Donald Trump a participé à sa première Assemblée Générale des Nations Unies et son discours a marqué les esprits. Le président américain n’a en effet pas hésité à menacer la Corée du Nord de destruction.
INTRODUCTION
L’Assemblée Générale des Nations Unies se tient chaque année à New York, où se situe le siège de l’organisation internationale. Cette année, plusieurs chefs d’état importants avaient choisi de ne pas faire le déplacement, dont Vladimir Poutine, Xi Jinping et Angela Merkel. Mais Donald Trump était lui bel et bien présent. Le président américain a passé quatre jours à New York et y a rencontré de nombreux chefs d’état et diplomates étrangers.
JOUR 1 – LUNDI 18 SEPTEMBRE
La première journée de Donald Trump à New York a été particulièrement chargée. Le président américain a d’abord participé à la conférence d’ouverture de l’Assemblée Générale. Il a ensuite rencontré le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président français Emmanuel Macron. Enfin, il a participé à un dîner en compagnie de plusieurs chefs d’état latino-américains.
1 – Make the United Nations Great
Lors de la conférence d’ouverture de l’Assemblée Générale, Donald Trump a plaidé, devant le Secrétaire Général des Nations Unies Antonio Guterres, en faveur de réformes au sein de l’institution. Le président américain a expliqué que les Nations Unies avaient un énorme potentiel mais que celui-ci n’était pas toujours bien exploité, en raison notamment de dysfonctionnements bureaucratiques. Aux journalistes, il a déclaré que son message principal était le suivant:
Make the United Nations great. Not again. Make the United Nations great.
2 – Rencontre bilatérale avec Benjamin Netanyahu
À l’issue de sa rencontre avec le premier ministre israélien, Donald Trump a affirmé qu’il pensait toujours qu’un accord de paix entre Israéliens et Palestiniens était possible dans un futur proche.
I really think we have a chance. I think Israel would like to see it and I think the Palestinians would like to see it. And I can tell you that the Trump administration would like to see it. (Je pense vraiment que nous avons une chance d’y parvenir. Je pense qu’Israël le souhaite et je pense que les Palestiniens le souhaitent. Et je peux vous dire que l’administration Trump le souhaite)
3 – Rencontre bilatérale avec Emmanuel Macron
Donald Trump a profité de sa rencontre avec Emmanuel Macron pour déclarer devant la presse combien il avait apprécié le spectacle du défilé militaire du 14 juillet sur les Champs-Elysées (auquel, rappelez-vous, il avait été invité par le président français). Il a même annoncé qu’il envisageait sérieusement d’organiser un défilé militaire semblable sur Pennsylvania Avenue à l’occasion de la Fête Nationale du 4 juillet !
4 – Dîner avec plusieurs chefs d’état latino-américains
Donald Trump a terminé la journée en dînant avec Michel Temer (président du Brésil), Juan Manuel Santos (président de la Colombie), Juan Carlos Varela (président du Panama), ainsi que Gabriela Michetti (vice-présidente de l’Argentine) et d’autres diplomates issus de pays d’Amérique Latine. Donald Trump a profité de ce dîner pour qualifier la situation politique au Venezuela d’ « inacceptable ». Il a affirmé que les Etats-Unis étaient prêts à prendre de nouvelles mesures contre le régime de Nicolas Maduro si la démocratie n’était pas rapidement rétablie. Il n’a pas précisé la nature exacte de ces potentielles futures sanctions.
JOUR 2 – MARDI 19 SEPTEMBRE
Le jour du grand oral pour Donald Trump ! Le président américain a prononcé un discours de 41 minutes devant l’Assemblée Générale. Un discours qui restera certainement dans les annales.
Créant la stupeur dans les rangs des diplomates, Donald Trump a utilisé le surnom « Rocket Man » pour désigner Kim Jong-Un (chose qu’il avait déjà faite pour la première fois quelques jours plus tôt dans un tweet) et surtout, a affirmé que les Etats-Unis n’hésiteraient pas à détruire totalement la Corée du Nord s’ils étaient obligés de se défendre ou de défendre leurs alliés ! Aussi importantes soient-elles, ces déclarations sur la Corée du Nord n’étaient cependant pas les seules à retenir du discours de Donald Trump. Nous vous résumons l’essentiel ci-dessous.
