Frappes aériennes de l’armée américaine en Syrie, remaniement au sein du Conseil à la Sécurité Nationale, rencontres entre Donald Trump et trois chefs d’état étrangers, nomination de Neil Gorsuch à la Cour Suprême, retrait de Devin Nunes de l’enquête de son comité sur la Russie, visite de George W. Bush en Afrique, accusations d’abus sexuels sur mineurs contre le maire de Seattle… Retour sur une semaine d’actualité extrêmement mouvementée.
LES ETATS-UNIS FRAPPENT UNE BASE AÉRIENNE EN SYRIE
C’est sans doute l’événement le plus important de la semaine. L’armée américaine a tiré 59 missiles Tomahawks sur une base aérienne syrienne après que le régime de Bachar el-Assad ait procédé à une nouvelle attaque chimique contre des civils.
Commençons par rappeler que le conflit syrien dure depuis plus de six ans. D’après les estimations des Nations Unies, il a fait plus de 400,000 morts. Plus de 5 millions de syriens ont fui leur pays. La grande majorité de ces réfugiés se trouvent aujourd’hui en Turquie, au Liban et en Jordanie. Sur la carte ci-dessous, on peut voir que certaines régions de Syrie sont désormais sous le contrôle du régime de Bachar el-Assad (en rouge), d’autres sous le contrôle de la rébellion (en bleu), d’autres sous contrôle kurde (en mauve) et d’autres encore sous contrôle de l’Etat Islamique (en gris).

Venons-en maintenant aux événements de la semaine.
Mardi 4 avril. Le monde découvre les images glaçantes d’une nouvelle attaque chimique perpétrée par le régime de Bachar el-Assad contre son propre peuple. Au moins 80 personnes ont été tuées dans cette attaque, dont de nombreux enfants. Plus de 500 autres personnes ont été blessées. Il s’agit de l’attaque chimique la plus importante contre des civils en Syrie depuis 2013. À l’époque, une attaque chimique survenue dans la banlieue de Damas avait tué plusieurs centaines de personnes. Elle avait déjà provoqué l’indignation de la communauté internationale.
La Maison Blanche réagit dans un communiqué officiel. L’action du président Assad est condamnée et Barack Obama est accusé d’être en partie responsable de la situation désastreuse en Syrie.
Today’s chemical attack in Syria against innocent people, including women and children, is reprehensible and cannot be ignored by the civilized world. These heinous actions by the Bashar al-Assad regime are a consequence of the past administration’s weakness and irresolution. President Obama said in 2012 that he would establish a « red line » against the use of chemical weapons and then did nothing. The United States stands with our allies across the globe to condemn this intolerable attack.
//
L’attaque chimique survenue aujourd’hui en Syrie contre des personnes innocentes, y compris des femmes et des enfants, est répréhensible et ne peut pas être ignorée par le monde civilisé. Ces actions abominables du régime de Bachar el-Assad sont la conséquence de la faiblesse et des hésitations de la précédente administration. Le Président Obama avait déclaré en 2012 qu’il ferait de l’utilisation d’armes chimiques une « ligne rouge » et il n’a ensuite rien fait. Les Etats-Unis et leurs alliés partout dans le monde condamnent cette attaque intolérable.
En 2012, Barack Obama avait en effet déclaré que les Etats-Unis interviendraient en Syrie si Bachar el-Assad franchissait la « ligne rouge », à savoir l’utilisation d’armes chimiques contre son propre peuple. Pourtant, en 2013, après qu’une telle attaque soit survenue et ait fait des centaines de morts, le président américain avait fait marche arrière, préférant finalement un accord international à une intervention armée. L’accord prévoyait que le régime syrien se sépare de tous ses stocks d’armes chimiques. La Russie s’était engagée à superviser le processus.
Depuis septembre 2014, les Etats-Unis sont impliqués militairement en Syrie. Ils font partie d’une coalition internationale qui mène des opérations contre l’Etat Islamique (essentiellement des frappes aériennes). Ces opérations ne concernent donc que l’Etat Islamique, pas le régime de Bachar el-Assad.
Mercredi 5 avril. Donald Trump reçoit le roi Abdallah II de Jordanie à la Maison Blanche. Une rencontre prévue de longue date. Après s’être entretenus en privé, les deux chefs d’état s’expriment lors d’une conférence de presse commune organisée dans l’un des jardins de la Maison Blanche. Le président américain est évidemment interrogé au sujet de l’attaque chimique survenue la veille en Syrie. Il affirme que les images de l’attaque l’ont bouleversé et déclare que le gouvernement syrien a franchi la ligne rouge, et même davantage. Il affirme également que son attitude vis-à-vis de la Syrie et de Bachar el-Assad a changé. Sans plus de précisions.
That attack on children yesterday had a big impact on me, big impact. That was a horrible, horrible thing. And I’ve been watching it and seeing it and it doesn’t get any worse than that. […] My attitude toward Syria and Assad has changed very much. (Cette attaque contre des enfants hier a eu un énorme impact sur moi, un énorme impact. C’était une chose horrible. Et j’ai regardé et j’ai vu et on ne peut pas faire pire que cela. […] Mon attitude envers la Syrie et Assad a beaucoup changé)
NB: Si Donald Trump parle de changement, c’est parce qu’il avait toujours déclaré être opposé à une intervention américaine contre le régime d’Assad. Nous y reviendrons.
Dans le même temps, lors d’une réunion d’urgence du Conseil de Sécurité des Nations Unies, Nikki Haley, l’ambassadrice des Etats-Unis au sein de cette institution, affirme que son pays pourrait décider d’intervenir militairement de manière unilatérale si le Conseil de Sécurité ne se décide pas à condamner les agissements d’Assad et à réagir. Or, la Russie occupe un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité et bloque toutes les résolutions visant à sanctionner le régime syrien.
There are times when we are compelled to do more than just talk. There are times we are compelled to take collective action. This Security Council thinks of itself as a defender of peace, security, and human rights. We will not deserve that description if we do not rise to action today. (Il y a des moments lors desquels nous devons faire plus que parler. Il y a des moments lors desquels nous devons agir collectivement. Ce Conseil de Sécurité se veut être le défenseur de la paix, de la sécurité, et des droits de l’homme. Nous ne méritons pas cette description si nous n’agissons pas aujourd’hui)
If we are not prepared to act, then this Council will keep meeting, month after month, to express outrage at the continuing use of chemical weapons, and it will not end. (Si nous ne sommes pas prêts à agir, alors ce Conseil continuera à se réunir, mois après mois, pour exprimer son indignation au sujet de l’usage d’armes chimiques, et celui-ci ne s’arrêtera pas)
When the United Nations consistently fails in its duty to act collectively, there are times in the life of states that we are compelled to take our own action. (Lorsque les Nations Unies échouent systématiquement à faire leur devoir et à agir collectivement, vient un moment où des états doivent décider d’agir par eux-mêmes)
Nikki Haley brandira aussi deux photos de victimes de l’attaque chimique de la veille en s’adressant à l’ambassadeur russe.
How many more children have to die before Russia cares? (Combien d’autres enfants doivent mourir pour que la Russie y accorde de l’importance?)
L’image fera la Une du Wall Street Journal le lendemain.
