RETOUR SUR LE DISCOURS SUR L’ÉTAT DE L’UNION, VERSION 2019

Après un report pour cause de shutdown, le président Trump a finalement prononcé son discours sur l’état de l’Union ce mardi 5 février. Nous vous résumons ce qu’il fallait en retenir.

RAPPEL: QU’EST-CE QUE LE STATE OF THE UNION ADDRESS?

Le discours sur l’état de l’Union (State of the Union Address) est un discours prononcé une fois par an devant le Congrès par le Président des Etats-Unis.

  • Pourquoi ce discours annuel ?

Dans son article 2, section 3, la Constitution américaine prévoit que :

The President shall from time to time give to Congress information of the state of the Union

Le Président devra informer de temps à autre le Congrès sur l’état de l’Union

L’Union désigne ici les Etats-Unis d’Amérique en tant qu’état fédéral, soit une « union » de cinquante états. Le Président des Etats-Unis est à la tête de cette Union et incarne le pouvoir exécutif. La Constitution lui demande d’informer régulièrement le pouvoir législatif (incarné par le Congrès) sur l’état de l’Union. Elle n’impose en revanche pas au président de prononcer un discours. Il pourrait donc choisir d’informer le Congrès par un autre moyen, en lui adressant par exemple un rapport écrit. Ce fut d’ailleurs longtemps le cas. Si le premier président américain, George Washington, avait choisi la méthode du discours, ses successeurs l’ont rapidement abandonnée pour lui préférer les rapports écrits. C’est Woodrow Wilson qui a remis la pratique du discours au goût du jour en 1913. Et c’est ensuite avec l’avènement de la télévision que le discours sur l’état de l’Union a pris l’importance que nous lui connaissons aujourd’hui. Il est désormais diffusé en direct à la télévision et en streaming sur Internet. Le président ne s’adresse donc plus seulement au Congrès, mais à l’ensemble des Américains.

  • Que dit le président lors de ce discours ?

Il n’y a pas de règle précise mais le discours sur l’état de l’Union permet traditionnellement au président de faire le bilan de son action lors de l’année écoulée et d’énoncer ses priorités politiques pour l’année à venir. Il arrive également qu’il profite de ce discours pour lancer une idée nouvelle ou annoncer un projet important. Par exemple, c’est lors de son discours sur l’état de l’Union de 2002 que le président George W. Bush avait pour la première fois évoqué le fameux « axe du mal ».

Le plus long discours sur l’état de l’Union jamais prononcé reste celui de Bill Clinton en 2000: 1 heure et 28 minutes. Donald Trump n’est pas loin d’avoir égalé ce record cette année puisqu’il a parlé pendant 1 heure et 22 minutes, soit deux minutes de plus que l’an dernier.

  • Qui assiste au discours sur l’état de l’Union ?

Le président s’exprime depuis une tribune située face à l’hémicycle réunissant les membres du Congrès. Le vice-président des Etats-Unis, qui est aussi président du Sénat, et le Speaker de la Chambre des Représentants sont assis juste derrière lui.

Face au président, le public est composé de:

*Les membres du Congrès (députés + sénateurs)

*Les juges de la Cour Suprême

*Le Cabinet du Président, c’est-à-dire tous les membres de son gouvernement, SAUF UN. Chaque année, l’un des membres du gouvernement est en effet tiré au sort pour être le designated survivor (le survivant désigné). Il doit regarder le discours du président depuis un endroit sécurisé et tenu secret. L’objectif? Pouvoir assurer la continuité du gouvernement au cas où une catastrophe se produirait au Capitole. Cette année, c’est Rick Perry, Secrétaire à l’Énergie, qui avait été désigné.

