Cette semaine, les Français ont dit adieu à l’un de leurs anciens présidents de la République, Jacques Chirac. Pendant ce temps-là, de l’autre côté de l’Atlantique, l’ambiance n’était pas vraiment au calme et au recueillement. Tour d’horizon.
L’ÉVÉNEMENT DE LA SEMAINE
La Speaker Nancy Pelosi a officiellement annoncé que la Chambre des Représentants avait lancé une impeachment inquiry, c’est-à-dire une enquête qui permettra de déterminer s’il y a lieu de lancer une procédure d’impeachment à l’encontre du président Trump. Ce dernier est soupçonné d’avoir fait pression sur le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans l’espoir d’obtenir des informations compromettantes sur Joe Biden. Pour bien comprendre tous les tenants et aboutissants de cette affaire, lisez notre article Trump/Ukraine, bientôt l’impeachment?. Et pour savoir comment fonctionne la procédure d’impeachment, lisez notre guide La procédure d’impeachment: mode d’emploi. You’re welcome 😉
LA DÉCLARATION DE LA SEMAINE
I heard someone say if there were a private vote, there would be 30 Republican votes. That’s not true. There would be at least 35. (J’ai entendu quelqu’un dire que si le vote était secret, il y aurait au moins 30 votes républicains. Ce n’est pas vrai. Il y en aurait au moins 35)
Jeff Flake, ancien sénateur républicain de l’Arizona, au sujet du nombre de sénateurs républicains qui voteraient en faveur de la destitution du président Trump si le vote était secret.
MEANWHILE, IN NEW YORK…
Alors que tout le monde parlait de son éventuel impeachment à Washington, le président Trump se trouvait à New York pour l’Assemblée générale des Nations Unies. Faisons le point sur ce qu’il fallait retenir de cet autre événement de la semaine.
- Donald Trump se moque de Greta Thunberg
Le moment le plus remarqué de cette édition 2019 de l’Assemblée générale des Nations Unies fut sans conteste le discours de la jeune activiste écologiste suédoise Greta Thunberg. La jeune fille de 16 ans a pris la parole face à plusieurs chefs d’état et diplomates lors d’une réunion consacrée au climat. Elle les a accusés d’avoir « volé ses rêves et son enfance » et de ne pas en faire assez pour lutter contre le réchauffement climatique.
I shouldn’t be up here. I should be back in school on the other side of the ocean. (Je ne devrais pas être ici. Je devrais être à l’école de l’autre côté de l’océan)
People are suffering. People are dying. Entire ecosystems are collapsing. We are in the beginning of a mass extinction and all you can talk about is money and fairytales of eternal economic growth. How dare you? (Des gens souffrent. Des gens meurent. Des écosystèmes entiers sont en train de s’effondrer. Nous assistons au début d’une extinction de masse et tout ce dont vous parlez est d’argent et de contes de fées de croissance économique éternelle. Comment osez-vous?)
You’re failing us, but the young people are starting to understand your betrayal. The eyes of all future generations are upon you. And if you choose to fail us, I say, we will never forgive you. (Vous nous décevez, mais la jeunesse commence à comprendre votre trahison. Les yeux des générations futures vous observent. Et si vous choisissez de nous décevoir, je vous le dis, nous ne vous pardonnerons jamais)
Le discours de Greta Thunberg a suscité autant de réactions positives que négatives. Chacun se fera sa propre opinion.
Quelques heures plus tard, Donald Trump a en tout cas ajouté son grain de sel au débat en se moquant ouvertement de la jeune fille sur Twitter. Reprenant une vidéo d’un extrait de son discours, il y a ajouté le commentaire ironique suivant: « Elle a l’air d’être une jeune fille très heureuse destinée à un brillant et formidable avenir. Cela fait plaisir à voir! ».
Notez que Donald Trump n’a pas participé à la réunion sur le climat lors de laquelle Greta Thunberg et de nombreux chefs d’état se sont exprimés. Il y a fait une brève apparition, mais a quitté la salle au bout de quinze minutes à peine, après avoir écouté l’intervention de la chancelière allemande Angela Merkel. Il faut dire que le président américain était attendu à une conférence sur la liberté religieuse, organisée au même moment à l’initiative de la Maison Blanche.