Il faut ici préciser que le régime syrien nie être responsable de toute attaque chimique. L’ambassadeur syrien à l’ONU affirmera que le gouvernement syrien s’est débarrassé de toutes ses armes chimiques en 2013 et que ce sont des « groupes terroristes » qui sont responsables. Une explication peu convaincante puisque l’attaque a touché un secteur contrôlé par les opposants au régime et que l’aviation syrienne a bombardé le secteur peu après l’attaque chimique, tuant notamment des secouristes venus aider les victimes.
Enfin, du côté du Congrès américain, les réactions se multiplient également. Plusieurs députés et sénateurs appellent Donald Trump à ne pas commettre les mêmes erreurs que Barack Obama et à montrer à Bachar el-Assad que les Etats-Unis ne le laisseront plus commettre des crimes contre l’humanité en toute impunité. Lors d’une conférence de presse, Marco Rubio dénonce les crimes d’Assad et explique pourquoi il pense qu’il faut lutter à la fois contre l’Etat Islamique et le régime syrien. D’après lui, on ne pourra jamais vaincre l’Etat Islamique si Assad reste au pouvoir et continue de massacrer son peuple. De nombreux syriens continueront de rejoindre les rangs de l’organisation terroriste ou d’autres groupes djihadistes qui promettent de lutter contre le président syrien.
Jeudi 6 avril. Donald Trump quitte Washington pour la Floride. Il doit recevoir le président chinois Xi Jinping au Mar-a-Lago pour un dîner d’état. À bord d’Air Force One, il répète devant les journalistes que ce qu’il s’est passé en Syrie est « une honte pour l’humanité ». Lorsqu’on lui demande s’il faut sanctionner Bachar el-Assad, il prononce ces propos énigmatiques:
He’s there and I guess he’s running things, so something should happen. (Il est là et je suppose qu’il dirige les choses, donc quelque chose devrait se produire)
Personne ne sait encore que le président américain s’apprête à autoriser une frappe aérienne quelques heures plus tard. C’est pourtant bien ce qu’il va se passer. Suite au feu vert de Donald Trump, 59 missiles de type Tomahawk sont tirés depuis deux navires américains basés en Méditerranée. Ils visent tous la même base aérienne syrienne, depuis laquelle le gouvernement syrien a lancé l’attaque chimique survenue deux jours plus tôt. L’attaque américaine fait six morts et détruit une partie des infrastructures de la base, ce qui était le but principal de l’opération. Il s’agit de la première action militaire menée par les Etats-Unis contre le régime de Bachar el-Assad depuis le début de la guerre civile syrienne.
Dans un communiqué, le Pentagone affirme que le but des frappes était d’empêcher que l’aviation syrienne puisse mener de nouvelles attaques chimiques à partir de la base aérienne visée. Le Pentagone précise également que l’armée russe avait été prévenue de l’imminence des frappes.
Après avoir dîné avec Xi Jinping comme prévu, Donald Trump et plusieurs de ses conseillers et membres de son Cabinet se réunissent dans une pièce sécurisée du Mar-a-Lago pour un briefing. Une photo sera publiée le lendemain par la Maison Blanche.
Le cliché rappelle évidemment celui pris dans la Situation Room de la Maison Blanche lorsque Barack Obama et son équipe suivaient le déroulement du raid ayant mené à l’exécution d’Oussama Ben Laden.
Revenons un instant sur la photo de Trump et de son équipe. Qui entourait le président lors de ce moment crucial?
A. Joe Hagin, adjoint du chef de cabinet de la Maison Blanche / B. Jared Kushner, beau-fils et conseiller du président / C. Steven Mnuchin, Secrétaire au Trésor / D. Wilbur Ross, Secrétaire au Commerce / E. Sean Spicer, porte-parole de la Maison Blanche / F. Donald Trump / G. Rex Tillerson, Secrétaire d’Etat / H. Steve Bannon, conseiller du président et chef de la stratégie de la Maison Blanche / I. Stephen Miller, conseiller politique du président / J. Michael Anton, assistant du président / K. Dina Powell, adjointe du conseiller à la sécurité nationale / L. Gary Cohn, directeur du Conseil Économique National / M. H.R. McMaster, conseiller à la sécurité nationale / N. Reince Priebus, chef de cabinet de la Maison Blanche
Mike Pence, vice-président des Etats-Unis, James Mattis, Secrétaire à la Défense, ainsi que le général Dunford, président du comité des chefs d’état-major interarmées, assistaient également au briefing via visioconférence, depuis Washington.
Peu après cette réunion, Donald Trump s’adresse à la nation. Son discours ne dure que trois minutes. En voici la retranscription exacte.
My fellow Americans,
On Tuesday, Syrian dictator Bashar al-Assad launched a horrible chemical weapons attack on innocent civilians. Using a deadly nerve agent, Assad choked out the lives of helpless men, women and children. It was a slow and brutal death for so many. Even beautiful babies were cruelly murdered in this very barbaric attack. No child of God should ever suffer such horror.
Tonight, I ordered a targeted military strike on the airfield in Syria from where the chemical attack was launched. It is in the vital national security interest of the United States to prevent and deter the spread and use of deadly chemical weapons. There can be no dispute that Syria used banned chemical weapons, violated its obligations under the Chemical Weapons Convention and ignored the urging of the UN Security Council.
Years of previous attempts at changing Assad’s behavior have all failed and failed very dramatically. As a result, the refugee crisis continues to deepen and the region continues to destabilize, threatening the United States and its allies.
Tonight, I call on all civilized nations to join us in seeking to end the slaughter and bloodshed in Syria and also to end terrorism of all kinds and all types. We ask for God’s wisdom as we face the challenge of our very troubled world. We pray for the lives of the wounded and for the souls of those who have passed. And we hope that as long as America stands for justice, that peace and harmony will in the end prevail.
Goodnight and God bless America and the entire world. Thank you.
//
Mes chers compatriotes,
Mardi, le dictateur syrien Bachar el-Assad a lancé une horrible attaque chimique contre des civils innocents. En utilisant un agent neurotoxique mortel, Assad a ôté la vie à des hommes, des femmes et des enfants sans défense. Ce fut une mort lente et cruelle pour beaucoup d’entre eux. Même de beaux bébés ont été cruellement assassinés dans cette attaque barbare. Aucun enfant de Dieu ne devrait subir une telle horreur.
Ce soir, j’ai ordonné une frappe aérienne ciblée sur une base aérienne en Syrie depuis laquelle l’attaque chimique a été lancée. Il est dans l’intérêt vital de la sécurité nationale des Etats-Unis d’empêcher et de décourager la prolifération et l’usage d’armes chimiques. Il ne fait aucun doute que la Syrie a utilisé des armes chimiques interdites, a violé ses obligations relatives à la Convention sur les Armes Chimiques et a ignoré les injonctions du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Des années d’efforts pour changer le comportement d’Assad ont dramatiquement échoué. Par conséquent, la crise des réfugiés continue de s’aggraver et la région continue de se déstabiliser, menaçant les Etats-Unis et ses alliés.
