WEEKLY NEWS FLASH #159

Le Venezuela s’est retrouvé en plein cœur de l’actualité politique américaine au cours des sept derniers jours. La Maison Blanche a en effet reconnu Juan Guaidó, nouveau leader de l’opposition à Nicolas Maduro, comme président par intérim du pays. Dans ce Weekly News Flash, nous reviendrons largement sur ce dossier. Et nous vous parlerons également de la fin du shutdown, de l’inculpation de Roger Stone, de l’annonce de candidature à la présidence de Kamala Harris et de la possible candidature d’Howard Schultz. Bonne lecture !

L’ÉVÉNEMENT DE LA SEMAINE 🇻🇪

Le soutien des Etats-Unis à Juan Guaidó, nouveau leader de l’opposition au Venezuela. Cette semaine, Guaidó, président de l’Assemblée Nationale vénézuélienne, s’est autoproclamé président par intérim de son pays. Des centaines de milliers de Vénézuéliens ont défilé dans les rues pour le soutenir et réclamer le départ de Nicolas Maduro. Les Etats-Unis ont rapidement apporté leur soutien à Guaidó en le reconnaissant comme président légitime et d’autres pays leur ont emboîté le pas. Pour mieux comprendre, revenons de manière plus détaillée sur tout ce qu’il s’est passé.

Tout d’abord, un petit rappel concernant la situation au Venezuela. En 1998, Hugo Chavez était élu président du Venezuela. Il a mené ce qu’il a qualifié de « révolution bolivarienne ». Après avoir introduit certaines mesures populaires de lutte contre la corruption et la pauvreté, il a instauré un régime communiste autoritaire. En 2002, il a été victime d’une tentative de coup d’état qui a échoué.

En 2013, Hugo Chavez est décédé d’un cancer et Nicolas Maduro lui a succédé à la présidence. Depuis lors, la situation économique du pays n’a cessé de se détériorer. L’inflation est aujourd’hui proche de 1,000,000%. Il y a pénurie de nourriture et de médicaments. Depuis 2015, plus de 2,3 millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays. La majorité d’entre eux ont été accueillis dans les pays voisins, à commencer par la Colombie, où ils seraient plus d’1 million, mais aussi le Pérou, l’Équateur, l’Argentine, le Chili, le Brésil, etc.

En 2017, des centaines de milliers de Vénézuéliens ont manifesté contre le pouvoir en place mais ces manifestations ont été réprimées dans le sang.

En mai 2018, une élection présidentielle a été organisée et Nicolas Maduro a été réélu pour un nouveau mandat de six ans. Mais tous les partis d’opposition avaient appelé au boycott de cette élection et la majorité de la communauté internationale estime qu’elle a été truquée. Ce jeudi 10 janvier 2019, Nicolas Maduro a prêté serment et a entamé son nouveau mandat. Cet événement a provoqué la colère de l’opposition, qui s’est trouvé un nouveau leader en la personne de Juan Guaidó, le président de l’Assemblée Nationale, et a décidé d’organiser de nouvelles manifestations anti-Maduro. Ce qui nous amène aux événements qui ont eu lieu cette semaine.

Mardi 22 janvier. Alors que l’opposition vénézuélienne a appelé la population à participer à une grande manifestation anti-Maduro le lendemain, le vice-président Mike Pence s’adresse directement au peuple vénézuélien dans une vidéo. Il y déclare que Nicolas Maduro est un dictateur illégitime et que les Etats-Unis soutiennent les Vénézuéliens qui s’apprêtent à manifester pour leur liberté. Il déclare aussi que les Etats-Unis soutiennent l’initiative de Juan Guaidó, le président de l’Assemblée Nationale du Venezuela, d’appeler à la protestation contre Maduro et de réclamer l’établissement d’un gouvernement de transition.

D’autre part, une réunion est organisée à la Maison Blanche. Le président Trump y discute de la situation au Venezuela avec son conseiller à la sécurité nationale John Bolton, le vice-président Mike Pence et plusieurs élus républicains de Floride – les sénateurs Marco Rubio et Rick Scott, le député Mario Diaz-Balart et le gouverneur de Floride Ron DeSantis. Si vous nous lisez régulièrement, vous savez sans doute que Marco Rubio est très impliqué dans le dossier vénézuélien. Le New York Times lui a d’ailleurs consacré un article cette semaine, intitulé On Venezuela, Rubio Assumes U.S. Role of Ouster in Chief. Le journal qualifie Rubio d’ « architecte » de la politique américaine actuelle vis-à-vis du Venezuela et de « Secrétaire d’Etat virtuel pour l’Amérique Latine ». Rien que ça.

