WEEKLY NEWS FLASH #175

Cette semaine, Taïwan est devenu le premier pays asiatique à légaliser le mariage homosexuel. Pendant ce temps-là, aux Etats-Unis, l’Alabama adoptait une loi ultra-restrictive sur l’avortement. Nous y reviendrons dans cette édition du Weekly News Flash. Nous parlerons aussi de l’Iran, de liberté d’expression, de deux nouveaux candidats démocrates à l’élection présidentielle et du premier membre républicain du Congrès à s’être prononcé en faveur de l’impeachment du président Trump ! Bonne lecture !

L’ALABAMA ADOPTE LA LOI SUR L’AVORTEMENT LA PLUS RESTRICTIVE DES ETATS-UNIS

Vous en avez très probablement entendu parler. Le Sénat de l’Alabama a adopté cette semaine une loi ultra-restrictive sur l’avortement. Elle avait déjà été précédemment adoptée par la Chambre du parlement de l’état. Cette nouvelle loi rend l’avortement totalement illégal, sauf en cas de danger sérieux pour la santé de la mère, de grossesse extra-utérine ou de malformation létale du fœtus. Aucune exception n’est prévue pour les cas de viol ou d’inceste. Pour être clair, cela signifie qu’une femme portant l’enfant de son violeur n’aura plus le droit d’avorter en Alabama. Les femmes ayant recours à l’avortement ne seront toutefois pas punissables. La loi prévoit uniquement de sanctionner les médecins qui accepteraient de pratiquer un avortement illégal. Ils risqueront jusqu’à 99 ans de prison.

La presse américaine n’a pas manqué de souligner que les sénateurs de l’Alabama ayant voté en faveur de l’adoption de cette nouvelle loi étaient tous des hommes. Ils sont aussi tous membres du Parti Républicain, qui est ultra-majoritaire au parlement de l’Alabama. Quatre hommes et deux femmes, tous membres du Parti Démocrate, ont voté contre l’adoption de la loi.

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Résultat du vote sur la loi HB314 au Sénat de l’Alabama (Source: CNN)

Notez toutefois que des femmes membres du Parti Républicain avaient voté en faveur de l’adoption de la loi à la Chambre et que la gouverneure de l’état, Kay Ivey, l’a signée. Elle a affirmé que cette loi témoignait de l’opinion partagée par la majorité des habitants de son état selon laquelle « chaque vie est précieuse et chaque vie est un don sacré de Dieu ».

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La gouverneure de l’Alabama Kay Ivey signe la loi HB314 sur l’avortement

La nouvelle loi doit entrer en vigueur dans six mois, à moins que la justice n’en décide autrement. Plusieurs associations, comme l’Union Américaine pour les Libertés Civiles (ACLU) et Planned Parenthood, ont en effet l’intention de porter l’affaire devant les tribunaux. Elles estiment que la loi est inconstitutionnelle puisqu’elle prive les femmes d’Alabama du droit à l’avortement tel qu’il a été reconnu au niveau fédéral par l’arrêt de la Cour Suprême Roe v. Wade en 1973. En réalité, les militants anti-avortement espèrent bien que l’affaire sera effectivement portée devant les tribunaux et qu’elle remontera jusqu’à la Cour Suprême. Celle-ci devrait alors se prononcer à nouveau sur le sujet de l’avortement et les militants anti-avortement pensent qu’elle pourrait revenir sur l’arrêt Roe v. Wade. Leurs espoirs sont en grande partie fondés sur la nouvelle composition de la Cour Suprême. Donald Trump y a nommé deux nouveaux juges depuis le début de son mandat et l’équilibre de la Cour en a été modifié. Elle est désormais composée de cinq juges réputés conservateurs, contre quatre juges réputés libéraux.

Une remise en cause du droit à l’avortement partout aux Etats-Unis? L’Alabama n’est pas le seul état américain ayant récemment adopté une nouvelle législation concernant l’avortement, même s’il s’agit de la plus drastique. Depuis le début de l’année, plusieurs autres états ont adopté des lois réduisant le nombre de semaines durant lesquelles une femme est autorisée à avorter.

