Au sommaire cette semaine: les propos de Donald Trump sur les « pays de merde », une fausse alerte au missile nucléaire nord-coréen à Hawaï, une enquête judiciaire visant le gouverneur du Missouri et notre nouvelle rubrique Road to the midterms. Bonne lecture !
DÉBAT SUR L’IMMIGRATION ET « PAYS DE MERDE »
Depuis que le président Trump a annoncé la fin prochaine du DACA, ce programme permettant à des personnes arrivées illégalement aux Etats-Unis lorsqu’elles étaient mineures d’y séjourner légalement, le Congrès tente de trouver une solution pour régler le sort des Dreamers, surnom donné aux bénéficiaires du programme. Ils sont plus de 700,000. Concrètement, si le Congrès ne légifère pas, ils seront tous potentiellement menacés d’expulsion à partir du 5 mars. C’est pourquoi deux groupes de députés et sénateurs travaillent actuellement sur une proposition de loi visant à régler le sort des Dreamers et à réformer plus largement le système d’immigration.
¤ Le Gang of Six, un groupe bipartisan de six sénateurs: Lindsey Graham (R), Jeff Flake (R), Cory Gardner (R), Dick Durbin (D), Michael Bennet (D) et Bob Menendez (D)
¤ Un autre groupe bipartisan composé de quatre députés et sénateurs: Dick Durbin (D), Steny Hoyer (D), John Cornyn (R) et Kevin McCarthy (R)
Cette semaine, le Gang of Six a annoncé être parvenu à un accord sur une réforme de l’immigration, après quatre mois de travail. Leur proposition prévoit notamment de régulariser la situation des 700,000 Dreamers, qui pourraient même à terme obtenir la citoyenneté américaine, tout en renforçant les mesures de sécurité à la frontière.
Lindsey Graham et Dick Durbin ont été invités par le président Trump à la Maison Blanche pour lui présenter le texte. Le président avait également convoqué d’autres députés et sénateurs ayant des vues plus strictes sur l’immigration et opposés au compromis du Gang of Six, notamment les sénateurs républicains Tom Cotton et David Perdue. Stephen Miller, conseiller du président proche de l’alt-right, participait également à la réunion. Et celle-ci ne s’est pas très bien passée.
Peu après la fin de la rencontre, qui avait lieu dans le Bureau Ovale, le Washington Post révélait que, selon des sources anonymes bien informées, le président Trump aurait traité plusieurs pays africains de « shithole countries » (pays de merde) au cours de la réunion. D’après l’article paru dans le Post, Donald Trump se serait emporté, jugeant la proposition de loi présentée par Lindsey Graham et Dick Durbin totalement insatisfaisante. Alors que les sénateurs lui expliquaient que leur texte prévoyait de prolonger le statut temporaire protégeant des immigrants venus d’Haïti, du Salvador et de certains pays africains, Donald Trump aurait déclaré:
Why are we having all these people from shithole countries come here? (Pourquoi laissons-nous tous ces gens de pays de merde venir ici?)
Il aurait ensuite ajouté qu’il faudrait plutôt faire venir davantage de personnes de pays comme la Norvège (dont il venait de rencontrer le Premier Ministre). Enfin, le président aurait déclaré au sujet des immigrants venus d’Haïti:
Why do we need more Haitians? Take them out. (Pourquoi aurions-nous besoin de plus d’Haïtiens? Renvoyez-les)
Toujours selon l’article du Post, les élus présents lors de la réunion auraient tous été interloqués par les propos du président.
Il est intéressant de noter que la Maison Blanche n’a pas officiellement démenti les propos rapportés par le Washington Post. Au lieu de cela, le porte-parole adjoint de la Maison Blanche déclarait dans un communiqué que « certains politiciens à Washington choisissent de se battre pour des pays étrangers, mais le Président Trump se battra toujours pour le peuple américain ».
