UN DISCOURS SUR L’ÉTAT DE L’UNION 2020 SOUS HAUTE TENSION

Le président Trump a prononcé son discours sur l’état de l’Union ce mardi 4 février, au lendemain du caucus de l’Iowa et à la veille de son probable acquittement par le Sénat. Nous vous résumons ce qu’il fallait en retenir.

RAPPEL: QU’EST-CE QUE LE STATE OF THE UNION ADDRESS?

Le discours sur l’état de l’Union (State of the Union Address) est un discours prononcé une fois par an devant le Congrès par le Président des Etats-Unis.

  • Pourquoi ce discours annuel ?

Dans son article 2, section 3, la Constitution américaine prévoit que:

The President shall from time to time give to Congress information of the state of the Union

Le Président devra informer de temps à autre le Congrès sur l’état de l’Union

L’Union désigne ici les Etats-Unis d’Amérique en tant qu’état fédéral, soit une « union » de cinquante états. Le Président des Etats-Unis est à la tête de cette Union et incarne le pouvoir exécutif. La Constitution lui demande d’informer régulièrement le pouvoir législatif (incarné par le Congrès) sur l’état de l’Union. Elle n’impose en revanche pas au président de prononcer un discours. Il pourrait donc choisir d’informer le Congrès par un autre moyen, en lui adressant par exemple un rapport écrit. Ce fut d’ailleurs longtemps le cas. Si le premier président américain, George Washington, avait choisi la méthode du discours, ses successeurs l’ont rapidement abandonnée pour lui préférer les rapports écrits. C’est Woodrow Wilson qui a remis la pratique du discours au goût du jour en 1913. Et c’est ensuite avec l’avènement de la télévision que le discours sur l’état de l’Union a pris l’importance que nous lui connaissons aujourd’hui. Il est désormais diffusé en direct à la télévision et en streaming sur Internet. Le président ne s’adresse donc plus seulement au Congrès, mais à l’ensemble des Américains.

  • Que dit le président lors de ce discours ?

Il n’y a pas de règle précise mais le discours sur l’état de l’Union permet traditionnellement au président de faire le bilan de son action lors de l’année écoulée et d’énoncer ses priorités politiques pour l’année à venir. Il arrive également qu’il profite de ce discours pour lancer une idée nouvelle ou annoncer un projet important. Par exemple, c’est lors de son discours sur l’état de l’Union de 2002 que le président George W. Bush avait pour la première fois évoqué le fameux « axe du mal ».

Le plus long discours sur l’état de l’Union jamais prononcé est celui de Bill Clinton en 2000: 1 heure et 28 minutes. Cette année, le discours de Donald Trump a duré 1 heure et 18 minutes.

  • Qui assiste au discours sur l’état de l’Union ?

Le président s’exprime depuis une tribune située face à l’hémicycle réunissant les membres du Congrès. Le vice-président des Etats-Unis, qui est aussi président du Sénat, et le Speaker de la Chambre des Représentants sont assis juste derrière lui. Cette année, le contraste entre l’attitude de Mike Pence et celle de Nancy Pelosi était saisissant. Mike Pence, souriant, s’est levé à de nombreuses reprises pour applaudir le président. Nancy Pelosi a quant à elle passé de longues minutes à plonger le regard dans des documents posés devant elle et n’a pas pu s’empêcher de réagir avec des mimiques de consternation à certains propos du président.

Face au président, le public est composé de:

*Les membres du Congrès (députés + sénateurs), ou du moins ceux qui choisissent d’assister au discours car cela n’est en rien une obligation. Cette année, 11 élus démocrates avaient décidé de boycotter le discours de Donald Trump. Parmi eux, Alexandria Ocasio-Cortez, qui a indiqué avoir pris cette décision afin de ne pas donner de légitimité au président Trump et à sa « conduite irrespectueuse de la loi ».

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*Les juges de la Cour Suprême

*Le Cabinet du Président, c’est-à-dire tous les membres de son gouvernement, SAUF UN. Chaque année, l’un des membres du gouvernement est en effet tiré au sort pour être le designated survivor (le survivant désigné). Il doit regarder le discours du président depuis un endroit sécurisé et tenu secret. L’objectif? Pouvoir assurer la continuité du gouvernement au cas où une catastrophe se produirait au Capitole.

*La First Lady

*La presse

*Et enfin, un certain nombre d’invités. Chaque année, le président invite plusieurs personnes à assister à son discours aux côtés de la First Lady. Ces invitations sont souvent symboliques. Cette année, Donald Trump avait choisi d’inviter des citoyens symbolisant les succès de la politique de son administration. Par exemple, la veuve d’un soldat américain mort en Irak dans une attaque commanditée par le général iranien Qasem Soleimani, récemment abattu lors d’un raid américain. Le président avait également invité Ivan Simonovis, ancien chef de la police de Caracas exilé en Floride. Il a été emprisonné pendant près de quinze ans au Venezuela par les régimes d’Hugo Chavez puis de Nicolas Maduro. Enfin, Juan Guaidó était l’invité surprise de la Maison Blanche.

Chaque membre du Congrès a également le droit d’inviter quelques personnes au discours sur l’état de l’Union. Cette année, le sénateur républicain Marco Rubio avait invité une militante ouïghoure exilée aux Etats-Unis. Son homologue Rick Scott avait invité le militant pro-démocratie hongkongais Nathan Law.

