WEEKLY NEWS FLASH #44

Retour sur l’actualité de la semaine dernière, avec les inévitables Donald Trump, Hillary Clinton et Barack Obama, entre autres. 

LE RAPPORT DE LA SEMAINE

Le Benghazi Committee a rendu son rapport final. Cette commission d’enquête parlementaire enquêtait depuis deux ans sur les événements survenus à Benghazi le 11 septembre 2012. Ces événements ont coûté la vie à quatre ressortissants américains, dont l’ambassadeur Christopher Stevens. Hillary Clinton était Secrétaire d’Etat à l’époque des faits. En octobre dernier, elle avait témoigné durant 11 heures (!) devant les députés responsables de la commission d’enquête. Si vous le désirez, vous pouvez relire l’article que nous avions rédigé à l’époque et dans lequel nous expliquons plus largement les tenants et aboutissants de l’ « affaire Benghazi » (Hillary Clinton témoigne dans le cadre de l’affaire Benghazi).

Le rapport final publié cette semaine est un rapport de 800 pages. Trey Gowdy, le président du Benghazi Committee, a exhorté les américains à prendre le temps de le lire pour se faire leur propre opinion.

I simply ask the American people to read this report for themselves, look at the evidence we have collected, and reach their own conclusions. (Je demande simplement aux américains de lire ce rapport, de regarder les témoignages que nous avons réunis, et de parvenir à leurs propres conclusions)

En réalité, ce rapport n’apporte aucune nouvelle révélation d’envergure. Mais les critiques envers l’administration Obama et la Secrétaire d’Etat de l’époque, Hillary Clinton, persistent. Les mesures de sécurité mises en place autour du consulat de Benghazi auraient été insuffisantes et n’auraient pas été renforcées dans les semaines précédant l’attaque, malgré les requêtes répétées de l’ambassadeur Stevens. La gestion des événements au moment de l’attaque aurait aussi été calamiteuse. Le personnel américain attaqué a dû lutter seul contre les assaillants pendant de longues heures, sans qu’aucun secours ne lui parvienne.

Voici trois éléments du rapport qui nous paraissent intéressants et révélateurs.

1 – Deux membres importants du Département de la Défense étaient absents lors de la vidéo conférence organisée au moment de l’attaque pour discuter des mesures à prendre. L’un en raison d’une « urgence familiale » et l’autre parce qu’il participait à un dîner organisé pour des « dignitaires étrangers ».

2 – Des soldats américains basés en Espagne ont reçu l’ordre de se préparer à un éventuel déploiement à Benghazi. Leur mission aurait été de venir en aide au personnel américain assiégé sur place. Mais, pendant plusieurs heures, l’administration aurait débattu pour savoir s’il fallait qu’ils portent ou non leurs uniformes lors de cette intervention. La Maison Blanche, qui avait promis de ne pas envoyer de troupes au sol en Libye, ne voulait pas que les libyens voient débarquer des hommes en uniforme sur leur territoire. Mais le Département de la Défense estimait quant à lui qu’une opération sans uniformes serait plus risquée pour les soldats. D’après le rapport, toutes ces discussions auraient ralenti le déroulement des opérations. Finalement, les soldats ne recevront jamais l’ordre de se rendre à Benghazi. Ce sont des libyens qui finiront par venir en aide à leurs compatriotes.

3 – Le rapport affirme que les américains ont finalement été secourus et évacués vers l’aéroport de Benghazi par une milice d’anciens partisans du président Kadhafi, qui avait été chassé du pouvoir dix-huit mois auparavant ! Ce n’est donc pas le gouvernement libyen de transition, soutenu par les américains, qui est venu à leur secours, mais une milice avec laquelle les Etats-Unis n’avaient aucun lien. D’après un témoin cité par le rapport :

Some of the very individuals the United States had helped remove from power during the Libyan revolution were the only Libyans that came to the assistance of the United States on the night of the Benghazi attacks. (Certains des individus que les Etats-Unis avaient contribué à chasser du pouvoir pendant la révolution libyenne furent les seuls libyens à venir porter assistance aux Etats-Unis la nuit des attaques de Benghazi)

