Les élections de mi-mandat auront lieu le 6 novembre 2018, soit dans exactement 1 an. En attendant, revenons-en à l’actualité des sept derniers jours.
LES INCULPATIONS DE LA SEMAINE
Lundi 30 octobre, le procureur Mueller a annoncé la mise en examen de trois personnes ayant fait partie de l’équipe de campagne de Donald Trump: Paul Manafort, Rick Gates et George Papadopoulos. Explications.
∗ Paul Manafort & Rick Gates
Qui sont-ils? Paul Manafort a été le directeur de campagne de Donald Trump de juin à août 2016. Rick Gates est l’un de ses amis et associés de longue date. Il était son principal adjoint au sein de l’équipe de campagne de Trump.
De quoi sont-ils accusés? Manafort et Gates vont être jugés pour 12 chefs d’inculpation différents, dont blanchiment d’argent et complot contre les Etats-Unis. Les deux hommes auraient notamment blanchi des dizaines de millions de dollars entre 2006 et 2015. Ils auraient été « rémunérés » par le Parti des Régions de Viktor Yanukovych, ex-président pro-russe de l’Ukraine, pour lequel ils travaillaient à l’époque. Paul Manafort aurait blanchi plus de 18 millions de dollars et Gates 3 millions de dollars. Un document publié par le procureur donne aussi une idée du style de vie luxueux adopté par Manafort. Des dépenses pour un montant total de 12 millions de dollars y sont détaillées, dont $934,350 dépensés dans un magasin de tapis ou $849,215 dans un magasin de vêtements de New York.
⚠️ Les faits pour lesquels Manafort et Gates sont poursuivis ne concernent pour l’instant pas directement la campagne de Donald Trump et ses éventuels liens avec la Russie. Le président américain a d’ailleurs immédiatement insisté sur ce point, rappelant dans un tweet que les faits reprochés aux deux hommes sont antérieurs à la période durant laquelle ils ont fait partie de son équipe de campagne. Cependant, avoir un ancien directeur de campagne poursuivi par la justice n’est évidemment jamais une bonne publicité pour un président. De plus, certains pensent que poursuivre Manafort et Gates pour des crimes qui ne sont pas directement liés à l’affaire russe est un moyen pour le procureur Mueller de les mettre sous pression pour qu’ils acceptent de coopérer ultérieurement. Ce n’est pas impossible mais les deux hommes ne semblent pas décidés à obtempérer. Ils ont en effet annoncé qu’ils plaideraient non coupables pour tous les faits qui leur sont reprochés. Un juge a assigné les deux hommes à résidence dans l’attente de leur procès, qui devrait avoir lieu au printemps prochain.
∗ George Papadopoulos
Qui est-il? Papadopoulos a occupé un poste de conseiller en matière de politique étrangère au sein de l’équipe de campagne de Donald Trump.
De quoi est-il accusé? D’avoir menti au FBI au sujet de ses contacts avec des ressortissants étrangers proches du gouvernement russe. Contrairement à Paul Manafort et Rick Gates, Papadopoulos plaide coupable. Même s’il n’avait pas un rôle aussi important que Manafort et Gates au sein de l’équipe de campagne de Donald Trump, sa mise en examen est peut-être plus gênante pour le président puisque ses mensonges au FBI ont un lien direct avec l’affaire russe. Papadopoulos aurait notamment proposé à plusieurs reprises à des membres plus hauts placés que lui au sein de l’équipe de campagne d’organiser des rencontres entre Donald Trump et des officiels russes et même une rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
LA UNE DE LA SEMAINE
LES PUBLICITÉS DE LA SEMAINE
Pour l’instant, on ne sait toujours pas si l’équipe de campagne de Donald Trump a été complice des efforts russes pour interférer dans la campagne électorale américaine. Mais on sait que ces efforts ont existé. Les Russes ont notamment utilisé les réseaux sociaux pour exacerber les divisions déjà existantes au sein de la société américaine et encourager les gens à voter en faveur de Donald Trump. Cette semaine, le comité du renseignement de la Chambre des Représentants a dévoilé plusieurs exemples de publicités Facebook sponsorisées par l’Internet Research Agency, une agence russe proche du Kremlin. Nous avons sélectionné trois exemples ci-dessous.