La polémique provoquée par les propos de Donald Trump a été gigantesque, comme après les manifestations néonazies de Charlottesville. Beaucoup de Démocrates l’ont accusé d’être raciste. Le député démocrate Cedrid Richmond a par exemple déclaré que les propos du président étaient une preuve supplémentaire que son programme pour rendre l’Amérique grande à nouveau (Make America Great Again) était en réalité un programme pour rendre l’Amérique blanche à nouveau (Make America White Again). L’ex-vice-président Joe Biden a quant à lui écrit sur Twitter qu’un président des Etats-Unis ne devrait ni se comporter ni penser de la sorte.

Côté républicain, beaucoup d’élus ont préféré rester silencieux mais d’autres ont ouvertement critiqué le président. Mentionnons notamment la réaction de Mia Love, députée et fille d’immigrés haïtiens. Elle a qualifié le comportement de Donald Trump d’ « inacceptable de la part du leader de notre nation ».
D’autre part, on a rapidement appris que Lindsey Graham avait tenu tête à Donald Trump lors de la réunion dans le Bureau Ovale. C’est en tout cas ce qu’a déclaré son collègue démocrate Dick Durbin lorsqu’il a répondu aux questions des journalistes. Durbin a affirmé que les faits rapportés par le Washington Post étaient exacts et qu’il était fier de Lindsey Graham qui avait eu le courage d’intervenir pour contredire le président et condamner ses propos pendant la réunion. Lindsey Graham a refusé de s’exprimer dans la presse mais a publié un communiqué dans lequel il déclare notamment que « suite aux commentaires du Président, je lui ai dit directement ce que j’avais à dire hier. Le Président et tous ceux qui étaient présents à la réunion savent ce que j’ai dit et ce que je pense ».
Donald Trump a rapidement nié avoir tenu les propos qui lui sont attribués. Dans un tweet, il a déclaré avoir utilisé des « mots durs » mais pas ceux évoqués par la presse. Il faisait sans doute référence au terme « pays de merde ». Dans un autre tweet, il a déclaré ne pas avoir dit qu’il fallait renvoyer les Haïtiens chez eux.

Les sénateurs David Perdue et Tom Cotton, eux aussi présents dans le Bureau Ovale, ont déclaré qu’ils ne se souvenaient pas avoir entendu Donald Trump tenir les propos désobligeants qui lui sont attribués.
Quelques jours après que la polémique ait éclaté, Donald Trump a été interpellé par des journalistes en Floride. Ceux-ci lui ont demandé s’il était raciste. Le président leur a répondu que:
I’m not a racist. I am the least racist person you have ever interviewed. (Je ne suis pas raciste. Je suis la personne la moins raciste que vous ayez jamais interrogée)
Une polémique internationale. L’ambassadeur d’Haïti à Washington a déclaré que son ambassade avait reçu des centaines d’e-mails de la part de citoyens américains s’excusant au nom de leur président.
L’Union Africaine s’est déclarée « inquiète » suite aux propos du président Trump « qualifiant les migrants venus de pays africains et d’ailleurs en des termes aussi méprisants ».
Le gouvernement du Botswana a publié un communiqué officiel dans lequel il demande au président américain de préciser si le Botswana est bien considéré par les Etats-Unis comme un « pays de merde ».
Enfin, un porte-parole de l’ONU a condamné les propos du président américain, les qualifiant de « racistes ».
LES DESSINS DE LA SEMAINE
Les propos de Donald Trump sur les « pays de merde » ont inspiré les dessinateurs de presse, comme Victor Ndula, qui travaille pour le journal kenyan Kenya’s Star.
Cet autre dessin a été réalisé par Peter Kuper et est paru dans le New Yorker.
LA DÉCLARATION DE LA SEMAINE
I don’t think President Trump is a racist in the traditional sense as we know in this country. I think President Trump is racially ignorant and racially uninformed. (Je ne pense pas que le président Trump soit un raciste dans le sens traditionnel que nous connaissons dans ce pays. Je pense que le président Trump est ignorant et mal informé)
Isaac Newton Farris Jr., neveu de Martin Luther King Jr., au lendemain de la publication de l’article du Washington Post accusant Donald Trump d’avoir traité des pays africains de « pays de merde ».
