Donald Trump vient de rentrer d’une longue tournée de douze jours en Asie. Récit.
INTRODUCTION
Donald Trump a effectué une tournée asiatique de douze jours lors de laquelle il s’est rendu dans cinq pays: le Japon, la Corée du Sud, la Chine, le Vietnam et les Philippines. Il a participé à deux sommets internationaux, celui de l’APEC et celui de l’ASEAN.

Cela faisait 25 ans qu’un président américain n’était pas resté aussi longtemps sur le sol asiatique (George H.W. Bush en 1992).
UN NOUVEAU TERME: « INDO-PACIFIC »
Dans tous ses communiqués officiels, la Maison Blanche a évoqué le voyage du président Trump dans la région qualifiée d’ « Indo-Pacific », au lieu de « Asia-Pacific ». L’usage de ce nouveau terme par l’administration Trump ne doit sans doute rien au hasard. D’après plusieurs spécialistes, il démontre que les Etats-Unis entendent accorder de plus en plus d’importance à leur partenariat avec l’Inde afin d’équilibrer les rapports de force dans la région. Si Donald Trump ne s’est pas rendu en Inde dans le cadre de sa tournée (mais Ivanka Trump s’y rendra à la fin du mois), il a semble-t-il voulu rappeler aux dirigeants des pays visités, notamment la Chine, que l’Inde reste un allié important des Etats-Unis.
STOP 1 – HAWAÏ
Sur la route du Japon, Air Force One a effectué un stop à Hawaï. Accueillis à l’aéroport par des supporters, Donald et Melania Trump ont revêtu un traditionnel collier de fleurs hawaïen et se sont prêtés au jeu des selfies.
Tous les habitants d’Hawaï n’étaient cependant pas ravis de la venue du président. Certains n’ont pas hésité à manifester leur mécontentement dans la rue. Mention spéciale à ce manifestant souhaitant la « Bienvenue au Kenya » à Donald Trump. Une référence à la théorie du complot, longtemps défendue par Donald Trump, selon laquelle Barack Obama ne serait pas né à Hawaï mais au Kenya.
Donald et Melania Trump ont profité de leur passage à Hawaï pour visiter le mémorial de l’USS Arizona, dédié aux victimes de l’attaque de Pearl Harbor. Le couple présidentiel s’est recueilli et a jeté des pétales de fleurs blanches dans l’océan.

Avant de s’envoler pour le Japon, Donald Trump a insisté pour faire un petit détour par l’un de ses hôtels situés à Hawaï (le Trump International Hotel à Waikiki). La Maison Blanche a affirmé que le président avait tenu à aller saluer les employés qui y travaillent.
STOP 2 – TOKYO, JAPON
À son arrivée à Tokyo, Donald Trump s’est immédiatement rendu à la base militaire de Yokota pour saluer les troupes américaines et japonaises qui y sont stationnées.