⚠ Il faut ici préciser une chose que beaucoup de gens ignorent, à savoir que le nombre de semaines durant lesquelles l’avortement est autorisé est plus important aux Etats-Unis que dans la majorité des pays européens. Lorsque la Cour Suprême a reconnu le droit à l’avortement au niveau fédéral en 1973 (arrêt Roe v. Wade), elle a indiqué que l’avortement pouvait être autorisé jusqu’au stade de la « viabilité fœtale », c’est-à-dire le moment où le fœtus serait capable de survivre hors de l’utérus de sa mère. Cette viabilité fœtale est atteinte entre 24 et 28 semaines de grossesse selon les cas. Toutefois, l’arrêt Roe v. Wade a aussi reconnu aux différents états le droit d’adopter leurs propres lois pour réglementer le droit à l’avortement, mais uniquement après le premier trimestre de grossesse. En 1992, la Cour Suprême a rendu un nouvel arrêt (Planned Parenthood v. Casey), dans lequel elle a réaffirmé que le droit à l’avortement devait être protégé mais dans lequel elle a aussi donné aux états plus de liberté pour le restreindre, y compris cette fois durant le premier trimestre de grossesse. Néanmoins, beaucoup d’états en sont restés au standard établi par Roe v. Wade, à savoir l’autorisation de l’avortement jusqu’au stade de la viabilité du fœtus (soit jusqu’à 24 ou 28 semaines de grossesse). D’autres états ont interdit l’avortement au-delà de 20 semaines de grossesse. Et sept états n’ont passé aucune législation spécifique concernant l’avortement, ce qui signifie que celui-ci y est en théorie autorisé jusqu’au dernier jour de la grossesse. En résumé, avant l’adoption de quelques lois plus restrictives cette année, l’avortement était autorisé dans TOUS les états américains jusqu’à minimum 20 semaines de grossesse, voire davantage. C’est bien plus que dans la plupart des pays européens. L’avortement est aujourd’hui légal dans tous les pays de l’Union européenne, à l’exception de Malte. Dans ce pays, l’avortement est toujours illégal en toutes circonstances et les femmes qui avortent, tout comme les médecins pratiquant l’avortement, risquent jusqu’à trois ans de prison. La Pologne n’autorise quant à elle l’avortement qu’en cas de danger pour la mère, de malformation irréversible du fœtus, de viol ou d’inceste. Dans les autres pays de l’UE, l’avortement est autorisé en toutes circonstances jusqu’à un certain nombre de semaines de grossesse. Ce nombre varie d’un pays à l’autre. Il atteint les 24 semaines au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Mais dans la majorité des pays, il tourne plutôt autour de 12 semaines. L’avortement est par exemple légal jusqu’à 12 semaines de grossesse en France, en Belgique, en Allemagne et en Espagne. Dans certains pays, la limite est même inférieure. Au Portugal, elle n’est par exemple que de 10 semaines.

Revenons-en aux Etats-Unis. Depuis le début de l’année, un mouvement de restriction du droit à l’avortement semble donc traverser le pays. Si l’Alabama est le seul état à avoir adopté une nouvelle législation interdisant totalement l’avortement (sauf en cas de danger sérieux pour la santé de la mère, de grossesse extra-utérine ou de malformation létale du fœtus), des lois restrictives ont aussi été adoptées dans plusieurs autres états. Elles limitent toutes drastiquement le nombre de semaines durant lesquelles l’avortement est autorisé.

L’Ohio, la Géorgie, le Kentucky et le Mississippi ont ainsi adopté des « heartbeat bills », c’est-à-dire des lois interdisant l’avortement à partir du moment où les battements de cœur du fœtus peuvent être détectés par un médecin. Cela intervient généralement aux alentours de six semaines de grossesse. Beaucoup de femmes ignorent alors encore qu’elles sont enceintes. D’autres états envisagent d’adopter une législation semblable.

Le Missouri a quant à lui adopté cette semaine une loi interdisant l’avortement au-delà de huit semaines de grossesse. Cette loi ne prévoit pas d’exception en cas de viol ou d’inceste. Un médecin pratiquant un avortement au-delà de ce délai sera punissable de 15 ans d’emprisonnement.

Enfin, l’Arkansas et l’Utah ont également réduit le délai légal de l’avortement en le ramenant à 18 semaines.