LA POLÉMIQUE DE LA SEMAINE

Bill Clinton et Loretta Lynch, la Ministre de la Justice américaine, se sont rencontrés dans un avion, sur le tarmac de l’aéroport de Phoenix. Loretta Lynch se trouvait sur place pour une rencontre avec les forces de l’ordre locales. Bill Clinton était quant à lui présent à Phoenix afin de participer à une récolte de fonds pour la campagne de son épouse. La rencontre n’aurait pas été planifiée à l’avance. Après s’être aperçu de la présence de Lynch à l’aéroport en même temps que lui, Bill Clinton serait allé spontanément discuter avec elle dans son avion pendant un peu plus d’une demi-heure.

Pourquoi cette rencontre a-t-elle créé la polémique? Parce qu’une enquête fédérale sur la gestion des e-mails d’Hillary Clinton lorsqu’elle était Secrétaire d’Etat est actuellement en cours. Elle est menée par le FBI, qui est une institution placée sous l’autorité du Ministère de la Justice. De nombreux Républicains ont donc estimé que la rencontre Clinton/Lynch était suspecte. N’avait-elle vraiment pas été planifiée? Bill Clinton n’aurait-il pas tenté de convaincre Loretta Lynch d’interférer dans l’enquête impliquant son épouse? Loretta Lynch et Bill Clinton ont évidemment démenti cette version des faits, assurant qu’ils n’avaient pas évoqué l’enquête du FBI. Ils n’auraient fait que discuter de leurs petits-enfants et de golf. Certains élus démocrates ont eux aussi critiqué Lynch. Ils ont affirmé croire à sa version des faits mais estiment qu’elle n’aurait pas dû accepter de recevoir ainsi Bill Clinton dans son avion. Elle aurait dû se douter que cela allait créer la polémique et nuire à la candidature d’Hillary Clinton à la présidence.

Donald Trump ne s’est en tout cas pas privé de jeter de l’huile sur le feu.

Traduction: Y a-t-il quelqu'un qui croit vraiment que Bill Clinton et la Ministre de la Justice n'ont fait que parler de "petits-enfants" et de golf pendant 37 minutes dans un avion sur le tarmac?
Traduction: Y a-t-il quelqu’un qui croit vraiment que Bill Clinton et la Ministre de la Justice n’ont fait que parler de « petits-enfants » et de golf pendant 37 minutes dans un avion sur le tarmac?

Enfin, signalons qu’Hillary Clinton a justement été interrogée samedi par le FBI dans le cadre de l’enquête relative à ses e-mails. L’interrogatoire a duré plus de trois heures. Le FBI devrait bientôt rendre les conclusions de son enquête. On saura alors si des poursuites sont engagées ou non contre Clinton. Cela reste peu probable.

LE SOMMET DE LA SEMAINE

Barack Obama s’est rendu au Canada cette semaine. Le sommet des leaders nord-américains, aussi surnommé Three Amigos Summit, avait lieu à Ottawa. Ce sommet réunit une fois par an le président des Etats-Unis, le président du Mexique et le premier ministre canadien. Barack Obama, Enrique Peña Nieto et Justin Trudeau y ont essentiellement discuté commerce, sécurité et changement climatique. Les trois hommes se sont engagés à ce que la moitié de l’énergie du continent nord-américain soit produite par des sources d’énergie renouvelable d’ici à 2025. Actuellement, le chiffre est de 37%. Barack Obama a aussi prononcé un discours devant le parlement canadien. Il a été fortement applaudi et certains députés canadiens ont même scandé le fameux slogan Four More Years. Enfin, parce que nous vivons à l’heure du partage sur les réseaux sociaux, comment ne pas vous montrer ce tweet de Justin Trudeau?