Il est de notoriété publique que Marco Rubio fait du lobbying auprès de la Maison Blanche concernant le dossier vénézuélien depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir. Il est aussi en contact régulier avec des membres de l’opposition vénézuélienne. En 2017, il avait même été menacé de mort par un membre du gouvernement vénézuélien et s’était vu accorder une protection policière. Marco Rubio a rapidement trouvé un allié de poids en la personne du vice-président Mike Pence. Celui-ci s’est régulièrement exprimé sur la crise au Venezuela, dénonçant la dictature de Nicolas Maduro. On a en réalité beaucoup plus entendu Mike Pence que Donald Trump s’exprimer à ce sujet. En 2017, le vice-président avait notamment rencontré des réfugiés vénézuéliens lors d’un déplacement en Colombie. Et l’an dernier, il s’est rendu au Sommet des Amériques à Lima à la place du président Trump, qui n’avait pas souhaité faire le déplacement. Mike Pence avait alors emmené Marco Rubio avec lui.

Marco Rubio et Mike Pence semblent avoir trouvé de nouveaux alliés au sein de l’administration lorsque Mike Pompeo a remplacé Rex Tillerson au poste de Secrétaire d’Etat et surtout lorsque John Bolton est devenu le nouveau conseiller à la sécurité nationale du président Trump en mars dernier. La réputation de John Bolton comme partisan de l’interventionnisme et du « changement de régime » n’est plus à faire.

Ensemble, Rubio, Pence, Bolton et Pompeo ont semble-t-il grandement contribué à convaincre le président Trump d’adopter une politique de plus en plus interventionniste concernant le Venezuela. Une approche qui va à l’encontre de ses instincts habituellement plutôt isolationnistes. Ce mardi 22 janvier, ils l’auraient définitivement convaincu qu’il était temps de passer à la vitesse supérieure.

Mercredi 23 janvier. La grande manifestation organisée par l’opposition vénézuélienne pour réclamer le départ de Maduro réunit des centaines de milliers de personnes à Caracas et dans d’autres villes du pays.

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À Caracas, devant une foule de partisans, Juan Guaidó affirme qu’il est prêt à assumer le rôle de président en exercice du pays.

Très rapidement, le président Trump annonce que les Etats-Unis reconnaissent Guaidó comme président par intérim du Venezuela.

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L’opposition vénézuélienne et la Maison Blanche estiment en fait que Juan Guaidó est le président légitime du Venezuela en vertu de la Constitution vénézuélienne. Celle-ci prévoit en effet que le président de l’Assemblée Nationale assume les fonctions de président lorsque la présidence est vacante. Or, toujours d’après la logique défendue par Juan Guaidó et la Maison Blanche, la présidence du Venezuela est actuellement vacante puisque Nicolas Maduro n’a pas été élu légitimement en mai dernier. Les Etats-Unis reconnaissent donc Guaidó comme président par intérim, en attendant que des élections libres et démocratiques puissent être organisées.

Pour en savoir un peu plus sur Juan Guaidó, nous vous proposons de regarder ce petit reportage diffusé sur France 24.

La pression qui pèse sur Nicolas Maduro grandit encore lorsque, en quelques heures, plusieurs pays emboîtent le pas aux Etats-Unis et reconnaissent à leur tour Juan Guaidó comme le président légitime du Venezuela. C’est notamment le cas du Canada et de sept pays d’Amérique Latine – Colombie, Brésil, Argentine, Chili, Pérou, Paraguay et Équateur. De son côté, l’Union européenne appelle Nicolas Maduro à organiser de nouvelles élections démocratiques dans un délai de huit jours et menace de reconnaître à son tour Guaidó si ces élections ne sont pas organisées. À l’inverse, Cuba, la Russie et le Mexique apportent leur soutien à Nicolas Maduro.

Nicolas Maduro réagit en dénonçant une tentative de coup d’état menée par « l’empire américain ». Il rompt les relations diplomatiques avec les Etats-Unis et ordonne à tous les diplomates américains présents au Venezuela de quitter le pays dans les 72 heures. Mais Juan Guaidó appelle quant à lui les diplomates américains à ne pas obéir à Maduro et à rester au Venezuela. Dans un communiqué, le Secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo annonce que les diplomates américains resteront à leur poste.

