Le directeur du FBI licencié par Donald Trump ! C’était l’information capitale de la semaine. On y revient évidemment longuement, sans oublier d’évoquer aussi les autres news des sept derniers jours.
L’ÉVÉNEMENT DE LA SEMAINE
En quelques mots ⇒ Donald Trump a décidé de démettre le directeur du FBI James Comey de ses fonctions, alors même que le FBI mène actuellement une enquête sur les agissements de la Russie lors de la campagne électorale de 2016 et sur une éventuelle collusion entre la Russie et des membres de l’équipe de campagne de Donald Trump. Après avoir remercié Comey, le président va pouvoir nommer son remplaçant. Le directeur du FBI est en effet nommé par le Président des Etats-Unis pour un mandat de 10 ans. Une nomination qui doit toutefois être confirmée par le Sénat.
Revenons maintenant de manière plus détaillée sur le licenciement de James Comey, les réactions qu’il a provoquées et les questions qu’il pose.
Mardi 9 mai. Coup de tonnerre à Washington ! Le licenciement de James Comey est annoncé par la Maison Blanche en fin d’après-midi.
Donald Trump avait-il le droit de licencier James Comey?
OUI. Le président des Etats-Unis a le droit de renvoyer le directeur du FBI à n’importe quel moment. Cependant, cela ne se produit que très rarement. En réalité, il n’y a même qu’un seul précédent. En 1993, Bill Clinton avait licencié William Sessions, soupçonné de fautes éthiques graves. Il était notamment accusé d’avoir détourné de l’argent public.
La bibliothèque présidentielle Richard Nixon n’a d’ailleurs pas hésité à publier un tweet rappelant que même Nixon n’avait jamais viré le directeur du FBI.
(NB: Nixon avait toutefois renvoyé Archibald Cox, le procureur qui menait une enquête sur les agissements de son administration)
La lettre de remerciement de Donald Trump
Voici la lettre de remerciement que Donald Trump a fait parvenir à James Comey.
C’est l’un des gardes du corps du président qui s’est chargé de déposer la lettre au siège du FBI. Problème? James Comey ne s’y trouvait pas ce jour-là. Il était en déplacement dans les bureaux de l’agence à Los Angeles. Il aurait appris son licenciement en regardant la télévision ! Donald Trump n’a même pas pris le temps de lui téléphoner pour l’informer de sa décision.
Revenons à la lettre. Donald Trump y justifie sa décision en déclarant que le Ministre de la Justice, Jeff Sessions, et son premier adjoint, Rod Rosenstein, lui ont recommandé de renvoyer Comey. Le président écrit qu’il est d’accord avec l’avis exprimé par le Département de la Justice (sous la responsabilité duquel le FBI est placé) selon lequel Comey n’est plus en mesure de « diriger efficacement le Bureau ». Donald Trump prend également curieusement la peine d’indiquer dans la lettre qu’il a apprécié que Comey l’informe à trois reprises qu’il n’était pas personnellement concerné par l’enquête menée par le FBI. [🤔 Question jusqu’ici sans réponse: Est-ce vrai?]