Ce soir, j’appelle toutes les nations civilisées à nous rejoindre pour mettre fin au massacre et au bain de sang en Syrie et aussi pour mettre fin au terrorisme sous toutes ses formes. Nous demandons l’aide de Dieu alors que nous faisons face au défi de notre monde très perturbé. Nous prions pour les vies des blessés et les âmes de ceux qui ont péri. Et nous espérons que tant que l’Amérique défendra la justice, la paix et l’harmonie finiront par prévaloir.
Bonne nuit et que Dieu bénisse l’Amérique et le monde entier. Merci.
Notez la référence au monde entier, assez inhabituelle dans ce genre de situations.
Vendredi 7 avril. Les réactions internationales aux frappes américaines se multiplient. Les dirigeants de très nombreux pays saluent la décision de Donald Trump. Ce n’est pas le cas de la Russie. Le Kremlin parle d’une « agression contre un état souverain ».

À New York, le Conseil de Sécurité des Nations Unies se réunit une nouvelle fois en urgence. Peu avant le début de la réunion, Nikki Haley publie un communiqué affirmant que la Bolivie (qui prendra position contre l’intervention américaine) a demandé à ce que celle-ci ait lieu à huis clos. Les Etats-Unis ont refusé car « ceux qui défendent les atrocités du régime syrien doivent le faire en public ».

Au cours de la réunion, Nikki Haley fait savoir que les Etats-Unis sont prêts à frapper de nouveau en Syrie si nécessaire, mais espèrent que ce ne sera pas le cas.
The United States took a very measured step last night. We are prepared to do more. But we hope that will not be necessary. (Les Etats-Unis ont mené une action très modérée la nuit dernière. Nous sommes prêts à faire plus. Mais nous espérons que ce ne sera pas nécessaire)
Haley s’en prend aussi à la Russie qui nie toujours que le régime d’Assad ait procédé à des attaques chimiques contre des civils.
Every time Assad has crossed the line of human decency, Russia has stood beside him. (Chaque fois qu’Assad a franchi la limite de la décence humaine, la Russie l’a soutenu)
De son côté, l’ambassadeur russe accuse les Etats-Unis d’avoir agressé un état souverain alors qu’aucune enquête internationale n’a démontré que le régime syrien était bien responsable de l’attaque chimique. Il s’adressera aussi violemment à l’ambassadeur du Royaume-Uni après que celui-ci ait apporté son soutien aux Etats-Unis. Il l’accusera notamment d’ « hypocrisie coloniale ».
L’ambassadeur de Bolivie se joindra à l’ambassadeur russe dans sa critique acerbe des Etats-Unis, accusant ceux-ci de vouloir jouer le rôle « du procureur, du juge et du juré » en Syrie. Il utilisera même une photo de l’ancien Secrétaire d’Etat américain Colin Powell brandissant les soi-disant preuves de la présence d’armes de destruction massive en Irak devant le Conseil de Sécurité de l’ONU en 2003.
Du côté du Congrès américain, les réactions sont globalement positives. La décision de Donald Trump d’avoir autorisé les frappes est saluée par l’immense majorité des Républicains et par plusieurs Démocrates. Par exemple, Bill Nelson, sénateur démocrate de Floride.

Dans un communiqué, Paul Ryan parle d’une action « appropriée et juste ».
These tactical strikes make clear that the Assad regime can no longer count on American inaction as it carries out atrocities against the Syrian people. (Ces frappes stratégiques montrent que le régime d’Assad ne pourra plus compter sur l’inaction de l’Amérique lorsqu’il commettra des atrocités contre le peuple syrien)
La plupart des élus républicains se réjouissent que la page Obama soit tournée. D’après eux, cette frappe est un signal fort au président Assad et au monde entier. Les Etats-Unis sont de retour. Ils ne laisseront pas des dirigeants commettre des crimes contre l’humanité en toute impunité. D’après le député Michael McCaul, la frappe américaine est « un signal au monde que les jours des menaces vaines sont dépassés et que, sous cette administration, la crédibilité de l’Amérique sera rétablie ».
Plusieurs députés et sénateurs estiment toutefois que Donald Trump aurait dû obtenir l’aval du Congrès avant d’autoriser les frappes et/ou qu’il devra absolument consulter le Congrès s’il veut lancer une opération militaire de plus grande envergure. C’est notamment l’argument avancé par le sénateur démocrate Tim Kaine, qui était aussi le colistier d’Hillary Clinton l’an dernier.

Tim Kaine a-t-il raison? Il n’est en réalité pas si simple de répondre à cette question. Il est vrai que la Constitution américaine prévoit que seul le Congrès a le pouvoir de déclarer la guerre. Mais le terme « guerre » n’est pas clairement défini, ce qui laisse de la place à des interprétations diverses du texte. Une frappe aérienne ciblée n’impliquant pas le déploiement de troupes au sol revient-elle à déclarer la guerre? Même les juristes n’ont toujours pas clairement tranché la question. Ce qui explique que depuis la Seconde Guerre Mondiale, les présidents américains se soient régulièrement permis d’intervenir militairement à l’étranger sans passer par le Congrès. Ils se sont souvent justifiés en affirmant que la décision de lancer certaines attaques ciblées doit parfois être prise dans l’urgence pour défendre les intérêts de la nation. Or, un débat suivi d’un vote au Congrès peut prendre des jours, voire des semaines. Pour sauvegarder quelque peu ses pouvoirs, le Congrès a adopté la War Powers Resolution en 1973. En vertu de cette loi, le président a l’obligation d’avertir le Congrès dans un délai de 48 heures après avoir décidé de lancer une opération militaire. C’est pourquoi Donald Trump a transmis la lettre suivante au Congrès samedi.
La War Powers Resolution interdit aussi que toute opération militaire décidée par le président sans l’aval du Congrès ne dure plus de 60 jours.
Enfin, quelques députés et sénateurs ont regretté la décision de Donald Trump. Côté républicain, c’est le cas de Rand Paul, dont on connaît les positions très isolationnistes.

C’est aussi le cas de Bernie Sanders, qui a déclaré:
I’m deeply concerned that these strikes could lead to the United States once again being dragged back into the quagmire of long-term military engagement in the Middle East. If the last 15 years have shown anything, it’s that such engagements are disastrous for American security, for the American economy and for the American people. (Je suis très inquiet à l’idée que ces frappes puissent mener les Etats-Unis à être une fois de plus entraînés dans le bourbier d’un engagement militaire à long terme au Moyen-Orient. Si les 15 dernières années ont démontré une chose, c’est que de tels engagements sont désastreux pour la sécurité américaine, l’économie américaine et le peuple américain)
Le virage à 180° de Donald Trump. Que l’on soit favorable ou non aux frappes américaines ordonnées par Donald Trump, force est de constater que ce dernier a effectué un virage à 180° sur la question syrienne. Ce qui semble indiquer qu’il reste un président très imprévisible n’ayant pas de doctrine bien établie en matière de politique étrangère.
Lors de sa campagne électorale et même auparavant, Donald Trump s’était toujours déclaré opposé à toute intervention américaine contre le régime de Bachar el-Assad.
En 2013, lorsque Barack Obama avait évoqué la possibilité d’une intervention armée suite à la première attaque chimique perpétrée par le gouvernement syrien (avant de finalement y renoncer), Donald Trump s’était adressé au président sur Twitter à plusieurs reprises pour l’inciter à NE PAS intervenir.