1. La publicité suivante a été créée en juin 2016 et visait les personnes âgées de 18 à 65 ans ayant un intérêt pour Bernie Sanders. Hillary Clinton venait alors de remporter les primaires démocrates face à ce même Bernie Sanders.
La publicité fait référence à des critiques émises par Sanders à l’encontre de Clinton, avant de se demander pourquoi tant de personnes ont voté pour cette dernière. Objectif de la publicité: rappeler aux Démocrates ayant voté pour Bernie Sanders lors des primaires pourquoi ils n’avaient pas choisi Clinton et donc, indirectement, les inciter à considérer un vote en faveur de Donald Trump.
2. La publicité suivante a été diffusée en octobre 2016, soit peu avant l’élection présidentielle opposant Clinton à Trump. Elle s’adressait aux personnes âgées de 18 à 65 ans ayant un intérêt pour le christianisme, Dieu, Jésus, mais aussi des personnalités conservatrices bien connues comme Bill O’Reilly ou Rush Limbaugh.
La publicité décrit Hillary Clinton comme un « diable » coupable de « crimes » et de « mensonges » et incite à voter en faveur de Donald Trump qui, « même s’il n’est pas un saint », est « au moins un honnête homme » qui se préoccupe de l’avenir de son pays.
3. La publicité suivante a elle aussi été diffusée en octobre 2016 et visait les personnes abonnées au groupe Facebook Heart of Texas. Intitulée « Préparez-vous à faire sécession! », la publicité invitait les Texans à participer à une manifestation organisée le samedi 5 novembre 2016, soit trois jours avant l’élection présidentielle. Cette manifestation avait pour but de dénoncer les « crimes commis par Killary Rotten Clinton » et à rappeler qu’en cas de victoire de la candidate démocrate, le Texas était prêt à faire sécession.
Durant la campagne électorale, le groupe Heart of Texas avait aussi invité ses membres à manifester à Houston contre l’ « islamisation du Texas ». Un autre groupe Facebook nommé United Muslims of America avait quant à lui invité ses membres à manifester le même jour et au même endroit en faveur de l’Islam. Les deux groupes Facebook avaient en réalité été créés par l’Internet Research Agency russe qui cherchait ainsi sans doute à ce que les deux groupes de manifestants se retrouvent face à face et s’affrontent.
Au total, l’Internet Research Agency russe aurait dépensé au moins $100,000 pour la diffusion de publicités sur Facebook. D’après Facebook, les publicités russes auraient pu être vues par 126 millions d’Américains entre juin 2015 et août 2017. Cela peut paraître énorme mais Facebook précise toutefois que ces publicités ne représentent que 0,004% du contenu Facebook existant.
Le sondage de la semaine. 54% des Américains pensent que l’usage de publicités par la Russie sur les réseaux sociaux pour s’immiscer dans la campagne électorale américaine est un problème à prendre au sérieux. Mais 25% seulement des électeurs républicains le pensent.

L’AUTRE UNE DE LA SEMAINE
L’ATTENTAT DE LA SEMAINE
Huit personnes sont décédées dans un attentat à New York le 31 octobre, jour d’Halloween. Une dizaine d’autres personnes ont été blessées. Toutes les victimes ont été fauchées par le conducteur d’un camion s’étant engagé sur une piste cyclable de Manhattan. Il s’agit de l’attaque terroriste la plus meurtrière à New York depuis les attentats du 11 septembre 2001. L’auteur de l’attentat a été neutralisé par la police. Après que son camion ait heurté un bus scolaire, le suspect a en effet quitté son véhicule et tenté de s’enfuir une arme à la main. Un policier lui a tiré une balle dans le ventre avant de l’arrêter. Il a été emmené à l’hôpital mais ses jours ne sont pas en danger. Il a été rapidement identifié. Il s’agit de Sayfullo Habibullaevic Saipov, un jeune homme de 29 ans originaire d’Ouzbékistan et qui résidait aux Etats-Unis depuis 2010. Il a déclaré avoir agi au nom de l’Etat Islamique.
Quelques heures seulement après l’attentat, des milliers de new-yorkais se sont rassemblés non loin du lieu de l’attaque pour la traditionnelle parade d’Halloween. Le maire de la ville ainsi que le gouverneur de l’état de New York, Bill de Blasio et Andrew Cuomo, ont participé à la parade « pour montrer que les terroristes ne gagneront pas ».