Donald Trump a ensuite joué au golf avec le premier ministre japonais Shinzo Abe et le golfeur professionnel Hideki Matsuyama, avant de manger des hamburgers au restaurant du Kasumigaseki Country Club. Trump et Abe ont aussi autographié des casquettes blanches portant la mention Donald & Shinzo: Make Alliance Even Greater. (Non, ce n’est pas une blague).
Les deux hommes ont ensuite entamé des discussions bilatérales plus formelles, évoquant notamment la question nord-coréenne. Lors d’une conférence de presse, Donald Trump a affirmé une nouvelle fois que l’ « ère de la patience stratégique » vis-à-vis de la Corée du Nord était terminée.
Some people said that my rhetoric is very strong. But look at what’s happened with very weak rhetoric over the last 25 years. Look where we are now. (Certaines personnes disent que ma rhétorique est très forte. Mais regardez ce qu’il s’est passé avec une rhétorique faible ces 25 dernières années. Regardez où nous en sommes)
Pendant ce temps-là, Melania Trump visitait un magasin très chic de la capitale japonaise en compagnie de l’épouse de Shinzo Abe. La First Lady y a participé à un atelier visant à lui expliquer la manière dont les fameuses perles de Mikimoto sont produites. Melania Trump et Akie Abe ont également visité une école primaire.
STOP 3 – SÉOUL, CORÉE DU SUD
Comme au Japon, Donald Trump a entamé son séjour en Corée du Sud par la visite d’une base militaire où sont stationnées des troupes américaines. Il s’est ensuite entretenu avec le président sud-coréen Moon Jae-In. Ce dernier a été récemment élu en promettant notamment de dialoguer davantage avec le voisin nord-coréen. Les discussions avec Moon Jae-In s’annonçaient donc plus tendues pour Donald Trump que celles avec Shinzo Abe, qui semble le suivre sans restrictions sur le dossier nord-coréen.
Le discours de Donald Trump devant le parlement sud-coréen. C’était l’un des moments les plus attendus du voyage du président américain. Dans un discours prononcé au parlement sud-coréen, Donald Trump a longuement comparé les deux Corées et dénoncé les nombreux crimes infligés par le régime de Pyongyang à sa propre population. Il a ensuite une nouvelle fois mis Kim Jong-Un en garde, rappelant que les Etats-Unis n’hésiteraient pas à faire usage de la force militaire pour se défendre si nécessaire.
The regime has interpreted America’s past restraint as weakness. This would be a fatal miscalculation. This is a very different administration than the United States has had in the past. Today I hope I speak not only for our countries, but for all civilized nations, when I say to the North: Do not underestimate us. And do not try us. (Le régime a interprété la retenue passée de l’Amérique comme de la faiblesse. C’est une erreur de jugement fatale. Cette administration est très différente de celles que les Etats-Unis ont connues précédemment. Aujourd’hui, j’espère que je parle non seulement pour nos deux pays, mais aussi pour toutes les nations civilisées, lorsque je dis au Nord: Ne nous sous-estimez pas. Ne nous testez pas)
I also have come here to this peninsula to deliver a message directly to the leader of the North Korean dictatorship. The weapons you are acquiring are not making you safer. They are putting your regime in grave danger. Every step you take down this dark path increases the peril you face. North Korea is not the paradise your grandfather envisioned. It is a hell that no person deserves. (Je suis aussi venu ici dans cette péninsule pour adresser un message directement au leader de la dictature nord-coréenne. Les armes que vous êtes en train d’acquérir ne renforcent pas votre sécurité. Elles mettent votre régime en grand danger. Chaque pas que vous faites sur ce sombre chemin augmente le danger auquel vous faites face. La Corée du Nord n’est pas le paradis que votre grand-père avait imaginé. C’est un enfer que personne ne mérite)
Donald Trump a rappelé que la négociation avec la Corée du Nord ne serait possible que si le régime de Pyongyang renonçait à son programme nucléaire.
Visite de la DMZ annulée. Dans un premier temps, la Maison Blanche avait annoncé que Donald Trump ne visiterait pas la fameuse zone démilitarisée séparant la Corée du Sud de la Corée du Nord. Tous ses prédécesseurs depuis Ronald Reagan s’étaient pourtant rendus sur le site lors de leurs visites en Corée du Sud. Lors de leurs propres déplacements à Séoul cette année, le vice-président Mike Pence, le Secrétaire d’Etat Rex Tillerson et le Secrétaire à la Défense James Mattis ont tous visité la DMZ. Finalement, Donald Trump a changé d’avis et a voulu se rendre sur place en secret. Les journalistes qui l’accompagnaient avaient reçu pour consigne de ne rien dire jusqu’à ce que la visite soit terminée. Mais l’hélicoptère présidentiel devant emmener Donald Trump de Séoul à la DMZ a dû faire demi-tour en raison du mauvais temps. La visite a été annulée.
STOP 4 – PÉKIN, CHINE
Après le Japon et la Corée du Sud, Donald Trump a débarqué en Chine pour une visite d’état. Une délégation de patrons américains, emmenée par le Secrétaire au Commerce Wilbur Ross, accompagnait le président. Au programme des discussions bilatérales: la Corée du Nord mais aussi les relations économiques et culturelles entre les Etats-Unis et la Chine.
Le président chinois Xi Jinping avait semble-t-il décidé d’impressionner son invité. Donald Trump a en effet eu l’honneur de visiter la Cité Interdite de Pékin (qui avait été fermée aux Chinois et aux touristes pour l’occasion) et de dîner dans l’un de ses palais. Un honneur qui n’avait encore jamais été réservé à un président américain !