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Les lois réduisant le délai légal d’avortement adoptées aux Etats-Unis en 2019 (Source: New York Times)

D’après un sondage Gallup réalisé en 2017, 18% des Américains désiraient que l’avortement soit totalement interdit aux Etats-Unis, alors que 29% d’entre eux étaient favorables à un droit à l’avortement sans aucune restriction. Le reste de la population américaine (un peu plus de 50%, soit la majorité) souhaitait que le droit à l’avortement reste légal, mais sous certaines conditions. Oui, mais lesquelles? C’est toute la question. Certains Américains voudraient que l’avortement soit interdit sauf en cas de viol ou d’inceste, alors que d’autres voudraient simplement réduire le nombre de semaines durant lesquelles il est autorisé, pour le ramener par exemple à 12 semaines comme c’est le cas dans la plupart des pays européens. Les opinions sur le sujet sont en réalité un peu plus variées que la simple opposition catégorique entre le camp pro-life et le camp pro-choice telle qu’elle nous est souvent présentée.

LE TWEET DE LA SEMAINE

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Traduction: Si l’Iran veut se battre, ce sera la fin officielle de l’Iran. Ne menacez plus jamais les Etats-Unis!

Donald Trump a publié ce tweet à l’issue d’une semaine lors de laquelle les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran ont encore grimpé d’un cran. Au début de la semaine, le Département d’Etat avait ordonné à la majeure partie de son personnel actif à l’ambassade des Etats-Unis de Bagdad d’évacuer les lieux et de quitter l’Irak. D’après les Américains, cette décision n’est pas le prélude à une possible attaque contre l’Iran mais une mesure de précaution prise en raison d’indications sérieuses selon lesquelles l’Iran s’apprêtait à attaquer des ressortissants américains en Irak. Les Etats-Unis avaient déjà évoqué ces menaces la semaine dernière pour justifier leur décision de déployer le porte-avions USS Abraham Lincoln au Moyen-Orient. Deux navires saoudiens ont également récemment été attaqués près du détroit d’Ormuz et l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis accusent l’Iran d’être responsable de ces attaques.

Certains observateurs craignent de plus en plus qu’un conflit armé éclate entre les Etats-Unis et l’Iran. Le dernier tweet de Donald Trump ne les rassurera sans doute pas. Souvenons-nous toutefois que Donald Trump avait publié des tweets tout aussi menaçants concernant la Corée du Nord, avant d’ouvrir des négociations avec Kim Jong-Un.

BENJAMIN NETANYAHU ANNONCE LA CONSTRUCTION D’UNE « TRUMP COLONY » SUR LE PLATEAU DU GOLAN

Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé qu’une nouvelle colonie israélienne allait être construite sur le plateau du Golan et qu’elle serait baptisée « Trump Colony ». L’objectif est de remercier Donald Trump d’avoir récemment reconnu la souveraineté d’Israël sur le Golan. Jusqu’ici, les Etats-Unis considéraient le Golan comme un territoire syrien occupé, tout comme le reste de la communauté internationale.

LA POIGNÉE DE MAINS DE LA SEMAINE

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Le président Trump a reçu le controversé premier ministre hongrois Viktor Orban à la Maison Blanche cette semaine. L’invitation d’Orban à la Maison Blanche a suscité de nombreuses réactions négatives. Un groupe de sénateurs – Démocrates et Républicains – avait adressé une lettre au président pour lui faire part de son scepticisme et lui demander d’évoquer avec Orban le déclin démocratique actuellement observé en Hongrie. Donald Trump n’a pas semblé s’inquiéter de ces petits détails. Il a affirmé lors d’une conférence de presse que Viktor Orban était un « homme respecté » en Europe et « probablement, comme moi, un peu controversé, mais c’est OK ».

LES POURPARLERS DE LA SEMAINE 🇻🇪

Le gouvernement de Nicolas Maduro et l’opposition vénézuélienne ont accepté d’envoyer des émissaires pour des pourparlers en Norvège. L’objectif est de trouver un accord pour sortir le Venezuela de la crise politique dans lequel il est plongé.

La Norvège n’en est pas à son coup d’essai en termes de médiation diplomatique. Elle a déjà organisé des pourparlers entre Israéliens et Palestiniens – qui ont mené aux accords d’Oslo en 1993 -, mais aussi entre le gouvernement du Sri Lanka et les rebelles Tamouls ou entre le gouvernement colombien et les FARC.