L’année dernière, durant la campagne électorale, Donald Trump a toujours dit qu’il n’avait pas l’intention d’intervenir contre le régime d’Assad. Il défendait l’idée selon laquelle la priorité des Etats-Unis devait être de combattre l’Etat Islamique, et uniquement l’Etat Islamique, qui, contrairement au gouvernement syrien, menace directement leur sécurité. Il a même évoqué à plusieurs reprises l’idée de collaborer avec la Russie pour combattre l’organisation terroriste. Le 9 octobre 2016, Donald Trump déclarait ceci:
I don’t like Assad at all, but Assad is killing ISIS. (Je n’aime pas du tout Assad, mais Assad combat l’Etat Islamique)
Alors pourquoi Donald Trump a-t-il subitement changé d’avis et autorisé une action militaire contre le régime syrien? Il déclare avoir été bouleversé par les images des enfants victimes de l’attaque chimique survenue cette semaine. C’est possible mais d’autres attaques chimiques avaient déjà été perpétrées par le passé. Donald Trump n’avait-il vraiment pas vu les images des victimes de l’attaque de 2013? Ou s’est-il laissé convaincre de la nécessité d’une intervention par son nouveau conseiller à la sécurité nationale, H.R. McMaster? Les mauvaises langues suggéreront aussi que cette frappe était un bon moyen de faire taire ceux qui prétendent qu’il est trop proche de la Russie de Vladimir Poutine.
En tout cas, en retournant sa veste, Donald Trump a reçu les compliments de nombreuses personnes ayant plutôt l’habitude de le critiquer et a déçu bon nombre de ses supporters les plus fervents. Plusieurs figures importantes de ce que l’on nomme désormais la alt-right ont fait part de leur déception, affirmant que Donald Trump avait déjà trahi le mouvement nationaliste pour rejoindre les rangs des « globalistes ». La commentatrice Ann Coulter a par exemple déclaré:
Those who wanted us meddling in the Middle East voted for other candidates. (Ceux qui voulaient que nous intervenions au Moyen-Orient ont voté pour d’autres candidats)
Sur ce point, on ne peut pas vraiment lui donner tort. À l’étranger, Nigel Farage et Marine Le Pen se sont également déclarés très surpris par la décision de Donald Trump.
Dimanche 9 avril. Nikki Haley et Rex Tillerson sont les principaux invités des talk-shows politiques du dimanche. Et, trois jours après les frappes américaines, ils ne semblent pas tout à fait sur la même longueur d’ondes.
Le Secrétaire d’Etat américain – qui, notons-le au passage, a semble-t-il enfin décidé de s’exprimer davantage dans les médias – affirme que la priorité de l’administration Trump reste la lutte contre l’Etat Islamique et non la stabilisation de la Syrie.
It’s important that we keep our priorities straight. And we believe that the first priority is the defeat of ISIS. (Il est important de rester cohérents quant à nos priorités. Et nous croyons que la priorité est de vaincre l’Etat Islamique)
Autrement dit, d’après Tillerson, les Etats-Unis ont lancé un avertissement à Assad pour lui faire comprendre qu’il ne devait plus utiliser d’armes chimiques. La frappe de jeudi a aussi permis de détruire des installations qui auraient pu servir à de nouvelles attaques de ce type. Mais le plan global de l’administration n’a pas changé. Il faut d’abord vaincre l’Etat Islamique. Ce n’est qu’ensuite que l’on pourra envisager de discuter sérieusement de l’avenir de la Syrie. Il s’agira alors d’inciter les différentes parties à la discussion afin de trouver une solution politique mettant fin à la guerre civile. Tillerson a semblé suggérer que Bachar el-Assad pourrait être invité à la table des négociations. Il n’a en tout cas pas déclaré qu’il serait impératif qu’il quitte le pouvoir.
De son côté, Nikki Haley affirme au même moment qu’il faut combattre l’Etat Islamique et le régime d’Assad. Elle déclare que le départ d’Assad est « inévitable » et qu’il ne pourra jamais y avoir de solution politique au conflit syrien s’il reste au pouvoir. Une position qui n’est pas sans rappeler celle défendue par le sénateur Marco Rubio plus tôt dans la semaine. Rubio, lui aussi invité d’une émission politique, réitère une nouvelle fois ce point de vue.
There is no such thing as « Assad, yes, but ISIS, no ». This focus that you can defeat ISIS as long as Assad is there is not true. They’re two sides of the same coin. (Il n’y a pas de solution de type « Assad, oui, mais l’Etat Islamique, non ». Cette idée que l’on peut vaincre l’Etat Islamique tant que Assad est là est fausse. Ils constituent les deux facettes d’un même problème)
I hope they’ll reconsider this idea that we’re going to get rid of ISIS and then we’ll hopefully use Assad and others to come up with a solution. It’s not going to work. (J’espère qu’ils vont revoir cette idée selon laquelle nous allons d’abord nous débarrasser de l’Etat Islamique et ensuite, avec un peu de chance, convaincre Assad et les autres de parvenir à une solution. Cela ne fonctionnera pas)
Quelle est la position de Donald Trump dans ce débat? Partage-t-il plutôt la vision de son Secrétaire d’Etat ou celle de son ambassadrice aux Nations Unies? Mystère.
📌 À suivre dans les prochains jours. Mercredi, Rex Tillerson sera à Moscou. Il y rencontrera son homologue russe, Sergey Lavrov. Il a affirmé qu’il avait l’intention de rappeler à la Russie ses obligations, à savoir s’assurer que le régime syrien ne dispose plus d’armes chimiques.
La polémique Tulsi Gabbard. Terminons ce large chapitre consacré à la Syrie en mentionnant le cas de la députée démocrate Tulsi Gabbard, qui commence à en agacer plus d’un au sein de son propre parti. Nous vous avions parlé du voyage secret très controversé de Gabbard en Syrie au début de l’année. Elle était partie durant plusieurs jours sans avertir personne. À son retour, elle avait affirmé avoir rencontré Bachar el-Assad. Depuis lors, elle défend l’idée selon laquelle ce dernier est toujours le président légitime de la Syrie, soutenu par une partie de sa population. Elle estime qu’il ne sera pas possible de ramener la paix en Syrie sans inclure le président Assad dans les négociations. Cette semaine, elle a critiqué les frappes autorisées par Donald Trump. Et elle a surtout déclaré qu’elle ne pensait pas que le régime d’Assad soit responsable de l’attaque chimique les ayant provoquées. Ces propos complaisants à l’égard du régime syrien ont soulevé de nombreuses critiques. Le président du Center for American Progress, un think tank proche du Parti Démocrate, a ainsi ouvertement appelé les électeurs du district de Tulsi Gabbard à Hawaï à ne pas la réélire en 2018. Howard Dean, ex-gouverneur du Vermont et ex-président du Parti Démocrate, a également réagi sur Twitter.

LE COMMUNIQUÉ DE LA SEMAINE
Il n’y a pas que la Syrie. La Maison Blanche est également confrontée aux provocations de la Corée du Nord. Le régime de Pyongyang a procédé à un nouvel essai nucléaire et à plusieurs tirs de missiles balistiques ces dernières semaines. Voici le communiqué publié par Rex Tillerson suite au plus récent de ces tirs.

