Le résumé de la première semaine de la présidence de Donald Trump, c’est par ici !
THE TRUMP TRANSITION STORY
Aucune nouvelle nomination à signaler. En revanche, le processus de confirmation a suivi son cours au Sénat.
- Troisième semaine de confirmation hearings au Sénat
L’audition importante de la semaine était celle de Mick Mulvaney, candidat au poste de directeur du bureau de la gestion et du budget.
Le sénateur démocrate Jeff Merkley a montré à Mulvaney les photos de la cérémonie d’investiture de Barack Obama en 2009 et de Donald Trump cette année, lui demandant sur quel cliché il y avait le plus de monde. Cela peut paraître ridicule, mais après que Donald Trump et le porte-parole de la Maison Blanche aient affirmé à tort que la cérémonie d’investiture de Donald Trump avait été la plus suivie de l’histoire, Merkley voulait sans doute s’assurer que Mulvaney était tout simplement capable de dire la vérité. Ce dernier a clairement répondu qu’il y avait plus de monde sur la photo de l’investiture de Barack Obama. Il a aussi assuré qu’il avait l’intention de toujours dire la vérité au président, même si elle ne lui plaisait pas.
MULVANEY: I haven’t been quiet and shy since I’ve been here. I have to imagine that the President knew what he was getting when he asked me to fill this role. (Je n’ai jamais été silencieux et timide depuis que je suis ici. J’imagine que le président savait ce qui l’attendait en me demandant de remplir ce rôle)
Mick Mulvaney a aussi été pris à partie par John McCain. Bien que membres du même parti, Mulvaney et McCain ne sont pas toujours sur la même longueur d’ondes. McCain a reproché à Mulvaney d’avoir voté en faveur de réductions massives du budget de l’armée au nom de la lutte contre le déficit, et ce au détriment de la sécurité nationale. Il lui a aussi reproché son vote en faveur du retrait complet des troupes d’Afghanistan.
MCCAIN: What were you thinking, honestly, when you voted for an immediate withdrawal of all US troops from Afghanistan? (Que pensiez-vous, honnêtement, lorsque vous avez voté pour un retrait immédiat de toutes les troupes américaines d’Afghanistan?)
Pour se justifier, Mulvaney a évoqué une rencontre avec un vétéran venu le trouver dans son bureau. Celui-ci lui aurait expliqué que son fils avait été déployé quatre fois en cinq ans et que cela « détruisait sa famille ».
MCCAIN: So the answer to that is withdraw all troops from Afghanistan? Congressman, that is crazy! (Et donc, la réponse à cela est de retirer toutes les troupes d’Afghanistan? Monsieur le député, c’est fou!)
La question que tout le monde se pose désormais est la suivante: John McCain pourrait-il voter contre la nomination de Mick Mulvaney? Nous n’en sommes pas encore là puisqu’il a déclaré ne pas avoir pris de décision définitive. Or, McCain avait déjà expliqué avoir des « réserves » et des « craintes » quant à la nomination de Rex Tillerson au poste de Secrétaire d’Etat, avant d’annoncer qu’il voterait finalement en sa faveur.
- John McCain, Lindsey Graham et Marco Rubio voteront en faveur de Rex Tillerson
John McCain, Lindsey Graham et Marco Rubio, les trois sénateurs républicains qui avaient déclaré être sceptiques quant à la nomination de Rex Tillerson au poste de Secrétaire d’Etat, ont finalement annoncé qu’ils voteraient tout de même en faveur de celle-ci.
John McCain et Lindsey Graham ont fait part de leur décision dans un communiqué commun. Lors d’une interview, John McCain a affirmé que cela n’avait pas été une décision facile à prendre mais que « lorsqu’il y a un doute, le président élu doit en bénéficier ».