The United States maintains diplomatic relations with Venezuela and will conduct our relations with Venezuela through the government of interim President Guaidó, who has invited our mission to remain in Venezuela. The United States does not recognize the Maduro regime as the government of Venezuela. Accordingly the United States does not consider former president Nicolas Maduro to have the legal authority to break diplomatic relations with the United States or to declare our diplomats persona non grata. (Les Etats-Unis maintiennent leurs relations diplomatiques avec le Venezuela et géreront ces relations avec le gouvernement du président par intérim Guaidó, qui a invité notre mission à rester au Venezuela. Les Etats-Unis ne reconnaissent pas le régime de Maduro comme gouvernement du Venezuela. Par conséquent, les Etats-Unis considèrent que l’ancien président Nicolas Maduro n’a pas l’autorité légale de mettre fin aux relations diplomatiques avec les Etats-Unis ou de déclarer nos diplomates persona non grata)

Jeudi 24 janvier. Marco Rubio prononce un discours au Sénat. Vu son influence sur ce dossier, cela intéressera peut-être certains d’entre vous de l’écouter. Rubio rappelle que les Etats-Unis devraient toujours défendre la démocratie et les droits de l’homme mais, au-delà de cela, il s’adresse plutôt aux sceptiques pour leur expliquer pourquoi, selon lui, il est dans l’intérêt national américain de se préoccuper de ce qu’il se passe au Venezuela. Il cite notamment trois facteurs qui prouvent que la lutte contre le régime de Maduro est aussi une question de sécurité nationale pour les Etats-Unis:

1 – Maduro a proposé à la Russie d’établir une base militaire au Venezuela.

2 – Le Venezuela héberge l’organisation terroriste colombienne ELN sur son territoire. Cette organisation a récemment commis un attentat contre une académie de police en Colombie et est très active dans le trafic de cocaïne. Or, la majorité de cette cocaïne est expédiée aux Etats-Unis.

3 – L’exil de plus de deux millions de vénézuéliens a créé une véritable crise humanitaire qui déstabilise toute la région. Les pays qui accueillent les réfugiés vénézuéliens, comme la Colombie, doivent consacrer beaucoup de moyens à gérer cette crise, ce qui les empêche de consacrer de l’argent à d’autres problèmes, comme la lutte contre le trafic de drogue ou la criminalité. Or, tous ces problèmes ont un impact direct sur les Etats-Unis.

Vendredi 25 janvier. Le Secrétaire d’Etat Mike Pompeo annonce que Elliott Abrams rejoint son équipe au sein du Département d’Etat pour s’occuper de la crise au Venezuela. La nomination d’Abrams surprend quelque peu puisqu’en 2017, le président Trump s’était opposé à sa nomination au poste de Secrétaire d’Etat adjoint parce qu’il l’avait critiqué par le passé. Elliott Abrams a déjà servi au sein du Département d’Etat sous la présidence de Ronald Reagan et a été impliqué dans l’affaire Iran-Contra. Il avait caché des informations au Congrès concernant le programme secret de soutien aux Contras. Il avait été condamné par la justice après avoir plaidé coupable pour avoir menti au Congrès mais avait rapidement été gracié par le président George H.W. Bush. Il a ensuite été conseiller adjoint à la sécurité nationale durant la présidence de George W. Bush et a défendu la guerre en Irak. Tout comme l’actuel conseiller à la sécurité nationale John Bolton, Abrams est réputé pour sa vision du monde interventionniste et néoconservatrice.

Samedi 26 janvier. Une réunion d’urgence a lieu au Conseil de Sécurité de l’ONU. Mike Pompeo y représente les Etats-Unis et appelle tous les pays du monde à choisir leur camp.

Now it is time for every other nation to pick a side. Either you stand with the forces of freedom, or you’re in league with Maduro. (Il est temps pour chaque nation de choisir un camp. Soit vous soutenez les forces de la liberté, soit vous êtes dans l’équipe de Maduro)

De son côté, le Venezuela et la Russie accusent les Etats-Unis de perpétrer un coup d’état et s’opposent également à la demande des Européens d’organiser de nouvelles élections.

Dans le même temps, le colonel José Luis Silva, un militaire représentant le gouvernement vénézuélien à l’ambassade du Venezuela à Washington, déclare qu’il ne reconnaît plus Nicolas Maduro comme président et appelle les autres membres des forces armées du pays à cesser de soutenir Maduro et à reconnaître Juan Guaidó.

Mon message à tous les membres des forces armées, à tous ceux qui ont une arme, est de ne pas attaquer le peuple. Nous faisons aussi partie du peuple, et nous en avons assez de soutenir un gouvernement qui a trahi les principes les plus basiques et qui s’est vendu à d’autres pays.

