L’Amérique aura rendu hommage à John McCain pendant toute une semaine. Retour sur les différentes cérémonies, les discours les plus significatifs et les moments les plus émouvants. RIP.
LUNDI 27 AOÛT – LA LETTRE D’ADIEU DE JOHN MCCAIN AUX AMÉRICAINS
John McCain avait rédigé une lettre d’adieu adressée à ses compatriotes américains. Au surlendemain de sa disparition, elle est rendue publique par sa famille. Le sénateur y déclare qu’il a, comme tout le monde, quelques regrets, mais qu’il a eu une vie merveilleuse. Il se décrit comme « la personne la plus chanceuse du monde ».
Il s’adresse ensuite à ses compatriotes pour leur dire qu’il est fier d’être Américain. « Nous sommes citoyens de la plus grande république du monde, une nation basée sur des idéaux ». Il incite les Américains à ne pas rejeter ces idéaux et à continuer à les diffuser ailleurs dans le monde.
Il termine en rappelant que les Américains ont plus de points communs que de différences et qu’ils ne doivent jamais l’oublier. Sa dernière phrase est la suivante:
Do not despair of our present difficulties but believe always in the promise and greatness of America, because nothing is inevitable here. Americans never quit. We never surrender. We never hide from history. We make history. (Ne perdez pas espoir face à nos difficultés actuelles mais croyez toujours à la promesse et à la grandeur de l’Amérique, parce que rien n’est inévitable ici. Les Américains n’abandonnent jamais. Nous ne capitulons jamais. Nous ne nous cachons jamais de l’histoire. Nous faisons l’histoire)
MARDI 28 AOÛT – DISCOURS POIGNANT DE LINDSEY GRAHAM AU SÉNAT
À la veille du début des funérailles de John McCain, plusieurs de ses collègues sénateurs prononcent un discours dans l’hémicycle pour lui rendre hommage. Le siège qu’occupait McCain est recouvert d’un drap noir sur lequel repose un bouquet de fleurs blanches.
Le discours qui retient le plus l’attention est celui de Lindsey Graham, l’un des meilleurs amis de John McCain. Comme souvent, le sénateur de Caroline du Sud tente de faire preuve d’humour mais son émotion est bien visible. Il dira même à ses collègues qu’il va avoir besoin de leur aide pour combler le vide laissé par McCain. Si vous comprenez l’anglais, prenez le temps d’écouter ce discours. Ce n’est pas tous les jours que l’on voit un homme politique pleurer.
MERCREDI 29 AOÛT – LE CERCUEIL DE JOHN MCCAIN EXPOSÉ AU CAPITOLE DE L’ARIZONA, À PHOENIX
Le matin où John McCain aurait dû fêter son 82ème anniversaire, son cercueil arrive au Capitole de l’Arizona, à Phoenix. Une cérémonie réservée à un certain nombre d’invités est organisée, lors de laquelle s’expriment le gouverneur de l’Arizona Doug Ducey, le sénateur de l’Arizona Jeff Flake et l’ancien sénateur de l’Arizona Jon Kyl. « Imaginer l’Arizona sans John McCain est comme imaginer l’Arizona sans le Grand Canyon », dira Doug Ducey. « Ce n’est pas naturel ».

Après la cérémonie, le public est autorisé à venir se recueillir durant tout l’après-midi devant le cercueil de John McCain. Environ 15,000 personnes viendront ainsi rendre un dernier hommage au sénateur après avoir fait la queue pendant plusieurs heures sous un soleil de plomb.
L’état de l’Arizona avait aussi décidé de rendre hommage à John McCain sur toutes les routes, comme en a témoigné Jeff Flake.
JEUDI 30 AOÛT – FUNÉRAILLES À PHOENIX
Une nouvelle cérémonie a lieu dans une église baptiste de Phoenix dans laquelle le cercueil de John McCain a été transporté après avoir été exposé au Capitole de l’Arizona la veille.
L’ancien vice-président des Etats-Unis Joe Biden prononce l’éloge funèbre. Il débute son discours en prononçant ces mots:
My name is Joe Biden. I’m a Democrat. And I love John McCain. (Mon nom est Joe Biden. Je suis un Démocrate. Et j’aime John McCain)
Biden évoque ensuite sa longue histoire d’amitié avec John McCain. Une amitié qui transcendait les désaccords politiques. Biden décrit un homme pour qui les valeurs et l’intégrité étaient plus importantes que les opinions politiques. Et surtout, un homme qui croyait en l’Amérique et en son rôle dans le monde. D’après Biden, si la mort de John McCain émeut autant les Américains, c’est parce qu’il les rendait précisément fiers d’être Américains.
