WEEKLY NEWS FLASH #80

Les nuages continuent de s’amonceler au-dessus de la Maison Blanche… Retour sur une nouvelle semaine de folie à Washington.

LES NOUVELLES RÉVÉLATIONS DE LA SEMAINE

Trump / Russie / Comey. Le feuilleton continue avec de nouvelles révélations explosives. [Nous espérons que vous avez bien en mémoire les épisodes précédents parce que ce n’est pas facile à suivre et qu’il est impossible pour nous de tout reprendre depuis le début chaque semaine]

Lundi 15 mai. Le Washington Post révèle que Donald Trump a divulgué des informations sensibles et classifiées au ministre russe des Affaires Etrangères lors de leur rencontre dans le Bureau Ovale quelques jours plus tôt. Ces informations concernaient une menace terroriste très précise de l’Etat Islamique sur des avions de ligne. Elles auraient été transmises aux services de renseignement américains par une source ayant des contacts avec l’EI. (Le New York Times révélera plus tard que la source en question est un agent infiltré des services secrets israéliens).

Précisons que Donald Trump n’a pas enfreint la loi en révélant des informations classifiées aux Russes. Le président des Etats-Unis peut en effet déclassifier les informations qu’il reçoit de ses services de renseignement s’il le juge nécessaire et les partager comme bon lui semble. Mais le fait que le président américain divulgue des informations aussi sensibles à la Russie, alors même que ce pays est accusé d’avoir tenté d’interférer dans le processus démocratique américain l’an dernier, pose une fois de plus question. D’après le Washington Post, les informations divulguées par le président américain étaient si sensibles que les Etats-Unis n’avaient même pas encore partagé certains détails avec leurs alliés. Autrement dit, « Trump a révélé plus d’informations à l’ambassadeur russe que nous n’en avons partagées avec nos propres alliés ».

Donald Trump n’aurait pas révélé aux Russes la manière dont les informations classifiées ont été obtenues par les Etats-Unis. Mais il aurait révélé le nom de la ville dans laquelle la menace a été détectée, ce qui serait suffisant, d’après les experts du renseignement, pour permettre aux Russes d’identifier la source des informations et les méthodes qu’elle a utilisées. Autrement dit, les révélations de Donald Trump sont susceptibles de mettre la vie de l’agent infiltré concerné en danger. [Rappelons que les membres des services de renseignement risquent leur vie tous les jours pour obtenir de précieuses informations. À titre indicatif, 125 agents de la CIA sont morts dans l’exercice de leurs fonctions depuis la création de l’agence en 1947]

L’attitude de Donald Trump pose également un autre problème. Les services de renseignement des pays alliés des Etats-Unis vont-ils continuer à collaborer avec eux s’ils savent que le président américain est susceptible de mettre en danger leurs sources?

Suite à la publication de l’article du Washington Post, c’est H.R. McMaster, le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, qui a délivré la réponse de la Maison Blanche à la presse. Il a déclaré que les faits « tels que rapportés » par le Washington Post étaient faux. Il a ajouté que le président et Sergey Lavrov avaient discuté des menaces terroristes pesant sur l’aviation civile mais que « À aucun moment les sources ou les méthodes de renseignement n’ont été évoquées ». Problème? L’article du Washington Post n’a jamais affirmé que c’était le cas. L’article dit seulement que Donald Trump a révélé des informations classifiées ainsi que le nom de la ville dans laquelle elles ont été recueillies, ce qui pourrait éventuellement permettre aux Russes de découvrir l’identité de la source de ces informations ou ses méthodes. Autrement dit, tout en affirmant que l’histoire du Washington Post était fausse, McMaster n’a pas véritablement nié les faits qui y étaient rapportés.

De plus, le lendemain matin, Donald Trump s’est défendu sur Twitter en affirmant qu’il avait parfaitement le droit de révéler des informations classifiées aux Russes. Autrement dit, il ne dément pas l’avoir fait.

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Traduction: En tant que Président, je voulais partager avec la Russie (lors d’une réunion ouvertement annoncée par la Maison Blanche), ce que j’ai tout à fait le droit de faire, des faits relatifs au terrorisme et à la sécurité des vols. Pour des raisons humanitaires, et de plus je veux que la Russie intensifie fortement sa lutte contre l’Etat Islamique et le terrorisme.