Dans la soirée, Nicolas Maduro fait un pas en arrière. Il annonce que les diplomates américains ne doivent plus quitter le Venezuela. Il affirme que des négociations vont avoir lieu avec les Etats-Unis et que les diplomates peuvent rester en poste pendant ces négociations. Toutefois, si aucun accord n’est trouvé d’ici 30 jours, les diplomates américains devront quitter le Venezuela.

Quelques voix discordantes aux Etats-Unis. Globalement, les Démocrates semblent soutenir la décision du président Trump de reconnaître Juan Guaidó comme président par intérim du Venezuela. Plusieurs élus démocrates ont salué cette décision, comme les sénateurs Bob Menendez et Dick Durbin. Mais d’autres ont critiqué le président. C’est notamment le cas de Tulsi Gabbard, députée d’Hawaï et candidate à la présidentielle de 2020, ou d’Ilhan Omar, députée du Michigan. Cette dernière va jusqu’à parler de « coup d’état soutenu par les Etats-Unis ». Elle qualifie aussi Juan Guaidó de membre de l’extrême droite, ce qui est totalement faux. Guaidó est membre du parti politique Voluntad Popular, qui est un parti social-démocrate. Ce parti fait même partie de l’Internationale Socialiste, comme le Parti Socialiste français.

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Traduction: Les Etats-Unis doivent rester en dehors du Venezuela. Laissons le peuple vénézuélien déterminer son futur. Nous ne voulons pas que d’autres pays choisissent nos leaders – alors arrêtons d’essayer de choisir les leurs.
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Traduction: Un coup d’état soutenu par les Etats-Unis au Venezuela n’est pas une solution aux terribles problèmes auxquels ce pays est confronté. Les efforts de Trump pour installer une opposition d’extrême droite au pouvoir ne feront que contribuer à la violence et déstabiliser davantage la région. Nous devons soutenir les efforts du Mexique, de l’Uruguay et du Vatican pour faciliter un dialogue paisible.

Et maintenant? Il est très difficile de savoir comment la situation va évoluer. Beaucoup d’observateurs pensent que le soutien de l’armée sera le facteur décisif qui permettra à Nicolas Maduro de se maintenir ou non au pouvoir. Certains se demandent aussi si les Etats-Unis pourraient intervenir militairement pour renverser Maduro. Pour l’instant, cette option ne semble pas être à l’ordre du jour mais la Maison Blanche a tout de même prévenu que « toutes les options » étaient envisageables si Maduro choisissait de faire usage de la violence contre Juan Guaidó, les manifestants ou le personnel diplomatique américain.

LE TWEET DE LA SEMAINE

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Marco Rubio a participé au #GuaidoChallenge. Ce challenge a été lancé par des citoyens vénézuéliens sur les réseaux sociaux après que le gouvernement de Nicolas Maduro ait diffusé des images montrant un homme supposé être Juan Guaidó en train de rencontrer en secret un membre du gouvernement à Caracas. Le but étant probablement de présenter Guaidó comme un hypocrite avide de pouvoir ou un traître. Mais Juan Guaidó affirme ne jamais avoir négocié avec des membres du gouvernement Maduro et rien ne prouve qu’il soit bien l’homme apparaissant sur les images qui ont été diffusées. Le visage de cet homme est d’ailleurs dissimulé par une capuche. Beaucoup de citoyens vénézuéliens n’ont pas cru à ce qu’ils estiment être de la propagande et ont décidé de se moquer du régime de Maduro – et d’apporter leur soutien à Guaidó – en postant un selfie les montrant le visage dissimulé sous une capuche et accompagné du hashtag #GuaidoChallenge.

Sous le tweet de Rubio, on pouvait lire de nombreuses réponses d’internautes vénézuéliens le remerciant de son soutien. Certains affirmaient même qu’une fois la démocratie restaurée au Venezuela, il faudrait ériger une statue à son effigie à Caracas. Certains internautes américains étaient bien plus critiques, l’accusant de se préoccuper davantage des Vénézuéliens que des citoyens américains touchés par le shutdown.

LA DÉCLARATION DE LA SEMAINE

It has been a long-standing tradition in Brazil to elect presidents who happen to be enemies of the United States. I, by contrast, have always admired the U.S. people and their policies. (Cela a longtemps été une tradition au Brésil d’élire des présidents qui étaient des ennemis des Etats-Unis. Moi, à l’inverse, j’ai toujours admiré le peuple américain et sa politique)

Jair Bolsonaro dans une interview accordée à une journaliste du Washington Post lors du Forum Economique Mondial de Davos. Le nouveau président brésilien a aussi indiqué qu’il avait l’intention de se rendre en visite à Washington au mois de mars.