Le lendemain, on apprenait que Saipov, l’auteur de l’attentat, s’était déclaré fier de son acte et avait demandé l’autorisation d’afficher le drapeau de l’Etat Islamique sur le mur de sa chambre d’hôpital. La réaction de Donald Trump n’a pas tardé. Le président américain a déclaré que l’homme devrait être condamné à la peine de mort.

Donald Trump a aussi rapidement utilisé l’exemple de Saipov comme preuve de la nécessité de réformer le système d’immigration américain. Saipov est en effet arrivé aux Etats-Unis en 2010 grâce au Diversity Visa Lottery Program, un programme auquel le président et certains élus voudraient mettre fin. Plus de 50,000 ressortissants étrangers reçoivent chaque année une green card grâce à ce programme. Ils sont tirés au sort parmi les millions de personnes qui s’inscrivent au programme chaque année. Les seuls critères à remplir pour pouvoir s’inscrire sont d’avoir un diplôme de l’enseignement secondaire (équivalent du BAC) et une expérience professionnelle de deux ans minimum. Les vainqueurs sont ensuite soumis à une procédure de vérification d’antécédents avant d’être définitivement acceptés sur le territoire américain. Leurs conjoint(e)s et leurs enfants mineurs reçoivent également un titre de séjour. Les défenseurs de cette loterie affirment que le programme permet de favoriser la diversité au sein de la nation américaine et de donner une bonne image du pays à l’étranger.
NB: Les ressortissants des pays dont plus de 50,000 citoyens ont été admis aux Etats-Unis au cours des cinq dernières années ne peuvent pas participer au programme. C’est par exemple actuellement le cas du Mexique, du Canada et de la Chine. Ces dernières années, les personnes tirées au sort étaient majoritairement originaires d’Europe de l’Est et d’Afrique. Ci-dessous, le nombre de personnes inscrites au programme en 2015.
L’AUTRE TRAGÉDIE DE LA SEMAINE
La semaine qui vient de s’écouler fut particulièrement sanglante et tragique. Après l’attentat de New York, c’est la petite ville de Sutherland Springs, au Texas, qui a été touchée par un véritable drame. Une nouvelle fusillade de masse y a coûté la vie à 26 personnes. Les victimes étaient rassemblées à l’intérieur d’une église baptiste pour l’office du dimanche. Un homme a pénétré à l’intérieur du bâtiment et a tiré sur les fidèles. Les victimes étaient âgées de 5 à 72 ans. La fille du pasteur, âgée de 14 ans, a été tuée. Son père n’était pas présent. Son remplaçant du jour compte lui aussi parmi les victimes, tout comme huit membres de la même famille. La fusillade est un énorme choc pour la petite ville, située non loin de San Antonio. Elle ne compte en effet que 650 habitants. Cela signifie que la fusillade a tué 4% de sa population !
Lorsque le tueur est sorti de l’église, il est remonté dans son véhicule et a été pris en chasse par deux habitants armés. La voiture a terminé dans un ravin et le tueur a été retrouvé mort à l’intérieur. Il s’est semble-t-il tiré une balle dans la tête mais avait auparavant reçu une balle dans la jambe et une autre dans le torse, tirées par l’un des hommes l’ayant pris en chasse.
Le tueur a rapidement été identifié. Il s’appelait Devin Kelley. Il était âgé de 26 ans et avait été expulsé de l’armée après avoir été reconnu coupable de coups et blessures portés à sa femme et à son propre enfant. En raison de ce passé, il n’était pas autorisé à posséder des armes à feu. Il a néanmoins réussi à s’en procurer légalement, l’armée n’ayant semble-t-il pas correctement transmis les informations à son sujet aux forces de l’ordre. Cet oubli explique que son nom n’ait pas été ajouté à la base de données des personnes n’ayant plus le droit d’acheter des armes.
La fusillade de Sutherland Springs est la plus meurtrière de l’histoire du Texas, et la cinquième plus meurtrière de l’histoire des Etats-Unis. Trois des cinq fusillades les plus meurtrières de l’histoire du pays ont eu lieu ces deux dernières années.