- Donald Trump appelle toutes les nations du monde à défendre la liberté religieuse
83% des habitants de la planète vivent dans des pays où la liberté religieuse n’est pas garantie ou est menacée. C’est sur la base de ce constat alarmant que la Maison Blanche a insisté pour que le thème de la défense de la liberté religieuse fasse cette année l’objet d’une conférence spécifique lors de l’Assemblée générale des Nations Unies. La position défendue par les Etats-Unis est que chaque citoyen du monde devrait pouvoir pratiquer librement sa foi, quelle qu’elle soit.
Lors de la conférence sur la liberté religieuse, le président Trump a déclaré:
The United States of America calls upon all the nations of the world to end religious persecution. To stop the crimes against people of faith, release prisoners of conscience, repeal laws restricting freedom of religion and belief, protect the vulnerable, the defenseless, and the oppressed. (Les Etats-Unis d’Amérique appellent toutes les nations du monde à mettre fin à la persécution religieuse. À mettre fin aux crimes commis contre les personnes de foi, à libérer les prisonniers d’opinion, à abroger les lois restreignant la liberté de religion et de croyance, à protéger les plus vulnérables, les personnes sans défense et les opprimés)
Le vice-président Mike Pence et le Secrétaire d’Etat Mike Pompeo assistaient également à cette conférence, lors de laquelle plusieurs personnes ayant été victimes de persécution en raison de leur foi dans leur pays d’origine ont témoigné.
Le président Trump a annoncé que les Etats-Unis allaient débloquer un budget de 25 millions de dollars qui sera consacré à la protection de la liberté religieuse et de divers sites religieux dans le monde.
- Le discours de Donald Trump devant l’Assemblée générale
Le président Trump a une nouvelle fois utilisé son discours devant l’Assemblée générale des Nations Unies pour critiquer les adeptes de la mondialisation, qu’il qualifie de « globalistes », et pour encourager tous les gouvernements du monde à adopter des politiques plus nationalistes. Le président américain a même affirmé que la mondialisation avait exercé une trop grande influence, presque religieuse, sur ses prédécesseurs et beaucoup d’autres leaders, les poussant à ignorer les intérêts de leurs propres peuples.
The future does not belong to globalists. The future belongs to patriots. (L’avenir n’appartient pas aux globalistes. L’avenir appartient aux patriotes)
Le président Trump a également une nouvelle fois critiqué le socialisme et mis en garde contre la montée en puissance de cette idéologie, qu’il a décrite comme « le broyeur des nations et le destructeur des sociétés ».
Enfin, le président Trump a aussi indiqué que son administration menait des efforts en vue d’encourager la décriminalisation de l’homosexualité partout dans le monde.
- Les Etats-Unis et le Japon signent un nouvel accord commercial
En marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, Donald Trump et le premier ministre japonais Shinzo Abe ont signé un nouvel accord commercial. Le Japon accepte d’ouvrir son marché à de nouveaux produits américains, notamment le bœuf, le porc et le blé. Ce nouveau marché pourrait représenter 7 milliards de dollars annuels de revenus pour les agriculteurs américains, mis en difficulté par la guerre commerciale qui fait rage entre les Etats-Unis et la Chine. Le président Trump n’a donc pas manqué de présenter la signature de cet accord avec le Japon comme une grande victoire. En échange d’une plus grande ouverture de son marché aux produits américains, le Japon a obtenu la garantie que les Etats-Unis ne mettraient pas en place de nouvelles taxes sur les importations de voitures japonaises. Le président Trump avait à plusieurs reprises annoncé qu’il n’excluait pas de recourir un jour à une telle mesure.
- Donald Trump affirme qu’il mériterait de recevoir le Prix Nobel de la Paix
Lors d’une rencontre bilatérale avec le président pakistanais, Donald Trump a déclaré qu’il mériterait de recevoir le Prix Nobel de la Paix « pour de nombreuses raisons, s’il était attribué de manière juste ».
LE RETWEET DE LA SEMAINE
Quand la députée démocrate autoproclamée socialiste Alexandria Ocasio-Cortez partage un message du controversé président de Bolivie Evo Morales.
ROAD TO 2020
La campagne électorale est quelque peu passée au second plan lors de cette semaine dominée par le débat autour du possible impeachment de Donald Trump et l’Assemblée générale des Nations Unies. Signalons tout de même que Bernie Sanders a dévoilé une proposition d’instauration d’un impôt sur la fortune et que Tulsi Gabbard s’est qualifiée pour le prochain débat démocrate.