THE SHUTDOWN IS OVER

Le shutdown a pris fin au bout de 35 jours. Vendredi, le président Trump a annoncé qu’un « accord » avait été trouvé pour y mettre fin. En réalité, il a tout simplement capitulé (du moins, temporairement) et accepté de signer une résolution budgétaire permettant de financer les agences gouvernementales jusqu’au 15 février. Cette résolution budgétaire approuvée par le Congrès ne prévoit pas un seul dollar pour la construction de son mur à la frontière. Mais Donald Trump n’a pas dit son dernier mot. Il a affirmé que si, d’ici le 15 février, le Congrès ne trouvait pas d’accord sur un budget à long terme prévoyant le financement qu’il réclame pour le mur, il y aurait un nouveau shutdown et/ou il décréterait l’état d’urgence. Autrement dit, rien n’est véritablement réglé et les membres républicains et démocrates du Congrès disposent de trois semaines pour trouver un accord sur le budget qui trouverait grâce aux yeux du président…

Si Donald Trump a décidé de mettre fin au shutdown, c’est peut-être parce que la pression était de plus en plus forte. La veille de son annonce, des employés fédéraux avaient manifesté dans le hall d’un bâtiment du Sénat, se plaignant de ne pas pouvoir travailler et d’être privés de salaire. Afin de mettre en avant le fait qu’une absence de salaire empêchait certains d’entre eux d’acheter de quoi se nourrir, ils avaient choisi d’écrire leurs slogans de protestation sur des assiettes en plastique.

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Plusieurs vols avaient aussi été annulés dans plusieurs aéroports du pays en raison de l’absence de nombreux agents de sécurité refusant de travailler sans être rémunérés.

Quid du State of the Union? Le shutdown étant terminé, Donald Trump devrait pouvoir délivrer son discours sur l’état de l’Union au Congrès prochainement. Il n’aura toutefois pas lieu ce mardi 29 janvier comme prévu initialement. La nouvelle date n’a pas encore été annoncée mais des pourparlers sont en cours entre la Maison Blanche et la Speaker Nancy Pelosi.

L’INCULPATION DE LA SEMAINE

Encore une mauvaise nouvelle pour le président Trump. Roger Stone a été arrêté cette semaine à son domicile en Floride et inculpé par le procureur Mueller.

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Qui est Roger Stone? Roger Stone est un personnage très controversé. Ancien conseiller et fan du président Nixon (il a même un tatouage du visage de l’ancien président dans le dos), il est aussi un ami de Donald Trump depuis de nombreuses années. En 2015, il a brièvement fait partie de son équipe de campagne en tant que conseiller. Il a rapidement quitté l’équipe sans explications mais a continué à soutenir publiquement la candidature de Donald Trump. Il aurait aussi continué à le conseiller en coulisses pendant le reste de la campagne et depuis son arrivée à la Maison Blanche. Roger Stone a également publié plusieurs ouvrages défendant des thèses proches de la théorie du complot. Dans l’un de ses ouvrages, il affirme que Lyndon Johnson a commandité l’assassinat du président Kennedy. Durant la campagne électorale de 2016, il a publié un ouvrage intitulé Jeb and the Bush Crime Family, accusant les membres de la famille Bush de toutes sortes de crimes.

Pourquoi Roger Stone a-t-il été inculpé par le procureur Mueller? Il est essentiellement accusé d’avoir menti aux enquêteurs du FBI qui l’ont interrogé sur ses activités durant la campagne électorale de 2016. En outre, le procureur Mueller affirme que, durant l’été 2016, Roger Stone a délivré des informations à un membre important de l’équipe de campagne de Donald Trump – dont l’identité n’a pas été révélée – au sujet de la future publication par Wikileaks d’informations compromettantes sur Hillary Clinton. Autrement dit, Roger Stone aurait eu des contacts avec Wikileaks, une organisation suspectée d’être à la solde de la Russie, et aurait informé l’équipe de campagne de Donald Trump au sujet des agissements de cette organisation. Rappelons que, durant la campagne électorale, Wikileaks avait publié des documents obtenus à la suite du piratage des serveurs informatiques du Parti Démocrate.

Roger Stone a déclaré qu’il allait plaider non coupable pour toutes les charges retenues contre lui et qu’il ne témoignerait jamais contre Donald Trump. Il nie également avoir servi d’intermédiaire entre Wikileaks et l’équipe de campagne de ce dernier. Il n’a pas été incarcéré pour l’instant mais a dû s’acquitter d’une caution de $250,000.

