Au sommaire cette semaine: Mike Pence aux JO de Pyeongchang, un nouveau shutdown, le scandale Rob Porter et bien plus encore. Bonne lecture !
VP IN PYEONGCHANG 🇰🇷
Mike Pence était à la tête de la délégation américaine présente à Pyeongchang pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver. Le vice-président américain était entre autres accompagné du père d’Otto Warmbier, ce jeune étudiant américain décédé suite à son incarcération dans une prison nord-coréenne.
Alors que la Corée du Nord avait décidé d’envoyer une délégation aux Jeux Olympiques et que les deux délégations coréennes avaient décidé de défiler ensemble sous le drapeau de la Corée unifiée durant la cérémonie d’ouverture, Mike Pence a déclaré qu’il se méfiait grandement de cette soi-disant ouverture soudaine au dialogue de la part du régime de Pyongyang. Le vice-président a mis en garde contre la propagande de la Corée du Nord. C’est pour cela qu’il a tenu à rencontrer des dissidents nord-coréens réfugiés en Corée du Sud dès son arrivée sur place. Ceux-ci ont raconté ce qu’ils avaient enduré en Corée du Nord: la famine, les tortures et les travaux forcés. Histoire de rappeler les atrocités commises par ce que Mike Pence a qualifié de « régime le plus tyrannique de la planète ». Le vice-président américain n’a pas non plus applaudi la délégation coréenne unifiée lorsque celle-ci a défilé dans le stade de Pyeongchang, alors même que la sœur de Kim Jong-Un était assise juste derrière lui. (Kim Yo-Jong, 30 ans, avait fait le déplacement pour la cérémonie d’ouverture. C’était la première fois qu’un membre de la famille Kim se rendait en Corée du Sud).
L’attitude américaine aurait créé des tensions avec l’allié sud-coréen, déterminé à utiliser la diplomatie des Jeux pour réenclencher le dialogue avec son voisin du nord. Les Etats-Unis et la Corée du Sud ne semblent donc désormais plus vraiment sur la même longueur d’ondes. Le président sud-coréen Moon Jae-in a d’ailleurs reçu la sœur de Kim Jong-Un au palais présidentiel.
Also at the Games… Aux Etats-Unis, on a aussi beaucoup parlé du refus de l’athlète américain Adam Rippon de rencontrer Mike Pence. Adam Rippon est membre de l’équipe américaine de patinage artistique et ouvertement gay.

Interrogé il y a quelques semaines au sujet de la venue de Mike Pence aux JO, Rippon avait déclaré qu’il n’était pas enchanté que le vice-président ait été choisi pour représenter l’Amérique dans les tribunes du stade de Pyeongchang pour la cérémonie d’ouverture. Il a dénoncé le soutien de Mike Pence aux « thérapies de conversion », qui visent à « soigner » les homosexuels et à les faire redevenir hétérosexuels. Ces thérapies sont évidemment très critiquées. Notons toutefois que Mike Pence se défend aujourd’hui de soutenir cette pratique. Et il n’a jamais pu être démontré qu’il avait bien financé des groupes la pratiquant. En 2000, il écrivait pourtant sur son site de campagne que « des ressources devraient être attribuées aux institutions qui aident ceux qui cherchent à changer leur comportement sexuel ». D’autre part, Mike Pence a toujours affiché son opposition à la légalisation du mariage entre personnes de même sexe et a signé une loi très controversée relative à la liberté religieuse lorsqu’il était gouverneur de l’Indiana. Les tensions entre la communauté LGBT et le vice-président ne sont donc pas nouvelles.
Après qu’Adam Rippon l’ait critiqué, Mike Pence a précisé qu’il encouragerait tous les athlètes américains participant aux JO et a même proposé à Adam Rippon de le rencontrer. Ce dernier a décliné l’invitation.
UN NOUVEAU SHUTDOWN PENDANT QUELQUES HEURES
Nous avons assisté au deuxième shutdown de la présidence Trump cette semaine. Il n’a toutefois duré que quelques heures. (PS: Pour savoir ce qu’est un shutdown, reportez-vous aux explications que nous avions rédigées dans notre Weekly News Flash #106).