Une réaction plutôt inhabituelle et très floue. Quelle sera la politique de l’administration Trump vis-à-vis du régime de Kim Jong-Un? Tout ce que l’on sait pour l’instant est que Rex Tillerson a affirmé que la politique menée par Washington depuis des années avait échoué et que « toutes les options sont sur la table ».
LE REMANIEMENT DE LA SEMAINE
Quelques jours avant que Donald Trump ne décide d’autoriser des frappes contre une base aérienne syrienne, on avait appris que le très controversé Steve Bannon ne siégerait désormais plus au Conseil à la Sécurité Nationale, habituellement composé d’experts en matière de relations internationales et de militaires. L’inclusion de Bannon, un conseiller politique très partisan, au sein de ce conseil avait suscité de nombreuses critiques. Si Bannon perd son siège au sein du Conseil, il reste toutefois en poste à la Maison Blanche, en tant que conseiller de Donald Trump et chef de la stratégie.
L’éviction de Bannon du Conseil à la Sécurité Nationale semble indiquer que son influence tend à diminuer au sein de la Maison Blanche. Il se serait d’ailleurs opposé en vain aux frappes en Syrie. Des rumeurs dans la presse font désormais état de tensions grandissantes entre Bannon et Jared Kushner, partisan d’une politique moins nationaliste.
D’autre part, KT McFarland, l’une des adjointes du conseiller à la sécurité nationale H.R. McMaster, devrait également quitter ses fonctions prochainement. C’est Michael Flynn qui l’avait choisie pour adjointe. Après sa démission, elle est restée en poste mais H.R. McMaster semble vouloir l’écarter et s’entourer de sa propre équipe. McFarland a accepté la proposition de Donald Trump d’être nommée au poste d’ambassadrice des Etats-Unis à Singapour. Sa nomination devra évidemment être confirmée par le Sénat. Après le départ de McFarland, le rôle de Dina Powell, autre adjointe de McMaster entrée récemment en fonctions, devrait s’accroître. Powell est d’ailleurs la seule femme présente sur la fameuse photo prise au Mar-a-Lago dont nous vous avons parlé ci-dessus. McFarland n’était pas présente.
LES RENCONTRES DIPLOMATIQUES DE LA SEMAINE
Donald Trump a aussi rencontré trois chefs d’état étrangers cette semaine ! Toutes ces rencontres étaient prévues de longue date.
- Abdel Fattah al-Sissi, président de l’Egypte
Lundi, Donald Trump recevait le président égyptien à la Maison Blanche. Cela faisait sept ans qu’un dirigeant égyptien ne s’était plus rendu en visite à Washington. Les Etats-Unis et l’Egypte ont pourtant une relation très étroite depuis des décennies. Le gouvernement américain consacre un budget important à l’aide militaire à l’Egypte. Environ 1,3 milliards de dollars chaque année ! Sissi aura sans doute tenté de convaincre Donald Trump de ne pas revoir ce budget à la baisse. Lors d’une conférence de presse commune, les deux hommes ont fait part de leur volonté d’assurer un partenariat stable et fort entre leurs deux pays et de lutter ensemble contre le terrorisme. La question du respect des droits de l’homme en Egypte n’a en revanche été que peu abordée.
- Abdallah II, roi de Jordanie
Mercredi, Donald Trump recevait le roi Abdallah II de Jordanie et son épouse à la Maison Blanche. Pendant que leurs maris s’entretenaient en privé, Melania Trump et la reine Rania visitaient une école.
Lors de leur conférence de presse commune, Donald Trump et Abdallah II ont avant tout été interrogés au sujet de l’attaque chimique survenue la veille en Syrie. C’est lors de cette conférence de presse que Donald Trump a affirmé que son attitude vis-à-vis de la Syrie et d’Assad avait changé.
Les deux chefs d’état se sont aussi engagés à poursuivre leur lutte commune contre le terrorisme, et plus particulièrement l’Etat Islamique. La Jordanie fait partie de la coalition internationale qui bombarde régulièrement les positions de Daech en Syrie et en Irak. Les services de renseignement jordaniens partagent également leurs informations avec la CIA. Abdallah II a déclaré que la lutte contre le terrorisme n’avait « ni frontières, ni nationalité, ni religion ». Il a également apporté le soutien complet de son pays aux Etats-Unis dans cette lutte.
We will support you in all of your policies. (Nous vous soutiendrons dans toutes vos politiques)
Un allié dévoué et fiable.
Donald Trump a aussi promis qu’il augmenterait le montant de l’aide allouée à la Jordanie pour lui permettre de gérer l’accueil des réfugiés syriens sur son sol. La Jordanie a déjà accueilli plus de 700,000 réfugiés syriens. Suite à leur arrivée, la population du pays a augmenté de 20% ! La situation est très difficile à gérer pour le gouvernement jordanien. Le pays a notamment des réserves d’eau potable limitées.
- Xi Jinping, président de la Chine
Jeudi et vendredi, Donald Trump accueillait le président chinois Xi Jinping au Mar-a-Lago, en Floride. Il s’agissait de la première rencontre officielle entre les deux hommes. Ce sommet était très attendu mais a finalement été quelque peu éclipsé par l’actualité syrienne. Donald Trump et Xi Jinping n’ont pas répondu aux questions de la presse. Aucune conférence de presse commune n’a été organisée. Les discussions ont permis d’établir un premier contact entre les deux chefs d’état mais aucun accord sur les sujets majeurs (essentiellement, les relations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis et la question nord-coréenne) n’a été trouvé.
LA MISE EN RETRAIT DE LA SEMAINE
Le député républicain Devin Nunes a décidé de se retirer de l’enquête menée par le comité du renseignement de la Chambre des Représentants sur la Russie et ses interventions lors de la campagne électorale de 2016. Nunes est pourtant le président de ce comité. Il a décidé de laisser l’un de ses collègues reprendre les rênes de l’enquête après que le comité d’éthique de la Chambre ait annoncé qu’il allait enquêter sur une possible mauvaise gestion d’informations classifiées de sa part. Nunes avait été très critiqué par ses collègues démocrates lorsqu’ils avaient découvert qu’il s’était rendu à la Maison Blanche pour y consulter des documents confidentiels sans les avertir au préalable. Nunes nie bien sûr avoir enfreint les règles d’éthique. Il attribue même les plaintes déposées à son encontre auprès du comité d’éthique à des « activistes de gauche ». Il a toutefois estimé qu’il était préférable qu’il se retire de l’enquête pour permettre au comité de poursuivre celle-ci en toute sérénité. Nunes reste président du comité et continuera à être impliqué dans ses autres activités.
LA CONFIRMATION DE LA SEMAINE
Autre très gros dossier de la semaine: la nomination de Neil Gorsuch à la Cour Suprême. Elle a été confirmée par le Sénat (54-45). Gorsuch a ensuite prêté serment lors d’une petite cérémonie organisée à la Maison Blanche, en présence de Donald Trump et des huit autres juges de la Cour Suprême.