Le ministre norvégien des Affaires étrangères a confirmé que des discussions allaient avoir lieu mais n’a pas donné beaucoup plus d’informations pour l’instant. Juan Guaidó a quant à lui confirmé avoir envoyé des émissaires pour représenter l’opposition vénézuélienne en Norvège, mais il a déjà fait savoir que l’opposition n’accepterait pas autre chose qu’un accord prévoyant le départ de Nicolas Maduro du pouvoir et l’organisation de nouvelles élections démocratiques.

LA MISSION DE LA SEMAINE

La NASA a annoncé qu’elle avait l’intention de renvoyer des astronautes – dont au moins une femme – sur la Lune d’ici 2024. Jusqu’ici, 12 hommes, tous Américains, ont posé le pied sur la Lune, le dernier en 1972. La NASA a annoncé que sa nouvelle mission serait baptisée Mission Artemis.

LE RESPECT DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION, JUSQU’OÙ?

On sait que les Européens et les Américains n’ont pas toujours la même vision des choses concernant la question de la liberté d’expression et des restrictions qui peuvent ou non lui être apportées. On a encore pu le constater cette semaine. Les Etats-Unis ont en effet refusé de signer l’ « Appel de Christchurch », un document non contraignant signé par 18 autres gouvernements. Ceux-ci s’y engagent à faire des efforts pour lutter contre la diffusion d’idées extrémistes sur Internet. L’initiative a été lancée par la première ministre de Nouvelle-Zélande à la suite de la tuerie de Christchurch, lors de laquelle un militant raciste a assassiné 51 fidèles musulmans dans deux mosquées. L’homme s’était filmé durant son expédition macabre et avait diffusé la vidéo de la tuerie en direct sur son compte Facebook. L’ « Appel de Christchurch » a pour l’instant été signé par la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Canada, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, l’Irlande, la Norvège, la Suède, les Pays-Bas, l’Inde, l’Indonésie, le Japon, la Jordanie et le Sénégal. Les patrons de Google, Microsoft, Facebook, Twitter et Amazon ont également signé le document. La Maison Blanche a quant à elle affirmé que les Etats-Unis ne pouvaient pas adhérer à l’initiative parce que l’ « Appel de Christchurch » pourrait aller à l’encontre du droit à la liberté d’expression garanti par le Premier Amendement de la Constitution américaine. Les Américains craignent que certaines plateformes finissent par censurer des contenus jugés politiquement incorrects.

L’administration Trump accuse d’ailleurs déjà certains sites web, notamment Twitter, de censurer les voix conservatrices. C’est pourquoi la Maison Blanche appelle désormais les citoyens américains qui estiment avoir été victimes de censure à le signaler sur un site web créé à cet effet.

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L’HOMME DE LA SEMAINE

Justin Amash. Ce député républicain (aux tendances libertariennes) du Michigan est devenu le premier membre républicain du Congrès à se prononcer en faveur de l’impeachment du président Trump ! Il a explicité son point de vue dans une longue série de tweets. En résumé, après avoir lu l’entièreté du rapport Mueller, Amash estime que celui-ci contient bien assez d’éléments à charge pour accuser Donald Trump d’entrave à la justice. Il estime également que le ministre de la Justice William Barr a tenté d’induire le public américain en erreur lorsqu’il a présenté les conclusions du rapport Mueller. Enfin, il affirme que la plupart de ses collègues membres du Congrès n’ont même pas pris le temps de lire le fameux rapport en entier avant de se faire leur propre opinion…. Bref, Justin Amash vient de jeter un énorme pavé dans la mare. Le premier tweet de sa longue explication a été partagé plus de 76,000 fois et « aimé » plus de 208,000 fois au cours des vingt-quatre premières heures ayant suivi sa publication.

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Traduction: Voici mes principales conclusions: 1. Le ministre de la Justice Barr a délibérément déformé le rapport Mueller. 2. Le président Trump a adopté une conduite justifiant l’impeachment. 3. L’esprit de parti a érodé notre système de pouvoirs et contrepouvoirs. 4. Peu de membres du Congrès ont lu le rapport.

La réplique de Donald Trump.

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Traduction: Je n’ai jamais été fan de Justin Amash, une personne totalement sans envergure qui s’oppose à moi et à certaines de nos grandes idées et politiques Républicaines simplement pour qu’on parle de lui grâce à la controverse. S’il avait véritablement lu le rapport Mueller biaisé, « composé » par 18 Démocrates en colère qui haïssent Trump,….
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Traduction: il aurait vu qu’il était toutefois clair sur L’ABSENCE DE COLLUSION et, en fin de compte, L’ABSENCE D’ENTRAVE À LA JUSTICE… De toute façon, comment fait-on entrave à la justice quand il n’y a pas de crime et que, en réalité, les crimes ont été commis par l’autre camp? Justin est un perdant qui joue malheureusement le jeu de nos opposants!

