaines. Ci-dessous, nous vous résumons ce qu’il fallait retenir de ces premières auditions.

REX TILLERSON, CANDIDAT AU POSTE DE SECRÉTAIRE D’ÉTAT

Si l’on commence par Rex Tillerson, c’est parce que sa nomination semble être la seule à avoir une chance d’être rejetée par le Sénat. Rappelons que l’ex-PDG d’ExxonMobil ne dispose d’aucune expérience politique et qu’il est soupçonné d’entretenir de bonnes relations avec Vladimir Poutine. Vu le contexte actuel, ce n’est évidemment pas l’idéal.

On s’attendait à ce que les Démocrates du comité en charge des affaires étrangères interrogent durement Tillerson. Finalement, Marco Rubio leur a volé la vedette. Dès sa première intervention, Rubio a interrogé Tillerson au sujet de la Russie. Il lui a notamment demandé s’il recommanderait ou non à Donald Trump de supprimer les sanctions récemment mises en place contre la Russie par Barack Obama. Tillerson n’a pas répondu clairement à la question, affirmant qu’il devrait examiner la situation de plus près.

RUBIO: Well, again, Mr. Tillerson, all the executive order says is that certain individuals responsible for cyber actions against the United States will be sanctioned. And you still need to examine whether that’s a good idea or not, is that correct? (Et bien, encore une fois, Mr. Tillerson, tout ce que dit ce décret présidentiel est que certains individus responsables de cyberattaques contre les Etats-Unis seront sanctionnés. Et vous avez encore besoin d’examiner s’il s’agit d’une bonne idée ou non, c’est cela?)

TILLERSON: Yes, sir. (Oui, Monsieur)

RUBIO: OK.

Marco Rubio, guère satisfait de la réponse de Tillerson, enchaînera ensuite immédiatement sur une autre question, qui donnera lieu à l’échange le plus médiatisé de la journée.

RUBIO: Let me ask you this question. Is Vladimir Putin a war criminal? (Laissez-moi vous poser cette question. Est-ce que Vladimir Poutine est un criminel de guerre?)

TILLERSON: I would not use that term. (Je n’utiliserais pas ce terme)

RUBIO: Well, let me describe the situation in Aleppo and perhaps that will help you reach that conclusion. (Et bien, laissez-moi vous décrire la situation à Alep et peut-être que cela vous aidera à parvenir à cette conclusion)

Rubio s’est alors mis à décrire les crimes commis par l’armée russe en Syrie, notamment contre des écoles, tout en rappelant que ces actes ont causé la mort de milliers de civils. Il a également évoqué le cas plus ancien de la Tchétchénie, lorsque Vladimir Poutine avait ordonné le bombardement massif de la ville de Grozny, qui a causé la mort de 300,000 personnes. Tillerson répliquera que le terme de « crimes de guerre » est une accusation très sérieuse et qu’il ne voudrait pas l’utiliser sans avoir eu accès à plus d’informations, notamment des informations classifiées. Rubio répliquera qu’il y a bien assez d’informations publiques sur ce qu’il se passe à Alep pour pouvoir affirmer qu’il s’agit de crimes de guerre.

RUBIO: It should not be hard to say that Vladimir Putin’s military has conducted war crimes in Aleppo […] and I find it discouraging your inability to cite that. (Cela ne devrait pas être difficile de dire que l’armée de Vladimir Poutine est responsable de crimes de guerre à Alep […] et je trouve décourageante votre inhabilité à le dire)

La vidéo de l’échange entre les deux hommes vaut le détour.

Rubio interrogera plus tard Tillerson sur le non respect des droits de l’homme en Chine et en Arabie Saoudite, ainsi que sur la situation aux Philippines. Là non plus, il ne parviendra pas à obtenir de condamnation claire de la part de Tillerson. Lors de sa dernière intervention, Rubio a expliqué qu’il était inquiet de voir que Tillerson veuille rester si prudent lorsqu’il s’agit de dénoncer le non respect des droits de l’homme, alors qu’il devra occuper le poste de Secrétaire d’Etat et incarner les Etats-Unis à l’étranger.