Durant le dîner, Donald Trump a même montré à Xi Jinping une vidéo de sa petite-fille (la fille d’Ivanka Trump et de Jared Kushner) en train de réciter des poèmes chinois en mandarin.
Plus tard, lors d’une conférence de presse commune avec le président chinois, Donald Trump a refusé de critiquer la politique commerciale de la Chine, ce qu’il n’avait pourtant cessé de faire durant sa campagne électorale. Il a réaffirmé que la relation commerciale entre la Chine et les Etats-Unis était déséquilibrée mais a ajouté qu’il ne pouvait pas en vouloir à la Chine d’exploiter le système à son avantage.
I don’t blame China. Who can blame a country that is able to take advantage of another country for the benefit of its citizens? (Je ne blâme pas la Chine. Qui peut en vouloir à un pays capable de tirer profit d’un autre pays au bénéfice de ses citoyens?)
Donald Trump a plutôt accusé ses prédécesseurs d’avoir laissé le déficit commercial entre les deux pays se creuser dangereusement sans réagir.

Si Donald Trump et Xi Jinping se sont exprimés devant la presse, ils n’ont répondu à aucune question. Les journalistes américains n’ont d’ailleurs pas été autorisés à en poser. La porte-parole de la Maison-Blanche a affirmé que c’était une demande de Xi Jinping. Le fait que la Maison Blanche ait accepté la requête des autorités chinoises tend à démontrer une nouvelle fois que Donald Trump ne fait pas du respect de la liberté de la presse ou des droits de l’homme l’une de ses priorités lors de ses rencontres avec des chefs d’état étrangers. Une approche pragmatique critiquée par ceux qui estiment que les Etats-Unis doivent continuer à défendre les droits de l’homme partout dans le monde. Précisons toutefois que lors de sa première visite en Chine, Barack Obama avait également accepté, à la demande des autorités chinoises, qu’aucune question ne soit posée par la presse, avant de rectifier le tir lors de visites ultérieures. Bill Clinton (en 1998) et George W. Bush (en 2002) avaient quant à eux insisté pour que des questions puissent être posées par les journalistes américains lors de leur déplacement à Pékin et étaient parvenus à faire céder les autorités chinoises.
Lors de son séjour à Pékin, Donald Trump a aussi complimenté Xi Jinping pour sa récente « grande victoire politique ». Il évoquait sa récente réélection à la tête du Parti Communiste chinois, qui lui a accordé davantage de pouvoir qu’à tous ses prédécesseurs depuis Mao Zedong. Les propos de Donald Trump n’ont pas plu à tout le monde. Le sénateur Marco Rubio a notamment critiqué le président sur Twitter.