Le nouveau shutdown a été provoqué par Rand Paul. Ce jeudi, alors qu’un nombre suffisant de sénateurs républicains et démocrates s’étaient déclarés favorables à l’adoption d’une nouvelle résolution budgétaire permettant de financer le gouvernement jusqu’au 23 mars prochain (et donc d’éviter le shutdown), le sénateur du Kentucky a bloqué l’adoption de cette résolution en s’exprimant longuement dans l’hémicycle du Sénat, empêchant ainsi le vote d’avoir lieu avant minuit. Or, pour éviter le shutdown, il fallait que la résolution soit adoptée avant cette heure fatidique. Dans son discours, Rand Paul a expliqué pourquoi les Républicains ne devraient pas voter en faveur d’une résolution budgétaire prévoyant des dépenses gouvernementales excessives et creusant le déficit budgétaire. Il a accusé ses collègues républicains d’être des hypocrites puisque le GOP s’est toujours présenté comme le parti de la rigueur budgétaire, et plus particulièrement ces dernières années, lorsqu’il s’agissait de critiquer les dépenses inconsidérées de l’administration Obama.
If you were against President Obama’s deficits, and now you’re for the Republican deficits, isn’t that the very definition of hypocrisy? (Si vous étiez opposés aux déficits du Président Obama, et que vous êtes maintenant favorables aux déficits républicains, n’est-ce pas la meilleure définition de l’hypocrisie?)
Rand Paul avait même apporté des pancartes pour illustrer son discours et dénoncer certaines dépenses gouvernementales qu’il juge absurdes et inutiles. Par exemple, $500,000 consacrés à une étude visant à savoir si prendre des selfies rend les gens plus heureux.
Rand vs Lindsey. Dans son discours, Rand Paul a aussi appelé au retrait des troupes américaines d’Afghanistan, ce qui permettrait selon lui de faire économiser beaucoup d’argent au gouvernement.
It’s time to come home. There is no military victory there. (Il est temps de rentrer à la maison. Il n’y a pas de victoire militaire possible là-bas)
Lindsey Graham a immédiatement réagi sur Twitter, critiquant férocement son collègue. Il est de notoriété publique que les deux hommes n’ont pas du tout la même vision de la politique étrangère et ne s’apprécient guère.

Finalement, lorsque Rand Paul a eu fini son discours, le Sénat a pu voter et a adopté comme prévu la résolution budgétaire. Il était 1h30 du matin. Le shutdown avait donc débuté depuis 1h30. NB: Outre Rand Paul, 16 autres sénateurs républicains ont voté contre l’adoption de la résolution budgétaire, dont Jeff Flake, Bob Corker et Mike Lee. La résolution a été adoptée par 71 voix contre 28.
Après le vote au Sénat, le shutdown n’était toutefois pas encore terminé. Il fallait en effet que la Chambre des Représentants vote à son tour en faveur de la résolution budgétaire. Et cela s’annonçait encore plus compliqué qu’au Sénat. À la Chambre, de nombreux députés républicains étaient opposés au texte pour les mêmes raisons que Rand Paul et, d’autre part, Nancy Pelosi et d’autres députés démocrates étaient fâchés parce que le texte n’abordait pas la question de l’immigration et ne réglait pas le sort des bénéficiaires du DACA. Un peu plus tôt, Nancy Pelosi avait d’ailleurs prononcé un discours d’un peu plus de 8 heures pour parler des Dreamers. Il ne s’agissait pas officiellement d’un filibuster puisque cette pratique n’existe qu’au Sénat (ndlr: à la Chambre, les députés ont un temps de parole limité, à l’exception des leaders des deux partis, une règle dont Pelosi a profité), mais cela en avait toutes les caractéristiques. Nancy Pelosi a parlé sans s’arrêter pendant 8 heures, debout sur des talons aiguilles, sans manger et en ne buvant que quelques gorgées d’eau. Elle a ainsi prononcé, à 77 ans, le plus long discours de l’histoire de la Chambre des Représentants !
À 5h30 du matin, la Chambre des Représentants a finalement voté à son tour en faveur de la résolution budgétaire (240-186). Les Démocrates ont majoritairement rejoint Nancy Pelosi pour s’y opposer mais 73 d’entre eux ont voté en faveur de son adoption, ce qui a permis au texte de passer.
Vendredi, à 9h00 du matin, le président Trump signait finalement la résolution budgétaire adoptée par le Congrès, mettant ainsi fin au shutdown entamé neuf heures plus tôt.
LE SCANDALE DE LA SEMAINE
Rob Porter, le staff secretary de la Maison Blanche, a démissionné après que les témoignages de ses deux ex-femmes aient été publiés dans la presse. Elles l’accusent toutes les deux de violences conjugales. L’une d’entres elles a même fourni au Daily Mail une photo où on l’aperçoit avec un œil au beurre noir. Rob Porter nie toutes les accusations.