RUBIO: It [the Secretary of State] is the face of this country for billions of people, and particularly for people that are suffering and hurting, for those people in jail in China, those dissidents in Cuba, the girls that want to drive and go to school. They look to the United States, they look to us and often, to the Secretary of State. And when they see the United States is not prepared to stand up and say « Yes, Vladimir Putin is a war criminal, Saudi Arabia violates human rights […] it demoralizes these people all over the world. (Le Secrétaire d’Etat est le visage de ce pays pour des milliards de personnes, et particulièrement pour les gens qui souffrent, pour ces gens emprisonnés en Chine, ces dissidents à Cuba, les filles qui veulent conduire et aller à l’école. Ils se tournent vers les Etats-Unis, ils se tournent vers nous et souvent, vers le Secrétaire d’Etat. Et lorsqu’ils voient que les Etats-Unis ne sont pas prêts à se lever et à dire « Oui, Vladimir Poutine est un criminel de guerre, l’Arabie Saoudite ne respecte pas les droits de l’homme […] cela démoralise ces personnes partout dans le monde)

Marco Rubio votera-t-il en faveur de la confirmation de Tillerson? Vous l’aurez compris, c’est loin d’être certain. Or, c’est très important puisque sa voix sera décisive dans la décision du comité de rendre un avis favorable ou défavorable. Et lors du vote final, la nomination de Tillerson pourrait ne pas être confirmée si Marco Rubio, John McCain et Lindsey Graham décidaient tous les trois de s’y opposer avec les Démocrates.

Outre l’affrontement avec Marco Rubio, voici deux autres moments à retenir de l’audition de Rex Tillerson

1. Tillerson a avoué ne pas encore avoir évoqué le cas de la Russie avec Donald Trump, malgré l’actualité brûlante du moment. Le sénateur démocrate Bob Menendez s’est exclamé: That’s pretty amazing! (C’est assez incroyable).

2. Tillerson a affirmé qu’ExxonMobil n’avait jamais tenté de faire du lobbying auprès des membres du Congrès afin que des sanctions en place contre un pays soient levées. Il s’agit d’un mensonge puisque des documents versés au dossier par le sénateur démocrate Ben Cardin démontrent le contraire. Le chairman du comité, Bob Corker (R), a même déclaré qu’il se souvenait avoir reçu un coup de téléphone de Tillerson en personne !

Enfin, Tim Kaine, sénateur de Virginie et ex-colistier d’Hillary Clinton, fait également partie du comité qui a interrogé Tillerson. Et il a publié le tweet suivant.

Traduction: J'ai interrogé Tillerson au sujet des potentiels conflits d'intérêts financiers de Trump qui pourraient affecter sa politique étrangère. Il n'en sait pas plus que nous.
Traduction: J’ai interrogé Tillerson au sujet des potentiels conflits d’intérêts financiers de Trump qui pourraient affecter sa politique étrangère. Il n’en sait pas plus que nous.

JEFF SESSIONS, CANDIDAT AU POSTE D’ATTORNEY GENERAL

Jeff Sessions, actuel sénateur de l’Alabama, est un autre choix controversé de Donald Trump. Il a en effet autrefois été accusé de racisme et les Démocrates sont très hostiles à sa nomination. Ils disent craindre que Sessions n’assure pas la même protection à tous les citoyens (afro-américains, personnes LGBT, etc.).

Des manifestants ont interrompu l’audition de Jeff Sessions à plusieurs reprises. Certains étaient déguisés en membres du Ku Klux Klan.

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Les manifestants ont à chaque fois été évacués de la salle par la police du Capitole. Ces interruptions à répétition ont fait dire à Ted Cruz, membre du comité qui interrogeait Sessions, que

You know, free speech is a wonderful thing. (Vous savez, la liberté d’expression est une chose formidable)

Malgré les inquiétudes qu’elle suscite auprès des Démocrates et d’une partie de la population, la nomination de Jeff Sessions devrait être confirmée sans trop de problèmes. Aucun sénateur républicain n’a en effet menacé de voter contre.

Cela n’a pas empêché Cory Booker, sénateur démocrate afro-américain, de venir témoigner contre Sessions lors de son audition. Du jamais vu ! Jamais dans l’histoire du Sénat, un sénateur en exercice n’était venu témoigner contre l’un de ses collègues, même membre du parti adverse, nommé par le président. Booker s’est justifié en déclarant qu’il s’agissait d’un véritable cas de conscience.