Réponse du député démocrate Adam Schiff.

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Traduction: Monsieur le Président, ce n’est pas une question de « droits », mais de responsabilités. Vous pourriez mettre en péril nos sources, nos relations et notre sécurité.

Du côté du Congrès, les députés et sénateurs ont été surpris par le scoop du Washington Post. Les Démocrates ont eu tendance à dire que, si les faits étaient avérés, le président avait mis la vie de quelqu’un en danger. Inacceptable.

Chuck Schumer, leader des Démocrates au Sénat:

Revealing classified information at this level is extremely dangerous and puts at risk the lives of Americans and those who gather intelligence for our country. (Révéler des informations classifiées à ce niveau est extrêmement dangereux et met en péril la vie des Américains et de ceux qui recueillent des renseignements pour notre pays)

Beaucoup de Républicains ont tout simplement refusé de s’exprimer. Susan Collins, sénatrice du Maine, a fait exception à la règle et a fait part de son exaspération (sans doute partagée secrètement par bon nombre de ses collègues):

Can we have a crisis-free day? That’s all I’m asking. (Pourrait-on avoir une journée sans la moindre crise? C’est tout ce que je demande)

Mardi 16 mai. À peine 24 heures après le scoop du Washington Post, c’est au tour du New York Times de jeter un nouveau pavé dans la mare. Le journal affirme que Donald Trump aurait demandé à James Comey de mettre un terme à son enquête sur Michael Flynn et ses liens supposés avec la Russie ! James Comey, alors directeur du FBI, aurait rédigé une note après avoir rencontré le président dans le Bureau Ovale au mois de février. Des proches de Comey auraient contacté un journaliste du New York Times pour lui faire part des propos contenus dans cette note. On peut notamment y lire que Donald Trump a dit à Comey au sujet de Michael Flynn:

I hope you can see your way clear to letting this go, to letting Flynn go. (J’espère que vous pourrez laisser tomber, lâcher Flynn)

He is a good guy. I hope you can let this go. (C’est un homme bien. J’espère que vous pourrez laisser tomber)

Si tout ceci s’est vraiment produit, alors Donald Trump pourrait être accusé d’entrave à la justice. Un motif possible d’impeachment.

NB: L’article du New York Times contenait aussi le paragraphe suivant, dont on a beaucoup moins parlé mais qui s’avère tout aussi étonnant.

9 NY Times
Traduction: Seul dans le Bureau Ovale, Mr. Trump a commencé la discussion en condamnant les fuites dans les médias, et en disant que Mr. Comey devrait envisager de mettre les journalistes en prison pour la publication d’informations classifiées, selon l’un des associés de Mr. Comey.

Fun fact. L’auteur de l’article du New York Times, Michael Schmidt, n’est autre que le journaliste qui avait déjà révélé l’existence du serveur privé d’Hillary Clinton !

Quelques heures après la publication de l’article du New York Times, CNN affirmait avoir des informations complémentaires. Le vice-président Mike Pence et le ministre de la Justice Jeff Sessions auraient assisté à la rencontre entre Donald Trump et James Comey. Cependant, Donald Trump leur aurait demandé de quitter la pièce avant de demander à Comey d’abandonner l’enquête sur Michael Flynn. Un élément laissant penser que le président savait ce qu’il faisait et savait qu’il valait mieux que cela ne se sache pas.

La Maison Blanche nie catégoriquement les faits et affirme que Donald Trump n’a jamais demandé à James Comey de mettre fin à son enquête sur Michael Flynn.

Au Congrès, Démocrates et Républicains se sont dits très troublés et ont affirmé qu’ils allaient exiger que James Comey fasse parvenir ses notes aux comités qui enquêtent sur la Russie. L’ex-directeur du FBI devrait également être convoqué prochainement pour une audition. Jason Chaffetz, député républicain et président du Oversight Committee (un comité chargé d’enquêter sur les éventuels abus de pouvoir de l’exécutif) a immédiatement fait parvenir une lettre au directeur par intérim du FBI, Andrew McCabe, lui demandant de faire parvenir les notes de James Comey au Congrès.

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Traduction: Le Oversight Committee obtiendra la note de Comey, si elle existe. J’ai besoin de la voir au plus vite. Mon stylo est prêt pour signer une assignation à comparaître.