*La First Lady

*La presse

*Et enfin, un certain nombre d’invités. Chaque année, le président invite plusieurs personnes à assister à son discours aux côtés de la First Lady. Ces invitations sont souvent symboliques. Cette année, Donald Trump avait invité treize personnes, dont un survivant de la fusillade meurtrière qui a eu lieu dans une synagogue de Pittsburgh en octobre dernier, le fils d’un soldat américain décédé lors de l’attaque terroriste perpétrée contre le USS Cole en 2000, l’astronaute Buzz Aldrin et Joshua Trump, un jeune garçon harcelé à l’école parce qu’il porte le même nom de famille que le président (ndlr: Ils n’ont aucun lien de parenté). Chaque membre du Congrès a également le droit d’inviter quelques personnes. Cette année, plusieurs députés démocrates avaient choisi d’inviter des employés fédéraux touchés par le shutdown ou des personnes ayant travaillé dans les hôtels de Donald Trump alors qu’elles n’avaient pas de titre de séjour. Le député de Californie Eric Swalwell avait quant à lui invité Cameron Kasky, l’un des survivants de la fusillade du lycée de Parkland, alors que la jeune députée Alexandria Ocasio-Cortez avait invité une victime d’agression sexuelle qui s’en était prise au sénateur Jeff Flake dans un ascenseur au moment de l’affaire Kavanaugh. Côté républicain, le sénateur Marco Rubio avait invité Carlos Vecchio, l’homme désigné par le président par intérim du Venezuela Juan Guaidó comme « chargé d’affaires » aux Etats-Unis. Le député républicain du Nebraska Jeff Fortenberry avait quant à lui invité Nadia Murad, lauréate du prix Nobel de la Paix l’an dernier.

  • La réponse du parti d’opposition

Depuis 1966, le parti d’opposition (celui auquel n’appartient pas le président) adresse une réponse au discours sur l’état de l’Union. Cette allocution est également diffusée à la télévision, juste après le discours du président. Cette année, le Parti Démocrate avait confié la tâche de prononcer ce discours à Stacey Abrams, candidate au poste de gouverneur de Géorgie lors des dernières élections de mi-mandat.

LE DISCOURS DE DONALD TRUMP

Voici ce que nous avons retenu du discours 2019 du président Trump:

  • Un appel à l’unité et une main tendue aux Démocrates…

Donald Trump a débuté son discours en appelant à l’unité nationale et à la collaboration bipartisane.

Together, we can break decades of political stalemate. […] We must choose between greatness or gridlock, results or resistance, vision or vengeance, incredible progress or pointless destruction. Tonight, I ask you to choose greatness. (Ensemble, nous pouvons mettre un terme à des décennies d’impasse politique. […] Nous devons choisir entre la grandeur et l’impasse, entre les résultats et la résistance, entre la vision à long terme et la vengeance, entre le progrès incroyable et la destruction inutile. Ce soir, je vous demande de choisir la grandeur)

Le président a rappelé qu’il était possible pour les Républicains et les Démocrates de collaborer sur certains dossiers importants et que cela avait d’ailleurs déjà été le cas à plusieurs reprises depuis le début de son mandat. Par exemple, dans le cadre de la lutte contre la crise des opioïdes ou pour l’adoption du First Step Act, cette importante loi de réforme du système judiciaire récemment adoptée par le Congrès.

Donald Trump a indiqué vouloir désormais travailler avec les membres républicains et démocrates du Congrès pour parvenir à un accord concernant une loi sur la modernisation des infrastructures et pour lutter contre le SIDA et le cancer. Le président a notamment annoncé qu’il demanderait au Congrès d’inclure 500 millions de dollars pour la recherche contre le cancer dans le budget 2020.

  •  … mais aussi une mise en garde

Après leur avoir tendu la main, le président a également mis en garde les Démocrates. En résumé, il a suggéré que si ceux-ci passaient leur temps à lancer des « enquêtes partisanes ridicules » à son sujet au sein des comités qu’ils dirigent désormais à la Chambre des Représentants, la coopération ne serait plus possible.

If there is going to be peace and legislation, there cannot be war and investigation. It just doesn’t work that way! (Si nous voulons la paix et la législation, il ne peut pas y avoir de guerre et d’investigation. Cela ne fonctionne pas comme cela!)

  • Le bilan économique positif de deux années de présidence

Donald Trump a dressé ce qu’il qualifie de bilan économique très positif de ses deux premières années de présidence. Il a insisté sur la bonne santé de l’économie américaine, le taux de chômage qui a atteint son taux le plus bas depuis 50 ans, la création de nombreux emplois, dont 600,000 dans le secteur de la production industrielle, etc.