BOOKER: I do not take lightly the decision to testify against a Senate colleague. But the immense powers of the Attorney General combined with the deeply troubling views of this nominee is a call to conscience. (Je ne prends pas à la légère la décision de témoigner contre un collègue du Sénat. Mais les pouvoirs immenses de l’Attorney General combinés aux opinions très troublantes de ce candidat constituent un cas de conscience)

Jeff Sessions a lui-même tenu à préciser d’entrée de jeu que les accusations de racisme portées à son encontre en 1986 étaient totalement mensongères et qu’il n’avait aucune sympathie pour les thèses racistes du Ku Klux Klan.

SESSIONS: I abhor the Klan and its hateful ideology. (Je déteste le Klan et son idéologie haineuse)

Sessions a aussi affirmé qu’il était opposé à la mise en place d’une interdiction d’accès au territoire pour l’ensemble des musulmans, proposition autrefois évoquée par Donald Trump.

SESSIONS: I have no belief and do not support the idea that Muslims as a religious group should be denied admission to the United States. (Je ne crois pas et je ne soutiens pas l’idée selon laquelle les musulmans en tant que groupe religieux devraient être interdits d’entrée aux Etats-Unis)

Sessions a également pris ses distances vis-à-vis de Donald Trump en affirmant qu’il était catégoriquement opposé au rétablissement de la torture. Il s’est aussi engagé à faire respecter la loi en ce qui concerne l’avortement et le mariage gay.

Enfin, un sénateur démocrate a demandé à Jeff Sessions s’il pensait qu’attraper une femme par les organes génitaux (comme s’en vantait Donald Trump dans une vidéo datant de 2005) constituait une agression sexuelle. Sessions a répondu que c’était clairement le cas.

GEN. JAMES MATTIS, CANDIDAT AU POSTE DE SECRÉTAIRE À LA DÉFENSE

James Mattis semble être le candidat ayant convaincu le plus de monde jusqu’ici, y compris plusieurs Démocrates qui ont déjà annoncé avoir l’intention de voter en faveur de sa nomination. C’est notamment le cas de Tim Kaine, l’ex-colistier d’Hillary Clinton. Le Congrès a d’ailleurs déjà voté en faveur de la dispense qui doit permettre à Mattis d’être nommé malgré qu’il ne soit pas retraité de l’armée depuis plus de sept ans.

Lors de son audition, Mattis s’est distancié de Donald Trump sur de nombreux sujets. Il s’est notamment montré critique et ferme vis-à-vis de la Russie. Il a aussi réaffirmé son engagement vis-à-vis de l’OTAN, qu’il juge être une organisation efficace qu’il faut préserver.

Lorsqu’on lui a demandé quelles étaient les menaces les plus importantes pour la sécurité nationale des Etats-Unis, Mattis a cité les agressions de la Russie, le terrorisme et les actions de la Chine en mer de Chine.

Enfin, certains sénateurs démocrates ont interrogé Mattis au sujet de la place des femmes et des homosexuels dans l’armée. Par le passé, Mattis s’était parfois montré critique vis-à-vis de l’intégration des femmes au sein de certaines unités. Il semble avoir changé d’avis. Il a affirmé que tant que les femmes étaient capables de passer les mêmes tests que les hommes, il ne voyait aucune objection à leur intégration au sein des forces armées. Il a aussi affirmé qu’il n’avait pas l’intention de revenir sur la décision, prise pendant le mandat de Barack Obama, d’autoriser les homosexuels à pouvoir enfin servir dans l’armée sans avoir à cacher leur orientation sexuelle.

MATTIS: Frankly, Senator, I’ve never cared much about two consenting adults and who they go to bed with. (Franchement, Sénateur, je n’ai jamais accordé beaucoup d’importance à ce que faisaient deux adultes consentants et avec qui ils couchaient)

GEN. JOHN KELLY, CANDIDAT AU POSTE DE SECRÉTAIRE À LA SÉCURITÉ INTÉRIEURE

Comme James Mattis, John Kelly est un militaire à la retraite. Il devrait prendre la tête du Department of Homeland Security, créé après les attentats du 11 septembre 2001. Il serait alors en charge de la lutte contre le terrorisme, mais aussi contre l’immigration illégale ou le trafic de drogue.

Comme d’autres candidats, il a pris ses distances vis-à-vis de certaines promesses de campagne de Donald Trump. Il s’est par exemple dit clairement opposé au rétablissement de la torture et à un éventuel registre visant à recenser les musulmans américains.