QUELQUES JOURS AVANT LE DÉCLENCHEMENT DE LA POLÉMIQUE, LA MAISON BLANCHE AVAIT ANNONCÉ L’EXPIRATION PROCHAINE DU STATUT DE PROTECTION TEMPORAIRE ACCORDÉ AUX IMMIGRANTS SALVADORIENS
En début de semaine, avant le déclenchement de la polémique sur les « pays de merde », la Maison Blanche avait annoncé que les permis de séjour temporaires d’environ 200,000 ressortissants du Salvador ne seraient pas renouvelés. Les immigrants concernés sont arrivés du Salvador en 2001, après qu’un terrible tremblement de terre ait ravagé leur pays. Ils ont alors été accueillis aux Etats-Unis et bénéficient depuis leur arrivée d’un permis de séjour provisoire leur permettant d’y résider légalement. Ce type de permis temporaire, connu sous le nom de Temporary Protected Status (TPS), doit être renouvelé tous les 18 mois. Depuis 2001, il a été continuellement renouvelé pour ces 200,000 salvadoriens. Mais la Maison Blanche a annoncé que ce ne serait plus le cas lors de la prochaine échéance, en septembre 2019. Les personnes concernées ont donc jusqu’à cette date limite pour obtenir un autre permis de séjour ou ne plus être en règle. Elles seront alors menacées d’expulsion.
Les opposants à la mesure estiment qu’elle est inhumaine car ces personnes vivent aux Etats-Unis depuis plus de quinze ans et ont parfois des enfants qui sont nés aux Etats-Unis et ont donc la nationalité américaine. De plus, ils insistent sur le fait que le Salvador reste un pays extrêmement dangereux. Ce pays a effectivement l’un des taux d’homicide les plus élevés du monde. Mais selon le Département de la Sécurité Intérieure, les bénéficiaires du TPS ont toujours su qu’ils bénéficiaient d’un permis de séjour temporaire qui leur avait été accordé parce qu’ils avaient été victimes du tremblement de terre de 2001. Aujourd’hui, les conséquences de ce tremblement de terre sont depuis longtemps effacées et plus rien n’empêcherait donc ces gens de rentrer chez eux.
LE SCOOP DE LA SEMAINE
D’après le Wall Street Journal, l’avocat personnel de Donald Trump, Michael Cohen, aurait versé la somme de $130,000 à une star du X en octobre 2016, en échange de son silence au sujet de relations sexuelles qu’elle aurait eues avec son client. L’actrice en question, connue sous le nom de Stormy Daniels, a tourné dans plus de 150 films pornographiques et avait raconté il y a plusieurs années avoir eu des relations sexuelles consenties avec Donald Trump en 2006. Ce dernier était alors déjà marié à Melania Trump. En échange du versement de $130,000, Stormy Daniels aurait accepté de signer une clause de confidentialité lui interdisant d’évoquer publiquement sa relation avec Donald Trump.
DONALD TRUMP N’IRA PAS À LONDRES
Donald Trump a déclaré qu’il ne se rendrait pas à Londres. Même si la visite n’avait pas encore été officiellement confirmée par la Maison Blanche, il se murmurait que le président se rendrait prochainement dans la capitale britannique, suite à l’invitation de Theresa May. Cette semaine, Donald Trump a annoncé que ce ne serait pas le cas parce qu’il ne souhaite pas être associé à l’inauguration de la nouvelle ambassade américaine de Londres. (La presse américaine pense plutôt qu’il ne souhaite pas faire le déplacement parce qu’il sait qu’il risque d’être accueilli par des manifestants hostiles à sa venue).

Contrairement à ce que Donald Trump affirme dans son tweet, la décision de déménager l’ambassade américaine de Londres a été prise par l’administration Bush et non par l’administration Obama, avant tout pour des raisons de sécurité. Donald Trump a en revanche raison lorsqu’il déclare que la construction de la nouvelle ambassade a coûté très cher. C’est même l’ambassade la plus chère jamais construite, pour un coût de plus d’1 milliard de dollars ! Le bâtiment très moderne, œuvre de l’architecte Kieran Timberlake, est un cube en verre et se veut plus ouvert sur l’extérieur que ne le sont habituellement les ambassades américaines. Le bâtiment comprend plusieurs jardins intérieurs et le toit est équipé de panneaux solaires.