Chuck Schumer, le chef de file des Démocrates au Sénat, a quant à lui pris la parole dans l’hémicycle pour inciter ses collègues républicains à cesser d’être trop complaisants à l’égard du président Trump.

The country is being tested in unprecedented ways. I say to all of my colleagues in the Senate, history is watching. (Le pays est confronté à un test sans précédent. Je dis à tous mes collègues du Sénat, l’histoire nous regarde)

Et John McCain a même osé comparer les derniers événements au Watergate.

I think we’ve seen this movie before. I think it appears at a point where it’s of Watergate size and scale. (Je pense que nous avons déjà vu ce film. Je pense que nous en sommes au point où il atteint la taille et l’ampleur du Watergate)

Enfin, Donald Trump s’est exprimé lors d’un discours prononcé devant les jeunes diplômés de la Garde Côtière des Etats-Unis. Il s’y est plaint du traitement qui lui est réservé par les médias.

Look at the way I have been treated lately, especially by the media. No politician in history, and I say this with great surety, has been treated worse or more unfairly. (Regardez la manière dont j’ai été traité récemment, particulièrement par les médias. Aucun politicien dans l’histoire, et je dis cela avec une grande certitude, n’a été aussi mal et injustement traité)

Le lendemain, le Département de la Justice annonçait la nomination d’un procureur spécial chargé d’enquêter sur la Russie.

LA NOMINATION DE LA SEMAINE

Mercredi 17 mai. Au lendemain des révélations du New York Times, le Département de la Justice annonce la nomination d’un procureur spécial (special counsel) chargé d’enquêter sur la Russie et sur les liens éventuels entre le gouvernement russe et l’équipe de Donald Trump. Il s’agit de Robert Mueller. Il fut procureur et directeur du FBI de 2001 à 2013. Seul J. Edgar Hoover est resté plus longuement à la tête du FBI. En 2011, le mandat de 10 ans de Mueller avait été exceptionnellement prolongé de 2 ans par le Sénat, à l’unanimité (100 voix à 0). A priori, Mueller a donc la confiance de l’ensemble de la classe politique, Démocrates et Républicains confondus. Il mènera sa propre enquête, parallèlement à celles déjà en cours du FBI et de plusieurs comités du Congrès.

C’est Rod Rosenstein, le vice-ministre de la Justice, qui a décidé de nommer Mueller (ndlr: Rosenstein est responsable de toutes les décisions du Département de la Justice concernant la Russie puisque Jeff Sessions s’est désisté de l’enquête). Il a affirmé que la nomination d’un procureur spécial était nécessaire afin que le peuple américain puisse accepter avec confiance les conclusions de l’enquête.

Donald Trump a évidemment réagi à l’annonce de la nomination de Robert Mueller. Le président se dit victime d’une « chasse aux sorcières ».

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Traduction: C’est la plus grande chasse aux sorcières contre un homme politique de l’histoire américaine!

Réponse amusante d’un député démocrate.

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Traduction: En tant que représentant de Salem, Massachussetts, je peux confirmer que ceci est faux.

MUST READ. Si vous comprenez l’anglais, nous vous recommandons vivement la lecture de ce petit récapitulatif du New York Times (cliquez ici). Ce n’est pas long et vous y verrez beaucoup plus clair au sujet des différentes enquêtes en cours sur la Russie. Voici le schéma qui a le plus retenu notre attention compte tenu de l’actualité.

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Robert Mueller a été nommé en tant que procureur spécial (special counsel) par le Département de la Justice, ce qui signifie que son enquête pourrait donner lieu à des poursuites judiciaires. Ce qui n’aurait pas été le cas avec la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire (select committee) ou d’une commission d’enquête indépendante (independent commission), qui n’auraient fait que rendre un rapport. La mise en place d’une commission d’enquête parlementaire peut être décidée par la Chambre ou le Sénat et ne nécessite pas l’aval du président des Etats-Unis. Une telle commission est composée de membres du Congrès. La Chambre des Représentants avait par exemple mis en place une telle commission pour enquêter sur l’affaire Benghazi. À l’inverse, la création d’une commission d’enquête indépendante, composée d’experts non-membres du Congrès, devrait être votée par la Chambre et le Sénat et approuvée par le président des Etats-Unis. Ce fut le cas de la commission d’enquête sur le 11 septembre. Il est peu probable qu’une telle commission soit mise en place tant que Donald Trump occupe la Maison Blanche.