LA PHOTO DE LA SEMAINE

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Donald Trump est accueilli en Louisiane par le lieutenant-gouverneur de l’état qui porte des chaussettes à son effigie. (Crédit: Doug Mills/New York Times).

LA CONFIRMATION DE LA SEMAINE

Le Sénat a voté en faveur de la nomination de Jeffrey Rosen au poste de ministre adjoint de la Justice. Rosen va donc bien remplacer Rod Rosenstein, qui a démissionné après la conclusion de l’enquête de Robert Mueller, au sein du Département de la Justice.

ROAD TO 2020

Le gouverneur du Montana et le maire de New York ont ajouté leurs noms à la liste des personnalités démocrates candidates à l’élection présidentielle de 2020, alors qu’Elizabeth Warren est entrée en guerre contre Fox News.

  • Steve Bullock est candidat à l’élection présidentielle de 2020

Le gouverneur du Montana a annoncé sa candidature en insistant sur sa capacité à dialoguer avec ceux qui ne pensent pas comme lui. « En tant que gouverneur démocrate d’un état remporté par Trump [lors de l’élection présidentielle de 2016], je ne peux pas me permettre de ne pas parler avec ceux qui ne sont pas d’accord avec moi ». Bullock a parfois reproché au Parti Démocrate de s’adresser uniquement à ses électeurs et de ne pas tenter de tendre la main aux électeurs indépendants et républicains.

  • Bill de Blasio est candidat à l’élection présidentielle de 2020

Le maire très libéral de la ville de New York a lui aussi annoncé sa candidature à l’élection présidentielle. Il se décrit comme « le plus progressiste » de tous les candidats démocrates en lice.

La campagne de Bill de Blasio n’a pas très bien commencé puisque des citoyens new-yorkais mécontents se sont rassemblés devant les locaux de l’émission Good Morning America pour crier « Menteur! » ou « S’il ne peut pas gérer la ville, il ne peut pas gérer le pays! » pendant que le maire annonçait sa candidature à la présidence sur le plateau.

  • Le point sur les candidats démocrates à l’élection présidentielle de 2020

Voici la liste définitive* des 23 candidats démocrates à l’élection présidentielle de 2020.

*Sous réserve d’énorme surprise de dernière minute, mais, en principe, plus aucune nouvelle candidature n’est attendue

✅John Delaney

✅Andrew Yang

✅Tulsi Gabbard

✅Julián Castro

✅Kamala Harris

✅Marianne Williamson

✅Cory Booker

✅Elizabeth Warren

✅Amy Klobuchar

✅Bernie Sanders

✅Jay Inslee

✅John Hickenlooper

✅Beto O’Rourke

✅Kirsten Gillibrand

✅Wayne Messam

✅Tim Ryan

✅Eric Swalwell

✅Pete Buttigieg

✅Seth Moulton

✅Joe Biden

✅Michael Bennet

✅Steve Bullock

✅Bill de Blasio

  • Et Mike Gravel dans tout cela?

Nous avons choisi, comme la plupart des médias américains, de ne pas inclure Mike Gravel dans la liste des candidats démocrates à la présidence. Il pourrait toutefois être considéré comme un 24ème candidat, bien qu’il reconnaisse lui-même qu’il n’a pas l’intention de véritablement faire campagne et qu’il n’a aucune volonté de l’emporter. Raisons pour lesquelles nous avons choisi de ne pas l’inclure dans notre liste.

Quelques mots d’explication tout de même sur cette vraie-fausse candidature, qui en dit aussi sans doute long sur l’époque que nous traversons.

Mike Gravel est un ancien sénateur démocrate de l’Alaska un peu iconoclaste. Il est aujourd’hui âgé de 89 ans. En 2008, il était candidat à l’élection présidentielle. Il avait fait campagne en affirmant notamment vouloir mettre en place la démocratie directe aux Etats-Unis. Il voulait aussi mettre en garde les citoyens américains et les autres candidats démocrates au sujet des risques d’une possible guerre nucléaire. Il s’était fait remarquer lors des premiers débats pour les primaires démocrates, lors desquels il n’avait pas hésité à attaquer assez violemment Barack Obama et Joe Biden. Au fil des années, Mike Gravel est devenu de plus en plus critique à l’égard du Parti Démocrate et de l’establishment politique. Il a déclaré avoir voté pour la candidate du Parti Vert Jill Stein, et non pour Hillary Clinton, à l’élection présidentielle de 2016. 