Le motif officiel invoqué par la Maison Blanche pour justifier le licenciement de James Comey est donc qu’il s’agissait d’une recommandation du Département de la Justice. Il est vrai qu’une note a bien été rédigée par Rod Rosenstein, le Ministre de la Justice adjoint, dont la nomination avait été confirmée quinze jours plus tôt par le Sénat. Rosenstein y accuse Comey d’avoir mal géré l’affaire des e-mails d’Hillary Clinton. Il lui reproche notamment d’avoir trop souvent pris la parole publiquement alors que ce n’était pas son rôle. Comey avait annoncé lors d’une conférence de presse en juillet 2016 que le FBI était parvenu à la conclusion qu’il n’y avait pas assez d’éléments à charge pour entamer des poursuites judiciaires à l’encontre d’Hillary Clinton. Ensuite, quelques jours avant l’élection présidentielle, il avait annoncé que l’enquête du FBI sur la candidate démocrate allait être rouverte suite à la découverte de nouveaux e-mails. Rosenstein estime que dans les deux cas, ce n’était pas au directeur du FBI de s’exprimer publiquement. C’est en principe le Ministre de la Justice qui annonce l’abandon de poursuites judiciaires ou l’ouverture d’une enquête. Rosenstein écrit qu’en agissant à l’encontre des règles habituelles de conduite, Comey a mis à mal la crédibilité du FBI.
The FBI’s reputation and credibility have suffered substantial damage, and it has affected the entire Department of Justice. (La réputation et la crédibilité du FBI ont été sévèrement endommagées, et cela affecte tout le Département de la Justice)
Pour autant, et contrairement à ce que l’argumentation de la Maison Blanche pourrait laisser croire, Rosenstein n’écrit jamais clairement dans sa note qu’il recommande au président de renvoyer Comey. Il écrit même que:
Although the President has the power to remove an FBI director, the decision should not be taken lightly. (Même si le président a le pouvoir de renvoyer un directeur du FBI, la décision ne devrait pas être prise à la légère)
La note de Rosenstein aurait été transmise à Jeff Sessions, le Ministre de la Justice, qui aurait lui clairement recommandé à Donald Trump de renvoyer Comey en raison des conclusions avancées par Rosenstein. [🤔 Questions à se poser: La note de Rosenstein ne s’apparente en réalité qu’à un résumé de toutes les critiques qui ont été émises à l’encontre de James Comey depuis des mois. Elle n’apporte aucun élément nouveau. Toutes les critiques adressées à Comey sur sa gestion de l’affaire Clinton étaient connues lorsque Donald Trump est arrivé à la Maison Blanche. Alors pourquoi ne pas l’avoir licencié tout de suite? Peut-on vraiment croire que Donald Trump soit mécontent de la manière dont Comey a géré l’affaire Clinton alors qu’il l’avait complimenté à ce sujet durant la campagne électorale?]
Quelles ont été les réactions des élus du Congrès?
Les Démocrates se sont indignés. Ils ne croient pas du tout aux explications de la Maison Blanche. D’après eux, la véritable raison du licenciement de Comey est l’enquête qu’il dirigeait au sujet de la Russie. Exemple de réaction démocrate: Tim Kaine, sénateur de Virginie et ex-colistier d’Hillary Clinton.