Après la cérémonie, le cercueil de John McCain est transporté à l’aéroport de Phoenix pour prendre la route de Washington, D.C. De nombreux Américains se sont rassemblés le long de la route empruntée par le convoi funéraire.
VENDREDI 31 AOÛT – ARRIVÉE DU CERCUEIL DE JOHN MCCAIN AU CAPITOLE, À WASHINGTON, D.C.
Au petit matin, le cercueil de John McCain arrive à Washington et est emmené au Capitole, où il est exposé sous la rotonde imposante de l’édifice. John McCain est seulement la 31ème personne dont le cercueil est ainsi exposé dans la rotonde du Capitole. Un honneur qui est donc rare.
De nombreux membres du Congrès se rassemblent autour du cercueil. Plusieurs membres du Cabinet de Donald Trump sont également présents. Le vice-président Mike Pence, le Speaker Paul Ryan et le leader des Républicains au Sénat Mitch McConnell prennent tous la parole. Paul Ryan déclare notamment que John McCain était « l’une des âmes les plus braves que notre nation ait jamais produite ».

Comme à Phoenix, le public est ensuite invité à venir rendre un dernier hommage à John McCain. Et, comme à Phoenix, des milliers de personnes répondent à l’appel.
SAMEDI 1ER SEPTEMBRE – FUNÉRAILLES À LA WASHINGTON NATIONAL CATHEDRAL
Le cercueil de John McCain est transporté du Capitole à la Cathédrale Nationale, où la plus importante des cérémonies de la semaine doit avoir lieu. Celle qui sera retransmise en direct sur toutes les chaînes de télévision du pays et lors de laquelle deux anciens présidents des Etats-Unis doivent prendre la parole.
Sur le chemin, le convoi funéraire s’arrête brièvement à hauteur du mémorial de la guerre du Vietnam, où Cindy McCain dépose une gerbe de fleurs. De nombreux Américains viendront ensuite déposer des fleurs ou des messages d’hommage à John McCain au même endroit.
Le convoi arrive ensuite à la cathédrale. John McCain avait pris soin de planifier ses funérailles avant de partir. Il avait notamment demandé à un dissident russe d’être l’un des porteurs de son cercueil pour l’amener à l’intérieur de la cathédrale. Ce dissident russe a été empoisonné à deux reprises et a failli y laisser la vie. Il vit aujourd’hui en partie aux Etats-Unis et dirige la Fondation Boris Nemtsov. John McCain le connaissait bien. En lui demandant d’être l’un des porteurs de son cercueil, il voulait évidemment faire passer un message politique fort. Joe Biden était également l’un des porteurs du cercueil.
John McCain avait aussi demandé à George W. Bush et Barack Obama de prononcer chacun un éloge funèbre au cours de la cérémonie. En revanche, il avait indiqué qu’il ne voulait pas que le président Trump y soit invité. Là aussi, le message politique était assez clair.
Dans son discours, Barack Obama ne manquera pas de souligner que John McCain ne manquait jamais d’humour et que lui demander de prendre la parole à son enterrement était peut-être une manière de partir en riant.
What better way to get a last laugh than to make George and I say nice things about him to a national audience? (Quelle meilleure manière de rire une dernière fois que de nous obliger, George et moi, à dire des choses gentilles à son sujet devant une audience nationale?)
Plus sérieusement, l’ancien président insistera surtout sur le fait que, malgré leurs très nombreuses divergences d’opinions, John McCain et lui n’ont jamais douté du patriotisme de l’autre et du fait qu’ils faisaient, au final, partie de la même équipe. Barack Obama dira également que John McCain pensait comme lui que le respect de certaines institutions est indispensable à la survie de la démocratie américaine.
De son côté, George W. Bush insistera davantage sur la passion de John McCain pour la défense de la liberté à travers le monde et sur son mépris pour les dictateurs.