LA CARTE INTERACTIVE DE LA SEMAINE
Le Département d’Etat américain a lancé une nouvelle carte interactive sur son site web (accessible ici). Le but est d’informer les voyageurs américains sur les dangers potentiels lors de leurs déplacements dans les différents pays du globe. Les pays sont répartis en quatre catégories, selon divers facteurs tels que le risque terroriste, la criminalité, le risque de catastrophe naturelle, la situation politique, etc.
Les pays de la catégorie 1 sont ceux où les Américains peuvent se rendre sans aucune crainte. Ils ne sont pas très nombreux. Citons par exemple le Canada ou le Portugal.
Les pays de la catégorie 2 sont ceux où il n’est pas déconseillé de se rendre mais où il est tout de même conseillé de rester vigilant. La plupart des pays européens (France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Belgique, etc.) sont classés dans la catégorie 2 en raison du risque d’attentat terroriste. Ces pays européens se retrouvent donc dans la même catégorie que d’autres états comme la Chine, l’Arabie Saoudite ou l’Egypte.
Les pays de la catégorie 3 sont des pays où le Département d’Etat déconseille aux Américains de se rendre. Et il est expressément demandé de ne pas se rendre dans les pays de la catégorie 4, même si ce n’est pas formellement interdit par la loi. 11 pays sont classés dans la catégorie 4: la Corée du Nord, l’Afghanistan, l’Irak, l’Iran, la Syrie, le Yémen, la Libye, le Soudan du Sud, la Somalie, le Mali et la République centrafricaine. Cuba n’a pas été classé dans la catégorie 4 malgré les récentes attaques mystérieuses subies par des diplomates américains, mais dans la catégorie 3, comme le Venezuela et la Russie.
LA FAUSSE ALERTE DE LA SEMAINE
Les habitants d’Hawaï ont eu une belle frayeur ce week-end. Samedi 13 janvier, ils ont en effet reçu sur leurs téléphones portables un message d’alerte affirmant qu’un missile en provenance de Corée du Nord allait toucher l’état et qu’ils devaient se mettre à l’abri le plus rapidement possible. Le message a aussi été relayé à la radio et à la télévision.
La panique s’est rapidement emparée des habitants. Certains ont envoyé des messages à leurs proches pour leur dire adieu. Sauf qu’environ une demi-heure plus tard, les autorités de l’état rassuraient tout le monde en déclarant qu’il s’agissait d’une fausse alerte.
C’est la Hawaii Emergency Management Agency qui a lancé l’alerte par erreur. D’après le gouverneur de l’état, ce serait la conséquence d’une simple erreur humaine. Un employé de l’agence aurait appuyé sur le mauvais bouton et déclenché le système d’alerte. De nombreuses questions se posent désormais quant à la viabilité de ce système. Est-il normal qu’une telle alerte puisse être envoyée en appuyant une seule fois sur un bouton, sans demande de confirmation?
LE VIRAGE À 180° DE LA SEMAINE
La semaine dernière, nous vous parlions de la décision de l’administration Trump d’autoriser de nouveaux forages offshore au large des côtes américaines. Nous vous expliquions également que les élus républicains de Floride, notamment le gouverneur Rick Scott et le sénateur Marco Rubio, avaient annoncé leur opposition à cette décision. La résistance a semble-t-il porté ses fruits. Cette semaine, le Secrétaire à l’Intérieur Ryan Zinke a en effet rencontré Rick Scott et annoncé ensuite que la Floride ne serait finalement pas concernée parce que « la Floride est unique », que son économie dépend fortement du tourisme et que « les voix locales ont de l’importance ».
Ryan Zinke a rapidement été accusé de favoritisme par les élus d’autres états qui s’opposent également au forage au large de leurs côtes. Voici, par exemple, la réaction de Tim Kaine, sénateur démocrate de Virginie.