- Bernie Sanders veut instaurer un impôt sur la fortune aux Etats-Unis
« Les milliardaires ne devraient pas exister », a déclaré le sénateur du Vermont et candidat à l’élection présidentielle de 2020 cette semaine.
Il a dévoilé une nouvelle proposition visant à instaurer un impôt sur la fortune (wealth tax) aux Etats-Unis. Pour rappel, le principe de l’impôt sur la fortune est de faire payer une taxe annuelle supplémentaire aux personnes dont la fortune excède un certain montant, en plus de leurs impôts sur le revenu. Cette taxe correspond à un pourcentage de la fortune estimée des personnes concernées. Exemple: Si votre fortune estimée est de 250 millions de dollars et que vous vivez dans un pays appliquant un impôt sur la fortune de 2%, vous payerez chaque année une taxe de 5 millions de dollars.
Un tel impôt a longtemps existé en France, avant qu’Emmanuel Macron ne finisse par le supprimer en 2017. Aux Etats-Unis, un tel impôt n’a jusqu’ici jamais été instauré.
Bernie Sanders propose d’instaurer un impôt sur la fortune applicable à toutes les personnes dont la fortune dépasse les 32 millions de dollars. L’impôt annuel à payer serait de:
– 1% pour les foyers dont la fortune est comprise entre 32 et 50 millions de dollars
– 2% pour les foyers dont la fortune est comprise entre 50 et 250 millions de dollars
– 3% pour les foyers dont la fortune est comprise entre 250 et 500 millions de dollars
– 4% pour les foyers dont la fortune est comprise entre 500 millions et 1 milliard de dollars
– 5% pour les foyers dont la fortune est comprise entre 1 et 2,5 milliards de dollars
– 6% pour les foyers dont la fortune est comprise entre 2,5 et 5 milliards de dollars
– 7% pour les foyers dont la fortune est comprise entre 5 et 10 milliards de dollars
– 8% pour les foyers dont la fortune est supérieure à 10 milliards de dollars
Bernie Sanders affirme que la création de son impôt sur la fortune permettrait de réduire la fortune des milliardaires américains de moitié en 15 ans.
Le programme d’Elizabeth Warren prévoit également la création d’un impôt sur la fortune, que la candidate a baptisé « Ultra-Millionaire Tax ». Elle propose de fixer cet impôt annuel à 2% pour les foyers dont la fortune est comprise entre 50 millions et 1 milliard de dollars et à 3% pour les foyers dont la fortune est supérieure à 1 milliard de dollars.
- Tulsi Gabbard se qualifie pour le prochain débat démocrate
La députée d’Hawaï, qui n’était pas parvenue à se qualifier pour le dernier débat, a annoncé qu’elle avait rempli les critères de qualification nécessaires pour participer au prochain débat, qui aura lieu le 15 octobre. Ils sont désormais douze candidats qualifiés pour ce quatrième débat: les dix candidats qui étaient présents lors du troisième débat, ainsi que le milliardaire Tom Steyer, qui a récemment lancé sa campagne, et Tulsi Gabbard.
LE TWEET DE LA SEMAINE
Ceci est un véritable tweet du président des Etats-Unis d’Amérique ¯\_(ツ)_/¯

L’AUTRE TWEET DE LA SEMAINE
NEVER FORGET THE FREEDOM FRIES 🍟🇺🇸
Souvenez-vous… En 2003, le président français Jacques Chirac avait refusé d’apporter son soutien au déclenchement de la guerre en Irak. Cette décision avait suscité la colère aux Etats-Unis. Beaucoup d’Américains avaient été très déçus que la France, alliée historique et fidèle des Etats-Unis, refuse de les soutenir. Certains élus en colère avaient même décidé de lancer un mouvement pour rebaptiser les frites (communément appelées french fries aux Etats-Unis) servies à la cantine du Capitole en Freedom Fries. Le mouvement avait également pris auprès d’une partie de la population américaine. Certains restaurants avaient ainsi temporairement modifié leurs menus pour proposer des « frites de la liberté » à leurs clients.
Aujourd’hui, les Américains parlent de nouveau de french fries, mais ils n’ont semble-t-il pas totalement oublié cet épisode de l’histoire. Toute la presse américaine a présenté le décès de Jacques Chirac comme celui du président qui a dit non à la guerre en Irak. Ce non restera très certainement l’un des moments les plus significatifs de sa présidence. RIP Jacques Chirac.