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LE DESSIN DE LA SEMAINE

Il est signé Nate Beeler, pour le Columbus Dispatch.

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L’AUTRE SCOOP DE LA SEMAINE

Le Washington Post a dévoilé un autre « scoop » cette semaine. Le journal a mis la main sur l’enregistrement d’une conversation privée entre plusieurs députés républicains, dont Paul Ryan et Kevin McCarthy. La conversation date de juin 2016, soit quelques semaines avant que Donald Trump ne soit officiellement désigné candidat du Parti Républicain à l’élection présidentielle. Kevin McCarthy explique à ses collègues que Donald Trump et Dana Rohrabacher (un député républicain connu pour ses positions pro-russes) sont payés par Vladimir Poutine.

There’s two people I think Putin pays: Rohrabacher and Trump. Swear to God. (Je pense qu’il y a deux personnes que Poutine paye: Rohrabacher et Trump. Je le jure devant Dieu)

Paul Ryan met ensuite rapidement fin à la conversation et demande aux personnes présentes dans la pièce de ne jamais en révéler le contenu.

Rapportés ainsi par le Washington Post dans son article, les faits sont évidemment très troublants. Mais le journal, habituellement très sérieux et fiable, aurait-il pour une fois été un peu vite en besogne au nom du scoop? Nous vous laisserons en juger par vous-mêmes. Voici la retranscription complète de l’échange McCarthy/Ryan, à laquelle il était possible d’accéder à condition de cliquer sur un lien contenu dans l’article du Post. Elle laisse penser que McCarthy et Ryan étaient probablement tout simplement en train de plaisanter.

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McCarthy: Il y a… Il y a deux personnes, je pense, que Poutine paye: Rohrabacher et Trump… [rires]… Je le jure devant Dieu.

Ryan: C’est une déclaration confidentielle… [rires]… PAS DE FUITES DANS LA PRESSE… [rires]… ok?!

[Rires]

Ryan: C’est comme cela que l’on sait qu’on est une vraie famille ici.

Scalise: C’est comme cela que l’on sait que nous sommes proches.

[Rires]

Ryan: Ce qui se dit dans la famille reste dans la famille.

Kevin McCarthy a d’ailleurs réagi à la publication de l’article en affirmant qu’il ne s’agissait que d’une mauvaise blague.

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Traduction: C’était une tentative humoristique qui a mal tourné. Pas surprenant que le Washington Post essaye de la transformer en breaking news.

LA UNE DE LA SEMAINE

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Cela se passe de commentaires. Notez que cela faisait plus de dix ans que le TIME n’avait pas réalisé une Une ne contenant aucun titre, seulement une image.

QUI POUR REMPLACER JAMES COMEY À LA TÊTE DU FBI?

Donald Trump n’a pas encore pris sa décision. Plusieurs candidats continuent d’être interviewés. Néanmoins, on sait déjà qu’il ne s’agira ni de Trey Gowdy ni de John Cornyn. Les deux membres républicains du Congrès, dont les noms avaient été évoqués parmi les candidats potentiels, ont fait savoir cette semaine qu’ils ne souhaitaient pas obtenir le poste.

LA DÉCLARATION DE LA SEMAINE

I don’t understand why people are that shocked. This president ran a very unconventional campaign. […] That’s what the American people voted for and in essence, this White House is not much different from the campaign. People got what they voted for, they elected him. (Je ne comprends pas pourquoi les gens sont si choqués. Ce président a mené une campagne très peu conventionnelle. […] C’est ce pour quoi le peuple américain a voté et en substance, cette Maison Blanche n’est pas très différente de la campagne. Les gens ont ce pour quoi ils ont voté, ils l’ont élu)

Marco Rubio dans l’émission dominicale Face The Nation.