En réalité, la majorité des gouverneurs des états concernés par le plan de l’administration Trump ont déclaré leur opposition à de nouveaux forages au large de leurs côtes. C’est le cas des gouverneurs du New Hampshire, du Massachusetts, du Connecticut, du Rhode Island, de New York, du New Jersey, du Delaware, du Maryland, de Virginie, de Caroline du Nord, de Caroline du Sud, de Floride, de Californie, de l’Oregon et de Washington. 10 de ces gouverneurs sont Démocrates et 5 sont Républicains. Le gouverneur républicain de Géorgie s’est quant à lui déclaré sceptique. Il a affirmé qu’il avait quelques inquiétudes au sujet du projet de l’administration Trump et qu’il allait consulter le parlement. Seuls 4 gouverneurs (3 Républicains et 1 Indépendant) ne se sont pas encore véritablement prononcés et pourraient être favorables à de nouveaux forages. Il s’agit des gouverneurs du Maine, du Mississippi, de l’Alabama et de l’Alaska.
LA DÉMISSION DE LA SEMAINE
Steve Bannon a quitté son poste de directeur de Breitbart News. Ce serait le résultat du mécontentement de bon nombre de ses lecteurs, qui sont aussi supporters de Donald Trump et qui n’ont pas apprécié les propos attribués à Bannon et rapportés par Michael Wolff dans son livre Fire and Fury, dont nous vous avons largement parlé la semaine dernière. Steve Bannon avait repris son poste de directeur chez Breitbart après avoir perdu son job à la Maison Blanche en août dernier. Il se retrouve désormais au chômage technique.
ROAD TO THE MIDTERMS
Nous sommes désormais en 2018 et comme vous le savez sûrement, les élections de mi-mandat (midterms) auront lieu au mois de novembre. Nous inaugurons donc une nouvelle rubrique dans le Weekly News Flash: Road to the midterms. Nous y parlerons régulièrement des dernières infos concernant les futures élections (candidats, faits de campagne, résultats des primaires qui auront lieu dès le mois de mars dans certains états, etc.).
Tout d’abord, il est peut-être utile de rappeler brièvement ce qu’il va se passer en novembre. On parle d’élections législatives. Elles ont lieu tous les deux ans aux Etats-Unis. Une fois sur deux, elles ont lieu en même temps que l’élection présidentielle. Et une fois sur deux, deux ans après l’élection présidentielle. Dans ce cas, on les qualifie de midterms car elles surviennent à la moitié du mandat du Président des Etats-Unis. Tous les sièges de la Chambre des Représentants sont renouvelés à chaque élection, soit tous les deux ans. Le Sénat est quant à lui renouvelé d’un tiers tous les deux ans. En 2018, on votera ainsi pour élire un nouveau sénateur dans 33 états sur 50. De plus, lors de ces élections de novembre 2018, on votera aussi dans certains états pour élire un nouveau gouverneur.
∗ De très nombreux renoncements
Il faut souligner que de très nombreux députés républicains ont d’ores et déjà annoncé qu’ils ne seraient pas candidats aux midterms et qu’ils prendraient donc leur retraite politique à l’issue de leur mandat. Certes, un certain nombre d’élus décident de ne pas se représenter à chaque élection. Mais ils sont plus nombreux que d’habitude cette année côté républicain. La tendance semble pouvoir s’expliquer essentiellement par la très forte impopularité du président Trump. Les députés républicains qui représentent des districts qui ne sont pas acquis à la cause de leur parti – et où Hillary Clinton est parfois arrivée en tête lors de la dernière élection présidentielle – savent qu’ils ont très peu de chances d’être réélus et préfèrent sans doute éviter une humiliation. D’autre part, les départs sont essentiellement le fait de députés républicains relativement modérés et adeptes du compromis dans leur manière de travailler. Ils semblent quelque peu découragés par le caractère de plus en plus agressif de la politique américaine, y compris au sein du Congrès. (Quelques députés renoncent aussi à se représenter en raison d’accusations de harcèlement sexuel).