He was courageous – with a courage that frightened his captors and inspired his countrymen. He was honest, no matter whom it offended. Presidents were not spared. He was honorable – always recognizing that his opponents were still patriots and human beings. He loved freedom, with the passion of a man who knew its absence. He respected the dignity inherent in every life – a dignity that does not stop at borders and cannot be erased by dictators. (Il était courageux – d’un courage qui a effrayé ses ravisseurs et a inspiré ses compatriotes. Il était honnête, peu importe celui que cela pouvait offenser. Les présidents n’étaient pas épargnés. Il était honorable – reconnaissant toujours que ses opposants étaient aussi des patriotes et des êtres humains. Il aimait la liberté, avec la passion d’un homme qui en a été privé. Il respectait la dignité inhérente à chaque vie – une dignité qui ne s’arrête pas aux frontières et ne peut pas être effacée par les dictateurs)
If we are ever tempted to forget who we are, to grow weary of our cause, John’s voice will always come as a whisper over our shoulder: We are better than this. America is better than this. (Si nous sommes parfois tentés d’oublier qui nous sommes, de nous lasser de défendre notre cause, la voix de John viendra toujours murmurer à nos oreilles: Nous valons mieux que cela. L’Amérique vaut mieux que cela)
Certaines personnes se sont demandées si ces derniers mots de George W. Bush – ainsi que le moment où il a déclaré que « à plusieurs moments durant sa longue carrière, John a dénoncé des politiques et des pratiques dont il croyait qu’elles étaient indignes de notre pays » – pouvaient être interprétés comme un mea culpa de la part de l’ancien président, qui aurait ainsi avoué à demi-mot qu’il avait eu tort d’autoriser l’usage de la torture par la CIA. Nous vous laisserons en penser ce que vous voulez.
Outre Barack Obama et George W. Bush, Joe Lieberman, ex-sénateur et très proche ami de John McCain, et Henry Kissinger ont également pris la parole lors de la cérémonie. Lindsey Graham s’est chargé de diriger la prière. Mais le discours qui a le plus retenu l’attention fut finalement celui de la fille de John McCain, Meghan.
Meghan McCain a d’abord longuement rendu hommage à son père de manière très personnelle, rappelant qu’au-delà du héros et de l’homme politique que connaissaient les Américains, il était avant tout un homme et un père formidable qui lui a appris à être forte et à toujours se relever. Ensuite, elle a terminé son discours sur une note plus politique. Sans jamais nommer le président Trump, elle a décrit ce qu’était « l’Amérique de John McCain », précisant notamment que « l’Amérique de John McCain n’a pas besoin qu’on lui rende sa grandeur parce que l’Amérique a toujours été grande ».
The America of John McCain is generous and welcoming and bold. She is resourceful, confident, secure. She meets her responsibilities. She speaks quietly because she is strong. America does not boast because she has no need to. The America of John McCain has no need to be made great again because America was always great. (L’Amérique de John McCain est généreuse, accueillante et courageuse. Elle est pleine de ressources, confiante, fiable. Elle assume ses responsabilités. Elle parle calmement parce qu’elle est forte. L’Amérique ne se vante pas parce qu’elle n’a pas besoin de le faire. L’Amérique de John McCain n’a pas besoin qu’on lui rende sa grandeur parce que l’Amérique a toujours été grande)
Le buzz du jour. Nous avons un peu de mal à comprendre pourquoi mais un petit moment de complicité entre George W. Bush et Michelle Obama, capturé par les caméras durant la cérémonie, a fait le buzz sur les réseaux sociaux. On y voit George W. Bush demander un bonbon à sa femme Laura pour le donner discrètement à Michelle Obama.
DIMANCHE 2 SEPTEMBRE – ENTERREMENT À ANNAPOLIS, MARYLAND
Au lendemain des funérailles nationales à la Washington National Cathedral et au terme d’une semaine entière d’hommages, John McCain est enterré au cimetière de la U.S. Naval Academy à Annapolis, Maryland. La cérémonie d’enterrement est privée et réservée à la famille et aux plus proches amis du sénateur. On sait que Lindsey Graham y a pris la parole.
PS:
Une pétition circule sur Internet pour réclamer que le bâtiment abritant le siège de l’OTAN à Bruxelles soit renommé McCain Headquarters en hommage à John McCain. Cette pétition a été lancée par un député britannique et est adressée au Secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg. Le sénateur Marco Rubio l’a partagée sur son compte Twitter et a encouragé ses abonnés à la signer.
Une réflexion sur “LES FUNÉRAILLES DE JOHN MCCAIN”