KELLY: I don’t agree with registering people based on ethnicity or religion or anything like that. (Je ne suis pas d’accord avec la mise en place d’un registre basé sur l’ethnicité ou la religion ou quoi que ce soit d’autre)

En matière d’immigration, il a en revanche affirmé vouloir expulser « un très grand nombre » d’illégaux. Il ne s’est pas non plus déclaré opposé à la construction du fameux mur à la frontière mexicaine. Il a toutefois précisé que ce mur ne suffirait pas à régler tous les problèmes.

MIKE POMPEO, CANDIDAT AU POSTE DE DIRECTEUR DE LA CIA

Mike Pompeo est actuellement député à la Chambre des Représentants. Il se retrouvait dans une position assez délicate au moment d’entamer son audition puisque Donald Trump ne cesse de critiquer les services de renseignement américains.

Lors de son audition, Pompeo a défendu l’institution dont il veut prendre la tête. Il a assuré que sous sa direction, la CIA continuerait de rassembler les informations venues de l’étranger, « peu importe où elles mènent ».

Pompeo a aussi affirmé croire au rapport des services de renseignement sur la Russie et s’est dit opposé au rétablissement de l’usage de la torture par la CIA.

BEN CARSON, CANDIDAT AU POSTE DE MINISTRE DU LOGEMENT ET DE L’URBANISME

Comme Rex Tillerson, Ben Carson n’a jamais exercé aucune fonction politique. De plus, le logement et l’urbanisme ne font a priori pas partie de ses spécialités. Lors de son audition, il a avant tout insisté sur son histoire personnelle. Ayant lui-même grandi dans la pauvreté, il estime pouvoir comprendre ce que traversent les familles auxquelles il devra venir en aide. Il a aussi assuré croire en l’utilité des programmes d’aide du gouvernement en matière de logement. Un ton quelque peu différent de celui qu’il avait parfois utilisé durant sa campagne. Carson a souvent défendu l’idée selon laquelle les programmes d’aide sociale ne faisaient que créer de l’assistanat et ne contribuaient pas à inciter les plus pauvres à sortir de la pauvreté. Il avait même un jour affirmé que « la pauvreté est plus un choix qu’autre chose ».

Égal à lui-même, Ben Carson a aussi surpris tout le monde lorsqu’il a coupé la parole à un sénateur démocrate qui l’interrogeait pour lui dire qu’il lui faisait penser à l’inspecteur Columbo !

ELAINE CHAO, CANDIDATE AU POSTE DE MINISTRE DES TRANSPORTS

Parmi les personnes nommées par Donald Trump pour faire partie de son administration, Elaine Chao est l’une des plus expérimentées. Elle est aussi la femme de Mitch McConnell, le leader de la majorité républicaine au Sénat. L’audition de Chao s’est passée sans encombres. Les sénateurs qui l’interrogeaient n’ont semble-t-il pas voulu la mettre trop en difficulté. Confiante, elle a déclaré qu’elle aimerait être la première membre de l’administration Trump à voir sa nomination confirmée par le Sénat.

LES RÉVÉLATIONS DE LA SEMAINE

On a appris que lorsque les services de renseignement américains avaient présenté leur rapport sur l’implication de la Russie dans la campagne électorale à Barack Obama et à Donald Trump, ils leur avaient aussi remis un document de deux pages qui, contrairement au reste du rapport, n’a pas fait l’objet d’une mise à disposition du public. L’information a été révélée par CNN.

Que contenait ce document?

Le résumé d’un rapport de 35 pages rédigé par un espion britannique. Celui-ci y affirme notamment que la Russie détiendrait des informations compromettantes sur Donald Trump.

De quelles informations compromettantes parle-t-on?

Il s’agirait d’informations sur la vie personnelle et les finances de Donald Trump. BuzzFeed est le seul média américain à avoir publié les allégations contenues dans le rapport de l’espion britannique. Les autres médias ont refusé de le faire parce que ces allégations n’ont pour l’instant pas pu être vérifiées. BuzzFeed a d’ailleurs été très critiqué par de nombreux journalistes. Ceux-ci estiment que la déontologie interdit à un journaliste de publier des informations dont il n’a pas pu vérifier la véracité. Tant qu’il ne s’agit que d’informations non vérifiées, nous ne rentrerons pas non plus ici dans les détails. Notons seulement que, même si ces informations n’ont pas pu être vérifiées, les services de renseignement américains les ont jugées suffisamment crédibles pour informer Donald Trump et Barack Obama de leur existence. Le doute est donc permis et, si la Russie disposait véritablement de telles informations compromettantes sur Donald Trump, elle pourrait éventuellement le faire chanter.