1 – Donald Trump fait l’éloge de la souveraineté nationale…
Le discours n’a pas laissé place au doute. Donald Trump ne croit guère aux vertus du multilatéralisme. D’après lui, la cohabitation d’états souverains défendant leurs intérêts et leur culture est la meilleure manière de garantir la stabilité mondiale.
As President of the United States, I will always put America first, just like you, as the leaders of your countries will always, and should always, put your countries first. All responsible leaders have an obligation to serve their own citizens, and the nation-state remains the best vehicle for elevating the human condition » (En tant que président des Etats-Unis, je placerai toujours l’Amérique en premier, tout comme vous, en tant que leaders de vos pays placerez toujours, à juste titre, vos pays en premier. Tous les leaders responsables ont l’obligation de servir leurs propres citoyens, et l’état-nation reste le meilleur moyen d’améliorer la condition humaine)
Le président a d’ailleurs répété que l’Amérique n’avait pas pour objectif d’imposer sa culture et son mode de vie aux autres nations du monde.
In America, we do not seek to impose our way of life on anyone, but rather to let it shine as an example for everyone to watch. (En Amérique, nous ne cherchons pas à imposer notre mode de vie à quiconque, mais plutôt à le laisser briller comme un exemple que tout le monde peut regarder)
Pour certains défenseurs des droits de l’homme, le discours de Donald Trump s’est révélé très inquiétant. En effet, le président américain ne semble pas se soucier du fait que certains états ne respectent pas les droits de l’homme, tant que leurs actions ne menacent pas d’autres états ou la stabilité du monde. Cette position est à l’opposé de celle défendue par tous les prédécesseurs de Donald Trump depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. En ce qui concerne les droits de l’homme, Donald Trump défend en réalité une position plus proche de celle traditionnellement affichée par la Russie et la Chine que de celle défendue habituellement par les Etats-Unis. En résumé, « que chacun fasse ce qu’il veut chez lui et que les autres ne se mêlent pas de ses affaires tant que leurs intérêts ne sont pas directement menacés ». Illustration parfaite de cet état d’esprit, Donald Trump n’a pas mentionné une seule fois le massacre des Rohingyas en Birmanie, sujet pourtant au cœur de l’actualité.
2 – … mais appelle la communauté internationale à isoler les régimes qui mettent en danger la stabilité du monde
Donald Trump a ciblé trois pays en particulier lors de son discours: la Corée du Nord, l’Iran et le Venezuela.
Dans l’esprit du président américain, la limite du respect de la souveraineté nationale semble commencer là où la stabilité de l’ordre mondial est en danger. Si un régime viole toutes les normes internationales, menace d’attaquer ses voisins et/ou finance le terrorisme, alors la communauté internationale a le devoir d’intervenir. (La réflexion de The American Ballot Box: Si l’on peut comprendre le raisonnement pour la Corée du Nord et l’Iran, le Venezuela menace-t-il vraiment davantage ses voisins ou la stabilité du monde que d’autres régimes dictatoriaux? N’aurait-il pas fallu mentionner la Russie qui a agressé son voisin ukrainien et tenté d’interférer dans le processus démocratique américain? 🤔)
3 – Au sujet de la Corée du Nord
Donald Trump s’en est pris violemment au « régime pervers » de la Corée du Nord.
No one has shown more contempt for other nations and for the well-being of their own people than the depraved regime in North Korea. It is responsible for the starvation deaths of millions of North Koreans, and for the imprisonment, torture, killing and oppression of countless more. (Personne n’a fait preuve de plus de mépris à l’égard des autres nations et du bien-être de ses propres citoyens que le régime pervers de Corée du Nord. Il est responsable de la mort de faim de millions de Nord-Coréens, et de l’emprisonnement, de la torture, de l’assassinat et de l’oppression d’innombrables autres)
Le président américain a affirmé que le développement de missiles balistiques et de l’arme nucléaire par la Corée du Nord était une menace pour le monde entier. Il a critiqué les nations qui acceptent encore d’avoir des échanges commerciaux avec Pyongyang.