Cette semaine, Ed Royce et Darrell Issa ont ajouté leurs noms à la liste des députés républicains qui ne se représenteront pas aux prochaines élections. Ils représentent tous les deux des districts situés en Californie et que les Démocrates espèrent reprendre en novembre. Ed Royce siège au Congrès depuis 1992 et est président du comité des Affaires Étrangères de la Chambre des Représentants. C’est le 7ème député républicain actuellement président d’un comité à la Chambre qui annonce qu’il va quitter l’assemblée l’an prochain !!!
Au total, Ed Royce et Darrell Issa sont les 31ème et 32ème députés républicains à la Chambre à annoncer qu’ils ne seront pas candidats aux midterms (contre seulement 15 députés démocrates sortants). Il faut y ajouter Jeff Flake, Bob Corker et Orrin Hatch au Sénat.
Pour ceux qui voudraient suivre tout cela de près, The Atlantic a une très bonne page sur son site web reprenant la liste de tous les élus qui ne se représentent pas en 2018. Elle est constamment mise à jour. Cliquez ici.
∗ Joe Arpaio candidat au Sénat en Arizona
Joe Arpaio, l’ex-shérif très controversé auquel le président Trump a récemment accordé la grâce présidentielle après qu’il ait été condamné par la justice, a annoncé qu’il était candidat au poste de sénateur de l’Arizona ! Pour être le candidat officiel du GOP aux midterms, il devra d’abord remporter une primaire à laquelle deux autres Républicaines sont déjà candidates: Kelli Ward, autre candidate pro-Trump controversée, et Martha McSally, actuellement députée à la Chambre des Représentants et plus modérée. Tous sont candidats à la succession de Jeff Flake, qui renonce à se représenter. La primaire républicaine aura lieu au mois d’août. Celui ou celle qui la remportera pourrait avoir du mal à remporter l’élection générale face à la candidate démocrate Kyrsten Sinema en novembre. Ce siège de sénateur de l’Arizona est en effet l’un de ceux qui a le plus de chances de basculer du camp des Républicains à celui des Démocrates.
∗ Chelsea Manning candidate au Sénat dans le Maryland
Chelsea Manning, condamnée par la justice en 2013 pour avoir transmis de nombreux documents classés secret défense à Wikileaks alors qu’elle servait dans l’armée (ndlr: elle était alors un homme et a changé de sexe durant son incarcération), a annoncé sa candidature au poste de sénatrice du Maryland, l’état où elle réside depuis sa sortie de prison. Manning avait été condamnée à 35 ans de prison mais a été récemment libérée grâce à une remise de peine qui lui a été accordée par le président Obama. Elle se présente en tant que Démocrate mais son premier clip de campagne a des accents très révolutionnaires. Dans ce clip, Manning s’en prend à l’ensemble de la classe politique, y compris les Démocrates qui n’ont pas le courage de « se battre ». On peut d’ailleurs voir dans le clip le titre d’un article de presse affirmant que « Les mêmes Démocrates qui dénoncent Donald Trump comme un dirigeant autoritaire qui ne respecte pas la loi et coupable de trahison viennent de voter pour lui donner plus de pouvoir pour espionner les gens sans mandat ».
Pour espérer être élue, Chelsea Manning devra commencer par remporter une primaire face au sénateur démocrate sortant Benjamin Cardin, candidat à sa réélection. Pour le moment, Cardin reste largement favori. La primaire aura lieu au mois de juin.
#TBT. Chelsea Manning publie régulièrement des messages assez étranges et parsemés d’emojis sur son compte Twitter. Celui-ci date du mois d’août dernier.
MEANWHILE, IN MISSOURI…
Le gouverneur républicain du Missouri, Eric Greitens, est accusé d’avoir fait chanter sa maîtresse en la menaçant de publier une photo compromettante si elle révélait l’existence de leur liaison. La justice a ouvert une enquête. D’après la presse locale, Eric Greitens entretenait une liaison extraconjugale et aurait pris une photo de sa maîtresse nue, un bandeau sur les yeux et les mains liées, avant de la menacer de publier le cliché si elle révélait l’existence de leur relation. Les faits se seraient déroulés en 2015. C’est l’ex-mari de la maîtresse de Greitens qui a révélé toute l’affaire à la presse, affirmant que la liaison qu’entretenait le gouverneur avec son épouse avait conduit à leur divorce.