LA CONFÉRENCE DE PRESSE DE LA SEMAINE

Cette semaine, Donald Trump a donné sa toute première conférence de presse depuis son élection. À vrai dire, sa dernière conférence de presse remontait même à près de six mois !

Que fallait-il retenir?

1. Donald Trump a annoncé qu’il allait se retirer de la direction de toutes ses entreprises, qui seront désormais dirigées par ses deux fils, Donald Jr. et Eric. Donald Trump avait d’ailleurs apporté un nombre impressionnant de dossiers, posés sur une table à côté de lui. Il a affirmé qu’il s’agissait de tous les documents nécessaires à la transmission de ses avoirs à ses fils. Mais les journalistes n’ont pas été autorisés à consulter ces documents.

182. Virage à 180° ! Donald Trump a déclaré pour la première fois qu’il pensait que c’était bien la Russie qui était responsable des cyberattaques ayant touché les Démocrates pendant la campagne électorale.

I think it was Russia. (Je pense que c’était la Russie)

Il a en revanche nié en bloc les allégations selon lesquelles les Russes détiendraient des informations compromettantes à son sujet.

3. Donald Trump a répété que le mur à la frontière mexicaine serait construit le plus rapidement possible et que le Mexique rembourserait les Etats-Unis plus tard.

4. Donald Trump a une fois de plus critiqué la presse, et notamment CNN, qui a révélé l’existence du rapport de l’agent britannique dont nous vous avons parlé ci-dessus (sans pour autant en révéler le contenu exact). Donald Trump s’en est pris directement à l’un des journalistes de CNN, Jim Acosta, refusant de répondre à ses questions.

LES ADIEUX DE LA SEMAINE

Ceux de Barack Obama. Le président des Etats-Unis a prononcé son discours d’adieu (Farewell Address) à Chicago, devant environ 20,000 personnes. C’est la première fois qu’un président choisissait de prononcer son discours d’adieu depuis un autre lieu que la Maison Blanche.

Le discours d’Obama fut sans surprises. Il a évoqué ce qu’il considère comme les grandes réussites de sa présidence: amélioration de la conjoncture économique, Obamacare, légalisation du mariage gay dans tout le pays, etc. Mais il s’est surtout tourné vers l’avenir, demandant aux américains de rester optimistes et de continuer à agir pour rendre l’Amérique meilleure. Le même message d’optimisme et d’espoir que lors de ses campagnes électorales de 2008 et 2012. Obama a même redonné vie à son désormais célèbre Yes, we can. Du coup, nous nous sommes posés une question. Le fait qu’il doive toujours marteler le même message après être resté huit ans au pouvoir peut-il être, dans une certaine mesure, interprété comme un aveu d’échec? On vous laisse vous faire votre propre opinion à ce sujet.

Traduction: Merci pour tout. Ma dernière demande est la même que ma première. Je vous demande de croire - non en ma capacité à créer le changement, mais à la vôtre.
Traduction: Merci pour tout. Ma dernière demande est la même que ma première. Je vous demande de croire – non en ma capacité à créer le changement, mais à la vôtre.

Un autre moment émouvant fut l’hommage de Barack Obama à sa femme Michelle, présente dans le public. Il l’a remerciée pour son soutien inconditionnel et la manière dont elle s’est emparée du rôle de First Lady, qu’elle ne désirait pourtant pas endosser au départ.

You took on a role you didn’t ask for and made it your own with grace and grit and style and good humor. You made the White House a place that belongs to everybody. (Tu as assumé un rôle que tu n’avais pas demandé et tu l’as fait avec élégance, courage, style et humour. Tu as fait de la Maison Blanche un lieu qui appartient à tous)

Obama a également eu quelques mots touchants pour ses filles, Malia et Sasha.