LES AMBASSADRICES DE LA SEMAINE

Donald Trump a annoncé les nominations de KT McFarland au poste d’ambassadrice des Etats-Unis à Singapour et de Callista Gingrich au poste d’ambassadrice des Etats-Unis au Vatican. KT McFarland était membre du conseil à la sécurité nationale du président. Elle était la principale adjointe de Michael Flynn au sein de ce conseil. Elle a continué à travailler à la Maison Blanche après la démission de Flynn mais elle y était de plus en plus isolée. La Maison Blanche parle de « promotion » mais le poste d’ambassadrice à Singapour lui a probablement été offert en guise de porte de sortie. Quant à Callista Gingrich, elle n’est autre que la femme de Newt Gingrich, ex-Speaker de la Chambre des Représentants et soutien de Donald Trump ! (NB: Ces deux nominations doivent encore être confirmées par le Sénat)

LA VISITE D’ERDOGAN À WASHINGTON

Autre gros sujet d’actualité de la semaine: la visite du président turc Recep Tayyip Erdogan à la Maison Blanche, alors même que les tensions sont fortes entre les Etats-Unis et la Turquie. Le gouvernement turc reproche toujours à Washington de refuser d’extrader un imam résidant en Pennsylvanie et accusé d’avoir organisé le coup d’état contre Erdogan l’été dernier. Les turcs sont aussi très mécontents de la récente décision prise par Donald Trump d’armer directement les rebelles kurdes qui combattent l’Etat Islamique en Syrie.

Lors d’une conférence de presse, les deux chefs d’état ont cependant affiché une bonne entente et insisté sur l’importance de leur lutte commune contre le terrorisme. En revanche, Donald Trump n’a pas évoqué la question du respect des droits de l’homme en Turquie. Le gouvernement Erdogan est pourtant accusé de plus en plus fréquemment de dérives autoritaires. Dix-sept sénateurs démocrates et républicains avaient d’ailleurs adressé une lettre au président pour lui demander d’évoquer la question des droits de l’homme lors de sa rencontre avec Erdogan. Ils n’ont pas été entendus.

Au-delà de la rencontre Trump/Erdogan, ce sont les événements survenus aux abords de l’ambassade turque à Washington qui ont fait scandale. Des manifestants s’étaient rassemblés devant l’ambassade pour protester contre la dérive autoritaire du gouvernement turc. Des affrontements violents les ont opposés à des manifestants pro-Erdogan et… aux gardes du corps du président turc ! La police de Washington D.C. est rapidement intervenue pour tenter de mettre fin à la bagarre générale. Onze personnes blessées ont dû être hospitalisées.

Sur les vidéos de la bagarre, on voit clairement les gardes du corps d’Erdogan s’attaquer violemment à des citoyens en train de manifester pacifiquement sur le territoire américain. Dans la vidéo ci-dessous, les hommes en costume (à partir de 0:30) sont les gardes du corps d’Erdogan. On peut clairement les voir donner des coups de pied à des hommes à terre.

Une attitude inacceptable qui n’a cependant pas été condamnée par le président Trump, resté totalement silencieux à ce sujet. Le Département d’Etat américain a quant à lui affirmé qu’une enquête était en cours pour identifier les agresseurs. Il est néanmoins peu probable que les Etats-Unis puissent les arrêter et les juger puisque ces individus bénéficient vraisemblablement de l’immunité diplomatique. Le sénateur John McCain a affirmé qu’il faudrait renvoyer l’ambassadeur turc en poste à Washington en guise de sanction.

La version turque. Dans un communiqué, l’ambassade turque affirme que la manifestation n’avait pas été autorisée et que les manifestants étaient affiliés au PKK, reconnu comme une organisation terroriste par la Turquie et les Etats-Unis. Les manifestants auraient ensuite « provoqué » les citoyens pro-Erdogan venus accueillir le président. Ceux-ci n’auraient fait que se défendre. Le communiqué de l’ambassade turque ne mentionne pas l’implication des gardes du corps d’Erdogan dans les affrontements.

L’ACCUSATION DE LA SEMAINE

Le Département d’Etat américain accuse le gouvernement syrien d’exécuter environ 50 personnes par jour dans la prison de Saydnaya et de faire disparaître les corps dans un crématorium construit à côté de la prison. Des affirmations qui évoquent les atrocités de la Seconde Guerre Mondiale dans notre subconscient. Le Département d’Etat a présenté des photos satellites à la presse. Elles montrent la prison de Saydnaya ainsi que le bâtiment suspecté d’abriter le crématorium. Il n’y aurait pas de preuves formelles que le bâtiment abrite bien un crématorium mais le Département d’Etat affirme en être quasiment sûr. Le fait que la neige ait fondu beaucoup plus rapidement sur le toit de ce bâtiment qu’ailleurs en serait une preuve.