It is an outrage that some nations would not only trade with such a regime, but would arm, supply and financially support a country that imperils the world with nuclear conflict. No nation on Earth has an interest in seeing this band of criminals arm itself with nuclear weapons and missiles. (Il est scandaleux que certaines nations fassent non seulement du commerce avec un tel régime, mais fournissent aussi des armes et soutiennent financièrement un pays qui menace le monde d’un conflit nucléaire. Aucune nation sur Terre n’a intérêt à voir cette bande de criminels se doter d’armes nucléaires et de missiles)
Donald Trump a ensuite prononcé les mots qui ont suscité le plus grand nombre de réactions et la stupéfaction de nombreux diplomates à travers le monde.
The United States has great strength and patience, but if it is forced to defend itself or its allies, we will have no choice but to totally destroy North Korea. Rocket Man is on a suicide mission for himself and for his regime. (Les Etats-Unis ont beaucoup de force et de patience, mais si nous sommes contraints de nous défendre ou de défendre nos alliés, nous n’aurons pas d’autre choix que de détruire totalement la Corée du Nord. Rocket Man est en mission suicide pour lui-même et son régime)
4 – Au sujet de l’Iran
Donald Trump s’en est également violemment pris au régime iranien, accusé de financer le terrorisme international.
It is far past time for the nations of the world to confront another reckless regime – one that speaks openly of mass murder, vowing death to America, destruction to Israel and ruin for many leaders and nations in this room. (Il est plus que temps que les nations du monde fassent face à un autre régime dangereux – un régime qui parle ouvertement de massacre, souhaitant la mort de l’Amérique, la destruction d’Israël et la ruine de nombreux leaders et nations dans cette salle)
Donald Trump a aussi fustigé l’accord sur le nucléaire iranien, qualifié de l’ « une des pires transactions jamais réalisées par les Etats-Unis ».
5 – Au sujet du Venezuela (et du socialisme)
Donald Trump a critiqué la dictature de Nicolas Maduro et en a profité pour faire aussi le procès du communisme.
The socialist dictatorship of Nicolas Maduro has inflicted terrible pain and suffering on the good people of that country [Venezuela]. This corrupt regime destroyed a prosperous nation by imposing a failed ideology that has produced poverty and misery everywhere it has been tried. (La dictature socialiste de Nicolas Maduro a infligé de terribles souffrances au peuple du Venezuela. Ce régime corrompu a détruit une nation prospère en imposant une idéologie manquée qui n’a produit que la pauvreté et la misère partout où elle a été essayée)
The Venezuelan people are starving and their country is collapsing. Their democratic institutions are being destroyed. This situation is completely unacceptable and we cannot stand by and watch. (Les Vénézuéliens sont en train de mourir de faim et leur pays s’écroule. Leurs institutions démocratiques sont en train d’être détruites. Cette situation est totalement inacceptable et nous ne pouvons pas regarder sans rien faire)
The problem in Venezuela is not that socialism has been poorly implemented, but that socialism has been faithfully implemented. From the Soviet Union to Cuba to Venezuela, wherever true socialism or communism has been adopted, it has delivered anguish and devastation and failure. (Le problème au Venezuela n’est pas que le socialisme ait été mal appliqué, mais que le socialisme ait été bien appliqué. De l’Union Soviétique à Cuba au Venezuela, partout où le vrai socialisme ou le communisme ont été adoptés, ils n’ont généré que douleur, dévastation et échec)
7 – La réforme de l’ONU
Comme il l’avait déjà fait la veille, Donald Trump a affirmé que la bureaucratie de l’ONU ne fonctionnait pas toujours convenablement et que l’organisation avait besoin de se réformer pour fonctionner de manière plus efficace. Il a par exemple dénoncé le fait que certains états qui ne respectent pas les droits de l’homme puissent siéger au Conseil des Droits de l’Homme de l’organisation. De plus, comme il l’avait déjà fait lors d’un sommet de l’OTAN, il a affirmé que plusieurs états ne contribuaient pas suffisamment au financement de l’organisation, contrairement aux Etats-Unis.