Of all that I have done in my life, I am most proud to be your dad. (De tout ce que j’ai fait dans ma vie, ce dont je suis le plus fier est d’être votre père)

Si Malia était présente dans les tribunes, ce n’était pas le cas de Sasha. Les américains se sont immédiatement interrogés sur son absence et les rumeurs les plus folles ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux. La Maison Blanche a finalement expliqué que Sasha n’avait pas pu effectuer le déplacement à Chicago parce qu’elle avait un examen important à l’école le lendemain matin.

Et maintenant? Que va faire Barack Obama après avoir quitté la Maison Blanche? Tout n’est pas encore clair mais on sait qu’il va dans un premier temps prendre quelques semaines de vacances, avant de se lancer dans l’écriture d’un livre. Il va aussi créer sa propre fondation, la Obama Foundation, où travailleront certains membres de son équipe à la Maison Blanche. On ignore en revanche jusqu’à quel point Barack Obama compte intervenir dans le débat politique dans les mois à venir. Restera-t-il très discret comme son prédécesseur George W. Bush ou prendra-t-il la parole pour s’opposer à Donald Trump?

LE CHIFFRE DE LA SEMAINE

1,293. C’est le nombre de vols qu’aura effectué le président Obama à bord d’Air Force One durant sa présidence.

LA SURPRISE DE LA SEMAINE

Deux jours après son discours d’adieu à Chicago, Barack Obama organisait une petite cérémonie à la Maison Blanche. Il s’agissait en réalité de faire une belle surprise à son vice-président, devenu l’un de ses meilleurs amis. Joe Biden pensait être convoqué à une petite réception d’adieu réunissant tous les membres du staff de la Maison Blanche. Et voilà que Barack Obama prononce un discours en son honneur et lui remet la Medal of Freedom, la plus haute distinction que puisse recevoir un citoyen aux Etats-Unis ! Biden a eu du mal à contenir son émotion. Un joli moment.

LA DÉCISION DE LA SEMAINE

Ce sera sans doute la dernière grande décision politique prise par Barack Obama avant son départ de la Maison Blanche. Le président a annoncé la fin de la politique dite wet foot, dry foot, qui avait été mise en place dans les années 90. Elle concernait les migrants cubains. Si une personne fuyant Cuba tentait d’atteindre les côtes de Floride par bateau et était interceptée en mer, elle était renvoyée à Cuba. En revanche, si elle parvenait à atteindre le sol de Floride, elle ne pouvait plus être renvoyée chez elle et obtenait immédiatement un visa de résident permanent. Le gouvernement cubain a toujours accusé les Etats-Unis d’inciter ainsi les cubains à tenter la traversée. Certains immigrants se plaignaient aussi du statut privilégié accordé ainsi aux cubains. D’après Barack Obama, la suppression de cette politique vise tout simplement à ce que les migrants cubains soient désormais traités de la même manière que les autres, ni plus ni moins.

LA PHOTO DE LA SEMAINE

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Vous l’avez reconnu? Oui, il s’agit bien de Barack Obama en train de faire de la plongée. La photo a été prise par Brian Skerry, photographe au National Geographic. C’était il y a plusieurs mois, lorsque Barack Obama s’était rendu sur l’atoll de Midway pour annoncer l’élargissement d’une réserve naturelle sous-marine. La photo n’a cependant été dévoilée que récemment par le National Geographic. Elle figurera dans le prochain numéro du magazine.

L’AUTRE PHOTO DE LA SEMAINE

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Nikki Haley sera auditionnée par le Sénat ce mercredi 18 janvier. Mais elle était déjà en visite à Washington la semaine dernière. On la voit ici chaleureusement accueillie dans le métro du Capitole par Trey Gowdy, député républicain de Caroline du Sud. Oui, le Capitole dispose de sa propre ligne de métro ! Elle compte six stations et est réservée aux élus et aux membres du personnel du Congrès.

LE TABLEAU DE LA SEMAINE

Voici encore l’une de ces histoires folles qui nous font aimer la politique américaine ! L’histoire d’un tableau qui crée la polémique à la Chambre des Représentants depuis le début de l’année. Explications.

Tout commence lorsque l’Independent Journal Review révèle, photo à l’appui, qu’un tableau dans lequel des policiers sont affublés de têtes de cochons est fièrement suspendu dans l’un des couloirs du Capitole.