Roger Stone est la sixième personne liée à Donald Trump et à sa campagne à être inculpée par le procureur Mueller, après Michael Flynn, Paul Manafort, Rick Gates, George Papadopoulos et Michael Cohen.

MICHAEL COHEN REPORTE SON TÉMOIGNAGE AU CONGRÈS EN RAISON DE CE QU’IL QUALIFIE DE « MENACES »

Michael Cohen devait témoigner publiquement devant un comité de la Chambre des Représentants le 7 février prochain. Son avocat a fait savoir qu’il y renonçait pour l’instant en raison de ce qu’il qualifie de « menaces » reçues de la part du président Trump et de l’un des avocats de ce dernier, Rudy Giuliani ! Les « menaces » auxquelles Michael Cohen fait allusion sont en réalité des propos récents de Trump et de Giuliani affirmant sur Twitter ou lors d’interviews à la télévision que Cohen devrait cesser de mentir et suggérant qu’ils disposent d’informations compromettantes au sujet de son beau-père. Dans un tweet, le président Trump a par exemple écrit au sujet de Cohen: « Il ment pour réduire sa peine de prison! Regardez du côté de son beau-père! ». L’avocat de Michael Cohen considère que ces propos s’apparentent à des menaces et à une pression exercée sur un témoin qui a désormais juré de dire toute la vérité au procureur Mueller et au Congrès au sujet du président.

LES LICENCIEMENTS DE LA SEMAINE

Le Washington Post a révélé que l’un des clubs de golf de Donald Trump avait licencié plusieurs de ses employés le 18 janvier dernier. Ils étaient tous sans-papiers et travaillaient pourtant au sein de l’établissement depuis des années. Ils étaient tous originaires d’Amérique Latine. Ces licenciements montrent que Donald Trump a longtemps employé et emploie peut-être encore des personnes en situation irrégulière au sein de ses hôtels et clubs de golf, alors même qu’il présente régulièrement les immigrants venus d’Amérique Latine comme des criminels dangereux et qu’il vient de provoquer un shutdown de 35 jours pour obtenir le financement d’un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. ¯\_(ツ)_/¯

LA RÉSOLUTION DE LA SEMAINE

Lors d’un Congrès, le Parti Républicain a adopté à l’unanimité une résolution de soutien inconditionnel au président Trump.

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L’adoption de cette résolution est avant tout symbolique mais elle démontre que le Parti Républicain n’a pas l’intention de favoriser l’émergence d’une autre candidature que celle de Donald Trump à l’élection présidentielle de 2020. Si un Républicain veut défier le président lors d’une primaire, il ne recevra sans doute pas beaucoup de soutien de la part des instances du parti.

Lors de ce Congrès, Ronna McDaniel a également été réélue à l’unanimité au poste de présidente du parti.

KELLI WARD ÉLUE À LA TÊTE DU PARTI RÉPUBLICAIN DE L’ARIZONA

Kelli Ward a été élue au poste de présidente du Parti Républicain de l’Arizona. Pro-Trump et adepte des déclarations polémiques, Kelli Ward était candidate au Sénat l’an dernier mais avait été battue lors d’une primaire républicaine par une candidate plus modérée, Martha McSally. Celle-ci avait ensuite été battue par la Démocrate Kyrsten Sinema lors des élections de mi-mandat.

Pour l’élection à la présidence du Parti Républicain de l’Arizona, Kelli Ward affrontait de nouveau quelqu’un de plus modéré, à savoir Jonathan Lines. Elle l’a emporté. Les adhérents du parti ont donc choisi de le faire basculer plus à droite, alors même que l’Arizona, autrefois acquis à la cause républicaine, menace de plus en plus de devenir un état démocrate. La fille de l’ancien sénateur de l’Arizona John McCain a déclaré que l’élection de Kelli Ward était « un grand jour pour les Démocrates en Arizona ».

ROAD TO 2020

Cette semaine, Kamala Harris a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de 2020 et Howard Schultz a annoncé qu’il songeait très sérieusement à se présenter en tant que candidat indépendant à cette même élection.

  • La démonstration de force de Kamala Harris

La sénatrice de Californie a annoncé sa candidature à la présidence le lundi 21 janvier, jour du Martin Luther King’s Day, sur le plateau de l’émission télévisée Good Morning America. Une vidéo d’annonce de candidature a également été publiée le même jour sur YouTube et sur son compte Twitter.

Dans cette vidéo, Harris annonçait sa candidature et invitait aussi les Américains à venir assister à son discours officiel d’annonce de candidature ce dimanche 27 janvier à Oakland, sa ville natale. Son appel a été entendu puisque l’événement a rassemblé environ 20,000 personnes. Une véritable démonstration de force !