NB: Melania Trump est restée à Pékin un jour de plus que son mari et est ensuite rentrée aux Etats-Unis. Elle n’a donc pas accompagné Donald Trump pour les deux dernières étapes de son voyage, au Vietnam et aux Philippines. Lors de sa dernière journée dans la capitale chinoise, Melania Trump s’est rendue au zoo, où elle a fait connaissance avec le panda Gu Gu, et a visité la Grande Muraille de Chine.
STOP 5 – DA NANG & HANOÏ, VIETNAM
Après la Chine, Donald Trump a pris la direction du Vietnam. Il s’est d’abord rendu dans la ville de Da Nang, qui accueillait le sommet de l’APEC*.
*L’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation) est un forum économique intergouvernemental créé en 1989 et qui réunit 21 états membres (Etats-Unis, Canada, Mexique, Chili, Pérou, Russie, Australie, Nouvelle-Zélande, Chine, Japon, Corée du Sud, Indonésie, Malaisie, Singapour, Hong Kong, Taïwan, Brunei, Philippines, Thaïlande, Vietnam et Papouasie-Nouvelle-Guinée). L’objectif principal de l’APEC est de favoriser la croissance économique et les échanges commerciaux au sein de la zone Asie-Pacifique. Le sommet de l’APEC a lieu une fois par an.
Lors de ce sommet, le président américain a confirmé que les Etats-Unis allaient désormais adopter une nouvelle politique économique. Exit les accords de libre-échange multilatéraux. Les Etats-Unis négocieront uniquement des accords bilatéraux « équitables » avec chaque pays de la région. Rappelons d’ailleurs que Donald Trump a retiré les Etats-Unis du TPP peu après son arrivée à la Maison Blanche, au grand dam des gouvernements qui avaient déjà ratifié cet accord de libre-échange qui devait réunir les Etats-Unis et plusieurs autres pays de la zone Asie-Pacifique, mais pas la Chine. Pour beaucoup d’observateurs, le rejet du TPP par l’administration Trump est un énorme cadeau pour Pékin. Le TPP avait en effet en partie pour objectif de renforcer les échanges entre certains pays et de contrer ainsi l’hégémonie commerciale chinoise dans la région.
Quand même les chefs d’état se mettent au selfie. Le premier ministre australien Malcolm Turnbull a publié ce selfie pris lors du sommet de l’APEC sur son compte Twitter.

Après avoir participé au sommet de l’APEC, Donald Trump s’est rendu à Hanoï, la capitale vietnamienne. Il y a rencontré le président vietnamien Tran Dai Quang.
STOP 6 – MANILLE, PHILIPPINES
Dernière étape du voyage de Donald Trump: les Philippines du très controversé président Rodrigo Duterte. À Manille, Donald Trump a rencontré le président philippin en tête-à-tête et s’est aussi rendu au sommet de l’ASEAN*.
*L’ASEAN (Association des nations de l’Asie du Sud-Est) est une organisation intergouvernementale créée en 1967 et regroupant dix états membres (Indonésie, Malaisie, Thaïlande, Philippines, Singapour, Brunei, Vietnam, Laos, Cambodge et Myanmar). Son objectif principal est de permettre aux gouvernements de ces dix pays d’Asie du Sud-Est de discuter des enjeux politiques régionaux afin d’assurer la stabilité dans la région et d’afficher une position commune sur la scène internationale. Le siège de l’organisation se trouve à Jakarta, en Indonésie. Un sommet de l’ASEAN est organisé une fois par an. Des états non membres y sont parfois invités pour se joindre aux discussions.
Cette photo prise lors du sommet de l’ASEAN a connu un succès monstre sur les réseaux sociaux. Il s’agit sans doute de la poignée de mains la plus étrange de l’année 2017, entre Donald Trump, Rodrigo Duterte et d’autres chefs d’état participant au sommet.
La Maison Blanche affirme que Donald Trump a évoqué la question des droits de l’homme lors de son entretien privé avec Rodrigo Duterte, même si la conversation fut essentiellement axée sur les questions du terrorisme et du commerce. Cependant, le porte-parole du gouvernement philippin affirme quant à lui que la question des droits de l’homme n’a pas du tout été évoquée. Que ce soit en Chine ou aux Philippines, Donald Trump aura en tout cas démontré que la question du respect des droits de l’homme était loin d’être sa priorité n°1.
BONUS – LE TWEET DU VOYAGE