  • L’immigration et la « crise nationale urgente » à la frontière

Donald Trump a consacré une large part de son discours au dossier de l’immigration. Il a répété que la situation à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique était une « crise nationale urgente » et qu’il était nécessaire de construire un mur pour pouvoir lutter efficacement contre l’immigration illégale. Une immigration illégale que le président continue de présenter comme un danger pour la sécurité des Américains.

  • « Les grandes nations ne livrent pas de guerres sans fin »

La fin du discours de Donald Trump était consacrée au thème de la politique étrangère et de la sécurité nationale. Le président a notamment répété qu’il avait bien l’intention de mettre le plus rapidement possible un terme à l’engagement des troupes américaines au Moyen-Orient. Il a rappelé que les Etats-Unis étaient engagés dans les conflits d’Irak et d’Afghanistan depuis bien trop longtemps. « Great nations do not fight endless wars » (Les grandes nations ne livrent pas de guerres sans fin), a-t-il déclaré.

  • Le scoop de la soirée !

Donald Trump a annoncé que sa deuxième rencontre avec le leader nord-coréen Kim Jong-Un aurait lieu les 27 et 28 février au Vietnam. Il a ajouté que son dialogue avec Kim Jong-Un avait porté ses fruits et que:

If I had not been elected President of the United States, we would right now, in my opinion, be in a major war with North Korea with potentially millions of people killed. (Si je n’avais pas été élu Président des Etats-Unis, nous serions en ce moment, à mon avis, dans une guerre majeure avec la Corée du Nord avec potentiellement des millions de morts)

  • La déclaration de la soirée

Juste après avoir évoqué la situation au Venezuela – et avoir une nouvelle fois apporté son soutien à Juan Guaidó et à la « lutte pour la liberté » du peuple vénézuélien – Donald Trump a mis en garde contre le socialisme, qui semble gagner en popularité au sein du Parti Démocrate et d’une partie de la société américaine.

America was founded on liberty and independence – not government coercion, domination, and control. We are born free, and we will stay free. Tonight, we renew our resolve that America will never be a socialist country. (L’Amérique a été fondée sur la liberté et l’indépendance – pas sur la contrainte, la domination et le contrôle du gouvernement. Nous sommes nés libres, et nous resterons libres. Ce soir, nous réaffirmons notre détermination à ce que l’Amérique ne devienne jamais un pays socialiste)

  • Et, pour terminer, la belle image de la soirée

Lorsque Donald Trump a salué l’un de ses invités, Judah Samet, rescapé de la récente fusillade antisémite dans une synagogue de Pittsburgh mais aussi rescapé des camps de concentration nazis, il a souligné que c’était aussi justement son anniversaire (81 ans). L’ensemble des députés et sénateurs présents dans l’hémicycle se sont alors mis à chanter Happy Birthday. Donald Trump a réagi non sans humour en affirmant que « Ils ne feraient jamais cela pour moi, Judah ». Amazing !

UNE AUDIENCE LÉGÈREMENT SUPÉRIEURE À CELLE DE L’AN DERNIER

Le discours du président Trump a été suivi par 46,8 millions de téléspectateurs, soit un peu plus que l’an dernier (45,6 millions).

LA RÉPONSE DE STACEY ABRAMS

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Stacey Abrams, candidate malheureuse au poste de gouverneur de Géorgie lors des dernières élections de mi-mandat, a délivré la réponse démocrate au discours du président Trump. Elle a notamment accusé ce dernier et les Républicains d’être responsables du récent shutdown de 35 jours et de ne pas se soucier – ou pire, de ne pas avoir conscience – des difficultés économiques quotidiennes des familles américaines. Elle a aussi critiqué la politique de l’administration Trump en matière d’immigration, affirmant que « L’Amérique est rendue plus forte par la présence d’immigrants, pas de murs », ainsi que l’inaction des Républicains sur les dossiers des armes à feu et du réchauffement climatique.

Rendez-vous l’année prochaine pour le State of the Union 2020.

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