  • La réponse du parti d’opposition

Depuis 1966, le parti d’opposition (celui auquel n’appartient pas le président) adresse une réponse au discours sur l’état de l’Union. Cette allocution est également diffusée à la télévision, juste après le discours du président. Cette année, le Parti Démocrate avait confié la tâche de prononcer ce discours à la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer.

LE DISCOURS DE DONALD TRUMP

Dans son discours, Donald Trump a mis en avant ce qu’il estime être les succès de son administration, notamment sur le plan économique. Son allocution ressemblait donc fortement à un plaidoyer en faveur de sa réélection au mois de novembre prochain.

  • « The State of our Union is stronger than ever before »

D’après Donald Trump, les Etats-Unis ne se sont jamais aussi bien portés. Durant toute la première partie de son discours, le président a lourdement insisté sur la bonne santé de l’économie américaine, avec de nombreux chiffres à l’appui. Plus tard, il a aussi évoqué, entre autres, le nombre record de juges conservateurs confirmés à des postes fédéraux depuis le début de son mandat, dont Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh à la Cour Suprême. Il s’est également réjoui des décès du leader de l’Etat Islamique Abou Bakr Al-Baghdadi et du général iranien Qasem Soleimani, tous deux récemment abattus par l’armée américaine.

  • Standing ovation pour Juan Guaidó

Le président Trump avait invité Juan Guaidó à assister à son discours sur l’état de l’Union. Cette invitation n’avait pas été annoncée au préalable. La présence de Guaidó était donc une surprise.

Le président Trump a demandé aux membres du Congrès de saluer « le véritable et légitime président du Venezuela ». Juan Guaidó a été longuement applaudi par les Républicains et la majorité des Démocrates.

Donald Trump a ajouté que « le socialisme détruit les nations ».

  • Remise de la Medal of Freedom à Rush Limbaugh

Durant son discours, Donald Trump a annoncé son intention de remettre la Medal of Freedom (équivalent de la Légion d’Honneur) à Rush Limbaugh, sans doute le plus célèbre des animateurs radio conservateurs. Limbaugh est aussi un personnage controversé. Il avait annoncé la veille qu’il souffrait d’un cancer du poumon.

Melania Trump a immédiatement remis la Medal of Freedom à Limbaugh, qui ne s’y attendait visiblement pas. Du jamais vu !

  • « The best is yet to come »

Donald Trump a conclu son discours par ces mots: « Le meilleur reste à venir ».

Tout au long de son intervention, le président a eu l’intelligence de s’en tenir à son prompteur et de ne jamais mentionner ni la procédure d’impeachment ni le fiasco du caucus démocrate de l’Iowa, qui s’était déroulé la veille et dont on ne connaissait toujours pas le résultat.

L’IMAGE DE LA SOIRÉE: NANCY PELOSI DÉCHIRE LE DISCOURS DE DONALD TRUMP

Avant d’entamer son discours, Donald Trump avait refusé de serrer la main tendue de Nancy Pelosi. Lorsque le président a eu fini de s’exprimer, la Speaker a déchiré la copie de son discours sous l’œil de millions de téléspectateurs.

Le geste de Nancy Pelosi a immédiatement fait le buzz et suscité de nombreuses réactions. Les Républicains ne se sont pas privés de dire que la Speaker avait fait preuve d’un manque de respect total envers le président et les institutions. Votre avis? Le nôtre est que le geste de Pelosi n’était pas très intelligent au moment où le Parti Démocrate aurait tout intérêt à donner l’image d’un parti plus sérieux et moins adepte de la politique spectacle que le Parti Républicain. Mais ce n’est bien sûr que notre avis.

LA RÉPONSE DE GRETCHEN WHITMER

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La réponse du Parti Démocrate au discours sur l’état de l’Union du président Trump était délivrée cette année par Gretchen Whitmer, gouverneure du Michigan. Dans son allocution, Whitmer a notamment insisté sur le fait que l’économie américaine ne se portait pas aussi bien que ne le laissait entendre le président. D’après elle, le fait que les principaux indicateurs économiques soient au vert et que le taux de chômage soit au plus bas n’empêche pas que les inégalités augmentent et que de nombreux Américains soient contraints d’avoir plusieurs emplois afin de parvenir à payer leurs factures.

What matters is that millions of people struggle to get by or don’t have enough money at the end of the month after paying for transportation, student loans or prescription drugs. American workers are hurting. In my own state. Our neighbors in Wisconsin. And Ohio. And Pennsylvania. All over the country. Wages have stagnated, while CEO pay has skyrocketed. So when the President says the economy is strong, my question is: strong for whom? Strong for the wealthy? Who are reaping the rewards from tax cuts they don’t need? The American economy needs to be a different kind of strong. (Ce qui importe est que des millions de personnes ont du mal à s’en sortir ou n’ont pas assez d’argent à la fin du mois après avoir payé pour leur transport, leurs prêts étudiants ou leurs prescriptions médicales. Les travailleurs américains sont en difficulté. Dans mon état. Nos voisins du Wisconsin. En Ohio. En Pennsylvanie. Partout dans le pays. Les salaires ont stagné, alors que la rémunération des grands patrons a explosé. Alors lorsque le président dit que l’économie est forte, ma question est: forte pour qui? Forte pour les riches? Qui récoltent les fruits d’une réduction des impôts dont ils n’ont pas besoin? L’économie américaine doit être forte d’une autre manière)

 

 

 

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