Les Républicains ont quant à eux encore une fois affiché leurs divisions. Certains ne se sont tout simplement pas exprimés. Certains ont plutôt soutenu Donald Trump, rappelant que le président avait parfaitement le droit de licencier le directeur du FBI et que James Comey avait commis de nombreuses erreurs. Enfin, certains se sont déclarés « troublés » par le timing de la décision de Donald Trump. Parmi les mécontents ayant critiqué la décision de Donald Trump, citons les sénateurs John McCain, Richard Burr, Jeff Flake, Ben Sasse et Bob Corker, ainsi que les députés Justin Amash et Trey Gowdy. Notons que Lindsey Graham n’était pour une fois pas sur la même longueur d’ondes que John McCain. Il a affirmé qu’il ne voyait pas d’objection à la décision de Donald Trump.
Given the recent controversies surrounding the director, I believe a fresh start will serve the FBI and the nation well. (Au vu des récentes controverses autour du directeur, je crois qu’un nouveau départ sera utile au FBI et à la nation)
À l’inverse, John McCain a déclaré:
I am disappointed in the President’s decision to remove James Comey from office. (Je suis déçu par la décision du Président de démettre James Comey de ses fonctions)
Richard Burr, sénateur républicain de Caroline du Nord et président du comité du renseignement du Sénat (Senate Intelligence Committee), qui mène une enquête sur la Russie et ses activités lors de la campagne de 2016, s’est lui aussi déclaré troublé dans un communiqué. Il écrit notamment que le renvoi de James Comey est « une perte pour le FBI et pour la nation ».
Autre exemple de réaction critique républicaine: Jeff Flake, sénateur de l’Arizona.

Les Démocrates ont aussi insisté une nouvelle fois sur la nécessité de créer une commission d’enquête indépendante sur la Russie et ses éventuels liens avec l’équipe de campagne de Donald Trump et/ou de nommer un procureur indépendant. Chuck Schumer, le leader des Démocrates au Sénat, a même affirmé que les membres de son parti pourraient refuser de participer à un vote pour nommer un nouveau directeur du FBI tant qu’un procureur indépendant n’aurait pas été désigné. L’immense majorité des Républicains, même ceux qui ont critiqué le licenciement de Comey, restent opposés à la nomination d’un procureur indépendant ou à la création d’une commission d’enquête indépendante. Ils estiment que cela n’est pas nécessaire à ce stade. D’après eux, le FBI et les comités de la Chambre et du Sénat qui mènent déjà leurs propres enquêtes seraient à même de les mener à bien. Les Républicains s’étant déclarés favorables à la nomination d’un procureur indépendant se comptent pour l’instant sur les doigts d’une main. John McCain en fait partie. Suite au licenciement de James Comey, le député Justin Amash a quant à lui évoqué pour la première fois la possibilité de créer une commission d’enquête indépendante.