Les cinq fusillades les plus meurtrières de l’histoire des Etats-Unis:
1 – Las Vegas, Nevada, 1er octobre 2017 – 58 morts
2 – Orlando, Floride, 12 juin 2016 – 49 morts
3 – Virginia Tech, Virginie, 16 avril 2007 – 32 morts
4 – Newtown, Connecticut (école primaire Sandy Hook), 14 décembre 2012 – 27 morts
5 – Sutherland Springs, Texas, 5 novembre 2017 – 26 morts
Quelques heures après la fusillade, les habitants de la ville se sont réunis pour rendre hommage aux victimes. Le gouverneur du Texas, Greg Abbott, avait fait le déplacement.
LE BILAN DRAMATIQUE DES INCENDIES EN CALIFORNIE
Jamais deux sans trois. La Californie a elle aussi été victime d’une catastrophe d’un autre genre. Le Nord de l’état a été confronté à de violents incendies qui ont tué 42 personnes et détruit près de 15,000 bâtiments. Le feu vient d’être maîtrisé après 15 jours d’efforts. Certains quartiers résidentiels ont été totalement rayés de la carte, comme en témoigne cette impressionnante photo.
Les Etats-Unis n’ont pas été épargnés par les catastrophes naturelles cette année. En 2017, 16 désastres naturels de grande ampleur (plus d’un milliard de dollars de dégâts) ont touché le pays, faisant au total plus de 300 morts.
UN PEU DE RÉCONFORT
Après avoir été durement touchée par l’ouragan Harvey, la ville de Houston a fêté le titre de son équipe de baseball, les Houston Astros. Ceux-ci ont battu les Los Angeles Dodgers 5-1 lors du dernier match de la finale. C’est la première fois de leur histoire que les Astros remportent les World Series ! Pour certains habitants ayant presque tout perdu il y a seulement quelques semaines, ce titre a pris une importance toute particulière. Ce magnifique cliché pris par le photographe Steve Gonzalez du Houston Chronicle le montre bien.
LA PROPOSITION DE LOI DE LA SEMAINE
Les Républicains de la Chambre des Représentants ont présenté leur proposition de loi de réforme fiscale, le Tax Cuts and Jobs Act. Parmi les principales mesures prévues dans le texte:
– Réduction du nombre de tranches d’imposition sur le revenu. Il n’y en aurait plus que quatre, au lieu de sept actuellement (12%, 25%, 35% et 39,6%). En outre, davantage de personnes seraient exemptées d’impôts sur le revenu. Ce serait le cas des individus gagnant moins de $12,000 par an (contre $6,350 actuellement) et des couples gagnant moins de $24,000 par an (contre $12,700 actuellement).
– Réduction du taux d’imposition sur les sociétés à 20%
– Augmentation du Child Tax Credit à $1,600 par an et par enfant, contre $1,000 actuellement
MAIS
– Suppression de certaines déductions fiscales sur les prêts étudiants et les dépenses médicales
La proposition de loi devrait être adoptée facilement à la Chambre mais il faudra ensuite que le Sénat adopte son propre texte, avant qu’une version finale soit envoyée pour signature au président Trump. Celui-ci espère que ce sera chose faite avant Noël.
LA NOMINATION DE LA SEMAINE
Le président Trump a nommé Jerome Powell à la tête de la FED, la banque centrale américaine. Il succèdera à Janet Yellen en février 2018.
LES CHIFFRES DE LA SEMAINE
261,000 ou le nombre d’emplois créés aux Etats-Unis au mois d’octobre. Le taux de chômage est quant à lui de 4,1%, soit le taux le plus bas jamais atteint depuis décembre 2000.
LES SONDAGES DE LA SEMAINE
Malheureusement pour Donald Trump, les bonnes performances de l’économie américaine ne suffisent pas à le rendre populaire. D’après un sondage ABC/Washington Post, la cote de popularité du président est aujourd’hui de 37%. Depuis Truman, jamais un président américain n’avait été aussi impopulaire au cours de sa première année de mandat. (Ci-dessous, le différentiel entre opinions favorables et défavorables pour les différents présidents neuf mois après leur arrivée à la Maison Blanche).

En France, un sondage Le Figaro montre que Donald Trump est plus impopulaire dans l’Hexagone (et, en moyenne, dans toute l’Europe) que Vladimir Poutine. Il n’y a qu’au Royaume-Uni que Vladimir Poutine est moins aimé que Donald Trump (82% d’opinions défavorables contre 80%). 90% des Français disent avoir une mauvaise opinion du président américain. L’un des scores les plus négatifs en Europe. Les plus hostiles à Donald Trump sont les Espagnols (92% d’opinions défavorables). 81% des Français pensent aussi que le terme « raciste » correspond plutôt bien à Donald Trump.