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LA LOI DE LA SEMAINE

Une loi bipartisane a été adoptée à une très large majorité par la Chambre des Représentants et le Sénat. Oui, cela arrive parfois. Elle a ensuite été signée par le président Obama. Cette loi baptisée Promesa (promesse en espagnol et abréviation de Puerto Rico Oversight, Management, and Economic Stability Act) a pour but de venir en aide à Puerto Rico. L’île est en effet au bord de la faillite. Le gouvernement portoricain est dans l’incapacité de rembourser sa dette colossale de 70 milliards de dollars. De très nombreux portoricains ont fui l’île ces dernières années, pour la Floride notamment. La loi Promesa ne prévoit pas une aide financière directe du gouvernement américain pour éponger la dette de Puerto Rico. De nombreux députés étaient catégoriquement opposés à un tel sauvetage, qui aurait contraint les contribuables américains à payer la dette des portoricains. Mais Promesa autorise le gouvernement portoricain à renégocier sa dette sans que ses créanciers puissent le poursuivre en justice. Promesa prévoit également la création d’un conseil fédéral de supervision dont les membres, désignés par Washington, seront chargés de mettre en place un plan de sauvetage pour résoudre la crise. Une mise sous tutelle en quelque sorte.

LA DÉCISION DE LA SEMAINE

Les personnes transsexuelles pourront désormais servir ouvertement dans l’armée américaine. C’est le Secrétaire à la Défense Ash Carter qui l’a annoncé. Une petite révolution !

L’ÉTUDE DE LA SEMAINE

Le Pew Research Center a interrogé les citoyens de seize pays du monde au sujet de leur vision de l’Amérique et de ses leaders politiques. Plus de 20,000 personnes ont été interrogées entre le 4 avril et le 29 mai. Les seize pays concernés par cette étude sont les Etats-Unis, le Canada, l’Australie, la Chine, le Japon, l’Inde, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas, la Suède, la Pologne, la Grèce et la Hongrie. Que peut-on en retenir?

1 – Barack Obama sera resté globalement populaire tout au long de sa présidence. En Europe, il a contribué à redorer considérablement l’image des Etats-Unis, écornée par George W. Bush. Sur le schéma ci-dessous, l’évolution de la cote de popularité de Bush puis d’Obama dans cinq pays européens (Allemagne, France, Royaume-Uni, Espagne et Pologne).

Source: Pew Research Center
Source: Pew Research Center

2 – En Europe (moyenne des dix pays européens concernés par l’étude), une large majorité des citoyens fait confiance à Barack Obama pour prendre les bonnes décisions en matière de gestion des affaires mondiales (77%). Une majorité de citoyens fait également confiance à Hillary Clinton en la matière, même si sa cote est moins élevée que celle d’Obama (59%). À l’inverse, seulement 9% des Européens font confiance à Donald Trump !

Source: Pew Research Center
Source: Pew Research Center

Voici le détail de la confiance accordée à Donald Trump dans chaque pays.

Source: Pew Research Center
Source: Pew Research Center

On apprend encore plein d’autres choses intéressantes dans l’étude du Pew Research Center. Par exemple, dans les pays européens, les personnes se revendiquant de droite ont une opinion plus positive des Etats-Unis que les personnes se revendiquant de gauche. Pour lire l’étude complète (5 pages, en anglais), cliquez ici.

LE COUP DE GUEULE DE LA SEMAINE

Celui de Mike Lee, sénateur républicain de l’Utah, lors d’une émission de radio. Alors que le journaliste qui l’interrogeait semblait lui reprocher de ne pas encore avoir apporté son soutien à Donald Trump*, Mike Lee s’est quelque peu énervé.

*Mike Lee soutenait Ted Cruz lors des primaires. Depuis que Donald Trump a remporté celles-ci, il ne lui a pas encore apporté son soutien. Il n’a cependant pas non plus exclu de le faire à l’avenir.