La confirmation de Gorsuch par le Sénat n’a été possible qu’au prix d’un changement des règles de fonctionnement de l’assemblée. Les Républicains ont choisi de déclencher l’ « option nucléaire » pour empêcher les Démocrates de bloquer la nomination du juge. Rassurez-vous, il ne s’agit évidemment que d’une métaphore. Explications à l’aide de ce schéma bien utile du Washington Post.
Tout d’abord, rappelons que les juges de la Cour Suprême sont choisis par le président des Etats-Unis. Leur nomination doit ensuite être confirmée par le Sénat, comme les nominations des ministres, ambassadeurs, etc. Mais, contrairement à ces derniers, les juges de la Cour Suprême sont nommés à vie.
Donald Trump a nommé Neil Gorsuch pour remplacer le juge Antonin Scalia, décédé l’an dernier. Gorsuch a d’abord été auditionné pendant quatre jours par les sénateurs membres du Senate Judiciary Committee. Nous vous en avions parlé. Ensuite, c’était au tour du Sénat dans son ensemble de se prononcer et de confirmer ou non sa nomination. C’est ce processus qui avait lieu cette semaine.
Le parti d’opposition peut décider de bloquer la nomination du juge désigné par le président à l’aide d’un filibuster. La plupart du temps, ce n’est pas le cas. Un vote à la majorité simple est alors organisé. Cela signifie que 51 sénateurs sur 100 doivent voter en faveur de la nomination du juge pour que celle-ci soit confirmée.
Si le parti d’opposition décide d’organiser un filibuster pour bloquer la nomination du juge, les choses se compliquent. Les Démocrates avaient ici fait ce choix. Ils s’opposaient fermement à la nomination de Gorsuch, jugé bien trop conservateur. Ils craignent notamment que sa présence à la Cour Suprême menace le droit à l’avortement.
(Notons que selon un sondage Morning Consult/Politico, 44% des américains souhaitaient que le Sénat confirme la nomination de Gorsuch. 23% seulement s’y opposaient. Même parmi les américains se disant Démocrates, 39% seulement déclaraient ne pas vouloir que le Sénat confirme la nomination de Gorsuch)
Pour mettre fin à un filibuster mené par l’opposition, il faut que 60 sénateurs sur 100 votent en faveur de la clôture du débat (vote for cloture). Problème? Dans le cas présent, les Républicains ne disposaient pas d’une telle majorité. Ils n’occupent que 52 sièges au Sénat, contre 48 pour les Démocrates. Et trois Démocrates seulement avaient déclaré être prêts à les rejoindre pour exiger la clôture du débat. Insuffisant.
Il ne restait donc qu’une seule option aux Républicains pour empêcher la nomination de Gorsuch d’échouer: l’option nucléaire (nuclear option). Il s’agit de modifier définitivement le règlement du Sénat. Le parti majoritaire au sein de l’assemblée peut en effet proposer que le règlement de celle-ci soit modifié. Il suffit pour cela d’un vote à la majorité simple. Les Républicains ont donc voté en faveur d’une modification du règlement. Ils ont modifié la règle prévoyant que la clôture des débats nécessite 60 voix, pour la faire passer à un vote à la majorité simple. Après cette modification, ils ont pu mettre fin au filibuster démocrate. Le vote concernant la confirmation de Gorsuch a ensuite pu être organisé (54-45). Trois sénateurs démocrates ont voté en faveur de la nomination de Gorsuch: Joe Manchin, Heidi Heitkamp et Joe Donnelly.
⚠️ En 2013, les Démocrates, qui étaient alors majoritaires au Sénat, avaient déjà utilisé la nuclear option de la même façon pour empêcher les Républicains de bloquer systématiquement les nominations effectuées par Barack Obama. Ils avaient modifié les règles relatives aux nominations des membres du Cabinet et des juges, sauf les juges à la Cour Suprême.
Désormais, seul le filibuster législatif est encore d’actualité au Sénat. Il s’agit du filibuster utilisé pour s’opposer à des propositions de loi et retarder leur adoption. Nous y avons déjà consacré un mode d’emploi sur ce blog (ici).
#SAVETHEFILIBUSTER
La pratique si unique du filibuster législatif au Sénat américain (ndlr: la pratique n’existe pas à la Chambre des Représentants) est-elle également en danger? Les sénateurs pourraient-ils décider de s’en débarrasser? Certains le craignent. Cela ne semble pourtant pas encore tout à fait d’actualité. À l’initiative de Susan Collins, sénatrice républicaine du Maine, et de Chris Coons, sénateur démocrate du Delaware, 61 sénateurs ont en effet signé une lettre bipartisane adressée à leurs leaders pour dire tout leur attachement à cette pratique. La copie de la lettre est à consulter ici.
Parmi les sénateurs ayant refusé de signer la lettre, notons la présence de Ted Cruz et Rand Paul. Assez remarquable lorsque l’on sait qu’ils ont eux-mêmes utilisé la pratique du filibuster pour faire parler d’eux et devenir ainsi des sénateurs en vue. Bernie Sanders a également refusé de signer la lettre.
LE DON DE LA SEMAINE
Donald Trump avait affirmé qu’il reverserait l’entièreté de son salaire de président des Etats-Unis ($400,000 par an) à des associations. Cette semaine, il a décidé de reverser le salaire qu’il a déjà touché depuis son investiture au National Park Service. Un chèque de $78,333.
Ryan Zinke, le Secrétaire à l’Intérieur, qui supervise le National Park Service et a récupéré le chèque du président, a annoncé que cet argent serait consacré à l’entretien et à la rénovation des infrastructures de 25 sites historiques où de célèbres batailles ont eu lieu. Gettysburg, par exemple.
LA DÉCLARATION DE LA SEMAINE
I would say not to conflate lack of public denouncement with silence. I think there are multiple ways to have your voice heard. In some cases, it’s through protest and it’s through going on the nightly news and talking about or denouncing every issue on which you disagree with. Other times, it is quietly and directly and candidly. So where I disagree with my father, he knows it. And I express myself with total candor. (Je dirais qu’il ne faut pas confondre le manque de dénonciation publique et le silence. Je pense qu’il y a différentes manières de faire entendre sa voix. Dans certains cas, c’est en participant à des manifestations et en allant sur les plateaux de télévision et en dénonçant tout ce avec quoi vous n’êtes pas d’accord. D’autres fois, c’est en agissant plus discrètement, directement et franchement. Quand je ne suis pas d’accord avec mon père, il le sait. Et je m’exprime en toute franchise)
Ivanka Trump lors d’une interview accordée à CBS News.
L’ANALYSE DE LA SEMAINE
L’Independent Journal Review a analysé les publications Twitter et Facebook de Donald Trump et de plusieurs de ses proches conseillers à la Maison Blanche, afin de savoir quels étaient les sujets qu’ils abordaient le plus souvent sur les réseaux sociaux. Autrement dit, les sujets sur lesquels ils semblent vouloir attirer l’attention du peuple américain. IJR a pris en considération les messages publiés sur Twitter et Facebook entre le 20 janvier, date de l’investiture de Donald Trump, et le 31 mars par:
- Donald Trump
- Mike Pence, vice-président
- Karen Pence, épouse de Mike Pence
- Sean Spicer, porte-parole de la Maison Blanche
- Kellyanne Conway, conseillère du président
- Dan Scavino, directeur des médias sociaux de la Maison Blanche
- Ivanka Trump, fille et assistante du président
- Omarosa Manigault, assistante du président
Les publications de Melania Trump n’ont pas été prises en compte car la First Lady est très peu active sur les réseaux sociaux et n’y parle jamais de politique. Steve Bannon et Jared Kushner ne sont pas non plus actifs sur les réseaux sociaux. IJR indique également ne pas avoir tenu compte des publications des fils de Donald Trump, pourtant très actifs sur Twitter et Facebook, parce qu’ils n’occupent aucune fonction officielle au sein de la Maison Blanche.