Greitens a reconnu avoir trompé sa femme il y a quelques années mais dément toute menace contre sa maîtresse. Il affirme que l’enquête démontrera qu’il est innocent. Sa femme a également pris sa défense, laissant entendre qu’elle lui avait pardonné son infidélité.
Eric Greitens, 43 ans, ancien Navy SEAL, a été élu au poste de gouverneur en 2016. Avant que cette affaire n’éclate, il était considéré comme une nouvelle star au sein du Parti Républicain, promis à un grand avenir politique.
POLÉMIQUE AUX PAYS-BAS
L’ambassadeur des Etats-Unis en poste aux Pays-Bas fait scandale. Peter Hoekstra a déclaré par le passé que le « mouvement islamique » était très présent aux Pays-Bas et qu’il y avait des no-go zones un peu partout dans le pays (c’est-à-dire des endroits où les Islamistes feraient appliquer la Sharia et où les forces de l’ordre n’oseraient plus intervenir). Il a aussi affirmé que des hommes politiques néerlandais avaient été brûlés vifs par des extrémistes, ce qui est totalement faux.
Hoekstra a été nommé au poste d’ambassadeur par Donald Trump. Sa nomination a été confirmée par le Sénat au mois de novembre dernier et il a donc récemment pris ses fonctions à La Haye. Cette semaine, des journalistes néerlandais l’ont interrogé lors d’une conférence de presse. L’ambassadeur a refusé de répondre à de nombreuses questions et de reconnaître que ses déclarations passées étaient mensongères. Un journaliste néerlandais a publié sur Twitter une vidéo issue de la conférence de presse. La vidéo a été partagée des milliers de fois, poussant les Américains à s’intéresser au cas de leur ambassadeur aux Pays-Bas.
LES MENACES DE LA SEMAINE
Terry McAuliffe, ex-gouverneur de Virginie et potentiel candidat démocrate à l’élection présidentielle de 2020, a déclaré cette semaine lors d’une interview que si Donald Trump osait le provoquer comme il l’avait fait avec Hillary Clinton lors d’un débat, il n’hésiterait pas à lui casser la figure. C’est en tout cas ce que sous-entendent très clairement ses propos.
If he ever came over and leaned on me and got in my space, that would be the last time Donald Trump ever did that. (S’il venait vers moi et se penchait sur moi et envahissait mon espace, ce serait la dernière fois que Donald Trump agirait de la sorte)
You’d have to pick him up off the floor. (Il faudrait le relever du sol)
L’an dernier, Joe Biden avait fait une remarque semblable au sujet du président. Il avait déclaré qu’il aimerait pouvoir l’ « emmener derrière la salle de sport ». Alyssa Mastromonaco, ex-assistante du chef de cabinet de la Maison Blanche de Barack Obama, a quant à elle qualifié Donald Trump d’ « animal dérangé » dans un tweet. Une élue démocrate du Missouri a écrit « J’espère que Trump sera assassiné » sur son compte Facebook. Le gouverneur de Californie Jerry Brown a assimilé tous les électeurs de Trump à des « hommes des cavernes ». Hillary Clinton a qualifié le Parti Républicain de « parti de la mort », Bernie Sanders de « parti extrémiste d’extrême droite » et le député Keith Ellison de « parti du racisme ». Tout cela pour rappeler que la violence dans les propos politiques, les caricatures, voire les propos irresponsables, ne sont pas l’exclusivité des Républicains.
LE TWEET DE LA SEMAINE
Terminons par le tweet de la semaine. Ou quand le sénateur républicain Jeff Flake répond à un tweet du président Trump affirmant que « Les Démocrates sont déterminés à laisser des gens et des drogues se déverser dans notre pays via la frontière Sud », mettant ainsi en danger la vie de milliers d’Américains.

PS: À VOS AGENDAS
Donald Trump se rendra au Forum Économique Mondial de Davos à la fin du mois. Il y sera accompagné de plusieurs ministres et conseillers.