LE VOYAGE DE LA SEMAINE

Après une semaine chaotique, Donald Trump s’est envolé vendredi soir pour son premier voyage à l’étranger en tant que président. Ce déplacement durera neuf jours. Le président était en Arabie Saoudite ce week-end et doit encore se rendre en Israël, au Vatican, en Belgique (sommet de l’OTAN à Bruxelles) et en Sicile (sommet du G7 à Taormina). Nous consacrerons un article au voyage du président lorsque celui-ci sera terminé. Un peu de patience…

LE DÉCÈS DE LA SEMAINE

Roger Ailes, fondateur et ex-patron de Fox News, est décédé cette semaine des complications d’une chute à son domicile. Il avait 77 ans. Ailes était un personnage très controversé. Il avait notamment été contraint de quitter la direction de Fox News l’année dernière après que plusieurs journalistes ou ex-journalistes de la chaîne, dont Megyn Kelly, l’aient accusé de harcèlement sexuel. Mais quoi que l’on puisse penser du personnage, on ne peut pas nier qu’il ait contribué à changer drastiquement le paysage médiatique américain en créant Fox News en 1996. La chaîne est rapidement devenue la plus regardée des Etats-Unis et a modifié la manière de commenter l’actualité politique, avec des émissions animées par des présentateurs très partisans (Bill O’Reilly et autres Sean Hannity).

Bien avant de créer Fox News, Roger Ailes fut le conseiller en communication de plusieurs hommes politiques républicains, notamment lors de campagnes présidentielles. Il était unanimement reconnu comme un génie de la communication politique. C’est lui qui avait conseillé à Ronald Reagan de répondre de la manière suivante aux critiques sur son âge avancé lors de la campagne électorale de 1984:

I will not make age an issue of this campaign. I am not going to exploit, for political purposes, my opponent’s youth and inexperience. (Je ne vais pas faire de l’âge l’un des thèmes de cette campagne. Je ne vais pas exploiter, à des fins politiques, la jeunesse et l’inexpérience de mon adversaire)

La réplique fut utilisée par Reagan lors d’un débat présidentiel et est restée célèbre.

En 1988, Ailes a aussi joué un rôle très important au sein de l’équipe de campagne de George H.W. Bush. Ce dernier lui a d’ailleurs rendu hommage sur Twitter.

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Traduction: Il n’était pas parfait, mais Roger Ailes était mon ami et je l’aimais. Je ne suis pas sûr que j’aurais été Président sans son grand talent et son aide. RIP.

Ces dernières années, Ailes semblait s’être quelque peu « radicalisé » comme une partie de la droite américaine. Il avait ainsi accepté de conseiller Donald Trump dès le lancement de sa campagne présidentielle en juin 2015. Il n’a jamais été officiellement membre de son équipe de campagne mais les deux hommes se parlaient régulièrement. Ailes a notamment aidé Trump à se préparer aux débats contre Hillary Clinton.

UPDATE: JASON CHAFFETZ QUITTERA LE CONGRÈS LE 30 JUIN

Le député de l’Utah avait déjà annoncé qu’il ne briguerait pas de nouveau mandat en 2018. Nous vous en avions parlé. Cette semaine, il a annoncé qu’il n’irait même pas au bout de son mandat actuel. Il quittera son poste le 30 juin prochain. Si l’on en croit certaines rumeurs, il pourrait rejoindre Fox News. La démission de Chaffetz signifie qu’une élection spéciale sera organisée prochainement dans son district de l’Utah pour élire son remplaçant. Les Républicains devront aussi désigner son successeur à la tête du Oversight Committee, comité important de la Chambre des Représentants. Trey Gowdy serait en pole position.

L’ORGANISATION POLITIQUE DE LA SEMAINE

Hillary Clinton vient de lancer Onward Together. Cette organisation aura pour but de diffuser les idées défendues par la candidate démocrate dans la société et de récolter des fonds pour des associations et des candidats démocrates aux élections.