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Dans son discours, Harris s’est avant tout définie en opposition à la politique actuelle de l’administration Trump, qu’elle considère comme incompatible avec l’identité profonde et les vraies valeurs de l’Amérique. Elle a aussi affirmé que, sous la présidence Trump, la position de l’Amérique dans le monde n’avait jamais été autant affaiblie et que des puissances étrangères étaient en train de « contaminer la Maison Blanche tel un logiciel malveillant ».

Kamala Harris a aussi promis de traiter tout le monde avec respect et de toujours dire la vérité si elle était élue à la présidence.

I am not perfect. Lord knows, I am not perfect. But I will always speak with decency and moral clarity and treat all people with dignity and respect. I will lead with integrity and I will speak the truth. (Je ne suis pas parfaite. Dieu sait que je ne suis pas parfaite. Mais je parlerai toujours avec décence et clarté morale et je traiterai tout le monde avec dignité et respect. Je dirigerai avec intégrité et je dirai la vérité)

Pour ceux que cela intéresse, voici la vidéo du discours complet de Kamala Harris (35 minutes) ⤵

  • Pete Buttigieg annonce la création d’un exploratory committee

Pete Buttigieg, maire de la ville de South Bend, en Indiana, a annoncé la création d’un exploratory committee. Il envisage donc de se présenter à l’élection présidentielle. Âgé de 37 ans seulement, Buttigieg est un vétéran qui a combattu en Afghanistan. Il est aussi ouvertement gay et marié à un autre homme. S’il déclarait sa candidature, il serait le premier homosexuel à briguer la présidence des Etats-Unis. Pete Buttigieg s’est fait connaître en 2016 en se présentant à la présidence du Parti Démocrate. Il avait été battu par Tom Perez, ancien ministre du Travail de Barack Obama. Il se présente avant tout comme le représentant d’une nouvelle génération prête à faire de la politique autrement.

  • Richard Ojeda abandonne déjà

Après avoir annoncé sa candidature à la présidence en novembre dernier, Richard Ojeda a annoncé qu’il mettait déjà un terme à sa campagne ! C’est sans doute l’une des campagnes les plus courtes de l’histoire. L’ancien membre du Sénat de Virginie Occidentale a justifié sa décision en écrivant sur Facebook qu’il avait réalisé n’avoir aucune chance de remporter les primaires démocrates. Il dit ne pas vouloir que des gens gaspillent de l’argent pour rien en faisant des dons à sa campagne.

  • Le point sur les candidats démocrates à l’élection présidentielle de 2020

Après le retrait de Richard Ojeda, il reste cinq candidats officiellement déclarés:

✅John Delaney

✅Andrew Yang

✅Tulsi Gabbard

✅Julián Castro

✅Kamala Harris

De plus, Elizabeth Warren, Kirsten Gillibrand et Pete Buttigieg ont créé un exploratory committee, ce qui indique qu’ils devraient se présenter.

  • Joe Biden aime bien les Républicains

Alors qu’il s’exprimait lors d’une conférence réunissant des maires de tout le pays, l’ancien vice-président a réagi à un article du New York Times lui reprochant d’avoir récemment complimenté un élu républicain du Michigan (Fred Upton) en affirmant qu’il était l’ « une des meilleures personnes avec qui j’ai travaillé ». Il faisait référence à des actions qu’ils ont mené ensemble dans le cadre de la promotion de la lutte contre le cancer.

« I read in the New York Times today that if I run for president, one of my problems will be that I like Republicans » (J’ai lu aujourd’hui dans le New York Times que si je me présentais à l’élection présidentielle, l’un de mes problèmes serait que j’aime bien les Républicains), a-t-il déclaré, avant de faire le signe de croix et d’ajouter ironiquement, « Bless me, father, for I have sinned » (Bénissez-moi, mon père, car j’ai pêché).

Joe Biden a ensuite affirmé que ceux qui refusaient catégoriquement de négocier avec le parti adverse ne pourraient jamais faire avancer les choses. Le message est passé. En revanche, on ne sait toujours pas si Biden se présentera ou non à l’élection présidentielle de 2020. Il déclare qu’il est toujours en train d’y réfléchir.

  • Howard Schultz en candidat indépendant?

Howard Schultz, ancien patron de Starbucks et milliardaire, songe à se présenter à l’élection présidentielle de 2020 en tant que candidat indépendant. Il l’a annoncé dans une interview accordée à la célèbre émission 60 Minutes. Il l’a ensuite écrit sur le compte Twitter qu’il vient tout juste de créer.