Le lendemain, Marco Rubio, qui avait fortement critiqué Tillerson pendant son audition, affirmait lui aussi avoir finalement pris la décision de voter en faveur de sa nomination, « malgré mes réserves ». Une décision que beaucoup d’observateurs ont beaucoup de mal à comprendre. Rubio a tenté de se justifier, en affirmant notamment que :
Given the uncertainty that exists both at home and abroad about the direction of our foreign policy, it would be against our national interests to have this confirmation unnecessarily delayed. (Étant donné l’incertitude qui existe à la fois chez nous et dans le monde au sujet de la direction de notre politique étrangère, il serait contraire à nos intérêts nationaux de retarder inutilement cette confirmation)
Le vote relatif à la confirmation de Rex Tillerson devrait avoir lieu dans les prochains jours.
- Mike Pompeo et Nikki Haley confirmés par le Sénat
Le Sénat a approuvé les nominations de Mike Pompeo à la tête de la CIA et de Nikki Haley au poste d’ambassadrice auprès des Nations Unies.
66 sénateurs sur 100 ont voté en faveur de la nomination de Pompeo. Le seul Républicain à avoir voté contre est Rand Paul.
Quant à Nikki Haley, elle a été plébiscitée. 96 sénateurs sur 100 ont voté en faveur de sa nomination. Bernie Sanders a voté contre.
LA DÉCLARATION DE LA SEMAINE
Mr. Trump did say some things during the campaign that I wish he had not said. They’re totally unrealistic, make no sense whatsoever. (Mr. Trump a dit certaines choses pendant la campagne que j’aurais aimé qu’il ne dise pas. Elles sont totalement irréalistes, n’ont pas le moindre sens)
Déclaration du sénateur républicain (!) Bob Corker durant l’audition de Mick Mulvaney.
LES EXECUTIVE ORDERS DE LA SEMAINE
Donald Trump a profité de sa première semaine à la Maison Blanche pour signer plusieurs executive orders.
Qu’est-ce qu’un executive order?
Un executive order, ou décret présidentiel, est un document signé par le président des Etats-Unis. Il peut y donner des directives aux différentes agences fédérales afin de leur imposer l’application de certaines mesures politiques. MAIS ATTENTION ! Un executive order n’est pas une nouvelle loi. En effet, seul le Congrès est habilité à faire les lois. Les mesures politiques imposées par le président dans un executive order doivent donc rester compatibles avec la législation existante. C’est pour cela qu’un executive order peut être contesté devant les tribunaux et être éventuellement déclaré illégal par la justice américaine. Signer un executive order n’est donc pas sans risque pour le président. Mais cela reste pratique lorsqu’il veut agir vite ou lorsqu’il sait que le Congrès bloquera ses initiatives.
Tout au long de sa présidence, Barack Obama a souvent eu recours aux executive orders. Il a été très critiqué pour cela par les Républicains, qui l’ont accusé d’ignorer le Congrès et d’abuser de son pouvoir. Ironie du sort, Donald Trump semble bien parti pour suivre l’exemple de Barack Obama. Lors des sept premiers jours de sa présidence, il a signé 4 executive orders, contre 5 pour Barack Obama.

Venons-en maintenant aux principaux executive orders signés par Donald Trump cette semaine.
1 – Le retrait des Etats-Unis du TPP (Trans-Pacific Partnership)
C’était l’une de ses promesses de campagne et il a tenu parole. Les Etats-Unis se retirent du TPP, cet accord de libre-échange qui devait réunir douze pays de la zone Asie-Pacifique (Etats-Unis, Canada, Mexique, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande, Chili, Pérou, Malaisie, Singapour, Vietnam et Brunei). Le TPP était l’une des grandes initiatives de l’administration Obama, qui le voyait comme un contrepoids face à la montée en puissance de la Chine dans la région. Notons qu’Hillary Clinton, après avoir soutenu le TPP lorsqu’elle était Secrétaire d’Etat, avait promis, comme Donald Trump, de l’abandonner si elle était élue.
2 – La construction des oléoducs Keystone XL et Dakota Access
Donald Trump a signé un executive order approuvant la construction de deux oléoducs controversés, le Keystone XL et le Dakota Access.