Les médias ont rapidement révélé que John Kelly, le chef de cabinet de la Maison Blanche, avait été mis au courant par le FBI des accusations portées à l’encontre de Rob Porter par ses ex-femmes, ainsi que du fait qu’il ait reçu une interdiction d’approcher du domicile de l’une d’entre elles en 2010. John Kelly aurait tout de même continué à faire confiance à Rob Porter et surtout, il n’aurait pas averti le président Trump. Celui-ci aurait donc découvert toute l’affaire dans les médias cette semaine, alors que John Kelly était au courant depuis plusieurs mois. Tout cela a évidemment provoqué un énorme scandale et la presse se demande déjà si John Kelly pourrait être licencié par Donald Trump. Rien n’est moins sûr puisque le président, interrogé quelques jours après la démission de Porter, a semblé prendre sa défense en déclarant qu’il ne fallait pas oublier qu’il se déclarait innocent.
I was surprised by it. We certainly wish him well. It’s obviously a very tough time for him. He did a very good job while he was in the White House. (J’ai été surpris. Nous lui souhaitons le meilleur. C’est évidemment un moment très difficile pour lui. Il a fait du très bon travail à la Maison Blanche)
Cerise sur le gâteau, Rob Porter entretient en ce moment une liaison amoureuse avec Hope Hicks, la jeune directrice de la communication de la Maison Blanche.
Et ce n’est pas tout… Un autre homme travaillant à la Maison Blanche, David Sorensen, a également démissionné cette semaine après avoir été lui aussi accusé de violences conjugales par son ex-compagne. Il nie les faits qui lui sont reprochés et a même transmis à un journaliste du Daily Caller (une publication conservatrice) un document de 12 pages dans lequel il explique que son ex-compagne a de sérieux problèmes psychologiques et que c’était elle qui était violente avec lui.
BIENTÔT UNE PARADE MILITAIRE À WASHINGTON, D.C.?
Donald Trump avait déjà évoqué son envie d’organiser une grande parade militaire à Washington, D.C., sur le modèle de celle à laquelle il a pu assister le 14 juillet à Paris aux côtés du président français Emmanuel Macron. Cette semaine, le Washington Post a révélé que Donald Trump avait transmis l’ordre au Pentagone de préparer cette parade. Celle-ci devrait donc bien avoir lieu prochainement. Peut-être le 11 novembre, à l’occasion du Veterans Day et de ce qui sera aussi le centième anniversaire de l’Armistice de la guerre 14-18. Mais cette parade serait-elle une bonne ou une mauvaise chose? Le débat fait rage.
Les arguments en faveur de la parade
– Ce serait une belle manière de rendre hommage aux forces armées. C’est d’ailleurs le principal argument avancé par la Maison Blanche.
– Cela pourrait aider l’armée à recruter. L’armée américaine a plus de mal à recruter ces dernières années et certains experts pensent que la parade pourrait attirer les jeunes et leur donner envie de s’engager.
Les arguments en défaveur de la parade
– Cela coûterait très cher à l’armée et donc, au final, au contribuable américain. On parle de plusieurs millions de dollars.
– C’est contraire à la tradition et cela sonnerait comme un aveu de faiblesse. Il est rare que des parades militaires soient organisées aux Etats-Unis, à moins qu’il s’agisse de célébrer une victoire bien précise. La dernière parade militaire organisée à Washington remonte ainsi à 1991, pour fêter la victoire des troupes américaines lors de la Guerre du Golfe. Et si le Pentagone n’aime pas tellement l’idée d’organiser des parades militaires, c’est parce que celles-ci sont souvent associées aux pratiques de régimes autoritaires comme l’Union Soviétique, la Chine ou la Corée du Nord. D’ailleurs, ressentir le besoin de rappeler sa puissance au monde n’est-il pas un aveu de faiblesse? Le Navy SEAL qui a tué Oussama Ben Laden semble en tout cas de cet avis. Robert O’Neill s’exprime régulièrement sur Twitter et ne cache pas avoir voté en faveur de Donald Trump en 2016. Cependant, il a qualifié dans un tweet l’idée d’organiser une parade militaire de « connerie digne d’un pays du tiers-monde ».