LE COMPTE TWITTER DE DONALD TRUMP DÉSACTIVÉ… PENDANT 11 MINUTES
Le compte Twitter de Donald Trump a été désactivé pendant 11 minutes cette semaine. Twitter a rapidement annoncé les résultats d’une enquête interne. Un employé aurait désactivé par erreur le compte du Président des Etats-Unis lors de sa dernière journée de travail au sein de l’entreprise.
L’ALBUM DE LA SEMAINE
La pochette du nouvel album du rappeur Snoop Dogg risque de faire parler d’elle. On y voit le chanteur posant aux côtés du corps sans vie de Donald Trump.
L’an dernier, Snoop Dogg avait déjà créé la polémique en réalisant un clip dans lequel on le voyait tirer sur un clown ressemblant à Donald Trump. Le futur président avait à l’époque critiqué le rappeur sur Twitter. Pour l’instant, il n’a pas réagi à sa nouvelle provocation.
LA POLÉMIQUE DE LA SEMAINE
On parle beaucoup des conflits au sein du Parti Républicain mais les tensions héritées de la campagne de 2016 ont aussi resurgi au sein du camp démocrate cette semaine après la publication par Politico d’un extrait du nouveau livre de Donna Brazile (à lire ici).
Donna Brazile avait pris la tête du Parti Démocrate en juillet 2016. Elle avait succédé par intérim à Debbie Wasserman Schultz, écartée après que des e-mails dévoilés par Wikileaks aient montré qu’elle avait tenté de favoriser Hillary Clinton pendant les primaires. Dans son livre, Donna Brazile accuse Hillary Clinton d’avoir pris le pouvoir au sein du parti dès le mois d’août 2015, soit avant le début des primaires l’opposant entre autres à Bernie Sanders. Ces accusations ne sont pas neuves puisque Bernie Sanders s’était plaint de l’attitude du parti pendant la campagne, tout comme (et peut-être encore davantage) Martin O’Malley. Ce dernier avait ouvertement accusé Debbie Wasserman Schultz de refuser d’organiser davantage de débats télévisés pour ne pas mettre Hillary Clinton en difficulté. Mais Donna Brazile va plus loin. Elle affirme avoir mis la main sur un document prouvant qu’un accord a été passé entre la direction du Parti Démocrate de l’époque et l’équipe de campagne d’Hillary Clinton. La campagne d’Hillary Clinton y acceptait de reverser de l’argent au Parti Démocrate, alors en faillite. En échange, Hillary Clinton pouvait contrôler les finances mais aussi la stratégie et la communication du parti, supposé être neutre durant les primaires. Hillary Clinton et son équipe auraient aussi eu leur mot à dire quant au recrutement de certaines personnes au sein du parti, notamment le directeur de la communication. Comme l’écrit Donna Brazile elle-même,
This was not a criminal act, but as I saw it, it compromised the party’s integrity. (Ceci n’était pas un acte criminel, mais selon moi, cela a compromis l’intégrité du parti)
Interrogée sur CNN, la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, plutôt proche de la ligne politique très à gauche de Bernie Sanders, a répondu « Oui » à la question « Pensez-vous que les primaires aient été truquées en faveur d’Hillary Clinton? ». Wow.
Dans son livre, Donna Brazile critique aussi la manière dont Hillary Clinton a mené sa campagne électorale. Elle déclare qu’il était évident que la candidate démocrate ne suscitait pas l’enthousiasme. Elle dit qu’elle a tenté de mettre en garde l’équipe de campagne de Clinton mais que personne ne l’a écoutée. D’après elle, Clinton était persuadée que la victoire contre Donald Trump ne serait qu’une formalité.
Donna Brazile écrit aussi que même les personnes travaillant au QG de campagne d’Hillary Clinton ne semblaient pas enthousiastes. Elle décrit une ambiance semblable à celle dans une chambre d’hôpital « où quelqu’un vient de mourir ». (NB: De nombreux membres de l’équipe Clinton ont co-signé une lettre ouverte déclarant qu’ils avaient été très heureux de travailler pour la candidate démocrate et que la description de Donna Brazile ne correspondait pas à la réalité).