La construction de ces oléoducs est combattue par les organisations de défense de l’environnement. Les Indiens Sioux du Dakota du Nord s’opposent aussi fortement à la construction du Dakota Access, qui doit traverser des terres qu’ils considèrent comme sacrées. Barack Obama avait bloqué l’avancement des travaux des deux oléoducs.
3 – La construction du mur
Donald Trump a signé un executive order affirmant que le mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique serait bien érigé grâce à des fonds fédéraux. Il est précisé que le Mexique remboursera le coût de la construction plus tard. Le même executive order prévoit également le recrutement de plusieurs milliers d’agents supplémentaires pour surveiller la frontière et se charger d’assurer l’expulsion des immigrants illégaux.
Au lendemain de la signature de ce texte par Donald Trump, le président mexicain Enrique Peña Nieto réaffirmait que le Mexique ne rembourserait en aucun cas les Etats-Unis pour la construction du mur. Il annonçait également l’annulation d’une rencontre avec Donald Trump, prévue quelques jours plus tard.
Dans le même temps, Sean Spicer, le porte-parole de la Maison Blanche, déclarait que l’une des solutions envisagées pour le financement de la construction du mur était l’imposition d’une taxe de 20% sur les importations mexicaines. Un commentaire de l’ex-président mexicain Vicente Fox?

C’est dit. Pour en revenir à la taxe de 20% sur les importations, c’est une solution qui est loin de faire l’unanimité au sein du camp républicain. Certains estiment en effet que la mesure entraînerait une augmentation des prix de très nombreux biens de consommation. Elle toucherait donc de plein fouet les consommateurs américains. De plus, sa mise en place créerait des tensions importantes avec le Mexique, l’un des principaux partenaires économiques des Etats-Unis, qui pourrait choisir de répliquer en imposant une taxe similaire sur les produits américains. Le sénateur Lindsey Graham, opposé à la mesure, a choisi de la dénoncer avec humour sur Twitter.

4 – L’interdiction d’accès au territoire pour les ressortissants de sept pays et l’arrêt de l’accueil des réfugiés
C’est le dernier executive order signé par Donald Trump. C’est aussi celui qui a eu les conséquences les plus importantes jusqu’ici. Nous avons décidé d’y consacrer un article à part entière. Nous vous invitons à le lire en cliquant ici.
LA RENCONTRE DE LA SEMAINE
Donald Trump a reçu Theresa May à la Maison Blanche cette semaine. Il s’agissait de sa première rencontre officielle avec un chef d’état étranger depuis son élection.
Après avoir discuté en privé, Trump et May ont organisé une conférence de presse commune. Rien de très significatif à signaler, si ce n’est la volonté affichée par les deux protagonistes de renforcer encore davantage les liens entre leurs deux pays après le Brexit.
Insolite. De nombreux journalistes britanniques avaient fait le déplacement à Washington pour suivre leur première ministre. Certains d’entre eux ont dû patienter longuement avant de pouvoir entrer à la Maison Blanche. La raison? Leur date de naissance inscrite au format britannique sur leurs documents d’identité (jour/mois/année) et ne correspondant pas aux données encodées au préalable par les Services Secrets, au format américain (mois/jour/année).

LA POLÉMIQUE DE LA SEMAINE
La Maison Blanche publie chaque année un communiqué à l’occasion du Holocaust Remembrance Day, la journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste. Mais, cette année, les mots « juif » et « antisémitisme » n’y figuraient pas. Face aux interrogations de la presse, la Maison Blanche a confirmé que c’était intentionnel, parce que les juifs n’avaient pas été les seuls à souffrir de l’Holocauste. Lors d’une interview télévisée, Reince Priebus a affirmé que :
Everyone suffered in the Holocaust, including the Jewish people. (Tout le monde a souffert pendant l’Holocauste, y compris le peuple juif)
Lorsque l’on sait que l’un des principaux conseillers de Donald Trump, Steve Bannon, a été accusé d’antisémitisme à plusieurs reprises, cela fait froid dans le dos. Son ex-femme a notamment affirmé devant un tribunal que Bannon refusait de mettre ses enfants dans une école fréquentée par des enfants juifs.