LA DÉCLARATION DE LA SEMAINE
Americans don’t want to pick cotton at 105 degrees, but there are people who want to put food on their family’s tables and are willing to do that. We ought to say thank you and welcome. (Les Américains ne veulent pas cueillir du coton sous 105° [Fahrenheit], mais il y a des gens qui veulent nourrir leurs familles et qui sont prêts à le faire. Nous devrions leur dire merci et bienvenue)
George W. Bush lors d’une conférence à Abu Dhabi, au sujet de l’immigration. Une critique à peine voilée de la politique d’immigration très stricte de Donald Trump.
LA VIDÉO DE LA SEMAINE
Omarosa Manigault s’est confiée à l’un des autres candidats de l’émission de téléréalité Celebrity Big Brother. Elle a évoqué son expérience au sein de la Maison Blanche et le comportement inquiétant de Donald Trump. Omarosa affirme qu’elle est très inquiète pour l’avenir du pays. « Non, cela ne va pas s’arranger », dit-elle.
ROAD TO THE MIDTERMS
- Une star de Law & Order candidate aux élections
Diane Neal, qui a joué le rôle de Casey Novak dans plusieurs saisons de la célèbre série télévisée Law & Order: Special Victims Unit (en français, New York Unité Spéciale) a annoncé sa candidature aux élections de mi-mandat de novembre prochain. Elle se présente pour devenir députée à la Chambre des Représentants dans le 19ème district de l’état de New York, en tant que candidate indépendante.
- Joe Manchin veut que les sénateurs s’engagent à ne pas faire campagne les uns contre les autres
Le sénateur démocrate de Virginie Occidentale Joe Manchin défendra son siège dans des conditions difficiles en novembre. Son état a en effet largement voté en faveur de Donald Trump en 2016. Cette semaine, Manchin a proposé à ses collègues du Sénat de s’engager par écrit à ne pas faire campagne les uns contre les autres lors des midterms. L’idée de base est simple: les sénateurs en poste s’engageraient à ne pas participer aux meetings des candidats de leur parti dont l’adversaire est l’un de leurs collègues au Sénat.
On ignore combien de sénateurs accepteront de signer le document présenté par Joe Manchin. Il a lui-même avoué qu’il ne s’attendait pas à ce que son initiative remporte un franc succès.
- Meanwhile, in Kansas…
Lors des midterms, les électeurs américains ne voteront pas seulement pour renouveler le Congrès. Dans plusieurs états, on votera également pour élire un nouveau gouverneur. C’est notamment le cas au Kansas. Cet état a la particularité (qu’il partage avec le Vermont et le Massachusetts) de ne pas exiger d’âge légal minimum pour se présenter au poste de gouverneur. Résultat: pas moins de 6 adolescents ont déclaré leur candidature à ce poste ! Ils sont tous actuellement au lycée et n’ont donc même pas encore l’âge légal de voter, fixé à 18 ans aux Etats-Unis.
JULIAN CASTRO 2020?
Le Démocrate Julian Castro, ex-maire de San Antonio et ex-ministre du Logement de Barack Obama, a avoué qu’il songeait à se présenter à l’élection présidentielle de 2020. Il a toutefois indiqué ne pas avoir pris de décision définitive. Il affirme qu’il va faire campagne aux côtés des candidats démocrates aux midterms à travers tout le pays, ce qui lui permettra également d’aller à la rencontre des électeurs et d’en apprendre davantage sur leurs attentes. Il décidera ensuite à la fin de l’année s’il se lance ou non dans la course à la présidentielle de 2020.
L’EMOJI DE LA SEMAINE
Un emoji homard verra bientôt le jour. Le sénateur du Maine Angus King, qui avait fait du lobbying en faveur de la création de cet emoji, s’en est réjoui sur son compte Twitter. Il n’y a semble-t-il pas de petites victoires en politique…

LA PHOTO DE LA SEMAINE
Le maire de Los Angeles Eric Garcetti prend un selfie avec le premier ministre canadien Justin Trudeau et des promeneurs dans un parc de sa ville. Justin Trudeau était en visite pendant trois jours en Californie. Eric Garcetti est régulièrement mentionné parmi les candidats démocrates potentiels à l’élection présidentielle de 2020.
LES TWEETS DE LA SEMAINE
Terminons par les tweets de la semaine.
1. Il semble que Marco Rubio incite désormais ouvertement l’armée du Venezuela à renverser Nicolas Maduro 😮

2. Le gouverneur du Maryland Larry Hogan, très populaire dans son état, semble être en train de remporter sa bataille contre le cancer 👊