Voici ce qu’il a déclaré :

Hey look, Steve, I get it. You want me to endorse Trump. We can get into that if you want. We can get into the fact that he accused my best friend’s father of conspiring to kill JFK. We can go through the fact that he’s made statements that some have identified correctly as religiously intolerant. We can get into the fact that he’s wildly unpopular in my state, in part because my state consists of people who are members of a religious minority church. A people who were ordered exterminated by the governor of Missouri in 1838. And statements like that make them nervous. I can go on if you like. But don’t sit here and tell me, Steve, that I have no reason to be concerned about Donald Trump. (Hey écoute, Steve, je comprends. Tu veux que je soutienne Trump. Nous pouvons parler de cela si tu veux. Nous pouvons parler du fait qu’il ait accusé le père de mon meilleur ami de comploter pour assassiner JFK. Nous pouvons parler du fait qu’il ait fait des déclarations que certains ont identifiées à juste titre comme religieusement intolérantes. Nous pouvons parler du fait qu’il est extrêmement impopulaire dans mon état, en partie parce que mon état est composé de gens qui sont membres d’une église minoritaire. Des gens dont le gouverneur du Missouri a ordonné l’extermination en 1838. Et des déclarations comme celles-là les rendent nerveux. Je peux continuer si tu veux. Mais ne me dis pas, Steve, que je n’ai pas des raisons d’être inquiet à propos de Donald Trump)

Lee invoque ici deux raisons d’être inquiet à propos de Donald Trump. Premièrement, il fait référence au lien qu’avait établi Trump entre le père de Ted Cruz et l’assassinat du président Kennedy. Ensuite, Lee évoque les déclarations de Trump concernant l’Islam et les musulmans. Il rappelle que ces déclarations sont très mal vues par les mormons, qui ont eux-mêmes été persécutés au cours de leur histoire. Ce point a déjà fait l’objet de plusieurs articles dans la presse américaine. Les mormons sont majoritaires en Utah et votent habituellement très majoritairement pour le Parti Républicain. Mais lors de la primaire de l’Utah, on a pu observer que Donald Trump était très impopulaire auprès de cet électorat. Certains analystes pensent même que cette impopularité de Trump auprès des mormons pourrait permettre à Hillary Clinton de remporter l’Utah en novembre, ce qu’aucun candidat démocrate n’est parvenu à faire depuis 1964.

LE TWEET DE LA SEMAINE

Terminons par le tweet de la semaine. Il s’agit d’un tweet de Donald Trump qui a suscité l’indignation. À tel point que le candidat républicain l’a désormais supprimé. Le voici.

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L’image que contient le tweet a été retouchée à l’aide d’un logiciel de type Photoshop. L’image de base est celle de la photo de profil qu’avait affichée Hillary Clinton après avoir remporté l’investiture démocrate. On y voyait son visage accompagné du slogan History Made. Sur la photo partagée par Trump, des billets de banque ont été ajoutés en guise de fond. On aperçoit aussi la mention Most Corrupt Candidate Ever! (La candidate la plus corrompue de tous les temps!) dans une étoile rouge à six branches. C’est évidemment la présence de cette étoile qui a fait réagir bon nombre d’internautes et de journalistes. D’après eux, il s’agirait d’une étoile de David. Or, le fait d’associer la corruption et l’argent à l’étoile de David serait antisémite. Donald Trump s’est défendu en affirmant que toutes les étoiles à six branches n’étaient pas forcément des étoiles de David et que l’étoile figurant dans son tweet évoquait celle que porte les shérifs américains sur leur uniforme.

Traduction: Les médias malhonnêtes font absolument tout leur possible pour décrire une étoile dans un tweet comme l'étoile de David plutôt que comme une étoile de shérif, ou une simple étoile !
Traduction: Les médias malhonnêtes font absolument tout leur possible pour décrire une étoile dans un tweet comme l’étoile de David plutôt que comme une étoile de shérif, ou une simple étoile !

Faut-il le croire? Des journalistes ont en tout cas découvert que l’image partagée par Trump sur Twitter avait été publiée plusieurs jours auparavant sur un site web ouvertement antisémite, néo-nazi et défendant la thèse de la suprématie blanche. Le directeur de la communication de la campagne de Trump a cependant démenti avoir trouvé l’image sur ce site. Il l’aurait tout simplement empruntée à un utilisateur de Twitter qui publie régulièrement des messages anti-Clinton. Quoi qu’il en soit, le tweet a désormais été effacé du compte de Donald Trump. Il a été remplacé par un autre tweet dans lequel la fameuse étoile a été remplacée par un simple rond rouge.

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