Les tweets de Donald Trump
Face à la tempête politico-médiatique déclenchée par sa décision de renvoyer Comey, Donald Trump a réagi comme à son habitude sur Twitter. Sa première réaction a été de s’en prendre à Chuck Schumer et aux autres Démocrates, qu’il accuse d’être des hypocrites. Il rappelle que les Démocrates n’ont cessé de critiquer James Comey pour sa gestion de l’affaire Clinton. D’après lui, ils ne devraient donc pas se plaindre de son licenciement. (NB: Il est vrai qu’Hillary Clinton, son équipe de campagne, et beaucoup d’élus démocrates affirment régulièrement que l’annonce de la réouverture de l’enquête sur les e-mails de la candidate démocrate quelques jours avant l’élection lui a coûté la victoire).



Qui pour remplacer James Comey?
Qui Donald Trump va-t-il nommer pour remplacer James Comey à la tête du FBI? On ne connaît pas encore la réponse à cette question mais le président a assuré qu’il nommerait quelqu’un « rapidement ». En attendant, Andrew McCabe, ancien adjoint de Comey, assure l’intérim.
Mercredi 10 mai. Voici les Unes du New York Times et du Washington Post au lendemain de l’annonce du licenciement de James Comey.
Au lendemain de son licenciement, James Comey adresse quant à lui une lettre d’adieu aux employés du FBI. La presse est parvenue à se la procurer. Comey refuse de polémiquer et rappelle simplement que le président a le droit de renvoyer le directeur du FBI « pour n’importe quelle raison, ou sans aucune raison ».
De son côté, Donald Trump reçoit le Ministre des Affaires Étrangères russe, Sergey Lavrov, dans le Bureau Ovale. Il s’agissait de sa première rencontre avec un membre du gouvernement russe. D’après la Maison Blanche, la rencontre était prévue de longue date. C’est fort possible mais le moins que l’on puisse dire est qu’accueillir un ministre russe à la Maison Blanche au lendemain du licenciement de James Comey n’était pas très habile niveau communication politique. La Maison Blanche s’en est peut-être aperçue puisque la presse américaine n’a pas été autorisée à pénétrer dans le Bureau Ovale. Aucune image de la rencontre Trump/Lavrov n’aurait donc dû filtrer. C’était sans compter sur les russes. En effet, un photographe d’une agence de presse russe avait été autorisé à assister à la rencontre (contrairement, répétons-le, à la presse américaine) ! Le gouvernement russe a rapidement publié ses clichés. Une photo a même été partagée par l’ambassade russe à Washington sur son compte Twitter. On y voit Donald Trump en compagnie de l’ambassadeur Sergey Kislyak. Oui, il s’agit bien de cet ambassadeur avec lequel plusieurs conseillers de Donald Trump se sont entretenus pendant la campagne électorale.
Kislyak était donc présent dans le Bureau Ovale aux côtés de Trump et Lavrov. Et ce qui est extrêmement troublant est qu’on ne l’aurait probablement jamais su si les russes n’avaient pas publié cette photo. En effet, comme nous l’avons déjà dit, la presse américaine n’avait pas été autorisée à assister à la rencontre. De plus, la Maison Blanche n’a pas mentionné la présence de Kislyak dans son bref compte-rendu écrit de celle-ci !
Jeudi 11 mai. Donald Trump accorde une interview à NBC et déclare qu’il avait l’intention de licencier James Comey quelles que soient les conclusions du Département de la Justice à son sujet.
I was going to fire Comey. Regardless of the recommendation, I was going to fire Comey. (J’allais virer Comey. Quelques soient les recommandations, j’allais virer Comey)
Donald Trump contredit ici ses porte-paroles et même le vice-président Mike Pence, qui n’avaient cessé d’expliquer à la presse depuis deux jours que le président avait uniquement viré Comey en raison de la recommandation lui ayant été faite par le Département de la Justice !
La presse met évidemment rapidement les contradictions de la Maison Blanche en évidence. Ce qui provoque la colère de Trump qui réagira le lendemain matin sur Twitter. Nous y reviendrons dans quelques instants.
Dans le même temps, Andrew McCabe, qui assure désormais l’intérim à la tête du FBI, est interrogé par le comité du renseignement du Sénat (Senate Intelligence Committee). Ce comité enquête sur la Russie. Les sénateurs interrogent McCabe au sujet du licenciement de James Comey et des propos de la Maison Blanche à ce sujet. Que fallait-il retenir de cette audition?
1 – Les sénateurs ont demandé à McCabe s’il était en mesure de confirmer que Comey avait assuré à trois reprises à Donald Trump qu’il n’était pas personnellement concerné par l’enquête du FBI. (Rappel: C’est ce que Donald Trump affirme dans la lettre de remerciement qu’il a adressée à Comey). McCabe a déclaré qu’il n’en savait rien mais a laissé entendre que cela le surprendrait.
2 – McCabe a assuré que, contrairement aux affirmations de la Maison Blanche, Comey était apprécié des agents du FBI et avait encore toute leur confiance.
3 – McCabe a affirmé qu’à sa connaissance, la Maison Blanche n’avait pas tenté de faire pression sur le FBI pour que celui-ci mette fin à son enquête sur la Russie.
4 – McCabe a démenti l’information selon laquelle Comey aurait demandé des moyens supplémentaires pour les besoins de son enquête quelques jours avant son licenciement. Cette information avait été rapportée par la presse qui citait des sources anonymes proches du dossier.
5 – McCabe a annoncé que le FBI allait poursuivre son enquête sur la Russie et que le départ de Comey n’empêchait pas la poursuite de cette enquête dans de bonnes conditions.
Vendredi 12 mai. Donald Trump publie plusieurs tweets dans la matinée. Dans un premier tweet, il défend les porte-paroles de la Maison Blanche (Sean Spicer et Sarah Huckabee Sanders) en affirmant qu’ils ne sont pas toujours en mesure de donner une version exacte des faits aux journalistes ! Hallucinant.