Mike Gravel est désormais de nouveau candidat à l’élection présidentielle de 2020. Plus ou moins. Il affirme lui-même que le seul objectif de sa vraie-fausse candidature est de participer aux débats télévisés entre candidats démocrates afin d’y exposer ses idées et de pousser certains candidats qu’il juge trop modérés et trop interventionnistes en matière de politique étrangère dans leurs retranchements (c’est–à-dire à peu près tous les candidats en dehors de Bernie Sanders).

Mike Gravel ne fait pas véritablement campagne, hormis sur les réseaux sociaux. Et encore, il a laissé le contrôle de son compte Twitter à deux adolescents qui s’occupent de tout. Ce sont eux qui s’expriment en son nom après l’avoir rencontré et s’être mis d’accord avec lui sur les idées à véhiculer. De façon assez incroyable, ces deux adolescents sont parvenus à convaincre plus de 65,000 personnes de faire un don à la campagne de Mike Gravel, ce qui pourrait lui permettre d’atteindre son but et de pouvoir participer au premier débat télévisé démocrate fin juin. (Pour être admis au débat, les candidats doivent atteindre 1% des intentions de vote dans trois sondages différents ou recueillir des dons de la part de plus de 65,000 citoyens pour leur campagne. Le nombre total de candidats admis au débat sera toutefois limité à 20. Si plus de 20 candidats ont rempli au moins un critère d’admission, la priorité sera donnée à ceux ayant rempli les deux critères).

Mike Gravel a précisé que tout l’argent récolté pour sa campagne serait reversé à des œuvres de charité après l’élection.

La politique américaine ne cessera décidément jamais de nous surprendre.

  • Le sondage de la semaine

D’après un sondage Gallup, la majorité des Américains se disent prêts à élire un homosexuel, un musulman ou un athée à la Maison Blanche. Ce n’est en revanche toujours pas le cas pour un socialiste. Seulement 47% des Américains se disent ainsi prêts à porter un candidat socialiste à la présidence.

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Plus de 90% des Américains se disent prêts à élire un afro-américain, un hispanique ou une femme à la présidence. Ils sont 76% à déclarer être prêts à élire un candidat homosexuel.

Il est aussi intéressant de constater que davantage d’Américains sont prêts à élire un musulman à la Maison Blanche (66%) qu’un athée (60%).

Enfin, seulement 63% des Américains se disent prêts à élire un candidat âgé de plus de 70 ans à la présidence. Un souci pour Joe Biden et Bernie Sanders?

  • Elizabeth Warren en guerre contre Fox News

Elizabeth Warren a refusé l’invitation de Fox News à participer à un town hall sur son antenne. Pour rappel, le Parti Démocrate a refusé de confier l’organisation de l’un de ses débats télévisés à Fox News. La chaîne a donc décidé d’organiser des town halls avec les différents candidats démocrates. Certains d’entre eux ont d’ores et déjà participé à une telle émission sur la chaîne conservatrice ces dernières semaines, comme Bernie Sanders ou Amy Klobuchar. Mais Elizabeth Warren a quant à elle décliné l’invitation avant de s’en expliquer sur son compte Twitter. La sénatrice du Massachusetts n’hésite pas à qualifier Fox News de « trafic de haine à but lucratif qui fournit un mégaphone aux racistes et aux adeptes de la théorie du complot ». Elle déclare qu’accepter de participer à une émission de Fox News reviendrait à encourager des électeurs démocrates à lui faire de l’audience et donc, à lui rapporter de l’argent.

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Traduction: Fox News est un trafic de haine à but lucratif qui fournit un mégaphone aux racistes et aux adeptes de la théorie du complot – il est conçu pour nous dresser les uns contre les autres, avec des conséquences de vie ou de mort, afin de protéger la corruption qui pourrit notre gouvernement et évide notre classe moyenne.