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Il s’agit en réalité d’un couloir dans lequel sont accrochées de nombreuses œuvres. Chaque député a le droit de sélectionner un tableau à accrocher au mur de ce couloir. L’oeuvre doit avoir été réalisée par un habitant de sa circonscription électorale. Le tableau qui crée ici la controverse a été sélectionné au terme d’un concours par le député démocrate William Lacy Clay. Il a été peint par un artiste de 18 ans après la mort de Michael Brown, jeune homme noir tué par la police à Ferguson, Missouri. La mort de Brown avait déclenché des émeutes dans la ville.

Suite à la publication de l’article du Independent Journal Review, de nombreux députés républicains – qui n’avaient pourtant semble-t-il pas remarqué la présence du tableau jusque-là – se disent scandalisés. Ils jugent l’oeuvre insultante pour les forces de l’ordre et estiment qu’elle n’a pas sa place au sein du Capitole. Il est vrai que le règlement interne stipule que les œuvres relatives aux controverses politiques du moment ou de « nature repoussante » ne sont pas acceptées.

Cela suffit à convaincre Duncan Hunter, député républicain de Californie, de prendre l’initiative de décrocher lui-même le tableau du mur et de le rendre à William Lacy Clay, le député démocrate qui l’avait choisi. Mais ce dernier refuse de capituler. Il le raccroche au mur quelques jours plus tard. Au bout de quelques heures à peine, le tableau est à nouveau décroché par un député républicain, puis raccroché au mur par Clay, puis de nouveau retiré par d’autres députés républicains, et de nouveau raccroché au mur par Clay. Lassé de ce petit jeu, le député républicain David Reichert décide d’adresser une lettre à l’architecte du Capitole pour lui demander son avis de gardien des lieux. Entre temps, comme le montre ce tweet d’un journaliste de l’Independent Journal Review, quelqu’un a placé au-dessus du tableau un dessin du drapeau américain contenant une bande coloriée en bleu, symbole de soutien aux forces de l’ordre.

Traduction: Il y a maintenant un drapeau américain avec une bande bleue (pour honorer la police) au-dessus du tableau représentant des policiers en cochons au Capitole
Traduction: Il y a maintenant un drapeau américain avec une bande bleue (pour honorer la police) au-dessus du tableau représentant des policiers en cochons au Capitole

L’architecte du Capitole finira par répondre à la lettre qui lui a été adressée et confirmera que la présence du tableau va à l’encontre du règlement. Le speaker, Paul Ryan, a donc finalement ordonné que le tableau soit définitivement retiré du mur.

LES ANIMAUX DE LA SEMAINE

Mike Pence et sa famille ont définitivement quitté l’Indiana pour emménager à Washington, D.C. Et ils n’ont pas abandonné leurs animaux de compagnie en chemin. Ceux-ci ont même eu le droit de voyager avec leurs maîtres à bord de l’avion !

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Comme vous pouvez le voir sur cette photo publiée par Mike Pence himself sur son compte Twitter, la famille Pence est l’heureuse propriétaire de deux chats, nommés Pickle et Oreo, et d’un lapin, nommé Marlon Bundo, en hommage à l’acteur Marlon Brando ! Ils possédaient également un chien nommé Maverick mais celui-ci est malheureusement décédé quelques jours avant l’élection présidentielle du 8 novembre dernier. Il avait 13 ans. Enfin, la famille Pence possède aussi un serpent mais celui-ci se trouve actuellement dans le Mississippi avec le fils de Mike Pence, membre de l’armée américaine.

LA POLÉMIQUE DU WEEK-END

Après une semaine déjà très chargée (comme vous aurez pu le constater), le week-end a été marqué par une nouvelle polémique assez déconcertante.

Tout commence lorsque John Lewis, grande figure de la lutte pour les droits civiques et aujourd’hui député démocrate à la Chambre des Représentants, déclare lors d’une interview sur NBC qu’il ne considère pas Donald Trump comme un président légitime.

I don’t see this President-elect as a legitimate president. I think the Russians participated in helping this man get elected. And they helped destroy the candidacy of Hillary Clinton. (Je ne considère pas ce président élu comme un président légitime. Je pense que les Russes l’ont aidé à se faire élire. Et ils ont contribué à la destruction de la candidature d’Hillary Clinton)

Dans la même interview, Lewis annonce également qu’il boycottera la cérémonie d’investiture de Donald Trump (ndlr: Tous les membres du Congrès sont traditionnellement invités à la cérémonie d’investiture du nouveau président). Notons que ce n’est pas la première fois, contrairement à ce qu’il a déclaré lors de l’interview, que John Lewis boycotte une cérémonie d’investiture. Il avait également boycotté celle de George W. Bush en 2001, estimant que celui-ci n’était pas le véritable vainqueur de l’élection présidentielle qui l’avait opposé à Al Gore.