L’analyse révèle que le sujet de prédilection de la Maison Blanche est celui de l’économie et de l’emploi, suivi de la critique des médias et de l’immigration. On remarque aussi que les thèmes du terrorisme et de la politique étrangère ne sont que peu évoqués.

LA PROPOSITION DE LOI DE LA SEMAINE
Les sénateurs Rand Paul (R) et Ron Wyden (D) ont introduit une proposition de loi bipartisane visant à interdire la fouille des appareils électroniques des citoyens américains à la frontière, à moins qu’un mandat n’ait été délivré par un juge.
Actuellement, les agents de l’immigration, qui travaillent notamment dans les aéroports, peuvent exiger d’avoir accès à toutes les données contenues dans les appareils électroniques des personnes souhaitant entrer aux Etats-Unis (smartphones, ordinateurs portables, etc). Cela concerne également les citoyens américains rentrant d’un voyage à l’étranger. Si une personne refuse de donner ses appareils électroniques à un agent le lui demandant, celui-ci peut lui refuser l’accès au territoire. Or, le nombre de fouilles d’appareils électroniques a considérablement augmenté l’an dernier. (Le phénomène n’est donc pas une conséquence de l’arrivée de Donald Trump au pouvoir). En 2016, 23,877 fouilles ont été réalisées, contre 4,764 en 2015. Afin de remettre les choses en perspective, signalons tout de même qu’il s’agit de 23,877 fouilles sur plus de 400 millions d’entrées sur le territoire américain.
La tendance inquiète tout de même fortement Rand Paul et Ron Wyden, qui veulent défendre le droit à la vie privée des citoyens à l’heure où les smartphones et ordinateurs portables contiennent de plus en plus de données personnelles. Si leur proposition de loi était adoptée, les agents de l’immigration n’auraient plus le droit de refuser à un citoyen américain de pénétrer sur le territoire lorsqu’il refuse de leur donner accès à ses appareils électroniques, à moins qu’un mandat n’ait été délivré par un juge.
Ron Wyden:
Americans’ constitutional rights shouldn’t disappear at the border. By requiring a warrant to search Americans’ devices, this bill makes sure that border agents are focused on criminals and terrorists instead of wasting their time thumbing through innocent Americans’ personal photos and other data. (Les droits constitutionnels des américains ne devraient pas disparaître à la frontière. En exigeant un mandat pour fouiller les appareils électroniques des américains, cette proposition de loi assure que les agents à la frontière se concentrent sur les criminels et les terroristes au lieu de perdre leur temps à parcourir les photos et autres données personnelles des américains)
Rand Paul:
Americans should not be asked to surrender their rights or privacy at the border, and our bill will put an end to the government’s intrusive practices. (On ne devrait pas demander aux américains de renoncer à leurs droits ou à leur vie privée à la frontière, et notre proposition de loi mettra fin aux pratiques intrusives du gouvernement)
Rand Paul a aussi interrogé John Kelly, le Secrétaire à la Sécurité Intérieure, sur les pratiques de son Département lors d’une audition au Sénat. Il a reconnu que Kelly n’était en poste que depuis quelques semaines mais lui a demandé de se renseigner à ce sujet et de faire en sorte que ces pratiques soient réévaluées. Il a aussi déclaré ceci:
I could travel abroad and be told I cannot enter America unless I let you look at my phone. That’s obscene! (Je pourrais voyager à l’étranger et être interdit de rentrer en Amérique si je ne vous laisse pas fouiller mon téléphone. C’est indécent!)
LA PHOTO DE LA SEMAINE
Cette photo a été prise en Namibie. George W. Bush et son épouse se sont rendus dans ce pays ainsi qu’au Botswana cette semaine. Il s’agissait de leur septième visite sur le continent africain depuis que le président Bush a quitté la Maison Blanche, en 2009.
On parle peu de cet aspect du bilan de sa présidence, mais George W. Bush est très populaire en Afrique. Lorsqu’il débarque en Namibie, cela fait d’ailleurs la Une des journaux.
Il faut dire que George W. Bush a davantage aidé l’Afrique que n’importe quel autre président américain. En 2001, le montant du budget de l’aide au développement alloué par les Etats-Unis au continent africain était de 1,4 milliards de dollars. En 2006, il était passé à 5,6 milliards de dollars.
En 2003, le président Bush a lancé le programme PEPFAR (President’s Emergency Plan for AIDS Relief) pour lutter contre l’épidémie de VIH/SIDA sur le continent africain. Grâce à des campagnes de prévention et aux traitements procurés, le programme aurait permis de sauver 12 millions de vie depuis sa création.
En 2011, après avoir quitté la Maison Blanche, George W. Bush a lancé un autre programme. Pink Ribbon Red Ribbon est destiné à prévenir et soigner les cancers du sein et du col de l’utérus. L’ancien président a décidé de lancer ce programme après que des chercheurs aient découvert que les femmes atteintes du VIH avaient tendance à développer ensuite le cancer du col de l’utérus. Des femmes ayant bénéficié de traitements contre le SIDA grâce au programme PEPFAR étaient ainsi ensuite victimes d’un cancer pour lesquelles elles n’étaient pas soignées. Le programme Pink Ribbon Red Ribbon a permis de soigner de nombreuses femmes africaines atteintes du cancer du sein ou du col de l’utérus. Il a aussi permis de vacciner 119,000 jeunes filles contre le papillomavirus, un virus pouvant entraîner le cancer du col de l’utérus.