Les associations juives se sont dites scandalisées, rappelant que cette journée internationale a précisément été créée par les Nations Unies pour lutter contre la propagation du révisionnisme.
LA MARCHE DE LA SEMAINE
La March for Life réunit chaque année des milliers de participants à Washington, D.C. Il s’agit d’une marche visant à promouvoir une « culture de la vie » et donc, à dénoncer la pratique de l’avortement. Comme chaque année, plusieurs élus républicains ont participé à cette marche. C’était aussi le cas de Mike Pence, le nouveau vice-président des Etats-Unis. Ce n’est pas vraiment une surprise puisque ses positions hostiles à l’avortement sont bien connues et qu’il avait déjà participé à cette marche précédemment. Mais c’est la première fois que le vice-président des Etats-Unis participait à la manifestation. Le président a quant à lui fait savoir sur Twitter qu’il soutenait les manifestants.

LE VOYAGE CONTROVERSÉ DE LA SEMAINE
Tulsi Gabbard, députée démocrate et ex-vice-présidente du Parti Démocrate (ndlr: elle avait démissionné de ce poste pour apporter officiellement son soutien à Bernie Sanders pendant la campagne électorale), s’est rendue en Syrie. Elle y a passé sept jours et affirme y avoir rencontré Bachar El-Assad. Sur CNN, elle a expliqué que la rencontre avec le président syrien n’était pas prévue mais que, lorsque l’opportunité s’était présentée, elle avait accepté.
L’initiative de Gabbard suscite évidemment la controverse. S’il n’est pas rare que des membres du Congrès se rendent en visite dans un pays étranger, ils ne rencontrent généralement pas le chef d’état de ce pays sans y avoir été autorisés par le président. De plus, les Etats-Unis n’entretiennent plus de relations diplomatiques avec le régime de Bachar El-Assad, responsable de crimes de guerre contre son propre peuple.
Gabbard a donc été très critiquée et accusée de légitimer la dictature et les crimes d’El-Assad en acceptant de le rencontrer. Elle estime au contraire que si l’on veut parvenir à la paix, on ne peut ignorer le président syrien.
Whatever you think about President Assad, the fact is that he is the president of Syria. In order for any possibility of a viable peace agreement to occur, there has to be a conversation with him. (Quoi que l’on pense du Président Assad, le fait est qu’il est le président de la Syrie. Pour parvenir à un accord de paix viable, il faut avoir une conversation avec lui)
Gabbard a aussi laissé entendre qu’il n’y avait pas de rebelles modérés en Syrie. Elle pense donc que les Etats-Unis soutiennent des groupes terroristes, ce qu’elle juge inacceptable. Des propos qui ne sont pas sans rappeler ceux d’un certain Donald Trump, qui n’a cessé d’affirmer pendant sa campagne électorale, au sujet des rebelles syriens, que « Nous ne savons même pas qui ils sont ».
LES TWEETS DE LA SEMAINE
Terminons par les tweets de la semaine.
1. Attention, ce tweet de Ted Cruz a été partagé plus de 46,000 fois ! Il y répondait à un tweet de Deadspin, site d’actualité sportive, demandant aux internautes de leur apporter des preuves de sa capacité à jouer au basketball. Le tweet renvoyait à un article expliquant que Ted Cruz organise désormais un match de basket hebdomadaire au Capitole avec ses collègues du Sénat les plus motivés. Cruz a donc choisi d’apporter lui-même la preuve de sa capacité à jouer au basket, avec humour. Il a publié la photo d’un joueur de NBA que beaucoup considèrent comme son sosie.
Le responsable du compte Twitter de Deadspin n’a pas apprécié la blague, puisqu’il a tout simplement répondu à Ted Cruz en l’insultant. Carton rouge !
2. Quand le sénateur Ben Sasse nous fait partager les réflexions philosophiques de son collègue Marco Rubio.