Dans un second tweet, le président suggère que, par conséquent, il pourrait bientôt mettre fin aux conférences de presse quotidiennes de la Maison Blanche !

Enfin, dans un troisième tweet, Donald Trump tente de dissuader James Comey de s’exprimer après son licenciement. Ses propos s’apparentent à des menaces.

Le président semble donc suggérer que ses conversations téléphoniques et/ou ses entrevues dans le Bureau Ovale sont enregistrées. [🤔 Question jusqu’ici sans réponse: Donald Trump dispose-t-il véritablement d’enregistrements de ses conversations avec James Comey? Interrogé par les journalistes, Sean Spicer a refusé de confirmer ou d’infirmer cette information. « Le président n’a rien à ajouter à ce propos », a-t-il déclaré]
Samedi 13 mai. Plusieurs candidats à la succession de James Comey sont interviewés au Département de la Justice. Il est prévu que celui-ci assure les interviews des différents candidats et rende un rapport à Donald Trump. Le président interrogera ensuite lui-même ses candidats favoris à la Maison Blanche avant de faire son choix. Choix qui devra ensuite, rappelons-le encore, être validé par le Sénat.
Qui étaient les candidats interviewés?
∗ Mike Rogers, ex-agent du FBI et ex-député à la Chambre des Représentants. Il s’exprime aujourd’hui régulièrement comme analyste au sujet de la sécurité nationale sur CNN. Alors que son nom circulait comme celui d’un candidat potentiel à la succession de Comey, l’Association des agents du FBI lui a apporté son soutien. Donald Trump tiendra-t-il compte de leur avis?
∗ Fran Townsend, ex-conseiller de George W. Bush en matière de sécurité intérieure.
∗ Alice Fisher, ex-employée au sein du Département de la Justice durant la présidence de George W. Bush. Elle y était en charge de la division chargée des affaires criminelles.
∗ Adam Lee, agent spécial du FBI.
∗ Andrew McCabe, ex-adjoint de Comey qui assure pour l’instant l’intérim à la tête de l’agence.
∗ Michael Garcia, juge à la Cour d’Appel de New York.
∗ Henry Hudson, juge dans un tribunal de Virginie.
∗ John Cornyn, sénateur républicain du Texas.
La présence de John Cornyn parmi les personnes interviewées pour le poste a suscité de nombreuses critiques et inquiétudes. Beaucoup d’analystes et d’élus estiment en effet que le directeur du FBI ne doit en aucun cas être un ancien élu, afin de ne pas politiser l’institution. Jusqu’ici, aucun directeur du FBI n’a jamais été un homme politique. (NB: Le nom du député républicain Trey Gowdy a aussi été évoqué parmi la liste des candidats potentiels mais il n’a pas été convoqué pour une interview ce samedi).
LA UNE DE LA SEMAINE
Voici la couverture du prochain numéro du New Yorker. On y voit James Comey tiré hors d’un avion par Jeff Sessions. Derrière, on aperçoit le capitaine de l’avion (Donald Trump) en train de contempler la scène. Le New Yorker s’est évidemment inspiré du récent scandale de la United Airlines.
LE DESSIN DE LA SEMAINE
L’AUDITION DE LA SEMAINE
À la veille de l’annonce du licenciement de James Comey, c’est Sally Yates qui était au centre de l’attention à Washington. Yates assurait le rôle de Ministre de la Justice par intérim jusqu’à ce qu’elle soit elle aussi renvoyée par Donald Trump après avoir refusé de faire appliquer son décret présidentiel relatif à l’immigration. Elle était entendue par un sous-comité du Sénat au sujet de la Russie et de Michael Flynn. Que fallait-il retenir de son audition?
1 – Sally Yates a affirmé qu’elle avait averti la Maison Blanche le 26 janvier au sujet de Michael Flynn. Elle déclare avoir expliqué au conseiller juridique de la Maison Blanche, preuves à l’appui, que le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump avait bien évoqué une possible levée des sanctions contre la Russie avec l’ambassadeur russe Sergey Kislyak. Elle dit aussi avoir expliqué à la Maison Blanche que Michael Flynn pourrait être victime de chantage de la part des Russes. On parle bien ici du conseiller à la sécurité nationale du président des Etats-Unis… Malgré cet avertissement, Donald Trump ne remerciera Flynn que 18 jours plus tard (!), après que le Washington Post ait révélé l’existence de ses conversations avec Kislyak. 🤔 On peut donc raisonnablement se demander si Flynn ne serait pas encore à son poste aujourd’hui si la presse n’avait pas révélé l’affaire.
2 – Lindsey Graham a demandé à Sally Yates si elle détenait des informations sur une éventuelle collaboration entre l’équipe de campagne de Donald Trump et la Russie. Yates a déclaré qu’elle ne pouvait pas répondre à la question sans révéler d’informations classifiées.
NB: NBC a également révélé que Barack Obama avait conseillé à Donald Trump de ne pas embaucher Michael Flynn comme conseiller à la sécurité nationale lors de leur entrevue dans le Bureau Ovale au mois de novembre 2016, quelques jours après l’élection.
LA PHRASE DE LA SEMAINE
We get here early, we work pretty late, we do what we can. (On arrive ici très tôt, on travaille très tard, on fait ce que l’on peut)
Sean Spicer, porte-parole de la Maison Blanche
L’ACCORD COMMERCIAL DE LA SEMAINE
Le licenciement de James Comey a évidemment mobilisé l’essentiel de l’attention des médias durant toute la semaine. Cependant, l’administration Trump a aussi annoncé quelques autres décisions importantes, à commencer par la conclusion d’un nouvel accord commercial avec la Chine. « Une vraie information » d’après le président.