On peut évidemment discuter de la pertinence des propos de John Lewis. Est-il opportun de mettre en cause la légitimité de Trump alors qu’il a remporté l’élection? Est-ce le moment de jeter ainsi de l’huile sur le feu? Tout le monde n’aura pas les mêmes réponses à ces questions. Mais ce qui semble faire l’unanimité, c’est que la réplique de Donald Trump sur Twitter fut totalement inappropriée. Le futur président a en effet recommandé à John Lewis de s’occuper davantage des affaires de son district plutôt que de se plaindre, et surtout, il l’a décrit comme quelqu’un qui ne fait que parler sans jamais agir. All talk, no action, pour reprendre ses propres termes. Il est utile de rappeler ici que John Lewis a participé à toutes les grandes manifestations pour les droits civiques aux côtés de Martin Luther King Jr., dont il était très proche. Il a été battu par la police à Selma en 1965. Il a même fait de la prison. Bref, pas vraiment le profil d’un homme qui ne ferait que parler et refuserait d’agir lorsqu’il le juge nécessaire.

Les propos de Trump ont suscité la polémique et ont poussé certains élus démocrates à annoncer que, comme Lewis, ils n’assisteraient pas à la cérémonie d’investiture du futur président. Cela n’a pas suffi à convaincre Donald Trump de rectifier le tir. Douze heures plus tard, il publiait un nouveau tweet critique à l’encontre de Lewis. Ce tweet a poussé certains Républicains à réagir, notamment le député Justin Amash. Pas besoin de traduction.

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LE MARTIN LUTHER KING’S DAY

Coïncidence ou non, on célébrait justement hier le Martin Luther King’s Day aux Etats-Unis. En ce jour férié, Donald Trump, après avoir passé son week-end à critiquer John Lewis, a reçu le fils de Martin Luther King à la Trump Tower. Ce dernier a déclaré que son entrevue avec le futur président s’était avérée « constructive », sans donner beaucoup plus de détails. Donald Trump n’a quant à lui fait aucune déclaration à la presse.

De son côté, le futur vice-président Mike Pence s’est rendu au Martin Luther King Jr. Memorial avec sa famille et le sénateur républicain afro-américain Tim Scott.

Ce Martin Luther King’s Day est aussi l’occasion de rappeler que si MLK est aujourd’hui salué par l’ensemble de la classe politique comme un héros, ses actions n’étaient pas bien vues par les américains blancs dans les années 60. Regardez ce sondage datant de 1966. On y demandait aux blancs s’ils pensaient que les manifestations organisées par les noirs en faveur des droits civiques contribueraient ou non à améliorer leur situation. 85% des personnes interrogées pensaient que ce ne serait pas le cas.

Source: Washington Post
Source: Washington Post

LES TWEETS DE LA SEMAINE

Puisque l’on parle des droits civiques… Voici comment le sénateur républicain Tim Scott a choisi de répondre à une personne le traitant de « nègre de la Chambre » sur Twitter. En le corrigeant et lui rappelant qu’il n’était pas député, mais sénateur.

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Et voici comment Mike Pence a réagi à un article de presse affirmant qu’il avait été aperçu dans un supermarché en train d’acheter des pots de crème glacée.

Traduction: Je confirme que lorsque Mme Pence me demande d'aller chercher de la crème glacée, je vais chercher de la crème glacée.
Traduction: Je confirme que lorsque Mme Pence me demande d’aller chercher de la crème glacée, je vais chercher de la crème glacée.

INFO DE DERNIÈRE MINUTE

Une petite info de dernière minute pour terminer. Nous vous parlions la semaine dernière des accusations de plagiat à l’encontre de Monica Crowley, nommée par Donald Trump à un poste de chargée de communication au sein de la Maison Blanche. Et bien, elle vient de faire savoir qu’elle renonçait finalement à ce poste.

Bonne semaine à tous, et n’oubliez pas: J-3 avant la prestation de serment de Donald Trump 🎉🎉🎉

 

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