Une autre candidate démocrate à la présidence, la sénatrice Kamala Harris, a annoncé qu’elle suivrait l’exemple d’Elizabeth Warren et refuserait également toute invitation de Fox News. D’autres candidats démocrates ne partagent pas l’opinion de Warren et Harris et estiment qu’il faut s’adresser à tous les électeurs, y compris à ceux qui regardent Fox News.

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Traduction: Si vous ne faites pas usage de votre town hall, je le ferai. Les candidats démocrates doivent faire campagne partout et s’adresser à tous les électeurs.
  • Donald Trump est lui aussi en colère contre Fox News

Elizabeth Warren n’est pas la seule à avoir poussé un coup de gueule contre Fox News cette semaine. C’est aussi le cas – et c’est beaucoup plus surprenant – du président Trump, habituellement grand fan de la chaîne. Sur Twitter, le président s’est plaint que Fox News consacre du temps d’antenne au candidat démocrate à la présidence Pete Buttigieg, invité pour un town hall semblable à celui auquel Elizabeth Warren a refusé de participer.

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Traduction: Dur à croire que Fox News gaspille du temps d’antenne pour le maire Pete, comme Chris Wallace aime l’appeler. Fox s’oriente de plus en plus vers le camp des perdants en couvrant les Démocrates. Ils ont été écartés des débats démocrates ennuyeux, et veulent leur part du gâteau. Ils ont oublié le peuple…..

N’est-il pas surprenant, voire inquiétant, que le président des Etats-Unis estime qu’une chaîne de télévision aussi importante que Fox News ne devrait pas consacrer de temps d’antenne aux candidats du parti adverse à l’élection présidentielle, et ce au nom de l’intérêt du peuple?

  • La déclaration de la semaine

Peu avant de publier ce tweet, Donald Trump avait déjà parlé de Pete Buttigieg lors d’une interview accordée précisément à Fox News. Et il avait affirmé qu’il ne voyait aucun inconvénient au fait qu’un homosexuel soit candidat à l’élection présidentielle.

Lorsque le journaliste qui l’interrogeait lui a demandé s’il était d’accord avec le fait qu’il était positif de voir qu’un homme candidat à l’élection présidentielle puisse faire campagne aux côtés de son mari sans que cela ne semble déranger personne, le président a répondu: « Je pense que c’est très bien ». Il a également ajouté:

I think that’s something that perhaps some people will have a problem with, I have no problem with it whatsoever. (Je pense que certaines personnes ont peut-être un problème avec cela, mais je n’y vois personnellement pas le moindre problème)

  • L’image de la semaine

Après s’être filmé chez le dentiste il y a quelques mois, Beto O’Rourke a cette fois-ci diffusé sa visite chez le coiffeur en direct sur Facebook.

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Même s’il en a profité pour discuter de la question de l’immigration avec son coiffeur, originaire du Mexique, cela ressemblait tout de même beaucoup à une tentative désespérée d’attirer l’attention pour un candidat qui ne parvient plus à percer dans les sondages. Pour l’instant du moins. La campagne est encore longue…

LE PRÉSIDENT CARTER OPÉRÉ DE LA HANCHE

L’ancien président Jimmy Carter, 94 ans, a dû être opéré de la hanche après avoir fait une chute à son domicile alors qu’il s’apprêtait à partir à la chasse. Sa porte-parole a affirmé que l’opération s’était bien déroulée.

LE LIVRE DE LA SEMAINE

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Lorsqu’un homme politique américain publie un livre, il s’agit généralement d’une autobiographie en bonne et due forme. Ce n’est pas le cas du sénateur républicain de l’Arkansas Tom Cotton, vétéran des guerres d’Afghanistan et d’Irak, qui publie Sacred Duty. Cet ouvrage est consacré à l’histoire du cimetière militaire d’Arlington et de la Old Guard, l’unité de l’armée américaine chargée notamment d’assurer la surveillance de la tombe du soldat inconnu et d’organiser les funérailles des soldats américains morts au combat.

L’INFO INSOLITE DE LA SEMAINE

Terminons par une info insolite. Vous savez peut-être qu’une œuvre du sculpteur américain Jeff Koons baptisée « The Rabbit » (photo ci-dessous) a été vendue aux enchères à 91,1 millions de dollars cette semaine. C’est un record pour une œuvre d’un artiste vivant.

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L’info insolite, c’est que l’acheteur n’est autre que le père de l’actuel Secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin.

 

 

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