En effet, un nouvel accord commercial a été signé entre les deux pays. La Chine autorisera à nouveau les importations de bœuf américain sur son territoire. Une première depuis 2003 ! Les Etats-Unis pourront également exporter leur gaz et d’autres produits. De leur côté, les Etats-Unis autoriseront les importations de volailles en provenance de Chine à partir du 16 juillet prochain. D’après le Secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, cet accord permettra de réduire le déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine. L’accord a été négocié par Wilbur Ross et Steven Mnuchin, le Secrétaire au Trésor, pendant de longues semaines. Ross assure que Donald Trump était tenu au courant de l’avancement des négociations tous les jours. Cette semaine, il a pu signer l’accord final.
LE FEU VERT DE LA SEMAINE
Autre décision importante prise par Donald Trump cette semaine: le président a donné son feu vert au Pentagone pour qu’il arme directement les Kurdes qui combattent l’Etat Islamique en Syrie. Le Pentagone espère que les forces kurdes parviendront à reprendre bientôt la ville de Raqqa. La décision a toutefois provoqué la colère de la Turquie. Le gouvernement turc considère en effet les forces kurdes de Syrie comme de potentiels ennemis.
THE TRUMP TRANSITION STORY
Le Sénat a confirmé la nomination de Robert Lighthizer au poste de Représentant au Commerce (82-14). Trois sénateurs républicains ont voté contre sa nomination: John McCain, Ben Sasse et Cory Gardner. L’immense majorité des Démocrates a voté en faveur de la nomination de Lighthizer. Ce vote bipartisan en faveur d’un homme qui affiche des positions plutôt protectionnistes a fait dire à de nombreux observateurs que les idées protectionnistes en matière d’économie étaient bien en train de gagner du terrain aux Etats-Unis. Le Washington Post affirmait par exemple qu’il y avait désormais une majorité bipartisane au Congrès pour s’opposer à la stratégie de libre-échange « qui a dominé la politique commerciale américaine ces 35 dernières années ». Robert Lighthizer va notamment être chargé de renégocier l’ALENA, accord de libre-échange nord-américain entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada.
RETOUR DE LA WAR ON DRUGS?
Jeff Sessions est en train de serrer la vis au Département de la Justice. L’Attorney General a adressé un memo à tous les procureurs fédéraux pour leur demander d’être plus sévères avec les trafiquants de drogue. Sessions désire que les personnes arrêtées pour trafic de drogue soient à nouveau condamnées à de lourdes peines de prison. Une telle politique de tolérance zéro avait été mise en place dans les années 80 et 90. Baptisée War on Drugs, elle a eu pour effet d’accentuer le phénomène de surpopulation carcérale. De plus, beaucoup d’experts estiment qu’elle n’a pas contribué à régler le problème. Depuis le début des années 2000, cette politique a été peu à peu abandonnée. Les pouvoirs publics ont estimé que beaucoup de petits délinquants arrêtés pour trafic de drogue étaient eux-mêmes des drogués qu’il fallait aider à sortir du cercle vicieux dans lequel ils étaient enfermés plutôt que de les envoyer en prison, où ils risquaient de côtoyer des délinquants plus dangereux et de perdre toute perspective d’avenir. Les peines plus courtes ou alternatives ont été de plus en plus nombreuses. Jeff Sessions annonce clairement qu’il veut revenir à une politique plus sévère et condamner à nouveau tous les trafiquants de drogue à de lourdes peines. D’après lui, il ne s’agit que de faire respecter la loi.
These are drug dealers, and you drug dealers are going to prison. (Ce sont des trafiquants de drogue et les trafiquants de drogue vont en prison)
La décision de Jeff Sessions est loin de plaire à tout le monde. Les Démocrates mais aussi certains Républicains dénoncent un retour en arrière inutile. Le sénateur républicain aux tendances libertariennes Rand Paul, qui milite depuis des années pour une réforme complète du système pénal américain, a notamment pris la parole pour dénoncer la politique de Jeff Sessions.
LA PHOTO DE LA SEMAINE
Le vice-président Mike Pence à cheval dans le Montana, accompagné du Secrétaire à l’Intérieur Ryan Zinke et du sénateur Steve Daines. Zinke et Daines sont tous deux originaires du Montana.