Lors de leur voyage en Namibie et au Botswana, les époux Bush ont visité des cliniques ayant bénéficié des programmes PEPFAR et Pink Ribbon Red Ribbon, mais aussi des écoles. George W. Bush a profité de l’occasion pour inciter Donald Trump à renoncer à sa volonté de réduire drastiquement le budget consacré à l’aide au développement et à des programmes comme le PEPFAR. Dans une tribune publiée par le Washington Post (à lire ici pour ceux que cela intéresse), Bush écrit:
As the executive and legislative branches review the federal budget, they will have vigorous debates about how best to spend taxpayers’ money – and they should. Some will argue that we have enough problems at home and shouldn’t spend money overseas. I argue that we shouldn’t spend money on programs that don’t work, whether at home or abroad. But they should fully fund programs that have proven to be efficient, effective and results-oriented. Saving nearly 12 million lives is proof that PEPFAR works, and I urge our government to fully fund it. (Alors que le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif s’apprêtent à passer en revue le budget fédéral, ils vont avoir de vigoureux débats quant à la manière de dépenser au mieux l’argent des contribuables – et c’est une bonne chose. Certains affirmeront que nous avons suffisamment de problèmes à la maison et que nous ne devrions pas dépenser de l’argent à l’étranger. J’affirme que nous ne devrions pas dépenser d’argent pour des programmes qui ne fonctionnent pas, que ce soit à domicile ou à l’étranger. Mais nous devrions financer pleinement les programmes qui ont prouvé leur efficacité. Le sauvetage de près de 12 millions de vie est la preuve que le PEPFAR fonctionne, et j’incite notre gouvernement à continuer à le financer)
ROAD TO 2018
Mitt Romney, futur sénateur de l’Utah? Selon The Atlantic, il envisagerait sérieusement de se présenter aux prochaines élections législatives. En 2018, le mandat de l’un des deux sénateurs de l’Utah, Orrin Hatch, prendra fin. Or, Hatch est âgé de 83 ans. De tous les sénateurs républicains, il est celui qui est en poste depuis le plus longtemps, c’est-à-dire depuis 1977 ! Pour le moment, il envisage toujours de briguer un nouveau mandat mais Romney et ses alliés au sein du Parti Républicain seraient en train d’essayer de le convaincre de partir à la retraite. Romney ne se présenterait que si Hatch acceptait de lui laisser le champ libre.
Si Romney était effectivement candidat, il serait quasiment assuré d’être élu, quelque soit son adversaire démocrate. L’Utah est en effet un état fortement républicain et Romney y est extrêmement populaire. Le journal local Deseret News estime même qu’il s’agirait de « la campagne pour le Sénat la plus facile de l’histoire des Etats-Unis d’Amérique ».
Une fois élu, Romney pourrait aussi devenir l’un des sénateurs républicains les plus hostiles au président Trump. Affaire à suivre, comme l’on dit dans ces cas-là.
MEANWHILE, IN NEW YORK…
L’état de New York va devenir le premier état américain à garantir la gratuité des droits d’inscription dans toutes ses universités publiques. La mesure ne s’appliquera toutefois qu’aux étudiants issus de familles dont les revenus annuels n’excèdent pas un certain montant. L’initiative a été lancée par le gouverneur démocrate de l’état, Andrew Cuomo, qui avait présenté un projet de loi en ce sens au début de l’année. Ce week-end, son projet a été adopté par le parlement de l’état et inclus dans le prochain budget, moyennant quelques aménagements.
Lors de la prochaine rentrée académique, les étudiants issus de familles dont les revenus ne dépassent pas $100,000 par an pourront bénéficier de la gratuité des frais d’inscription à l’université. En 2018, la mesure sera étendue aux familles gagnant moins de $110,000 par an et en 2019, aux familles gagnant moins de $125,000 par an. Les étudiants éligibles bénéficieront d’un programme baptisé Excelsior Scholarship. Ce programme financé par l’état se chargera de payer leurs frais d’inscription. Les étudiants devront en revanche encore payer leur loyer s’ils désirent séjourner sur un campus universitaire, tout comme leur matériel scolaire.
Andrew Cuomo a dû accepter quelques compromis pour que son projet soit adopté par le parlement. Les étudiants ayant bénéficié du programme devront notamment s’engager à travailler dans l’état de New York après la fin de leurs études, pendant un nombre d’années équivalent à celui durant lequel l’état les a financées. Cette mesure ne figurait pas dans le projet initial de Cuomo. Elle y a été ajoutée par les parlementaires.
Plus de 200,000 étudiants devraient bénéficier du programme Excelsior Scholarship chaque année. Il devrait coûter plus de 163 millions de dollars par an à l’état de New York.
MEANWHILE, IN CALIFORNIA…
La pire sécheresse de l’histoire de la Californie a officiellement pris fin. C’est le gouverneur de l’état, Jerry Brown, qui l’a annoncé cette semaine. L’état d’urgence a été levé.
Une sécheresse historique frappait la Californie depuis plus de 5 ans. Des pluies abondantes tombées sur l’état depuis le mois d’octobre 2016 ont permis d’y remédier. Il n’avait pas autant plu en Californie entre octobre et mars depuis 1983 ! Ces pluies ont d’ailleurs causé quelques dégâts: inondations, glissements de terrain…
En raison de la sécheresse, Jerry Brown avait pris des mesures drastiques pour réduire la consommation d’eau de son état de 25%. Les habitants ont été incités à réduire leur propre consommation personnelle et à remplacer les pelouses et plantations de leurs jardins par de la végétation locale nécessitant un arrosage bien moins important. Les cactus ont ainsi fleuri dans les quartiers résidentiels. La sécheresse a semble-t-il contribué à modifier les comportements de nombreux californiens.
Si la sécheresse est à présent terminée, Jerry Brown a indiqué qu’il y en aurait d’autres dans les années à venir et a incité les habitants à conserver les bonnes habitudes prises ces dernières années. Certains comportements continueront d’ailleurs d’être sanctionnés par une amende malgré la levée de l’état d’urgence. Il est par exemple désormais interdit en Californie de nettoyer l’allée de son garage au tuyau d’arrosage ou d’arroser son jardin lorsqu’il pleut.
AND MEANWHILE, IN SEATTLE…
Le maire démocrate de Seattle, Ed Murray, est accusé d’avoir abusé sexuellement de plusieurs mineurs dans les années 80.
Un homme a porté plainte. Il accuse Murray d’avoir abusé de lui à de nombreuses reprises dans les années 80, alors qu’il n’était âgé que de 15 ans. Étant drogué à l’époque, le plaignant affirme avoir accepté d’être rémunéré $10 à $20 par Murray pour chacune de ses prestations sexuelles. Il dit qu’il avait besoin de cet argent pour se procurer de la drogue et que Murray a profité de sa vulnérabilité. Il affirme également avoir parfois demandé à Murray de s’arrêter de faire « certaines choses », sans succès. Ce qui revient évidemment à l’accuser de viol.
Murray nie catégoriquement les faits. Pourtant, le Seattle Times rapporte que deux autres hommes, eux aussi adolescents fragiles et drogués dans les années 80, l’avaient déjà accusé de faits similaires il y a une dizaine d’années. Ils n’avaient cependant pas porté plainte. Contactés par le journal, ils assurent aujourd’hui être prêts à témoigner devant un tribunal si un procès a lieu.
Les trois accusateurs de Murray sont tous d’anciens drogués et ont tous un casier judiciaire bien rempli (trafic de drogue, prostitution, vol, vol à main armée…). Murray et ses avocats ne manquent pas de le souligner.
Ed Murray est maire de Seattle depuis 2013. Auparavant, il était député au parlement de l’état de Washington. Il est ouvertement homosexuel et marié.
LE TWEET DE LA SEMAINE
Ryan Zinke s’est une nouvelle fois promené à cheval dans les rues de Washington, à l’occasion d’un festival annuel célébrant l’arrivée du printemps et la floraison des fameux cerisiers de la capitale (Cherry Blossom Festival).
P.S.
Il se pourrait que l’actualité politique des quinze prochains jours soit un peu moins chargée (*soupir de soulagement*). Les députés et sénateurs ont en effet droit à des « vacances » de printemps. La plupart d’entre eux en profiteront pour organiser des réunions publiques dans leurs états. Reprise des activités au Congrès le lundi 24 avril.