8 – Le grand absent
Donald Trump n’a pas du tout abordé la question du changement climatique, pourtant l’un des chevaux de bataille de l’ONU.
Le buzz. Des photos de John Kelly, ex-militaire aujourd’hui directeur de cabinet de Donald Trump à la Maison Blanche, prises durant le discours du président, ont fait le buzz sur les réseaux sociaux.
La réponse de la Corée du Nord. Quelques jours après le discours de Donald Trump, Kim Jong-Un a répliqué lors d’une allocution à la télévision. Il y a notamment qualifié le président américain de « mentalement dérangé » et de « dotard« , un mot désignant une personne âgée devenue sénile.
De son côté, le ministre des Affaires Étrangères nord-coréen Ri Yong Ho, présent à New York, a déclaré que la Corée du Nord pourrait prochainement procéder à un essai nucléaire au-dessus de l’Océan Pacifique !
Quelques compliments pour Donald Trump. Il y a au moins un chef d’état qui a vraiment apprécié le discours de Donald Trump: Benjamin Netanyahu.

D’autre part, dans son propre discours prononcé devant l’Assemblée Générale, le président afghan Ashraf Ghani a salué la nouvelle stratégie des Etats-Unis en Afghanistan, annoncée le mois dernier par Donald Trump.
Meanwhile, Ivanka Trump… Quelques heures après le discours de son père, Ivanka Trump s’est exprimée lors d’une réunion consacrée à la traite des êtres humains. Cette réunion était organisée par le Royaume-Uni et Ivanka Trump y avait été invitée par Theresa May. La traite des êtres humains concernerait au moins 20,9 millions de personnes dans le monde, victimes de travail forcé ou exploitées sexuellement. Ivanka Trump a déclaré que ce phénomène était « le plus grand problème lié aux droits de l’homme de notre temps » et a assuré que la lutte contre ce phénomène était l’une des priorités de l’administration Trump.
JOUR 3 – MERCREDI 20 SEPTEMBRE
Au lendemain de son discours, Donald Trump a participé à une réunion en compagnie de plusieurs chefs d’état africains. Lors de son allocution, il a fait référence à plusieurs reprises à la « Nambie » (Nambia) au lieu de la Namibie (Namibia). Oups.
Le président américain s’est aussi félicité des progrès économiques réalisés sur le continent africain, d’une manière assez particulière.
Africa has tremendous business potential. I have so many friends going to your countries, trying to get rich. I congratulate you. They’re spending a lot of money. (L’Afrique a un potentiel économique phénoménal. J’ai beaucoup d’amis qui vont dans vos pays, en essayant de devenir riches. Je vous félicite. Ils dépensent beaucoup d’argent)
De son côté, Melania Trump participait à un dîner réunissant les épouses de plusieurs chefs d’état. Elle y a pris la parole pour insister sur la nécessité de défendre les droits des enfants partout dans le monde.
Together, we must acknowledge that all too often it is the weakest, most innocent and vulnerable among us – our children – who ultimately suffer the most from the challenges that plague our societies. Whether it is drug addiction, bullying, poverty, disease, trafficking, illiteracy, or hunger, it is the children who are hit first and hardest in any country. (Ensemble, nous devons admettre que ce sont bien trop souvent les plus faibles, innocents et vulnérables d’entre nous – nos enfants – qui souffrent le plus des problèmes qui rongent nos sociétés. Que ce soit pour la dépendance aux drogues, le harcèlement, la pauvreté, la maladie, le trafic, l’illettrisme, ou la faim, ce sont les enfants qui sont touchés les premiers et le plus lourdement dans tous les pays)
JOUR 4 – JEUDI 21 SEPTEMBRE
Avant de quitter New York pour regagner la Maison Blanche, Donald Trump s’est encore entretenu avec le premier ministre japonais Shinzo Abe et le président sud-coréen Moon Jae-In.
ET POUR DÉCOMPRESSER APRÈS LA LECTURE DE CET ARTICLE
Une réflexion sur “DONALD TRUMP SANS FILTRE À L’ONU”