Mike Pence était en déplacement dans le Montana pour participer à un meeting de Greg Gianforte, candidat républicain au poste de député à la Chambre des Représentants. Le 25 mai prochain, les habitants du Montana voteront en effet lors d’une élection spéciale pour élire le remplaçant de Ryan Zinke à la Chambre des Représentants. Son siège est vacant depuis qu’il a été désigné Secrétaire à l’Intérieur par Donald Trump.
ROAD TO 2018
Antonio Sabato Jr. bientôt élu au Congrès? Le Los Angeles Times a révélé que l’acteur serait candidat aux élections de 2018. Il briguera un poste de député à la Chambre des Représentants dans l’une des circonscriptions de Californie. Antonio Sabato Jr., 45 ans, a notamment joué dans Melrose Place et a été mannequin pour Calvin Klein.
Ces dernières années, il s’est davantage illustré dans des émissions de téléréalité. Pendant la campagne électorale de 2016, il avait affiché son soutien à Donald Trump et avait même été invité à prononcer un discours lors de la Convention Républicaine. Interrogé par des journalistes peu après ce discours, il avait affirmé que Barack Obama était musulman. Ce qui est totalement faux.
LE LIVRE DE LA SEMAINE
Bill Clinton travaille à la rédaction d’un roman avec le célèbre auteur James Patterson. Le roman s’intitulera The President Is Missing et sera publié en juin 2018. Bien qu’il s’agisse d’une fiction, Patterson a expliqué qu’elle donnerait aussi un aperçu de ce que peut être la vie d’un président des Etats-Unis. Le livre contiendra des « détails que seul un président peut connaître ».
LA CARTE DE LA SEMAINE
La carte ci-dessous montre l’espérance de vie dans les différents comtés des Etats-Unis. Une récente étude menée par des chercheurs de l’Université de Washington montre que l’espérance de vie peut varier de vingt ans d’un comté à l’autre !

Sur la carte, plus un comté est bleu, plus les habitants y vivent vieux. Plus un comté est rouge, plus l’espérance de vie est réduite. Globalement, on s’aperçoit que l’espérance de vie est plus faible dans le Sud du pays et en Alaska qu’ailleurs. Mais les comtés où l’espérance de vie est la plus basse sont des comtés du Dakota du Nord et du Dakota du Sud dont une bonne partie du territoire abrite des réserves indiennes (66 ans). L’espérance de vie la plus élevée du pays a quant à elle été mesurée dans les comtés du centre du Colorado (87 ans). D’après les chercheurs, les disparités s’expliquent essentiellement par l’accès aux soins de santé, lui-même déterminé par des facteurs comme la pauvreté, l’éducation et le chômage.
L’AUTRE CARTE DE LA SEMAINE
Chaque point représente la réponse d’un adulte américain à qui l’on a demandé de placer la Corée du Nord sur une carte.

QUICK UPDATE
Le mois dernier, nous vous avions parlé des accusations d’abus sexuels sur mineurs contre le maire de Seattle, Ed Murray. Sachez qu’il nie toujours tous les faits qui lui sont reprochés mais qu’il a décidé de ne pas se présenter à sa propre réélection. Il ira toutefois jusqu’au bout de son mandat, au mois de décembre.
LES TWEETS DE LA SEMAINE
1. Le tweet de Melania Trump pour la fête des mères. La photo a probablement été prise à l’intérieur de la Trump Tower.
Dans un tout autre style, voici une photo publiée par Sarah Palin sur sa page Facebook à l’occasion de la fête des mères. Qui ne s’est jamais promenée avec son fils au bord d’un lac en Alaska à 6h du matin en portant un pull « Suck it up cupcakes »?
2. Ce tweet d’un correspondant du Wall Street Journal nous informant qu’en Irak, des studios de photographies spécialisés dans les photos de mariage utilisent la photo d’Ivanka Trump et de Jared Kushner pour faire leur publicité !!!

3. Ce tweet du sénateur républicain Chuck Grassley réagissant, dans son style inimitable, à la suppression des conférences de presse de la Maison Blanche évoquée par Donald Trump.

4. Nous décernons la médaille d’or du meilleur tweet de la semaine au sénateur républicain Ben Sasse. Il répond ici à une question qui lui est adressée par un internaute. Celui-ci lui demande quelle est sa note sur Uber. En effet, Ben Sasse est occasionnellement chauffeur Uber dans son état du Nebraska. Il estime que cela lui permet de se rapprocher de ses administrés. Ben Sasse répond qu’il est très bien noté, en caricaturant Donald Trump. (Cela nous semble en tout cas évident).

BONUS
À placer dans les favoris de votre navigateur web ! Politico a créé une base de données très utile qui permet en quelques clics de savoir qui sont les personnes que Donald Trump rencontre à la Maison Blanche ou ailleurs (au Mar-a-Lago notamment). Elle sera régulièrement mise à jour. On vous laisse l’explorer à votre aise.