Enfin, Donna Brazile affirme également qu’après le malaise d’Hillary Clinton le 11 septembre 2016, elle a sérieusement envisagé le lancement d’une procédure visant à remplacer l’ex-Secrétaire d’Etat par Joe Biden comme candidat du parti à l’élection présidentielle ! Elle dit avoir finalement renoncé après avoir pensé à « Hillary et toutes les femmes du pays qui étaient si fières d’elle. Je ne pouvais pas leur faire ça ».
Une petite réaction du Président des Etats-Unis?

L’AGRESSION DE LA SEMAINE
Le sénateur Rand Paul a été agressé à son domicile dans le Kentucky vendredi après-midi. Il n’aurait pas entendu son agresseur s’approcher car il était en train de tondre sa pelouse. Il a contacté la police et son agresseur a été arrêté. Il s’agit de Rene Boucher, l’un de ses voisins. On ignore pour l’instant les motifs de l’agression. Rand Paul a cinq côtes fracturées (!) et ne sait pas quand il sera capable de reprendre le travail à Washington. Il ne s’est pas encore exprimé publiquement, si ce n’est à travers ce tweet remerciant tous ceux qui lui ont envoyé des messages de soutien.

LE COMPTE TWITTER DE LA SEMAINE
Vous pouvez désormais suivre James Comey, l’ex-directeur du FBI licencié par Donald Trump, sur Twitter. Des rumeurs laissaient déjà penser depuis un certain temps que le compte Twitter anonyme @FormerBu appartenait en réalité à Comey. La semaine dernière, une photo publiée sur ce compte Twitter l’avait quasiment confirmé puisqu’on y voyait l’ex-directeur du FBI posant sur une route de l’Iowa. Des journalistes locaux avaient rapidement confirmé que James Comey avait été aperçu en Iowa ce jour-là. Il s’y trouvait pour fêter l’anniversaire du père de son épouse, originaire de cet état du Midwest.
Cette semaine, James Comey a définitivement officialisé sa présence sur le réseau social. Le compte est désormais à son nom et une photo de profil et une biographie y ont été ajoutées. Le compte a aussi été vérifié par Twitter.
Voici l’un des premiers tweets publiés par James Comey sous sa véritable identité.

D’autre part, notez que James Comey rédige actuellement un livre qui sera publié au printemps prochain. Il s’intitulera A Higher Loyalty: Truth, Lies and Leadership.
LA LECTURE RECOMMANDÉE DE LA SEMAINE
Nous vous recommandons vivement la lecture de ce portrait du Républicain John Boehner, ex-Speaker de la Chambre des Représentants aujourd’hui à la retraite.
John Boehner Unchained – Politico Magazine
On y apprend notamment que Boehner n’apprécie toujours pas Ted Cruz. Vraiment pas.
He’s the most miserable son of a bitch I’ve ever had to work with. (C’est le plus misérable des fils de pute avec qui j’ai été amené à travailler)
Boehner évoque aussi son amitié avec George W. Bush, qui lui a offert un portrait qu’il a peint de lui.
Boehner raconte que l’ex-président lui a récemment envoyé un sms pour lui demander s’il était en contact avec Paul Ryan (qui lui a succédé au poste de speaker) et si ce dernier lui demandait parfois des conseils. Boehner raconte avoir répondu: « Oui, s’il appelle, je lui donne des conseils ». George W. Bush lui aurait alors renvoyé le texte suivant: « Il devrait t’appeler plus souvent ».
Enfin, lorsqu’on lui demande d’analyser l’élection présidentielle de 2016, Boehner déclare:
The only Republican who Hillary Clinton possibly could have beaten was Donald Trump, and the only Democrat that Trump possibly could have beaten was Clinton. Three hundred and thirty million Americans, and we got those two. (Le seul Républicain qu’Hillary Clinton avait une chance de battre était Donald Trump, et le seul Démocrate que Trump avait une chance de battre était Hillary. Trois cents trente millions d’Américains, et nous nous retrouvons avec ces deux-là)
PS: DONALD TRUMP EN ASIE
Donald Trump a quitté Washington pour l’Asie ce week-end. Sa tournée asiatique va durer 12 jours. Il se rendra dans cinq pays (Japon, Corée du Sud, Chine, Vietnam et Philippines) et fera aussi une escale à Hawaï. Nous rédigerons bientôt un article consacré à ce voyage sur le blog.