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Traduction: J’aime notre pays, et je songe sérieusement à me présenter à la présidence en tant que centriste indépendant.

Howard Schultz affirme avoir longtemps été proche du Parti Démocrate mais il estime que ce parti est en train de se radicaliser, tout comme le Parti Républicain. Il accuse notamment les Démocrates de défendre des positions irréalistes comme la gratuité totale des soins de santé et de l’éducation.

Every American deserves the right to have access to quality health care. But what the Democrats are proposing is something that is as false as the wall. And that is free health care for all, which the country cannot afford. (Chaque Américain mérite d’avoir accès à des soins de santé de qualité. Mais ce que les Démocrates proposent est aussi absurde que le mur. Je veux parler des soins de santé gratuits pour tous, ce que le pays ne peut pas se permettre)

Les Démocrates sont furieux. Ils pensent que si Schultz se présente en tant que candidat indépendant à l’élection présidentielle, il risque de prendre des voix au candidat démocrate et donc de faciliter la réélection de Donald Trump. Certains internautes démocrates menacent déjà de lancer une campagne de boycott de Starbucks  – que Schultz ne dirige pourtant plus aujourd’hui. Sur Twitter, Howard Schultz a aussi reçu de très nombreux commentaires négatifs. Cela ne semble toutefois pas l’inquiéter outre mesure. « Je n’ai pas l’intention de gagner la primaire Twitter », a-t-il déclaré. « Je pense que beaucoup de gens qui ont été Démocrates ou Républicains toute leur vie cherchent une nouvelle maison, et qu’ils ne passent pas des heures et des heures sur Twitter ». Autrement dit, Schultz pense vraiment qu’un candidat indépendant et centriste aura ses chances en 2020, particulièrement si le Parti Républicain est représenté par Donald Trump et le Parti Démocrate par quelqu’un de trop « extrémiste ». Pour reprendre les mots de Schultz, « Je crois qu’un choix entre Donald Trump et un Démocrate qui penche à l’extrême gauche représenterait une grande opportunité » pour un candidat indépendant.

Howard Schultz va désormais publier un livre et parcourir les Etats-Unis pendant trois mois pour aller à la rencontre des électeurs. Il décidera ensuite s’il se présente ou non à l’élection. Sa décision finale est attendue pour le printemps ou le début de l’été.

Donald Trump espère-t-il ou non que Schultz se présente? Pense-t-il comme les Démocrates que la candidature de l’ancien patron de Starbucks pourrait contribuer à sa réélection? Ou craint-il au contraire que Schultz puisse aussi siphonner une partie des voix républicaines? Difficile à dire en lisant ce tweet étrange publié par le président, dans lequel il affirme que l’essentiel est que Starbucks continue à payer le loyer de son établissement situé à l’intérieur de la Trump Tower de New York.

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Traduction: Howard Schultz n’a pas le cran d’être candidat à la présidence! Je l’ai regardé dans 60 Minutes hier soir et je suis d’accord avec lui pour dire qu’il n’est pas la « personne la plus intelligente ». En plus, l’Amérique a déjà cela! J’espère seulement que Starbucks me paye toujours son loyer à la Trump Tower!

À ce propos, on retrouve parfois de vieux tweets très intéressants pour illustrer l’actualité…

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LE CARNET ROSE DE LA SEMAINE

Bill et Hillary Clinton vont bientôt être grands-parents pour la troisième fois. Leur fille Chelsea, qui a déjà deux enfants, a annoncé qu’elle attendait un heureux événement. La naissance est prévue pour l’été.

MEANWHILE, IN THE STATE OF WASHINGTON…

Terminons par cette info quelque peu préoccupante. Le gouverneur de l’état de Washington, Jay Inslee, a décrété l’état d’urgence en raison d’une épidémie de rougeole. 36 cas ont déjà été recensés dans l’état, alors que cette maladie est supposée être éradiquée aux Etats-Unis depuis l’an 2000. La maladie est très contagieuse et peut causer la mort chez les jeunes enfants. Sa réapparition serait la conséquence de la décision de plus en plus de parents de ne plus faire vacciner leur progéniture. Dans l’un des comtés de l’état de Washington dans lequel des cas ont été recensés, 7,9% des enfants n’ont pas été vaccinés durant l’année scolaire 2017-2018 parce que leurs parents s’y sont opposés. La progression d’une « idéologie anti-vaccins », si l’on peut la qualifier ainsi, constitue un problème de plus en plus pressant aux Etats-Unis mais aussi dans nos pays européens.

 

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