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Ci-dessus, la capture d’écran de la page d’accueil du site web de Onward Together. Notez l’usage de flèches rappelant le logo de campagne d’Hillary Clinton en 2016.

LE LIVRE DE LA SEMAINE

Chelsea Clinton, fille de Bill et Hillary Clinton, publie un livre pour enfants intitulé She Persisted. Le but du livre est de raconter aux enfants l’histoire de 13 femmes américaines au parcours susceptible d’inspirer la jeune génération, comme Harriet Tubman ou Oprah Winfrey. Un journaliste de l’Independent Journal Review a remarqué que le livre contenait aussi un clin d’œil adressé par Chelsea Clinton à sa mère. La première page du livre contient en effet une illustration montrant des portraits de femmes affichés dans un musée. On peut y apercevoir le portrait d’Hillary Clinton.

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L’HISTOIRE INSOLITE DE LA SEMAINE

Parce que TOUT est vraiment sujet à controverse à Washington ! Un député républicain a jugé utile de dénoncer la construction de rampes visant à aider des canetons à entrer et sortir du bassin situé devant le Capitole.

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Les rampes ont été installées par l’organisme chargé de l’entretien et de la conservation du Capitole. Plusieurs familles de canards ont élu domicile à proximité et les canetons avaient de grosses difficultés à sortir de l’eau en raison de la hauteur des bords du bassin. Ils risquaient de mourir d’épuisement. Mais d’après le député Mark Walker, il s’agit d’un gaspillage inutile de l’argent du contribuable. À voir les photos, il nous semble tout de même peu probable que ces rampes aient coûté une fortune.

LA PHOTO DE LA SEMAINE

Nikki Haley, ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations Unies, était en déplacement au Moyen-Orient. Elle a notamment visité le camp de Za’atari en Jordanie, qui accueille des milliers de réfugiés syriens.

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L’AUTRE PHOTO DE LA SEMAINE

Ou quand les sénateurs républicains Ben Sasse (en tenue de sport), Tom Cotton (de dos) et le sénateur democrate Chuck Schumer discutent à l’entrée du Capitole.

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La photo, prise par un journaliste qui passait par là, a fait sensation sur les réseaux sociaux, en grande partie en raison de la tenue et de l’expression de Ben Sasse. Celui-ci a d’ailleurs réagi avec humour sur Twitter, déclarant que la photo donnait l’impression que Schumer et lui venaient de fumer un joint !

Les internautes ont rapidement lancé un caption contest (pour les non-initiés, il s’agit d’un concours visant à trouver la meilleure légende possible à une photo). La contribution de Ted Cruz fut particulièrement remarquable. Pour bien comprendre, il faut savoir qu’un autre débat très important battait son plein sur Twitter ce jour-là: pour ou contre le port du romper par les hommes? Le romper, c’est cette tenue qui est apparemment actuellement à la mode aux Etats-Unis.

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Voici donc la contribution de Ted Cruz au caption contest de la photo de ses collègues. Il fait parler Chuck Schumer.

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Traduction: « Donc quoi qu’il en soit, c’est un romper pour hommes et cela s’appelle RompHim et je viens d’en commander deux »

Qui a dit que les sénateurs n’avaient pas le droit de plaisanter comme tout le monde sur Twitter?

L’IMAGE DE LA SEMAINE

Quand George W. Bush crie « Hey! » en passant derrière une journaliste lors d’un match de baseball des Texas Rangers, cela fait également le buzz sur la Toile.

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LA LETTRE DE LA SEMAINE

Attention, archive incroyable ! Voici une lettre adressée par Richard Nixon à Donald Trump en 1987. Nixon y explique à Trump que sa femme l’a vu dans une émission de télévision et lui a dit que s’il décidait un jour de se présenter à une élection, il l’emporterait !

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LE TWEET DE LA SEMAINE

Nous avons déjà inclus beaucoup de tweets dans notre article. En voici un dernier pour conclure. Il est signé Vicente Fox. L’ex-président du Mexique ne lâche rien.

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Traduction: Trump, conseils gratuits de la part de ton ami mexicain: – Reste à la Maison Blanche – Tais-toi!! – Respecte ton prochain – Oublie le p***** de mur. Merci & Salutations

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